Walking on sunshine [pv Yuûki]

Walking on sunshine

U
n sourire satisfait s'afficha sur le visage de Melody quand, ouvrant les yeux, son regard se posa sur le plafond de cette chambre au décor peu familier qu'elle n'avait investi que depuis la veille. Elle se trouvait chez Yuûki. Ou du moins non, elle n'était pas exactement chez Yuûki (bien qu'elle aurait bien aimé aller au Japon un de ces jours), mais chez sa tante, qui élevait des abraxans dans le Pays de Galles. Peu importaient, à vrai dire, ces quelques détails géographiques, le principal, c'était qu'elle allait passer une semaine avec l'une des seules personnes capables de redonner le sourire à la jeune fille, rien que lorsqu'elle pensait à elle. La bleue et bronze avait compté les jours qui la séparaient du moment où elle pourrait enfin rejoindre la jolie japonaise. Melody tentait de ne pas mettre de mots sur l'impatience qu'elle avait eu à l'idée de retrouver son amie, sur cette joie si singulière qu'elle ressentait à chaque fois qu'elle recevait une lettre d'elle... au fond, elle savait, mais faute d'émettre à haute voix l'hypothèse un peu folle qui lui effleurait l'esprit, elle se contentait de penser la situation plus simplement : elle se disait juste que cette semaine passée avec elle lui allait lui faire le plus grand bien et, surtout, allait la libérer de toutes les tensions qu'elle ressentait depuis qu'elle était rentrée chez elle, en Ecosse (toute cette mascarade avec sa sœur l'épuisait). Pour preuve : elle n'était arrivée que la veille, et elle se sentait déjà plus légère.

Passé le sentiment confus que l'on ressent toujours lorsqu'on se réveille dans un endroit qu'on ne connaît pas, ne restait plus en elle que la joie de commencer cette journée prometteuse. La rouquine se redressa, s'asseyant sur son lit d'emprunt, et jeta un coup d'oeil au réveil posé sur la table de chevet. Onze heures ! Eh merde... Et dire que Melody s'était promis de se réveiller tôt pour profiter au possible des journées qu'elle passerait avec la jaune et noir ! Elle commençait très mal. Elle avait envie de s'autogifler. En même temps, pour sa défense, elle et Yuûki s'étaient couché tard la veille au soir. Ce qui n'avait sans doute pas empêché la jolie japonaise d'être levé bien plus tôt qu'elle. Vacances rimaient souvent avec grâce matinée pour la bleue et bronze, ceci dit, elle se promit de faire un effort pour les jours suivants.

Melody s'étira, bailla, puis enfila ses chaussons. Elle sortit de sa chambre, à la recherche de son amie, qui devait sûrement être déjà debout. N'étant là que depuis la veille, elle ne connaissait pas encore très bien les différentes pièces de la ferme, elle se perdit plusieurs fois avant d'atteindre le salon, où se trouvait Yuûki.

« Salut. » dit-elle de cette voix enrouée si caractéristique des personnes venant à peine de se réveiller. « T'es debout depuis longtemps ? » demanda-t-elle ensuite en se grattant l'arrière de la tête dans un geste tout sauf élégant.

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FEAT. Melody ET Yuûki

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« Les secondes s'égrainent et nos liens se renforcent »

L’aube pointait à peine le bout de son nez que Yuûki étai déjà lavée, habillée et prête au travail. Ca avait été une dure matinée : pas le temps de se poser même pendant les vacances. Sa tante était très claire là-dessus : le repos, ça se méritait. Et au vu des résultats des BUSES de la Japonaise - que nous ne qualifirons pas tant ils sont… hm… déplorables ? – il valait mieux pour elle qu’elle bosse un maximum. En vérité depuis la fin des cours, elle n’avait pas eu un instant de répit, et c’était peu dire. Détenir le plus grand élevage d’Abraxans de tout le Royaume-Unis n’étais pas une mince affaire et chacun devait se coller à la tâche, même l’adolescente. Yuûki bossait deux fois plus, à la fois pour se faire pardonner d’avoir très peu réussis ses examens, pour continuer sa formation de future remplaçante de Lee à la tête de cette ferme et aussi –surtout- par plaisir.
Oui, Yuûki adorait cet endroit. Elle aimait ces pâturages verdoyants s’étirant à perte de vue, ces enclos gigantesques dans lesquels se trouvaient les précieux Abraxans, préparer le whisky pur feu pour le leur donner... Les Abraxans et la Poufsouffle, c’était une grande histoire d’amour. Histoire qu’elle voulait partager avec Melody.

Ah, Melody. Une autre raison pour laquelle la jeunette s’était tant dépensée dans les tâches de la ferme. Yuûki tenait absolument à pouvoir inviter la rouquine chez elle : c’était une question de vie ou de mort. Plus ou moins.
Si on le lui demandait, elle dirait sans doute que la mort de Morgan Ciallmhar - qui avait choqué tout le monde même elle qui ne le connaissait pourtant que de vue – l’avait bouleversée, et qu’elle ne se sentait pas de rester seule. Qu’elle savait que Melody et lui étaient proches, et qu’elle voulait être là pour l’aider à passer cette épreuve, de la même façon qu’elle avait toujours été à ses côtés après sa séparation avec Linus et Lysandre. Elle dirait sans doute aussi qu’elle ne supportait pas de la savoir coincée avec sa jumelle en devant faire croire à ses parents que tout allait bien dans le meilleur des mondes alors que c’était le contraire. Que c’était son devoir, le rôle qui lui incombait depuis qu’elle était devenue la confidente et amie de la Serdaigle ; que d’être présente dans les durs moments.
Mais voilà. Même si toutes ces raisons étaient plus ou moins vraies, c’était un mensonge ; un grand mensonge qu’elle s’inventait de toute pièce.

Car en vérité, si Yuûki avait supplié à genoux sa tante Lee d’inviter Melody et de l’accueillir pendant une semaine, c’était à cause d’un désir égoïste. Elle était égoïste, se persuadant que tout cela était pour le bien de Melody, alors qu’en fait, c’était pour elle. Juste pour elle.

La matinée était passée lentement. Trop. La demoiselle n’avait pas eu le courage de réveiller Melody lorsqu’elle l’avait aperçue recroquevillée dans ses couvertures, le visage apaisé et serein. Non, elle se serait décidémment sentie trop coupable de la sortir du doux pays des rêves pour retourner dans une si cruelle réalité.

