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 We'll have another round || Finn et Eve

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Rafael O'Riordan
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Message#Sujet: We'll have another round || Finn et Eve   We'll have another round || Finn et Eve Icon_minitimeMer 2 Juin - 12:42

We'll have another roundFinn, Eve & Rafa

Le père Moriarty, curé de la paroisse de Kilburn, est ce qu’il convient d’appeler un drôle de prêtre. Ancien de l’IRA, passé par la case prison, aussi prompt à bénir qu’à distribuer des coups de pied au cul, plus adepte de la Guinness que du vin de messe, il est un des personnages majeurs du quartier. Il connaît ses ouailles et n’ignore rien de leurs occupations - le fait qu’un de ses frères fasse partie du clan Callahan doit y contribuer ; il condamne par principe les actions les plus violentes, mais dans le fond, il est aussi va-t-en-guerre que les laïcs, et on dit même qu’il se balade avec un cran d’arrêt sous sa soutane.

Le digne curé est occupé à jouer au football avec les gamins du quartier lorsque Rafa vient le trouver une première fois, au soir du 23 juillet. La mine sombre, le second de Callahan annonce qu’il faut administrer les derniers sacrements à Finn, qui se meurt au Cohan. Son état, explique-t-il à l’abbé en chemin, s’est soudainement dégradé, et pour le docteur Matthews, c’est la fin. Rafa sait que ses faits et gestes sont épiés et immédiatement rapportés à Ludo, et que la nouvelle de la visite du prêtre au Cohan l’intéressera au plus haut point.

Au pub, le père Moriarty trouve un Finn Callahan qui n’a aucune intention de trépasser, et qui l’invite même à disputer une partie de fléchettes. La confession a lieu autour de deux Guinness ; quoi que Finn ait raconté au prêtre, celui-ci quitte le Cohan en jouant parfaitement le jeu, et la nouvelle du décès imminent de Callahan se répand dans le quartier.

Le lendemain, de fait, le Cohan baisse ses rideaux en signe de deuil ; Rafa retourne voir le curé, puis se rend chez le menuisier pour y passer commande d’un cercueil. Sur son passage, il voit, par-ci, par-là, quelques têtes inconnues qui l’observent - des espions de Ludovico Montenza, probablement. O’Riordan soigne sa mise en scène avec son costard noir et sa tronche affligée. Le Rital doit jubiler, depuis qu’il a appris que son cousin avait reçu les derniers sacrements.

Le jour fixé pour l’enterrement est le mardi suivant, à la tombée du jour. Les consignes ont été claires ; pas de cortège, Callahan entendait partir en toute discrétion. De fait, le cercueil n’est suivi que par Rafa et quelques autres gars - Liam, Sean, Maguire, et le jeune Connell. Tout ce petit monde se rend au cimetière de Tower Hamlets, voisin du quartier du Poplar ; Finn Callahan ayant exprimé le souhait de reposer auprès de la dernière maison de ses parents, son second lui a choisi ce lieu de sépulture. Car c’est Rafa, désormais, qui dirige le clan, du haut de ses vingt-six ans. Depuis la blessure du patron, il a pris tout naturellement la tête de son empire, et la mort sans héritier de Finn fait de lui le nouveau chef. Quelque chose a changé dans la façon dont les autres gars se comportent avec lui ; ils sont moins familiers, respectent une distance plus marquée, comme pour reconnaître son nouveau rôle.

C’est l’enterrement d’un voyou, et d’un incroyant. Finn a reçu les derniers sacrements parce que son second tient aux traditions, mais pour le reste, c’est une bénédiction à la sauvette, et le père Moriarty s’éclipse. Ne restent au cimetière que les quelques gars du minuscule cortège, qui se recueillent tandis que les fossoyeurs jettent de la terre sur le cercueil. Et puis les hommes se dispersent, laissant Rafa seul, la tête basse, devant la sépulture. Les épaules voûtées, le désormais chef de clan semble terriblement abattu. Il s’accroupit pour arranger les fleurs, et ne sursaute même pas quand une voix gouailleuse résonne derrière lui :


-Regardez-moi ce touchant spectacle. C’est toujours émouvant, ces chiens qui suivent leur maître jusqu’à la tombe. Pas vrai, Cesare ?

Don Ludovico et son second se tiennent à quelques pas de Rafa, en costume sombre comme s’ils étaient en deuil. O’Riordan se relève lentement, en silence, apparemment incapable de réagir. Montenza reprend, avec un sourire satisfait qui donne envie de lui faire cramer sa moustache :

-On a quelques petites choses à régler toi et moi, Rafa. J’ai pas du tout aimé la façon dont tu m’as manqué de respect l’autre jour. Cesare, ajoute-t-il simplement avec un geste désinvolte et son habituel claquement de doigts.

Mariotti a parfaitement saisi. Il porte la main à sa ceinture pour y prendre son arme, sans un mot ; Rafa ne bronche pas, mais un curieux sourire passe sur son visage. Et il se marre même sans retenue lorsqu’une longue ombre apparaît, dans les derniers rayons du soleil couchant, derrière celles des deux Ritals.



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Message#Sujet: Re: We'll have another round || Finn et Eve   We'll have another round || Finn et Eve Icon_minitimeJeu 3 Juin - 22:13



We'll have another round
Eve, Rafa & Finn
Négligemment appuyé sur une pelle, près d’une fosse à moitié creusée, un croque-mort affublé d’une casquette irlandaise, le fameux paddy cap à visière cassée, salue ses collègues qui passent et qui accompagnent le cortège funéraire de Finn Callahan. Nul ne fait attention à ce type qui se fond dans le décor – la tombe est à l’autre bout du cimetière de toute façon – et qui s’allume une cigarette d’un geste nonchalant, craquant une allumette sur les briques du monument aux morts du Blitz qui se trouve là, s’attirant un coup d’œil surpris du prêtre qui repasse là après avoir béni le défunt. « ‘Mande pardon, mon père. Merci pour vos services, on vous revaudra ça. » Le visage du père Moriarty s’éclaire d’un sourire plus tôt. Celui du croque-mort se révèle, sous la casquette, dévoilant un Finn Callahan pas du tout mourant, et même en excellente forme pour un type poignardé une dizaine de jours plus tôt. Il porte une main à sa casquette pour saluer le prêtre, et s’en retourne à sa fosse, qu’il creuse sans faire trop d’efforts, plus comme s’il passait le temps qu’il ne travaillait vraiment.

Et de fait, il attend, Callahan. Le plan se met doucement en place, et il aboutira bientôt. La première étape, bien sûr, c’était sa guérison à l’abri de tous. Et il a beau cracher sur le monde sorcier, il faut bien le reconnaitre, les potions de Eve l’ont sacrément aidé. Matthews a qualifié les progrès qu’il fait de miracle. Puis il a fallu convaincre le prêtre, mais le père Moriarty, au fond, était déjà un peu dans leur camp et le mafieux a donné le meilleur de son bagout pour finir de se le mettre dans la poche, évoquant tour à tour leur appartenance commune à l’IRA, un parallèle un peu douteux avec la Bible, Abel et Cain, la fidélité du frère du prélat, Murdoch, et puis une généreuse donation au presbytère afin de contribuer à l’achat de l’ancienne chapelle méthodiste de Stafford Road. Finalement, quand Moriarty était parti, le plan ciselé patiemment par Rafa roulait parfaitement bien, pour plus grand plaisir de Finn. Ne reste plus que la troisième étape, le faux enterrement lui-même. Ou plus exactement, ne reste plus à attendre que les ritals se pointent. Mais Callahan n’a pas trop de doutes, ils vont venir : de ce que lui a dit Rafa, ils n’attendent même que ça.

De son point de vue, ça n’ira jamais assez vite. Certes, le plan de son second a séduit Finn et son gout pour le théâtre : jamais il ne pourra se payer une meilleure entrée dramatique que celle consistant à arriver bien vivant à son propre enterrement. Mais tout de même, c’est un peu bizarre d’assister à son propre cortège funèbre. Ça lui colle un sentiment bizarre, proche de la chair de poule, à moins que ce ne soit la fatigue. Il faut dire que même s’il va mieux, sa démarche reste raide et la douleur le rattrape parfois, sans compter l’épuisement. Rafa a encore du l’aider à s’habiller ce matin, d’ailleurs. Mais tout de même. Ça fait du bien de quitter cette robe de chambre, et de sentir le poids de son Beretta, sous sa veste, familier et rassurant. Il se dit donc que même s’il finit épuisé et chancelant à la fin de la journée, devant Ludo, il sera capable de faire illusion et assez maitre de lui-même pour lui foutre son poing dans la gueule et lui dire ses quatre vérités. Cette pensée est extrêmement satisfaisante et elle permet à l’acteur de tenir le coup : celui de l’attente, et puis de cette mise en scène macabre, même si elle est parfaitement orchestrée par Rafa. Le jeu en vaut, en somme, la chandelle.

Les fossoyeurs ayant terminé la fausse tombe, ils abandonnent à son sort le nouveau chef de clan. En repartant, ils adressent un nouveau signe de la main à Callahan qui le leur rend de nouveau. Personne, n’est réuni aujourd’hui au cimetière de Tower Hamlet par hasard : ces deux là, ce sont Joe et Tom, deux hommes de Finn, qui s’en vont trainer autour du cimetière et qui ressurgiront, comme Sean, Liam et le jeune Connell, au bon moment. Celui-ci ne devrait plus tarder, d’ailleurs. Au bout de quelques minutes, deux nouveaux arrivants franchissent la grille du cimetière, remontant l’allée vers Rafael. C’est le signal que Finn attendait, et il se met en mouvement à son tour, les suivant à bonne distance.

Il manque le début de la conversation avec Rafa, mais pas le rire de son second, et il y a aussi un sourire moqueur sur son visage lorsqu’il lance paresseusement : « Moi, si j’étais toi, Cesare, je tenterai pas. » Les deux ritals se retournent avec un synchronisation parfaite, qui s’étend à la mine terrifiée qu’ils affichent et ça tire un sourire encore plus amusé à Finn, qui relève sa casquette juste pour laisser voir son visage et un sourire moqueur. « Salut, cousin. » Pas de palabres inutiles : il sait à présent que laisser Ludovico parler, c’est prendre le risque de se faire manipuler. « Les gars, montrez-vous. Vous êtes cernés. Si vous tentez quoique ce soit, on vous descend aussi sec, vu ? » Ajoute-t-il donc sans laisser le temps à Ludovico le temps de l’interrompre. Et de fait, les gars du Cohan, armés de carabines, sont bien là, trop nombreux pour envisager une fuite. « Rafa, tu t’occupes de désarmer Cesare, tu veux ? »

Il laisse son second s’en occuper à sa guise, le laissant régler ses comptes. Quant à lui, il s’avance d’un pas : son cousin recule d’autant, mais trébuche sur une tombe et doit s'arrêter. Il a salement perdu de sa superbe, Ludovico, et ça fait plaisir à Callahan, qui est ravi d’avoir fait disparaitre ce putain d’air ennuyé de son visage. « Qu’est-ce que tu… » Trop tard. Par pur esprit de revanche, Callahan lui a collé un uppercut bien placé dans l’estomac, qui lui coupe le souffle et le fait tomber au sol. « Tu m’excuses, » siffle-t-il, en commençant à lui faire les poches à la recherche d’une arme, « mais j’en rêve depuis un moment. On a le temps de penser, quand on se remet d’une putain de blessure au couteau, tu vois. » Ayant délesté Montenza de son cran d’arrêt et de son revolver, il le relève manu militari. « Tu pensais vraiment que tu pourrais la cogner comme ça, et puis me planter moi ? Tu vois, j’ai la peau dure, Ludovico. Et moi je sais faire des coups de pute. Maintenant, on va s’expliquer. Mais d’abord, dégage de la tombe de mes parents. »  Des points rouges explosent devant ses yeux et la douleur se rappelle à son bon souvenir : il a agit trop vite, d’un trop brutalement. « Les gars, faites avancer ces messieurs jusqu’à la voiture. Mariotti dans le coffre, et puis mon cousin sous bonne escorte. » Siffle-t-il donc d’une voix un peu haletante. Il ne lui faut que quelques secondes pour se reprendre, avec un gros effort de volonté. Laissant ses hommes avancer un peu, il vacille, pose une main sur l’épaule de Rafa pour se stabiliser. « Ça va, ça va. On va installer ces messieurs dans leurs quartiers, et puis parler avec notre ami don Ludo. Ensuite on va voir Eve. » Essuyant la sueur qui coule sur son visage, soudain devenu un peu pâle, Finn se fend d’un grand rire. « Comme sur des roulettes. Bravo. Allez, viens. »  Sean et Connell ont déjà foutu Mariotti dans le coffre, et ils surveillent gentiment un Ludovico Montenza très peu jouasse, deux carabines braquées sur lui, alors que Shane regarde toute la scène depuis la voiture d'un oeil intrigué. « Où on va ? » Il y a un peu de son ancienne superbe dans le ton de son cousin, mais l’effet n’agit plus avec son costume terreux et son air de lapin pris dans des phares. « Voir quelqu’un qui a très envie de vous parler. Mais avant, toi et moi, on a deux mots à se dire. Monte. On y va. »
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Message#Sujet: Re: We'll have another round || Finn et Eve   We'll have another round || Finn et Eve Icon_minitimeVen 4 Juin - 12:13

We'll have another roundFinn, Eve & Rafa


Pour Rafa, garder le silence n’est pas normal ; Ludovico le connaît assez pour savoir qu’il a la langue bien pendue, et il prend son mutisme pour une manifestation de peur. Son sourire triomphant s’élargit encore, si c’est possible ; il détourne déjà son attention de Rafa, laissant à Mariotti le soin de l’exécuter tandis que lui-même examine la tombe de son cousin d’un air satisfait. L’instant de grâce de Montenza ne dure pas. Il a tout juste le temps de lire les quelques mots inscrits sur la gerbe de fleurs déposée par Rafa (“Regrets éternels”, on le voit former silencieusement les mots sur ses lèvres avec un sourire narquois) que l’intervention du défunt lui-même vient lui casser sa joie. Sa moustache s’affaisse d’une façon comique qui tire un rire de hyène à Rafa. Mariotti a suspendu son geste à mi-chemin ; sa main flotte quelques instants, puis, voyant que le clan Callahan est en force, il comprend qu’il vaut mieux ne pas bouger, et son bras retombe.

