Let it be (pv Tommy <3 )

Intrigué. Intrigué, c’était le mot juste. Dan avait de toute évidence loupé un épisode. Pourquoi est-ce que Tom lui avait envoyé ce message au lieu de lui parler en personne? Pourquoi il avait pris la peine de lui envoyer un hibou, de mettre le plus de précaution possible à ce qu’il soit le seule à pouvoir déchiffrer son message, et tout le reste alors qu’il savait très bien que depuis l’incident de pré-au-lard, tout le monde était sur le qui-vive et que chaque hibou risquait d’être intercepté? Dan s’était d’abord dit que c’était une punition de plus, histoire de lui faire payer le fait qu’il ait tout foiré avec Aulne. Mais s’il ne voulait plus lui parler directement, pourquoi lui donner rendez-vous alors? Quelque chose lui échappait. Et là, maintenant, il n’avait vraiment pas besoin de ça. Pas là, maintenant, alors qu’il venait à peine d’apprendre que sa soeur était morte, pile au moment ou plus que n’importe quoi d’autre, il aurait voulu s’exiler. Loin de tout, de ceux qui pouvaient lui faire du bien (comme Ines et Jo) comme de ceux qui pouvaient lui faire le plus grand mal. Et en la matière, Tom était le mieux placé.

D’habitude, savoir que Tom le sollicitait, c’était pour lui un plaisir sans nom, mais là, il s’en serait vraiment passé, et sans l’ombre d’un problème, il voulait rester seul. Tom, son soi-disant meilleur ami était contradictoirement la personne la moins bien placée pour lui faire oublier son chagrin. Mais peut-être que sa conversation avec lui remplacerait ses tourments actuel par d’autre, ce n’était peut-être pas plus mal que ça. Il ne savait pas trop. En même temps, ce n’était pas comme si ça allait changer quelque chose au résultat. Tom appelait, il accourait, qu’il soit ou pas dans les dispositions qui vont bien pour apprécier la présence de son maître, ça n’entrait pas en compte. Tom pouvait lui demander n’importe quoi, après tout. Si c’était Tom qui lui avait demandé de tuer Johanna, c’était cruel à dire, mais il l’aurait sûrement fait... S’il en était là où il en était, à attendre, adossé à un mur du hall, à une heure du matin, que son grand manitou daigne apparaître, il ne pouvait s’en prendre qu’à lui-même, voilà tout.

Dan croisa les bras et baissa les yeux en direction de ses chaussures. Généralement, Tom n’était pas en retard. P’têt qu’il cherchait à le punir? Ou p’têt qu’il devait arrêter de penser que chacun des faits et gestes de Tom consistaient à lui faire payer son erreur monumentale. C’était pas le moment de réfléchir à ce genre de choses, il serait fixé assez vite sur ce qui se passait, de toute manière. Et puis, c’était pas plus mal, ce rendez-vous, puisque c’était Tom qui l’avait fixé, il serait bien obligé d’écouter ce que Dan’ avait à dire, et il espérait un peu que les quelques petites choses qu’il avait glané à droite et à gauche pourraient servir à remonter un peu dans l’estime du patron de son coeur.

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Je suis comme un chien mouillé, qui peut se prendre tous les coups
Les plus belles dérouillées, et suivre son maître partout.

Des éclats de verre brisés, des échos hurlants, des résidus de larmes... De toute évidence, Tom avait manqué quelque chose. Au retour de son « petit voyage », il ne put que constater que quelque chose avait changé. Ce n’était pas juste un vague murmure qui flottait dans les airs et l’alertait d’un danger à peine perceptible. Le spectacle qu’il avait sous les yeux lui hurlait qu’il avait peut-être choisi le mauvais week-end pour s’absenter... puisque, de toute évidence, quelque chose avait eu lieu ici, assez puissante, importante pour que, de retour à pré-au-lard, Tom n’y retrouve que des ruines. Armés de leurs baguettes, une foule de sorciers fouillaient encore les décombres. Et pourtant, il était tard. Voilà plusieurs heures déjà que la nuit était tombée. Tom n’eut bien sûr pas la bêtise d’aller demander au premier venu ce qui avait pu se passer. Il préféra se mêler à la foule de sorciers inquiets qui observaient ce champ de ruine d’un air tout à fait interdit et capter les quelques murmures qu’ils s’échangeaient. Trop choqués, encore, apparemment, pour oser hausser le ton. Il pu entendre quelques noms aux hasards... Des noms de morts, des noms de blessés. On parlait d’une arme moldue, on parlait d’attentat volontaire. Beaucoup, également, mentionnaient le nom de Grindelwald.

Bien qu’encore éreinté par l’exercice de la veille, Tom accueillit toutes ces informations avec son habituelle satisfaction malsaine. Quoi qu’il ait pu se passer ici, l’événement augurait de bonnes choses pour lui. De deux rumeurs, Tom préférait croire en celle qui concernait Grindelwald. Les moldus étaient trop idiots pour faire le choix de la moindre agression directe à l’égard des sorciers. Au pire, cela aura été une regrettable histoire de trajectoire... Mais il n’y croyait pas non plus. Au fond, la vérité de cet événement lui importait bien peu. C’étaient les réactions et les interprétations de chacun qui, davantage, iraient en sa faveur. Ces rumeurs ne manqueraient pas, bientôt, d’attiser une haine anti moldus déjà très présente. Et à qui cela pourrait-il plus profiter qu’à lui? Pour ce qui était de Grindelwald et de son coup d’éclat (si pour autant, c’était bien lui qui en était l’auteur)... Tom se chargerait plus tard de saluer ses efforts. Sur le chemin qui mène à la domination du monde, on trouve parfois des compagnons de fortune... Qui n’ont rien de gênants, du moment qu’ils s’écartent au moment venu... Si personne ne se chargeait de faire cesser les agissements de Grindelwald ce serait, au fond, à lui de s’y coller... Personne n’avait le droit de prétendre à la place qu’il avait décrété comme la sienne, presque dès le berceau.