Le salon, enfin. La japonaise se laissa lourdement tomber sur le vieux canapé usé par l’utilisation. Pfiou, c’était éprouvant de courir après un étalon en chaleur qui s’était échappé de son enclos. Enfin, de courir, de voler plutôt. Car les bêtes avaient un sacré caractère et lorsqu’une d’entre elle n’en faisait qu’à sa tête, il fallait prendre le balais le plus rapide et espérer que le fugitifne soit pas dans sa meilleure forme. Même avec sa grande rapidité, Yuûki se faisait parfois complètement distancer par la puissance desAbraxans.
Ah, tatie Lee ne serait pas contente : Yuûki était encore rentrée dans la maison avec ses chaussures toutes boueuses. Et qui serait de corvée de nettoyage… bingo ! En même temps, elle était trop pressée de rentrée. Elle avait abandonnée Melody à l’aube mais il n’était pas loin de onze heures et elle espérait que cette dernière ne l’aurait pas attendu trop longtemps ; si jamais elle était réveille (ce dont elle doutait vu que le boucan qu’elle avait fait ne lui avait pas tiré la moindre réaction).

Elle n’arrivait pas à mettre le mot sur ce qu’elle ressentait à chaque nouvelle lettre de Melody. Leur correspondance lui fournissait une joie inexplicable, un petit quelque chose qui la rendait encore plus heureuse, encore plus joyeuse jour après jour.

Une silhouette bien connue se découpa par la porte de la salle. Immédiatement, Yuûki sauta sur ses pieds avec un sourire lumineux. Enfin. Ca ne faisait que quelques heures qu’elle ne s’étaient pas parlée, mais cela lui manquait déjà. Un grand sentiment de plénitude l’envahit, comme toujours en présence de la Serdaigle.
« Konnichiwa ! Ma rousse préférée a-t-elle bien dormie ? » Un sourire amusé aux lèvres à la vue de l’allure de Melody qui différait totalement de son habituel coquet, Yuûki laissa échapper un rire gentiement moqueur.

« Melody Farnsworth négligée, ça mérite les gros titres de la Gazette! Ah ah ! J’rigole. Bon, pour répondre à ta question, je suis levée depuis une heure que je vais garder secrète histoire de ne pas trop te choquer. Mais du coup j’ai finit toutes mes corvées et on va pouvoir fait tout ce qu’on veut, ensembles. T’es là pour ça après tout, hm ? » Avec un petit clin d’œil complice, Yuûki désigna la table en bois sur le côté. « Et puis je sais que tu ne peux plus te passer de moi. Bref, j’me suis dit que tu serais capable de dévorer un troupeau d’Abraxans entier, alors pour éviter que ma tante te vire à coup de baguette magique, je t’ai préparé ça. J’espère que t’aimes les petits dej’s à l’anglaise... » Un véritable festin attendait la bleu et argent : de beaux oeufs sur le plat accompagnés de bacon et d’un grand verre de jus d'orange. « Profite bien, parce que ce sera pas ça tous les jours. Je suis un vrai troll en cuisine, c'est un très grand effort que je viens de faire là! »

C’est que Yuûki s’y était prise à plusieurs fois avant de les réussir ces fameux œufs. D’ailleurs, la cuisine dans la pièce d’à côté ressemblait à un vrai capharnaüm. Mais ce n’était qu’un détail.

« Tu n’es pas toute fraîche le matin, toi. » constata Yuûki toujours en souriant avec amusement. Tact quand tu nous tiens…

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I
l n'existait pas de meilleur accueil au monde, alors qu'on quittait à peine le pays des rêves que celui que venait de lui réserver Yuûki : magnifique et souriante, comme à son habitude. La jaune et noir était son rayon de soleil, celle qui, d'un geste, savait écarter les nuages sombres qui pesaient sur son existence et rendre celle-ci plus belle. En fait, personne n'avait jamais parvenu à la faire se sentir aussi bien, ne serait-ce qu'en lui souriant ou en lui parlant. Yuûki avait un don... ou bien était-ce la bleue et bronze qui percevait les choses différemment lorsqu'elle était en sa présence ? Le fait est, quoi qu'il en soit, qu'elle ne s'était jamais sentie aussi bien avec qui que ce soit, pas même lorsqu'elle était avec Linus, du temps où ils étaient ensemble et où elle pouvait jouer les amoureuses transies sans prendre la mesure de son erreur. La jeune fille voulut répondre à la jolie japonaise qu'elle avait effectivement bien dormi, pour la première fois depuis longtemps, même (car entre ses soucis personnels, la proximité de Lysandre et la mort de Morgan, elle avait du mal à échapper aux cauchemars et aux nuits agités), mais Yuûki ne lui laissa pas le temps de répondre. Bah, peu importe, le sourire qu'affichait la serdaigle devait répondre à sa place, et l'éternelle bonne humeur de son interlocutrice méritait bien que, pour une fois, elle ne soit pas celle qui accapare la parole.

Quand Yuûki fit une remarque sur le look parfaitement débraillé qu'elle arborait en ce moment même, Melody ne pu s'empêcher d'avoir le réflexe d'examiner sa tenue. Effectivement, elle qui était d'ordinaire coquette n'avait rien d'une icône de la mode dans son vieux pyjama. De même, ses cheveux d'ordinaire soigneusement coiffé devaient reposer en total désordre sur son crâne... la jeune fille en aurait presque honte si elle avait oublié que son interlocutrice l'avait déjà vu en bien pire position, les yeux embués de larme au beau milieu des escaliers. La bleue et bronze s'en voulut un peu d'entendre que son amie était debout depuis une bonne heure (si ce n'était plus), et avait mit cette heure à profit pour achever ses corvées. Melody avait un peu trop prit ses aises, elle se promit de se rattraper le lendemain. Si elle pouvait mettre la main à la pâte, elle le ferait. D'autant plus que – elle ignorait pourquoi – elle préférait être dans les bonnes grâces de la tante de la jaune et noir... et, de ce que lui en disait Yuûki, ce ne serait pas une mince affaire.

Alors que Melody, une fois de plus, tentait de prendre la parole (elle n'avait pas eu l'occasion de parler depuis une bonne minute, elle allait faire de l'hyperventilation, si ça continuait), Yuûki la plaça face à un petit déjeuner royal, qui coupa net tous ses élans rhétorique. Miam. Melody ne se fit pas prier pour s'installer face à cette assiette ô combien prometteuse, quand Yuûki fit remarquer à la demoiselle qu'elle n'était pas du tout du matin. C'était le moins que l'on puisse dire.

