Il s'en passe des choses, la nuit || with Andreï ~

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Il s'en passe des choses, la nuit

• Doucement, ses yeux à moitié clos observent les élèves. Leur mouvement est lent, quasi détaché. Elle semble être déconnectée de la réalité, tant et si bien qu’elle a l’air de se foutre de tout ce qui l’entoure. Elle cille des paupières une seule et unique fois, comme si elle va s’endormir dans son assiette si bien garnie. Pourtant, elle ne dormirait pas. D’un mouvement nonchalant, sa main passe dans ses cheveux, replaçant une mèche derrière son oreille.

Des tas de choses traversent ses pensées, à haute vitesse, alors qu’elle réfléchit constamment. Ca a toujours été comme ça de toute façon, on ne peut rien changer. Elle se décide de manger, à son aise, histoire de ne pas avoir d’indigestion plus tard dans la soirée. Elle ne mange pas tout, mais son assiette est pratiquement vide. Amy se lève avec les autres élèves et se faufile jusqu’au dortoir des Serdaigles histoire d’être présente, puis disparaît d’un mouvement fantomatique. On ne se rend pas compte qu’elle n’est pas là, cela ne change absolument rien à la vie des autres et c’est tant mieux comme ça.

Elle descend ainsi les marches, rapidement, une attitude qu’on a du mal à s’imaginer venant d’elle et pourtant, c’est bien le cas. Elle se faufile furtivement dans le couloir du troisième étage jusqu’au bout de celui-ci afin de se retrouver, comme tous les soirs, devant les portes de la bibliothèque. Elle pousse alors les portes et entre à l’intérieur en prenant soin de refermer délicatement derrière elle. Amy regarde la pièce, illuminée par la pleine lune. Elle peut voir la poussière flotter dans l’air comme des lucioles. Son regard s’illumine subitement ; Jade aime venir ici, depuis qu’elle est à Poudlard, c’est ce qu’elle aime le plus. Cet endroit la rassure, la calme en période troublante. Elle sourit, légèrement et ferme les yeux un instant avant de lâcher la porte et s’avancer dans l’allée centrale. Elle regarde le haut des étagères et se demande où elle pourrait cette fois, monter.

Elle trouve finalement l’endroit idéal, s’approprie quelques livres et monte sur l’étagère jusqu’à atteindre son sommet. Amy n’a pas le vertige, elle adore particulièrement monter sur les meubles, dans les arbres, là où il y a de la hauteur. Elle sort de sa poche une Suçacide avant d’ouvrir un livre sur les sortilèges et d’en dévorer les mots. Un peu plus tard, la porte de la bibliothèque s’ouvre, tout aussi délicatement qu’elle l’avait fait auparavant et elle est soudainement intriguée et alerte au bruit. Jade relève ainsi la tête et observe la silhouette se développer au contact des rayons lunaires. Plaquée contre le vitrail, les jambes croisées dans le vide, elle le voit arriver.

Son regard atone se transforme légèrement, laissant une expression de surprise modifier ses traits. Elle baisse le livre et se penche doucement pour mieux le voir.

« Andreï ? »

Sa voix monocorde mais douce envahi leur espace ; ni trop forte, ni trop mince, un ton juste assez dosé pour qu’il puisse l’entendre.

Il s'en passe des choses, la nuit

I

nsomnies. Elles étaient récurrentes, dernièrement. En fait, depuis qu'il était revenu de chez sa "très chère" génitrice, il semblait à Andreï ne pas avoir connu la moindre nuit paisible de sommeil, chacune d'elles, chacune, était peuplée de cauchemars qui l'invitaient immédiatement à ne plus fermer les paupières... Quand elles voulaient se fermer, seulement, ce qui n'était guère plus fréquent. Et voilà que cette nuit ne dérogeait pas à la règle. Après s'être tourné et retourné dans son lit, à la recherche de Morphée, qui refusait obstinément, pour ne pas changer, de lui tendre les bras, et après que l'un de ses camarades de chambre ait poussé un grommellement exaspéré qui en disait long sur son agacement (et l'éventualité qu'il commençait à envisager de venir l'étouffer avec un oreiller), il avait décidé d'arrêter les frais, et de tout simplement quitter son dortoir, afin de ne plus déranger les autres. Il s'habilla à la va-vite, accueilli par de nouveaux grommellements, et descendit dans la salle commune des verts et argent, vide à cette heure. Dans un premier temps, il se contenta de s'installer sur l'un des fauteuils, fixant la tapisserie verdâtre d'un oeil vide. L'activité la plus passionnante du monde, pas vrai ? Dans son empressement à ne pas déranger plus longtemps ses camarades, il n'avait pas pensé à prendre avec lui de quoi occuper ces longues heures qu'il passerait donc, c'était définitif, à ne pas réfléchir. Balayant la salle commune du regard, il se chercha un loisir qu'il ne trouva pas. Inutile, il ne trouverait rien qui puisse le distraire, le distraire au sens où cela pourrait lui permettre de penser à autre chose, autre chose que ces tourments qui le troublaient, encore et encore, et encore.