Tom attendit un temps que les ombres épleurées se fassent moins nombreuses avant de quitter les lieux sans risquer de passer pour l’intrus qu’il était effectivement. Il n’eut aucun mal à se rendre jusqu’au lac, il eut plus de difficulté à le contourner. Afin de palier à tous dangers, la sécurité de l’école avait été renforcée. Voilà encore une chose à laquelle il n’avait pas songé, ou presque pas. Fort heureusement, bénéficiant d’une aide intérieure (il avait demandé à Daniel de le retrouver à son retour pour, notamment, remédier à ce type d’éventualités, même s‘il n‘y avait pas cru), et des capacités exceptionnelles que nous connaissons tous (hum), Tom parvint finalement à rentrer au château, sans attirer l’attention (jusqu’ici). ça y est, il pouvait en être certain, à présent, il avait réussi. Complètement. Il ne restait qu’une dernière chose à régler. Cacher le journal, le temps de... Il y remédierait plus tard.

Quand enfin, il parvint à pénétrer à l’intérieur du château, il ne fut en rien étonné que Daniel ait pris la peine de l’attendre, en dépit de tout le retard que les circonstances lui avaient fait accumuler, en bon chien obéissant qu’il était.

« Tu ne m’a pas trop attendu j’espère? » l’interrogea-t-il du ton de celui qui se moquait bien de l’avoir fait poiroter. Si le cynisme était perceptible, son timbre de voix, lui, était plus faible que d’habitude. Autant dire qu’il avait déjà été en meilleure forme...

« J’ai été retardé... par les événements. » Tom guettait la réaction de Daniel, il ne l’avait pas informé du fait qu’Olive se chargerait de tenir son rôle ce week-end. Une punition qui s’ajoutait à toutes les autres. « Toutes mes condoléances pour ta soeur. » ajouta-t-il d’un ton plus indifférent encore qu’auparavant. Le nom de la soeur de Daniel (et Tom s’étonnait d’avoir pris la peine de retenir une information aussi inutile et encombrante) faisait en effet partie de ceux qui avaient été murmurés dans le village en ruines.

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D'où est-ce qu'il venait? Oui bon, ok, de dehors, de toute évidence, Dan n'était pas aveugle. Mais qu'est-ce qu'il était allé foutre dehors? Comment est-ce qu'il était sorti? Quand est-ce qu'il était sorti? Et pourquoi il lui présentait ses condoléances (pas du tout sincère, mais ça, c'est pas comme si Daniel s'était attendu à avoir le moindre soutien de la part de son manitou) maintenant alors que ça faisait plusieurs heures que ça c'était passé, qu'il était au courant. Ils s'étaient vu et il n'avait rien dit du tout. C'était quoi ce bordel?!!!!??? Mais d'où il sortait?

"T'étais où?"

La question était venue toute seule, il avait pas réussi à l'empêcher, elle était trop pressante. Il ne comprenait rien, et il n'aimait pas être dépassé par les événements. C'est quand il se rendit compte que la phrase qu'il venait de prononcer ressemblait très fortement à la question qu'aurait pu poser une femme à son mari lorsqu'elle le retrouve après que celui-ci ait quitté les bras de sa maîtresse, qu'il chercha à se rattraper à tous prix. Mais il le fit très très mal.

"Enfin... j'veux dire. Tu.. enfin t'as pas pu partir, quoi, t'étais..."

Dan tenta de rassembler ses esprits. C'est vrai que quand il avait eu l'occasion de parler un peu longtemps avec Tom, hier, il avait eu le sentiment bizarre que quelque chose clochait. Il n'avait pas su dire quoi, mais il était différent. Il tramait quelque chose, et il ne lui avait rien dit du tout. Même là, il avait encore l'air différent, étrangement plus faible que d'habitude.

L'idée le frappa d'un seul coup. Et si c'était lui? Si c'était lui qui avait détruit pré-au-lard... Mais. Est-ce que c'était possible? Sans lui en parler? En même temps, il était en rogne après lui. Mais pour quelles motivations? Bof, Tom avait pas besoin de motivations pour détruire des vies humaines. Le pire, dans tout ce barda, c'est qu'il imaginait VRAIMENT que son maître était totalement capable de faire tout ça. Il aurait pu trouver ça génial. Mais là, sa soeur était morte, quand même, et l'idée lui traversa même l'esprit quelques secondes que Tom aurait pu détruire pré-au-lard, et par extension tuer Johanna, juste pour le punir. Mais ça, c'était p'têt aller trop loin. N'empêche que quand même, la corrélation des événements était bizarre, non? Il avait apparemment réussi à s'éclipser dehors, et il revenait là, comme une fleur, alors que tout tombait en ruine.
Mais... mais non, ça ne pouvait pas être lui. Il l'avait vu, aujourd'hui. Il l'avait vu, il ne l'avait pas rêvé, quand même. ça aurait dû lui suffire à être rassuré, mais pas du tout, dès qu'il arrivait un truc louche, Dan n'arrivait pas à faire autrement que de l'associer à Tom.

"Dis... C'est quand même pas toi qui... tu sais."

Il ne savait pas comment amener ça, il craignait beaucoup trop SA réaction. Soit il lui rirait au nez, soit il se mettrait en colère, enfin dans sa colère à lui, qui n'avait pas l'air d'en être une. Soit, pire encore, il lui dirait juste froidement qu'il était bien derrière tout ça. En tous cas, Dan voulait en avoir le coeur net.

"Ce qui est arrivé à Pré-au-lard n'a aucun rapport avec toi, hein?"

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L'effet escompté. De toute évidence, Olive avait bien fait son travail, et Daniel n'y avait vu que du feu. Si cela ne pouvait que forcer le minimum syndical de respect qu'il s'accordait à avoir vis à vis d'Olive, il diminuait encore celui qu'il avait (à peine) pour Daniel. Son larbin le plus fidèle, et il était incapable de faire la différence entre lui et celle qu'il disait détester ayant pris son apparence? Tom aurait pu s'en agacer, mais ce n'était pas du tout le cas, il avait en effet compté sur le fait que Daniel tomberait bel et bien dans le panneau. Il fallait au moins cela à ajouter aux diverses punitions que Tom voulait infliger à Daniel (vous me direz, ce dernier venait de perdre sa soeur, on ne pouvait pas être plus puni, mais comme l'héritier n'était pas responsable de cela, il ne risquait pas de se contenter de cet argument). Tom le laissa s'empêtrer dans ses propres paroles, la confusion dans laquelle il se trouvait constituait une satisfaction nettement suffisante. Tom le laissa divaguer à son aise le temps que cela dura, de stupides bafouillements en remarques absurdes. Absurdes mais quelque peu valorisantes. A entendre Daniel, qui sembla un instant presque convaincu que c'était bel et bien lui qui avait détruit pré-au-lard, Tom regretterait presque de n'y être pour rien.