« Et encore, j'ai eu mon quota de sommeil. Tu me verrais quand je ne suis vraiment pas réveillée, là tu prendrais peur. » sourit la bleue et bronze tout en se saisissant de son côté et de sa fourchette, qu'elle planta dans une tranche de bacon. « Eh ben... Je sais que rien n'est trop bon pour moi, mais tu t'es vraiment surpassée. »

Et ce n'était pas qu'un compliment lancé en l'air. Melody mourait toujours de faim, le matin, et ce petit-déjeuner était tout ce qu'elle pouvait espérer de ce qui, pour elle, était l'un des moments les plus importants de la journée.

« Alors, on fait quoi de beau, aujourd'hui ? »

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FEAT. Melody ET Yuûki

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« Croquer la vie à pleine dents, c'est bien, mais le faire à deux, c'est mieux »

Il n’y avait rien de mieux pour commencer la journée : savoir que tout ce qu’on faisait était dans l’optique de rendre heureuse une personne des plus importantes pour elle. Yuûki n’arrivait pas à s’en remettre : Melody allait passer une semaine chez elle. Elle n’était pas du genre à se prendre la tête pour si peu, mais il était vrai qu’elle appréhendait légèrement cet intervalle. Et si elle disait quelque chose de mal ? Elle si Melody s’ennuyait ? Ne se plaisait pas ici ? Et si sa tante la prenait en grippe (elle pouvait être très odieuse) ? Et si… ?
C’était stupide pourtant. Yuûki le savait bien. Mais ça ne l’empêchait pas de se poser des tonnes de questions, qu’elle préférait balayer comme si de rien n’était. Elle commençait à se douter du pourquoi elle tenait tant à passer tout son temps avec Melody. Du pourquoi elle était constamment en train de penser à elle, de se demander si elle allait bien, ou elle était, avec qui… Une vraie maman poule… Ou autre chose. Mais ça aussi, elle préférait ne pas y réfléchir. Profiter de l’instant présent sans se soucier des conséquences. Voilà tout.

« J’attends de voir ça. » répondit-elle dans un sourire en s’installant en face de Melody. Il semblait que l’inspiration soudaine qui l’avait prise de bon matin portait ses fruits. Lorsque Melody était arrivée à la ferme, Yuûki c’était inquiétée de son état. Beaucoup trop de coups durs la touchaient à répétition, et à vrai dire Yuûki voulait la voir heureuse ; pas triste ni désespérée… Aussi s’était-elle donné comme mission le "sauvetage du sourire" à Mel. Manœuvre oh combien périlleuse pour laquelle elle avait déjà prévu les premières étapes. 1 : Petit déj’ royal, validé. Et maintenant la suite… Yuû sourit tendrement à Melody à sa remarque sur ses talents culinaires. « Je suis bien d’accord avec toi ! »

A regarder Melody se régaler, Yuûki regrettait presque son malheureux sandwich au jambon… qui avait fini dans le gosier de Crockchien, le Crup gardien de l’élevage… un véritable glouton pour ne pas dire autre chose. Elle prit bien le temps avant de répondre à la question de la rouquine.

« Justement, j’allais t’en parler. Ça te dérange si je te traîne dehors dès que t’as enfilé quelque chose de plus pratique ? J’aurais besoin d’un conseil… et faut absolument que je te montre quelque chose… ou plutôt quelqu’un ! » termina-t-elle dans un clin d’œil malicieux. Yuûki avait en effet une petite idée de la prochaine étape du sauvetage de sourire de sa rousse préférée. 2 : Baptême particulier, à venir.

« Et pas la peine d’essayer de m’attendrir avec un regard de Crup battu, je ne dirais rien d’autre avant qu’on y soit ! D’ailleurs ça permettra de te faire faire un premier petit tour du propriétaire. » Premier d’une longue liste. Car vu l’espace gigantesque qui recouvrait la ferme (c’est-à-dire la maison plus les boxes, les bâtiments secondaires, les gardes mangers-boissons etc) il faudrait au moins plusieurs jours pour tout visiter. Mais pour ça aussi, Yuûki avait encore eu une idée de génie (à croire qu’il suffisait qu’elle ait la motivation nécessaire pour se servir de son cerveau) ; idée qui d’ailleurs constituait la troisième étape du sauvetage de sourire. Mais chut, nous n’y sommes pas encore.

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M
elody oubliait toute forme de civilité, se goinfrant, et faisant plus qu'honneur au délicieux petit-déjeuner que lui proposait Yuûki. Il faut dire que la bleue et bronze était une bonne mangeuse, et elle ne pouvait jamais résister à tant de denrées disposées au même endroit. C'était un miracle, d'ailleurs, qu'elle ne cumule qu'un nombre de kilos en trop trop peu nombreux pour qu'ils puissent être remarqués avec tout ce qu'elle était capable de manger en un temps record. C'est vrai que, étant donné qu'elle n'était pas chez elle, Melody aurait peut-être pu faire un léger effort, et faire preuve d'un peu plus de savoir-vivre, mais que voulez-vous, chassez le naturel, il revient au galop, et le naturel n'était jamais loin quand la rouquine se trouvait avec Yuûki. En sa compagnie, elle avait le sentiment de pouvoir être complètement elle-même, avec ses quelques qualités mais aussi tous ses travers, elle savait qu'elle ne serait pas jugée.

La jaune et noire ne fit que répondre à moitié à la question de Melody, qui lui demandait ce qu'elles allaient faire de leur journée, lui faisant comprendre qu'elle avait prévu quelque chose de grandiose pour elle, mais ne lui en expliquant pas davantage. Quoi de pire, pour quelqu'un d'aussi curieux que la jeune fille que de devoir attendre ?... car nul doute que la jolie japonaise ne cracherait pas le morceau aussi facilement.

« Si je te faisais mon regard de crup battu, je te jure que tu n'y résisterais pas. » répliqua la rouquine d'un ton malicieux.

Oui, elle était sérieuse. Melody savait s'y prendre comme pas deux pour attendrir son monde. Suffisamment pour attendrir Yuûki ? Pas sûr, ceci dit. La jaune et noir avait, tout comme sa comparse, une fierté mal placée qui l'invitait à ne jamais avoir tort. Enfin... Melody n'aurait pas l'occasion de le vérifier, elle allait devoir attendre.

« Et t'as tort de vouloir me demander conseil, j'ai une intuition de merde. »

Ben quoi ? C'était vrai. Si elle avait une meilleure intuition, elle aurait comprit ce qui se passait dans son dos et n'aurait pas voué un culte inutile à sa sœur et à son ex petit ami. Que de temps perdu...
Melody avala en quatrième vitesse ce qu'il lui restait de petit-déjeuner (encore plus vite qu'avant, je veux dire). Elle avait suffisamment mangé pour que sa curiosité passe avant son estomac.