Non, ce n'était pas en ces lieux qu'il trouverait de quoi alléger ses pensées si lourdes. Résigné, il choisit donc de chercher ce qu'il désirait ailleurs. Dans la bibliothèque de Poudlard, donc. Il n'était pas dans les habitudes d'Andreï Armyanski d'enfreindre le règlement de l'école, que ce soit en violant le couvre-feu, ou en se rendant dans un lieu interdit à cette heure, mais aux grands maux les grands remèdes. Alors il poussa la lourde porte de cette ântre toute dévouée aux rats de bibliothèque. Se faisant le plus discret possible, contrôlant chacun de ses pas, il scrutait les rayonnages, à la recherche du livre idéal... et c'est tout à cet exercice qu'il se laissa surprendre par la voix qui vint alors rompre le silence. "Surprendre" est un bien maigre mot, sachant que le vert et argent sursauta carrément, et que son coeur manqua un battement, pauvre petit émotif. Il fallut qu'il lève les yeux pour découvrir d'où provenait la voix. Soulagement, au moins il ne s'agissait pas de quelqu'un susceptible de lui coller une retenue. Mais quand même, ce qu'il avait pu s'effrayer.

-Tu m'as foutu les jetons. chuchota-t-il. Qu'est-ce que tu fais là ?

Là dans la bibliothèque. Là sur cette étagère. Il y avait de quoi se poser des questions, non ?

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• Il sursautait et elle le regardait sans ciller. Un maigre sourire apparu sur ses lèvres, alors qu'il lui demandait ce qu'elle faisait là. Comme depuis ses onze ans, Amy ne pouvait réellement dormir. Elle s'endormait seulement qu'au levé du soleil pour ne se reposer qu'une à deux heures. C'était suffisant. Elle changeait le croisement de ses jambes et se penchait dangereusement dans le vide. Elle baissait la tête, fixant le sol carrelé de la bibliothèque.

« Je suis désolé de t'avoir fait peur, ce n'était pas mon but. »

Sa voix s'était faite plus douce. Elle avait l'habitude que l'on soit surpris de l'entendre alors qu'on ne la voyait pas. C'était ainsi après tout, un timbre trop monocorde, trop détaché. Une voix présente, avec un calibre imposant. Elle soupirait, clignait des paupières. Un sourire se dessinait sur ses lèvres.

« Comme tu peux le constater, je n'arrive pas à dormir. »

Comme si c'était normal pour elle. Cela avait toujours été comme ça, Amy passait son temps éveillée toute la nuit. Pour elle, c'était devenu naturel. Elle relevait les yeux sur Andreï, un léger sourire effleurant ses lèvres. Elle levait la main et la posait sur sa poitrine, du bout des ongles. Elégante, l'américaine était douce malgré ses apparences.

« Veux-tu te joindre à moi ? »

Elle détachait ses ongles de son pull dix fois trop grand, prenait les quelques livres qu'elle avait prise et se retournait pour descendre. Les pieds sur le sol, elle s'approchait du Serpentard, doucement. Elle le regardait, attentive à sa réponse. Cela pouvait leur permettre de développer leur relation quelque peu étrange à ses yeux. Andreï était un "ami", un rival au jeu de mot verbal, mais un excellent compagnon de lecture et de discussion. Une relation qualifiée de bipolaire. Il y avait également autre chose, qui intriguait Amy au point de ne pas s'empêcher d'y penser... En même temps, difficile de ne penser à rien lorsque l'on réfléchit sans arrêts. Et puis, Amy ne pouvait dire pourquoi, mais... Elle s'amusait avec lui. C'était étrange à comprendre, mais c'était bel et bien le cas. Mais, l'avouerait-elle un jour au Serpentard ? Mh... Un jour peut-être.

