Zelda descendait tranquillement les marches qui devaient la ramener à l’infirmerie. Elle aurait pu faire autre chose, elle avait juste laissé une pancarte « infirmière indisponible pour le moment », c’était vague, alors elle aurait largement pu prendre tout son, temps, se boire un litre de café dans la salle des profs ou se barrer en douce à prés-au-lard pour boire un coup d’hydromel, sauf que non, ses pas l’entrainaient malgré elle à l’infirmerie. Elle l’aimait trop, son infirmerie, elle l’aimait trop, son métier. C’était pas parce que ça lui permettait d’aider tous ces pauvres élèves souffreteux, ça elle s’en foutait royal, mais elle adorait ce qui touchait à la médecine elle-même. Et la médecine chez les sorciers, c’était palpitant, ce n’était jamais le même cas qui venait la retrouver, tout le monde avait un problème différent, et elle adorait par dessus-tout les querelles entre étudiants, qui lui permettaient toujours de faire face à des cas particuliers très intéressants.

Si elle avait abandonné son poste qu’elle adorait tellement, c’était parce qu’elle avait décidé d’aller voir Louisa, sa fille adorée, celle à qui elle donnait toute l’affection qu’elle ne donnait jamais aux autres, la prunelle de ses yeux, et tout le toutime. Louisa était en première année à Serdaigle, Zelda était heureuse, parce qu’elle pouvait la voir souvent, mais en même temps, ça l’attristait de la savoir si proche d’elle et qu’elles puissent faire si peu de choses ensemble, elles ne partageaient jamais de repas, et quand l’une n’était pas occupé, c’était l’autre. Puis, quand Zelda voulait allait vers sa fillette et qu’elle avait le malheur de tomber pile au moment où elle était en compagnie de sa clique de copines, alors c’était mort, elle existait même plus. Il faut bien que jeunesse se passe, comme on dit. Mais là, elle lui avait trop manqué, elle avait donc lâché son poste et était allée la voir dans sa salle commune, tant pis si elle lui fichait la honte. Heureusement pour elle, Louisa était seule, en train de faire ses devoirs (brave petite), et Zelda fut ravie d’avoir pu avoir une vraie conversation avec elle.

Elle était donc heureuse et satisfaite (très rare chez elle), presque souriante (encore plus rare) en quittant la salle commune pour retrouver son boulot tant chéri. Mais alors qu’elle était en train de descendre les marches, elle croisa un gamin qui semblait avoir... comme un problème. Et s’il essayait de le cacher, c’était peine perdu, la fleufleur qu’il avait sur la tempe ne pouvait pas se cacher. Alors au choix, où il avait eu des problèmes, ou il avait des tendances particulières (tous les goûts sont dans la nature, pas vrai?).

"Bonjour. Euh. Truc." le salua-t-elle de son ton sec et saccadé habituel.

Elle retenait jamais le nom des élèves de Poudlard, sauf ceux des plus grands malades (genre Hornby). Ciallmhar, elle avait dû l’avoir que deux-trois fois à l’infirmerie, alors pas retenu son nom, peu importe.

"Besoin d’aide?" demanda-t-elle en désignant la tempe du jeune homme.

Après tout, elle était là pour ça, pour elle, ce serait un problème vite réglé.

Le regard de Sparkley avait changé en un instant, et notre infirmière était devenue légerement inquiétante. Morgan avait l'impression d'être devenu un bout de viande que Zelda tournait et retournait dans tout les sens pour décider quelle serait la meilleure façon de le faire cuire. En même temps il ne sentait plus son corps comme étant un être plein et entier. La fleu-fleur semblait s'amuser à le disloquer mentalement, il avait la sensation d'être devenu un amas de chair. Il faudrait VRAIMENT qu'il retourne voir ce Pouffsouffle.
Mais peu à peu son corps retrouva son intégrité le laissant constater qu'il n'avait jamais changé d'apparence. Il resta assit là quelques instants avant de réunir ses idées. Le serdaigle se redressa, mit sa main sur sa tempe pour voir que le lotus avait disparut. Sparkley méritait son poste en tout cas, ça c'était sur, et ce malgrès son attitude sèche et son détachement de l'humain sans tare médicale.

"Merci, Mlle Sparkley."

Il retrouvait doucement la notion de la réalité autour de lui. Le monde ne tournait plus et il voyait comme de coutume à nouveau. Il avait perdu en 5 minutes toute la discrétion qu'il s'était efforcé de construire en 6 ans. En fait s'était plutôt comique comme situation. Ou pour l'instant s'était une situation compliquée. Peut-être que plus tard il en rirai? En attendant Sparkley elle n'avait pas perdu le Nord. Et franchement le cas contraire l'aurait surpris. En bonne infirmière? Membre du personnel? Sorcière? elle venait de demander à Morgan comment il avait obtenu cette décoration bucolique. Il soupira, il s'y attendait un peu quand même. Ce qu'il ne savait pas s'était que dire à l'infirmière? Bein oui. Comme on vient de le dire elle fait parti du personnel et il savait que son cas dépassait les bornes du politiquement correct au sein du château. Il haussa un sourcil, l'air indifférent.

