Trouver la lumière dans l'obscurité (James)

Trouver la lumière dans l'obscurité.

Il était évident, tout de même, que la famille Hepburn prenait quand même un sacré coup depuis le décès des parents de Lexie, qui en prime n’avait pas manqué d’annuler son mariage avec Orion Black. À quoi bon se débarrasser de ses parents si c’était pour s’enfermer dans un mariage qu’elle ne désirait pas ? Il était clair que peu de monde appréciait son choix, mais en réalité la verte et argent ne pouvait pas nier qu’elle avait que très peu à faire de ce que les autres pensées. Ça ne lui ressemblait pas forcément, mais elle se confortait dans l’idée qu’elle n’allait plus se marier. Elle n’allait plus avoir à prétendre à une vie de femme au foyer parfaite, avec des enfants de sang pur parfaits. Elle allait se contenter de profiter de sa vie et il n’y aurait plus jamais personne pour la forcer à se marier à qui que ce soit, elle était définitivement libre. Libre de se faire un peu trop happer par sa culpabilité, mais ça n’enlevait rien au fait qu’elle était bel et bien libre. Maintenant, elle n’allait plus jamais épouser qui que ce soit et c’était la seule chose qui comptait. Tant pis si son image devait en prendre un coup, si sa famille devait être un peu réduire à rien du tout. De toute façon, elle était la seule héritière de son nom, il allait disparaître. Sa lignée était définitivement éteinte, puisqu’il était hors de question qu’elle ait le moindre enfant un jour. Ça lui convenait très bien comme ça.

Alors, Lexie avait bien envie de tenter de se concentrer sur les points positifs, pour oublier les grands points négatifs. Parce qu’il y en avait quand même. Et elle ne pouvait pas s’empêcher d’y penser quand même énormément, même s’il ne fallait pas qu’elle le fasse. Alors, elle cherchait à se concentrer sur les « bonnes » chose, le fait que rien ne l’empêchait maintenant d’appartenir entièrement à sa petite amie. Plus besoin de se marier pour la protéger, qu’elle soit obligée de la partager (avec quelqu’un qu’elle n’aimait évidemment pas). Et à cette pensée… elle ne put s’empêcher de penser au libraire. Ils avaient gardé contact depuis leur conversation où il lui avait voué qu’il était au courant pour elle et Melody, lui avouant par la même occasion qu’il était comme elle. Elle lui avait dit à l’époque qu’elle ne se marierait pas et mine de rien, maintenant c’était quand même officiel. Bon, ça n’avait pas été le cas constamment et elle avait cru pendant longtemps qu’elle allait quand même épouser Orion, mais maintenant c’était derrière elle. Alors elle avait envoyé un message à James, pour pouvoir venir chez lui. Chez elle, c’était évidemment impensable, elle préférait rester le moins de temps possible dans son manoir. Et à l’heure du rendez-vous, elle frappa à la porte, ce fut bien James qui ouvrit.

« Bonsoir. » Dit-elle alors dans un sourire.

Clairement pas l’attitude qu’elle avait eu avec lui au début, mais plusieurs choses avaient changés.

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Trouver la lumière dans l'obscurité.

L

a nouvelle avait profondément choqué James quand il l'avait découverte à la une de la Gazette du Sorcier. Il y a quelques mois, un titre identique, sans le laisser de marbre, aurait clairement eu un autre effet sur lui. Ces crimes odieux qui s'étalaient sur des pages étaient devenu le pain quotidien de la Grande-Bretagne sorcière depuis qu'un nouveau mage noir s'amusait à répandre la terreur, et apprendre que de nouvelles victimes étaient à déplorer n'était jamais agréable. Mais là, c'était autre chose, parce que le nom de ces victimes était familier à James. Il n'avait pas connu personnellement Mr et Mrs Hepburn, et il y avait fort à parier qu'ils ne se seraient absolument pas appréciés si ça avait dû être le cas, mais il connaissait leur fille, la pauvre Lexie à présent orpheline.

Après leur conversation lourde de sens chez Fleury & Botts, le libraire et celle qui était alors élève à Poudlard encore s'étaient écrits et parlés plus d'une fois. Si James osait croire que cela faisait du bien à Lexie que de pouvoir se confier à quelqu'un qui vivait la même chose qu'elle au sujet de sa situation, il devait aussi reconnaître que cette correspondance lui faisait du bien à lui aussi, même si hormis ce point commun, on pouvait difficilement admettre que ces deux-là se soient liés d'amitié. En tout cas, il se sentait terriblement mal pour la jeune femme, loin de se douter qu'elle était elle-même l'auteure du meurtre dont il l'estimait seulement victime collatérale (et mieux valait qu'il ne l'apprenne jamais, au demeurant). Il avait beaucoup pensé à elle mais n'avait su comment prendre contact avec elle si ce n'est en lui adressant un courrier de condoléances qui aurait forcément l'air beaucoup trop impersonnel. Mais finalement, c'était elle qui l'avait contactée, demandant si elle pouvait venir chez lui. Evidemment, il ne se voyait pas lui refuser une telle chose. Il comprenait qu'elle avait besoin de soutien, d'une épaule sur laquelle se reposer, et puisque c'était ce qu'il s'était proposé d'être pour elle, il comptait bien tenir ce rôle jusqu'au bout quoi qu'il en soit.

A l'heure dite, elle était devant sa porte. Ethan n'était pas là. Ce qui n'était pas plus mal, sans doute. Même si James apprécierait que Lexie et Ethan se rencontrent, il ne pensait pas que ce soit le moment adéquat, loin de là. En tout cas, il lui rendit son sourire, même s'il se doutait que celui de sa jeune interlocutrice devait être un peu forcé au vu des circonstances.

-Bonsoir. Entre, je t'en prie, dit-il en se dégageant pour la laisser pénétrer dans l'appartement. Il la guida dans le salon, où il l'invita à s'asseoir. Comment tu vas ?

Malheureusement, il se doutait déjà de la réponse.

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Lexie avait encore un peu de mal, par moment, à se dire qu’elle était quand même arrivée à apprécier grandement cet homme sous ses yeux, alors que rien ne la poussait normalement à l’apprécier. Les deux sorciers ne venaient pas du tout du même monde, ils n’avaient pas la même façon de penser. Ils n’avaient au final qu’une seule chose en commun, le fait d’avoir des sentiments pour une personnes du même sexe qu’eux, ce qui rendait leur relation hors norme. Sans cela, c’était évident que Lexie n’aurait pas gardé autant contact avec James, même si en tant que libraire elle avait quand même grandement apprécié son travail. Mais il y avait plus que ça au final, et il était né cette amitié réellement sincère. Au point que Lexie cherche la présence de cet homme dans une période un peu complexe de son existence. Parce que vraiment, la mort de ses parents ne manquait pas de rendre tout cela plus compliqué. En grande partie parce qu’elle était celle qui avait pris la vie de ses géniteurs, mais ce n’était pas une information qu’elle avait l’intention de partager avec l’homme. Elle lui faisait confiance concernant sa vie sentimentale, elle savait que James n’allait pas crier haut et fort qu’elle était homosexuelle. Mais pour ce qui était du crime qu’elle avait commis, elle ne lui faisait pas confiance non. Déjà qu’elle en avait parlé avec Melody et on voyait ce que ça donnait, celle en qui elle avait le plus confiance en se bas monde.

La jeune femme s’installa donc dans le salon de James quand ce dernier l’y conduit, avant de lui demander comment elle allait. Lexie ne savait pas réellement comment elle allait, c’était bien ça le souci. En un sens, elle était soulagée de ne plus avoir ses parents sur le dos, de pouvoir se libérer de ce mariage. Et en même temps, la mort de ses parents la hantait, elle culpabilisait et elle craignait vraiment de perdre plus encore à cause de cette disparition, à cause de ce qu’elle avait fait. Elle espérait que Melody passerait au-dessus de ça finalement, que ce n’était pas en train de tout gâcher.

