Un petit secret, ça n'existe pas [pv Bonnie <3]

Un petit secret, ça n'existe pas

A

près plusieurs mois, Clyde devrait sans doute s'être fait à l'idée... mais honnêtement, non, ce n'était pas le cas. Il n'arrivait toujours pas à croire qu'ils se soient foutus dans une panade pareille, et à chaque fois qu'on lui adressait de chaleureuses félicitations, il avait besoin d'un temps de latence pour se rappeler qu'aux yeux de la terre entière, il était un futur papa... Et en effet, l'information ne pouvait plus échapper à qui que ce soit à l'heure actuelle. Bonnie approchait des sept mois de grossesse, et son ventre autrefois plat avait maintenant la rondeur d'un ballon. Phénomène perturbant que la grossesse, quand même. Et dire qu'une vie humaine était en train de se développer sous cette peau.... L'échéance approchait, il allait bien falloir que Clyde s'habitue. C'était une chose que d'être félicité en futur papa, c'en serait une autre que d'être considéré comme un père pour de bon.

Alors oui, quelque part, le jeune homme se disait que ça pouvait arranger ses affaires au sens où Bonnie avait fait ce que sa famille attendait d'elle. Pas se faire engrosser par un autre, mais offrir un héritier aux Hornby... Et les parents de Clyde devraient être, pour la peine, plus... coulants à son adresse et lui laisser passer plus facilement toutes ses autres tares, et elles étaient nombreuses. Ils commençaient déjà, d'ailleurs, ils couvraient le couple de cadeaux divers et variés au point que c'en devenait embarrassant...

Seulement, au-delà de l'avantage technique que pouvait leur apporter cette situation, il ne fallait pas non plus oublier qu'un mini-vie allait bientôt se taper l'incruste dans leur foyer. Clyde avait déjà prévenu Bonnie : c'était son enfant, elle ferait tous les efforts, lui il était hors de question qu'il se réveille à trois heures du matin pour donner le biberon ou qu'il change des couches pleines de merde. De là à s'imaginer que sa vie ne changerait pas du tout, c'était autre chose. Forcément, cette situation n'avait absolument rien d'idéale, et lui n'avait aucune idée de comment il allait la gérer.

Déjà comme ça, il voyait bien que les choses changeaient, consciemment ou non, il ne traitait pas Bonnie de la même manière, à présent. Par exemple, c'était lui qui avait proposé de l'accompagner quand elle devait se rendre à Sainte-Mangouste pour un bilan de santé et s'assurer que tout allait bien. Bon, il ne l'avait pas accompagné jusque dans la salle, il l'attendait attablé à la cafétéria de l'hôpital en sirotant son café, mais déjà, c'était quand même un effort de sa part. Quand Bonnie alla la rejoindre, il s'autorisa même à la questionner. Comme quoi, ça l'intéressait tout de même un minimum, l'air de rien.

-Alors, rien à signaler ?

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Bonnie aimerait être heureuse, elle aimerait pouvoir se réjouir de la situation, mais elle n’y parvenait pas. Parce qu’il n’y avait rien qui allait… ou presque. Elle entendait tout le monde autour d’elle se réjouir qu’elle soit enceinte, qu’elle et Clyde aient leur premier enfant (qui sera clairement le seul vu comment c’était parti dans tous les cas). Elle voyait sa mère plus rayonnante que jamais à l’idée de devenir grand-mère, elle voyait sa belle famille heureuse à l’idée qu’ils aient un enfant. Mais voilà, le souci résidait bien sûr dans le fait que Clyde n’était pas le père de cet enfant et qu’elle n’avait eu aucune envie que ça soit le cas. Mais ils devaient donner le change, ils devaient faire comme si c’était ça, comme si c’était bel bien ainsi qu’était la situation.

Ils devaient donner le change oui, mais en même temps la jeune femme avait de plus en plus de mal à le faire. Parce qu’elle se sentait mal. Elle savait bien qu’elle ne pouvait que s’en prendre à elle-même, qu’elle était responsable de la réaction de Joshua, mais c’était difficile pour elle de le supporter. Elle aurait tant aimé que les choses se passent différemment, tout en ne faisant vraiment rien pour que ça soit le cas. Elle qui était d’ordinaire si pleine de vie, elle avait trop tendance à l’être beaucoup moins. Et contre toute attente, elle se retrouvait soutenue par Clyde. Oh, le jeune homme avait été clair, cet enfant était le sien et il n’allait pas faire d’effort à ce sujet. Elle ne lui en demandait pas tant. Déjà… il partait du principe de supporter la situation telle qu’elle était. Au fond, peut-être que les événements auraient été différents si Clyde avait décider de la jeter, peut-être qu’elle aurait été moins horrible avec Joshua ? Elle ne le serait sans doute jamais. Dans tous les cas, même s’il avait été clair sur son rôle concernant l’enfant, elle sentait bien qu’il était plus attentionné envers elle qu’il ne l’avait jamais été. Oh, il n’avait jamais été un monstre non plus, mais il ne se préoccupait pas spécialement des détails. Là, il l’avait quand même accompagné, elle et son énorme ventre, à Sainte Mangouste pour son rendez-vous de contrôle. En temps normal, il se serait contenté de la laisser y aller et au pire, il lui aurait demandé comment ça s’était passé une fois qu’elle serait de retour dans leur appartement, sans lever son derrière de son canapé. Mais non, il était là et Bonnie le retrouvait à la cafétaria de Sainte Mangouste.

« Apparemment tout va bien. C’est déjà ça. » Dit-elle pour répondre à sa question, en s’installant en face de lui, appréciant de pouvoir s’assoir. Non mais c’était une tare d’être enceinte sérieusement, elle n’en pouvait plus. Sans avoir aucune envie d’accoucher cela dit. « Merci d’être venu. » Dit-elle alors, sincèrement reconnaissante de tout ce qu’il faisait pour elle, même si elle le lui avait déjà dit.

