Entre préfets [pv Messaline]

Les examens avaient commencé il y a deux jours. Si Tom n'échappait pas à la règle et était également en période d'examen, il ne subissait pas la pression et le stress qu'il observait chez bon nombre de ses camarades. Il y avait deux raisons à cela : la première étant que les contrôles de fin d'année qu'il devait passer n'avaient pas l'importance ou la difficulté des BUSE ou ASPIC auxquels était confronté une partie des élèves de l'école, la deuxième étant qu'il n'avait aucune raison d'angoisser au sujet de ses examens, puisqu'il avait l'inébranlable certitude d'obtenir la note optimale dans toutes les matières, considérant son intelligence comme supérieure (malheureusement pour son égo, ses résultats lui donnaient souvent raison). Les examens étaient le cadet de ses préoccupations, il en avait d'autres contre lesquelles il les troquait volontiers. Les BUSE et ASPIC avaient commencé, cela signifiait que la fin de l'année approchait, et autant dire que Tom ne ressentait pas une impatience particulière à l'idée de quitter Poudlard pour retourner à l'orphelinat où il était bien forcé de retourner, puisqu'il n'était pas encore majeur, d'autant plus qu'il aurait aimé mettre fin au problème « voyageurs » avant le début de l'été. Ceci dit, ce problème devrait être réglé sous peu, si du moins Olive faisait correctement son travail, et elle y avait tout intérêt.

A ces examens de fin d'année s'ajoutait une tâche qui incombait tout particulièrement aux préfets. Ils devaient prendre sur leurs heures de libre pour aider les professeurs de l'école à surveiller les élèves de cinquième et septième année qui devaient subir deux semaines intensives de devoirs à répétition. La tâche n'avait rien de bien glorieuse, il s'agissait avant tout de regarder des élèves qui n'avaient jamais été aussi disciplinés s'atteler à leur tâche, ne pas succomber à l'ennui, et accompagner les malheureux qui avaient un besoin pressant jusqu'aux toilettes afin de s'assurer qu'ils ne tricheraient pas entre deux. Autant dire qu'il s'agissait d'un boulot ingrat, et d'une véritable perte de temps, mais Tom ne pouvait décemment pas faillir à ses fonctions, alors il s'y était attelé comme s'il s'agissait de la meilleure chose au monde. Ce jour là, il devait surveiller l'épreuve théorique de sortilèges et enchantements, il n'avait bien sûr eu aucun droit de jeter un œil au sujet (des fois qu'il lui viendrait l'idée parfaitement saugrenue de venir en aide à ses camarades), ce qui, sans être frustrant, était dommage, car réfléchir aux réponses lui aurait fourni un moyen de s'occuper. Sa charge était partagée avec le professeur d'étude des moldus de Poudlard et avec Messaline Janson, une poufsouffle avec laquelle il n'avait en commun que le fait d'être préfet. Il n'avait ni sympathie, ni antipathie particulière à son égard, la vérité était qu'elle l'indifférait totalement.

La cloche sonna la fin de l'épreuve. Tom et Messaline étaient chargés de récupérer les copies des élèves et de les poser sur la table du professeur surveillant. Certaines copies devaient presque être arrachés des mains d'élèves qui, fébrilement, laissaient encore courir leurs plumes sur leurs parchemin, dans l'espoir de grapiller quelques secondes de plus. La poufsouffle quitta la grande salle, où avait lieu l'épreuve, avant Tom, ce dernier s'apprêtait à l'imiter quand il vit un sac posé contre le mur, qu'aucun des élèves sortis n'avait cherché à récupérer. Il devait appartenir à la préfète. Partagé entre l'envie de faire comme s'il n'avait rien remarqué et celle de conserver son rôle de parfait préfet, aimable et toujours attentif aux autres, il choisit finalement de récupérer le sac en question pour le rendre à Messaline. Il la trouva dans le hall, sûrement sur le point de rejoindre sa salle commune.

"Messaline."

L'interpella-t-il tout en se dirigeant vers elle. Il lui tendit son sac.

" Je crois que tu as oublié ça."

Il lui adressa, comme à beaucoup, un sourire tout à fait charmant (aussi charmant qu'hypocrite, mais Tom était bon comédien). Ce que c'est que d'avoir un rôle et de s'y tenir.