Pour une entrée, c’est une fameuse entrée, songe Rafa en adressant au patron un signe de tête approbateur. Lorsqu’ils ont peaufiné le plan ensemble, il a bien senti que c’était la partie qui allait le plus amuser Callahan. Il soupçonne même que c’est uniquement à cause de ce coup de théâtre qu’il a validé la mise en scène ; il a déjà expliqué à son second que parfois, ça vaut le coup de se donner du mal pour un seul instant d’apothéose, juste pour la grandeur de l’art. Rafa n’est pas très artiste dans l’âme, mais en voyant les deux Ritals se décomposer, il comprend ce que Finn voulait dire. Cela ne dure que quelques secondes, mais elles comptent parmi les plus jouissives qu’il ait jamais vécues. Le temps s’arrête un instant, juste assez pour savourer la surprise de Montenza et Mariotti, et puis les affaires reprennent. Comme dans les duels du temps jadis, Callahan se réserve Ludo, et c’est second contre second. Pas mécontent de rendre quelques-unes des beignes qu’il a reçues au Cincinnati, Rafa s’avance vers Mariotti :


-Allez, Cesare, il y a une petite formalité comme tu m’as dit l’autre jour…

Il se sert, directement, à la ceinture de l’Italien, récupère le Beretta, qu’il reconnaît avec plaisir comme étant le sien. Mariotti se ramasse un grand coup de crosse dans la tronche :

-Mais… tu m’aurais buté avec mon propre flingue, espèce de saloperie !

Cesare n’abandonne pas la partie. Il va pour se relever, mais Rafa le cueille d’un coup de tatane en pleine poire qui lui éclate le pif et l’envoie au tapis pour de bon. Le second de Callahan s’agenouille à ses côtés pour le fouiller et commente à mi-voix tout en lançant le cran d’arrêt aux pieds de Liam :

-Alors, ça fait quoi, de se prendre les mandales, connard ? Tu t’es bien amusé, l’autre nuit, hein ? Attends, c’était rien à côté de ce que je te réserve… Messieurs, je vous confie notre ami, conclut-il à l’intention de Liam et Maguire en se relevant.

De son côté, Finn a maîtrisé Ludo ; il a un sourire satisfait, mais Rafa devine que l’effort l’a épuisé. Les gars se chargent d’accompagner Montenza jusqu’à la voiture, et O’Riordan offre son épaule au patron en guise de béquille :


-Ca va, boss ? Gardez-en sous la pédale, on n’en a pas fini avec eux. La fête ne fait que commencer.

Pas mécontent, il répond au rire de Finn par un autre, féroce, presque cruel :

-Je vous avais dit que ça marcherait, patron. Suffisait de leur donner ce qu’ils voulaient, et ils voulaient juste vous voir mort.

Il pioche deux cigarettes dans son paquet, en offre une à Callahan, et cette clope a le goût de la vengeance et du devoir accompli. Une fois n’est pas coutume, Rafa réclame même un coup de whisky au patron, qui doit avoir sa flasque sur lui :

-Alors, vous me payez un coup à boire, pour la peine ?

Ils lampent chacun une gorgée d’alcool, comme deux bons copains fêtant une bonne nouvelle, avant de rejoindre le reste du groupe qui les attend auprès de la Bentley. Mariotti a été gentiment stocké dans le coffre ; Ludovico essaie de reprendre ses airs princiers, mais il est beaucoup moins convaincant avec deux carabines sous le pif. Il finit par monter en voiture, encadré par Finn et Rafa ; Sean prend le volant, et Connell s’installe à côté de lui, Shane à ses pieds - car le chien avait été convié aux obsèques de son maître.

On ne bavarde guère durant le trajet jusqu’au lieu de villégiature de ces messieurs, qui se présente sous les auspices d’une usine désaffectée située dans la banlieue de Londres. Montenza semble nerveux depuis que son cousin lui a présenté la suite du programme, et à mesure que la voiture s’éloigne de Londres, il jette des regards de plus en plus affolés autour de lui. À l’arrivée, Rafa lui tient la portière de la voiture :


-Si Don Ludovico veut bien se donner la peine.

Don Ludovico n’a guère le choix, puisque Finn le pousse vers la sortie. En moins de deux, il est récupéré par les gars, solidement ligoté, avant que Mariotti ne subisse le même sort - avec en prime deux ou trois torgnoles signées Rafa. Cette formalité remplie, les gars se dispersent pour surveiller les alentours, Rafael s’accroupit pour caresser distraitement le chien, les yeux fixés sur Callahan qui, quant à lui, s’installe sur une chaise, juste en face de son cher cousin, pour une petite discussion en famille.

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Message#Sujet: Re: We'll have another round || Finn et Eve   We'll have another round || Finn et Eve Icon_minitimeDim 6 Juin - 0:03



We'll have another round
Eve, Rafa & Finn
Finn a un éclat de rire franc quand Rafa lui demande si ça va : « Oh oui. Même si je dois finir à ramper à la fin de la journée, crois-moi, je manquerai ce qui va lui arriver pour rien au monde. » C’est tellement libérateur et jouissif, cette vengeance, que ça lui ferait presque oublier la douleur, c’est dire. Il fume avec plaisir quand Rafa lui offre une cigarette, et il sourit encore en lui filant la flasque sans rechigner ni grogner après son insolence. « Tous ceux que tu voudras, même, tu l’as mérité. » Il se sent revivre et il a le cœur à l’indulgence, pour une fois : voir Ludovico payer sa trahison, enfin, et le mal qu’il lui a fait, ça lui fait presque chaud au cœur.

Les voilà bientôt arrivé à bon port, et la suite des réjouissances peut commencer. Don Ludo se pique d’essayer de faire un peu de résistance, mais il le pousse sans ménagement, avec un sourire : « Fais ce qu’on te dit et avance, t’es pas en position de discuter. A l’heure qu’il est, le Cincinnati doit être entre nos mains, j’ai pas raison, Rafa ? »  Après tout, privés de leur chef et croyant Callahan mort, les ritals ont bien du relâcher leur garde, autant en profiter, et ce n’est qu’un juste retour des choses, selon le mafieux : Rafa et lui ont donc convenu de lancer l’assaut. Ludovico, qui a l’air de plus en plus affolé et qui comprend vite que le sort de Mariotti, déjà bien amoché par Rafa, est plus enviable que le sien, semble encore plus abattu par la nouvelle, et Finn se fend d’un sourire froid pour remarquer, s’installant en face de lui. « Tu peux t’en prendre qu’à toi-même, mon vieux. Tu disais quoi, déjà, à propos de l’instinct de survie ? »

Il y a un temps de silence, et puis la conversation se fait plus sérieuse. « Depuis quand t’as ça en tête ? » Demande-t-il sourdement. Callahan veut savoir. Il croit deviner, en fait. Il a eu tout le loisir d’y repenser, pendant qu’il se reposait, abruti par la morphine, et ça s’est mis à le torturer. Alors il en a parlé à Rafa, glissant : « Tu te souviens de Marco Mancini ? » Et puis, il a soufflé doucement : « J’aurais du dire un truc, à l’époque, le pauvre vieux. Et pas t’envoyer là-dedans. » Maintenant, oui, il regrette, et les explications de son second ne l’ont pas aidé à ne pas culpabiliser.

Qu’il a été con, con de se faire avoir ainsi, manipulé à ce point là, alors que c’était là, sous ses yeux. Il sait, maintenant, ce que l’oncle Tony a fait, et qu’il aurait du voir, et s’opposer à cela, fouiller, croire Rafa, buter cette enflure. Marco Mancini aurait survécu, et lui…douloureusement, Finn repense à Eve, et au bébé. Il y a un deuil qu’il est incapable de faire à propos de cet enfant qu’ils avaient convenus de ne pas garder. A ce qu’ils avaient avant, aussi : la pensée des moments qu’ils ont partagé ensemble lui revient d’un coup. Ça lui parait si proche, et en même temps une autre vie. Tout est allé si vite, tout s’est tellement dégradé…et c’est la faute de Ludovico, tout cela. Oh bien sûr, il y avait cette histoire avec Xena, mais ils auraient pu se réconcilier, il en est sûr. Après tout, s’il n’y avait pas eu Ludovico, Finn aurait probablement envoyé au diable le risque de se faire arrêter par la police magique pour rester avec Eve. Ironiquement, se faire poignarder par Montenza aura permis d’éloigner aussi cette menace, Rafa étant allé jusqu’à répandre la nouvelle de sa mort dans le monde sorcier.

La réponse de Ludovico ne se fait pas attendre : « Depuis toujours. » La haine perce, il vocifère : lui le sale gitan, sorti d’une putain de lande de pouilleux, qui a débarqué pour prendre sa place ne méritait pas mieux. Il a refusé de céder la place, voilà, et rien n’est sa faute. Et puis, ça aurait pu s’arrêter là, mais non, il a fallu que Finn débarque à Londres. Pris d’un sentiment d’horreur brute, Callahan reste interdit. Il ne sait pas quoi dire : il voulait comprendre, lui qui a toujours estimé son cousin, mais il ne comprend pas. Sa cigarette se consume sans qu’il la fume et Ludovico crache toujours son fiel : « Alors tu vois, j’ai aucun putain de regret, sauf que ça n’ait pas marché. Mais ça, c’est la faute de ta connasse, là… »

C’en est trop et d’un coup, l’acteur revient à la vie. Le coup part sans qu’il ne s’en rende compte, envoyant Ludovico à terre, où il reste à gémir, attaché à sa chaise. Finn bondit, le redresse : il lui a manifestement cassé le nez. « Ta gueule. » Siffle-t-il près de son visage, avec une rage mal contenue. « Ta gueule. T’as tué mon gamin et t’as failli la tuer elle. Jamais je t’aurais fait ça, moi. Jamais ! » Le mafieux s’éloigne pour ne plus le voir, tremblant de colère. Il y a un long moment de silence, et c’est Ludovico lui-même qui le coupe. « Alors tu vas me tuer, maintenant ? » Finn fait volte-face. Puis lentement, il vient se rassoir en face de Montenza : « Non. Tu te souviens de Marco Mancini ? Ben, c’est ton tour, maintenant, d’apprendre ce qu’on fait aux traitres. T’en dis quoi, Rafa ? » Le regard de Ludovico est un peu perdu : « Qui ça ? » Peut-être est-ce à cause du coup, ou du sang qui goute lentement de son nez cassé, mais cette nouvelle démonstration de mépris envers un homme dont Finn sait que l’italien l’a envoyé à la mort le dégoute. Une nouvelle gifle part aussi sec : « Te fous pas de ma gueule. Le pauvre gars que t’avais envoyé dénoncer Rafa, à LA, et qu’on a du descendre. J’ai mis du temps à comprendre, mais maintenant je sais. Ton père voulait te donner un avertissement, et une chance. T’as pu su la saisir. Tant pis pour toi. » Il se lève, considérant Ludovico, aussi las qu’il est pâle. « Maintenant, c’est ton tour d’attendre qu’on décide de ton sort. Le choix revient à Eve. Je sais pas ce qu’elle décidera. Mais moi, je sais ce que je ferais à sa place. Et crois-moi, j’insisterai pas pour sauver ta peau, cousin. »