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B

izarrement Clyde était légèrement soulagé d'entendre que tout allait bien. Bon, pour Bonnie ça allait de soi, même si elle lui tapait sur le système, il n'avait pas non plus envie qu'elle souffre, il ne fallait pas déconner. Mais pour l'enfant aussi, en fait. Au début, quand ils avaient découvert que la jeune femme était enceinte, le jeune homme devait admettre avoir espéré secrètement qu'elle ferait une fausse couche ou autre. Okay, c'était cruel, mais à ses yeux, ça aurait soulagé tout le monde. Mais ce n'était pas le cas, et le bébé devenait une idée de plus en plus concrète, à laquelle sans se faire, il n'allait plus renoncer maintenant. Donc au fond, oui, tant mieux en effet si tout allait bien, il pouvait bien l'admettre, il préférait en effet largement ça.

Il haussa les épaules quand elle le remercia d'être venu. Au fond, elle avait raison, sa présence n'allait pas de soi. Il fallait quand même observer que Clyde avait abandonné son précieux canapé juste pour aller l'accompagner, ça voulait quand même dire que la situation dépassait ses habitudes. Malgré tout, il n'avait pas envie qu'elle le remercie. S'il était là, il fallait croire qu'il le voulait bien, qu'il se sentait quand même un minimum concerné par ce que Bonnie vivait. C'était ça de vivre sous le même toit, et d'être mariés, techniquement. Au bout d'un moment, il était obligé de se sentir concerné par ce qu'elle vivait. Et puis, ce n'était pas si terrible. Il était là, il sirotait son café. Il était peinard. On pouvait quand même dire qu'il y avait pire.

-C'est rien, j'allais pas te laisser y aller seule. Et ça aurait été bizarre si Joshua t'avait accompagnée, ajouta-t-il avec un fin sourire.

Il disait ça pour détendre l'atmosphère, il ne savait rien de ce qu'était l'ambiance à l'heure actuelle entre Bonnie et Joshua. Elle s'abstenait généralement de lui parler de son amant, et ça l'arrangeait très largement. Il s'en fichait, que la jeune femme ait un amant, du moment que ça ne se savait pas, en revanche, il n'avait pas du tout envie de s'imposer cette histoire de manière générale. Il se doutait, bien sûr, que Joshua ne devait pas être enchanté d'être le père d'un enfant dont il ne pouvait pas assumer la paternité. Mais il se disait qu'ils avaient dû s'arranger. Encore une fois, ce n'étaient pas ses oignons. Enfin, rien n'était vraiment ses oignons, dans cette affaire. Ce qui ne l'empêchait pas d'être là, malgré tout. Mais quoi qu'il en soit, Joshua ne voulait pas que Bonnie se sente redevable auprès de lui.

-Et j'avais rien de mieux à faire de toute façon, tu sais.

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Ce n’était rien, il n’allait pas la laisser y aller seul. En soit, Bonnie pourrait clairement se dire que ce n’était effectivement rien et qu’elle n’avait donc pas de raison de le remercier, que c’était normal, mais... non ça ne l’était pas tant que cela et la jeune femme tenait donc à le remercier. Elle savait bien qu’elle n’avait pas toujours été très... sympa avec Clyde, qui subissait autant la situation qu’elle. Ils étaient mariés sans qu’il n’en soit plus ravi, elle râlait beaucoup mais il subissait autant la situation donc. C’était sûr que ce n’était pas toujours évident de supporter Clyde pour elle, mais c’était le cas pour lui aussi, il fallait réussir à la supporter. Bref, tout cela la poussait un peu à mettre de l’eau dans son vin, parce qu’on ne pouvait pas réellement dire qu’elle agissait de la bonne manière de toute façon.

Elle tenait donc à remercier Clyde, même si ce dernier affirmait qu’elle n’avait pas besoin de le faire. Parce que c’était mieux qu’elle ne vienne pas seule et que ça aurait été bizarre que Joshua l’accompagne... C’était sûr que ça aurait été étrange et pas seulement parce qu’il n’était pas censé avoir de rapport avec son état, que logiquement c’était à son mari de faire ça. Mais aussi parce que là, pour que Joshua décide de l’accompagner, ça voudrait dire que la situation serait moins... tendue. Mais bon, Clyde n’en savait rien, Bonnie prenait plutôt soin de ne pas parler de son amant au jeune homme. Parce qu’il n’avait pas besoin de le connaître les détails, parce que ce n’était pas un sujet qu’ils pouvaient discuter. Bon, en soit, ils ne parlaient pas de grand chose non plus en fin de compte, même s’ils vivaient sous le même toit.

« Ouais et c’est plus légitime d’éviter le travail en venant ici, qu’en rester à l’appartement. » Répondit-elle dans un fin sourire, prenant la remarque de Clyde à la légère. Bon, clairement, ce n’était pas toujours le cas et le jeune homme avait quand même souvent tendance à l’agacer dans son comportement de larve, mais en même temps elle n’avait aucune raison de lui prendre la tête en ce moment précis. Bonnie ne se gêna pas pour prendre un café également, parce que quitte à être là, la jeune femme se disait qu’elle pourrait en profiter pour boire un café également, puisque Clyde de son côté n’avait pas fini le sien encore. « De toute façon, même s’il avait pu venir, je crois pas qu’il aurait voulu. » Ne put-elle pas s’empêcher d’ajouter, pour revenir à Joshua.

Elle ne devrait sans doute rien dire, mais c’était sorti un peu tout seul, comme ça arrivait souvent puisqu’elle parlait beaucoup pour ne rien dire. Non, clairement, Joshua n’aurait sans doute pas du tout eu envie d’être là en cet instant précis.

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C

lyde haussa les épaules quand Bonnie remarqua qu'il avait quand même plus de légitimité à sécher le travail pour l'accompagner à son rendez-vous médical que pour glander sur son canapé. C'était vrai, bien évidemment, mais ce n'était pas comme si, de manière générale, le jeune homme s'amusait à s'inventer des excuses pour ne pas aller travailler. Il se contentait de ne pas y aller et de compter sur son nom et le forcing de son père pour ne pas se faire virer, voilà tout.

