Liv, c'est une fille qui a pas la langue dans sa poche. On pourrait même admettre qu'elle est carrément vulgaire et farouche. Elle a vécu trop de choses horribles pour se laisser marcher sur les pieds. Très en avance sur son temps, elle croit en l'égalité des sexes et la liberté pour tous. Elle a un sens de la justice qui n'appartient qu'à elle et se contente de juger et d'appliquer les sentences par elle-même. Toujours en vadrouille, jamais à l'heure au boulot, elle vit dans la crasse d'une baraque en ruine et ne prend en compte l'avis de personne. Complètement impatiente, elle a tendance à foncer tête baissée dans un mur pour le défoncer plutôt que d'établir un plan pour le contourner. Une chance qu'elle ai la tête dure ! Débauchée, alcoolisée, fumeuse, elle a tous les défauts du monde en espérant que ça dégoûtera suffisamment les autres pour avoir la paix. Le problème, c'est que c'est le contraire qui se passe. La plupart des hommes sont attirés par son côté rebelle peu orthodoxe et s'empressent de venir lui casser les pieds. Les pauvres finissent souvent avec les bijoux de familles en travers de la gorge. Finalement, c'est peut être Liv qui incarne le mieux l'idée que l'on se fait de la liberté. Pas de contraintes, elle dit ce qu'elle veut, fait se qu'elle veut, elle ne craint ni le regard ni les paroles des gens. Un esprit indomptable dans un corps de guerrière. Elle inspire une sorte de crainte mêlée d'admiration dans le coeur des autres femmes qui finissent par voir en elle soit un exemple soit une erreur de la nature. Pas de complexes, pas de tabou, elle aimerait juste avoir une vie un peu plus simple financièrement parlant. Non pas qu'elle ai besoin de moyens pour survivre, mais le confort n'est pas une chose sur laquelle elle crache. Et pourtant elle crache sur pas mal de trucs.

Comme elle n'a rien à prouver à qui que ce soit, Liv se contente de porter des tenues confortables et peu élégantes. Elle se contente d'un bon vieux jean et d'un haut uni. Il ne faut pas se plaindre quand il n'y a pas de trous dedans. C'est une jeune femme d'assez grande taille, ce qui est plutôt rare pour l'époque, avec une corpulence fine voire même maigre par moments. Addicte de sports en tous genres, elle a des muscles en acier qui pourraient foutre la honte à beaucoup de garçons. Et malheureusement, elle a tendance à s'en servir. Si la plupart des femmes sont complexées par leur absence de formes, ce n'est pas du tout son cas. Elle pense avec raison que les seins et les fesses encombrent trop les mouvements et qu'à la limite elle aurait mieux fait de naître dans le corps d'un mec. Chaussures plates, cheveux longs et lisses couleur miel tout simplement détachés, elle prend un minimum soin d'elle mais ne passe pas son temps à se pomponner, loin de là. C'est son côté naturel et brut de décoffrage qui fait tout son charme. Chez-elle, elle se promène en slip et t-shirt sans se soucier des fenêtres ou de la possibilité que quelqu'un la trouve dévergondée. Elle a un visage long et pâle avec une machoire très carrée et des yeux noisette presque dorés au soleil. Lorsqu'elle est de bonne humeur, son visage est fendu par un sourire large et étincelant qui en a fait craquer plus d'un. Elle a les sourcils souvent froncés et son corps entier - en passant par ses nombreuses mimiques habituelles - trahit son attitude de garçon manqué. Elle a la démarche rapide et brutale de quelqu'un qui est tout le temps pressé, avec ses grandes jambes d'échassier elle a tôt-fait de semer le chieur moyen. Pour finir en beauté, il ne faut pas oublier ses grandes mains d'homme très solides qui donnent envie d'éviter les gifles et les poignées de mains trop intenses, au risque de passer faire une visite touristique à Sainte Mangouste.