« Allons nous installer plus loin, si tu le désires. »

Il s'en passe des choses, la nuit

A

ndreï haussa les épaules quand Amy lui dit s'excuser de lui avoir fait peur. En même temps, elle n'y était pour rien... Et lui non plus. Il ne s'était pas attendu à trouver qui que ce soit à la bibliothèque à cette heure-ci (déjà qu'en temps normal, les lieux n'étaient jamais bien peuplés, les rats de bibliothèques se faisant rares), il se serait angoissé même si les pieds de son interlocutrice avaient touché le sol. Alors ajoutez à cela les penchants de la demoiselle pour les hauteurs, et vous comprendrez qu'il puisse avoir été en droit de s'effrayer. Mais inutile de s'attarder là-dessus quoi qu'il en soit. Ne rien répondre semblait encore le plus approprié. Quoique, au mieux, il aurait peut-être pu balbutier un "c'est rien" sans grand intérêt. Elle n'arrivait pas à dormir... Il se doutait qu'elle allait lui fournir une telle réponse, seul l'état d'insomnie où ils se trouvaient tous les deux pouvait justifier leur présence ici à cette heure. Il préféra ne pas se montrer intrusif, ce n'était pas son genre, il garda pour lui les quelques questions qui lui traversaient l'esprit du type : "pourquoi n'arrives-tu pas à trouver le sommeil ?". Au fond, ça ne le regardait pas, et il n'était même pas certain que ça l'intéressait. Sans compter que si, à lui, on avait posé la même question, il aurait sûrement répliqué par une réponse de type "c'est pas tes oignons". Car effectivement, ce n'étaient les oignons de personne, et surtout, le sujet était trop douloureux pour qu'il puisse l'aborder à la légère avec le premier venu, même si Amy n'était pas exactement la première venue par ailleurs. Elle lui proposa de se joindre à lui, le vert et argent haussa à nouveau les épaules (Merlin, ce qu'il pouvait avoir de conversation ! ). Après tout, pourquoi pas ? Quitte à tuer l'ennui et à entamer la perspective d'une nuit blanche, autant qu'ils le fassent ensemble. À choisir, la bleue et bronze n'était pas la pire personne avec qui il puisse imaginer passer un peu de temps. Elle était intelligente.... ils avaient beaucoup de points communs, et quand leurs conversations ne viraient pas à la joute verbale, ils parvenaient à plutôt bien s'entendre.

-Pourquoi pas ? dit-il finalement, admettant que de toute façon, un refus, s'il avait vraiment voulu en formuler un, aurait été plus que malvenu.

Au hasard, il récupéra un livre quelconque sur l'étagère la plus proche, afin de se donner un peu de lecture, pour peu que la conversation ne lui semble pas suffisamment prenante ou pour, justement, alimenter cette dernière. Ils vinrent s'installer tous les deux à une table. Tout en s'asseyant sur sa chaise, Andreï adressa à son interlocutrice un sourire légèrement timide. Les relations humaines n'avaient jamais été son for, c'est une certitude.

-Tu lisais quoi avant que j'arrive ?

Quitte à ce qu'ils choisissent de passer du temps ensemble, autant entretenir la discussion, et Andreï n'avait rien trouvaé de plus intéressant à demander à son interlocutrice. Il aurait très bien pu faire une quelconque remarque désobligeante qui auraient entretenu leurs habilités respectives à se lancer des piques mais il était tard, il ne se sentait pas d'humeur.