Le jeune homme était là parce qu'il avait décidé de venir, parce qu'il trouvait normal d'accompagner Bonnie, et même si ça lui donnait une bonne excuse, oui, ce n'était pas ce qui l'avait poussé à se comporter de la sorte. Entre Clyde et Bonnie, ce n'était pas le grand amour, ce n'était pas une grande amitié non plus, mais elle était quand même sa femme, il se voyait tous les jours, forcément, ça créait des liens, il ne pouvait pas en être autrement. Et même s'il décidait de s'impliquer le moins possible dans cette affaire, il ne pouvait pas non plus faire comme si de rien n'était, prétendre ou quoi que ce soit d'autre. Ils vivaient sous le même toit, il allait devoir prétendre que cet enfant était le sien. C'était beaucoup trop gros pour qu'ils fassent comme si de rien n'était. Alors oui, il faut croire qu'il était tout de même impliqué et concerné, même s'il donnait le sentiment quoi qu'il en soit.

Il allait répondre quelque chose, n'importe quoi, un truc à côté de la plaque, de préférence, mais Bonnie enchaîna en affirmant que Joshua n'aurait sans doute pas voulu l'accompagner quoi qu'il en soit. Ah... il y avait de l'eau dans le gaz entre eux, alors ? Bizarrement, Clyde espérait que non, si il devait se coltiner une Bonnie enceinte et en plus déprimée parce qu'elle s'était fait larguer... N'empêche, il sentait bien que ça la minait, et forcément, difficile de se dire que le mioche n'y était pas pour quelque chose. Forcément. Joshua allait se retrouver père d'un enfant qu'il ne pourrait pas reconnaître comme étant le sien. C'était peut-être le rêve de tous les maris adultères qui pondaient des bâtards, mais Clyde devinait que ce n'était pas forcément le genre d'indifférence dont Joshua était capable de son côté. Clyde poussa un profond soupir avant de reprendre la parole, il ne devrait pas se mêler de tout ça, et la plupart du temps, il s'arrangeait très bien pour en savoir le moins possible. Mais là, il comprenait qu'il n'allait pas pouvoir faire comme si de rien n'était.

-Bon... Je sens que je vais regretter d'avoir posé la question mais... ça va pas entre Joshua et toi ?

En fait, il regrettait déjà.

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Bonnie ne devrait sans doute pas dire une telle chose, mais en même temps c’était quelque chose qu’elle avait sur le cœur et on ne pouvait pas réellement dire qu’elle avait l’habitude de retenir ce qu’elle avait à dire. Surtout pas avec Clyde d’ailleurs, qui avait justement l’habitude de l’entendre constamment lui dire ce qui lui passait par la tête. Mais ça c’était surtout parce qu’ils passaient énormément de temps ensemble par la force des choses. Quand on vivait avec quelqu’un, on ne pouvait pas ne pas lier deux existences et ce n’était pas comme s’ils étaient juste des colocataires. Donc non, Bonnie n’avait pas pour habitude de retenir ce qu’elle disait, mais en même temps elle avait conscience qu’elle ne devrait pas non plus aborder certain sujet. Joshua notamment.

Ce n’était pas que Clyde était jaloux, bien au contraire, il ne manquerait plus que cela franchement. Mais ça n’empêchait pas le fait que c’était quand même un sujet qu’ils n’abordaient pas réellement. En grande partie parce que ce qu’elle vivait avec son amant ne regardait en aucun cas pas Clyde, quand bien même les conséquences de cette relation le touchaient directement parce qu’il allait devoir assumer la paternité d’un enfant qui n’était pas le sien. Alors elle ne devrait donc rien dire, mais ce n’était pas comme si elle pouvait réellement ignorer le fait que la situation avec Joshua la pesait quand même énormément. Et d’ailleurs, Clyde ne manqua pas de la questionner à ce sujet, même s’il ne se retint pas de dire qu’il allait le regretter. Bonnie devrait sans doute se contenter de dire que ce n’était rien, qu’il n’y avait pas de soucis, que ça ne le concernait pas dans tous les cas… mais force lui était de constater qu’elle avait quand même besoin de se confier un peu plus qu’elle ne le pensait. Elle avait d’autres personnes avec qui le faire… bon en réalité, elle n’avait que Melody et heureusement que son amie était là d’ailleurs. Cela dit, elle ne pouvait pas non plus mentir à Clyde.

« Ça c’est sûr tu vas le regretter. » Constata-t-elle, sans que cela ne soit un reproche. Des reproches, elle pouvait en faire énormément à Clyde et par moment elle avait conscience que c’était même complètement gratuit. Ce n’était pas le cas maintenant, elle se contentait simplement de faire un constat sur un fait, elle savait parfaitement que Clyde allait bel et bien regretter d’avoir posé la question, parce qu’elle allait y répondre. « Disons que j’ai… merdé sur toute la ligne. Je ne savais pas du tout comment apprendre à Joshua tout ça. » Tout ça, le fait qu’elle portait son enfant en somme, ce n’était pas vraiment une manière correcte de parler de son futur enfant mais pour cela il faudrait qu’elle parvienne réellement à se sentir prête à être mère. « Alors, j’ai attendu de trouver la meilleure façon de lui en parler et il a fini… par l’appendre de quelqu’un d’autre. »

En même temps, elle l’avait cherché.

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C

lyde aimerait être capable, en toutes circonstances, de ne pas déroger à ses propres principes, mais le fait est que ce n'était malheureusement pas le cas. Le jeune homme restait soumis, quoi qu'il advienne, aux impératifs liés à son mariage, et même s'il pouvait s'égosiller à prétendre que tout ce qui concernait Bonnie ne le concernait pas, c'était entièrement faux. D'accord, ils ne s'aimaient pas, en tout cas pas comme un mari et une femme qui auraient fait l'effort de vivre en bonne entente et de fonder une famille dans les règles de l'art, on ne pouvait pas dire non plus qu'ils étaient les meilleurs amis du monde, mais malgré ça, il n'en demeurait pas moins que si quelque chose d'important affectait son épouse...

