L'âme n'a pas de secret que la conduite ne révèle. [Ethan]

L'âme n'a pas de secret que la conduite ne révèle.

I

l y a des jours, comme cela, où l'on peut être sûr dès le matin que la journée sera mauvaise. Et pourtant, jusqu'à la fin, et en dépit de l'enchaînement d'emmerdes qu'il avait rencontré, James avait voulu rester optimiste. Il avait eu tort. Tout avait commencé dans la matinée, quand son patron l'avait engueulé devant le reste de ses collègues pour une faute qu'il avait certes commise (et il n'avait besoin de personne pour culpabiliser à ce sujet), mais qui ne méritait peut-être pas un lynchage en règle pour autant. Il avait serré les dents néanmoins et poursuivi son ouvrage. Ce n'était qu'un début. Pour le reste, jusqu'à la fin de sa journée de travail, ce n'avait été que des détails : le paquet de cigarettes qu'il avait oublié chez lui, les clients particulièrement désagréables, le café dégueulasse... La routine, en somme...

Il songeait, au fond, qu'il y avait toujours pire... Et il y eut pire, en effet. Il y eut son rendez-vous chez l'avocat qu'il avait engagé afin de réclamer la garde partagée de Gabriel. Autant dire que ça c'était très mal passé. En gros, l'homme de loi n'avait pas manqué la moindre occasion de lui laisser entendre que ses chances étaient réduites à peau de chagrin et de lui reprocher d'avoir divorcé de sa femme en premier lieu. En bref... il allait sans doute falloir qu'il se trouve un autre avocat. Il avait passé le pas de l'immeuble assez découragé, il faut bien le dire. Et le pire n'était pourtant pas arrivé. Il se manifesta sous la forme d'un billet glissé dans sa boîte aux lettres. Une menace. Claire et limpide. Quelqu'un savait. Et quelqu'un voulait les faire chanter. Aucun indice sur l'identité du destinataire, mais le message en lui-même était clair. Cette personne savait la nature exacte de la relation de James et Ethan, la qualifiait d'inhumaine et de contre nature. C'était tout. Pour l'heure en tous cas. Aucune réclamation en échange de son silence, mais James présageait déjà que cette lettre anonyme risquait fort d'être la première d'une longue série.

Exténué, inquiet, James rentra finalement dans l'appartement. Il salua Ethan d'un baiser sur les lèvres, l'esprit plus ailleurs qu'il ne l'aurait voulu. Il préférait rentrer immédiatement dans le vif du sujet que de laisser voir trop longtemps son stress à son petit ami. Ce dernier, quoi qu'il en soit, ne le devinerait que trop vite. James ne savait jamais lui cacher quoi que ce soit bien longtemps. Ni n'en avait l'envie d'ailleurs.

-On a reçu ça dans notre boîte aux lettres, dit-il en tendant le papier à Ethan afin qu'il puisse lire à son tour la missive menaçante.

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La journée n’avait pas été très différente des autres. Ethan avait passé la journée au travail mais si pour lui tout c’était bien passé, cela n’avait pas été le cas pour James. Il avait dû prendre sur lui quand il avait vu leur patron commun le sermonner devant les clients. Pour leurs collègues, Ethan et James n’étaient que des amis et des colocataires temporaire le temps que James règle son divorce. Par conséquent, Ethan n’avait aucune raison vraiment légitime d’intervenir. Il n’avait que pu adresser un petit sourire de soutien à son petit-ami en passant près de lui après les faits mais il n’était pas sûr que cela soit suffisant. James était tendu depuis qu’il avait prit rendez-vous avec son avocat et Ethan comprenait très bien pourquoi. Il ne pouvait qu’espérer que tout ce passerait bien car, évidemment, il n’avait pas pu s’y rendre avec lui. Alors pendant que James s’y rendait, lui était resté au travail pour faire la fermeture.

Mais le cœur n’y était pas vraiment. Ses pensées étaient tournées tout du long vers son amant et ce fut avec soulagement qu’il vit enfin arriver l’heure de rentrer chez lui.

En route, il s’arrêta pour faire les courses à l’épicier du coin de la rue et se fut les bras chargés des sacs qu’il se retrouva devant la porte de l’immeuble. Il jeta un coup d’œil à la boite aux lettres mais lui manquant une main, il ne s’en occupa pas. James y jetterait sans doute un œil à son retour. Ce n’était pas comme si Ethan n’avait pas la fâcheuse habitude d’oublier de relever le courrier en même temps.