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Invité

Le temps était au beau fixe en ce deuxième jour d’examens à Poudlard, et Messaline aurait préféré être dehors à rêvasser près du Lac ou à plaisanter avec ses amis. Mais non, la jeune Poufsouffle était Préfète de sa maison, et lorsque l’on est Préfet, l’on a des tâches à remplir et il faut les assumer…

Comme cette tâche totalement inutile qu’est celle de surveiller les examens. Comme si un Professeur qualifié n’était pas assez en mesure d’impressionner les élèves qui pourraient avoir l’envie de tricher ! La jeune fille profitait de ces quelques heures d’épreuve théorique de Sortilèges et Enchantements pour réviser ses cours. Bien qu’elle ne passait ni ses BUSE (auxquelles elle avait obtenu de bonnes notes l’année précédente) ni ses ASPIC qu’elle attendait avec impatience car il sonnerait la fin de sa scolarité à Poudlard, la jeune sorcière passait elle aussi des examens de fin d’année. Elle ne se faisait pas trop de souci. Certes elle ne visait pas le Optimal, mais elle savait qu’elle les réussirait, quoiqu’il arrive. Elle avait toujours été une bonne élève sans faire trop d’efforts.
Ce jour-là elle surveillait l’épreuve en compagnie de Tom Jedusor, un autre Préfet, celui de la maison Serpentard. Il était vraiment charmant, et la jeune fille faisait partie des nombreuses élèves, toutes maisons confondues, qui pourraient succomber à son charme. Cependant, Messaline sentait qu’il avait quelque chose à cacher. « Trop poli pour être honnête » aurait dit sa mère, et elle pensait pareil. Elle jeta un coup d’œil furtif vers son camarade, qui semblait plongé dans des pensées particulièrement lointaines.

Après tout, elle ne le connaissait pas. Ils se côtoyaient souvent de par leur statut de Préfets, point. E-dehors de leurs tâches, ils ne s’étaient jamais vus ni jamais parlé.
Enfin, la cloche sonna, annonçant que l’épreuve était terminée. Messaline soupira, elle allait bientôt pouvoir souffler avant de retourner à ses révisions. Quelques élèves de Cinquième et Septième année rendaient leur copie avec un large sourire, persuadés d’avoir réussi à merveille leur épreuve. Messaline souriait intérieurement en prenant leurs copies, car ce sourire satisfait allait certainement disparaître de leur visage le jour où ils verraient noté « Acceptable » sur leur bulletin scolaire.

Cela permettrait cependant aux élèves de Cinquième année de pouvoir revoir leurs priorités.
Tout en ramassant le reste des copies, elle songeait qu’elle-même d’ailleurs n’était toujours pas certaine de la carrière qu’elle souhaitait suivre une fois sortie de Poudlard. Il ne lui restait qu’une seule année pour y réfléchir…

Après avoir posé les copies sur le bureau du Professeur qui avait surveillé l’épreuve avec eux, Messaline adressa un sourire à celui-ci ainsi qu’à son camarade Tom et quitta directement la Grande Salle, pressée de retourner à sa Salle Commune afin d’y retrouver ses amis. Le chemin vers celle-ci n’était pas long depuis la Grande Salle où s’était tenue l’épreuve de Sortilèges et Enchantements, puisque la Salle Commune des Poufsouffle se trouvait au rez-de-chaussée. Messaline appréciait cette position géographique dans le château de Poudlard, car cela lui évitait d’avoir à emprunter les trop nombreux escaliers qui s’amusaient bien trop souvent à son goût à changer de décision quant à la destination à la place de celui qui grimpait les marches.
Elle allait tourner dans le couloir juste avant sa Salle Commune lorsqu’une voix l’interpella. En se retournant, elle vit Tom Jedusor, souriant, un sac à bandoulière noir à la main.

« Je crois que tu as oublié ça », dit-il d’un ton très (trop ?) sympathique.

La jeune sorcière se sentit tout à coup stupide. Comment n’avait-elle pas pu remarquer qu’elle avait quitté la Grande Salle sans ses affaires ? Heureusement que le jeune homme n’avait pas ouvert son sac, il aurait pu y découvrir la photo de sa famille prise avec un appareil à photos moldu, et aurait pu du coup découvrir qu’elle était de Sang-Mêlé. Et lui qui était un Serpentard…

« Merci, je ne m’étais pas rendu compte que je ne l’avais pas pris ! » dit-elle très simplement, un sourire accroché à ses lèvres, faisant ressortir ses petites fossettes.
« C’est très gentil de ta part de me l’avoir rapporté, tu devais avoir mieux à faire. » continua Messaline, persuadée que la gentillesse du jeune Serpentard n’était pas toujours totalement sincère.