Clyde allait en patir d'une manière ou d'une autre. Il aurait pu décider de ne pas se soucier, de ne pas se mêler, si la jeune femme n'avait pas été enceinte... seulement voilà, elle l'était, c'était un fait, une certitude, ils ne pouvaient pas prétendre que tout ceci ne les concernait pas un peu tous les deux, au bout d'un moment, alors que l'enfant de Bonnie allait être considéré par tous comme le sien. Entre lui qui n'avait aucune envie de s'y intéresser et elle qui semblait tout sauf prête à devenir mère, ce gosse n'allait définitivement pas naître dans les meilleures circonstances. Mais ils pouvaient peut-être essayer, au moins, de rendre ces circonstances un peu meilleures.

Ou pas, parce que Clyde ne voyait pas vraiment comment réagir à ce que son épouse lui apprenait. Elle avait merdé, sur toute la ligne. Si elle l'admettait, c'est que ça ne devait pas être rien, en effet. Et effectivement. De ce qu'il comprenait, Bonnie avait décidé d'attendre le bon moment pour apprendre à Joshua qu'elle était enceinte... comme s'il pouvait vraiment y avoir un bon moment pour ça. Tu m'étonnes que s'il l'avait appris de la bouche de quelqu'un d'autre, ça n'avait pas franchement dû lui faire plaisir. Alors d'accord, Clyde avait beau ne pas être très... capable émotionnellement, ça c'était dans ses cordes, et il comprenait donc bien qu'elle s'était foutu dans la merde. Clyde aurait bien envie de dire qu'avec l'amant en moins, sa situation serait moins chiante, mais troquer l'amant contre un gosse et une maman dépressive... il n'était pas certain de gagner au change.

-Ouais... effectivement, t'as déconné, reconnut Clyde sans prendre des pincettes.

En même temps, il ne voyait pas quoi dire d'autre. Il ne disait pas qu'il n'aurait pas fait pareil à sa place. Surtout, dans son cas, parce qu'il était toujours du genre à tout remettre à plus tard, en réalité. Mais ce n'est pas pour autant qu'il savait quoi dire pour la rassurer.

-Et du coup..., hésita-t-il, vous êtes encore ensemble ?

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Clyde ne mâcha clairement pas ses mots, en répétant le fait qu’elle avait déconné. La jeune femme ne pouvait pas le lui reprocher, en même temps elle n’avait pas besoin qu’il prenne des gants. Elle savait bien que son époux n’était pas du genre à cacher ce qu’il pensait et clairement, elle n’avait pas besoin qu’il le fasse. Même si ce n’était pas vraiment évident non plus, qu’elle devait s’en manger dans la figure. De toute façon, Bonnie n’apprenait rien, elle l’avait dit elle-même qu’elle avait merdé sur toute la ligne. Elle avait attendu en se disant qu’elle devait trouver le bon moment et les bons mots, mais il n’y avait jamais de bon moment. Elle aurait dû lui parler directement dès qu’elle avait compris qu’elle était enceinte et donc, elle ne pouvait pas lui reprocher le fait de mal prendre la situation.

Elle n’avait donc pas besoin que Clyde prenne des gants et la rassure, parce que ce n’était pas réellement son rôle. Même si la jeune femme avait conscience qu’il la soutenait énormément, ils n’avaient pas une relation si proche que ça en soit. Ils s’entendaient bien, on pouvait même dire qu’ils étaient amis, mais ça n’allait pas beaucoup plus loin. Cela dit, forcément, ce qui concernait l’un, ça concernait l’autre. Ils n’étaient pas amis, à proprement parlé, ils étaient mari et femme sans l’avoir décidé, sans s’aimer. Cette conversation était un peu étrange en soit, mais ça lui faisait du bien quand même. Surtout que concrètement, sa situation était quand même chaotique.

« Eh bien… j’en sais trop rien. » Répondit-elle honnêtement quand Clyde lui demanda s’ils étaient encore ensemble avec Joshua. Elle ne saurait vraiment dire où ils en étaient, elle savait simplement que le jeune homme lui en voulait énormément et qu’il avait raison de lui en vouloir. Elle savait qu’elle se trouvait dans une position plus que délicate, qu’il était impossible de se dire qu’ils allaient pouvoir s’en sortir. En fait, pour qu’elle puisse s’en sortir, pour qu’ils puissent s’en sortir avec Joshua, il faudrait qu’elle divorce de Clyde, qu’elle avoue à tout le monde que l’enfant qui se nichait dans son ventre était celui de Joshua et qu’elle aille vivre avec l’homme. Enfin, en partant du principe qu’il veuille d’elle. Mais dans tous les cas, ce n’était pas vraiment envisageable. « Mais sans doute que c’est pas plus mal en réalité. » Dit-elle dans un soupire. Elle ne se sentait pas bien, elle était déprimée, elle était triste, elle avait envie de pouvoir retrouver Joshua et de fondre dans ses bras. Mais elle était réaliste aussi, l’existence de sa relation avec Joshua était un vrai problème en un sens. Elle avait cru pouvoir gérer un amant en plus de ce mariage qu’on l’avait forcé à avoir, sauf qu’elle devait bien se rendre à l’évidence, ce n’était pas possible. « Il n’y avait aucune bonne solution… » Dans tous les cas, rien n’irait bien. « Au moins, c’est assez clair à présent. Je ne peux pas tout avoir, c’est comme ça. »

La jeune femme n’avait pas spécialement envie de se morfondre, mais elle se confiait quand même.

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B

on, c'était définitivement la dépression, du côté de Bonnie, et Clyde ne se sentait ni l'énergie, ni l'envie (il faut être honnête) de faire le moindre effort pour l'aider. Il ne disait pas qu'elle méritait ce qui lui arrivait, et il n'avait pas envie qu'elle soit malheureuse. Mais il fallait quand même reconnaître, objectivement que cette situation ne pouvait pas durer. Non, il n'y avait pas de bonne solution, et non, elle ne pouvait pas tout avoir. Elle devait en avoir eu conscience depuis le début, mais cette situation avait au moins le mérite de tirer les choses au clair... quand bien même le jeune homme n'était pas convaincu de devoir s'en réjouir.