Les escaliers gravit – car oui Ethan le fils de moldus avaient gardé l’habitude de se faire chier à grimper même chargé au lieu de transplaner – il ouvrit acrobatiquement la porte d’entrée et se rendit droit vers la cuisine pour commencer à tout ranger et à réfléchir au repas du soir.

Il venait de ranger le dernier paquet et de s’ouvrir une bouteille de bière quand il entendit la porte d’entrée s’ouvrir. Aussitôt, un large sourire étira les lèvres du libraire même s’il ne savait pas trop dans quel état émotionnel il allait retrouver son chéri après son rendez-vous. En vérité, il était vraiment inquiet de ce que l’avocat avait pu dire à James mais il prenait sur lui pour ne pas le montrer. James avait besoin de soutien, pas qu’on le tire un peu plus dans ses inquiétudes. Alors Ethan faisait de son mieux pour être celui qui l’aiderait à rester debout.

Cependant, l’instant même où il vit James, Ethan comprit que quelque chose n’allait clairement pas. Il mit immédiatement ça sur le compte du rendez-vous chez l’avocat. Les choses ne se présentaient pas vraiment au mieux pour lui. Il était un homme célibataire ayant abandonné sa femme avant d’être soupçonné du meurtre de sa maitresse et vivant désormais en colocation avec un autre type. Pas vraiment l’idéal aux yeux de la loi pour lever un enfant. De son côté Lindsay était la mère et surtout elle avait son mec en costard cravate au salaire de Ministre.

Mais quand James lui parla du billet trouvé dans la boite aux lettre, Ethan comprit qu’il avait fait fausse route.

Il se figea net en lisant les quelques mots inscrits. Quelqu’un était au courant, c’était déjà mauvais mais plus que tout, les mots écrits le révoltaient profondément. De plus, il s’en voulait à présent de ne pas s’être arrêté pour prendre le courrier. Il aurait pu cacher ce mot à James qui n’avait vraiment pas besoin de ça pour le moment. Il avait toujours été plus doué que son amant pour dissimuler les choses.

Sans un mot, il froissa rageusement le papier et le balança dans la poubelle. Il dû faire un effort pour ne pas sortir sa baguette pour y mettre le feu au passage.

Tu as une idée de qui a pu écrire ça ?, demanda-t-il sur un ton où se laissait entendre la tension. Mais ce n’était pas contre James qu’il était en colère.

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J

ames sut anticiper la réaction d'Ethan avant même que ce dernier eut réellement le temps de finir la missive trouvée dans la boîte aux lettres, ce qui ne l'empêcha pas de guetter cette réaction avec la plus grande des angoisses. Il n'avait pas la moindre envie d'inquiéter Ethan ou de le mettre en colère au nom d'une situation sur laquelle ils n'avaient pas la moindre maîtrise, peut-être même aurait-il dû dissimuler cette lettre à l'homme qui partageait sa vie. Mais il aurait été incapable de lui mentir sur un sujet aussi grave - outre le fait qu'il était proprement incapable de mentir tout court, ou bien il le faisait on ne peut plus mal. Et puis, assez égoïstement il est vrai, il ne se voyait pas supporter ce nouveau coup du sort tout seul. Il avait besoin qu'Ethan et lui puissent se soutenir à ce sujet, même s'ils n'avaient pas la moindre idée de ce que cette menace représenterait exactement pour eux, de l'impact qu'elle aurait ou non sur leur vie. Il pouvait s'agir d'un mot destiné à seulement les intimider sans que cela aille pour autant plus loin, mais il se pouvait tout autant que l'affaire soit plus grave et plus insidieuse, et qu'ils doivent agir au plus vite. Comment savoir ? En tous les cas, le papier roulé en boule atterrit directement dans la poubelle.

James ne savait pas si c'était une bonne chose ou non de jeter ce courrier tout en n'ayant pas la moindre idée de ce qu'il conviendrait exactement d'en faire. Comparer l'écriture avec celle de suspects potentiels ? C'était sûrement peine perdue, et ils ne pouvaient certainement pas porter plainte en en faisant une preuve à l'appui au vu de la situation. James se sentait quelque peu piégé. Et c'était sans doute ce que le corbeau, qui qu'il puisse être, voulait de son côté. Démuni, dépassé, le libraire fit non de la tête quand Ethan lui demanda s'il avait une idée de qui pouvait être derrière tout ça.