"A ce que je vois, Olive a bien fait son travail." remarqua-t-il avec un calme qui contrastait avec l'air plus que désorienté de Daniel. "Je devais m'absenter ce week-end, je lui ai demandé de prendre ma place."

Il avait employé le ton le plus détaché qui soit pour lui faire part de cette information. Il voulait qu'elle ait sur Daniel l'effet tranchant d'un poignard, et ce serait certainement le cas. Le pauvre serpentard en voyait de toutes les couleurs, en ce moment, et ça n'irait pas en s'arrangeant, bien au contraire... Ce n'était en tous cas pas Tom qui allait l'aider à aller mieux. L'héritier ne répondit pas à la dernière question que lui posa Daniel, au nom du plaisir malsain qu'il avait à le laisser imaginer qu'il pouvait bel et bien y être pour quelque chose. Il pouvait se le permettre, ce n'était pas ce brave toutou qui allait lui poser problème, et ce même si sa soeur était morte. Une telle fidélité était assez effrayante. Tom n'avait jamais su ce qu'il avait bien pu faire pour que Daniel lui devienne si fidèle et si dévoué. Il se contentait d'en profiter. Et de faire avec les quelques aléas que comprenaient une telle dévotion. Oui, il allait laisser Daniel cogiter, cet exercice comporterait plus de risques pour lui que pour Tom.

"A propos de personnes compétentes." Autrement dit "à propos des autres, les gens consciencieux, qui font bien leur travail - pas toi, en gros. "Elena m'a appris certaines informations intéressantes, au sujet de Quibber."

Coups par coups, Tom s'appliquait soigneusement à détruire Daniel, et il ne faisait que commencer. Entendre Tom louer les mérites des larbins que Daniel aimait le moins (louanges qu'il n'aurait très certainement pas fait en leur présence), ce devait déjà en être trop pour lui. Encore plus maintenant qu'il sous-entendait qu'Elena avait réussi là où Daniel avait échoué. Ce n'était pas tout à fait vrai, en ce qui concernait les nouveaux, c'était pas bel et bien Daniel qui lui avait été le plus utile, pour le moment, mais c'était également lui qui avait ralenti le processus, au moment où les convictions de Tom à leurs sujets se faisaient de plus en plus importantes et où il commençait très sérieusement à envisager le fait que les nouveaux pourraient poser plus de problèmes qu'il ne l'avait pensé de prime abord.

Il aurait pu tout de suite tout lui déballer au sujet de ce que lui avait dit Elena, mais cela aurait été trop simple. Il finirait bien par le faire, Daniel pouvait encore lui être utile, dans cette histoire, mais pas avant d'avoir fini d'enclencher tout son processus de destruction. Lui donner le sentiment qu'il ne lui confierait plus rien, voilà ce qu'il cherchait à faire. ça entre autres choses. Il était lui-même assez surpris du plaisir qu'il pouvait prendre à détruire quelqu'un - détruire quelqu'un sans le torturer physiquement - le même plaisir qu'il avait à l'idée de gâcher les vies d'Ines ou de Miyria.

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Grrr... Pourquoi est-ce qu’il lui répondait pas directement? Maintenant, Dan’ s’imaginait le pire. Il imaginait très bien Tom capable de le laisser mariner dans son jus juste pour l’agacer, mais il l’imaginait très bien aussi détruire toute un village, même si la raison qu’il aurait eu à ce geste était pas encore très clair dans son esprit. Mais en même temps, il ne savait pas non plus pourquoi il était parti tout le week-end, ou pourquoi il avait carrément demandé à Olive de prendre sa place (Dan devinait qu’il devait s’agir d’une sombre affaire de polynectar), ou pourquoi il ne lui en avait même pas touché un mot (mais ça, il devinait que ça devait faire partie de tous les plans qu’il utilisait histoire de se montrer cruel avec lui, et ils marchaient tous très bien). Résultat : Dan’ se sentait trahi et totalement humilié. Et dire qu’il n’avait rien remarqué du tout. ça voulait dire que quand il avait parlé à Tom, ce week-end, il parlait à Olive... Teuh! La honte, la honte... Il arriverait plus à regarder Oly dans les yeux, maintenant. Il était passé pour le gros ridicule de service. Génial. Il n’avait vraiment pas besoin de ça en ce moment.

Et maintenant, il lui causait de Gordon. Il voulait l’achever, ou quoi? Une vraie torture. C’était bien la première fois de sa vie qu’il discutait avec Tom et qu’il considérait ça comme une torture. Enfin, d’habitude, c’en était plus ou moins une aussi, mais un genre de torture légère, agréable (enfin bref... il est maso, c’est à ne pas oublier). En plus, il ne se contentait pas de lui parler de Gordon, il en rajoutait en lui disant qu’elle était, en gros, arrivé beaucoup plus loin que lui et avait fait un meilleur boulot que lui. Pas drôle... En plus avec Aulne. Si Tom voulait que cette journée soit la pire de sa vie, il s’y prenait bien, Dan était vraiment en bout. Il se sentait assailli par une extrême fatigue. Sa tête était surchargée d’informations superflues, une horreur.

"J’aurais certaines choses à te dire au sujet des personnes "compétentes" qui sont à son service."

C’était vrai, en plus, il en avait appris de belles. Mais il n’allait pas en parler tout de suite. C’était une question de principe. Même si même Dan ne savait pas sur quoi étaient censés s’appuyer ces principes exactement. Il hésitait aussi à lui demander ce qu’il avait fait de son week-end, mais il était presque sûr que Tom ne lui répondrait pas. Avant qu’il lui apprenne ce qu’il avait fait, il faudrait sûrement attendre que les tensions entre eux se soient dissipés. Sauf que là, à cet instant précis, dissiper les tensions semblait être une attente de l’ordre de l’impossible.

"Qu’est-ce que Gordon a découvert?" demanda-t-il, défaitiste, en sachant pertinemment que c’était la question que son grand manitou attendait qu’il pose.