Tom avait mieux à faire que de rapporter ses affaires à la préfète, ça ne faisait aucun doute. N'importe quoi valait mieux que de s'amuser bêtement à rendre service à une jaune et noir, mais si l'Héritier le pensait, jamais il ne l'aurait dit de vive voix. À l'instar de la plupart des verts et argent, qui prenaient visiblement un malin plaisir à s'en prendre plus ou moins violemment à tous ceux qui n'appartenaient pas à leur maison ou qui avaient commis l'impardonnable erreur (comme si c'était de leur faute) d'être de sang mêlé ou pire, d'être nés de parents moldus, Tom ne faisait jamais preuve d'animosité, à l'égard de qui que ce soit, ou alors il ne le faisait que très indirectement. Pour cette raison, beaucoup d'élèves ne voyaient en lui qu'un garçon propre lui, étonnamment charmant pour un serpentard, la qualité première des verts et argent n'étant de loin pas la politesse et l'altruisme. Certains, de fait, se montraient un brin suspicieux (trop suspicieux pour certains, et sans raisons valables pour beaucoup), pour les autres, ceux qui ne l'appréciaient pas outre mesure n'avaient au moins aucun grief à formuler à son encontre. Un proverbe disait, « si tu veux la paix, prépare la guerre », de son point de vue, c'était plutôt un proverbe inverse qui motivait ses faits et geste : « si tu veux la guerre, prépare la paix » .

Le préfet des verts et argent ne se formalisa pas du fait qu'elle s'adresse à lui en ces termes. Il était normal qu'elle s'interroge sur ses motivations, puisque peu d'élèves de serpentard réussissaient à trouver naturel le fait de venir en aide à son prochain, même si c'était simplement pour rendre un sac, encore moins quand le prochain en question appartenait à une autre maison. Les serpentards avaient tendance à faire bande à part et à prendre de haut tous les autres, Tom, s'il n'avait pas conscience des avantages qu'offrait le fait de se faire une bonne réputation, n'échapperait peut-être pas à la règle. Mais en l'occurrence, la question ne se posait pas, aux yeux de tous, Tom Jedusor devait être un jeune homme poli, aimable et bien élevé.

« Penses-tu, je suis sûr que tu aurais fait la même chose. »

Fait peu probable, Tom se targuait de ne pas être suffisamment tête en l'air pour pouvoir oublier quoi que ce soit où que ce soit.

« Personnellement, je n'apprécierais pas que mes affaires soient volées ou tombent entre de mauvaises mains. »

Est-ce que des mains plus mauvaises auraient pu tenir le sac de Messaline, il est difficile de parier là-dessus. Notons tout de même qu'il n'avait pas profité de la situation, il n'y aurait rien eu de plus simple pour lui, pourtant, que de fouiller les affaires de la jaune et noir. Mais quel intérêt y aurait-il trouvé ? Aucun, lui semblait-il. Il ne prenait pas de plaisir particulier à s'immiscer dans la vie privée des gens quand cela ne pouvait pas servir ses desseins personnels. Le ton de Tom était d'autant plus poli que pour une fois, il n'aurait pu être plus sincère. Voir une affaire à laquelle l'on tenait être dérobée, entre de mauvaises mains, Tom avait connu ça il y a peu avec le vol de son journal intime, qu'il n'était toujours pas parvenu à récupérer.

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Invité

Messaline ne savait pas si elle aurait réagi de la même façon dans le cas où Tom aurait pu oublier ses affaires. Tom ou qui que ce soit, d’ailleurs. Ce n’est pas qu’elle n’était pas serviable, juste qu’elle se fichait des gens en général. Peut-être que si c’était Tom qui avait oublié son sac elle l’aurait suivi pour lui rendre, ne serait-ce que pour lui parler. Et oui, la jeune fille était assez charmée par le jeune homme, et aurait bien aimé arriver à le cerner d’avantage !

Étrangement, le jeune homme lui rappelait quelqu’un, c’est pour cela qu’elle se sentait tant attirée par lui. Le plus agaçant, c’est qu’elle n’arrivait pas à savoir à qui il lui faisait penser… Elle avait beau se creuser les méninges, elle ne parvenait pas à se le remémorer.

« Personnellement, je n'apprécierais pas que mes affaires soient volées ou tombent entre de mauvaises mains. » dit le jeune Serpentard d’un ton très aimable, ce qui laissa Messaline échapper un petit rire.