« Je… vais bien » Répondit-elle alors, ne cachant rien de son hésitation. En grande partie parce qu’elle ne pouvait pas non plus juste sauter de joie alors qu’on savait que ses parents étaient morts. Et puis, elle se doutait que la situation allait forcément venir dans leur conversation, alors autant en parler tout de suite, comme ça c’était fait. « Ce n’est pas facile tous les jours. » Et elle ne mentait pas pour la peine, ça ne l’était vraiment pas. « Mais je tiens le coup. »

Et en grande partie parce qu’elle n’avait pas d’autres choix que de le faire, assumer plus ou moins ses actes. Et profiter de sa nouvelle liberté, celle que lui offrait une vie où elle pouvait tout décider par elle-même maintenant.

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L

a réponse de Lexie n’était pas exactement celle à laquelle James s’était attendue, mais elle ne tarda pas à s’en rapprocher tout de même. Quand la jeune femme affirmait qu’elle allait bien, le libraire comprenait bien que c’était une information à prendre avec des pincettes. Il était évident qu’elle n’allait pas si bien que cela, qu’elle ne pouvait pas aller si bien que cela. Et c’était parfaitement normal, évidemment. Les tourments qu’elle avait endurés ne pouvaient se guérir en quelques jours. Elle avait perdu ses deux parents, dans des sinistres circonstances. Même si elle prenait sur elle et faisait au mieux pour tirer le meilleur parti de la situation, il était parfaitement normal qu’elle soit encore en souffrance, et qu’elle n’aille « bien » qu’en surface. Oui, il ne la croyait pas quand elle affirmait qu’elle allait bien, mais il la croyait bien plus aisément, en revanche, quand elle lui affirmait que ce n’était pas facile tous les jours. C’était bien normal. Elle ne pourrait guérir d’un tel traumatisme d’un claquement de doigt. James espérait, du moins, que le temps aiderait à panser ses blessures au mieux, dans la mesure du possible. Et quand elle affirmait qu’elle tenait le coup, cette fois, il la croyait sans chercher à y voir une once de mensonge. Il commençait à bien connaître Lexie, et il connaissait par conséquent aussi son tempérament. Elle était une jeune femme forte et digne. Elle ne laisserait jamais aucune situation, quel qu’elle soit, la détruire. Elle avait une rage de vivre en elle que James déplorait de ne pas avoir davantage de son côté.

-Tu es très courageuse, répondit-il avec un léger sourire, exprimant de fait exactement ce qu’il pensait, et il se doutait qu’au fond, Lexie n’avait en rien besoin de son aval pour en avoir parfaitement conscience elle aussi. Elle s’était façonnée sans l’aide de personne, et elle continuerait, c’était clairement ce qui faisait sa force. Mais en tout cas, si tu as besoin de quoi que ce soit, tu sais que tu peux compter sur moi, n’est-ce pas ?

Il se doutait qu’il n’avait pas réellement besoin de le lui dire pour qu’elle le sache déjà, c’était après tout là-dessus que reposait leur relation en premier lieu. A la confiance qu’ils pouvaient avoir l’un dans l’autre, et qui faisait qu’ils devaient savoir se soutenir mutuellement en absolument toute circonstance. Et si elle se trouvait ici en cet instant, s’ils étaient en train de parler à l’heure actuelle, c’était bien que la confiance que Lexie plaçait en lui était réelle. Malgré tout, il ne demandait qu’à la confirmer. En la circonstance, il ne savait pas exactement quelle aide il serait susceptible de lui apporter, mais ce qui était certain quoi qu’il en soit, c’est qu’il n’avait pas l’intention de rester les bras croisés si Lexie avait besoin de lui.

-Qu’est-ce que tu vas faire, maintenant ?

Maintenant que ses parents n’étaient plus là pour la soutenir mais aussi la cantonner à un destin dont elle n’avait jamais voulu.

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Courageuse… Lexie avait envie de croire qu’elle l’était. Non, elle le pensait vraiment qu’elle l’était. Mais quand l’homme sous ses yeux lui affirma qu’elle l’était, elle sentit quand même un pincement au cœur. Elle culpabilisait, parce qu’elle devait mentir à tout le monde. Parce que si elle devait tenir le coup, c’était parce qu’elle avait elle-même pris la vie de ses parents. Ce n’était pas pour autant plus facile, loin de là, elle s’en voulait, tout en se disant qu’elle n’avait pas le choix, qu’elle avait bien fait de le faire même parce que maintenant elle était libre. Elle se doutait que James cherchait en grande partie à la soutenir, à lui faire comprendre qu’il croyait en elle, qu’il savait qu’elle allait tenir le coup. Mais en même temps, il ignorait des détails. Des détails que l’ancienne verte et argent n’avaient pas l’intention de lui dévoiler, elle ne voulait pas le mettre dans la confidence. Non pas parce qu’elle n’avait pas confiance en lui, au contraire. Elle se trouvait ici et il savait sans doute d’elle plus que beaucoup de personne, puisqu’il savait qu’elle était amoureuse d’une femme. Mais il ne pouvait pas savoir ça, d’une part parce que la jeune femme n’avait aucune envie de lui mettre ce poids sur les épaules et en plus, parce qu’elle n’avait aucune idée de comment il pourrait réagir. Après la conversation difficile avec Melody, elle préférait être prudente.

Lexie se contenta simplement d’hocher de la tête quand l’homme précisa qu’elle pouvait compter sur lui. Elle le savait bien, ce n’était pas pour rien qu’elle se trouvait ici présentement. Mine de rien, il n’y avait pas grand-chose qui les rapprochait tous les deux, en dehors de leurs relations hors normes et de ce besoin de faire confiance à quelqu’un d’autre.

« Je ne sais pas trop. » Répondit-elle honnêtement quand l’homme lui demanda ce qu’elle allait faire maintenant. « Je devais me marier, mais j’ai annulé du coup. » Puisqu’elle avait sa vie en main, puisqu’elle n’avait plus besoin de suivre les ordres de ses parents. Elle n’avait pas renoncé à ces fiançailles à cause de ses parents, parce qu’elle voulait protéger sa petite amie. Maintenant, elle n’avait plus eu aucune raison de s’en faire et donc de se marier avec Black. Ce qui ne voulait pas dire qu’elle savait précisément ce qu’elle allait faire.

Elle avait son avenir en main, mais justement c’était quelque chose qu’elle n’avait jamais envisagé pendant longtemps. Elle avait commencé à rêver avec Melody, avant de voir ces rêves quelque peu chamboulés par le fait que ses parents avaient découverts la vérité.

« Vous savez… mes parents étaient au courant. » Elle ne pensait pas nécessaire de préciser de quoi ils étaient au courant. Elle osait croire aussi ne pas prendre de risque à préciser ça. « Je ne sais pas comment ils l’avaient découvert, mais ils le savaient. Alors, ils étaient différents. » Lexie poussa un soupir, elle était encore peinée de la manière dont son père la voyait avant de mourir. « Mon père voulait que j’aille à Sainte Mangouste. » Et James comprendrait forcément pourquoi.

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J

ames n'était pas vraiment surpris d'entendre son interlocutrice affirmer qu'elle ne savait pas ce qu'elle allait faire à présent, et il devait reconnaître, d'ailleurs, que sa question avait été assez maladroite. Il se doutait bien, oui, que la jeune femme ne savait pas réellement ce qu'il allait advenir d'elle à présent. Elle avait eu une vie toute tracée, et maintenant, eh bien... Elle devait tout remettre en question, forcément, à commencer par son mariage, qui avait été organisé de toutes pièces par sa famille de sangs purs. Sur ce point, le libraire appréciait entendre qu'elle n'avait plus l'intention de se marier et que les noces avaient été annulées.