Il pensait ne plus retrouver le sommeil, mais là, quelque chose martelait si fort dans son crâne qu’il se serait sûrement effondré à peu près n’importe où. Trop de choses dans une même journée. Il voulait dormir, par dessus tout dormir, et oublier tout ça...

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Daniel dissimulait mal sa rancune. Mal parce qu’il y en avait beaucoup trop en lui, lui qui n’était déjà pas d’un naturel très discret quand il s’agissait de dissimuler ses émotions. Sa remarque au sujet de ses autres larbins était-elle fondée? Daniel avait-il vraiment des choses à révéler à leur sujet? Peut-être... si c’était bel et bien le cas, il ne doutait pas que son interlocuteur ne saurait pas se retenir bien longtemps de les lui révéler, même s’il faisait toujours preuve de cette obligation soumise qui l’incitait à ne pas trop en dire et à laisser Tom dire et faire ce qu’il avait à dire et faire sans sourciller. Tom trouvait Daniel prévisible... Plus encore en sa présence. A chaque mot qu’il prononçait, il pouvait anticiper la réaction du septième année sans la moindre difficulté. C’était d’un pratique qu’il ne pouvait nier, et une des raisons pour lesquelles il gardait Daniel à ses côtés. Les membres de son « groupe » qui n’avaient pas encore perdu toute notion d’individualisme pouvaient potentiellement échapper à son autorité, mais pas Daniel. Sa soeur pouvait être morte, il pouvait souffrir au possible, accepter toutes les tortures de sa part, et ne pas se détourner de lui pour autant. Il lui était fidèle. A la vie à la mort. Et si cette fidélité avait tendance à dépasser le futur mage noir lui-même, il ne pouvait que s’en montrer fier. Daniel était l’exemple même de toute cette domination que Tom, bientôt, exercerait sur le monde entier - autant viser large.

« Luna... Apparemment, ce serait le vrai nom de Quibber. Il serait préférable d’approfondir les recherches que tu as faites au sujet de Salem. Si Quibber a construit son identité autour d’une anagramme, il est probable que les autres en aient fait de même. »

Oui, c’était plus ou moins une invitation faite à Daniel de la part de Tom, à continuer cette enquête dont il avait l’air de l’avoir suspendu. Daniel avait été efficace, Tom ne pouvait pas se permettre de le suspendre de cette « mission »... encore moins maintenant que les indices compromettants s’accumulaient en défaveur des six nouveaux. Est-ce que, par ces mots, il laissait une seconde chance à Daniel? On pouvait le croire, mais il ne fallait pas trop s’y fier. Tom n’avait pas fini de faire souffrir son larbin numéro un, il avait en tête deux ou trois idées qu’il lui gardait en réserve. dont une qu’il avait déjà mis en place au cours de sa conversation avec Jo, et dont il achèverait la mise en oeuvre un peu plus tard, au moment où Daniel baisserait au moins un peu sa garde, pensant être à l’abris des foudres de son maître... Mais le fait est que l’on obtenait pas aussi facilement le pardon de Tom Jedusor lorsque l’on avait déçu les attentes de ce dernier, il voulait que le vert et argent l’apprenne à se dépends.

« Je suis conscient que tu es dans une position délicate, je ne t’obligerais pas. Elena sera tout à fait capable de s’en charger. » On pouvait appeler cela de la psychologie inversée, mais il ne fallait pas être fin psychologue pour savoir qu’il n’y avait rien de mieux que ces quelques mots pour faire réagir Daniel, qui s’empresserait de faire le contraire de ce que lui conseillait Tom. Ce soudain accès d’intérêt pour la santé mentale de Daniel était bien évidemment intéressé, mais même si ce dernier serait peut-être capable de le deviner, Tom avait la certitude qu’il saurait bien rapidement endormir sa méfiance. Il n’était pas bien difficile à amadouer... Il n’attendait pas grand chose, qui plus est, juste un peu plus de motivation, afin qu’il fasse au mieux son travail, ainsi qu’un léger regain de confiance... afin que l’un de ses plans puisse fonctionner au mieux. Il attendit donc la réaction de Daniel, une réaction que, une fois de plus, il pensait anticiper.

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Luna.. Alors comme ça, Aulne s’appelait sûrement Luna... C’était un nom qui lui allait vraiment bien, c’était ce que Dan, pensait. ça lui allait beaucoup mieux qu’Aulne. Luna, c’était Lumineux et mystérieux, comme nom, ça lui ressemblait beaucoup, Aulne, ça avait une connotation beaucoup trop obscure pour elle. Ou pas, les nouveaux leur avait vraiment menti de A à Z, ils ne disaient pas leurs vrais noms, ils ne disaient pas d’où ils venaient. Ce qui était dur à comprendre, c’était ce que des élèves de 15-16 ans pouvaient avoir de si horribles à cacher pour devoir mentir autant. Pour Dan, c’était clair que c’était un truc horrible, dont il était question, il avait bien vu le regard que lui avait lancé Luna (fallait qu’il s’habitue à ce nom) quand il lui avait dit qu’il savait qu’elle mentait. Dan se sentait quand même bien piqué que ce soit Lena qui ait découvert ça avant lui, mais il se consolait en se disant qu’elle avait appris ça par hasard. Au fond, elle avait absolument aucun mérite, pas comme lui.

Pendant qu’il lui donnait ses directives, le ton de Tom se faisait un peu moins grinçant et plus sympathique. Dan n’était pas bête au point de ne pas comprendre qu’il y avait quelque chose derrière tout ça, mais il avait l’esprit trop embué pour vouloir réfléchir à ce que ça pouvait être. Il était plutôt content que Tom se soit radouci avec lui, ça lui suffisait largement.

-Non, je m’en occupe. Je veux m’en occuper. Je te promet de rattraper mes erreurs.