Non, en fait, il était sûr de ne pas devoir s'en réjouir. Déjà, il n'avait aucune envie de supporter la sale humeur de son épouse (qui pour la peine serait beaucoup plus présente à la maison), ensuite, il allait se coltiner, en plus de la maman dépressive, le gamin qui n'était pas le sien et dont il n'avaitabsolument jamais voulu. Autant dire que les conditions n'étaient pas franchement réunies pour que la suite se présente sous les meilleurs auspices. Alors oui, le temps pouvait tout guérir, mais là, on ne parlait pas de n'importe quelle situation, en réalité. On parlait d'une vie bouleversée par la venue d'un mioche qui passerait son temps à brailler. Un mioche de compète qui ferait penser chaque jour que Merlin faisait à sa mère à l'homme qu'elle avait perdu.

Bref, s'il n'était pas directement impacté par la situation, il sentait que ça allait avoir de sérieuses répercussions sur lui... Et même s'il voudrait s'en foutre, comme il se foutait globalement de tout. Il était question de sa femme et de sa vie. alors, pour le coup, il ne pouvait pas non plus faire comme si de rien n'était, et comme s'il ne se sentait pas du tout concerné par cette situation. Il se sentait concerné. Et puis, bon... il n'aimait pas voir Bonnie dans cet état. Et pas juste parce que ce qui arrivait à Bonnie avait forcément des conséquences sur lui, parce que c'était Bonnie, c'est tout.

-Non, mais ça tu le savais déjà. Il marqua une légère pause. Il ne savait pas vraiment quoi lui dire, en vérité. Il savait bien qu'il n'aurait pas les mots pour la consoler. Il n'était pas doué pour consoler les gens, et il n'avait pas non plus envie de l'endormir avec des bobards à la con. T'as déjà pensé... au divorce ?

C'était une vraie question, qui n'induisait rien de particulier, ce n'était pas une invitation ou un sous-entendu. Il voulait simplement savoir où elle en était. C'était plus simple de parler de choses concrètes que de pénétrer le champ des sentiments, qu'il ne maîtrisait pas du tout.

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Ça, elle le savait déjà. Forcément, c’était une remarque parfaitement vraie, mais ça n’allait pas l’aider. En même temps, Bonnie n’attendait pas spécialement que Clyde l’aide. Pas qu’il en soit incapable, c’était juste… que dans son cas, elle savait bien que personne ne pouvait faire quoi que ce soit. C’était vrai, elle avait eu conscience dès le début qu’elle ne pouvait pas tout avoir, mais elle n’avait pas pu s’empêcher de vivre une idylle qui ne mènerait sans doute nulle part. Elle n’aurait pas dû le faire, dès le début, mais ça avait été plus fort qu’elle, elle avait profité de cette bulle de « vie » en dehors de ce mariage arrangé. Même si c’était perdu d’avance, évidemment.

Bonnie n’avait pas forcément envie de s’apitoyer sur son sort trop longtemps avec Clyde. Pas parce qu’il ne pourrait pas faire grand-chose pour elle, même s’il y avait quand même de cela. Mais parce qu’elle n’avait pas forcément envie de lui faire subir ça. Elle se doutait que ce n’était pas quelque chose qu’il apprécierait et si la jeune femme n’avait aucun souci à se plaindre à longueur de temps, qu’elle ne manquait pas une occasion de le faire, là… elle n’avait pas forcément envie de le faire. C’était en grande partie parce qu’elle avait quand même conscience de la chance qu’elle avait d’avoir un mari si « je m’en foutiste » que Clyde, qui n’allait pas lui reprocher d’avoir un amant, qui même s’il ne sautait pas de joie à l’idée de vivre toute cette situation n’allait pas simplement lui rendre la vie infernale. D’autres maris trompés ne vivraient pas la situation de la même manière.

« Un tas de fois… depuis le jour où j’ai appris que je devais t’épouser. » Répondit-elle, dans un sourire amusé, en prenant la peine d’en parler légèrement. Cela dit, elle n’était pas complètement ironique, il y avait une part de sérieux. Ce n’était pas comme si elle avait caché le fait qu’elle n’avait vraiment pas apprécié d’apprendre qu’elle allait épouser Hornby. Ça avait été un coup dur sur le moment, même si elle l’avait subi. Parce qu’elle n’avait pas le choix. Et maintenant, elle avait forcément le sentiment d’être bloqué dans un mariage qui l’empêchait d’être heureuse avec l’homme qu’elle aimait. Mais elle ne pouvait évidemment pas blâmer Clyde, le jeune homme subissait cette situation autant qu’elle. « Je… » Bonnie hésita un instant. Elle appréciait de pouvoir parler avec Clyde de tout cela, parce que mine de rien il n’y avait pas grand monde avec qui elle pouvait se confier, mais en même temps c’était bizarre de lui parler de ce qu’elle ressentait. Même s’ils étaient mariés et qu’ils se connaissaient bien maintenant, Bonnie ne pouvait pas s’empêcher d’avoir une certaine réserve. « Je me suis déjà pris la tête avec Joshua à cause de ça. Il aurait aimé que je divorce, que je m’enfuis avec lui, qu’on vive… heureux ensemble ailleurs. » Et c’était vraiment une idée agréable, elle ne pouvait pas le nier. Elle avait envie de vivre tout ça avec Joshua, qu’ils le vivent à trois maintenant. « Mais c’est beaucoup plus compliqué que ça. Je perdrais tout. Ma famille me détestera et même s’ils me tapent souvent sur le système, je n’ai pas envie que ça arrive. » Alors, elle ne pouvait pas le faire.

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Un petit secret, ça n'existe pas

C

lyde afficha un fin sourire quand Bonnie affirma qu'elle avait envisagé le divorce dès l'instant où elle avait su qu'elle devrait l'épouser. Il n'allait pas lui reprocher cette réflexion. Ce n'était pas comme si l'un ou l'autre avaient vraiment décidé de se marier ou eu cette envie un jour. Même si Clyde, de son côté, n'avait jamais envisagé le divorce. Il avait su d'office qu'il se marierait, et il était absolument convaincu que peu importe qui aurait été son épouse, il n'aurait pas franchement éprouvé d'affection ou d'amour pour elle. Bonnie ou une autre, ça n'avait pas changé grand-chose à ses yeux. Donc le divorce...