« Tes mains sont-elles bonnes ? » demanda-t-elle au vert et argent, tout en continuant de rire.
Ce n’était pas un rire joyeux, plutôt un petit rire moqueur. Ce jeune homme se targuait-il d’être quelqu’un de totale confiance ? C’était exagéré… Même si elle n’avait jamais particulièrement entendu parler de Tom Jedusor en mal, ce n’était pas pour cela qu’il était blanc comme neige. Son air trop poli en était une excellente preuve, il cachait quelque chose.

« Je dois reconnaître que tu n’as pas l’air d’être quelqu’un de curieux, à l’inverse de beaucoup d’élèves ici… »

En effet, les élèves de Poudlard, toutes maisons confondues, étaient de réelles fouines… Toujours à vouloir tout savoir sur les autres, quitte à fouiller dans leur vie privée… Et Messaline ne supportait pas cela. C’est bien pour cette raison qu’elle avait lancé un enchantement sur une boîte cachée dans le tiroir de sa table de chevet dans le dortoir des filles de la maison Poufsouffle.

« Les Serpentard ne sont-ils donc pas suspicieux entre eux ? » demanda Messaline à son camarade. « Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai l’impression désagréable que tout le monde est en permanence en train de surveiller et de soupçonner les autres… »

Le mains de Tom ? Aussi propres que s'il les avait baigné pendant dix ans dans de l'eau bénite, voyons ! Quelle méfiance, franchement. Tout ça pour un simple sac à dos. Ne pouvait-elle donc pas se contenter de le prendre et vaquer à ses occupations ? On parlait fréquemment de la haine qu'accordaient les serpentards aux gens des autres maisons, il était plus rare que l'on mentionne la défiance que pouvaient avoir ceux de ces autres maisons à l'égard des verts et argent. Par moments, cette défiance frisait la paranoïa. Certes, tous ceux qui se méfiaient de Tom avaient parfaitement raison de le faire, mais il était difficile de comprendre quelles étaient les raisons de cette méfiance, étant donné qu'il ne faisait rien pour l'attiser. Enfin... qu'importait leurs raisons, à tous ces gens, ils pouvaient avoir autant de doutes qu'ils le voulaient, ils n'auraient jamais de preuve, et c'était tout ce qui comptaient. Quand Messaline remit en cause le fait que ses intentions puissent être pures, il se contenta d'adresser à la jaune et noir un très léger sourire. Il n'avait aucune raison de mal prendre sa réflexion, il ne pouvait rien faire d'autre que de prendre les choses à la légère. Pour une fois, il avait toutes les raisons de le faire, d'ailleurs, il n'agissait qu'au nom de cet acquis de conscience qu'il se devait d'avoir en tant que parfait élève. Le cas de Messaline lui importait peu. Tant qu'elle ne se mêlait pas de ses affaires, peu lui importait.

Messaline admit finalement que Tom n'était pas « curieux »... était-ce vrai ou non, ça. Tom n'était pas curieux de nature, mais sa position l'obligeait forcément à faire attention aux autres, et à ce qui se passait autour de lui. Ce n'était que de cette manière qu'il pouvait s'assurer que ses plans ne seraient pas mis à mal. Ceci dit, de façon générale, la vie des autres ne l'intéressait absolument pas. Tout comme les autres ne l'intéressaient pas non plus. Donc en ce sens, oui, il n'était pas vraiment curieux.

La jaune et noir poursuivit son propos en décrétant que les gens, à Poudlard, passaient leur temps à se soupçonner. Elle n'avait pas complètement tort, quand on y réfléchissait. Il y avait, à Poudlard, plus de complots, d'alliances, et de soupçons que quiconque pouvait être susceptible d'imaginer. Même Tom, qui était tout de même aux faits de beaucoup de choses, en ignorait certaines (grand mal lui fasse). Oui, tout le monde soupçonnait tout le monde... et c'était, au fond, une phrase étrange à entendre de la bouche de quelqu'un qui, de toute évidence, faisait preuve d'une certaine défiance à son égard, et ce sans raisons particulières.

« Et apparemment, tu ne fais pas exception à la règle, puisque j'ai le sentiment que tu ne me fais pas confiance. »

remarqua Tom non pas avec agressivité, mais sur le simple ton de la conversation, comme s'il se contentait de plaisanter à ce sujet.

Il ne faisait que constater ce qui était, après tout.

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