Et voilà où il en était. Au beau milieu de la nuit qui suivait le jour où sa soeur avait rendu l’âme, il jurait fidélité à un maître qui ne l’aimait pas et le respéctait encore moins avec cette mécanique parfaite de marionnette de foire. Il était devenu ce pantin ultime qui se voyait réagir mécaniquement aux ordres sans plus même y réfléchir. Il sentait sa conscience de lui-même le quitter peu à peu. C’était sûrement bien mieux comme ça. Ne plus réfléchir et obéir Il n’était pas moins malheureux que n’importe qui, en faisant ça. Et s’il devait connaître un moment fugitif de bonheur, il se réfugierait dans les bras d’Ines, ou irait retrouver Jo.. ou encore se contenterait de montrer à Tom qu’il était meilleur que toutes les Elena du monde. Les autres objectifs n’avaient pas d’importance.

-Il n’y a rien au monde qui m’empêcherait de te servir.

Il avait toujours été d’une larbinitude (ça se dit, ça?) chevronnée, mais là, ça dépassait tout entendement . Il n’était plus à ça près, c’est ce qu’il réalisait. Etre un robot, c’est ce qu’il savait le mieux faire, alors ce n’était pas la peine de lutter. Ce serait un robot, un point c’est tout.

-...même si tu avais tué ma soeur, je continuerais de te servir.

Affreux mais authentique . Daniel lui faisait le serment qu’il n’avait jamais fait jusqu’ici, en tous cas jamais à haute voix.

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Daniel, une fois de plus, réagissait plus ou moins comme Tom l’avait présupposé... mais, une nouvelle fois, avec beaucoup plus d’intensité et d’asservissement qu’il n’aurait cru n’importe quel être humain capable d’assumer... L’héritier ne cherchait pas à comprendre quels étaient ces rouages dans l’esprit de son larbin qui le conduisaient irrémédiablement à s’aplatir devant lui, comme s’il ne pouvait y avoir d’autres alternatives à sa vie. S’il avait tué sa soeur, il le suivrait quand même, à la bonne heure! Tom regrettait vraiment de n’avoir aucun rapport avec tout ça. Enfin, de ce qu’il avait retenu du peu de choses que son cerveau avait bien voulu enregistrer au sujet de la vie de Daniel, il avait encore deux autres soeurs, il aurait toujours la possibilité de se rattraper, à l’occasion... Quand il n’aurait rien de mieux à faire, ce qui, pour le moment, était loin d’être le cas. Il y avait bien trop de choses préoccupantes qui venaient toutes lui tomber dessus au même moment (et encore, il ne savait pas tout) et la fatigue engendrée par son week-end mouvementé (même si, bien sûr, il niait cette fatigue le plus possible) se faisait de plus en plus gênante, elle limitait ses capacités (ô combien infinies, n’est-ce pas?) de réflexion, et il en avait besoin, pour attribuer au mieux à chacun les rôles qui devaient être les leurs, pour que rien dans ses projets futurs ne soient bouleversés.

“Cesse donc avec ça, je n’ai pas tué ta soeur.” répliqua Tom d’un ton un peu las, quoiqu’au possible dénué de tout timbre.

Il aurait bien aimé laisser Daniel cogiter trop longtemps, mais il ne pouvait lui laisser ce prétexte de se montrer contre-productif. Il fallait que chacun de ceux qui le suivaient soient le plus efficace possible, même Daniel qui, en dépit de la basse opinion que Tom avait de lui, faisait tout de même partie des éléments les plus fiables de sa bande. Il n’était donc pas question de laisser son larbin mariner bien longtemps... même s’il voulait laisser cette part de doute qui suscitait la crainte nécessaire à l’extrême domination qu’il avait sur lui.

“Je suis ravi d’apprendre que ces... désagréments n’altereront pas ton travail.”

Ravi n’était pas le mot juste. Tom n’était jamais “ravi”, tout au plus satisfait quand une situation tournait à son avantage, mais la véritable sensation de joie, il ne l’avait jamais connu. Il était seulement convaincu qu’il la connaîtrait quand il aurait enfin obtenu ce qu’il désirait, à savoir rien de plus que le pouvoir absolu.

“Puisque tu fais preuve d’autant d’enthousiasme, j’aimerais que tu me fasses une autre faveur.” (une faveur qu’il n’avait en aucun cas le droit de refuser, bien évidemment). “... au sujet de Morgan Ciallmhar.” Tom ne prit pas la peine de demander à Daniel s’il savait qui il était. Dans la faible potentialité où il ne le saurait pas, il n’aurait qu’à faire des recherches, il fallait bien qu’il fournisse quelques efforts. “... j’aimerais que tu gardes un oeil sur lui.”

Ìl n’en expliquerait pas les raisons à Daniel. Quand bien même il doutait fort du fait qu’il ne révèle quoi que ce soit à qui que ce soit, il n’avait pas la moindre intention de raconter à qui que ce soit ses exploits du week-end (sauf à Olive, au cas où elle l’y contraindrait, évidemment). C’était une chose au sujet de laquelle, plus que toute autre chose, il ne voulait mettre personne dans la confidence. Cet instant, cet exploit lui appartenaient, à lui seul, et il ne le partagerait pas. Daniel ne saurait rien de ce qu’il devait vraiment savoir... Peut-être même que Morgan, en saurait plus à ce sujet, de fait, mais qu’importe. Il n’avait pas besoin de savoir, juste de s’assurer qu’il ne représentait aucune menace.

“Il s’agit seulement de s’assurer qu’il n’a rien appris de compromettant à mon sujet.”

Il aurait certainement été plus simple pour Daniel d’accomplir au mieux sa tâche (qui de toute manière, allait changer de main) si Tom lui avait apporté plus d’éclaircissement, mais il devrait se contenter de cela. Après tout, il n’était pas nécessaire de prendre davantage de mesures avec le serdaigle. Il ne représentait qu’un danger limité.

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Dan’ ne ressentit qu’un tout petit soulagement en entendant que Tom n’y était pour rien dans la mort de sa soeur. Il n’était pas sûr qu’il pouvait le croire à cent pour cent, mais ça le rassurait quand même. Puis c’est vrai que, quand on y réfléchissait un peu, son grand manitou n’avait pas vraiment de raisons de s’en prendre à pré-au-lard. ça lui ôtait un poids quand même. Danny l’avait dit et il aurait respécté sa parole, il aurait suivi Tom, même si il avait découvert qu’il était responsable du décès de Johanna, mais c’était quand même moins douloureux de se dire que tout n’était qu’une méprise gigantesque, un grave accident, dont Tom était éloigné.