Chui née un vendredi treize. J'avoue ça craint un peu comme introduction, mais j'ai rien trouvé de mieux pour résumer ma vie de merde. Non pas que je sois particulièrement superstitieuse, mais je commence à me poser des questions. Pour commencer, j'ai eu la mauvaise surprise d'apprendre que je ne serai jamais comme mes copines de primaire et que je serai envoyée dans une putain d'école pour sorciers bizarres, à l'autre bout du pays. Déjà ça aidait pas à la tranquillité mentale. Je sais pas comment la plupart des jeunes réagissent en apprenant qu'ils font de la magie, mais moi j'ai pété un fusible. Quand j'étais petite, je voulais être flic, et puis j'ai réalisé que ce serait dur de porter un gilet par-balles par dessus une robe de sorcier. Et comme toutes nouvelles pourries tombent souvent en même temps, mes parents ont profité de cet instant pour me dire que mon avenir était déjà choisi à ma place et que mon mari était déjà tout désigné. Avouez qu'y a de quoi tomber le cul par terre, surtout quand on est adolescent et qu'on pense que la vie nous tend les bras et que tout reste à faire. Visiblement on ne m'avait pas laissé beaucoup de trucs " à faire ". Ma mère persistait à me dire que tout allait bien se passer, qu'une fois parmi les autres sorciers je me sentirai moins seule dans mon cas. Ben laissez moi vous dire qu'elle pouvait pas avoir plus tort que ça. Les élèves étaient mesquins entre eux et s'amusaient à me faire la vie dure. Mon seul refuge, c'était les vacances où je rentrais à la maison pour un peu de paix en famille. Puisque mon futur fiancé et moi n'avions pas franchement notre mot à dire, nous avions fait la seule chose qui nous restait à faire : essayer de se supporter, ou au moins de pas s’entre-tuer. J'dois avouer qu'à cette époque j'ai été vachement impressionnée par l'intelligence et le calme de ce mec. Il était plutôt mignon et pas chiant comme les autres. Bon c'était pas vraiment l'idéal non-plus, mais avec le temps je m'étais faite à l'idée de devoir partager ma vie avec lui. Globalement on s'entendait bien. Liv et Jacob, ça sonnait comme le titre d'un dessin animé. Avec le comique en moins.

A force de me plaindre, j'avais presque oublié à quel point j'avais de la chance encore à cette époque. La suite a été plus mal foutue encore. Mes parents sont morts. Comme ça, pouf, disparus, rayés de la surface de la terre. Et au final je me suis retrouvée sans rien ni personne. Ça fait un choc, croyez moi. A la suite de ça, j'ai abandonnée ma dernière année à Poudlard et j'me suis tirée de là sans diplôme supérieur. J'en avais pas besoin pour bosser dans un bar. je me suis faite engager aux Trois Balais en tant que serveuse et franchement ça me convenait. J'ai quitté Jacob comme on dit au revoir à une bonne grosse cuite, avec un maximum de soulagement et la certitude que ça reviendrait comme un boomerang. J'ai récupéré un appartement miteux dans Londres côté moldu et je me suis habituée à vivre dans l'humidité et la poussière. Je suis tombée malade un nombre de fois incalculable et j'ai continué d'aller bosser. Aujourd'hui, j'dois avoue que le manque de pognon commence vraiment à me les briser. J'aimerais bien dormir dans un vrai lit, avec une cheminée dans le salon et une meilleure compagnie que des rats. Pour ça, j'ai un plan de secours qui s'appelle Ross. Forcément, ce petit avare est loin d'être d'accord pour me passer la bague au doigt mais j'ai pas dit mon dernier mot. Le seul qui pourrait me faire changer d'avis, c'est Jacob, et ça fait bien longtemps qu'il a disparu de ma vie. Je dois admettre qu'il me manque un peu, mais il a pas l'air d'avoir envie de me revoir. Il ne me reste plus qu'à me faire une raison. Le passé c'est le passé, il faut que j'aille de l'avant.