Il aurait été simple pour Lexie d'adopter cette solution de facilité : suivre tout de même la voie déblayée par ses parents afin de profiter du confort d'une autre vie de famille, celle de son mari. Mais non, elle avait agi judicieusement et courageusement, et c'était une initiative que James ne pouvait que féliciter. Et pour cause. Il n'était pas difficile pour le jeune homme de se mettre à la place de son interlocutrice dans ce cas de figure. Même si, dans son cas, il avait choisi de se marier et, sur le moment, avait véritablement cru que c'était ce qu'il voulait. N'empêche, se marier par erreur puis accuser le contrecoup d'un divorce et ses conséquences, eh bien, il était bien placé pour savoir que c'était une très mauvaise chose et la dernière dont Lexie puisse avoir besoin après le traumatisme qu'elle avait subi.

Il allait dire quelque chose, mais les mots restèrent bloqués dans sa gorge quand il entendit ce que Lexie lui apprit sur le comportement de ses parents, qui avaient découvert la vérité et avaient eu l'intention de la faire interner. Il n'était pas vraiment surpris mais en revanche horrifié de l'entendre... Il n'irait pas jusqu'à dire que c'était une chance pour elle que ses parents soient morts, non ce serait vraiment horrible de dire une chose pareille. Il n'empêche, elle avait clairement échappé au pire. Même si devoir enterrer ses deux parents, assassinés cruellement, ce n'était pas forcément mieux.

-Je suis vraiment désolé...

Il ne savait pas quoi dire d'autre, il était vraiment sonné par ces révélations et ne savait pas du tout de quelle façon y réagir. Qu'est-ce qu'on pouvait dire sinon "Je suis désolé", dans ces circonstances ? Il ne se voyait pas dire qu'elle avait eu de la chance dans de telles circonstances, ce serait juste... atroce, alors il ne savait vraiment, vraiment pas comment réagir à ça...

-Est-ce que d'autres personnes sont au courant ?

Si les parents de la jeune femme avaient découvert la vérité, peut-être l'avaient-ils répété ? Pour se retrouver lui-même dans une situation où son secret s'était au moins ébruité auprès de Lindsay, et peut-être à d'autres, il ne savait que trop bien quelles pouvaient en être les répercussions.

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C’était agréable de pouvoir parler de ses parents tel qu’elle le faisait présentement, pouvoir affirmer que ses parents avaient eu l’intention de l’interner à Sainte Mangouste parce qu’ils ne supportaient pas le fait qu’elle soit différente. Lexie avait pu en parler avec Melody, mais elle ne pouvait pas le faire autrement. Sauf avec James. Elle ne se voyait pas dire que ses parents avaient eu l’intention de l’interner avant de mourir, sinon on lui demanderait pourquoi. Quand bien même, les rumeurs n’avaient pas attendu cela pour se répandre dans Poudlard. Au moins, elle se disait qu’elle pourrait se montrer plus soulagée devant James de ne plus avoir ses parents dans sa vie, quand bien même elle se doutait qu’elle ne pouvait pas non plus lui dire de but en blanc qu’elle avait pris la vie de ces derniers. Mais au moins, elle espérait que le libraire puisse considérer que finalement son sort n’était pas le pire que ce qu’elle aurait pu vivre, quand bien même elle se doutait que l’homme serait bien incapable de l’exprimer. Au fond, elle ne connaissait pas tant que ça James, mais elle avait bien compris que l’homme était bien plus pur qu’elle. C’était un type bien, quand elle de son côté ne manquait pas de noirceur.

Il lui affirma qu’il était désolé, elle lui répondit par un fin sourire. Il n’avait pas à l’être, c’était comme ça, même si elle appréciait quand même ses propos. Encore une fois, c’était agréable de pouvoir réellement parler à cœur ouvert, de ne pas avoir besoin de mentir sur tout. Elle pouvait parler du comportement horrible de ses parents, elle pouvait parler de Melody, sans craindre d’être jugé, d’être considéré comme une erreur de la nature.

« C’est fort possible. » Répondit-elle dans un soupir quand l’homme lui demanda si d’autres personnes étaient au courant. Lexie aimerait bien dire que non, qu’il n’y avait que ses parents et que la menace avait donc disparu en même temps qu’eux. Mais ce n’était pas le cas. Ses parents avaient bien dû l’apprendre de quelque part, et les rumeurs de Poudlard n’était pas arrivé de nulle part. Bon, ça venait de Lysandre bien évidemment – du moins c’était ce que les deux jeunes femmes s’étaient dit –, et c’était sans doute comme cela que ses parents étaient au courant. Autant dire que n’importe qui pouvait l’être, surtout que Orion lui en avait même parlé. Sans compter tous les autres sorciers de sang pur de sa maison… Bref, il y avait du monde. « Il y a eu une rumeur à Poudlard nous concernant Melody et moi. On a tout fait pour taire les rumeurs, ça a peut-être marché un peu. Mais maintenant que mon mariage est annulé, je me dis que beaucoup vont se poser des questions. » Qu’est-ce que ça allait faire ? Elle craignait un peu les conséquences en effet…

Elle était capable de se défendre, mais elle craignait quand même ce qui pouvait arriver. Qu’on puisse s’en prendre à Melody par exemple, parce qu’on penserait qu’elle était une erreur de la nature.

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L

a réponse de Lexie n'étonna malheureusement pas James. Si les parents de la jeune femme avaient été au courant, s'ils avaient envisagé de l'envoyer dans un "institut spécialisé", il était très probable que d'autres personnes soient au courant. Certes, Mr et Mrs Hepburn s'étaient sans doute arrangé pour ne rien ébruiter, puisqu'ils devaient estimer qu'ils supporteraient une partie de la "honte" associée à leur fille si cela devait arriver, mais la nouvelle ne leur était pas venue de nulle part... encore moins si, comme l'affirmait Lexie, des rumeurs avaient commencé à circuler sur la relation des deux petites amies.

Pauvre Lexie... non seulement elle supportait le deuil de ses parents, mais elle devait presque dans le même instant supporter cette situation impossible, qui lui imposait un repli quasiment total si elle ne voulait courir aucun risque. Malheureusement, dans une telle situation, il n'y avait pas vraiment grand-chose à faire. A part peut-être faire profil bas. Il voudrait rassurer Lexie, lui assurer que tout se passerait très bien, qu'elle ne courait aucun risque et qu'elle n'avait pas à s'inquiéter, mais il ne voyait aucun intérêt à l'abreuver de mensonges. C'était ainsi, ils devaient faire face à la réalité, même si cette dernière était des plus éprouvantes. Elle n'avait pas le choix. Il fallait qu'elle fasse face à la réalité si elle voulait espérer s'en sortir indemne.

-Vous allez devoir faire profil bas ces prochains temps, observa-t-il alors tout en ayant conscience de ne rien lui dire qu'elle ne savait déjà. Malheureusement, il ne disposait pas d'une solution miraculeuse qui pourrait aider Lexie à coup sûr et lui assurer de s'en sortir quoi qu'il advienne. Mais tu le sais déjà, bien sûr.

Il se sentait inutile dans cette situation. Il ne pouvait rien faire pour elle, il n'avait pas le pouvoir de faire taire les rumeurs à son sujet. Tout ce qu'il pouvait faire, c'était lui servir d'oreille attentive. Et peut-être aussi partager son expérience avec elle, pour qu'elle se sente moins seule. Même si se sentir moins seule n'allait clairement pas faire qu'elle se sente plus rassurée, vu les circonstances... malgré tout, il estima que lui parler comme elle le faisait avec lui établirait au moins un certain climat de confiance... de confiance supplémentaire... entre eux, et ce n'était pas une mauvaise chose.