Non, il n'y avait pas pensé... Sauf maintenant, en ce moment. Pas spécialement parce qu'il en avait l'envie, mais parce qu'ils n'allaient pas faire comme si leur mariage n'était pas un sujet de discorde au sein... de ce mariage qui aurait coupé court à ce même discours s'il n'avait pas existé. Bref... En discuter n'allait pas changer grand-chose de toute façon. Y penser ne signifiait pas forcément qu'ils pouvaient l'envisager pour autant. On ne pouvait rien envisager de plus compliqué. Et avec un enfant à ajouter dans l'équation, c'était encore plus compliqué.

Apparemment, Joshua avait soumis cette idée à Bonnie. Clyde n'était pas étonné. Joshua avait tout de l'amoureux transi. Il serait sans doute capable de tuer père et mère pour garder Bonnie à ses côtés (ce qui lui laissait supposer qu'il reviendrait vers elle même si Bonnie avait merdé et même si la situation n'était pas particulièrement propice au pardon tant les choses étaient allées loin). Mais Bonnie, bien sûr, refusait, pour des raisons relativement évidentes... Enfin, une raison surtout, qui faisait que sa famille la renierait très certainement et qu'elle ne voudrait pas vivre ça.

-Sans oublier l'humiliation publique que tu me ferais subir, je suis certain que ça te tient très à coeur, remarqua Clyde d'un ton léger. Car dans tout ce qu'elle disait, elle ne considérait que ce que l'impact d'un divorce pourrait avoir sur elle-même sans envisager les répercussions que ça pourrait avoir sur Clyde.

Peut-être parce qu'elle se disait qu'il se fichait des répercussions de toute manière. Et ce n'était pas entièrement faux, après tout. Mais pas complètement non plus. Il s'accommodait de sa vie telle qu'elle était à l'heure actuelle parce que c'était la bonne planque. Il s'épargnait le plus grand nombre de responsabilités (enfin... pour l'instant, avec un gosse ce serait pas pareil) et un minimum de tolérance de la part de papa-maman.

-Je suppose qu'il va falloir que tu fasses un choix. Pas mon genre de poser des ultimatums mais tu vois bien que ça peut pas durer comme ça.

Il n'en voudrait pas à Bonnie si elle décidait de partir. Même si ça n'arrangerait définitivement pas ses affaires à lui.

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Un petit secret, ça n'existe pas.

Bonnie se retint de lever les yeux au ciel quand Clyde souligna qu’il ne fallait pas oublier l’humiliation publique qu’elle lui ferait subir si jamais elle devait prendre la décision de divorcer et que c’était quelque chose qui lui tenait à cœur. Oui, bon, forcément, la jeune femme ne pouvait pas nier le fait qu’il y avait une grande part d’égoïsme dans sa décision. Parce que si elle décidait de ne pas humilier Clyde, c’était parce qu’elle avait trop à perdre. S’il n’y avait eu que Clyde et l’humiliation du jeune homme, peut-être que Bonnie aurait décidé de s’enfuir avec Joshua. Cela dit, ce n’était pas parce que sa décision était plutôt égoïste qu’elle n’avait pas pensé à son mari pour autant.

« Détrompe-toi, j’y ai effectivement pensé. Et je dois reconnaître que je ne tiens pas spécialement à te faire subir ça effectivement. »

Même si au fond, elle se demandait s’il en aurait quelque chose à faire au final. Parce qu’il passait son temps à se plaindre, comme elle. Moins qu’elle d’accord. Dans tous les cas, elle se disait qu’il n’aurait peut-être pas vu la différence, jusqu’au moment où ses parents l’auraient forcé à épouser une autre femme pour couvrir un peu le scandale de son départ. Donc il y avait de cela aussi, elle n’avait pas spécialement envie de faire subir tout cela à Clyde, même s’il lui tapait souvent sur le système, elle avait du respect pour lui. Elle l’aimait bien en fait, même si elle ne l’avouerait pas à haute voix non plus. Et elle avait conscience de la chance qu’elle avait parce que clairement, tous les maris n’auraient pas ce genre de conversation avec leur femme en aillant parfaitement conscience qu’elle portait l’enfant d’un autre.

« Oui, je sais que… faut que ça change. » Qu’elle ne pouvait pas envisager d’avoir Joshua, Clyde, la belle vie confortable que ce mariage lui offrait et l’amour de sa famille. Elle ne pouvait pas imposer tout cela à Joshua et quelque chose lui disait que de toute façon, il ne lui parlerait plus jamais. « En fait, de toute façon je crois que le choix est déjà fait. » Ajouta-t-elle en haussant les épaules, comme si ça n’avait pas tant que cela d’importance.

Alors qu’en disant ces mots, elle avait le cœur qui se serrait fortement. Elle n’avait aucune envie de perdre Joshua, mais elle savait bien qu’elle ne pouvait rien lui offrir de bon. Elle ne pouvait rien lui offrir même, en dehors de plein d’ennuis. Elle n’aurait jamais dû vivre tout cela, elle n’aurait jamais dû le faire espérer, elle aurait dû se retenir de vivre cette parenthèse… qu’elle n’avait aucune envie de fermer, mais elle n’avait pas le choix.

« Non mais faut prendre le coté positif de toute cette histoire de merde. Au moins, nos parents vont être plus que ravis, on aura fait de ce mariage ce qu’il fallait et on n’aura même pas eu besoin de… » Elle fit un signe de la main. « Tu vois. »

Rien que d’imaginer, berk berk berk.