Après quoi Finn se détourne sans un mot de plus. Ils se sont tout dit, à présent, même si la conversation ne le satisfait pas le moins du monde. Il espérait comprendre ce qu’il y avait derrière les actes de Ludovico, et comprendre, enfin, ce qu’il lui avait fait et d’où venait ce mépris si ancré, mais il faut croire que ça n’arrivera pas. Il n’a pas obtenu le moindre début de commencement d’explication, sinon quelque chose qui ressemble à tous les préjugés qu’il a entendu sur ce qu’il était pendant toute sa vie. Ce n’est pas la fin qu’il aurait voulu : même dans la traitrise et le mépris, il avait espéré son cousin différent du commun des mortels qui est si prompt à cracher à la gueule des pavees. Il faut croire que non, et ça rend Callahan encore plus amer que le reste. De la joie initiale liée à la perspective de leur revanche, il ne reste plus grand-chose lorsqu’il finit par conclure pour Rafa : « Y a rien à en tirer. On y va. »

Le trajet se passe donc un relatif silence, Callahan profitant d’être assis pour reprendre des forces. Il ne montre de nouveau de l’intérêt pour ce qu’il se passe que lorsqu’ils arrivent dans le Poplar. « Bon…j’espère qu’elle est chez elle. Qu’on fasse pas ça pour rien. » Il jette un œil dans le rétroviseur avant de se passer par réflexe une main dans les cheveux et de rajuster sa cravate, tout en interrogeant son second : « J’ai l’air de quoi ? Présentable ? Que j’y aille pas en ressemblant à un épouvantail. » Il n’est pas en grande forme – en témoigne sa respiration un peu saccadée alors qu’il n’a pas fait qu’une dizaine de pas vifs pour rejoindre la porte de Eve et y frapper en sortant de la voiture et le fait qu’il flotte un peu dans son costume sombre – mais il aimerait bien sauver le peu de fierté qu’il lui reste. Ne pas faire pitié, c’est important, même si évidemment, ce n’est pas vraiment le sentiment qu’il doit inspirer le plus en ce moment à la jeune femme.

Elle est là, constate l’acteur avec satisfaction. Shane, qui s’est précipité à sa suite, l’entend même avant lui et le chien est déjà rendu à jouer dans les jambes de la rousse quand Finn commence à parler. « Salut. » Il a la gorge sèche, de l’avoir en face de lui ainsi. Finalement, il est un peu intimidé, ayant peur qu’elle refuse même de l’écouter. « On a un truc pour toi. Un genre de surprise. » Alors, comme toutes les fois où il est mal à l’aise, Finn meuble, s’embrouillant dans ses explications mais finissant tout de même par arriver à l’essentiel. « On m’a organisé un enterrement. Enfin, un faux, je suis pas vraiment mort. Je jouais le croque-mort, d’où le costume…mais bref. Ludovico s’est pointé. On l’a chopé. Il est à toi, avec Mariotti. Si tu veux, on t’emmène. »
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Message#Sujet: Re: We'll have another round || Finn et Eve   We'll have another round || Finn et Eve Icon_minitimeDim 6 Juin - 22:27

❝ Rafael, Finn & Eve ❞We'll have an another roundIl y a peu de gens qui prennent la peine de sonner à la porte du 21 Burcham St dans le Poplar. On sait que la fille de feu Dr. Tabolt et sa femme y vit, mais nul ne sait vraiment ce qu’elle fait, ni même quand elle est chez elle. On la croise de temps à autre le dimanche matin près de la boulangerie où elle vient souvent chercher son pain et une pâtisserie. Les vieux du coin en gardent un souvenir attendri, mais finalement peu la connaissent. Évidemment, tout le quartier a entendu parler de son agression et a compati à son malheur si bien que sans lui avoir jamais parlé, la plupart des habitants éprouvent désormais une certaine sympathie à son égard. Depuis quelques mois, on y voit parfois de grosses voitures s’y garer. A son bord, un homme bien habillé qui a plus d’une fois fait le pied de grue devant sa porte. Il n’en a pas fallu plus pour que les bonnes gens du quartier soupçonnent qu’elle ne va pas tarder à convoler en juste noces. Ce n’est que justice après ce qui lui est arrivé, dit-on. Elle mérite bien un peu de bonheur. Une hypothèse renforcée par la présence - encore une fois - de Finn devant sa porte accompagné du chien avec lequel on l’a déjà vu dans le quartier. Les commères du coin seraient donc plutôt étonné de l’accueil un peu frais que la jeune femme réserve à son ancien amant lorsqu’elle ouvre la porte.

Il faut dire qu’Eve éprouve des sentiments plutôt ambivalents à l’égard du mafieux. Inquiète pour sa survie, elle n’a pas hésité à demander à Nobby de lui rendre service une dernière fois en demandant à sa femme des potions. Ca ne l’a pas empêché de l’éviter à tout pris, ne prenant de ses nouvelles uniquement par le biais de Rafa. Quoique probablement peu heureux de jouer le pigeon voyageur le second, avec qui elle s’est fraîchement réconciliée, lui a tout de même dit ce qu’elle voulait savoir. Rien d’étonnant à ce qu’elle soit surprise de le voir sur le pas de sa porte, l’air un peu embarrassé. Elle pensait qu’il avait compris le message et ce n’est pas Shane qui joue dans ses jambes qui va l’attendrir. Elle caresse machinalement, l’animal, sans vraiment savoir quoi dire, écoutant plutôt Finn bredouiller ce qui ressemble à des explications. Il lui suffit d’un coup d'œil pour voir qu’il n’est pas seul, dans la voiture, elle discerne Rafa qui semble être resté à l’intérieur comme pour leur donner un peu d’intimité, ce dont elle se serait passée.

- Tu ne m’en voudras pas, mais les surprises de la part de ta famille, j’ai comme qui dirait eu mon compte …

Probablement un peu mesquin, Finn n’est pas responsable pour Rory, mais on ne peut pas dire que sa rencontre avec le clan Callahan et ses affiliés lui ait vraiment porté chance. Quant à Ludovico, Eve ne peut pas s’empêcher de lui en vouloir de ne pas avoir vu ce qu’elle a tout de suite perçu. Mais en ce moment, la jeune femme en veut au monde entier et pas seulement à Finn. Dans le fond, la personne qu’elle a le plus de mal à pardonner, c’est surtout elle-même. Préférant s’occuper d’autre chose que de son mal-être, Eve a préféré se lancer dans une vendetta. Liquider ses agresseurs un à un lui occupe l’esprit. Méthodiquement, elle avance du bas vers le haut, chaque nouvelle cible l'amenant un peu plus près de Ludovico et son second. Elle sait qu’avoir Mariotti et Montenza sera moins aisé que le reste, mais la jeune femme est confiante. Du moins l’était-elle jusqu’à ce qu’elle comprenne que Finn et Rafa ont fait le travail pour elle, lui réservant les meilleurs morceaux.

- Il a quand même fallu que tu t’en mêles, commente-t-elle dans un soupir.

Lasse, elle regarde Finn tout en évitant son regard. Il ne lui faut pas longtemps pour voir qu’il n’est pas encore vraiment remis et que la convalescence l’a laissé un peu épais qu'il ne l’était. Il ne lui faut pas longtemps pour se décider et elle tourne les talons, ouvrant la porte de sa maison, sans vraiment la refermer. Ce n’est pas vraiment une invitation, mais elle ne lui ferme pas la porte au nez non plus. Elle traverse le salon, Shane sur ses talons et monte dans sa chambre. D’un geste vif, elle ôte la robe qu’elle portait quelques instant auparavant et fouille dans ses vêtements pour trouver un pantalon noir et une chemise de la même couleur. Elle les enfile et noue ses cheveux dans une tresse lâche avant de descendre dans la salon où Finn l’attend. Avec une certaine lenteur, elle ouvre son secrétaire et s’équipe du nécessaire avant de se tourner vers Finn. Ils se regardent un moment en silence et elle finit par chuchoter :

- Ça ne change rien, tu le sais, non ?

A l’inverse de son compagnon, Eve, lorsqu’elle est embarrassée, n’est guère bavarde. Souvent incapable d’exprimer ce qu’elle pense, la plupart des choses passent par le regard et bien avisé est celui qui arrive à comprendre ce qu’elle a en tête. Sans un mot de plus, elle sort de chez elle et une fois Finn et Shane dehors, verrouille la porte avant de s’engouffrer à l’arrière de la voiture où elle salue le second :

- Rafa, vous avez fait de l’excès de zèle à ce que je vois. Vous pensiez que je n’y arriverais pas ?

Si elle ne sourit pas, le ton est amical, proche de celui qu’ils utilisaient avant pour se parler, moitié frondeur, moitié moqueur. Rien qui ne témoigne de l'animosité qu’ils se sont portés ces dernières semaines. La voiture démarre et Eve regarde distraitement par la fenêtre en jouant avec Shane qui est venu s’étaler sur elle à l’arrière du véhicule. Dans la voiture, il est probablement le seul qui ne comprend pas ce qui va se jouer d’ici quelques minutes.

Quand ils arrivent à l’entrepôt, la journaliste reconnaît sans peine Connell, le petit jeune dont elle a terni le triomphe après avoir descendu un des gars du commando de Montenza. On les salue d’un signe de tête et les trois, suivis de Shane pénètrent dans l’entrepôt. Un des hommes de Callahan s’approche du patron et désigne les deux prisonniers.

- On a du les bâillonner, vot’ cousin gueulait trop patron.

Eve, de son côté, écoute à peine ce qui se dit et son regard va de Mariotti à Ludovico avant de se fixer sur ce dernier. L’italien, lui aussi, la fixe et comme la première fois qu’ils se sont vus c’est de la haine, mais aussi du mépris qui passe dans son regard. Des sentiments que la jeune femme lui rend au centuple. Maintenant qu’elle l’a en face d’elle, elle ne sait pas par quoi commencer. Ce n’est pas la même chose de le traquer elle-même et de l’avoir délivré telle une boîte de chocolat un jour de Saint-Valentin. Lentement, elle pose sur une table près d’elle les armes qu’elle a apportées avec elle. Se délestant de son fardeau, elle commente à l’intention de Rafa :

- Je vois que vous les avez déjà amochés. Je suppose que c’était trop tentant. Rafraîchis-moi un peu la mémoire, c’était quoi ton souci avec Mariotti ?

Sans vraiment prêter attention au second de Montenza, elle s’avance vers celui-ci et finit par baisser le bâillon qui l’empêche de parler. Il n’en faut pas plus pour qu’il lui crache au visage, tirant une exclamation de la part des hommes de Finn. Indifférente, elle s’essuie le visage, regardant le commanditaire de son agression dans les yeux en silence. Finalement, son poing part sans prévenir.

- Qu’est-ce que tu veux salope ? Savoir pourquoi pour pouvoir pleurer dans les jupes de l’autre gitan ?

Elle l’interrompt d’un autre coup.

- Poli, Ludo. Je ne suis pas Finn, je n’ai ni sa patience, ni son aveuglement te concernant.

Se tournant vers ses deux acolytes, elle laisse le mafieux un instant.

- C’est bien joli tout ça, mais je ne procède pas comme ça d’habitude. Comment est-ce que vous vous débarrassez d’eux après ? Il y a des procédures de mon côté …

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Message#Sujet: Re: We'll have another round || Finn et Eve   We'll have another round || Finn et Eve Icon_minitimeLun 7 Juin - 21:30

We'll have another roundFinn, Eve & Rafa

-Je confirme, patron, déclare Rafa d’un ton grave, après un coup d’oeil à sa montre. À l’heure qu’il est, on doit boire à votre santé, au Cincinnati.

La nouvelle semble accabler tant Montenza que Mariotti, qui échangent un regard effaré. O’Riordan, de son côté, affiche un sourire triomphant. Le ciel est vraiment avec eux sur toute la ligne. Les tronches de six pieds de long des deux Ritals confirment bien qu’ils avaient baissé leur garde et laissé Little Italy sans protection ; en pariant sur l’excès de confiance de Ludo Montenza, Callahan et ses gars ont parfaitement réussi leur coup. À force d’observer ce type, Rafa était parvenu à cerner assez justement le personnage, finalement. Intelligent, mais trop sûr de lui-même ; il a suffi de lui monter un turbin convaincant, correspondant à ce qu’il avait envie d’entendre, pour qu’il se jette dans le piège la tête la première.