"Mauvais calcul?" dit-il

Ce n'était pas faux, il avait totalement sous-estimé et le Poufsouffle et Beresford, ce qui soit dit en passant n'arriverai plus. Mais il savait très bien qu'une réponse pareil ne satisferai pas Zelda Sparkley. Il l'avait déjà entendu mené un interrogatoire sur un élève pour obtenir les informations qu'elle souhaitai et on pouvait dire qu'elle et le concierge partageait le même goût pour l'acharnement et les choses bien faites dans leur domaine.

"Une conversation qui a mal tournée en somme."

Hé! Il ne mentait pas (cela ne lui arrive pas souvent d'ailleurs), tout ce qu'il avait dit était basé sur des faits. De quoi pouvait-on se plaindre? D'un manque crucial de détail? Certes... Il avait haussé des épaules en disant cela et attendait la réaction de l'infirmière.

"Un mot de trop et un sort de trop on peut dire" acheva le serdaigle d'un ton courtois.

"Mouais..."

Comme si les explications foireuses de Morgan pouvaient convaincre Zelda même un centième de seconde. Evidemment qu'il avait dû se battre avec elle-savait-pas-qui pour finir avec une gueule pareille! Ah ces gosses et cette stupide manie de toujours vouloir se mettre sur la tronche! C'était exaspérant, toute cette immaturité, même si à elle, ça lui faisait son fond de commerce, sans ces stupides bagarres entre élèves, elle n'aurait que des cas ultra banals à traiter du genre gros rhume ou angine, le genre chiant, qui se résout en deux minutes et qui n'a rien de bien palpitant. Oui non, en fait, il fallait que tous ces gosses puérils continuent de se fighter gentiment histoire que son métier reste intéressant.

Elle fixa un moment Morgan. Et maintenant? Elle allait pas lui faire une leçon de morale non plus, quoi, elle aimait pas faire ce genre de trucs, et puis, Morgan, elle le détestait pas. Quand un élève lui courait sur le haricot, elle le faisait flipper avec une grosse seringue, et on en parlait plus. Zeld' ne plaidait pas franchement en faveur des punitions traditionnelles. C'était gavant. Non, pas de sermon pour Morgan, pas de punition non plus ou d'engueulade, elle était pas sa mère, elle avait pas que ça à faire, et de toute manière elle pouvait rien prouver, c'était franchement pas la peine de se donner autant de mal, quoi! C'était pas ses oignons.

"Et t'avais l'intention d'aller me voir ou de laisser cette horreur te bouffer le visage?"

Simple question. Elle aimait pas les gens qui la sollicitaient au moindre petit bobo, mais elle aimait pas non plus ceux qui la sollicitaient pas alors que pour une fois, c'était carrément nécessaire. Les gens et leurs caractères respectifs étaient toujours mal fichus, faut croire. Y'avait jamais de juste milieu. Non mais c'est vrai, imaginez que cette histoire de fleur, ça ait empiré encore plus (parce que ça avait quand même eu l'air en bonne voie, quoi)? Il aurait eu l'air malin, lui. Comme si ce genre de trucs pouvait disparaître tout seul! Et fallait pas croire, y'avait des sortilèges, quand on les soignait pas bien vite, bah c'était à la limite de l'incurable. Bon, rien n'était incurable pour Zelda Sparkley, mais tout de même. Imaginez vous avec un rhododendron sur la tronche jusqu’à la fin de vos jours! Croyez moi, vous serez les derniers à trouver ça joyeux!

La réponse de Morgan était assez évidente, enfin, s’il se décidait pas à mentir. La salle commune de serdaigle et l’infirmerie, c’était sûrement pas dans la même direction. Alors, à moins qu’il ait voulu s’entraîner à la transplanation, tout en sachant, bien sûr, que transplaner à Poudlard, c’est impossible. Après, p’têt que cette fleur lui avait atteint le ciboulot et qu’il était plus capable de réfléchir correctement, mais ses pupilles étaient pas dilatées, et il avait l’air de réussir à formuler des phrases avec un minimum de sens. M’enfin on sait jamais, ce genre d’artifices produits par la magie pouvaient avoir des effets secondaires désastreux, parfois. Tiens, ça lui faisait penser...

"Dis moi, tu fais pas d’allergie au pollen ou autre? " demanda-t-elle d’un ton professionnel.

Si c’était le cas, il serait sûrement déjà rouge, enflé de partout, et en train d’agoniser, mais elle avait une conscience professionnelle à toute épreuve, elle préférait demander.