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Il s'en passe des choses, la nuit

• Sans attendre, Amy s'installait à une table avec Andreï. Elle ne se sentait plus si seule pour une fois. Elle ne cherchait pas à fuir le monde, elle n'était même pas asociale. Ce sentiment suisible de solitude lui pesait bien sur la conscience, trouvant de plus en plus de koie dans la lecture. On ne la comprenait pas elle était trop imprévisible avec des manies étranges. Amy était bizarre. Elle souriait maigrement au Serpentard avant de répondre.
« Un livre de Sortilèges imprononçables. C'est ce que nous apprenons pour l'instant, mais c'est à croire qu'il y a plus à apprendre dans les livres. »

Tout ce qu'elle lisait était accumulé dans sa mémoire, elle était même à l'avance dans certains cours. L'américaine était et avait beau être une personne terre à terre, celle-ci trouvait du repos et un certain confort en Divinations. Elle ouvrait le dit livre à la page où elle s'était arrêtée et très rapidement ses yeux bougèrent de gauche à droite. Pour ne pas les laisser dans le silence pesant, Amy enchaînait la conversation à son tour.

« Et toi, qu'as-tu pris pour t'occuper ? »

Ce n'était pas commun, mais elle se disait qu'Andreï n'était pas comme elle. Lui pouvait dormir tranquillement, pas elle. Elle en venait même à se demander pourquoi il ne dormait pas ce soir. Elle gardait cela pour elle; on ne posait pas de questions indiscrètes. Surtout à quelqu'un de réservé. Elle massait doucement son front, brûlant. Toujours. Amy avait l'habitude, son cerveau sans cesse en ébullition. Et à cause de ça, elle ne pouvait dormir, entraînant des défaillances physiques conséquentes. Elle avait tout le temps froid, glacée jusqu'à l'os. Certains de ses membres endoloris et, de temps en temps, elle pouvait ressentir des spasmes musculaires. Il n'y avait rien à faire, même la médication n'avait servie à rien. Le sort sur elle était jeté depuis ses onze ans. Elle savait qu'elle finirait folle. Ceux qui finissaient comme elle le devenaient. Son regard se fit vide, comme si elle s'était effacée, comme si son âme venait de quitter son enveloppe charnelle. Elle entrait en "transe", plongée dans ses réflexions. Pourquoi penser à cela ? Elle n'était pas si différente de ces gens et pourtant, elle gardait l'espoir secret d'être différente. Elle gardait le secret de réussir à contrer cette folie qui l'attendait à la sortie de cette réalité. Heureusement, elle n'était pas non-sentimentale. Elle ressentait ses émotions, mais cette fatalité revenait au galop. Cela l'avait touchée, elle, Amy Jade Rose, une sorcière de Sang-mêlé ordinaire. Dans cette phase de vide intersidéral au fond de ses iris, une lueur de tristesse naissait. A présent visible elle étincelait au contact des rayons lunaires. Un sourire naquit sur ses lèvres, doucement. Serait-elle toujoujours aussi seule ? La comprendrait-on un jour ? Penser à cela lui faisait peur.

« ... Pourquoi se mentir à soi-même ... ? »

C'était perdu d'avance Amy. Elle se surprenait d'avoir parler à vois haute et levait rapidement les yeux vers Andreï. Gênée elle souriait, un regard rempli d'excuses. Elle baissait à nouveau les yeux.

« Pour quelqu'un comme moi, ce qui dérange c'est ce que je sais ce qu'il va m'arriver. La folie me guette, elle attend le moment propice pour m'emporter. »

Telle la bourrasque. Une force incontournable qui aura raison d'elle. Tôt ou tard.

« Un nombre incalculable de pensées, d'analyses circulent dans ma tête à une vitesse supérieure. Et voilà pourquoi je me retrouve ici, toutes les nuits. »

Pourquoi se confiait-elle à lui maintenant ? Sans aucune raison apparente, elle s'était laissée aller à la confession. Andreï n'était peut-être pas la bonne personne, mais Amy n'en avait que faire. C'était comme si, pour une fois, elle n'avait pas chercher à comprendre.