-Quelqu'un est au courant, pour moi et Ethan... il nous a envoyé des lettres de menace, il est allé parlé à Lindsay - mon ex-femme...

Voilà, c'était dit. Et il n'y avait pas grand-chose à en conclure si ce n'est qu'ils étaient dans la merde, aussi bien l'un que l'autre. En bref, rien d'agréable ni de rassurant, mais c'était ainsi... c'était en se disant les choses et en se soutenant mutuellement qu'ils pouvaient véritablement se rendre service l'un à l'autre.

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Lexie aimerait bien affirmer que la situation n’était pas si pire que cela, qu’elles s’en sortaient. Mais en même temps, la jeune femme savait bien que ce n’était pas si facile que cela. Déjà, ce qu’elle n’avait pas dit à James et ce qu’elle ne pouvait pas se permettre de lui dire, c’était que Melody devait accepter le fait qu’elle avait pris la vie de ses parents. Même si c’était pour la « bonne » cause en soit – parce que dans tous les cas, la jeune femme savait bien que sa petite amie n’aurait pas aimé qu’elle se retrouve dans un établissement spécialisé pour la « sauver » –, Lexie avait conscience que ce n’était pas facile pour Melody et peut-être qu’elle lui en demandait trop. Et en dehors de cela, il était possible que les rumeurs continues. Tout ça à cause de Lysandre d’ailleurs…

Bref, la jeune femme aurait aimé que la situation s’arrange, mais elle avait conscience qu’elle devait effectivement faire profil bas. Elle adressa un léger sourire quand James lui fit la remarque, avant de préciser que c’était quelque chose qu’elle devait savoir. En effet, elle le savait, il valait mieux qu’elles soient prudentes et qu’elles ne se fassent pas trop remarquer. Ce qu’elles faisaient depuis qu’elles étaient ensemble. Même si elles n’avaient pas été suffisamment prudente, puisque leur secret n’avait pas été gardé, qu’elles avaient été découvert. Mais bon… elles allaient faire profils bas, elles n’avaient pas le choix. Lexie pensait dire quelque chose d’autre, mais James reprit la parole pour parler de sa propre situation.

Lexie ne put s’empêcher de sentir un frisson parcourir son échine quand elle entendit que quelqu’un était au courant de la relation entre James et Ethan, que cette personne avait envoyé une lettre de menace et que la personne avait même prévenu l’ex-femme de James… La jeune femme n’était pas souvent du genre à se préoccuper des autres, elle avait un côté bien égoïste et elle n’aurait pas cru s’attacher une personne comme James. Parce qu’ils ne venaient pas du même monde, parce qu’ils ne se ressemblaient pas. Le jeune homme et elle n’avaient qu’un point commun… ils aimaient la « mauvaise » personne concernant la société.

« Vous savez qui est cette personne ? » Demanda-t-il, ne parvenant pas réellement à cacher son inquiétude. Parce que oui, la jeune femme ne pouvait pas s’empêcher de se sentir inquiète pour James. « Comment elle a réagi… votre ex-femme ? »

Elle se disait qu’elle ne devrait peut-être pas poser la question, parce que c’était sans douter tourner un couteau dans une plaie. Mais en même temps, Lexie ne pouvait pas s’empêcher de se sentir curieuse, elle se demandait comment cette Lindsay avait réagi, comment elle avait pris la révélation sur son orientation sexuelle. Sans doute parce qu’elle n’avait pas bien réagi… il y avait peu de chance que ça arrive quand même. Malheureusement, il n’y avait pas grand monde qui pouvait se ranger de leur côté.

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J

ames ne voulait pas accabler Lexie. La jeune femme en bavait suffisamment comme cela, ses problèmes étaient bien assez graves pour ne pas y ajouter de surcroit ses histoires à lui. Mais par soucis d'honnêteté - et peut-être parce qu'il avait besoin d'en parler à quelqu'un d'extérieur aussi (la seule autre personne connaissant son secret étant Gabrielle, qui ces temps derniers avaient... d'autres choses en tête et surtout plus toute sa tête) -, il préférait lui raconter où il en était de son côté. Il estimait que la transparence était nécessaire dans l'étrange relation qui s'était nouée entre eux. Il était d'une primordiale importance qu'ils partagent leurs expériences, leur ressentis, leurs erreurs, leurs problèmes... et clairement, cette histoire de chantage et de lettres anonymes était à partager.

Pour autant, James n'aimait définitivement pas voir de l'inquiétude luire dans le regard et les paroles de Lexie. Elle avait d'autres raisons de s'angoisser sans s'ajouter celle-ci, et il ne voulait pas qu'elle se fasse du mourron pour lui, même si ça le touchait tout de même de la voir inquiète pour lui... Il voulait juste qu'elle sache ce qu'il traversait de son côté.

James fit non de la tête quand son interlocutrice lui demanda si ils savaient qui était leur maître chanteur. Non, ils ne le savaient pas. L'inverse serait trop beau, et c'en était au point que James en venait à soupçonner absolument n'importe qui... Ils ne savaient pas de qui il s'agissait, et même s'ils devaient découvrir l'identité de cette personne, ça ne changerait sans doute malheureusement rien. Rien du tout, même. Quant à Lindsay...

-Je ne l'ai pas revue depuis... Et honnêtement, il faisait tout son possible pour l'éviter. Parce qu'il ne voulait pas la confronter en sachant pertinemment qu'elle était au courant. Elle l'a appris à Ethan... Elle n'a pas l'intention de dire quoi que ce soit... Je suppose que la garde de Gabriel est le prix de son silence.

Et que pouvait-il y faire ? Bien évidemment que James trouvait cela particulièrement injuste, au-delà d'injuste, même, mais il était coincé. Il pouvait difficilement faire quoi que ce soit. Déjà, quelque part, il pouvait s'estimer heureux que Lindsay ait choisi de se taire alors qu'elle aurait pu décider de l'enfoncer plus encore.

Elle avait tant de haine et de ressentiment à son égard, il trouvait même étonnant qu'elle s'en soit abstenu. Il avait envie de croire que c'était au nom de leur affection commune et passée, des années passées ensemble, mais il n'en savait pas grand-chose en réalité... Tout ce qu'il savait, c'est qu'il n'avait aucun moyen de se défendre, à moins d'en venir à son tour à il ne savait quel chantage ignoble, et il en était évidemment hors de question.

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En soit, Lexie n’avait pas besoin de se rajouter des préoccupations en plus des siennes... mais ce n’était pas comme si elle pouvait réellement ignorer la situation de James. On ne l’aurait pas vraiment cru au début, mais elle s’était liée d’affection pour son interlocuteur, elle n’avait pas pu s’empêcher de l’apprécier et d’être touchée par son histoire. Alors que ce n’était pas forcément son genre, mais en même ils avaient quand même beaucoup de chose en commun. Même s’ils ne venaient pas du même monde, même s’ils n’avaient rien à voir tous les deux d’ailleurs, ils partageaient quelque chose qu’ils ne pouvaient pas réellement partager autrement (en dehors d’avec leurs compagnon.gnes respectif.ves), alors forcément ça forgeait des liens. Et Lexie ne pouvait pas s’empêcher de se sentir concerné en parti par les soucis du jeune homme. Quand bien même Lexie avait bien conscience qu’elle n’allait pas pouvoir faire grand-chose dans tous les cas, qu’elle ne pouvait pas réellement être d’une grande aide pour son interlocuteur. La seule chose qu’elle pouvait faire, c’était de lui apporter du soutien comme lui ne manquait pas de le faire de son côté. Il ne pouvait pas changer le fait que ses parents avaient eu l’intention de lui faire du mal en découvrant qui elle était, mais il la comprenait quand même et il la soutenait.