Le sourire de Rafa ne tarde pas, cependant, à disparaître, à l’écoute de la conversation entre les deux cousins. En entendant le ton haineux de Montenza, il devine quel crève-cœur ce doit être pour Finn, qui l’a toujours considéré comme un frère, d’être traité de la sorte. La tension monte entre les deux hommes : Ludo crache son venin, provoque, insulte, et Rafa se demande jusqu’à quand Callahan va se retenir. Il baisse les yeux un instant vers Shane, qui, sentant le changement d’ambiance, est venu se coller à ses jambes pour réclamer des caresses. Tu vois, finalement, c’était que des histoires, tout ça. Tout ce qu’il a pu dire sur les liens du sang, sur la fidélité aux siens, sur l'indéfectible loyauté de la famille… des blagues. Toi et moi, on est peut-être pas de son sang, on est deux bâtards ramassés dans la rue, mais on ne trahira jamais. Pas comme cette petite pute de Montenza, qui revendique haut et fort sa saloperie, et qui finit, d’ailleurs, par ramasser la mandale qu’il mérite. Le chien se dresse, inquiet, et Rafa aussi, avec un mimétisme qui pourrait être comique dans une autre situation.

Et Montenza, la gueule en sang, se permet encore de provoquer en faisant mine de ne plus savoir qui était Marco Mancini. Peut-être, du reste, ne le sait-il vraiment plus, tant la vie de ses hommes semble n’avoir aucune valeur à ses yeux. Mais ni Callahan, ni, a fortiori, Rafa n’ont oublié ce type, lâché comme une merde par son boss et exécuté sous ses yeux indifférents. O’Riordan sentirait encore, pour un peu, le sang de Mancini éclabousser son visage, et la terrible nausée qui a suivi sa mise à mort. Ils en ont reparlé, récemment, Finn et lui, pendant ces longues conversations qu’ils ont eues dans la chambre du convalescent. Callahan a fini par comprendre et par s’en vouloir de n’être pas intervenu ; un peu tard pour Marco, hélas, mais pile à temps pour ajouter ça à l’ardoise de Ludo.

Le signal du départ tombe à pic ; Rafa crève d’envie de savater Montenza, maintenant. Il ne se le permettrait pas sans l’autorisation expresse du patron, cependant, alors il ronge son frein tout en grattouillant les oreilles de Shane. L’air frais de la nuit lui fait du bien et lui permet de se calmer un peu ; la perspective de voir Eve face à ces deux salopards finit de lui rendre un peu de patience. Montenza et Mariotti semblaient croire qu’ils étaient tombés sur leur pire ennemi, mais ils n’ont encore rien vu.

Le trajet se déroule en silence, jusqu’à ce que la proximité du Poplar agisse comme un réveil sur Callahan. Rafa sourit de le voir se préoccuper ainsi de son physique, et répond :


-Vous êtes très bien, patron. Vous auriez juste dû garder la casquette, ça vous allait pas mal.

Il ne charrie même pas, pour une fois. Finn était bien en croque-mort, surtout en croque-mort de son propre enterrement. Ça changeait de son allure habituelle - alors que pour O’Riordan, abonné aux tenues sombres, le grand deuil ne change rien.

Rafa stoppe la Bentley devant la porte d’Eve et s’étire, allumant une cigarette.
“J'vous laisse y aller, hein ?” C’est qu’il n’a pas forcément envie d’aller se mettre entre ces deux-là, s’il peut éviter. Cinq minutes de calme, ça ne peut pas faire de mal dans une telle soirée. On les lui laisse, ses cinq minutes, guère plus, et la Bentley redémarre. O’Riordan lance un regard dans le rétroviseur en direction d’Eve, devinant le reproche sous-jacent dans ses propos, et blague :

-Oh, non, on te faisait confiance pour ça, mais tu peux quand même pas nous empêcher de nous amuser un peu… Si quelqu’un est à blâmer, c’est moi. Avec ce qu’ils m’ont foutu dans la tronche l’autre jour, j’avais vraiment envie de les baiser, ces deux cons.

Eve ne connaît pas le fin mot de l’histoire, mais elle a vu la sale tronche de Rafa après sa nuit au Cincinnati et elle a même soigné ses contusions ; elle a bien dû comprendre que les Ritals y étaient pour quelque chose. Sachant à quel point l’Irlandais peut être rancunier, il n’est pas étonnant qu’il ait voulu se venger d’eux personnellement.

Mariotti en fait encore les frais lorsqu’ils regagnent l’entrepôt ; sans raison, sans davantage de raison que le fait que la gueule de l’Italien ne lui revient pas, Rafa lui colle un coup de poing dans l’estomac en guise de bonsoir. L’autre lui en a mis tellement qu’il en a eu mal pendant plusieurs jours… Au moins, songe-t-il avec une joie féroce, Cesare échappera à ce désagrément, lui.


-Ce cher Mariotti s’est amusé à me cogner dessus comme un sourd, explique Rafa à l’intention d’Eve. Ce que t’as vu l’autre soir, c’était son œuvre. Un vrai artiste, hein ?

Encore une, bien dans le plexus. Le souffle de Cesare se coupe, et Rafa se détourne de lui. Ce n’est pas si intéressant que ça de cogner sur ce mec. Finalement, c’était beaucoup plus jouissif de leur tendre un piège et de les regarder tomber dedans. À présent, ils sont à peu près aussi passionnants que deux morceaux de viande dans la vitrine d’un boucher, l’insolence, dans le cas de Montenza, en plus. Il crache encore quelques insultes, mais Eve le fait taire, de deux coups de poing bien appliqués. Ludo la boucle, que ce soit à cause de la douleur ou de l’humiliation d’avoir été cogné par une femme. Rafa, de son côté, allume encore une cigarette, et répond en se marrant à la question d’Eve :

-Des procédures ? Nous, on n’en a qu’une, de procédure. Les traîtres doivent être punis. Point. Après, on avise.

La devise du clan Callahan, en trois mots. “Après, on avise”.


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Message#Sujet: Re: We'll have another round || Finn et Eve   We'll have another round || Finn et Eve Icon_minitimeJeu 10 Juin - 0:12



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Un moment, tordant la casquette qu’il a ressorti de la poche intérieure de sa veste sur les conseils de Rafa, Finn se demande si Eve ne va pas l’envoyer promener. Pas très sûr de lui, il hausse pourtant les épaules avec un demi-sourire quand elle finit par remarquer qu’ils ont encore une fois été incapable de la laisser tranquille. « Bah, tu sais comment je suis. Puis il s’en est bien mêlé tout seul, je l’ai pas forcé à venir. » Le ton ne lui parait pas vraiment hostile, alors il peut se permettre ça, et l’acteur constate avec soulagement que s’il n’est pas expressément autorisé à entrer, elle ne lui claque pas la porte au nez non plus, et il entre avec le cœur un peu plus léger. Bien sûr, ça ne résout rien du tout entre eux : il voudrait parler, lorsqu’elle le regarde, mais les mots restent bloqués dans sa gorge. Mais il n’y en a pas besoin. Il sait, au fond, ce qu’il y entre eux, non-dit, rancœur, colère, tristesse, surtout tristesse, et le regard que lui lance Eve, fait sans doute plus mal au mafieux que les mots qu’elle prononce. Avec le temps, il a fini par comprendre que ce qu'elle tait est souvent plus important que ce qu'elle dit. Mais comment lui reprocher de ne pas savoir expliquer quand les choses font si mal, et que lui même a du mal à parler ? Alors, bien moins disert qu’il ne l’était en entrant, Finn finit par dire, la gorge nouée, mais le regard toujours fixé sur Eve : « Non, je sais. Je ne le fais pas pour ça. » Il a dit qu’il laissait Ludovico à Eve, comprenant pourquoi elle le voulait pour elle-même ; il tient parole. Ce serait faux de dire qu’il n’est pas déçu, cependant, mais il n’avait guère d’espoir de toute façon. Alors, remettant sa casquette, il se contente de baisser les yeux et de suivre la rousse lorsqu’elle rejoint la Bentley avec Shane.

Il est plus à l’aise, à l’avant de la voiture, à rire aux provocations de Rafa : la perspective d’en finir avec Ludovico, soudainement, le réjouit. Maintenant que Callahan a compris qu’il n’y avait rien à tirer de lui, la haine qu’il ressentait déjà envers Montenza n’a fait qu’augmenter : tout ce gâchis pour une façade, un frère qui n’existait pas vraiment. Non, la seule famille qui lui reste, c’est sans doute Eve et Rafa – une famille étrange, de bric et broc, mais, eh, au moins, une qu’il s’est choisi et Finn se dit que ça compte pour quelque chose.  

Et de fait, il comprend rapidement pourquoi Sean lui a signalé qu’ils avaient collé un bâillon à Montenza. Mariotti est plus calme, semblant résigné – les coups de Rafa ne doivent pas aider, en même temps – mais Ludovico semble décider à en découdre. Alors qu’il venait de se poser à côté de Rafael pour profiter du spectacle et qu’il propose une cigarette à son second, le crachat et les protestations de ses hommes le font bondir. « Putain, mais je vais le… » Explose-t-il. Pour un peu il enverrait au diable toutes ses bonnes résolutions pour casser la gueule de l’italien, bouillant de rage et d’indignation pour la jeune femme, qui se débrouille cependant très bien sans lui. « Bon. Bon. » Finn fait un pas en arrière, se passe les mains sur le visage pour se calmer. Il faut qu’il se raisonne, qu’il évite de tomber dans la provocation. Ludovico ne le fait que pour gagner du temps, et puis il n’est pas certain de pouvoir réitérer son exploit de tout à l’heure. S’asseyant sur une chaise branlante, menton posé sur son poing, il grogne pour Rafa : « Après faut pas que je m’en mêle, mais quand tu vois ça, même si elle se démerde bien toute seule, je lui ferai bien bouffer ses dents… » De dépit, il envisage de faire tomber la chaise de Cesare d’un coup de pied, mais ce n’est pas très productif, et Callahan ne manquerait la conversation entre Eve et Ludovico pour rien au monde.

C’est à eux qu’elle parle, d’ailleurs, et Finn ne peut que se marrer à la réponse de Rafael, avant de corriger un peu doctement :« Tu nous estimes, parait qu’on est bons pour faire disparaitre les corps qui dérangent un peu trop. Le béton, c’est une valeur sûre. » Mais il a raison : les traitres doivent payer, et le reste n’est pas prioritaire. Ludovico, qui le sait, roule des yeux affolés, commence à pester en italien, ou plutôt dans un mélange un peu étrange d’anglais, d’italien et de quelque chose qui ressemble au salento de Tony Montenza. Finn hausse un peu le ton pour couvrir sa voix : « Ceci dit, je pense qu’on est d’accord pour ne pas prendre le risque d’attirer l’attention de ses anciens copains, mais je refuse qu’il ait un enterrement comme un membre de mon clan. On ne donne pas ça aux traitres. Et il n’en fait pas partie de toute façon. » Le ton ne souffre pas de contradiction, mais il est de nouveau interrompu par un Montenza de plus en plus rouge de colère derrière sa moustache : « C’est toi qui n’en fait pas partie, Callahan, tu… » Fermant les yeux, de plus en plus agacé, Finn se pince le nez en essayant de se calmer et de se convaincre de ne pas lui arracher la langue. Un coup de crosse, asséné à la volée par Eve, ramène un silence satisfaisant. « Merci bien. C’est vrai qu’il jacte trop. Alors. Voilà ce que je propose. On a sa voiture. On plante la bagnole en rase campagne, on installe le cadavre de ces messieurs à l’avant. Et puis on fout le feu. Ça effacera les preuves et le temps qu’on les découvre, tout le monde croira que ça a cramé à cause du choc. » Pour lui, son plan tient la route : dire qu’ils sont toujours dans l’impréparation serait faux, et Finn a déjà réfléchi aux conséquences – peut-être justement parce qu’il savait que Eve s’en inquiéterait. Il se tourne vers son second pour l’inviter à donner son avis, voir si c’est faisable : à lui, oui, sans problème, mais il a longtemps renoncé aux tâches d’organisation pour se réserver le spectaculaire et le flamboyant. Il y excelle, mais il faut l’avouer, le sens pratique revient à Rafa. « Les gars peuvent s’en charger, non ? Rafa, t’en penses quoi ? »

Une nouvelle interruption intempestive de Ludovico les coupe. « Mais est-ce que vous allez arrêter de parler de moi comme si je n’étais pas là ? » Il trépigne sur sa chaise, assène question sur question comme s’ils avaient à lui rendre compte, accuse Finn de ne pas avoir le courage de le tuer lui-même. Le regard de Callahan s’est fait triste, un peu absent – un peu comme celui de Tony Montenza lorsqu’il a ordonné l’exécution de Marco Mancini. C'est un sale sentiment, qu'il ressent, et il se demande commen son oncle a pu le supporter. « Attends. » Lance-t-il doucement à Eve. « S’il te plait. » Il se penche dans la foulée vers son cousin, les deux mains appuyées aux accoudoirs de la chaise où il est attaché, et siffle dans le même italien que lui : « Je vais continuer à parler de toi comme je veux, et tu vas la boucler, sinon je te garantis que ce sera pas propre. Puis je te laisserai à Eve, parce que oui, elle a tous les droits qu’elle veut envers toi. Je te l’ai dit, je ferai rien pour te défendre. » Puis il recule, satisfait de voir Ludovico se taire. Pas longtemps, cependant, en tout cas pas assez à son gout. Les insultes changent de cible, reprennent en anglais, visant Eve, cette fois, comme si Ludovico alternait ses efforts entre les protagonistes : « Tu peux t’en prendre qu’à toi-même, sale pute ! T’entends ? Si t’avais fait le bon choix et que tu étais venue avec moi, au lieu d’avec ce putain de gitan, on n’en serait pas là ! »

Et de nouveau l’italien, ou plutôt le dialecte que sa mère partageait avec lui, gamin. Finn lui trouve le même accent que son oncle, et il en est désolé. ‘U me’ figghiu, disait Tony, les appelant tous les deux ses fils. Et sa mère, à lui, Callahan, disait ça aussi, accent des Pouilles sur les routes irlandaises. Mais Ludovico, lui, dit va’fanculo, troia, la pute, pour parler de Eve, et puis d’autres insultes encore, de leur région de Monopoli, là d’où ils viennent tous. C’est trop, et le coup part sans qu’il puisse le retenir : « La ferme, je t’ai dit. » Il y a du sang sur ses phalanges et il a mal, quelque part dans la région du plexus solaire, la douleur étant revenue une fois de plus, et il soupire pour Eve : « Désolé. Je suppose que t’as compris l’idée générale, pas besoin de la traduction, mais je peux pas te dire que ça m’ait plu, ce que j’ai entendu. Ça te va, donc ? »

(C) CANTARELLA.

