C'est une histoire comme tant d'autres, celle d'une jeune femme tout juste diplômée de Poudlard, qui tombe sous le charme d'un jeune moldu, un artiste de rue qui, pour les beaux yeux de la belle sorcière, afin de lui offrir la meilleure vie possible, rangera sa peinture et ses pinceaux pour faire carrière dans la finance. Apprendre que sa fiancée est une sorcière n'empêchera pas à Mr. Crivey de lui passer la bague au doigt. Au contraire, passé l'instant de la surprise, il est surtout impatient de tout connaître du monde de la sorcellerie, et il est rapidement décidé qu'ils s'installeront dans un petit village majoritairement sorcier de la campagne anglaise. Quelques années après leur mariage naîtra leur première et unique fille, qu'ils nommeront Faustine.

Il ne faut pas longtemps aux parents de la petite pour comprendre qu'elle est différente... Ils s'inquiètent. Elle s'isole beaucoup, elle communique très peu, elle pleure ou rit à peine. Ils voient plusieurs spécialistes, soucieux de l'épanouissement de leur fille, mais aucun d'eux ne savent réellement les éclairer. Faustine est une enfant comme les autres. Avec un caractère renfermé. Voilà tout. Pas de quoi s'alarmer, donc ? Non, pas vraiment... Mais en attendant, ils s'inquiètent tout de même. Si Faustine vit très bien sa solitude, eux se désespèrent de la voir se lier d'amitié ou d'affection pour ses camarades de classe, dont elle s'isole volontairement, et qui très vite lui font payer cet isolement volontaire. La cruauté des enfants conjuguée à une incompréhension mutuelle font que ses premiers pas à l'école ne seront certainement pas les plus épanouissants pour Faustine, mais elle en parle toujours sans aucune animosité.

Mr et Mrs Crivey espèrent que les choses changeront quand Faustine fera ses premiers pas à Poudlard, car en effet, Faustine a montré ses premiers signes de magie, sa place est donc au sein de l'école de magie où sa mère avait elle-même étudié. Rien ne change beaucoup durant ses années collège, pourtant. Elle est envoyée à Serdaigle, et si elle s'y fait quelques rares amis, elle reste cette gamine isolée qui interagit le moins possible avec son entourage. Ce qui ne la dérange pas, une fois de plus. Elle apprécie Poudlard, elle ment effrontément à ses parents en prétendant s'être fait une ribambelle d'amis dans chacune de ses lettres, et ils la croient. Elle réalise que le mensonge est un exercice facile pour elle. Elle se plaît vraiment au sein de l'école de magie. Elle aime apprendre à maîtriser sa magie. Elève investie et assidue, elle se plonge toujours plus profondément dans l'étude de la magie, et il n'est pas rare de la trouver le nez plongé dans un bouquin, toujours avide d'en apprendre plus.

Ce n'est une surprise pour personne quand elle quitte Poudlard avec la note optimale à presque tous ses ASPIC. Un avenir brillant peut s'ouvrir à elle, mais Faustine n'est pas vraiment décidée quant à ce qu'elle veut faire. C'est presque par hasard, et par curiosité, qu'elle choisit de se lancer dans la formation au métier d'Auror. Elle a toujours été passionnée, fascinée même, par la trajectoire de ces hommes et de ces femmes qui ont choisi les voies les plus obscures. Elle a étudié le parcours de Grindelwald en long, en large et en travers avec une assiduité proche de l'admiration. Elle envie la liberté de ceux qui s'abandonnent à la part la plus noire de leur personne. En se refusant bien sûr scrupuleusement à laisser libre cours à la sienne qui, elle le craindra toujours plus au fil de sa carrière, pourrait prendre plus d'importance qu'elle ne le souhaiterait.

Sa carrière d'Auror est en dents de scie. Elle est d'une imparable précision quand il s'agit d'établir le profil d'un criminel, en revanche, sur le terrain, elle perd facilement ses moyens, et au terme d'un combat qui aurait pu lui coûter cher, on décide de la cantonner au département de criminologie, et elle n'est appelée sur les missions de terrain qu'en cas d'impérieuse nécessité. Elle ne s'en plaint pas... Elle n'aime pas être dans le feu de l'action. Elle a toujours terriblement peur de ce qu'elle pourrait faire.

Au cours d'une enquête qui aurait pu ressembler à toutes les autres, sur une série de meurtre impliquant notamment un membre du ministère, elle a fait la connaissance de Jester. L'assassin. Faustine ne l'a pas immédiatement identifié comme tel, bien sûr, mais au fil de son enquête, alors que le doute s'épaississait, Faustine sentait son intérêt et sa fascination pour Jester grandir. Lui parler, échanger avec lui, c'était comme s'adresser à son reflet, à une autre version d'elle-même, à ce qu'elle pourrait devenir. Révélation terrifiante, bouleversante.

Elle a fait, plus à contrecoeur qu'elle ne devrait l'admettre, ce que son devoir imposait, elle a mené à l'arrestation de Jester, et pendant deux ans, elle n'a plus entendu parler de lui... surtout, elle a essayé d'occulter leurs échanges autant que possible. Et la vie a repris son cours... Intense, à mesure qu'une nouvelle menace prenait de l'ampleur dans le monde sorcier.

Mais aujourd'hui, nombre de prisonniers sont en cavale. Y compris Jester...