Il s'en passe des choses, la nuit

U

n livre de sortilèges imprononçables. Drôle de lecture. Lorsqu'on s'abandonnait ainsi à une telle activité, quitte à ne pas dormir de la nuit, on choisissait généralement de grandes récits, des romans, des histoires capables de nous transformer, de nous faire s'évader... rarement des ouvrages théoriques sur des sortilèges. Oui, vraiment, drôle de lecture. Mais en même temps, Amy était aussi une drôle de fille. Andreï trouvait vraiment qu'elle n'était pas comme les autres. Et elle allait encore le lui prouver sous peu, au point que le pauvre vert et argent allait en perdre ses mots... ou tout du moins, toute aptitude à savoir comment réagir (déjà que dans ce domaine, on ne pouvait vraiment pas dire qu'il était quelqu'un de doué). Elle lui demanda ce qu'il était en train de lire. Andreï jugea enfin bon de jeter un coup d'oeil à la couverture du livre qu'il avait choisi complètement au hasard... et en définitive, il s'avérait qu'il avait porté son dévolu sans même s'en rendre compte sur un ouvrage documentaire, répertoriant les différentes sortes de plantes aquatiques utilisées dans les potions de guérison. Merveilleux, lui qui n'aimait pas les potions...

-Abécédaire des plantes aquatiques à usage médicinale. répondit-il en lisant la couverture du bouquin, légèrement dépité.

Et bien sûr, maintenant qu'il était assis à cette table, il n'allait pas se chercher un autre bouquin. Bah ! Après tout, il ne serait peut-être pas si mauvais que ça, cet ouvrage qu'il ne trouvait vraiment pas intéressant de prime abord. Il lui réserverait peut-être de bonnes surprises, sait-on jamais ? Il le feuilletait avec scepticisme, quand Amy reprit la parole... Et ce propos eut le don de prendre complètement de court le vert et argent. Il n'était pas certain de comprendre grand chose à ce qu'elle lui racontait, en fait... Est-ce qu'elle était en train de délirer ? En tous cas, quand elle disait que la folie la guettait... Andreï était enclin à y croire. Et lui, qu'est-ce qu'il était supposé répondre à ça, la bleue et bronze ne semblait même pas s'adresser à lui, plutôt à elle-même.

-Je... euh... Tu... À ce titre, il allait lui sortir tous les pronoms personnels possibles. Je suis pas sûr d'avoir tout bien compris... Mais si t'as besoin de parler, je suis là...

Quel altruisme soudain ! Il n'était pas le confident idéal, et se donnait rarement ce rôle. Mais il ne pouvait décemment pas demeurer indifférent à ce que disait son interlocutrice, alors qu'elle semblait en proie à un malaise véritable, malaise dont il ne définissait pas l'origine, mais qui semblait en tous cas la plonger dans un état... un peu alarmant.

-Et... et si tu veux pas en parler, je comprends.

Parce qu'après tout, elle n'avait peut-être pas la moindre envie de s'épancher sur son ressenti en présence de son camarade. Il le comprendrait parfaitement.

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Il s'en passe des choses, la nuit

• Oui... Non. Andreï n'avait pas tout à fait compris, ce qui fit relever les yeux d'Amy sur lui. Un maigre sourire apparut sur ses lèvres, tandis qu'elle tournait la page du livre qu'elle lisait. Comment comprendre le charabia qu'elle venait de prononcer ? Une personne sainte d'esprit ne comprendrait de toute façon pas le raisonnement de l'américaine. Et encore plus étrange, c'est qu'il se proposait pour être le confident cette nuit. Andreï n'avait pas l'attitude pour être une oreille attentive, Amy le savait et pourtant... Jade avait... déraillé. La fatigue était nuisible, surtout dans son cas.

« Je... Je suis désolée, tu n'as pas dû comprendre grand chose. »

Pas qu'elle n'avait pas envie de se confier, mais la Serdaigle était une personne secrète. Heureusement que le psychomage qu'elle avait rencontré les vacances dernières était perspicace, très perspicace. Il l'avait même prévenu que si elle ne faisait rien pour tenter de dormir ne fut-ce qu'un peu et de s'exprimer, elle risquait de frôler proche l'hystérie. Jade n'était pas certaine qu'un jour cela puisse arriver, elle était calme et n'était jamais en colère. Elle ne pleurait jamais et exprimait rarement la gêne ou le bonheur. Néanmoins, le geste du Serpentard était le bienvenu ce pourquoi elle inspirait doucement.