James n’avait donc pas revu son ex épouse depuis qu’il était au courant qu’elle… eh bien, qu’elle était au courant également. Elle avait pris la peine d’en parler au petit ami du jeune homme tout de même, en précisant qu’elle n’avait pas l’intention de dire quoi que ce soit. Lexie n’était pas certaine que ça soit une bonne chose de lui faire confiance, elle était plutôt du style à penser que ces choses là s’ébruitait. Après tout, la propre sœur jumelle de sa petite amie avait vendu la mèche au point que ses parents avaient été au courant, pensait-elle tout du moins. On ne pouvait donc pas forcément faire confiance, sauf qu’en même temps… l’ex-femme de James avait une pression incroyable sur son ex-mari.

« Évidemment… elle a un moyen de pression. » James n’avait pas forcément besoin d’entendre cela, mais Lexie réfléchissait surtout un peu pour elle-même. Cette femme ne dirait peut-être rien, parce qu’elle savait qu’elle pouvait empêcher son ex d’avoir la garde de leur enfant donc. Et s’il cherchait à l’ennuyer avec ça, elle ne manquerait pas surement d’utiliser cet argument. « Je suis désolée. » Dit-elle en libraire et ce n’était pas des paroles en l’air comme elle pouvait très bien prononcer souvent. Elle était parfaitement sincère envers le jeune homme, elle se sentait mal pour lui. « J’aimerais bien pouvoir faire quelque chose… »

Elle le pourrait en un sens. Si elle savait qui était le maître chanteur de son interlocuteur, il suffirait de faire en sorte que cette personne ne parle plus. C’était radicale, mais… en même temps c’était comme ça que Lexie s’en était sorti de son côté. Rien ne voulait dire qu’elle allait s’en sortir sur le long terme, mais elle avait eu une échappatoire. Sans solution radicale, la jeune femme se trouverait à Sainte Mangouste dans tous les cas.

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J

ames n'en voulut pas à Lexie d'articuler à voix haute ce que lui-même savait déjà pertinemment. En même temps, elle ne lui apprenait rien, et il savait bien qu'elle ne prononçait pas ces mots en pensant qu'il n'en avait pas conscience. Elle se contentait d'énoncer un fait, un fait bien trop réel pour être occulté quoi qu'il en soit. Lindsay avait un moyen de pression sur lui, et elle serait stupide de ne pas l'utiliser. Quelque part, l'existence de Gabriel garantissait à James qu'elle ne divulgue pas son secret, ce qu'elle aurait bien pu décider de faire par pur et unique esprit de vengeance...

Ce qui n'ôtait rien au fait qu'il détestait le fait que son fils soit devenu l'objet d'un chantage à ce point ignoble. Sans qu'il puisse rien y faire malgré tout. Il voulait pouvoir passer du temps avec son fils, il voulait pouvoir s'occuper de lui, mais ce qui comptait par-dessus tout, ça restait tout de même qu'il soit heureux... sa chance dans son malheur, c'est qu'il était convaincu que son ex-femme restait une mère exceptionnelle pour Gabriel... Maigre consolation tout de même, au bout du compte. Il aurait vraiment voulu que les choses se passent autrement, il aurait voulu que Lexie soit capable de comprendre... mais de toute évidence, il ne devait pas y compter.

James esquissa un léger sourire quand la jeune femme lui assura être désolée. Il était convaincu de sa sincérité, de même quand elle affirmait qu'elle voudrait être capable de faire quelque chose pour lui. Il était convaincu qu'elle se sentait investi dans cette histoire, mais il n'y avait rien à faire, malheureusement, et même s'il devait y avoir quelque chose à faire, le libraire ne mêlerait pas le libraire à l'affaire, il ne se permettrait jamais de faire une chose pareille. Lexie avait ses propres problèmes à gérer, et ce n'est pas comme s'ils étaient anodins. La jeune femme venait de perdre ses parents... ses propres histoires, toutes sordides soient-elles, ne valaient définitivement pas grand-chose en comparaison, et James en avait tout à fait conscience.

-Il n'y a pas grand-chose à faire, de toute façon, j'en ai peur, répondit-il en conservant ce très fin sourire qu'il forçait à rester fiché à ses lèvres. Il ne servait à rien de jouer la carte du fatalisme. Au moins, il avait Ethan (mais pour combien de temps...), mieux valait se concentrer là-dessus plutôt que de se focaliser sur tout le reste. Je pense que, dans nos situations, il faudra toujours qu'on soit prêts à... faire des sacrifices, c'est comme ça.

C'était malheureux à dire, mais c'était la vérité, une vérité contre laquelle ils ne pouvaient pas lutter, une vérité qu'il ne leur était pas possible d'occulter, quoi qu'ils fassent.

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Quand James affirma qu’il n’y avait pas grand-chose à faire de toute façon, Lexie ne pouvait malheureusement que lui donner raison. La jeune femme aimerait vraiment pouvoir faire quelque chose et elle pensait ça, parce qu’elle appréciait sincèrement libraire. Au fond, elle ne savait même pas comment ils en étaient arrivés là, en dehors du fait qu’ils avaient ce point commun. James et elles n’avaient rien d’autre en commun en dehors de cette orientation sexuelle hors norme, mais au final ils avaient appris à se connaître et clairement, ils s’entendaient tout simplement. Le sort du jeune homme la concernait. Lexie ne pouvait en tout cas pas s’empêcher de se sentir concernée, parce qu’elle aimerait bien que ça se passe bien pour lui. Au moins… que quelqu’un puisse être heureux. Mais en même temps, c’était difficile dans leur situation.

James reprit la parole d’ailleurs, affirmant que dans leur situation, il fallait être prêt à faire des sacrifices. Lexie ne pouvait que comprendre de tels paroles, clairement, parce qu’elle était quand même la preuve qu’il fallait faire des sacrifices. Elle avait… fait des sacrifices. Bon, elle n’avait pas dit la vérité à James et elle n’avait pas l’intention de lui dire la vérité d’ailleurs, jamais il ne fallait qu’il apprenne qu’elle avait tué ses parents. Mais concrètement, dans cette situation, il était clair que la jeune femme avait fait un choix, elle avait sacrifié ses parents pour sauver sa propre vie.

« Oui… on n’a sans doute pas le choix. » Elle n’avait pas le choix oui, James comprenait que c’était le cas, elle aussi. C’était comme ça, dans leur situation, il y avait des moments où ils allaient être confronté à des choix. Où ils allaient devoir prendre des décisions et c’était ce que Lexie avait fait, ce que James faisait en renonçant à la garde de son fils. Ils n’avaient pas le choix, parce que sa femme était au courant de son orientation maintenant, qu’il était avec Ethan. « Mais en même temps, des sacrifices ou ne pas pouvoir être heureux… le choix est rapidement fais. »

Ce n’était pas forcément agréable, Lexie ne sautait pas de joie à l’idée d’avoir dû faire le choix entre sa vie libre et ses parents. Cela dit, il était évident qu’elle préférait largement se retrouver ici maintenant, à pleurer ses parents, plutôt que d’être enfermée elle ne savait où pour être guérie. Ce n’était pas la même chose pour elle et pour l’homme sous ses yeux, forcément. James devait faire le choix d’abandonner son fils afin d’être heureux avec l’homme qu’il aimait. Ça n’était clairement pas la même chose, mais en même temps ce n’était pas comme si le choix était facile. Ils n’avaient pas le choix, tout simplement.

Ça ne voulait pas dire qu’on allait forcément être heureux en faisant ces sacrifices, mais le simple fait d’assumer une orientation sexuelle différente, c’était un choix qu’il fallait faire et qui nous rendait évidemment différente.