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Message#Sujet: Re: We'll have another round || Finn et Eve   We'll have another round || Finn et Eve Icon_minitimeJeu 10 Juin - 21:45

❝ Rafael, Finn & Eve ❞We'll have an another roundPour eux trois, la conclusion est teintée d’amertume. La vengeance, processus nécessaire dans cette situation, n’apporte pas le soulagement qu’elle devrait. De ça, Eve en avait eu conscience dès le début. Elle n’aurait pas cherché un autre chemin pour autant, mais elle s’est souvenue avec une précision effrayante des paroles d’un de ses anciens collègues du SOE : la vengeance n’apporte rien. Pas de soulagement, pas d’absolution, elle n’aide pas non plus à faire le deuil. Du moins, c’était ce que lui pensait. De son côté, Eve ne cherche pas le soulagement et encore moins qu’on la pardonne pour ses pêchés. Elle est un mal nécessaire, ça ne demande aucun pardon, juste une force de conviction. Quant au deuil, il est préférable de ne pas y penser. De mémoire, elle n’a jamais été très douée pour ça. Plutôt que d’affronter la situation, elle préfère la fuir, en témoigne son engagement dans ce qui deviendra le MI5 après la guerre et maintenant la vendetta qu’elle mène contre ses agresseurs. Un à un, ils sont tombés, les morts étant chaque fois maquillés en un accident ou découlant du processus naturel de la vie. Rien qui ne puisse les ramener à elle où être embarrassant pour son travail. Si elle a eu l’accord de ses supérieurs pour tuer Ludo et son second - ils en savaient trop et menaçait de compromettre sa couverture - on ne peut pas en dire autant pour ses subalternes qu’elle a pris la liberté de libérer de leur service un peu avant la date initialement prévue.

Finalement, elle n’en veut même pas à Rafa de s’être un peu amusé. Ludovico n’a pas sa langue dans sa poche et Mariotti a l’air d’avoir pris un plaisir pervers à amocher le second de Callahan au vu des blessures qu’il abordait lorsqu’il est venu la trouver. Elle a déjà été en désaccord avec son ancien camarade, allant jusqu’à le frapper elle-même ; ça ne l’empêche pas de s’insurger qu’un homme de Montenza ait levé la main sur lui. Ils ont beau parfois se détester entre eux, ils sont solidaires malgré les épreuves. et se manifeste dans la façon dont ils font front commun malgré les tensions qu’il existe entre eux. Alors qu’elle s’approche de Ludovico, elle entend Finn converser avec Rafa puis fulminer face à l’attitude de son cousin pour finalement décider de rester là où il est en attendant qu’elle en finisse.

De son côté, elle ne tarde pas à les rejoindre. Pragmatique, elle s’enquiert de la marche à suivre. Si elle a bel et bien reçu le feu vert des autorités pour se débarrasser de l’italien, il y a tout intérêt à ce que Finn et Rafa n’y soient pas mêlés de trop près. La dernière chose qu’elle veut, c’est que ses supérieurs aient des raisons de mettre leur nez dans cette affaire. D’un geste de la main, elle demande une cigarette au second qu’elle allume. Elle tire dessus et regarde les volutes de fumées d’un air songeur avant de répondre :

- Hmm, pas de béton, si c’est votre signature, c’est trop risqué. Il faut absolument qu’on ne vous identifie pas à ce meurtre là.

Eve n’est pas idiote, elle sait que Finn comme Rafa sont loin d’être des enfants de cœur. De eux trois, il serait difficile de déterminer qui a le plus de sang sur les mains. Peut-être elle, elle a fait la guerre après tout, mais elle ne sous-estimerait pas ses deux compères pour autant. Callahan semble d’ailleurs se ranger à son argument et elle hoche la tête d’un air approbateur.

- Non pas d’enterrement. Les chiens n’en méritent pas. Pardon Shane, dit-elle en se tournant vers l’animal qui est tranquillement couché à leur pied. Il y a un bref silence et elle conclut d’une voix dure : L’enfant, lui, n’y a pas eu droit, je ne vois pas pourquoi lui l’aurait.

Un jour ou deux après son arrivée à l’hôpital, Eve s’est posée la question. Néanmoins, probablement par peur de la réponse, elle n’a jamais demandé et Merlin seul sait ce qu’il est advenu de ce début de vie. La journaliste ne s’éternise pas sur le sujet. Elle n’en a d’ailleurs pas l’occasion puisque Ludo semble absolument vouloir parler. Ses yeux roulent et sans même se retourner, elle se saisit du Beretta et assène un coup violent au mafieux. La discussion continue et la jeune femme examine les tenants et aboutissants du plan sans y trouver de faille.

- Pourquoi pas. Ce serait une solution. Personne ne sera dupe dans votre milieu, mais tant que les flics n’ont pas de raison d’aller chercher plus loin. J’imagine que vous avez un secteur où le zèle n’est pas une priorité pour les agents de l’Etat ?

On dit qu’il faut de tout pour faire un monde. Les flics sans scrupules, il en existe partout. Eve ne s’en offusque pas, tout comme elle ne les pleure pas quand ils passent l’arme à gauche dans des conditions dites délicates. Chacun ses choix. Des choix que Ludovico ne semble pas ravis que l’on fasse pour lui. Avec l'aplomb d’un homme qui semble oublier qu’il est ligoté sur une chaise, entouré de gens qui sont loin de le porter dans son cœur. Un fait que Eve ne manque de lui rappeler d’une voix sèche :

- Si je t’entends encore ouvrir ta bouche sans qu’on t’y autorise Montenza, je te casse les dents. Une par une si tu me mets vraiment de mauvaise humeur.

En réalité, l’humeur d’Eve se fait plus massacrante de minutes en minutes. Une fois n’est pas coutume, ce n’est pas Finn qui est en cause, mais bien Montenza dont l’attitude déplaît souverainement à la jeune femme. N’y tenant plus, elle amorce un mouvement dans sa direction, arrêté par la voix de Finn qu’elle fusille du regard. Décidant de faire ce qu’il demande, elle se recule pour le laisser passer et regarde la scène au côté de Rafa :

- Tu comprends l’italien, toi ?, lui demande-t-elle en finissant sa cigarette.

De son côté, elle n’y comprend goutte. Pourtant, pas besoin de traduction. Elle, comme le second, se doute que ce sont des insultes qui fusent. Quoique Montenza n’ait pas l’air d’avoir envie de finir six pieds sous terre, il ne semble pas décidé à s’abaisser à leur demander grâce pour autant. Ça arrange Eve puisque ça leur épargne une discussion inutile.

- Il manque quand même cruellement de dignité pour un chef capturé, continue-t-elle sur le ton de la conversation comme s’ils étaient en train de regarder un film, une bière et du pop-corn à la main. J’ai connu des commandants nazis plus dignes que ça. Triste quand tu y penses. Moins de dignité qu’un connard d’allemand, il faut y aller. Enfin, j’imagine qu’on ne pouvait rien attendre de plus d’un américain et ancien membre de l’OSS.

Le mépris dans la voix de la jeune femme ne peut échapper à personne. Si Finn et Rafa détestent les anglais, la haine d’Eve va plutôt aux américains. Leurs fameux alliés, qui les auraient laissés mourir sous le joug d’Hitler s’il n’y avait pas eu Pearl Harbor. Jugeant probablement qu’il n’obtiendra rien de Finn, c’est vers elle que Montenza se tourne. Il ne tire qu’un ricannement à la jeune femme qui répond avec dédain :

- Le bon choix ? Vraiment, bientôt tu vas me dire que tu aurais fait de moi une princesse.
- Mieux, une reine, renchérit-il presque sérieusement.
- Il n’y a qu’une reine en Angleterre et c’est la reine Elizabeth. Si c'est pour dire des conneries, ferme-là.

Le mépris affiché de la jeune femme pour son interlocuteur n’a pas l’air de lui plaire et elle en remet une couche, bien décidée à le faire sortir un peu plus de ses gonds.

- Qu’est-ce que tu croyais Ludo ? Que tu es irrésistible avec ta moustache et ton machisme à deux livres ? Même si tu étais le dernier type qui restait sur terre, je ne t’aurais pas regardé.

Perdant patience, Montenza repasse sur l’italien et cette fois-ci Fnn frappe, probablement aussi exaspérée qu’elle-même.

- Je crois que je me passerai de ses insultes. J’ai sûrement entendu pire de toute façon. Il n’a vraiment pas deux sous d’imagination. C’est à se demander comment il a réussi à diriger son propre clan. Je suppose que le népotisme se fait à tous les niveaux de la société.

Elle hausse les épaules, un peu fataliste. Ils ne sont pas venus là pour bavarder entre eux aussi Eve quitte-t-elle les deux hommes pour s’approcher de Montenza. Elle ne s’y est pas encore intéressé; Ludo étant sa cible privilégiée. D’un geste sûr de la main, elle relève le visage du second de l’italien et, sans un mot, le fixe dans les yeux pendant de longues minutes. Elle y lit de la peur, mais aussi une forme de résignation. La place qu’il occupe ne vient pas sans risque et il savait depuis le début que si son patron tombait, c’était lui avec. A présent, tout ce qu’il doit espérer, c’est que Ludo n’aggrave pas son cas pour que leur mort ne soit pas trop cruelle. Prise d’une inspiration, elle relève la tête avec un sourire qui n’a rien de joyeux.

- Tu sais quoi, Rafa ? Je me sens généreuse, il est pour toi. C’est comme une boite de chocolat, je ne vais pas manger tout seule sans vous y faire goûter.

Sans un mot de plus, elle détourne son attention de Montenza et s’assied à terre au pied de Ludovico. Pas assez proche pour qu’il puisse la toucher, mais assez pour qu’il soit obligé de baisser les yeux pour la regarder. Elle a récupéré un couteau avec lequel elle joue distraitement puis commence à parler. Le ton est léger, comme s’il n’était pas l’homme qu’elle a juré de liquider depuis des semaines.

- Tu sais, les insultes, c’est un peu inutile. Ça ne me fera pas changer d’avis. C’est assez amusant d’ailleurs, tu as signé ton arrêt de mort même avant d’avoir planifié mon agression. Enfin, je te dis ça, mais je ne sais pas depuis combien de temps ça te trotte dans la tête. Pas longtemps je dirais, c’est presque étonnant que tu sois encore en vie. Je veux dire, soyons honnête, tu avais des hommes qui réfléchissait à ta place, non ? Tu n’as aucune vision d’ensemble. Une chance que papa ait construit quelque chose de solide autour de toi. Je veux dire, quel imbécile agresse un agent de l’Etat, lui laisse envie et pense qu’il n’y aura aucune répercussion pour lui ? Toi apparemment ! Enfin rassure-toi, ce n’est pas personnel. Elle rit. Non, je mens, c’est personnel. Totalement personnel. Même si on ne m’en avait pas donné l’ordre, je t’aurais liquidé, mais là, c’est officiel. Tu es un danger pour ma couverture et juste à ce titre, tu mérites d’aller voir ailleurs si on y est pas. Dommage pour toi, si tu avais encore été à l’OSS ils auraient peut-être vu les choses différemment, mais impossible de faire confiance au type comme toi. Ca m’arrange, j’aurais détesté devoir me trouver des excuses.

