La vie de Walburga n'a rien d'exceptionnelle, mais elle est constituée de personnes d'exception, et c'est cela qui fait la différence. C'est ce que la jeune femme pense, en tous cas, se disant que le destin a placé sur sa route des personnes de valeurs, qui ont tout pour forcer l'admiration. Bien sûr, par la suite, c'est elle qui a su s'en tirer, mais qui sait ce qu'il serait devenu d'elle si ses parents avaient mené avant elle une vie différente ? Elle n'a pas à se poser la question. Elle mène la vie qu'elle mène et, quelque part, elle a dû la mériter. Le père de Walburga, haut dignitaire du ministère de la magie, est un homme respectable dont la réputation n'est plus à refaire, et cela depuis longtemps. Son épouse et lui s'étaient mariés par pur arrangement. Walburga doutait fort qu'ils se soient jamais aimés, mais ils arrivaient à faire illusion devant tout le monde, c'était sûrement le principal, au fond. La jeune femme ne croyait de toute façon pas à l'amour. Elle n'en avait jamais eu d'exemple et ça lui convenait très bien. C'était au moins là une faiblesse dont elle pouvait s'abstenir. Voulait s'abstenir. Si bien qu'elle ne le comprit pas, quand ces sentiments finirent par la dévorer complètement.

Enfant, elle ne fut vraiment pas un cadeau pour ses parents, bagarreuse, en conflit permanent, fière, toujours soucieuse d'avoir le dernier mot, indisciplinée, elle avait épuisé plus de bonnes qu'il n'en existe dans toute la Grande-Bretagne (en exagérant à peine). Ses parents, qui avaient rarement le temps d'être présents pour elle, n'avaient pas non plus le temps de lui imposer la moindre règle, et ça lui allait d'autant mieux. Sans jamais écouter ses frères, Cygnus et Alphard, dont elle se sentait très proche sans pour autant lui laisser entendre raison, elle décida très tôt qu'elle serait la seule à décider de sa vie et de ce qu'elle en ferait. Comme si c'était vraiment possible dans une famille de sang-pur.

Sans surprise, peu après ses onze ans, elle intégra l'école de magie de Poudlard. Elle avait hâte d'y entrer, non pour les cours, mais parce qu'elle y voyait un terrain de jeu illimité. Et puis, elle ne ferait pas sa rentrée seule. Orion, son cousin et meilleur ami depuis l'enfance, allait faire sa rentrée avec elle également. Tous deux ont été envoyés à Serpentard, et ont été quasi inséparables depuis. De façon générale, la scolarité de Walburga s'est faite en dent de scie. La demoiselle a souvent du compter sur la déférence de ses géniteurs pour éviter le renvoi de l'école pour cause de mauvais comportement. Elle s'est rapidement fait un nid dans sa maison, populaire parmi les sangs-purs, bien qu'elle n'ait jamais zyeuté de trop près du côté de Jedusor et ses sbires (elle les soutient à cent pour cent, mais elle préfère ne pas se salir les mains et garder son indépendance). Aucune ombre au tableau, donc. Sauf que si. Depuis le début de l'été, les parents d'Orion lui a trouvé une fiancée, et si Walburga est supposée s'entendre avec la fiancée en question, cette nouvelle la rend complètement malade.