C’était beaucoup, beaucoup mieux comme ça.Il sentait une vague de soulagement le traverser, même s’il ne pourrait sûrement jamais être sûr, il ferait comme s’il l’était. En fait, cette conversation commençait à lui faire du bien, parce que Dan commençait à entrevoir comment remonter la pente, chasser ses vieux démons et éviter de se faire hânter par le fantôme de sa soeur. Il fallait qu’il donne tout ce qu’il avait, qu’il donne tout ce qu’il avait au service de Tom, qu’il redouble d’effort. Au fond, c’était ça, le sens de sa vie. Le servir, gravir les échelons, et le rendre fier. Rien d’autre ne devrait compter.

Il sentait qu’il regagnait un peu la confiance de Tom, c’était pas tout à fait ça, mais c’était de mieux en mieux, mieux qu’au début de leur conversation, en tous cas. Il faut dire que c’était vraiment pas rien, ce qu’il venait de lui dire. C’était comme une déclaration. Une déclaration de quoi? ça c’était la grande question. Dan songea un instant aux mots de Jo, qui avait suggéré qu’il était ‘amoureux’ de Tom, et c’est vrai que ça ressemblait un peu à ça, à une déclaration d’amour. Même si bien sûr, Dan préferera dire que c’était une déclaration de fidélité. Il savait qu’il avait gagné des points, avec ça, parce qu’il avait offert à son manitou ce que personne d’autres dans son clan pourrait lui offrir. Oly était liée par Tom par la force des choses, pas par vraie inclination, Lena était trop fière pour s’incliner, Vincent était trop peureux. C’était lui, la seule et unique personne capable d’une fidélité qui n’avait aucune limite. Il le prouverait à Tom, il allait sauter sur l’occasion qu’il lui donnait de le lui prouver. Il allait trouver les failles qu’il fallait trouver, il allait pousser l’enquête le plus loin possible, et au passage, il allait enfoncer les autres, qui se croyaient naïvement à l’abris des foudres de Tom. A commencer par Olive.

“Je serais ravi de te rendre ce service.” Il laissa un blanc. Il voulait bien laisser entendre que ce qui suivrait ne voulait absolument pas dire qu’il n’avait aucune envie d’épier Ciallmhar s’il fallait qu’il le fasse. “Mais j’aurais pensé que tu confierais cette mission à Hornby, puisqu’elle et Ciallmhar sont apparemment très proches.”

Bonne formulation. Comme ça, il laissait à Tom la solution de faire comme s’il était au courant, et il amenait ce détail qu’il avait eu envie de lui dire depuis un siècle. Dès qu’il avait remarqué que le serdy et la serpy s’entendaient un peu trop bien, il avait cherché un prétexte pour pouvoir en parler à Tom, histoire que son opinion d’elle se dégrade un peu. Et, chanceux qu’il était, il avait encore de quoi en rajouter une couche, histoire de bien enfoncer la jeune fille.

“...quoique c’est pas forcément une bonne idée, étant donné tout ce qu’elle s’est permis de raconter à Fitz.”

Le coup de grâce. Quoi de mieux pour remonter dans l’estime de Tom et en faire descendre Olive? Plus la soirée avançait, plus Daniel sentait son moral remonter, au final.

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Daniel semblait avoir trouvé le prétexte idéal pour énoncer plus clairement le fond de sa pensée quant aux larbins de Tom qu’il ne pouvait pas supporter (comme s’il y en avait vraiment beaucoup qu’il supportait de toute manière), ce qu’il avait déjà cherché à dire plus tôt dans la conversation mais n’avait pas dit, de crainte, certainement (et à juste titre plus certainement encore) d’être repoussé dans ses retranchements avant même d’avoir eu le temps de se justifier. Tom était bien plus prompt à accorder son attention à Daniel maintenant que le sujet tombait à pic que si le septième année l’avait fait plus tôt. Pourtant, il ne se montra ni curieux, ni intrigué, c’était le genre d’expressions qu’il s’était toujours refusé d’afficher, par principe... car, bien sûr, il était impossible qu’il doute, qu’il se trompe, ou que certaines choses lui échappent. Sa phobie de l’échec poussée à l’extrême devait le préserver de la moindre faille. Pourtant il en demeurait... encore et toujours. Il y en avait même beaucoup trop, ces derniers temps, à commencer par Hagrid, qui était toujours à Poudlard, sans oublier McGrow, ou ces nouveaux un peu trop fouineurs...

Trop de failles pour le modèle de perfection qu’il était supposé être... Et voilà qu’il y en avait peut-être une autre. Tom prêta à peine attention à la première remarque que Daniel fit au sujet d’Olive, qu’elle soit proche ou non de Morgan Ciallmhar l’indifférait sensiblement (quoi qu’en l’occurrence, ce détail pourrait bien lui servir). Si elle choisissait mal ses fréquentations, c’était regrettable, mais l’héritier avait clairement d’autres chats à fouetter que d’aller réprimander ses membres parce qu’ils pactisaient avec l’ennemi (quel ennemi, d’ailleurs? Si Ciallmhar n’avait rien entendu- ce qui était probablement le cas - il redeviendrait bien vite à ses yeux cet objet d’indifférence qu’il avait été jusqu’alors).

Tom préféra s’intéresser aux mots que Daniel prononça ensuite, et bien qu’il ne laissait rien paraître, l’idée que Pomona Fitz ait pu apprendre quoi que ce soit de compromettant à son sujet ne lui était pas bien confortable. Tom n’avait jamais considéré Pomona que comme une menace lointaine. Bien qu’elle s’intéressait d’un peu trop près à lui et aux gens de son groupe, il ne l’avait jamais considéré comme une menace prioritaire, étant donné qu’elle veillait très minutieusement à ne jamais être trop près de lui, de crainte, apparemment, qu’il ne la pervertisse. Ma foi, si la tâche était aussi aisée qu’elle en avait l’air, peut-être faudrait-il qu’ils aient une conversation tous les deux. Tom savait très bien (et notament par Daniel) que Fitz privilégiait l’intermédiaire de ses “amis” proches pour l’atteindre lui, il serait peut-être temps qu’elle tienne ses informations d’une première main.