« Bon, je vais me changer. »

Elle fila rapidement en direction de sa chambre, le temps de mettre une tenue un peu plus adéquate. Adéquate pour quoi, ça... ne sachant pas trop à quoi elle devait s'attendre, Melody préféra prendre les devants, et s'habiller de la façon la plus décontractée possible (des fois que Yuûki lui ait préparé un véritable parcours du combattant). Quand elle ressortit de la chambre, elle retrouva la jaune et noire qui, fort heureusement, l'avait attendue (il n'aurait plus manqué qu'elle se soit barrée et l'ait laissé en plan).

« Voilà, je suis prête. » Elle lui adressa un grand sourire. « Bon on y va ou on prend racine ? »

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FEAT. Melody ET Yuûki

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« Croquer la vie à pleine dents, c'est bien, mais le faire à deux, c'est mieux »

Que Melody mange avec si bon appétit rassurait Yuûki sur ses maigres talents de cuisinière. Elle ne serait jamais un grand chef, mais au moins cela la rassurait-il quant au fait qu’elle ne risquait pas (plus ?) de tuer quelqu’un avec. D’ailleurs, ça lui faisait chaud au cœur, qu’elle se jette ainsi sur la nourriture. Yuûki elle-même était un estomac sur patte, et partait du fait que quelqu’un mangeant peu était quelqu’un qui allait mal. Ce qui corroborait ce que le fameux proverbe de tatie Lee disait : « Qui vient se ressourcer dans ma ferme n’est jamais déçu ».

En cet instant, Yuûki se sentait parfaitement… bien. Seule avec Melody, la ferme et un magnifique soleil au dehors… Tout était parfait. C’était une journée magnifique, qui l’était encore plus en compagnie de son amie. Bien sûr, le temps extérieur serait resté le même que Melody soit là ou non. Mais Yuûki elle se serait beaucoup moins sentit dans son élément. Depuis qu’elle avait quitté le Japon, elle avait toujours ressentit un intense vide dans le cœur, une sorte de mal être qui ne la quittait jamais mais qu’elle cachait à l’aide de son optimisme et ses sourires. Mais avec Melody, il n’y avait plus ni tristesse ni regrets : la rousse agissait sur elle comme un baume apaisant et réparateur. Elle la rendait plus rayonnante, plus vivante encore. Et Yuûki commençait à se poser la question de si elle aurait été un jour entière si elle n’avait pas connu Melody.

La jeune japonaise laissa échapper un ricanement à la remarque de Melody, histoire de lui dire que, n’importe quoi, jamais elle ne se laisserait avoir. Mais à vrai dire, elle n’en était pas sûre elle-même. Avec n’importe qui d’autre ça n’aurait jamais fonctionné, mais avec Mel’ tout était différent. Avec elle, elle pouvait être naturelle ; mais il se trouvait aussi que la rouquine avait une sacrée influence sur Yuû (qui commençait par exemple à voir d’un sacré mauvais œil les trolls qui trompaient leurs petites amies, alors qu’avant elle s’en moquait totalement). Alors il valait mieux ne pas tenter Morgane, effectivement.

« T’inquiète pas, y’a pas besoin d’intuition pour ça. Par contre un peu de bon goût ne serait pas de refus ! J’ai de la chance, tu n’en manques pas. »

Yuûki avait quasiment l’impression de faire face à son alter-ego, dans la façon qu’avait Melody de dévorer son petit dej’ comme si sa vie en dépendait. Bien sûr que non, elle n’avait pas fait exprès de rester énigmatique au sujet de ce qu’elle voulait lui montrer exprès pour la faire aller plus vite. Bon d’accord, peut-être un petit peu. Mais Yuûki savait que Melody détestait ne pas savoir ce qui l’attendait, alors elle c’était dit que ce serait d’autant plus amusant de la laisser mariner un peu. Et puis la réaction de cette dernière vaudrait le coup, normalement.

Dès que Melody fut habillée, et que Yuûki eut terminé de ranger la vaisselle avant que tatie Lee ne revienne et ne crie au scandale ; les deux adolescentes prirent le chemin vers les boxes côté ouest. Yuûki en profita pour faire une petite visite guidée, racontant à sa camarade quelques anecdotes et histoires drôles avec une telle passion qu’elle ne pouvait qu’apprécier. C’est que Yuûki l’aimait vraiment cet endroit, et ça se sentait dans la façon dont elle en parlait.
De plus, elle était de plus en plus impatience ; et jusqu’à ce qu’elles arrivent devant un grand bâtiment gris et recouvert par le lierre la jeune Poufsouffle ne cessa de sautiller dans tous les sens, d’autant plus active qu’elle s’impatientait.

« Voilà, on y est. »

Moui. Bien sûr. Melody devait se demander si elle ne s’était pas cognée la tête, car il n’y avait rien d’extraordinaire à un mur de pierre.

« C’est dedans. Suis-moi, et fait pas trop de bruit, je ne sais pas s’il dort encore. » mumura-t-elle pour donner l’exemple avant d’attraper la main de Melody et de l’entraîner à l’intérieur. A pas de loup, elles traversèrent un long chemin terreux, passant devant de nombreux boxes gigantesques contenant des abraxans ; tantôt réveillés et implorant du regard pour une petite goutte de whisky pur feu, tantôt endormis dans un coin. Enfin elles s'immobilisèrent.

« Tadam! Je te présente monsieur anonyme, qui a vu d’œil vient juste de se réveiller. On dirait que t’as trouvée un concurrent ! Il est trop chou. » Yuûki regarda avec tendresse le petit être qui nichait dans le box …un abraxan nouveau-né aux yeux vitreux qui restait fourré sous le ventre de sa mère. Enfin nouveau-né… ne vous imaginez pas un poulain, ce bébé-là faisait facilement pas loin d’un mètre de haut. Le "petit" atteignait déjà la taille de Yuûki, mais n'en restait pas moins adorable avec ses ailes trop grandes pour lui et ses adorables yeux.. de bébé. « Il est né juste la nuit de ton arrivée. C’est le premier né de la saison, alors il est très symbolique pour nous… C’est un vrai signe tu ne crois pas ?! »

Les étoiles plein les yeux (métaphoriquement parlant) Yuûki offrit un grand sourire à Melody.