Le bavardage d’Eve pourrait presque faire peur ou mettre mal à l’aise en tout cas. La jeune femme n’est pas connue pour ses prises de paroles excessives. Elle laisse plutôt ce genre de choses à Finn qui le fait assez pour tout le monde. Pourtant, ici, la jeune femme est volubile, trop pour que ça soit naturel.

- Si c’est pour l’écouter parler, vous ne voulez pas m’achever à la place ? , finit par protester Ludo se tournant vers son cousin.
- Oh non, non, lui répond Eve d’une voix douce. Tu vois, le problème, c’est que ta mort doit passer pour quelque chose de naturel ou presque. A titre personnel, je ne suis pas pour la torture, c’est pour les barbares, mais pour toi, j’aurais fais une exception. Sauf que quand on découvrira tes restes calcinés. Elle se tourne vers Finn et demande faussement distraite. On a bien dit calciné, hein ? C’est cette option-là qu’on retient ? Oui ? Donc voilà, quand on retrouvera tes restes, on risque quand même pour la forme de faire une autopsie. Une balle dans le corps, peut-être entre les côtés, histoire que tu ne me lâches pas de suite, pourquoi pas, mais le reste, impossible. Tu vois, même dans ta mort, tu arrives à m’emmerder. Alors à la place, tu vas m’écouter. Son expression se fait mauvaise. Tu vois, ce qu’il y a de pire quand on sait qu’on va être exécuté, c’est l’attente. La longue et lente agonie où tu te demandes si je vais changer d’avis, si finalement je ne vais pas dire au diable la prudence et laisser Finn appeler Slim pour qu’il s’occupe de toi ou si je vais simplement attendre. L'incertitude, c’est ce qu’il y a de pire.

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Message#Sujet: Re: We'll have another round || Finn et Eve   We'll have another round || Finn et Eve Icon_minitimeMer 16 Juin - 21:47

We'll have another roundFinn, Eve & Rafa

Le plus heureux du monde, dans tout ça, c’est Shane. Il a retrouvé sa famille au complet, et, de son siège, Rafa entend la queue de l’animal battre à toute bringue contre la banquette. Drôle de famille, si on y pense. Il faut vraiment être un chien, ramassé plein de puces dans la rue, pour regarder ces trois-là avec l'œil plein d’amour. Trois paumés, diraient les gens sans compassion, dont Ludo Montenza fait assurément partie. Il n’a toujours eu que mépris pour eux - pour Finn, le gitan, rejeté par sa famille, pour Rafa le larbin, et pour Eve, femme donc idiote. Son opinion sur chacun d’entre eux est bien arrêtée, et très simple. Et pourtant, il va mourir, de leur main. Parce que quand les paumés s’unissent et se décident à faire payer les brimades, c’est toute la haine accumulée qui s’exprime. Rafa a déjà connu ce sentiment lorsqu’il a cogné son beau-père. Il se rappelle sa propre stupeur, cette part de lui qui lui disait d’arrêter le massacre, tandis que pieds et poings refusaient de lui obéir. Frapper, frapper, jusqu’à avoir du sang sur les mains, jusqu’à en avoir mal. C’est cela qui l’a fait arrêter, et ce n’est qu'après qu’il a réalisé que l’autre baignait dans son sang. Sans doute avait-il pris plus de coups qu’il n’en méritait, mais il avait eu le tort de lâcher les vannes de trop d’années de haine. L’heure n’était plus à la pitié, mais à la revanche - comme avec Ludo Montenza.

Une rage sourde bat aux tempes de Rafa à mesure qu’ils approchent de l’usine. Il n’a jamais pu encadrer Montenza junior, dès leur première rencontre. Le mépris de ce type, d’emblée, l’a mis mal à l’aise. Son coup de pute envers un de ses propres gars a conforté cette mauvaise opinion, et le dernier exploit de Montenza, la tentative de meurtre de Callahan, a été la cerise sur le gâteau. Et dire que le patron n’avait à la bouche que ce cousin, que la famille, que ces conneries de sang qui ne ment pas… Durant les derniers mois, Rafa a dû, plus d’une fois, se rendre à l’évidence ; Callahan était trop entiché de Ludo pour être raisonnable, et il aura fallu ces coups de couteau pour qu’il comprenne enfin. Et O’Riordan ne peut même pas avoir le triomphe exubérant, se vanter d’avoir eu raison depuis le début ; quand il voit à quel point le coup a été dur pour Callahan, il n’a pas le cœur à l’enfoncer encore un peu plus.

Maintenant, il est temps de conclure ce pathétique épisode. Rafa écoute en silence Callahan et Eve réfléchir à la meilleure façon de s’en occuper, analysant les options qui s’offrent à eux. Une nouvelle interruption de Montenza, cependant, l’empêche de donner son opinion lorsque le patron la lui demande. Dans un soupir, O’Riordan s’allume une nouvelle cigarette, sans quitter du regard le rodéo qui se joue près de lui ; Ludo se met à insulter Eve, puis Finn, et il finit par se prendre la torgnole qu’il méritait. Rafa s’intéresse à ce triste spectacle uniquement parce qu’il s’inquiète pour le patron ; ses blessures ne sont pas encore guéries, et à distribuer les beignes aussi allègrement, il risque de se refaire mal. À Eve, venue fumer à côté de lui, il murmure :


-Pas besoin de comprendre l’italien, pas vrai ? ça doit être à base de gitan de merde, de sale pute et autres joyeusetés.

Et d’ailleurs, Montenza se remet à parler anglais, pour essayer de négocier avec Eve. T’es mal barré, mon gars, songe Rafa en caressant distraitement la tête de Shane. Très vite, d’ailleurs, Ludo s’en rend compte, et les insultes fusent à nouveau. Ce type est incroyablement lassant. Mariotti, auquel le second de Callahan voue pourtant une haine tenace, a davantage de dignité. Très important, la dignité. Il arrive un moment où il ne vous reste plus que ça, et Montenza a même perdu ce dernier rempart. O’Riordan remercie Eve d’une courbette lorsqu’elle lui abandonne Mariotti ; la nouvelle ne semble pas réjouir le second de Montenza, qui ne doit pas réaliser que c’est une chance qu’elle lui offre. Rafa, en type de la vieille école, estime que le courage de Cesare (quoi qu’il lui en coûte de le reconnaître) mérite une certaine clémence ; il mourra, mais ce sera propre et net, s’il persiste dans cette attitude. Montenza, lui, paiera ses provocations au centuple, comme le lui signifie sèchement la jeune femme.

Un silence pesant suit le monologue d’Eve ; aucun des hommes présents n’ose parler, après de tels propos. Finalement, c’est Rafa qui se décide, sur le ton de la plus banale conversation :


-Don Ludovico me semble avoir un goût particulier pour les armes blanches. Pour ma part, j’envisagerais de le saigner comme un goret, si c’est fait proprement ce sera indétectable même si une autopsie a lieu. Une balle peut toujours éveiller les soupçons, et puis les Saintes Ecritures ne nous enseignent-elles pas qu’on est toujours puni par où on a péché ?

C’est l’une des lubies de Rafa de replacer des références religieuses dans les circonstances les plus diverses - ce qui est paradoxal lorsqu’on connaît son absence totale de foi. Toujours de ce ton de prêtre en chaire - ce prêtre que sa mère aurait voulu qu’il fût - il poursuit :

-Et le feu, le feu purificateur se chargera d’effacer jusqu’au souvenir de ce traître.

Manière un peu grandiloquente d’indiquer que l’idée de Finn lui semble praticable et même recommandable dans leur cas. Sur ces paroles définitives, Rafa s’avance vers Sean pour lui réclamer le Beretta confisqué à Montenza ; puisqu’on lui accorde le droit de disposer de Mariotti, il entend ne pas traîner davantage.

-Avec votre permission, je me charge de notre ami Cesare, avec le flingue de son cher patron.

Personne n’a d’objection - pas même Mariotti lui-même, qui semble étrangement hébété. Rafa lui demande s’il veut dire une prière, fumer une cigarette, exprimer une dernière volonté, sans obtenir de réponse. Alors il se place face au second de Montenza, le met en joue - toujours aucune réaction - et lance à l’adresse de Ludo :

-Tu te souviens de Marco Mancini ?

Le coup part, droit dans le front.

-J’ai appris à tirer, depuis.

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Message#Sujet: Re: We'll have another round || Finn et Eve   We'll have another round || Finn et Eve Icon_minitimeVen 18 Juin - 0:53



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Eve, Rafa & Finn
Finn ouvre la bouche pour dire quelque chose lorsque Eve lance durement que leur enfant n’a pas eu droit à un enterrement, mais finalement, ne trouve rien à répondre, rien de réconfortant, rien qui puisse exprimer sa peine ou la soutenir. Au fond c’est ce qu’il y a de pire, dans toute cette histoire. En général, Callahan se contente d’éviter d’y songer, parce qu’il ne sait pas quoi en dire ni quoi en penser. Une douleur comme ça, il n’en a jamais vécu. Son gamin. Leur gamin. Et il n'y a même pas eu de cérémonie pour lui. Il avait supposé qu’il y aurait au moins ça, que les hôpitaux pouvaient faire ça. Soudainement, il est pris d’une sensation dont il ne sait pas si elle l’amène à la nausée ou au bord des larmes, et il se contente de répéter après Eve :  « Pas d’enterrement, alors, non. » Ni lui ni elle ne semblent désireux de s’éterniser sur le sujet, et il n’ose la regarder que lorsqu’ils en reviennent aux détails pratiques. L’acteur hausse les épaules sans état d’âme à la remarque de Eve, pas plus gêné que ça d’avouer qu’il lui arrive de corrompre la police pour qu’elle ferme utilement les yeux. Après tout, il la fait à leur place, d’une certaine façon, c’est un prêté pour un rendu. « Ça peut se trouver. Ou on le sort de la ville, tout bonnement. Personne ira le chercher au fin fond du Surrey. » Il pourrait se méfier, aussi, à l’idée d’avouer ce genre de choses à une membre des services secrets, mais Eve n’a pas intérêt non plus à ce que le corps de Ludovico refasse surface. Quant à lui, au-delà, il est assez enclin à la croire lorsqu’elle dit qu’il ne faut surtout pas qu’ils soient associé à ce meurtre là, voire touché qu’elle le pense. Callahan a eu le temps de se rendre compte de la vérité : l’opinion de Ludovico, ça fait un moment, maintenant, qu’il s’est rendu compte qu’elle ne valait rien, même s’il s’est fait avoir et que c’était trop tard.

A présent qu'il voit, et l’acteur a eu de bonnes raisons de voir, dont une qui lui fait encore mal, il frappe l’italien pour espérer le faire taire. Peine perdue, Montenza s’est mis à être le pire moulin à parole du monde (et Finn s’y connait) et bravache avec ça, et odieux en prime. Ni Eve, et pourtant Callahan sait d’expérience que les dents ça fait mal, ni lui n’ont de succès. Les insultes fusent, se suivent et se ressemblent, malgré les coups. Son visage est assez tuméfié, maintenant, à force de se prendre des mandales de toute part, et il doit avoir le nez cassé. Ça ne tire aucune compassion à l’acteur, qui hausse la voix pour couvrir ce que dit Montenza, fatigué de ses fanfaronnades – il le tuerait, à ce stade, juste pour qu’il se taise : « Il est têtu, dans son genre, et puis sûr de lui. Il faut lui accorder ça, il a une forme de constance. » Il médite ça depuis la guerre, la preuve en est. Et si Eve n’avait pas été enceinte, et Callahan moins amoureux, probablement aurait-il réussi son plan, sans trop de sang versé et sans que son cousin ne revienne jamais. Et Montenza n’aurait eu strictement aucun regret.

Aucun regret. La pensée le frappe alors que Finn fait demi-tour pour rejoindre Rafa, resté un peu en retrait, grattant amicalement la tête de Shane, qui entreprend de lui lécher les mains avec affection, content de croiser quelqu’un qui s’intéresse à lui. Un instant, penché vers l’animal, il tique sur l’autorisation que donne Eve à Rafa. En d’autres circonstances, le mafieux hurlerait, jaloux et indigné d’être écarté de l’histoire, contrairement à son second. Comment est-ce qu’on peut comparer la perte d’un enfant et le fait de s’être fait planté à ça ? Bon, il n’en veut pas à Rafael non plus. Après tout, il s’est fait cogné et enlevé. Mais il n’a pas le cœur à hurler, il est trop fatigué, et finalement trop triste comme ça – peut-être justement parce qu’il est fatigué, la colère ne fait plus tellement office de bouclier contre le chagrin. Mais l’irlandais repense à Ludovico, en continuant à caresser le chien. Pas un regret. Il n’a exprimé aucun regret, depuis le début, sinon celui, comme il disait, que ça n’ait pas marché. Salaud, songe sourdement Finn, même plus tellement concentré sur sa blessure et la joie mauvaise de son cousin pour lui dire qu’il n’était rien, quantité négligeable. Salaud, qui n’a même pas un mot pour cet enfant qui ne lui avait rien fait, pas une pensée, rien.

