Augusta était tout sauf heureuse de quitter Poudlard le temps d'un week-end afin de rentrer chez elle. C'était à peine si elle s'y sentait chez elle de toute manière. La moindre minute qu'elle passait au sein du manoir Londubat était un supplice. Elle exagérait un peu, c'est vrai. Après tout, elle était logée, nourrie, et elle vivait dans un certain luxe et un certain confort, mais elle n'était pas heureuse. A Poudlard, il y avait les cours, et elle s'ennuyait à mourir, mais elle était heureuse, au moins, elle avait ses camarades et un sentiment de liberté qu'elle oubliait vraiment très vite. Dès qu'elle passait la porte de sa maison, elle avait l'impression qu'on lui coupait les ailes.

C'est très réticente que l'adolescente avait frappé à la porte de chez elle. L'elfe de maison familial vint lui ouvrir et la fille entrer à l'intérieur. Elle avait espéré arriver à une heure où ses parents seraient trop occupés pour l'accueillir et où elle pourrait s'éclipser dans sa chambre et s'y enfermer le plus longtemps possible. Mais non, ilne fallait pas y compter.

Sa mère l'attendait dans le salon, et Augusta devinait d'avance qu'elle n'allait clairement pas passer un bon moment. Elle prit une grande inspiration et s'installa dans le salon en compagnie de sa mère. Elle lui demanda comment elle allait. Augusta se retint d'afficher une moue ironique. Parce que sa génitrice s'en souciait, peut-être ? Augusta n'y croyait pas une seule seconde. Elle ne laissait même pas le bénéfice du doute ici.

-Je vais passer mon week-end en ta compagnie, je ne pourrais pas aller mieux, répondit Augusta en ne dissimulant absolument pas son ton ironique.

Elle aimait sa mère, en dépit de tout ce que son comportement laissait croire, mais elle avait une certaine difficulté à se le rappeler dernièrement. Elle l'insupportait de plus en plus, dans tout ce qu'elle disait et tout ce qu'elle faisait. Qu'elle ne la laisse pas vivre sa vie comme il se doit, ça l'agaçait. Ce n'était pas juste le souci d'une mère qui voulait que sa fille réussisse ses études, c'était le souci perpétuel d'une mère psychorigide d'une mère qui voulait façonner sa fille à son image, ce qu'Augusta de son côté ne voulait surtout pas.

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Augusta voudrait pouvoir traiter sa mère d'idiote et prétendre qu'elle n'était pas capable de comprendre l'ironie dont elle faisait preuve, mais évidemment, ce n'était pas le cas. Au contraire, sa mère était une femme intelligente, c'était ce qui la rendait si cruelle et redoutable quand elle le décidait. Elle était capable de retourner vos armes contre vous. Et des armes dignes de ce nom à opposer à sa mère, la rouge et or devait quand même avouer qu'elle n'en avait pas tant que ça. Elle le voudrait bien, mais elle restait quand même réaliste, et consciente des faits.

Ce qui ne voulait pas dire qu'elle ne saurait pas dire qu'Augusta avait déjà usé toutes les cordes à son arc, mais à force d'expérience, oui, elle le reconnaissait, sa mère était quand même bien mieux préparée qu'elle, c'était établi et relativement incontestable. Donc pour le moment, la génitrice avait un point d'avance et il semblait que l'arrogance et l'effronterie manifestes de sa fille n'aient éveillé en elle rien d'autre qu'un besoin de la rappeler à l'ordre avec tout autant d'ironie. Ce n'était pas si simple d'agacer Callidora Londubat. Souvent, Augusta se disait que son coeur devait être de glace, comme la princesse d'un conte de fées sordide.

Puis Callidora embraya en posant la question à laquelle elle s'attendait et n'avait pas la moindre envie de répondre. Comment est-ce que ça se passait, en cours, pour Augusta ? Eh bien, disons que ses résulats étaient... inégaux. La demoiselle n'était pas un cancre, et dans les matières qui l'intéressaient, elle était vraiment capable de faire des étincelles. Mais dès qu'elle n'était pas intéressée, elle l'admettait, elle abandonnait plus ou moins tout effort, et ses résultats s'en ressentaient presque immédiatement. D'autres parents auraient sans doute su se satisfaire de tels résultats et considérer qu'ils étaient plus ou moins honorables... Augusta savait déjà que sa mère non.

"C'est une question piège ?" demanda Augusta avec aplomb. "Tu me demandes constamment de te faire le bilan de mes notes, tu sais très bien comment ça se passe", observa-t-elle avec l'effronterie qui lui devenait coutumière. "Moi je trouve que je ne me débrouille pas si mal."

Mais Augusta savait que, pour sa mère, ce ne serait pas assez. Pour sa mère, rien n'était jamais assez, en même temps.