« Que dirais-tu de lui trouver un nom ? » lui proposa-t-elle dans un rire communicatif. Si avec ça Melody n'était pas complétement soignée de sa peine, Yuûki ne comprenait pas. Les bébés abraxans (et tous les bébés en général) ne laissaient personne de glace; et Yuûki avait souvent l'habitude de courir se réfugier avec eux lorsqu'elle avait un poids sur le coeur.

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P
as besoin d'intuition, hein ? Tant mieux alors ! Melody ne s'aviserait plus jamais de vânter les éternels mérites de l'intuition féminine. La sienne l'avait si mal servi qu'elle avait fini par admettre qu'il ne s'agissait que d'un mythe parfaitement stupide. La jolie japonaise déclara en revanche à Jane qu'un brin de bon goût serait le bienvenue. Melody sourit en entendant son interlocutrice lui attribuer cette qualité. En toute humilité (ou presque) elle admettait effectivement que le bon goût n'était pas une chose qui lui faisait défaut. Ou du moins osait-elle le croire, car lorsque l'on se voue à une carrière artistique (oui, pour elle, la conception de vêtements tenait de l'art, et personne n'avait intérêt à la contredire sur ce point. Elle possédait un sens de l'esthétique assez poussé, lui semblait-elle, qui lui venait d'une coquetterie naturelle. Aussi, elle ne songea même pas à contredire la jaune et noir, histoire de faire montre d'un semblant de modestie. Elle se contenta seulement de sourire, de plus en plus curieuse de savoir de quoi il pourrait bien en retourner.

Pour cette raison, elle s'était préparée à la vitesse de la lumière, et elle n'eut pas à attendre longtemps avant que Yuûki ne la mène là où sa « surprise » devait se trouver. Au passage, elles parcoururent de nombreux recoins de la ferme. Pour chacun d'entre eux, Yuûki avait maintes et maintes anecdotes à raconter, Melody les écoutait avec délice, c'était un plaisir que de voir l'enthousiasme de la demoiselle, et l'amour qu'elle portait de toute évidence à ces lieux. Melody le comprenait aisément, ses parents élevant des moutons volants, sa ferme regorgeait d'histoire, et elle ne manquait jamais d'en raconter quand on venait chez elle (Brittany y avait eu le droit, d'ailleurs). Finalement, leur parcours prit fin, et elles atterrirent devant l'un des boxes de la ferme. Melody s'était douté que les fameux abraxans de la tante de Yuûki feraient partie de ces choses que cette dernière voudrait absolument lui montrer... et tant mieux, car cela faisait également partie des choses que la rouquine voulait absolument voir.

Yuûki attrapa la main de Melody afin de l'entraîner à l'intérieur. À ce contact, Melody sentit son cœur battre un peu plus fort. Elle n'avait plus envie de la lâcher... Mais elle le fit tout de même, succombant au spectacle que Yuûki lui offrait. Ce bébé Abraxan (bien qu'il soit déjà gigantesque) était totalement adorable. Si il avait pu subsister le moindre chagrin en elle à cet instant (ce qui n'était pas le cas la présence de Yuûki suffisait à son bonheur), il avait disparu, plus encore quand Yuûki lui suggéra de lui trouver un nom. Melody se sentait... honnorée. Plus qu'elle n'aurait cru l'être à l'idée de nommer un animal.

« Il est adorable ! Merci de me faire cet honneur ! » La bleue et bronze déposa un baiser sur la joue de Yuûki. « Alors... trouver un nom à cette merveille... Vous leur donnez quoi, comme genre de noms, aux abraxans, d'habitude ? »[/list]

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FEAT. Melody ET Yuûki

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« Croquer la vie à pleine dents, c'est bien, mais le faire à deux, c'est mieux »

Comment était-il possible de se sentir aussi... sereine? Yuûki avait toujours été une fille à l'aise en société, mais avec Melody c'était... différent. Comme de se retrouver dans un cocon, avec juste elle et Melow. Et lorsque cette dernière, pour la remercier, lui déposa sur la joue un baiser aussi doux qu'un papillon, Yuûki se sentit un instant défaillir. Troublée, la jeune fille passa distraitement les doigts là ou les lèvres de Melody avaient touchées sa peau, sentant encore comme une brûlure à cet endroit.
En cet instant, quiconque serait rentré dans la pièce aurait passé inaperçu. Yuûki fixait Melody, les yeux enflammés par un curieux sentiment jusqu'alors méconnu. Etais-ce cela, être heureuse? Se sentir légère comme une plume, remplie d'une énergie étrange & mystérieuse. Yuûki était presque tentée d'enlacer Melody à son tour pour lui dire à quel point elle était heureuse d'être avec elle. Parce qu'il n'y avait pas de mots pour définir cela autrement, si?

Secouant la tête de droite à gauche pour remettre ses idées en place et tenter de mettre de côté les battements soudainement plus précipités de son coeur, Yuûki offrit un sourire éblouissant à son "amie". Comme elle l'avait présagé, la rouquine était tombée sous le charme de l'anonyme petit être qui les fixait. Le pouvoir des abraxans était toujours le vainqueur! Rien ni personne n'y résistait jamais.

« Si tu veux savoir, il devient de plus en plus difficile de se décider tant les naissances sont nombreuses. Du coup, moi et ma tante avons eues une idée. » Yuûki glissa une de ses courtes mèches noires derrière son oreille, avant de balayer l'ensemble des boxes visibles d'un ample mouvement de bras. « Chaque année, on choisit un thème. Et tous les poulains qui naissent sont nommés selon lui. »

Un sourire amusé aux lèvres, Yuûki repensa aux années précédentes et aux choix toujours plus loufoques les uns que les autres qu'elles avaient faits. En général sa tante restait toujours professionnelle et digne, mais ces moments de partage-là étaient toujours incroyablement conviviaux et généreux. Et la japonaise tenait étrangement à ce que cette année-là, Melody participe à cet acte symbolique. La Serdaigle avait pris une place importante dans sa vie, et Yuûki avait envie de le lui prouver avec ce geste, aussi petit soit-il.

« L'année dernière, on a choisi les "Engins moldus". Tournebroche, Canard en plastique... (si, si, il y avait bien un des grands et nobles chevaux ailés quelque part dans le domaine qui s'appelait "canard en plastique") ...et Robinet, entre autre. L'année d'avant, c'était "Les légumes". Agar-agar, Pissenlit et Potiron sont dans le pré en ce moment. » gloussa-t-elle joyeusement. Quels fous rire elle avait eu lorsque la directrice venue exprès de Beauxbâton pour visiter leur élevage avait presque recraché son verre d'eau et mis fin au mythe des françaises bien élevées en entendant ces noms. Que de souvenirs...