La colère est revenue, bouillonnante et tempétueuse, doublée de cette drôle de nausée. Il doit faire un violent effort contre lui-même pour ne pas traverser la pièce et lui coller une balle entre les deux yeux. Au lieu de ça, il murmure simplement distraitement en réponse à Eve : « Cramé, oui. Qu’il n’en reste plus rien. » Et puis il écoute Eve, appuyé contre le mur, allumant une nouvelle cigarette après en avoir proposé une à Rafa. D’aussi loin qu’il s’en souvienne, il ne l’a jamais entendue parler autant. « Tu peux rêver. » Grogne-t-il au départ à son cousin, croyant que c’est une technique pour emmerder Ludovico, qui marche bien. Mais plus il écoute, plus lui-même est mal à l’aise. Elle ne va pas bien, comprend-il avec tristesse, se demandant comment il a pu passer à côté de ça, et regrettant de ne plus rien pouvoir y faire – parce qu’il en est la cause, lui aussi, en partie. Tout ça, c’est le signe qu’elle va mal, d’une peine à peine contenue qu’elle tairait normalement, et qui lui fait mal par ricochet. Eve ne méritait pas ça, sûrement pas.

Le regard du mafieux se perd dans le vague, et il n’entend plus tellement ce qu’il se dit. A peine sourit-il aux excès religieux de Rafa – d’ordinaire, ça le fait marrer, il le surnomme Pie XII pour la vanne - mais il n’a pas le cœur à ça et se contente d’abonder avec un sourire froid : « Au cinéma, on appelle ça la justice poétique… » Puis il retombe dans son silence méditatif, sa cigarette se consumant au bord de ses lèvres. C’est le coup de feu qui le fait sursauter, comme Shane, couché à ses pieds. Il calme le chien, et puis s’approche finalement du cadavre. « Quelle prière tu dis pour les morts, déjà, Rafa ? » Callahan ne prie pas, ne croit pas vraiment non plus. Mais pour les exécutions, c’est autre chose. Pourquoi, il ne le sait pas. Peut-être simplement pour dire qu’ils ne sont pas des monstres, eux.

Contrairement à certains, qui ne disent rien. Finn se tourne brusquement vers Ludovico, aboyant durement : « Et toi, tu ne vas rien dire ? Mais regarde-toi, comme t'es lâche, à tourner la tête ! » Ludovico parait hébété et dégouté, et soudainement ça révulse l’irlandais, qui le secoue et lui prend le menton pour le tourner brutalement vers le cadavre de Cesare Mariotti : « Mais tu vas regarder, oh si, assume ton œuvre, elle est belle, faudrait pas la manquer ! » Montenza relève la tête, les cheveux poisseux de sang, pour lancer avec un reniflement méprisant : « Pourquoi faire ? Il est mort, maintenant, et vous n’allez même pas me tuer proprement. Je ne vais même pas avoir le droit à un mort digne d’un soldat, et il faut que je joue la compassion ? Ça ne le ramènera pas de toute façon, pas vrai ? Comme ton gamin. Remarque ça fait toujours un gitan de moins, c’est déjà ça de gagné ! » Il faut une poignée de seconde à Finn le temps de réaliser ce qu’il vient d’entendre. Celle d’après, il s’est jeté sur Montenza. Sa chaise se renverse et ils tombent tous les deux, mais Callahan n’a pas mal. Il ne ressent plus la douleur, juste une espèce de colère qui a fait sauter toutes les digues qui restaient en lui. « Espèce de… » Ses insultes se perdent, se font grognements et gémissements alors qu’il frappe tout ce qu’il peut Ludovico, pour l’écraser, pour le détruire, cette sombre merde lâche et sardonique, qu’il efface sa gueule de la surface de la terre, et qu’il n’en reste rien, rien, juste de la bouillie sanglante parce que c’est tout ce qu’il mérite, rien d’autre. Il cogne, cogne et cogne encore, hors de lui, indifférent au sang qui lui éclabousse le visage, entendant à peine Rafa et Eve. Leur voix, indignées et inquiètes, lui paraissent lointaines.

Du moins jusqu’à ce qu’on le tire en arrière violemment. Finn se débat, rue, s’aperçoit de qui le ceinture et reprend à hurler : « Lâche-moi ! Lâche-moi, Rafael, je te jure que je vais le tuer, je vais le tuer ! Lâche-moi immédiatement ou c’est à toi que j’en colle une ! » Il faut la voix de Eve pour qu'il reprenne vraiment contact avec la réalité. Son regard, flou et perdu, s’arrête sur elle, et soudainement, c’est le chagrin qui revient. Ses yeux se mouillent de larmes, qui ne coulent pas pourtant, alors qu’il essaye d’expliquer, haletant : « Il a dit…tu as entendu…il a dit… » L’adrénaline retombe et il tremble de rage et de colère, d’épuisement aussi. Si Rafa ne le tenait pas, il s’effondrerait sans doute. Il finit par baisser la tête, répétant doucement : « Il n’avait pas le droit…juste pas le droit… » Un long moment, il ne dit plus rien et le calme revient progressivement. Et puis il murmure doucement : « Lâche-moi, Rafa, s’il te plait, ça me fait mal. » Il titube et se rattrape à l’épaule de son second. La scène lui apparait alors pour la première fois dans son intégralité. Ludovico, gisant au sol, gémissant doucement, dans une mare de sang, le visage méconnaissable. Lui, échevelé et épuisé, la chemise pleine de sang. Rafa, qui le scrute d’un air inquiet. Shane, apeuré dans un coin. Eve, enfin, qui lui parait à la fois tellement distante et si fragile.

Soudainement la scène devient insupportable à Finn. Il fait un pas en arrière, prend une grande respiration, et annonce comme si de rien n’était en se passant une main dans les cheveux : « Faut trouver une solution pour Mariotti. Personne ne croira jamais qu’il s’est planté en bagnole avec Ludo avec une balle dans la tête. » Il a toujours l’air halluciné de ce qu’il s’est passé, et triste, si triste. Il faut être pragmatique et calme. Voir les détails, et l’organisation. Pour reprendre pied. Juste reprendre pied. Il adresse un signe de tête à Rafa : « T’as une cigarette ? Je t’aurais pas vraiment frappé. C’est juste…ben, tu comprends.  » Manières d’excuses et d’explications. Il en doit à Eve, aussi. « Je suis désolé. J’aurais pu tout entendre mais ça…ça, je peux pas. » Sa voix est sourde, intense, paniquée. Comprend-elle que cette douleur, ils la partagent plus qu’elle ne le croit ?  Il se détourne, incapable de supporter ça plus longtemps : « Je vais sortir un peu. » Passée la porte, l'air lui fait du bien, et il réalise qu'il ne veut plus remettre les pieds dans l'usine.

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Message#Sujet: Re: We'll have another round || Finn et Eve   We'll have another round || Finn et Eve Icon_minitimeMer 23 Juin - 23:52

❝ Rafael, Finn & Eve ❞We'll have an another roundEve dit souvent que les agents de l’Etat et les criminels ne sont jamais que les deux faces d’une même pièce. Souvent, la seule chose qui les différencie est le côté de la loi pour lequel ils travaillent. Il aurait suffit d’un coup du destin pour les placer d’un côté ou d’un autre de la ligne. Alors si on s’étonne parfois, même parmi les hommes de Finn, de la vitesse à laquelle la Patronne semble s’être adaptée à un milieu qui n’est - théoriquement - pas le sien, s’est principalement parce qu’il manque cette information vitale. Chez la jeune femme, on retrouve finalement des similitudes avec Finn et Rafa. Une certaine complaisance face aux méthodes peu légales dont il faut user pour résoudre une situation, un détachement face aux morts nécessaires et une colère latente face aux injustices de la vie.

De la colère ? Oui, mais contrôlée ! Contrairement à Finn, il n’y a jamais d’excès de violence chez elle. Ce n’est pas son genre et ça se voit dans la façon dont elle gère Montenza. Le second a raison, il n’y a pas besoin de comprendre l’italien pour comprendre la teneur du discours de Montenza. Il oscille entre flatterie, fausses suppliques et insultes. Rien d’original et c’est un chemin que beaucoup de condamnés à mort empruntent. Dans le fond, l’italien sait que ses heures sont comptées ou en tout cas devrait le savoir. S’il s’illusionne sur une éventuellement clémence de la part d’Eve ou de son cousin, autant dire qu’il se trompe lourdement.

S’il avait encore un doute, le discours de la jeune femme met un terme à ses illusions. De son côté, absorbée par cet homme qu’elle déteste, elle n’a pas remarqué que le silence s’est fait autour d’elle. Dans le hangar, il n’y a plus qu’eux et contrairement à ce que croit le chef déchu, elle n’est pas à la recherche d’une quelconque justification pour ses actes. Loin de là. Ludovico est un opportuniste qui n’aime personne d’autre que lui-même. Ça se voit dans son attitude avec sa famille, ses hommes, les femmes, etc. Au cours des dernières semaines, les occasions de l’observer n’ont pas manqué. Jamais elle n’a vu matière à exciter son respect ou sa compassion. Montenza est un homme fondamentalement mauvais et il a suivi ses instincts, agissant selon ce qui lui semblait juste. Il n’a désormais plus qu’à en assumer les conséquences.

Pourtant, des deux prisonniers, seul Mariotti semble comprendre ce qui lui arrive. Seul lui, reste digne, sachant que sa fin est inéluctable. Il y a dans le regard du second du clan Montenza de la résignation et de l’acceptation. Ils ont joué, ils ont perdu. Tu meurs, c’est le jeu, dirait Eve. Est-il seulement gêné par l’attitude de son patron qui n’a pas un regard pour lui depuis le début. Pensive, elle se tourne vers Rafa et considère un instant ce qu’il dit. C’est le plus sérieusement du monde qu’elle finit par répondre :

- Ça a du sens. Je n’avais pas prévu de me salir les mains, mais pourquoi pas. C’est poétique, comme tu dis. Après, si on voulait vraiment être égal, il faudrait voir s’il n’a pas des enfants. Un bâtard ou deux cachés qui sait …

Ludovico pâlit, mais personne ne sait si c’est un aveu ou simplement la programmation de son exécution qui lui fait avoir cette réaction. Songeuse, elle regarde son ami avancer vers Cesare et achever le second. Sans détourner les yeux, elle regarde le corps se relancer tandis que la vie le quitte et elle ressent une certaine satisfaction à l’idée que son œuvre suit son cours. Plus qu’un ! Et pas des moindres. De son côté, Eve ne réagit pas assez vite et il n’en faut pas plus pour que le “dialogue” s’initie encore une fois entre Finn et son cousin. Une mauvaise idée quand on sait le peu de retenue que peut avoir ce dernier. Ca ne manque d’ailleurs pas, Ludo sachant parfaitement où appuyer pour faire sortir l’acteur de ses gonds. Quelques secondes plus tard, les coups pleuvent et si Rafa s’inquiète pour la santé de Finn, Eve est tout simplement furieuse. Elle proteste sèchement, mais rien n’y fait et il faut que le second se décide à ceinturer son patron pour l’éloigner de son cousin. La jeune femme se plante devant lui, le regard dur :

- Ça suffit, Finn !

Il y a une réelle peine dans le regard de son ancien amant et en un sens, Eve est touchée parce qu’elle avait l’impression d’être la seule affectée par la situation. La seule incapable de faire le deuil de quelque chose qu’elle n’a pas choisi, mais qui lui a été imposé de façon cruelle. Pourtant, ce n’est pas le moment de se laisser aller à ses sentiments et si Callahan n’est pas capable de le comprendre, alors il n’a rien à faire là.

- Tu sais qu’il te provoque et tu tombes dedans comme un enfant. Je m’intéresse à ce qu’il a fait et à côté de ça, ce qu’il dit n’a que peu de conséquences. Ce ne sont que des mots.

Elle ne fait pas un geste pour ramasser Ludo à terre, mais elle n’en fait pas plus pour aider Finn. Eve réfléchit, mettant de la distance entre le reste du monde et elle, n’écoutant pas vraiment ce qu’on lui dit. Elle se contente d’un signe de tête quand Eve s’excuse et finit par dire :

- On s’en occupera avec Rafa. Ça ne devrait pas être dur à trouver.


Quand Finn va prendre de l’air, elle s’adresse au second.

- Accompagne-le, si tu veux bien. Arrange-toi pour qu’il reste dehors un moment, je vous appellerai. Je dois parler avec le Don seule à seul.