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on, ils n'avaient pas le choix. C'était triste à dire, mais c'étaiit comme ça. Enfin si... ils avaient le choix, mais si leur volonté était de préserver leur amour pour quelqu'un d'autre, alors il fallait accepter de faire des sacrifices, c'était ainsi. Ce n'était pas une tâche aisée, elle vous promettait forcément d'éprouver quelques regrets, parce que tout sacrifice implique un renoncement, mais il valait mieux cela que de se terrer, se replier en soi, et prétendre être comme tout le monde. James en savait quelque chose, il s'était cloitré dans son confortable placard d'homme hétérosexuel bien sous tout rapport jusqu'au point de rupture.

Il aurait voulu être comme Lexie, qui semblait avoir toujours su où allait sa préférence. Ou comme Ethan, qui ne s'était plus illusionné sur sa sexualité passée l'adolescence. Souvent, ce dernier observait qu'au moins, il n'avait pas eu à subir la vie dissolue que lui-même avait menée si longtemps. C'était vrai, mais James se disait souvent qu'il aurait préféré... Même si comprendre immédiatement qui il était, cela serait revenu à ne laisser aucune chance à Lindsay, et Gabriel ne serait jamais venu au monde. James pouvait regretter beaucoup de choses concernant son fils, à commencer par le fait qu'on le privait de sa compagnie, mais jamais il ne serait capable de regretter sa naissance. Seulement, aujourd'hui, cette vie qu'il chérissait tant, il le savait, ou il le croyait tout du moins, elle se façonnerait sans lui. Oui, il fallait savoir faire des sacrifices.

Le libraire esquissa un très léger sourire quand Lexie résuma très simplement la situation : faire des sacrifices ou ne pas être heureux... Oui... sauf que le dilemme auquel était confronté James semblait ne lui promettre qu'un demi-bonheur dans tous les cas. Ethan tout comme Gabriel le rendaient heureux, de deux manières très différentes. Ne pouvoir concilier le bonheur du père et le bonheur de l'amant, c'était ça, son problème, un problème qui ne trouvait sa résolution qu'en tranchant dans le vif, suggestion qui lui faisait le plus grand mal. Non, son bonheur ne serait jamais entier. Mais celui d'Ethan réussirait peut-être à l'être, et pensait-il que ce serait une victoire, sans réaliser encore qu'Ethan, justement, ferait pour lui le choix inverse, sans lui laisser la possibilité d'être encore décisionnaire en quoi que ce soit.

-Et tu penses que tu vas réussir à être complètement heureuse ? demanda-t-il posément.

Il ne lui posait pas cette question pour la mettre au pied du mur, il la lui posait parce qu'il tenait à ce qu'elle soit heureuse, justement. Et sa situation particulière, à présent qu'elle se retrouvait livrée à elle-même, le poussait à vouloir l'aider, d'une manière ou d'une autre. Il voulait qu'elle s'en sorte, et mieux que lui si possible.

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Leurs situations étaient clairement différentes, on ne pouvait pas forcément les comparer, mais c’était évident qu’ils devaient faire tous les deux des sacrifices. La jeune femme n’aurait pas pu envisager de tout avoir dans sa vie. Pour le moment, elle se disait qu’elle était forcément mieux maintenant, parce qu’elle n’avait plus cette épée de Damoclès au-dessus de sa tête, ses parents qui voulaient la voir épouser Black, qui voulaient l’envoyer à Sainte Mangouste pour la soigner d’un mal qu’ils jugeaient impossibles à gérer, alors que finalement Lexie était simplement une fille normale qui avait le malheur d’avoir des préférences pour les filles (pour Melody tout bonnement, en fait, elle n’aimait pas la jeune femme parce qu’elle était une femme, mais parce qu’elle était elle tout simplement).

Concernant James, c’était forcément un peu plus complexe, apparemment, puisque l’homme renonçait à la garde de son fils pour pouvoir être avec l’homme qu’il aimait. Lexie comprenait que c’était difficile, même si elle avait quand même un peu de mal à se projeter. Si elle savait qu’elle avait envie d’être avec Melody toute sa vie, que sa petite amie était la femme de sa vie et qu’elle pouvait même la considérer comme une âme sœur, elle ne se projetait clairement pas dans la possibilité d’avoir des enfants. Elle n’en avait jamais ressenti le désir, peut-être de par sa jeunesse… ou tout simplement parce qu’au fond d’elle, elle savait bien qu’il ne serait pas possible pour elle d’avoir des enfants.

Elle ne pouvait pas entièrement comprendre ce que ressentait James, même si elle se doutait que ça devait quand même être difficile. Mais l’important, c’était au final qu’ils soient heureux, s’ils pouvaient l’être entièrement au vu des circonstances.

« Je pense oui. » Répondit-elle quand le libraire lui demanda si elle pensait vraiment pouvoir être pleinement heureuse. « Melody était prête à… accepter que je me marie pour nous protéger, afin de contenter mes parents. Ce n’était clairement pas l’idéal, mais on n’avait pas le choix… avant. » Avant que ses parents ne meurent et lui donnent donc la possibilité de ne pas subir ce mariage dont elle ne voulait rien. Évidemment, la jeune femme n’allait pas préciser le fait qu’elle avait été celle qui avait pris la vie de ces parents. Elle avait énormément confiance en James, elle l’appréciait contre toute attente énormément, mais elle ne pouvait clairement pas se permettre de lui dire la vérité. « Je lui en demandais tellement… mais maintenant, on n’a pas besoin de faire ça. » Elles n’allaient pas pouvoir vivre au grand jour pour autant, elles allaient forcément devoir se montrer discrète, mais au moins Lexie n’avait pas besoin de se marier ce qui était quand même une bonne chose. « On a plus de choix. Melody va devenir une créatrice de mode incroyable, et moi je vais pouvoir la soutenir dans tout ce qu’elle fait. Si elle est heureuse, je sais que je vais être pleinement heureuse. »

Elle dépendait peut-être un peu trop son bonheur à celui de Melody, mais c’était comme ça. Si la femme qu’elle aimait était heureuse, elle savait qu’elle le serait aussi.

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L

e bonheur était une notion infiniment complexe, quelque part impossible d'accès, quand on pensait l'effleurer, une contrariété ou une autre viendra vous apprendre que la joie la plus parfaite n'existe jamais, et que se rapprocher du bonheur sans l'atteindre, c'était encore la meilleure manière d'être heureux. C'était une vision parfaitement cynique des choses, James en avait bien conscience, mais elle s'appliquait bien trop efficacement à la vie pour faire mine qu'elle n'existait pas. James n'était pourtant pas d'un naturel cynique... Défaitiste à la limite, mais à raison. Oui, Ethan le rendait heureux, mais il ne pourrait prétendre qu'il était pleinement heureux, parce que James ne pouvait pas voir son fils, parce qu'il y avait cette lettre de menace qui jetait un voile d'obscurité sur leur avenir. Evidemment, le libraire ne voulait pas non plus que Lexie perde tout espoir en un avenir serein, mais il espérait qu'elle disposerait des armes nécessaires pour faire face à ce qui l'attendait.

Ceci dit, de ce point de vue-là, elle n'avait sans doute aucune leçon à recevoir de sa part. Elle venait de perdre ses parents, si quelqu'un pouvait bien avoir conscience des difficultés que la vie pouvait choisir de vous balancer sans ménagement sur le coin de la figure, c'était bien lui. Lexie observa que Melody, après tout, avait été prête à laisser Lexie épouser son fiancé pour protéger leur secret, prête à assumer tous les risques, ça en disait effectivement long sur la force de leurs sentiments (même si leur jeunesse les renforçait peut-être et justifiait qu'elles soient si sûres, parce qu'il leur restait en vérité beaucoup de choses à apprendre, aussi bien l'une sur l'autre que de la vie, en réalité).