-Les seules personnes à qui j'ai jamais parlé de nous, c'est Gabrielle et Angus, et je sais très bien qu'ils n'auraient jamais répété ça à personne.

Même s'il commençait à regretter de s'être confié, même à ses meilleurs amis. Pour autant, il ne comprenait pas. Ils avaient été d'une discrétion exemplaire, l'un comme l'autre, comment cela pourrait-il se savoir. À moins qu'un voisin ne les ai aperçus ?...

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Ethan n’arrivait pas à croire ce qu’il avait lu et pourtant, les mots continuaient de tourner dans sa t’été comme marqué au fer rouge. De quel droit est-ce que il – ou elle – venait se mêler de leur histoire ? D’autant que cette personne ne semblait pas savoir de quoi est-ce qu’elle parlait. James et lui étaient des adultes bon sang, ils avaient bien le droit de mener leur vie comme bon leur semblait non ? Ce n’était pas comme s’ils imposaient la vue de leur couple aux yeux de tous non plus. C’était donc si difficile que cela de les laisser vivre tranquillement dans leur coin ?

Quand James reprit la parole pour lui répondre, Ethan releva son regard furieux sur lui. Il n’en voulait pas le moins du monde à James et ne le jugeait nullement responsable. Il était en colère contre le corbeau leur ayant déposé ce mot ignoble dans leur boite aux lettres. Il savait que James avait parlé de leur relation à des personnes qu’il jugeait de confiance et Ethan ne le lui avait jamais reproché. De son côté, lui-même n’en n’avait parlé à personne tout simplement parce qu’il se méfiait des réactions de son entourage, même du plus proche. Il n’avait pas la chance de James à ce niveau-là. Même s‘il avait des amis, Ethan ne leur faisait pas suffisamment confiance pour leur révéler un tel secret.

Je ne te reproche rien, lui assura-t-il en réalisant que James aurait pu prendre sa question comme une attaque. Il aurait pu lui reprocher d’en avoir parlé quand lui-même avait gardé le secret mais cela aurait été un coup bas et de toutes manières, Ethan était sincère. Il n’en voulait pas à James d’avoir eu besoin de se confier à quelqu’un d’autre que lui.

Mais quelqu’un savait. Et quelqu’un qui ne voulait pas leur souhaiter tout le bonheur du monde visiblement.

Est-ce que Lindsay aurait pu le savoir ?, demanda-t-il. Allez savoir pourquoi mais dans son esprit réaction haineuse et Lindsay étaient généralement lié. C’était sans doutes injuste, l’ex-femme de femme y était probablement pour rien là-dedans. Mais elle semblait aux yeux d’Ethan la plus à même de pouvoir leur en vouloir.

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ames parvint à esquisser un fin sourire quand Ethan lui affirmait qu'il ne lui reprochait rien. Le jeune homme ne lui en aurait pas voulu le moins du monde si ça avait été le cas, parce que lui-même s'en voulait un peu de n'avoir pas su mieux garder son secret. Non pas qu'il imaginer Gabrielle ou Angus responsables, mais quand même, il avait bien fallu que la fuite vienne de quelque part... Et si ça venait de quelque part, James supposait qu'il ne devait pas y être pour rien... et maintenant, Ethan était mis en difficulté aussi. James se sentait vraiment soulagé de savoir qu'il ne lui faiisait aucun reproche quoi qu'il en soit, parce qu'au vu de la situation actuelle, il préférait qu'ils sachent se soutenir mutuellement plutôt que de se rejeter mutuellement la faute, ce qui n'allait les avancer à rien. La situation était ce qu'elle était, elle était déplaisante, inconfortable, effrayante, mais céder à la seule panique n'aiderait pas... Même si c'était bien difficile pour quelqu'un comme James, qui de base était anxieux de nature. Ethan posa alors une question que James n'avait pu s'empêcher de se poser lui aussi, même s'il n'aimait vraiment pas en arriver là.

-J'en sais rien, répondit-il alors. Je ne pense pas, ajouta-t-il. Après tout, ni Gabrielle, ni Angus n'auraient eu de raison ou d'intérêt à lui en parler... ou même de lui parler tout court, d'ailleurs... Mais peut-être que l'information venait d'ailleurs. Peut-être qu'elle les avait fait surveiller dans l'espoir d'obtenir des arguments contre lui ? Oui, il virait parano, mais au vu de la situation, il pensait tout de même pouvoir se le permettre... J'ai envie de croire qu'elle ne serait pas capable d'une chose pareille.