Vivement, Yuûki souleva le loquet du boxe et entrebâilla la porte pour s'y glisser. Les mères abraxans étaient très protectrices et un peu agressives parfois lorsqu'on voulait approcher leurs petits, mais Yuûki connaissait Sirène (de l'année des Créatures magiques) depuis son enfance, elle la connaissait et savait ne rien craindre de sa part.

« Entres, tu seras peut-être plus inspirée si tu viens faire sa connaissance. » Yuûki tendit sa main libre vers Melody pour l'inviter à la suivre, tandis que l'autre flattait doucement l'encolure de Sirène pour la garder calme.

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U
n nouveau sourire prit place sur les lèvres de Melody, tandis que Yuûki lui faisait part de la méthode toute particulière qu'elle et sa tante avaient trouvé pour dénommer les animaux de la ferme des Kiyomizu : un thème par année, voilà qui était judicieux. À entendre cela, on pouvait supposer que les thèmes choisis étaient emprunts d'une certaine mièvrerie et étaient des thèmes du type : l'espace, la nature, la mer, la montagne... Mais non, un tel manque d'originalité aurait visiblement été indigne des Kiyomizu, et même si la bleue et bronze n'avait pas encore eu l'occasion de vraiment bien connaître la tante de son amie, elle devinait que son caractère ne devait pas être si éloigné de celui de sa ravissante nièce. Car un choix de thèmes tel que "objets moldus" témoignaient d'une originalité et d'un non conformisme que Melody adorait, Elle se demandait quel pouvait être le terme cette année-ci. Peut-être détritus, ou personnages de contes de fée? Elle était certaine que quelque soit elle serait inspirée. Restait à savoir si Yuûki avait raison de lui confier le baptême de l'une de ces créatures, parce que les goûts de la rouquine, qu'elle pensait pourtant très sûrs, n'étaient pas toujours appréciés de tous.

À la suite de la jolie japonaise, Melody entra dans le boxe, son sourire n'avait toujours pas quitté ses lèvres, elle se rapprochait avec douceur de l'animal, évitant de faire le moindre geste brusque. Melody se doutait que, si Yuûki lui avait permis d'entrer, c'était qu'il n'y avait pas le moindre risque, et qu'elle ne se mettait en danger d'aucune manière en approchant cet abraxan nouveau né, mais dans le doute, elle préférait ne pas tenter le diable, comme on dit.

"Salut, toi!"

Elle su approcher l'animal suffisamment près pour caresser son magnifique pelage, l'abraxan encore nouveau né s'étira de plaisir. Melody était ravie. Elle avait toujours aimé les animaux, et ceux-ci le lui rendaient bien la plupart du temps. C'était sans doute parce qu'elle avait passé toute sa vie dans la ferme de ses parents. Certes, un mouton volant n'avait pas grand chose à voir avec un abraxan, mais Melody considérait ces bêtes de la même manière, avec une forme d'affection identique.

"Il est vraiment magnifique." constata la bleue et bronze tout en continuant de carresser le pelage de l'animal. Elle le pensait. Ces animaux n'étaient pas forcément les plus appréciés au sein du bestiaire du monde magique, maix elle s'en fichait, elle les trouvait beaux. "Alors, c'est quoi le thème que vous avez choisi, cette année?"

Plusieurs idées de nous lui traversaient déjà l'esprit tandis qu'elle observait plus attentivement la bête qu'elle était sur le point de prénommer. Ses doigts courant toujours sur la peau de la créature magique, qui se laissait faire, très sereinement, elle attendait la réponse de la jaune et noir avant de rendre son verdict. Elle ressentait un très léger stress, de ceux qui l'habitaient quand elle s'apprêtait à passer un examen. Elle avait envie de ne pas déplaire à Yuûki. À cet instant, cela lui importait plus que toute autre chose. Elle voulait donc faire un choix qui soit du goût dre son amie.

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FEAT. Melody ET Yuûki

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« Croquer la vie à pleine dents, c'est bien, mais le faire à deux, c'est mieux »

Yuûki se félicitait de sa génialissime idée d'emmener Melody voir anonymous aussi rapidement. Elle voulait que chaque moment passé dans cette ferme soit une nouvelle expérience extraordinaire pour la rouquine. Elle voulait que tous ces nouveaux souvenirs joyeux remplacent les tristes anciens, qu'ils apaisent ses blessures et la libère de toute douleur. Elle voulait qu'en sa présence Melody soit la plus joyeuse, la plus lumineuse des filles du monde. Elle voulait que ce monde se résume à elles-deux... Elle voulait beaucoup de choses qui toutes tournaient autour de Melody, naturellement.
La Poufsouffle était contente que le courant passe si bien entre le bébé et Melody. Non pas qu'elle ait eu le moindre doute, après tout Melow vivait déjà avec des créatures magiques et savait s'y prendre avec elles, simplement cela lui faisait plaisir que d'être témoin d'un nouveau point commun. Cette scène mériterait une toile. Yuûki avait envie de sortir un pinceau et une feuille vierge pour y peindre cet instant magique, dans tous les sens du terme. Mais cela n'aurait pas permis de vivre pleinement cet instant, et c'était le plus important, de vivre sans compter.
Avant de répondre à la question de Melody, Yuûki pris le temps de mâchouiller pensivement une mèche de ses cheveux (il faudrait qu'elle pense à les couper, ils devenaient trop longs).

« Cette année n'est pas celle du thème le plus original qui soit, mais... » la voix de la jeune japonaise s'éteignit tandis qu'elle cherchait les mots adéquats pour exprimer le pourquoi de son choix, si différent des autres. Rien d'amusant, de décalé ou de loufoque choisit sur un coup de tête, non, cette fois là, Yuûki avait voulu quelque chose qui avait du sens. Une sorte d'hommage, de preuve d'à quel point cela l'avait marqué elle-aussi, peut-être... « ...ça me tenait particulièrement à cœur. »

Yuûki s'adossa contre Sirène comme d'un appui-tête, savourant la douce chaleur provenant de la jeune maman. Pas besoin de feu de bois lorsqu'on avait un abraxan à portée de main : c'était l'une des premières règles que sa tante lui avait apprise. Toute souriante, Yuûki fixait Melody avec un petit sourire pensif. Elle avait mis du temps avant de se décider, et lorsqu'elle avait annoncé sa décision finale à sa tante, elle avait eu droit à une avalanche de questions tant Lee avait été étonnée. Ce n'était pas le genre de sa nièce que de choisir quelque chose d'aussi.. banal, normal. Mais pour Yuûki cela n'avait rien de banal, bien au contraire, puisque cela lui rappelait instantanément un tournant décisif dans sa vie. Elle en avait mis du temps, avant de s'en rendre compte, mais c'était bien à partir de ce jour là qu'elle s'était mise à penser à autre chose qu'à pourrir les Serpentard ou à être la meilleure au Quidditch.