Qu’est-ce qu’Olive avait bien pu lui dire à son sujet? Très logiquement, elle n’avait pas pu révéler grand chose, les closes de leur serment servaient tout de même à ça, mais Pomona Fitz était plus intelligente et débrouillarde (il devait malheureusement le reconnaître) que la plupart des crétins écervelés qui peuplaient l’école de magie. Pour preuve, elle n’avait jamais cru aux sourires de façade et aux faux-airs proprets qu’il prenait soin de se donner afin de conserver les apparences. Cela aurait sûrement été préférable... Pas tant pour lui que pour elle. Car nul doute que quand il apprendrait les faits, il ne saurait s’en satisfaire. Mais pour le moment, il ne les connaissait pas encore. Quelque chose échappait à Tom, et ce simple constat avait tout pour lui déplaire.

“Dis moi ce qu’elle a appris.”

Son ton était calme et posé, il ne voulait pas laisser la moindre trace d’inquiétude transparaître dans sa voix. Et pourquoi de l’inquiétude, après tout? Quoi qu’ait pu dire Olive, ce devait être insignifiant, et si ça ne l’était pas, Tom disposait de toutes les armes nécessaires pour intimider la jeune fille, elle qu’il savait déjà parfaitement intimider sans rien faire en temps normal. Il attendit calmement la réponse de Daniel, les bras croisés, comme s’il demandait la plus bégnine des informations. Et pourtant, la réponse de Daniel pourrait bien avoir une influence radicale sur la suite des événements. Encore une chose qu’il n’avait pas planifié... Lui qui aimait pourtant tant le faire.

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Un sourire tout satisfait trônait sur le visage de Dan’, oui un sourire! Oui le jour de la mort de sa soeur! Ben quoi? Il avait trouvé son moyen à lui de dépasser l’épreuve. C’était pas orthodoxe du tout, mais au moins c’était efficace. Dans le feu de l’action, il oubliait carrément tout ce qui avait lieu en dehors de cette conversation, tout ce qui comptait, c’était Tom, et l’approbation de Tom. Il donnerait le meilleur de lui-même, et il serait fier de lui, et il serait le meilleur fidèle qu’il ait jamais eu, et tout irait bien, tout irait mieux. Voilà. Il était déjà ravi de donner à son grand manitou une info qui lui avait échappé, fallait croire, même s’il savait très bien faire mine que c’était pas le cas. Dan n’avait pas envie de le contredire, ça ne lui aurait tien apporté. Toujours tout satisfait, Dan se fit un grand plaisir d’éclairer Tom.

“Je l’ai croisé y’a pas longtemps. Elle m’a demandé ce qui arrivait à Olive, et si ça avait un rapport avec toi...”

Il laissa planer un silence. C’était assez jouissif de se dire que les mots qu’il prononçait, Tom les buvait, il en manquait pas une miette, parce qu’il ne devait pas en manquer, l’info qu’il avait là, c’était une info capitale, une info qui lui permettrait p’têt de regagner l’estime de son soi-disant meilleur ami. Et qui allait baisser celle qu’il avait d’Olive. C’est ce qu’on appelle du tout benef.

“Je lui a dit qu’elle se faisait des films, et que si Hornby déraillait, c’était à cause de McGrow.”

Tant qu’à faire, il préférait tout de suite se déresponsabiliser de tout ce qui avait été dit ensuite, tout était de la faute d’Hornby, lui il avait rien fait. Et c’était vrai en plus, c’était elle qui était allée raconter sa vie à la première venue, et ça, elle allait le regretter amèrement, Dan y mettait un point d’honneur, et il y prenait vraiment beaucoup de plaisir, faut avouer. La part de lui qui était en deuil avait été comme anesthésiée, écraser par cette part de lui qui avait choisi un refoulement brutal, dans l’accomplissement d’un asservissement qui était déjà presque total.

“Sauf que Fitz ne m’a pas cru. Faut dire qu’Olive lui en a dit beaucoup.”

Encore un petit silence, juste pour le suspens, mais pas trop long, parce que sinon, Tom allait s’impatienter.

“Elle avait noté ce qu’elle a dit mot pour mot dans son bouquin, là... comme quoi vos destins étaient liés, que c’était inaltérable, qu’elle ne pouvait plus faire tout ce qu’elle voulait.”

Il aimait pas rappeler ça, ça lui remettait l’épisode du serment inviolable dans la tête, et qu’est-ce qu’il n’aimait pas s’en rappeler!

“Elle a pas deviné de quoi il s’agissait, mais ça fait beaucoup d’éléments, quoi.”

En plus, Pomona Fitz était assez intelligente pour trouver de quoi il s’agissait. Cette fille devenait une gêne. Elle aurait clairement mieux fait de continuer à faire ses petits gribouillages et sans aller plus loin.

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Trop curieuse. Pomona, jusqu’ici, ne lui avait pas semblé être une gêne... elle se montrait certes, beaucoup trop insistante, et clairement trop fouineuse, mais avant ce jour, il y avait toujours eu cette barrière invisible, qu’il représentait, qui l’empêchait d’être dangereuse. Jusqu’ici... il allait falloir qu’il reconsidère le regard qu’il portait à la verte et argent, qui pourrait s’avérer être une menace bien plus grave qu’il ne l’aurait supposé. Visiblement, il l’avait sous-estimé. C’était une erreur qu’il ne ferait plus. Puisqu’elle en savait trop, puisqu’elle semblait décidée à en savoir plus encore, il allait falloir lui montrer ce qu’il en coûtait de se mêler de ses affaires. Pomona Fitz allait l’apprendre à ses dépends... et de façon douloureuse... la plus douloureuse possible. C’était une affaire qu’il devrait régler... ou faire régler, plutôt. Mais pas par Daniel, il était hors de question qu’il manifeste la moindre once de contrariété en sa présence à ce sujet... Qui plus est, il avait déjà une idée assez précise de la revanche qu’il voulait prendre sur la curiosité de la jeune fille.... Une revanche beaucoup plus... distrayante.

“Très bien.”

Il n’ajouterait rien de plus à ce sujet. Daniel resterait extérieur à l’affaire Pomona Fitz. Pour le moment en tous cas. Il était hors de question qu’il ne se disperce trop, lui qui était déjà en difficulté avec la seule tâche qui lui avait été confiée. Il ne se servirait de Daniel qu’en dernier recours, pour le moment, cette information, qui avait franchi ses lèvres plus tôt, ne lui appartenait plus.