« Je suis surdouée. Non pas parce que je suis à Serdaigle, mais parce que c'est ainsi depuis toujours. Ce que l'on apprend tous les jours en cours, je peux facilement le répéter des jours, voir des années plus tard. J'accumule les informations si je peux dire comme ça. Le moindre mot est stocké dans ma mémoire. »

Personne ne pouvait se rendre compte que derrière cette jeune-femme gauche, invisible et endormie se cachait un cerveau sans cesse en ébullition, ce qui l'empêchait de dormir. En général on pensait qu'elle dormait pas pour se rebeller contre la société, ou qu'elle ne dormait pas assez car elle avait des cauchemars. Dans le dortoir des Serdaigle, les rumeurs tournaient d'oreilles en oreilles. Amy J. Rose elle cauchemarde, elle dort jamais. Elle a peut-être vu ses parents mourir... Elle ne démentait rien de leurs soupçons, cela ne l'intéressait pas du tout. Elle ne savait pas exactement ce qui la poussait à vouloir lui parler, mais Andreï était un jeune-homme avec qui elle se sentait... A l'aise. Aussi étrange que cela pouvait paraître, elle était à l'aise avec lui et se sentait bien. Comme si il pouvait l'apaiser, même lorsqu'ils se piquaient verbalement.

« Je réfléchis à haute vitesse, comme si c'était naturel. Car c'est naturel pour moi. »

Vous ne le croirez peut-être jamais, mais à ce moment-là, les joues d'Amy s'empourprèrent. Elle quittait le regard du Serpentard, une très légère gêne visible sur ses traits.

Il s'en passe des choses, la nuit

A

h ça, c'est sûr, Andreï n'avait pas compris grand chose. Pour ne pas dire, même, qu'il n'avait rien compris du tout. C'était un sentiment plutôt désagréable, d'ailleurs. Il ne se targuait pas d'être l'adolescent le plus intelligent de sa génération, il y en avait des centaines, voir des milliers d'autres plus aptes que lui à prétendre à ce poste, mais il ne pensait pas être le plus bête non plus. Quand il ne comprenait pas tout à ce qu'on lui racontait, il ne pouvait donc s'empêcher de se trouver un peu idiot. Et, bref, ça avait été le cas à l'instant. En fait, si Amy avait eu l'envie de rester seule et de ne pas s'encombrer de sa présence, lui qui avait, de manière totalement hasardeuse, proposé de jouer le confident de la bleue et bronze le temps d'une nuit, il l'aurait parfaitement compris. D'ailleurs, il s'était un peu attendu à ce qu'elle l'envoie balader (c'est ce que faisaient ses camarades de manière générale le concernant, d'ailleurs), il s'était bien plus attendu à cela qu'au fait qu'elle finisse par lui expliquer le "mal", étrange, dont elle souffrait. Elle était surdouée. En soi, ça pouvait sembler être une bonne chose, avoir une intelligence bien supérieure à la moyenne, en quoi était-ce une terrible tare ? Eh bien, la pauvre retenait tout de ce qu'elle voyait, lisait, entendait, apprenait, son cerveau fourmillait d'informations qui ne la lâchaient jamais... vu sous cette angle, on comprenait que ça avait de quoi vous rendre vraiment dingue. Andreï ne pouvait qu'essayer de comprendre, mais compatir sincèrement. Il n'osait imaginer ce que ce devait être, que de supporter cette apparente bénédiction, devenue fardeau, au quotidien. Ce devait être tout bonnement infernal.

-Je vois. Enfin, il essayait de voir, en tous cas. Car il n'était pas si évident que cela (dans le cas du vert et argent, en tous cas) de se mettre à la place de sa camarade. Il essayait, bien sûr, mais il était toujours plus simple de penser compatir que de compatir effectivement. J'imagine que ça ne doit pas être simple tous les jours. Déjà, j'ai l'impression que les pensées se bousculent dans mon cerveau sans jamais me lâcher, dernièrement, alors j'imagine ce que tu endures, toi.

Finalement, ils étaient en cet endroit pour des raisons similaires, parce que le flot de leurs pensées étaient invivable. À la différence qu'Andreï n'avait besoin que de quelques informations pour avoir le cerveau totalement embrouillé. Mais quelles informations, il faut dire ! Il était d'avis qu'elles rendraient mal n'importe qui.

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