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Un petit secret, ça n'existe pas

C

lyde ne réagit pas quand Bonnie affirma qu'elle avait bel et bien pensé aux répercussions que tout ceci pourrait avoir sur lui, des répercussions dont elle ne voulait pas spécialement. Elle avait l'air sincère, mais il ne savait trop comment le prendre en réalité. Parce qu'avec elle, il ne savait reconnaître si elle était véritablement sérieuse ou non. Elle n'avait pas de raisons de lui mentir, certes, mais avec le temps, Clyde s'était demandé quelquefois si elle le trouvait toujours juste agaçant ou encore au-delà d'insupportable sans avoir acquis ce semblant de sympathie que lui-même avait pour elle. Elle semblait lui dire en cet instant que cette sympathie était réciproque, et il voulait vraiment que ce soit vrai. Il ne miserait pas là-dessus non plus, bien sûr, mais ça leur faciliterait la tâche s'ils admettaient un semblant d'amitié qui justifiait qu'ils s'entraident dans une situation merdique plutôt que de s'enfoncer mutuellement dedans, plus encore que ce n'était d'ores et déjà le cas.

En tout cas, ils savaient se mettre d'accord sur une chose, ils devaient faire un choix ferme et définitif. Enfin, elle devait faire un choix, et lui l'accompagner dans ce choix et en supporter les conséquences. Et ce choix était déjà fait. Clyde regrettait un peu qu'il le soit par défaut, par la décision de Joshua. Alors oui, ce dernier avait définitivement son mot à dire sur la question, ne nous leurrons pas, mais... Bonnie laissait ses choix dépendre des circonstances, et même si Clyde était le premier à faire de même, il estimait que ce n'était pas une chose qu'il fallait imiter de sa part, surtout quand il était question d'un moment radical de son existence. Les "je crois" n'avaient pas leur place dans ce genre de conversations. Il fallait des "je sais".

-Voir mes parents ravis, je vois pas en quoi c'est positif, répondit Clyde avec un sourire. Même si il voyait. Rendre ses parents l'indifférait. Depuis la mort d'Oly, il leur gardait une rancoeur qui ne disparaîtrait jamais. Mais eux heureux, ils continuaient de faire pleuvoir les thunes. Et ça c'était effectivement pas mal. Et prends pas cet air dégouté, je suis sûr que t'en aurais redemandé, si on avait mis le couvert... mais t'avais pas à t'inquiéter de ça dans tous les cas. J'avais aucune mais alors aucune intention de coucher avec toi. Et c'est certainement pas la perspective d'avoir un gosse qui m'aurait motivé. Et il espérait bien qu'elle l'avait compris. Pas parce qu'il la trouvait hideuse ou autre, juste parce qu'ils n'en avaient pas envie l'un comme l'autre et que jamais il ne l'aurait forcé à faire une chose pareille, encore moins pour produire un héritier alors que la perspective seule d'entrapercevoir un gamin à contrejour de très loin lui filait de l'urticaire. A la limite, sous la menace et la torture, qui sait...

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Un petit secret, ça n'existe pas.

S’il était rare qu’ils soient raccord tous les deux, il y avait quand même un sujet où ils l’avaient été dès le début. Il n’avait pas été question que l’un comme l’autre s’approche physiquement parlant. Ce n’était pas parce qu’on les avait forcés à se marier qu’ils devaient coucher ensemble. Sa mère lui dirait que le désir venait avec le temps, mais clairement déjà elle n’avait aucune envie d’avoir ce genre de conversation avec sa mère, mais… non hors de question. Et Clyde n’avait jamais rien tenté, ce qu’il aurait très bien pu en soit, puisqu’ils étaient mariés. Mais non et il n’avait pas eu l’intention de coucher avec elle, encore moins dans le but de se reproduire. Bonnie ne savait pas si c’était parce qu’elle n’était clairement pas à son goût ou non et en fait, elle ne se posait pas tant la question. Ce qu’elle savait en revanche, c’était que toutes piques, remarques qu’ils pouvaient s’envoyer, ils ne s’étaient pas forcés à faire quoi que ce soit. Enfin… rien de grave, c’était quand même arrivé que Bonnie force Clyde à lever son postérieur du canapé, mais ce n’était pas comparable.

« Heureusement que personne ne t’a menacé ou torturé alors ! » Répondit-elle, dans un fin sourire.

Elle se sentait mal, elle avait conscience que sa vie était en train de prendre un tournant qui ne lui plaisait en aucun cas. Elle n’avait aucune idée de ce qu’elle allait devenir, de ce que Joshua allait devenir, de comment les choses allaient se passer. Elle se sentait complètement perdue, mais elle parvenait à… apprécier ce moment où ils se contentaient de parler tous les deux. Clyde était loin d’être un mari idéal, mais il parvenait à être une sorte d’ami agréable par moment. Même si elle allait très rapidement oublier le temps de calme qu’ils connaissaient quand elle allait se sentir à bout de nerf et qu’elle aurait besoin de quelqu’un sur qui passer ses nerfs… une personne à porter de main de préférence.

« Cela dit, je me permets de remettre un peu en doute tes performances. Je ne vois pas grand monde se bousculer devant ton canapé pour en redemander. » Ajouta-t-elle dans le seul but de le taquiner d’une manière légère.

Déjà, pour ça, il faudrait quand même qu’il fasse un effort et de ce qu’elle savait ce n’était pas son truc. Bon, après elle n’avait aucune idée de ses performances, peut-être qu’il s’en sortait bien, et c’était parfaitement bien qu’elle l’ignore complètement. De toute façon, elle avait un côté bien trop romantique sans doute avec tout ça. Elle s’était offerte à Joshua, seulement à Joshua, et on voyait ce que ça avait donné. Et Clyde de son côté, il pouvait bien faire ce qu’il voulait avec qui il voulait. Même avoir un gosse en soit, ils n’étaient plus à ça prêt pour foutre la merde dans leur vie. Même si au moins, Clyde aurait le mérite de pouvoir les ignorer.

« Je ne voulais pas de gosse… » Soupira-t-elle. Oh, il s’en doutait forcément, mais elle avait besoin de l’exprimer.

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Un petit secret, ça n'existe pas

C

lyde et Bonnie avaient tendance à ne pas y aller de main morte quand ils s'envoyaient des piques. Parfois, ils avaient tendance à viser un peu trop juste, et pour la peine, ils réussissaient à se faire de la peine, que ce soit volontairement ou non (enfin, surtout Clyde parce qu'en ce qui le concernait, il fallait y aller fort pour réussir à l'atteindre tant il était capable de prendre à la déconnade même les pires insultes). En l'occurrence, le propos de Bonnie était loin de vexer Clyde. Ce n'était pas comme si c'était un scoop que Bonnie n'avait jamais été intéressée par lui et réciproquement, et au bout du compte, ça l'arrangeait plutôt.