« Le monde. » annonça finalement Yuûki d'une voix solennelle (peut-être un peu trop d'ailleurs, mais mieux valait trop que pas assez). La jeune fille espérait que cela serait assez clair pour Melody. Qu'elle comprendrait ou elle voulait en venir. A quel point cela comptait, pour elle. Que c'était un peu comme un présent, pas un de ceux qui pouvaient s'attraper, se toucher; mais plutôt qui pourrait se sentir dès que ce mot serait prononcé. Que cela soit inoubliable, un peu comme l'apogée de son art. D'une simple boulette de papier s'était créer un nombre incalculables de souvenirs et de sensations merveilleuses, d'instants partagés avec Melody. Oui. Inoubliables.

« Cette année sera celle du monde : du renouveau, des changements, des belles choses. Ce sera vraiment une bonne année si nous sommes ensembles. » Yuûki se laissait emporter dans ses paroles, ouvrant les bras à la fin de sa tirade comme pour dessiner ce fameux monde sur lequel elles s'étaient trouvées. Instinctivement, elle s'était rapprochée de sa camarade rousse, les yeux brillants. Comment exprimer avec de simples mots tout ce qu'elle ressentait vraiment? La japonaise aurait été bien plus à l'aise en dessinant plutôt qu'en parlant, cette fois. C'aurait été moins embarrassant sans doute.

Embarrassant?! Yuûki était... embarrassée?! Inexplicablement, oui, elle avait l'impression d'avoir dit quelque chose d'énorme, d'avoir provoqué un véritable cataclysme, sans être pour autant capable de trouver pourquoi. Aussi se sentait-elle quelque peu mal à l'aise, comme si une chose importante lui échappait.

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Walking on sunshine

M
elody laissait ses doigts courir sur le doux pelage de l'animal sans nom, lui accordant moins d'attention, tout de même, que ce qu'il aurait pu mériter. Pour cause, son attention était totalement accaparée son par son interlocutrice. A se demander comment elle parvenait, de temps à autres, à détourner son regard d'elle pour se concentrer sur autre chose, cette chose fut-elle aussi mignonne qu'un abraxan nouveau né. Elle fut étonnée de voir Yuûki introduire le thème qu'elle avait choisi cette année par de telles prémisses. Ce qui la surprenait, surtout, c'était de la voir se justifier, lui apprenant que cela lui tenait à coeur quand, généralement, elle ne se justifiait de rien, faisant toujours plus qu'assumer ses choix. C'était d'ailleurs l'une des qualités que la bleue et bronze appréciait le plus, chez elle. Néanmoins, quand elle entendit le thème qu'elle avait choisi, elle aussi le considéra avec plus de sérieux que ce que la situation semblait imposer.

Le monde... Cela pouvait sembler banal à beaucoup, d'autant que c'était un thème qui englobait à peu près tout ce que l'on voulait, mais Melody ne l'entendait pas ainsi... et elle voulait croire que Yuûki non plus. Ce n'était pas la première fois que toutes les deux évoquent le monde, le changement, le renouveau. Tout cela s'était symbolisé dans une boule de papier qui, elle aussi, aurait pu sembler insignifiante à un grand nombre de personnes, mais qui était loin de l'être pour la bleue et bronze. Ce simple présent, que lui avait fait son interlocutrice il y a un mois de cela, avait changé en partie sa vie, lui avait permis de passer à autre chose... Melody avait-elle raison de croire qu'il y avait un lien entre le thème choisi par Yuûki et le cadeau qu'elle lui avait offert? La bleue et bronze avait envie de croire que oui, et à cette pensée, elle sentait les battements de son coeur s'accélérer, et ils n'allèrent qu'en s'intensifiant quand la jolie japonaise lui déclara que cette année serait parfaite si elles étaient ensemble et se rapprocha d'elle.

Melody ne pouvait détacher ses yeux d'elle. Elle se sentait... presque extérieure à elle-même. Ce n'était pas désagréable. Elle se sentait envahie par une délicieuse sensation de liberté... qui ne l'invitait plus vraiment à réfléchir à ce qu'elle faisait. Elle se rapprocha à son tour, si près que quand elle parla, son souffle caressa l'une des mains de Yuûki. Elle ne réfléchissait pas à ce qu'elle faisait, son cerveau était comme paralysé, elle agissait plus par instincts que par raison.

"Oui, cette année sera notre année."

Les lèvres de Melody se posèrent sur celle de Yuûki, le geste lui était venu naturellement... ceci dit, quand leurs lèvres se détachèrent l'une de l'autre, le rouge lui monta aux joues, et elle recula d'un pas.

Tout à coup, elle réalisait ce qu'elle venait de faire... et ce qu'elle s'apprêtait à perdre, certainement. Yuûki allait la prendre pour une folle, pour une... erreur. Elle avait décidément le don de tout gâcher. Melody baissa les yeux, tenta de reprendre contenance, s'éclaircit la gorge, et prit le parti de faire comme si rien ne s'était passé.

"Je... hum... Harmonie, c'est un joli nom, non?" suggéra-t-elle sans être certaine que l'harmonie appartiendrait à son monde si Yuûki se détournait d'elle après ce qu'elle venait de faire.

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FEAT. Melody ET Yuûki

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« Croquer la vie à pleine dents, c'est bien, mais le faire à deux, c'est mieux »

Yuûki ne pouvait détacher le regard de Melody. Une fois son discours terminé, elle s'était retrouvée à bout de souffle, à cours d'autres mots pour décrire ce qu'elle ressentait. Ce qu'elle commençait à réaliser.

A quel point elles étaient proches, par exemple. Une proximité qui ne l'avait jamais gênée, non, Yuûki ne se sentait jamais plus à l'aise qu'aux côtés de Melody. Naturellement, instinctivement, elle sentait que sa place était aux côtés de la rouquine. C'était pour cela que depuis un mois elle ne cessait jamais de penser à elle; à son rire, à son sourire, à ses mimiques, à sa voix. Tout. Ses BUSES ratés? Sans doute que le fait de songer à ces vacances aux côtés de Melody l'avait empêchée de se rappeler de ses cours. Non, jusqu'à présent Yuûki n'avait jamais réfléchit aux conséquences.
Mais il semblait bien que cette fois, la jeune Poufsouffle ne pourrait pas nier l'évidence. Pas fuir la vérité. Car lorsque Melody s'avança et déposa ses lèvres sur les siennes; le cœur de Yuûki s'arrêta de battre. Avant de reprendre plus intensément que jamais.