Il n'avait jamais aimé Lindsay comme elle l'avait voulu, mais il avait quand même tenu à elle, et malgré tout ce qui se passait, il tenait encore à elle, alors forcément, il avait envie de penser, en dépit de tous les indices qui lui prouvaient le contraire, qu'elle gardait une certaine estime pour lui, suffisamment pour ne pas jouer les maîtresses chanteuses avec lui. Mais de quoi pouvait-il vraiment être sûr, maintenant ? C'était possible, oui, que Lindsay soit derrière tout ça. Elle avait un moyen de pression sur lui, sur eux... mais quelque chose ne collait pas. Pourquoi agir anonymement, dans ce cas. N'aurait-elle pas plus d'intérêt à venir lui en parler en face. Il ne savait pas. Il ne savait plus.

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Ethan se sentait épuisé tout à coup, comme si la découverte de la missive l’avait vidé de son énergie. Il savait que c’était à cause de la colère, cela lui faisait souvent ça quand il s’énervait. C’était comme si son corps voulait empêcher une explosion en contrebalançant avec une sensation de fatigue plus ou moins efficace selon les circonstances.

Tout en écoutant la réponse de James, Ethan sortit ses cigarettes de sa poche et se dirigea vers la fenêtre pour s’en allumer une. Là tout de suite, il avait surtout besoin de tenter de réfléchir à la situation. Si la personne qui leur voulait du mal allait plus loin, ils pouvaient tout perdre, y compris leur liberté. Et ils ne pouvaient pas porter plainte pour exactement la même raison. S’ils voulaient savoir qui était derrière tout cela, ils allaient devoir compter que sur eux-mêmes.

Tout en fumant, et sans dire un mot, Ethan dressa mentalement la liste des personnes qui auraient pu savoir et agir ainsi. Dans son entourage, il ne voyait pas vraiment. Comme tout le monde il avait des gens avec qui cela ne collait pas mais il se contentait de les éviter et eux faisaient pareils. Ethan avait une vie plutôt simple en vérité. Enfin, en dehors de sa sexualité évidemment. Et jusqu’à présent, il avait toujours mené une existence des plus tranquille. Qu’il le veuille ou non, il était bien forcé d’admettre que son James était un véritable aimant à emmerdes. Mais il l’aimant son aimant à emmerdes. Alors oui, la facilité aurait sans doute été de dire à James de s’en aller et de revenir à sa petite vie bien tranquille mais il en était incapable. Il préférait encore endurer tout ça avec lui que de continuer sa vie sans lui.

Ethan ne voulait pas rejeter la faute sur son amant mais il avait beau retourner le problème dans tous les sens, il ne voyait personne dans son entourage à lui pouvant agir ainsi. Cela devait donc venir une fois de plus du côté de James.

Quand il eut terminé sa cigarette et jeté le mégot par la fenêtre, Ethan n’avait toujours pas prononcé le moindre mot. Mais au moins maintenant il se sentait un peu moins nerveux. Il avait les idées un peu plus claires, même si au final il n’était toujours pas plus avancé. Il quitta alors la fenêtre pour venir se laisser tomber dans le canapé avec un long soupir bien marqué avant d’enfin se décider à rouvrir la bouche.

Je n’ai aucune idée de quoi faire…, avoua-t-il, vaincu, en rejetant la tête en arrière sur le dossier, yeux fermés, avant de se frotter le visage à deux mains.

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[quote="James Hopkirk"]

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ames avait toujours apprécié le silence, ou en tout cas, il ne l'avait jamais dérangé, cela venait sans doute de son tempérament généralement calme, réservé, et surtout peu bavard. Même s'il appréciait d'écouter les autres même quand ils étaient de véritables moulins à parole, il ne considérait pas, comme cela semblait être le cas pour certains, qu'il soit nécessaire de combler les vides à tout prix quand, incidemment, un ange passait, comme on dit. Mais si James n'avait rien contre le silence, ce dernier lui paraissait tout à coup oppressant, alors que sans bouger d'où il se trouvait, il attendait une réaction d'Ethan, n'importe laquelle, Ethan qui se contenta de s'éloigner vers la fenêtre et de tirer sur sa cigarette, sans doute pour réfléchir à la situation. James, alors, avait bien envie de rompre avec ses habitudes et de dire quelque chose, n'importe quoi, juste pour combler le vide, comme s'il s'agissait tout à coup d'une nécessité absolue, mais il n'aurait su quoi dire, alors il se tut et se contenta d'attendre, le coeur battant, qu'Ethan reprenne la parole. Et les secondes lui parurent sembler durer des heures, alors qu'il n'avait pas la moindre idée de ce qui se passait dans sa tête. Etre legilimens ne devait pas être une partie de plaisir. Mais tout de même, ça aurait peut-être été pratique pour lui de l'être en cet instant. Pas juste pour savoir exactement ce qu'Ethan pensait et pouvoir le rassurer de la bonne manière, mais parce qu'il serait sans doute bien plus simple de débusquer leur maître-chanteur s'ils avaient la possibilité de savoir ce que l'on pensait d'eux sans forcément le dire.