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Sa nonchalance et son absence de rigueur... Qu'est-ce qu'il ne fallait pas entendre... Augusta ne s'estimait pas nonchalante. Elle prenait les choses au sérieux, elle décidait juste de prendre au sérieux des choses dont ses parents, et sa mère en particulier, n'avaient que faire. Elle pouvait être rigoureuse sur certains points, mais ces points passaient visiblement au-dessus de la tête de sa génitrice. Ben tiens. Elle ne comptait pas s'excuser de ne pas accorder une importance primordiale à ses résultats scolaires alors que, de toute façon, on n'attendait pas d'elle qu'elle fasse de longues études ou s'engage dans une carrière à rallonge, ça se saurait si c'était le cas.

"Pas si mal", c'était peut-être à peine acceptable, mais ça restait quand même acceptable, du coup, non ? Elle n'en demandait pas plus quand il était question de ses études. Ce n'est pas qu'Augusta n'avait pas envie de réussir. Mais elle ne voulait pas, en revanche, qu'on lui force la main en quoi que ce soit. Elle avait un esprit de contradiction en béton armé. Plus on voudrait la pousser à faire quelque chose, moins elle en ferait, c'était comme ça. Elle avait toujours fonctionné ainsi, et elle continuerait de fonctionner ainsi.

Elle voulait bien reconnaître qu'elle était dissipée, mais pas qu'elle se gâchait. Même si elle aimait bien l'utilisation de ce terme, "gâcher". Si elle disait ça, c'est qu'elle pensait qu'elle avait un potentiel, non ? Peut-être. Mais un potentiel pour quoi, ça... c'est une autre affaire, on va dire. Surtout qu'Augusta avait de quoi déchanter, car tout ce qui ferait d'elle une humaine valable, ce serait l'éducation qu'on lui avait inculqué.

"A toi de me le dire", répondit Augusta quand sa mère lui demanda à quoi servaient les principe et les valeurs qu'on lui inculquait. "Est-ce que c'est vraiment nécessaire que je devienne une élève modèle ? Est-ce que ça t'as servi, à toi, pour jouer les parfaites ménagères aigries ?"

Elle allait s'en manger une pour cette remarque, c'est sûr, mais Augusta, puisqu'elle était dissipée dans tous les cas, pouvait bien pousser jusqu'au bout le bouchon. Elle serait sans doute bien assez tôt rappelée à l'ordre dans tous les cas.

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Augusta ne sut se retenir de lever les yeux au ciel quand sa mère évoqua son langage. Oui, la jeune femme avait bien conscience d'être grossière, de ne pas être le parangon de politesse et de docilité que l'on voulait qu'elle soit. Augusta n'avait pas l'intention de s'excuser le moins du monde pour ça. Elle paierait peut-être chèrement cet accès de rébellion, mais sur le moment, il lui faisait vraiment un bien fou. Elle avait besoin de ça, très franchement besoin de ça. Si son langage avait navré ou offusqué son interlocutrice, eh bien elle en était vraiment contente.

Elle lui rétorqua que son rôle et celui qui l'attendait également, puisqu'on espérait qu'elle devienne... sa mère (joie, vraiment). Discipline, rigueur, intelligence, discernement et respect. En dehors de l'intelligence (et encore, ça dépendait des moments), Augusta ne se reconnaissait dans aucune de ces qualités. Et ces qualités en question, elle n'en voulait, pas, parce qu'elle ne voulait pas non plus du rôle qu'on cherchait à tout prix à lui attribuer.

Elle allait rétorquer qu'elle s'en fichait de ne pas être bonne à marier, et que au contraire, moins elle serait digne de l'avenir qu'on lui réserverait, mieux elle se porterait. Augusta n'avait pas l'intention de se conformer à ce qu'on attendait d'elle. D'une manière ou d'une autre, elle mènerait la vie qu'elle voudrait. Le seul souci pour le moment, c'est qu'elle ne savait pas du tout ce qu'elle voulait, justement, ce qui n'aidait bien évidemment pas à se faire une idée ou une raison. Mais elle fut prise de court quand sa mère menaça de l'envoyer ailleurs. Comment ça, ailleurs ?

"Ailleurs... ?" demanda-t-elle, incapable de taire sa curiosité.