Elle était soulagée, son malheur lui offrait au moins des opportunités, et maintenant, elle se tournait vers l'avenir, même si, de toute évidence, dans cet avenir, seuls les projets de Melody avaient de la consistance. Le projet de Leie, lui, était d'être avec Melody, ce qui était un beau projet, certes, mais qui ne suffisait absolument pas dans un quotidien qui forcément donnerait la part belle à une inévitable routine. James comprenait qu'elle veuille faire dépendre son bonheur de celui de sa petite amie. Mais dans les faits, dans la vie, les choses se passaient rarement ainsi. Et il était bien peu probable que ce soit un jour le cas.

-Et toi, qu'est-ce que tu vas faire ? Elle n'allait pas être mariée, elle n'allait pas devenir une créatrice de mode célèbre (à l'instar de Melody... fallait-il l'espérer, même si c'était un rêve sans doute difficile à concrétiser). Tu as l'intention de travailler ? Je pourrais peut-être t'aider...

Il voulait l'aider de toutes les manières possibles. Un travail chez Fleury & Botts peut-être ? qui sait...

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Au final, en cet instant précis, Lexie se rendait bien compte qu’elle avait la vie devant elle d’une manière libre, qu’elle pouvait très bien décider de son bonheur, mais qu’elle ne savait pas ce qu’elle désirait en dehors du fait d’être avec Melody. Elle voulait être avec sa petite amie, elle voulait être heureuse, elle voulait qu’elles soient heureux ensembles. Et elle osait croire qu’elles allaient réellement pouvoir l’être. Après tout, elle allait abandonner ce mariage qui les avait quand même rendus si malheureuse, même si en même temps, elle devait supporter le poids de la mort de ses parents. Mais Lexie n’avait pas envie de penser à cela pour le moment, alors que le jeune homme lui demandait si elles allaient pouvoir être vraiment heureuse. Oui, elles devraient être heureuses, il fallait qu’elles soient heureuses.

James lui demanda tout de même ce qu’elle, elle avait l’intention de faire. Forcément, la question se posait aussi, parce qu’elle avait un avenir sous ses yeux qui s’étendait, il était normal qu’elle se demande ce qu’elle allait pouvoir bien faire, surtout maintenant que ses parents n’étaient plus là pour lui imposer leur choix. Sauf que justement, elle n’avait jamais fait de choix jusque-là, pas de choix comme ça. Elle avait pris des décisions dans sa vie, elle avait décidé d’être avec Melody envers et contre tout (même si ça n’était évidemment pas au point qu’elles se montrent au grand jour), elle avait décidé de porter la marque des ténèbres sur son avant-bras. Oui, elle avait pris des décisions, mais pas réellement sur son avenir, comme l’idée de travailler.

« Eh bien, oui peut-être… je ne sais pas trop. » Répondit-elle, ne sachant pas vraiment quoi répondre à la question de son interlocuteur. « Je ne me suis jamais posée la question avant, je n’étais… pas destinée à travailler. » Elle devait simplement se contenter d’être une bonne épouse, se marier avec le fiancé choisi par ses parents et ensuite être la parfaite maitresse de maison. Il était impensable dans son rang d’envisager de travailler, ce n’était pas ce qu’on attendait des femmes. Ce qui était particulièrement vieux jeux, mais ça se saurait si les sorciers de sang pur arrivaient à ne pas être vieux jeux. « Mais… je crois que ça me plairait bien de travailler oui, mais je ne sais pas si je serais capable. Je ne sais même pas ce que je pourrais faire. »

James avait dit qu’il pourrait peut-être l’aider et c’était sans doute la meilleure des solutions. Lexie ne savait même pas ce qu’elle aimerait bien faire. On lui avait parfois posé la question, lui demander ce qu’elle ferait si elle pouvait travailler. Mais elle n’avait pas de réponse parce que ce n’était pas quelque chose qu’elle devait savoir répondre. Maintenant, elle se rendait compte en fait qu’elle pouvait tout se permettre et pas seulement avoir une vie heureuse avec Melody, elle pouvait avoir de vrai choix. Elle pouvait prendre de vrai décision, sur son avenir.

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ames se doutait que Lexie ne devait pas être trop fixée quant à ce qu'elle voulait faire, mais il se disait aussi que c'était sans doute le moment ou jamais pour elle de prendre ce genre de décision, de choisir quelle pouvait être sa voie. Le drame qui l'avait touchée était terrible, il était normal qu'elle soit ébranlée et ait d'autres choses en tête. Mais c'était peut-être en prenant son destin en mains qu'elle parviendrait le mieux à s'émanciper d'une condition qui l'avait trop fait souffrir pour réussir à mener... la meilleure vie possible, en dépit des désagréments que cette dernière engendrait forcément.

Trouver un travail, ce n'était pas une nécessité, mais une option qu'elle pouvait envisager. James supposait que sa famille était suffisamment fortunée pour lui avoir assuré un héritage, et même si ses fiançailles n'étaient plus au programme, elle aurait tout à fait pu décider de se marier tout de même, par convenance et pour s'assurer le confort de vie et la réputation qui lui étaient destinés dès la naissance. Mais les choses ne s'étaient pas passées ainsi finalement... Et elle semblait déterminée à avancer sur sa propre voie. A la voir agir de la sorte dans une situation à ce point chaotique, le libraire ne pouvait qu'être fier de sa protégée. Il n'y pouvait rien, il voulait veiller sur elle du mieux qu'il le pouvait. Et donc, s'assurer qu'elle s'en sortirait à la suite de cette épreuve, c'était proche d'une nécessité pour lui.

Donc oui, il appréciait qu'elle envisage vraiment la possibilité de prendre un travail, même si c'était une chose à laquelle elle n'avait jamais réfléchi. Logique, à beaucoup de femmes, on suggérait de simplement apprendre à devenir de bonnes mères et de bonnes épouses, mais Lexie était une jeune femme intelligente, et qui avait de la ressource, elle serait sûrement plus que capable de marquer d'une pierre blanche cette situation qui aurait marqué la fin de tout dans d'autres esprits. Elle avait sans doute juste besoin d'un tremplin, de ce quelque chose qui lui permettrait tranquillement de prendre son indépendance et de réfléchir à ce qui pourrait vraiment lui plaire.

-Je pourrais te recommander auprès de mon patron si tu veux, je suis sûre que tu ferais une excellente vendeuse. Enfin, j'imagine bien que vendre des livres n'est pas une vocation pour toi - et James savait que beaucoup estimait que ce ne devrait en être une pour personne, pourtant lui-même ne se verrait clairement pas faire aucun autre métier -, mais ça te permettrait de mettre un pied dans le monde du travail, le temps de réfléchir à ce que tu veux vraiment faire ?

Bon, il ne suffisait pas qu'elle débarque comme une fleur chez Fleury & Botts avec une recommandation de la part de James pour qu'elle soit prise, mais tenter le coup ne coûtait rien.

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C’était agréablement et un peu angoissant en soit de se dire qu’on pouvait finalement choisir son destin. Lexie n’avait jamais considéré avoir le choix et ça lui avait convenu parfaitement comme ça pendant très longtemps, elle avait considéré qu’elle allait suivre la voix qu’on traçait pour elle et que c’était une bonne chose. Mais maintenant qu’elle goûtait à la liberté, elle avait définitivement envie de choisir quoi faire de son existence et le fait de travailler… eh bien, ce serait un bon point. En plus de prouver qu’elle n’était pas qu’une pimbêche de sang pur qui était simplement destiné à faire de parfaits petits bébés de sang pur. Elle valait mieux que ça et elle allait le prouver. La question maintenant était surtout de trouver quelque chose à faire. Elle allait avoir besoin à force sans doute d’avoir un métier pour survivre, parce que même si elle avait eu l’occasion de toucher l’héritage de ses parents, ça ne suffirait peut-être pas pour une vie entière. Mais pour le moment, elle pouvait survivre sans travail alors autant tenter de faire quelque chose qui pouvait lui plaire.