Finalement, Ethan s'installa sur le canapé, rejeta la tête en arrière, et daigna enfin rompre le silence. Il n'avait aucune idée de ce qu'il convenait de faire. Ils étaient d'eux. L'observation d'Ethan n'eut rien pour surprendre James mais elle n'aida en rien son angoisse. Il se sentait parfaitement démuni face à une situation qu'ils admettaient l'un comme l'autre trouver inextricable. Hésitant, James s'installa doucement à côté d'Ethan, attrapa l'une de ses mains et la serra dans la sienne.

-Je vais trouver de qui il s'agit. Comment, il n'en savait fichtre rien, mais il était, tout comme Ethan, que c'était de lui et contre lui que tout cela était fait... Il leur posait un nouveau problème (c'était sa spécialité), alors il devait être le mieux placé pour le résoudre. Il n'a sans doute aucune preuve, il essaye juste de nous faire peur.

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Au naturel, Ethan pouvait avoir un caractère parfois assez explosif quand les choses allaient vraiment mal mais exploser maintenant ne ferait qu’aggraver les choses et surtout, il voulait éviter que les choses ne tournent en dispute avec James mais intérieurement, il bouillonnait vraiment. Qui que soit leur corbeau, il avait réussi à le rendre furieux. Cependant, il ne voulait pas inquiéter d’avantage son amant et se contenta de garder cela en lui.

Il jeta un coup d’œil sur James quand il vit ce dernier s’installer à côté de lui et le laissa faire quand il lui prit la main tout en parlant. Il comptait trouver qui avait fait cela. Très bien parce que Ethan, lui, séchait complètement. Il ne connaissait pas tout l’entourage de James, loin de là même. Pourquoi les rencontreraient-il après tout ? Il n’était que son collègue et son colocataire aux yeux du reste du monde. Celui qui avait recueilli James quand il avait quitté le domicile conjugal. Mais pour le peu qu’ils les connaissaient, Ethan pouvait déjà compter une ex-femme furieuse, des gens dont un auror le soupçonnant de meurtre et maintenant un corbeau. Ça faisait quand même déjà pas mal mine de rien.

Aux derniers propos de James, Ethan eut un petit ricanement malgré lui. Autant en temps normal la naïveté de son amant le faisait fondre autant là, il avait presque envie de le secouer comme un prunier pour le ramener dans le monde réel.

Il sait déjà que l’on est ensemble… Pas besoin d’une preuve supplémentaire pour aller raconter ça partout autour de lui. La plupart des gens s’en ficheront d’avoir des preuves ou pas de ce qu’il ou elle avance. Ils en parleront quand même…

Et c’était bien ça le problème. Les rumeurs et les qu’en dira-t-on pouvaient détruire une vie de manière radicale, autant que des propos soutenus par des preuves. Qu’adviendrait-il d’eux si leur relation s’ébruitait ? Même sans preuves, ils perdraient probablement leurs emplois, deviendra des parias. Les gens, probablement même beaucoup de leurs proches, les verraient comme des monstres. Ethan savait pertinemment que ses propres parents n’accepteraient jamais l’idée que leur fils unique puisse aimer les hommes. Sinon, il le leur aurait déjà avoué depuis longtemps.

Sans preuves, ils pourraient éviter la condamnation pénale mais pas celle morale. Ils ne pourraient pas rester vivre au Chemin de Traverse.

Et où est-ce que l’auteur de cette lettre voulait en venir ? Le but était clairement de leur faire comprendre qu’il ou elle était au courant de leur secret mais ensuite ? Allait-il commencer à les faire chanter ? A leur demander de l’argent ou d’autres sortes de service en échange de son silence ? Aux termes utiliser dans la missive, il était évident que cette personne n’en resterait pas là. On n’écrivait pas une lettre pareille pour juste… En rester à juste une lettre. La haine qui en ressortait était bien trop visible pour cela.