Cette conversation avait été riche en informations, plus encore que Tom ne l’aurait supposé, tant mieux, il n’aurait pas perdu son temps. Choisir une conversation avec Chaser si peu de temps après s’être volontairement dépossédé de lui-même n’avait pas été une décision sans failles, il le savait très bien, mais certaines conversations ne pouvaient se permettre d’être reportées. Et de toute évidence, il était hors de question, pour celle-ci qu’elle le soit, étant donné toutes les informations qui y avaient été échangées. Une conversation certes dense, mais qui en arrivait à son terme... ce qui n’était pas pour déplaire à Tom, encore fatigué de son expérience, qui pour une fois, cèderait à ce sommeil qu’il se targuait de ne jamais ressentir... Tout était dit... ou presque... il ne restait qu’une seule chose. Une chose bien moins importante que ce qui avait pu être dit jusqu’ici, mais qui devait l’être tout de même.

“Tu peux disposer...”

Disposer... bientôt, il restait une dernière chose à dire, qui devait passer pour la plus naturelle possible, même si Tom n’avait pas forcément grand besoin de soigner son mensonge, étant donné qu’il s’agissait de Daniel, et qu’il était prêt à croire en presque tout ce qu’il pouvait bien dire. Il n’y manquerait sans doute pas une fois de plus. Son ton se fit moins froid, plus doux comme l’expression de cette amitié qu’il chercherait généralement à contenir. Evidemment, ce n’était qu’un leurre.

“Au passage. Je ne suis pas de la meilleure compagnie qui soit, dans ce genre de situations, je sais bien. Mais à ta place, j’éviterais de trop m’appuyer sur l’épaule de certains.”

Il marqua une légère pause, presque théâtrale, prenant le pas sur la question que Daniel ne tarderait sûrement pas à lui poser, à savoir de qui parlait-il.

“Je veux parler de Benett.” Voilà où il voulait en venir, un point stratégiquement moins important que les autres, mais qui complèterait définitivement la “punition” de Daniel. Car si celui-ci pensait très certainement avoir payé sa dette, il ignorait qu’il en avait fait encore trop peu pour que l’Héritier lui accorde son “pardon” aussi vite. “Je ne dis pas que tu ne peux pas compter sur elle... mais je crois qu’elle se sent un peu trop concernée par toi.”

Planter ce soupçon dans l’esprit de Daniel, attende que gème la graine... et la relation entre les deux serpentards se déterioreraient sans doute très rapidement. Oh, il n’était en rien sûr de ce qu’il avançait au sujet des sentiments de Jo, ce n’était pas le genre de choses auxquelles il s’intéressait d’ordinaire. Peu importe s’il y avait quoi que ce soit de fondé ou non dans ses propos, seule importait l’atmosphère de doute qui en résulterait.

“Ce n’est qu’une observation, fais-en ce que tu veux.”

Le plus grand mal, de préférence. Ces mots prononcés, il tourna les talons. Décidé à quitter les lieux. Il n’y avait rien de plus à ajouter.

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Dan était un peu déçu, faut avouer qu’il avait un peu espéré que vu qu’il venait de tuyauter Tom, son grand manitou lui ferait l’honneur de s’occuper de Pomona. Mais apparemment, il allait devoir s’asseoir dessus. Dommage... Il n’insista bien sûr pas, parce qu’il n’avait pas le droit d’insister en compagnie de Tom le Superbe, donc il fit ce qu’il savait le mieux faire, la fermer et attendre que ça passe. Et là, ça passerait vite, finalement, puisque leur conversation était déjà fini. Il faut dire qu’ils avaient un peu fait le tour de toutes les questions qu’ils devaient soulever. Dan était quand même assez soulagé à l’idée de pouvoir rejoindre son lit et céder à la fatigue. Il se sentait bien à côté de la plaque, la journée avait été chargé en émotion, et même Tom, même si c’était bizarre à dire, n’avait pas l’air complètement dans son assiette (mais cette idée lui semblait tellement dingue qu’il se demandait s’il ne subissait pas les effets d’hallucinations ou autre). Danny, croyant que c’était bel et bien fini, avait déjà tourné les talonsx, prête à s’applatir comme une masse sur un oreiller bien douillet, mais alors qu’il avait fait un premier pas vers la salle commune, son grand manitou le réinterpella.

Dan’ n’en crut pas oreille, c’était que le ton de la voix de Tom avait presque l’air sympathique et compréhensif. Il tenait un peu de ce ton qu’il utilisait quand il faisait très rapidement mine d’être son meilleur ami, en public (et encore, ça faisait un moment qu’il ne s’était plus franchement donné cette peine). Il voulait lui donner des conseils? Vraiment? Bien sûr que ça sentait le coup fourré, mais Dan ne pouvait pas s’empêcher de se montrer un peu curieux. Et même un peu heureux, oui, parce qu’il avait toujours cet espoir qui, oui bon, allait chaque jour en s’amenuisant, que Tom, lui rendrait de cet amitié (ouais, j’ai dit amitié) que Dan lui donnait au centuple. Il gardait l’espérance de compter au moins un tout petit peu pour lui, et dans des moments comme celui-là, même si c’était insensé, il se satisfaisait du bonheur qu’il avait à imaginer, même une petite seconde, que Tom pouvait se soucier de lui.

Il voulait lui parler de Jo... Qu’est-ce qu’il devait comprendre par là? Dan aurait pu faire la part des choses, et se méfier, mais il n’en était pas franchement capable, et il ne pouvait pas s’empêcher d’avoir des doutes. Est-ce que Tom essayait de lui dire que Jo était... amoureuse de lui? Non, c’était pas possible. Ou bien? Et si c’était le cas? Jo était une amie précieuse, il voulait pas la perdre, mais en même temps... Il allait p’têt devoir tirer certaines choses au clair avec elle. De toute manière, en la présence de Jo, il arriverait pas à faire comme s’il n’avait rien entendu de ce que Tom venait de lui dire.

“Ah.. euh.. merci... Bonne nuit.”

Mais quand il dit ça, Tom avait déjà tourné les talons, laissant Dan’ seul à sa réflexion. Tout en cogitant, il retourna lui aussi à sa salle commune.

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