Elle demande, mais ne donne pas d’ordre. Pas à Rafa en tout cas. C’est que le second est sur le même pied d’égalité qu’elle et elle ne se le permettrait pas. Néanmoins, elle n’attend pas vraiment de refus de sa part. Pas plus que de celle des hommes de Finn rester dans l’entrepôt à qui elle ordonne fermement :

- Vous, dehors.


Il y a une hésitation, comme à chaque fois qu’elle demande quelque chose, mais Eve n’est pas d’humeur à faire des manières et elle répète avec une autorité qu’elle n’a pas :

- Ce n’est pas sujet à discussion. Dehors et maintenant.

La porte du hangar se referme et il ne reste plus qu’elle, Ludovico et feu Mariotti. Elle relève sans peine l’italien et sort sa baguette. L’autre semble d’abord trop hébétée pour comprendre ce qu’elle fait, mais panique lorsqu’elle lance le premier sort de soin. Il y a un cri puis un second, le mot sorcière se fait entendre. La jeune femme roule les yeux au ciel et un silencio ne tarde pas à suivre. Elle se rassied, si l’homme est toujours couvert de sang, au moins est-il toujours dans l’état qu’elle veut qu’il soit.

- Bon maintenant que tu es obligé de la fermer. Tu vas peut-être pouvoir écouter. Quoique tu fasses. Tu vas mourir. Tu peux essayer de provoquer Finn. Implore ma clémence ou celle de Rafa, tu tapes à la mauvaise porte. Eux te diront qu’il n’y a pas de place pour les traîtres, moi je dis juste qu’il y a assez de connards sur terre et qu’un de moins ne fera de mal à personne. Tu voulais la mort d’un soldat ? Je ne demanderais pas mieux. Tu sais comment mourrait un soldat ennemi ? On lui faisait creuser sa tombe. Il le savait, mais ça ne l’empêchait pas d’y mettre une certaine application, des fois que l’ennemi aurait eu pitié et l’aurait laissé filer. Puis on lui disait de se retourner et d’une balle on l’y expédiait. Ca, c’était la mort des soldats. Comme un chien dans les tranchées, dans les cris, la boue et la douleur. Je ne demanderai pas mieux que de te donner ce genre de mort, mais tu ne la mérites pas.

Elle sort son paquet de cigarette et à dessein, l’allume avec sa baguette puis la pose, et avec un sourire mauvais, elle regarde Ludo dont la panique s’affiche clairement :

- Oh oui, il y a des choses que tu ne sais pas. Des choses que je pourrais faire avec ça, mais ne t’inquiète pas. J’ai l’intention de te liquider de la manière traditionnelle, je voulais juste te rafistoler pour que tu puisses encore sentir la douleur. Même convalescent, Finn n’y va pas de main morte.

Elle ne sait pas combien de temps elle parle, silliloquant, avec Ludovico, sur sa chaise, essayant désespérement de parler sans arriver à émettre le moindre son. A la place, quand elle estime qu’elle l’a fait attendre assez longtemps, la jeune femme se lève et se dirige vers la porte de l’entrepôt. Elle l’ouvre et s’adresse à Rafa :

- Il s’est calmé ? C’est le moment, donc si vous voulez y assister, c’est maintenant.


Se tournant vers Finn, elle ajoute :

- Juste vous deux par contre. Tes hommes restent dehors.

Une fois seul, elle lève le silencio, d’un coup de baguette et les cris de Ludovico déchire le silence de l’endroit.

- Une sorcière, c’est une putain de sorcière. Vous devez me croire …


Les mots pleuvent de manière décousue pendant qu’elle saisit son poignard et s’avance vers sa victime en jouant avec. Elle se penche vers lui et avec un sourire mauvais conclut :

- Eux aussi.


Avant d’enfoncer d’un coup sec le poignard dans les côtes, lui tirant un gémissement de douleur. Elle le retire et fait de même de l’autre côté. Ses coups sont rapides, mesurés, sans fioritures. Elle se contente du strict nécessaire et finalement s'écarte. Ses mains sont remplies de sang et elle prend un mouchoir un tissu pour l’essuyer puis nettoyer le poignard. De son côté, Ludovico agonise.

- Il n’y a plus qu’à attendre maintenant.

Elle sort son paquet de cigarette qu'elle propose aux deux hommes en commentant :

- Je me demande s'il n'avait pas un ou deux gosses. Il a fait une drôle de tête quand j'en ai parlé.


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Message#Sujet: Re: We'll have another round || Finn et Eve   We'll have another round || Finn et Eve Icon_minitimeSam 26 Juin - 1:11



We'll have another round
Eve, Rafa & Finn
Quand Finn revient dans le hangar, il est calme. Presque apathique. Peut-être est-ce la première ou la dernière étape du deuil, il n’en sait rien, il ne sait même plus de quel deuil on parle. Étrangement absent, tête nue, il regarde d’un air presque indifférent Eve poignarder Ludovico à deux reprises. A peine la question de savoir si elle l’a fait parce qu’elle trouvait ironique de lui causer les mêmes blessures, ou presque, que les siennes, à lui, ou simplement pour aller plus vite, ou les deux. Il serait presque touché si c’était le cas. Cependant, ce qui domine, pour le moment, c’est tout un flot de souvenirs, d’une période plus heureuse, aux USA. Du temps où il se marrait avec Ludovico et où il le considérait comme un frère. « J’en sais rien, peut-être. » Souffle-t-il. Qu’il ait un bâtard ? Possible. Pas le principal, pour Finn, cependant, pour le moment. On pourra s’en occuper plus tard – même s’il doute que Eve veuille sérieusement s’en occuper. Sur ce point, Callahan est revenue à sa position d’avant que tout devienne chaos. La jeune femme ne lui ferait jamais de mal (la preuve, elle l’a soignée et ne l’a pas laissé mourir), même si à présent, ce qui était leur relation tient du champ de ruine. Et c’est peut-être une espionne, mais il a assez d’estime pour elle pour ne pas vouloir croire qu’elle liquiderait vraiment un gosse, ce que lui-même répugnerait à faire quel que soit l’enfant, même celui là, s’il existe. C’est la seule chose qui les différencie de Ludovico, après tout, non ? De ne pas vouloir faire ça, et de ne pas le faire.

Le flot de souvenirs des USA s’efface. Celui de la période avec Eve le remplace. Et à nouveau, la nausée, la colère, face à la perte contre laquelle il ne peut rien et l’absence de regrets de Montenza. Callahan s’approche de son cousin, qui git à présent au milieu d’une mare de sang qui ne cesse de s’étendre. Il semble déjà parti. Ses mots sont incohérents, mais agités. « Papa…papa… » Répète-t-il. Voulant s’assurer qu’il le verra, que ses mots seront la dernière chose qu’il entendra, Finnegan lance sévèrement : « Non, il n’y a plus personne. Tu es tout seul. » C’est seulement à ce moment que Ludovico Montenza semble se calmer et se décider à être digne. Il souffle : « Je sais. » Et c’est tout. Il n’y a rien d’autre, rien de plus. C’est décevant, amer, et cruel, sans que Finn ne parvienne à se l’expliquer. Il ne sent même pas triste, ni capable de dire au revoir : la personne qu’il regrette, après tout, n’existait pas, et il ne veut pas pleurer l’assassin de son enfant, qui lui a tant fait perdre et a failli le tuer.

Essayant de ne pas flancher, il signale, en écho à la discussion de Eve et Rafa : « C’est fini, de toute façon. » L’acteur se relève, et puis s’éloigne, un peu hagard. « Faut nettoyer ça. Je vais faire revenir les gars, pour le sang. » Il ouvre la porte du hangar, pousse un sifflement aigu et balance quelques ordres. « Sean, tu me prends Connell et tu me colles Cesare dans la voiture. » Puis il se tourne vers Rafa : « Tu t’en occuperas ? Que ça ait l’air d’être un règlement de compte à eux jusqu’au bout, ça peut marcher vu que c’était son flingue. » Maintenant qu’il est calme, la solution s’impose d’elle-même. Puis le regard de l’irlandais se pose sur Eve : « Nous on décolle. Tu veux venir ? » Le temps de récupérer la voiture de Ludovico, restée au cimetière, et les voilà partis dans la nuit noire. Finn a pris les manettes de la grosse Lincoln pour partir en reconnaissance et il ouvre la route. Il est seul avec Shane à l’avant. Son cousin est dans le coffre. Il préfère ne pas y penser. Les fantômes font partie des choses qu’il a malgré lui appris à craindre – les risques du métier, surtout avec un fond d’éducation sorcière gitane.

Mais durant ce trajet un peu surréaliste, il ne se passe rien, et Finn finit par arrêter la voiture au sommet d’une descente, en pleine campagne, hors de Londres. Quand Rafa gare la Bentley à côté de lui, sur le bas côté, il se penche à leur vitre : « Ici ce sera bien. Il  y a des arbres. » Sous-entendu, il se crashera dedans. Peut-être même que la voiture brulera d’elle-même. Reste uniquement à installer le cadavre au volant pour que ça ait l’air réaliste. De haute lutte, Finn et Rafa finissent par y parvenir, l’opération laissant le premier essoufflé, mais déterminé. « Ok, tout est en place ? » A trois, je lâche le frein à main et je claque la portière. On verra si ça brule au moment du choc, sinon. » C’est le moment fatidique. Il compte, lentement mais sûrement. Un. Deux. « …trois. » La voiture part à une vitesse qu’il n’aurait pas cru possible. Et puis le choc retentit, une minute ou deux plus tard, quelques centaines de mètres plus bas. La voiture n’a pas brulé. «  Venez, on descend. » Il n’y a cependant pas besoin de beaucoup pousser pour parvenir à un bel incendie. Eve s’est avancée pour regarder ce drôle de bucher funéraire, elle aussi. Épaule contre épaule sans qu’ils ne s’en rendent compte, ils regardent ainsi la voiture un moment. Finn voudrait la prendre dans ses bras et lui dire que tout ça est fini, que ça ne sert à rien de le regarder, parce que Ludovico n’est rien, mais ça ne marche pas comme ça. Il a besoin de voir, et il sait comment elle fonctionne : il sait donc que elle aussi, et que tenter de la détourner ne sert à rien, pour le moment.

La voix de O’Riordan le ramène à la réalité, et il touche gentiment l’épaule de Eve. Pas longtemps, pas assez pour prendre le risque d’une remarque ou d’une dispute. Ce n’est pas non plus l’étreinte qu’il voudrait, pour lui dire et lui faire comprendre que malgré ses erreurs et tout le chaos qui règne entre eux, il est là, mais c’est déjà quelque chose. « Viens. Rafa a raison. Faut pas rester ici. On va te ramener. » L’éloigner de là, et s’en éloigner, ça lui semble une bonne chose maintenant que l’incendie a vraiment détruit toutes les preuves. Comme si la distance physique qu’ils mettent entre eux et ce faux accident, pour éviter qu’on les repère et qu’on les arrête, pouvait aussi leur permettre de continuer et de tourner la page.

Callahan ne dit rien du trajet de retour, encore hanté par la vision de l’incendie. Sans un mot, il ouvre la portière à Eve lorsqu’ils arrivent enfin au Poplar. Un moment, leurs regards se croisent. Il voudrait dire quelque chose, ne trouve rien, sait qu’elle n’attend rien de lui : la trêve n’a duré que le temps de la soirée et de leur vengeance. « Vas-y. » Finit-il donc simplement par souffler doucement. Une autre fois, il lui parlera. Pour le moment, la gorge nouée, il la regarde s’éloigner et franchir le seuil. La reverra-t-il ? Il n’en sait rien, mais que ce soit la dernière vision qu’il aurait d’Eve terrifie Finn. Pourtant, il finit par remonter en voiture. « Allez, on rentre. » Son second démarre lentement, et la voiture reprend le chemin du Cohan. Il lui faudra longtemps pour oublier l’odeur d’essence et de chair brulée, la voiture qui flambait dans la nuit. Longtemps aussi pour oublier l’expression de son cousin, à la fin. Quant au reste, Eve, l’enfant, la façon dont il a failli y passer…pour le moment, Finn n’a plus envie d’y penser. Plus tard, il y sera obligé. Plus tard, il sera capable de parler à la jeune femme, aussi. Pour le moment, il a encore des choses à faire. Aller voir les italiens et leur parler, pour commencer. Mais tout cela, ce sera demain. Tout ce qu’il veut, pour l’instant, c’est dormir. Il se sent vide et épuisé et se frotte les yeux pour rester éveillé aux côtés de Rafa, avant de caresser distraitement Shane, couché à ses pieds au fond de la Bentley. De toute façon, pour le moment, Finn n’est pas sûr d’être capable de faire autre chose.

(C) CANTARELLA.

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