Et James lui offrit un tremplin en lui proposant de la recommander à son patron. Vendeuse de livre, le métier ne vendait peut-être pas du rêve justement, mais en même temps elle devait bien reconnaître que c’était intéressant quand même. On ne pouvait pas dire qu’elle avait toujours eu une grande opinion des « vendeurs » avant, mais force était de constater que le fait de pouvoir compter sur James l’aidait à relativiser un peu son jugement. Sur beaucoup de chose, elle se rendait compte qu’elle avait un peu changé quand même, même si elle n’avait pas l’intention d’être foncièrement différente.

« Tu ferais vraiment ça ? » Demanda-t-elle, ne cachant pas l’enthousiasme qu’elle ressentait à cette idée. Ce n’était surement pas une vocation en soit en effet, mais en même temps ce n’était pas comme si Lexie en avait une, elle n’avait aucune idée de ce qu’elle pourrait réellement avoir envie de faire dans sa vie. Alors, oui, elle trouvait que c’était une vraie bonne idée de commencer comme ça. En plus… eh bien, elle devait reconnaître qu’elle l’aimait bien cette boutique à force de s’y rendre et elle aimait les livres. « C’est vraiment une bonne idée, j’adorerais ça. » Au moins le temps qu’elle puisse réellement avoir une idée précise et puis, concrètement si elle commençait à travailler, elle pourrait se changer un peu les idées et ça ne serait pas une mauvaise chose. « Mais t’es sûr que tu me supporterais toute la journée si j’arrive à décrocher un travail avec ton patron ? » Demanda-t-elle sur le ton de la taquinerie, même s’il y avait un fond de vérité.

Oh, ils s’entendaient parfaitement bien et contre toute attente, Lexie devait bien avouer qu’elle se reposait énormément sur James. Mais ça n’enlevait pas le fait qu’ils étaient quand même sacrément différent et elle, eh bien, elle n’avait aucune idée de comment elle pourrait être vraiment dans le monde du travail.

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ames n'était pas certain que sa proposition convienne véritablement à Lexie. Il avait beau le faire en toute sincérité et de bon coeur, il se doutait bien que ce n'était pas forcément le plus exaltant pour la jeune femme que de se retrouver à un poste de vendeuse alors qu'elle lui avait déjà prouvé, indirectement ou non, qu'elle avait eu l'habitude de standards bien différents. Mais dans sa situation, les opportunités professionnelles ne se bousculeraient pas au portillon, et puisqu'elle n'envisageait pas de se marier pour se refaire une situation, elle devait sans doute accepter toutes les opportunités qui se présentaient à elle. Et il semblait qu'elle en ait bien conscience. Il avait le sentiment que Lexie avait mûri, ce n'était peut-être qu'une impression, mais il ne s'en départait pas, et en même temps, c'était assez logique, quand on y réfléchissait (et même sans y réfléchir, d'ailleurs) : elle venait de vivre quelque chose d'absolument traumatisant, elle était livrée à elle-même et déterminée à vivre selon son coeur, ce genre d'expérience ne pouvaient que vous faire grandir d'un seul coup.

Elle semblait déterminée à accepter son offre, et il en était ravi. Depuis qu'il la connaissait, il voulait faire tout son possible pour faire quelque chose pour elle, mais il avait bien souvent le sentiment de ne faire que brasser du vent et rien d'autre : et pour cause, il n'avait pas pu faire grand-chose de concret. Oui, il la conseillait, il lui prêtait une oreille attentive, il était là pour entendre son histoire, mais dans les faits, il n'avait pas son mot à dire ni son rôle à jouer plus directement. Avant maintenant, où il comptait bien faire une différente, même si ce ne serait évidemment pas le plus évident, loin de là.

-Eh bien, si tu devais trop me taper sur le système, je m'arrangerais pour que nos horaires coïncident le moins possible, prétendit James qui, en réalité, ne s'inquiétait pas d'avoir à supporter la présence de Lexie. Il se doutait que le métier n'allait pas être simple pour elle, mais avant tout, il avait confiance en elle, et il avait envie de penser que cette confiance, au fil du temps, était réciproque.

Et dans le pire des cas, il pourrait compter sur la présence d'Ethan pour lui faciliter les choses, pensait-il. Pensait-il à tort, bien évidemment, car Ethan ne serait bientôt plus qu'un souvenir, et qui s'éloignerait de plus en plus jusqu'à se dissiper. Et à ce moment-là, il serait peut-être d'autant plus heureux d'avoir une compagnie amie au sein de la librairie.

-Je vais parler à mon patron dès demain, je te dirais ce que ça a donné, mais je suis plutôt confiant, et je suis sûr que tu feras bonne impression.

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Lexie n’en revenait pas elle-même de ce qu’elle était en train d’envisager, mais en même temps ces derniers temps sa vie était complètement chamboulée. On ne pouvait pas réellement dire que la jeune femme s’était préparée à tuer ses parents, se retrouver orpheline et devoir ensuite assumer sa vie seule… alors qu’elle avait cru se contenter de suivre le chemin tracé par ces parents. C’était pour le mieux, elle ne pouvait pas nier que le meurtre de ses parents allait avoir de sacrée conséquence sur elle, mais elle se sentait plus libre et elle se disait qu’elle pouvait être plus heureuse. Et enfin, elle prenait sa vie en main, en décidant visiblement de travailler. C’était bizarre et en même temps, la jeune femme devait bien avouer qu’elle aimait assez l’idée. Elle imaginait à peine possible qu’elle se retrouve à travailler en compagnie de James, mais cette idée lui plaisait vraiment. Il y avait des chances pour qu’elle soit moins enthousiaste quand elle allait devoir se lever le matin pour aller travailler, que sa vie allait être réglée sur ses horaires de travail, quand elle aura moins de temps libre pour elle mais…

Mais elle prenait cette décision seule, elle le faisait volontairement et elle aurait son indépendance. Elle avait conscience qu’elle pourrait bien s’en sortir avec l’héritage de ses parents pendant un temps, mais il fallait qu’elle prenne vraiment sa vie en main, qu’elle ne se contente pas de se reposer sur ses lauriers. C’était ce qu’elle faisait et elle se sentait… adulte ? Oui, c’était un peu ça, elle se sentait véritablement adulte. Sans doute plus que si elle avait épousé Orion, suivant la route de ses parents. Lexie rit franchement à la remarque de James quand ce dernier lui affirma qu’il ferait en sorte que leurs horaires ne soient pas les mêmes s’il ne supportait pas sa présence. Elle n’avait définitivement aucune idée de ce que tout ça allait donner, mais elle se sentait heureuse.

« Je vais tout faire pour. » Répondit-elle, quand James lui affirma qu’il était sûr qu’elle allait faire bonne impression à son patron. Elle comptait en tout cas, elle fera tout pour que ça puisse marcher juste parce que James lui apporter cette confiance. Elle lui devait bien ça. Pendant un instant, Lexie hésita avant de finalement s’approcher de James pour l’étreindre. Ce n’était jamais trop son truc, mais là elle en avait besoin. « Merci pour tout. » Ajouta-t-elle dans un souffle.

Lexie avait conscience qu’elle avait de la chance d’avoir le jeune homme dans sa vie. Elle ne l’aurait pas cru de prime abord, mais ça lui faisait vraiment du bien d’être entendu, comprise, soutenu. Sans qu’elle ne se l’imagine, James était devenu comme une sorte de grand frère (un peu jeune pour être un genre de père de substitution, même si elle aurait tout donné pour que son père ressemble plus à James), une personne sur qui elle savait pouvoir se reposer entièrement.

« Bon… il commence à se faire tard, il vaut mieux que je rentre. » Même si plus rien ne l’attendait chez elle en vérité. Mais elle ne voulait pas non plus s’imposer de trop. « Encore merci James ! »

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