Elle était en train de mordre à l'hameçon, et elle en avait bien conscience, mais elle connaissait sa mère. Elle savait qu'elle n'était pas du genre à mentir pour marquer des points. Quand elle menaçait, elle se révélait toujours très capable de mettre ses menaces à exécution, et ça avait clairement le don d'inquiéter Augusta, qui n'avait pas envie de se retrouver elle ne savait pas où à cause de sa génitrice. Alors cet ailleurs, elle voulait savoir ce qu'il impliquait;

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Ailleurs, c'était Durmstrang. Augusta se sentit blanchir un peu. La menace pouvait sembler trop grosse pour être crue, mais la rouge et or était quelqu'un de crédule, et en plus d'être crédule, elle savait de quoi sa génitrice était capable. Elle ne savait pas grand chose de Durmstrang, si ce n'est qu'il s'agissait de l'école où Grindelwald avait fait ses classes, une école que l'on disait très stricte, et où se murmurait le fait qu'on y étudiait la magie noire. Qu'est-ce qu'elle pourrait allait faire à Durmstrang ? Déjà, elle ne savait même pas quelle langue ils parlaient là-bas.

Ensuite, elle serait malheureuse comme les pierres loin de Poudlard et de tous ses amis. Elle n'aimait pas constater avec quelle facilité sa mère était parvenue à retourner la situation. Malheureusement, ça lui ressemblait beaucoup trop. Augusta n'avait jamais eu l'ascendant sur sa génitrice, et il y avait de bonnes chances pour que ce soit toujours le cas. Callidora avait toujours eu l'ascendant sur elle. C'était sûrement logique, puisque c'était sa mère, mais dans cette période de l'adolescence où, plus que jamais, elle voulait se montrer capable de faire preuve de rébellion, c'était compliqué de voir sa volonté sapée par le comportement de sa mère et ses menaces à n'en plus finir.

"Ce n'est pas Poudlard qui est en cause", répondit la rouge et or.

Elle baissa les yeux. Elle s'écrasait. Elle n'aimait pas ça, mais c'était ce qu'elle faisait, elle s'aplatissait, tout simplement, dans l'espoir qu'il ne mette pas ses menaces à exécution. Elle avait trop à perdre pour ne pas comprendre qu'elle devait baisser sa garde. Elle détestait vraiment la tournure que prenait la situation, mais en même temps, si c'était son avenir qui était en jeu, elle ne pouvait pas se permettre d'aggraver son cas. Elle devait serrer les dents et prendre sur elle, pour l'instant, ça restait la meilleure des options, même si ce n'était pas idéal non plus.

"C'est moi. Mais je vais travailler plus dur, je vais faire ce qu'il faut pour améliorer mes résultats..." Elle n'aimait vraiment pas ce qu'elle était en train de faire. Elle donnait à sa mère exactement ce qu'elle attendait d'elle, mais tant pis. "Je te le promets."

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Augusta s'agaçait elle-même. Elle avait beau jouer les grandes gueules, quand venait le moment de s'opposer directement à sa mère, elle perdait ses moyens et elle la laissait gagner du terrain. Qu'elle le veuille ou non, Callidora Londubat gardait l'ascendant sur elle. Elle était sa mère, elle était sa responsable légale, elle était capable, vraiment, de lui faire payer son insolence. Alors Augusta devrait ronger son frein... Quand elle aurait dix-sept ans, elle avait bien l'intention de de faire ses propres choix, de voler de ses propres ailes.

Mais elle n'y était pas encore, en en attendant, il fallait qu'elle accepte le peu de pouvoir qu'elle avait sur sa propre vie. C'était déplaisant, oui, mais c'était néanmoins la réalité, et force lui était de faire avec. Elle n'était pas capable de juste... prendre ses cliques et ses claques et de s'en aller. Elle manquait de cette bravoure qui lui aurait pourtant rendu le plus fier des services en cet instant, elle le savait bien.

Elle hocha la tête de dépit. Elle aimerait bien discuter les menaces et les suggestions de sa mère, mais ça ne mènerait nulle part. Le ton avait déjà monté, et ça suffisait comme ça, sans doute. Elle allait devoir ronger son frein et prendre sur elle-même. Elle prit une grande inspiration et poussa un immense soupir. Autant ne plus discuter. Faire mine d'aller travailler dans sa chambre, ça lui permettrait au moins de s'isoler dans sa chambre et de ne plus avoir à supporter la compagnie de sa génitrice. Elle avait quand même envie de rajouter quelque chose, mais ce serait rajouter de l'huile sur le feu. Et ça n'en valait pas la peine. C'était déjà allé suffisamment loin comme cela.

"Très bien."

C'était tout ce qu'elle se contenta de répondre, et elle ne laissa pas à sa mère la possibilité de dire ou d'ajouter quoi que ce soit : à la place, elle tourna les talons et rejoignit sa chambre. Est-ce qu'elle avait l'intention de s'installer à son bureau et de réviser ? Non, à vrai dire, ce n'était pas prévu au programme. Déjà, elle avait besoin de relâcher les tensions, nombreuses en cet instant. Pour le reste, elle verrait plus tard. Elle s'étala donc de tout son long sur son lit, non sans avoir verrouillé sa porte au préalable.

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