C'était un peu humide. Ca avait le goût de... de quelque chose d'indescriptible. D'une vague de bonheur si brut, si pur que l'esprit de Yuûki se retrouva déconnecté de ses fonctions motrices le temps du baiser. C'était agréable. Doux comme le pelage d'un abraxan. Doux comme la caresse éphémère d'un papillon posé sur ses lèvres.
Sauf qu'il ne s'agissait pas d'un papillon. Mais des lèvres de Melody.

Jamais Yuûki n'aurait cru ressentir une telle légèreté après son premier baiser. Voilà que Melody se détachait d'elle, et qu'elle avait envie de lui crier "non, ne pars pas!". Un cri du cœur qui ne réussir à franchir la barrière de ses lèvres brûlantes d'un contact trop rapide mais qui pourtant restait gravé au fer rouge, là. Le rouge monta aussi aux joues de Yuûki. Elle était chamboulée, plus que jamais. Son cœur martelait sa poitrine comme des milliers de sabots martelant le sol de la prairie, dans un vacarme tel qu'elle s'étonnait que Melody ne l'entende pas. Ce baiser -car il fallait voir la vérité en face, c'était bien un baiser, volontaire, et apprécié- lui donnait presque le sentiment que maintenant, tout était possible.

Harmonie? Son coeur en cet instant ne lui semblait pas créer un son harmonieux. Mais l'euphorie qui la poussa à réduire la distance la séparant de Melody, cette même euphorie grisante qui revint à la charge lorsque Yuûki déposa à nouveau ses lèvres sur celles de la rousse... Il s'agissait bien d'harmonie.
Yuûki avait agit d'instinct, par pure envie, envie de sentir à nouveau ce contact inédit et tant aimé. Le cœur battant, les joues rouges, elle ne savait pas vraiment ce qu'elle faisait. Etais-ce mal? Non, bien sur que non. Quelque chose d'aussi agréable ne pouvait être mal.
Cette fois, les lèvres des deux adolescentes restèrent bien plus longtemps en contact. Yuûki plongea ses yeux sombres dans ceux marrons pétillants de Melody; et alors, elle sut.

Le souffle cour -alors qu'elle n'avait rien fait de fatiguant- Yuûki se détacha de Melody et attrapa ses mains, joues rouges et regard plus intense que jamais.

« Le mot "harmonie" n'avait aucun sens pour moi avant aujourd'hui. » Yuûki sourit, avec hésitation, une certaine pudeur à laquelle elle n'était pas habituée. Elle avait peur, peur que Melody ne ressente pas pareil... Mais sur l'instant, la peur était éteinte par la passion de ses mots, par l'intensité de ses sentiments, par le désir de relâcher ce qu'elle avait sur le cœur depuis trop longtemps maintenant. « Melody je... je crois que ce que je ressens... ce n'est pas de l'amitié. Mais.... »

Sa voix s'éteignit littéralement sous le coup de l'émotion. Ses mains qui tenaient celles de Melody tremblaient comme des feuilles au vent. Elle regrettait de ne pas avoir de crayon. Alors, elle aurait dessiné ce qu'elle s'apprêtait à dire, avec tellement plus de facilité. « Mais que c'est l'amour. »

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E
lle ignorait que l'on pouvait ressentir autant de choses en même temps, que tant d'émotions confuses et contradictoires pouvaient se succéder en une fraction de seconde seulement. La vie de Melody avait toujours été des plus simplissimes, elle n'avait jamais été confrontée à ce véritable choc émotionnel, qui brouillait ses sens, emmêlait son esprit, créait une parfaite confusion au creux de son esprit. L'instant du baiser, cet instant magique, très court mais qui lui avait semblé suspendu dans l'infini, avait été un moment de pur bonheur, au cours duquel elle n'avait pensé à absolument rien, à absolument rien d'autre qu'à celle dont les lèvres était soudée aux siennes, au plaisir qu'elle ressentait à la sentir si proche d'elle, à l'envie qu'elle avait eu de la retenir pour toujours... Mais il avait été suivi d'un moment à l'inverse parfaitement atroce, un moment de tiraillement, de doute, d'angoisse. Elle craignait d'être rejetée par la seule qui comptait, elle craignait de devoir analyser ce qu'elle venait de faire, elle craignait les conséquences d'un geste qui lui avait pourtant semblé si naturel, sur le moment... Voilà qu'elle doutait de tout, y compris d'elle-même. Ce qu'elle venait de faire... ce n'était pas normal, non? Et ce qu'elle ressentait non plus... Pourtant, elle ne pouvait pas l'empêcher, c'était plus fort qu'elle.
Et même si elle devait essuyer un refus de la part de Yuûki, elle n'était pas certaine qu'elle parviendrait à le regretter complètement, quand bien même la morale l'exigeait. Car sur l'instant... ça avait été parfait.

Ce ne fut pourtant pas par le refus auquel Melody s'était attendue qui vint lui servir de réponse à ses interrogations. Au contraire, sa réponse fut un autre baiser, plus long, et d'autant plus agréable que la réciprocité dont Yuûki venait de lui faire la preuve venait de lui ôter un poids du coeur. Un coeur qui s'emballait plus que de raison, battant la chamade.
Sa main tremblait tandis que la jolie japonaise la tenait dans la sienne. Ça y est, cette fois, elle la ressentait vraiment. L'harmonie. Elle parvint pendant quelques secondes, à ne plus songer aux conséquences subsidiaires. À sa déclaration, Melody se sentit frémir. Devait-elle l'admettre? Qu'elle l'aimait ? C'était évident. Elle était amoureuse de Yuûki Kiyomizu.

- Je... je crois que c'est pareil pour moi. admit-elle en maintenant fermement serrée sa main dans la sienne.

Quelques secondes, songeant aux réactions tout autour, à commencer par celle de sa famille, elle se demanda si elles ne commettaient pas une erreur, si elles ne devaient pas abandonner tant que c'était encore possible, mais elle ne voulait pas renoncer à la belle jaune et noir...

-Il faut... comment on va faire pour... enfin, éviter que ça se sache...?

Elle interrompait peut-être la magie, mais c'était le genre de questions qu'il allait bien falloir qu'elles se posent à un moment ou à un autres. Le plus tôt était peut-être le mieux...

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