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J

ames se rembrunit légèrement quand Ethan émit un ricanement à son propos. D'accord, d'accord, ce dernier était peut-être irréaliste, en tout cas très naïf (et James ne pouvait pas nier qu'il l'avait toujours été), mais en l'occurrence, s'il prononçait ces mots, ce n'était pas tant parce qu'il y croyait dur comme fer que parce qu'il voulait observer la situation sous un angle qui l'arrange et qui le rassure un peu, parce que s'ils devaient seulement se regarder en chiens de faïence en considérant que la situation était inextricable, alors ils n'auraient plus qu'à se laisser ronger par la crainte, et James au fond, avait plus peur en cet instant pour Ethan que pour lui-même. A ce stade, il ne savait pas du tout comment ce dernier supportait encore d'être avec lui. Avec toutes les emmerdes successives qu'ils se prenaient sur le coin de la tronche, James songeait que si le jeune homme devait décider que la coupe était pleine et qu'il préférait s'arrêter là, il ne pourrait même pas lui en vouloir. N'importe qui aurait laissé tomber depuis longtemps, à sa place. Et là, sa réaction le laissait penser que non seulement son attitude l'exaspérait, mais en plus, il ne prenait que davantage conscience du fait que, une fois n'est pas coutume, c'était lui qui avait merdé, et c'était eux deux qui en faisaient les frais. C'est sûr, le fait que leur corbeau soit au courant, c'était admettre qu'il pouvait le répéter. Mais au moins, sans preuve, ils pourraient nier en bloc. Leur réputation en prendrait un sacré coup, ils risquaient de perdre leur emploi, leur logement, peut-être... mais ils ne rencontreraient pas forcément de risques d'un point de vue judiciaire... Mais oui, ce n'était pas forcément moins pire.

-Si cette personne nous a écrit cette lettre, c'est qu'elle n'a pas l'intention d'en parler, pas dans l'immédiat, non ? Ça n'aurait aucun sens d'envoyer ce courrier, dans ce cas, autant en parler à tout le monde directement. Il poussa un soupir. Il disait ça, mais il n'en savait rien. Et dans tous les cas, il avait le sentiment maintenant que le moindre mot qu'il prononçait était un amoncèlement de conneries. Non, il veut sûrement nous intimider... Les angoisser, ce qui fonctionnait manifestement très bien. Il y aura sans doute d'autres lettres.

Des lettres où les intentions de leur maître-chanteur (car il devait s'agir de chantage, il n'avait pas vraiment de doute à ce sujet) deviendraient plus claires. Ou peut-être qu'il avait tort et que cette personne s'amusait à un petit jeu sadique avec eux.

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Ethan se sentait déprimé et surtout agacé. Non en fait c’était plus de la colère, une colère sourde et sombre à l’encontre de cette personne qui menaçait ainsi leur bonheur à James et lui. Il savait depuis le début que les choses ne seraient pas faciles mais il n’avait pas envisagé que cela prendrait une tournure aussi inquiétante. Il avait conscience que tout cela pesait sur son humeur et le rendait soudainement plus maussade mais il ne voulait pas passer ses nerfs sur James pour autant, alors il faisait de son mieux pour prendre sur lui. Ce n’était pas à son amant d’endurer sa mauvaise humeur.

James marquait un point, si le but de leur corbeau était d’en parler, il l’aurait déjà fait, il n’aurait pas prit la peine de leur écrire avant. Non la grande révélation serait sans doute pour plus tard, quand le chantage – car Ethan était presque sûr qu’il allait s’agir de cela – commencerait et s’ils refusaient de se plier aux exigences.

Dépité, Ethan laissa sa tête glisser sur le côté jusqu’à ce qu’elle se retrouve posée sur l’épaule de James alors qu’il serrait la main de James dans ses deux mains. Il avait beau penser que James était un aimant à catastrophe, il culpabilisait lui aussi. Après tout, il avait aussi sa part de torts au départ. James avait beau lui avoir déjà assuré qu’il était heureux de son choix, Ethan ne pouvait s’empêcher de se dire que sans lui, son amant aurait sans doute eu une vie plus simple et tranquille. Il aurait peut-être finalement été même plus heureux à la longue, avec Gabriel.