Et pour ce qui était du reste, Clyde n'avait pas forcément tendance à prendre les remarques sur ses performances au lit (ou son absence de performances, plutôt) comme une insulte. Pour lui, ça ne relevait pas spécialement d'une atteinte à sa virilité. Ou peut-être bien que si, mais le fait est que sa virilité ou s'en absence de virilité, il s'en tamponnait pas mal. Il n'avait clairement pas besoin d'enchaîner les conquêtes pour se façonner un orgueil. Et pour la peine, d'ailleurs, de conquêtes, il n'en avait pas tant que ça. Bon, ça pouvait lui arriver, incidemment, presque sur un malentendu, mais la vérité, c'est que Clyde n'était pas si intéressé que cela par ce genre de choses. Il se disait même qu'il pourrait s'en passer pour le reste de sa vie sans que ça lui manque particulièrement.

Dans tous les cas, ce sujet de conversation, qui n'avait à l'évidence rien de franchement fascinant, n'était jamais rien d'autre qu'une diversion, pas grand-chose d'autre, une diversion destinée à leur faire oublier l'espace d'un instant la situation particulièrement merdique dans laquelle ils s'étaient fourrés... Enfin, dans laquelle Bonnie s'était fourrée, techniquement, mais Clyde allait devoir l'endurer autant que son épouse... Enfin, sans l'inconvénient "Joshua" à prendre en ligne de compte, mais bon, lui aussi allait voir un mioche débarquer dans sa vie, et clairement, il n'avait rien, mais alors rien demandé du tout à personne. Et pourtant, maintenant, il était contraint et forcé de faire avec. Ce n'était pas comme s'il était possible de faire machine arrière à ce stade. Raison pour laquelle les propos de Bonnie étaient loin d'arriver à point nommé, même si Clyde ne réussissait pas à les lui reprocher. Il voyait bien que Bonnie était en souffrance, et l'air de rien, ça lui faisait du mal à lui aussi. C'est que, même si ce n'était pas forcément flagrant, il avait tout de même de la sympathie, et même on pourrait dire de l'affection, pour Bonnie.

-Ouais, j'en avais comme l'intuition, répondit Clyde avec un léger sourire en passant une main dans le dos de Bonnie. En même temps, dans la vie, les trois-quarts du temps, c'est comme ça que ça se passe, on nous colle des événements et des responsabilités dans les bras qu'on a jamais demandé, et on n'a pas d'autre choix que de les accepter. Comme leur mariage. Ca veut pas dire qu'au bout du compte, ce sera une mauvaise chose. Ca veut juste dire que ce sera différent de ce qu'on s'était imaginé. Il afficha un sourire. Eh ben, je suis un putain de philosophe, t'as remarqué ?

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Un petit secret, ça n'existe pas.

Ils avaient beau s’envoyer des piques à longueur de temps, Bonnie devait au moins reconnaître quelque chose à Clyde. Outre le fait qu’il était en partie là pour elle – plus contraint qu’autre chose parce qu’elle le foutait autant dans la même qu’elle-même, en l’entrainant dans sa chute –, elle pouvait s’exprimer honnêtement. Cet enfant était un problème, une merde qui lui tombait dessus. Au fond d’elle, Bonnie s’en voulait un peu de penser cela d’un être qui était quand même en train de grandir dans son ventre (mais le fait de penser ça comme ça, ça lui donnait la gerbe) et surtout mine de rien, c’était quand même la résultante de ses sentiments pour Joshua. Elle ne devrait donc pas penser comme ça, mais en même temps, elle avait besoin de l’exprimer. Et au moins, avec Clyde, elle pouvait le dire clairement qu’elle n’avait pas voulu de ce gosse, qu’il était en train de foutre une merde pas possible dans leur vie.

Et Clyde était… attentif. Bonnie avait conscience qu’elle était souvent trop dure avec lui, mais elle peinait à se contrôler (et encore, pour le moment ça allait encore). Elle avait trop souvent besoin d’un bouc émissaire, et il était souvent sur son chemin. Il avait beau être autant victime que lui, ça n’empêchait pas le fait que c’était à lui que ses parents l’avaient marié. Bonnie afficha un léger sourire quand Clyde affirma qu’il avait l’intuition en effet qu’elle n’avait pas envie de cet enfant, passant une main dans son dos. Elle l’écouta philosopher ensuite, Clyde marquait plus d’un point. C’était ainsi que les choses se passaient la plupart du temps, on nous collait des événements et responsabilités qu’on n'avait pas demandées. Ce mariage, ils n’en avaient pas eu envie, mais ils faisaient avec. Cet enfant, ils n'en avaient pas envie, mais il allait bien falloir assumer à un moment donné et peut-être que ça n’allait pas être une si mauvaise chose. La vie de Bonnie ne ressemblait pas du tout à ce qu’elle aurait aimé, mais en même temps elle savait bien que ça pourrait être pire. Même si Clyde n’était clairement pas le meilleur des maris, la jeune femme se devait quand même de reconnaître qu’elle avait de la chance de l’avoir aussi. Mais elle l’oublierait bien vite la prochaine fois qu’il deviendra son moyen de passer ses nerfs.

« Ah bah… je remarque ça ouais ! Comme quoi, ça te sert à quelque chose de rester pensif sur ton canapé. » Une petite pique gentillette, Bonnie n’avait pas spécialement envie de faire de reproche à Clyde là, c’était juste histoire de… détendre un peu la conversation. « Je reconnais que tu… tu as plutôt raison. » De toute façon, en soit, ils n’avaient pas d’autres choix que de faire avec. Bonnie ne savait pas du tout comment les choses allaient se passer et sans doute que ça n’allait d’ailleurs pas bien se passer du tout, mais elle ne pouvait pas revenir en arrière de toute façon. « Aller viens, on rentre. Tu as bien mérité que je te foute la paix avec tout ça. »

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