Je suis désolé si je t’ai mal parlé… Cette lettre me fout vraiment hors de moi…

Et Ethan avait beau avoir prit une posture plus calme et douce, effectivement la colère se ressentait dans le fait que chacun de ses muscles étaient tendus et dans le léger tremblement qui se ressentait dans ses mains alors qu’il tenait celle de James.

Ce n’est pas contre toi.

Alors qu’il parlait, Ethan se remémorait malgré lui ses souvenirs de la guerre. Plus spécifiquement de ce petit camp qu’ils avaient découvert avec son escadron. Un endroit à peine salubre où étaient maintenu enfermés des homosexuels encore à peine en vie. C’était juste avant qu’il ne soit blessé et renvoyé au pays.

On fait quoi alors ? On attend de voir la suite ?

Ce n’était pas exactement une question parce que dans le fond, que pouvaient-ils bien faire d’autre ? Aller voir le département de justice magique pour porter plainte ? Ce n’était pas exactement comme s’ils avaient l’embarras du choix.

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S

entir sa tête reposer sur son épaule, sa main dans les siennes, ça lui faisait du bien. C'était un maigre soulagement, bien sûr, au vu de la menace qui planait sur eux, mais tout de même, c'était agréable, sa présence, un geste de tendresse, d'affection, bref, autant de preuves qu'il ne lui en voulait pas trop tout de même, et qu'ils pourraient compter l'un sur l'autre dans cette nouvelle épreuve à traverser. Une de plus. Le couple n'était clairement pas ménagé, c'était une succession sans fin d'emmerdes en tous genres, qui n'avaient de cesse que de s'accumuler, et James savait que ce n'était globalement que de sa faute. Alors souvent, il avait peur qu'Ethan en ait assez, qu'il veuille arrêter les frais, tout simplement, et retrouver une époque peut-être un peu plus sereine, où il ne faisait pas partie de sa vie. Il se sentit rassuré quand Ethan s'excusa, même s'il ne lui en voulait pas, pas le moins du monde, même. C'était normal qu'il soit bouleversé et en colère, cette lettre avait toutes les raisons du monde de lui mettre en rogne, ils étaient face à une situation dangereuse, et une situation contre laquelle ils ne pouvaient pas grand-chose, ils étaient dépendants de la suite des événements sans pouvoir intervenir, soumis, quelque part, à la situation. Et c'était certainement ce qu'attendait leur maître-chanteur. Tout de même, il apprécia d'entendre que la réaction d'Ethan n'était pas contre lui, il se sentait un peu soulagé, à vrai dire. Il craignait qu'il lui en veuille. Et en même temps, il comprendrait qu'il lui en veuille. Alors, Ethan lui posa la question fatidique. Qu'est-ce qu'ils faisaient maintenant.

-Je suppose, répondit James dans un léger soupir. Il n'aimait vraiment pas l'idée de faire les choses de cette manière, d'attendre en toute impuissance la suite des événements. J'ai pas de meilleure idée.

Il préfèrerait largement agir, faire quelque chose de concret... Mais il n'avait pas la moindre idée de ce qu'ils pourraient faire qui n'empirerait pas leur cas. Il n'y avait pas d'option satisfaisante, ils étaient piégés, une fois de plus, c'était sans doute ce que le corbeau voulait. Certes, il parlerait à Angus et à Gabrielle, qui pourraient peut-être lui expliquer d'où provenait la fuite, mais il ne pensait pas vraiment qu'ils pourraient faire davantage.

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Ethan ferma les yeux en prenant une profonde inspiration. Il avait un peu l’impression de vivre un mauvais rêve tellement tout cela lui semblait abstrait. A bien y réfléchir, tout cela frôlait même le ridicule. Franchement, qu’est-ce qu’ils avaient bien pu faire de si terrible pour qu’une personne se décide tout à coup à les attaquer de la sorte ? L’auteur de la lettre n’avait donc rien de mieux à faire de ses journées ? Une chose était sûre, Ethan ne comptait pas se laisser intimider et s’il devait se battre pour son couple – pour James – alors il le ferait. Il avait beaucoup de patience, était le type sympa par définition mais il y avait des limites qu’il ne fallait pas dépasser.

Soudainement, il se releva d’un bon comme un Diable bondissant de sa boite et se planta devant James avec un air farouchement déterminé.

Qu’il aille se faire foutre !, lança-t-il avant de sourire et même de se mettre à rire. Qu’il aille se faire foutre propre en ordre, ajouta-t-il avec un léger rire dans la voix. Qu’est-ce qu’on en a à faire après tout de ses menaces pathétiques ? tu l’as dis toi-même, sans preuves il ne peut pas faire grand-chose. Et quelles preuves pourrait-il avoir ? Rien, nada, que dalle !

Sans cesser de sourire, Ethan se passa la main dans ses boucles trop longue selon les critères de mode du moment avant de planter son regard dans celui de James.

Tu ne comprends pas ? C’est ça qu’il cherche ! A nous mettre sous pression. A nous faire peur... Peut-être même à nous séparer. Alors qu’il aile se faire foutre, parce que je n’ai pas l’intention de laisser un lâche qui se cache derrière une lettre anonyme gagner ! Au contraire, il faut montrer que l’on ne le craint pas.

Et comme pour mettre la théorie en pratique, Ethan attrapait soudainement James par la main pour le forcer à se relever avant de plaquer son corps contre le sien et de l’embrasser avec une ardeur et une ferveur qu’il n’avait pas eu depuis ce fameux jour, quelques mois plus tôt, dans les réserve de la librairie.

Il ne s’écarta de James que lorsqu’il se retrouva quelque peu à bout de souffle, il avait tendance à oublier de respirer dans ce genre de situation.

Laissons-le ruminer dans son coin et on qui vivra verra !

Dit comme cela, cela semblait tout simple c’était un fait. Et Ethan s’appliquait à mettre le plus de conviction possible dans ses paroles. Est-ce qu’il y croyait réellement ? A moitié en toute sincérité mais à quoi bon se morfondre pour autant ? Rester terrer dans un coin dans l’ombre à attendre a suite, ce n’était pas pour lui.

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L'âme n'a pas de secret que la conduite ne révèle.

A

battu, James se sentait complètement démuni, désemparé par une situation qui le dépassait complètement, et qu'il avait le sentiment d'avoir provoqué, quand bien même, en se raisonnant un tant soit peu, il aurait admis qu'il n'y avait qu'un seul responsable à cette situation, restait à savoir lequel (et c'était bien ça, le souci, ils n'en savaient rien). Il fut un rien surpris Ethan se releva et se posta devant lui. James s'attendait à à peu près toutes les sortes de discours... mais pas à celui-là... et au final, Ethan trouva exactement les mots que James avait besoin d'entendre. Bien sûr, c'était facile de simplement décider que leur maître chanteur n'avait qu'à aller se faire voir (même en pensée, James utilisait très rarement des mots vulgaires, c'en était par instants sincèrement agaçant d'ailleurs) et décider de se moquer éperdument de ses menaces, ça l'était moins de véritablement mettre de côté cette préoccupation.

Mais tout de même, Ethan savait se montrer particulièrement... convaincant. En mots bien sûr, mais en gestes plus encore. James se leva quand Ethan l'y invita, ne se laissa pas moins faire quand il plaqua son corps contre les siennes, ses lèvres contre les siennes, avec une fougue et une passion qui à elles seules pouvaient en fait totalement lui faire oublier la lettre qui leur causait tant de craintes. James n'avait rien d'un hédoniste, mais en l'occurrence, il avait très envie de suivre les recommandations d'Ethan, qu'importe qu'elles se révèlent avisées ou non. Ils ne pouvaient rien faire, à part ne pas se laisser abattre et choisir de ne pas se laisser abattre et intimider. Et franchement, sans l'ombre d'un doute, cette option valait vraiment mieux que de se laisser abattre. Qu'importe à quel degré Ethan était convaincu de ses propres propos, en cet instant, James ne demandait qu'à le croire, alors il le faisait. Le premier vrai sourire qu'il ait su afficher de la soirée se déposa sur le visage du libraire.

-Je t'adore, toi, dit-il alors simplement tout en le dévorant du regard.

C'était une très courte réponse à un discours enflammé, mais il osait penser que ces quelques mots suffiraient à Ethan pour mesurer toute leur intensité. Et puis, à certaines occasions, les mots n'avaient plus tant d'importance que ça, finalement. Celle-ci en était une. James passa une main dans les cheveux d'Ethan et posa à son tour ses lèvres sur celles de son amant, avec toute la passion que ce dernier ne savait que trop bien lui inspirer, plus encore en cet instant, et autant dire que ce n'était pas peu.

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L'âme n'a pas de secret que la conduite ne révèle. [Ethan]

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