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 Il faut qu'on parle (Morgan)

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Pomona Fitz
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Message#Sujet: Il faut qu'on parle (Morgan)   Il faut qu'on parle (Morgan) Icon_minitimeMar 12 Juil - 11:37

Tout avait commencé au petit déjeuner, son calvaire avait commencé au petit déjeuner. Pour la première fois depuis de début de l’année, les parents de Pomona, qui ne lui donnaient jamais de leurs nouvelles en temps normal, lui avaient apporté une lettre.

Pomona n’eut pas besoin de l’ouvrir pour comprendre que cette lettre devait forcément être annonciatrice d’une mauvaise nouvelle.

En matière de mauvaises nouvelles, ses parents savaient y faire. Il y a peu, ils lui avaient annoncé qu’ils avaient dans l’intention de la marier, à croire que les récentes fiançailles de Jo avec l’héritier Everard leur était montée à la tête et leur avait donné de mauvaises idées.

Que ce genre de verdict tombe un jour ne surprenait pas vraiment la vert et argent, elle avait toujours pressenti que, puisqu’elle n’avait nullement l’intention de se marier un jour, ses parents finiraient bien par l’y contraindre.

Quand beaucoup de petites filles rêvaient du prince charmant, et d’un beau mariage, les rêves de Pomona étaient différents. Elle voulait être écrivain, elle voulait être ethnologue. Elle voulait vivre seule et indépendante, certainement pas à la botte d’un mari qu’elle devrait nourrir. Et bien sûr, l’avenir idéal qu’elle s’imaginait excluait la présence du moindre enfant, elle n’avait absolument pas la fibre maternelle, et doutait fort de l’avoir un jour.

D’une manière ou d’une autre, Pomona avait soupçonné que cette lettre avait un rapport avec son futur mari, dont, jusqu’alors, elle ignorait l’identité. Elle ne s’était effectivement pas trompée.

Le verdict était tombé, et il était loin de plaire à Pomona.

Morgan Ciallmhar. Pomona ne voulait, pour tout l’or du monde, n’être attachée à personne, mais l’idée de l’être au serdaigle plus qu’énervante, était particulièrement dérangeante. En raison de leur semblant d’amitié passée, et du soin qu’elle mettait à présent à ne plus lui parler.

Cette fois-ci, cependant, une conversation était de mise. Pomona le savait bien, et elle devait le faire au plus vite. Plus tôt ce serait fait, mieux ce serait.

Poudlard était grand, mais Pomona avait l’avantage de bien connaître l’emploi du temps de Morgan, si bien qu’il ne lui fut pas difficile de connaître les moments où elle serait susceptible d’avoir une conversation avec lui.

Elle avait choisi de l’attendre à la fin d’un de ses cours de la journée, à un moment où elle-même serait libre, et où elle savait qu’elle aurait un peu de temps pour parler, et lui aussi.

Elle choisit de l’attendre à la fin de son cours d’histoire de la magie. Elle était arrivée plusieurs minutes à l’avance, au cas où leur professeur les lâcherait plus tôt, elle dû donc attendre que les élèves sortent, adossée à un mur, se donnant l’occasion de réfléchir à la façon dont elle amènerait les choses. Comme s’il existait une façon de faire dans ce genre de situation.

Enfin, un brouhaha se fit entendre dans la salle de classe, signe que le cours était terminé. Leur confrontation aurait lieu sous peu, à présent.

Les élèves commencèrent à sortir, bientôt, Pomona l’aperçut.



« Morgan! » l’interpela-t-elle, très légèrement anxieuse, ce qui ne lui ressemblait pas beaucoup.

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Message#Sujet: Re: Il faut qu'on parle (Morgan)   Il faut qu'on parle (Morgan) Icon_minitimeLun 18 Juil - 1:21

    Au fond de la salle, Morgan prenait des notes d'un mouvement paresseux du poignet. Il n'avait pas particulièrement envie de s'investir aujourd'hui et prenait ses cours machinalement, attendant que retentisse la sonnerie, la liberté, la délivrance. Freedooom, freedooooooom (et en musique s'il vous plaît)! Et oui, il aurait terminé sa journée et ce n'était pas trop tôt, il l'avait trouvé particulièrement laborieuse. Pourtant ce n'était pas la pire de ses journées, contrairement au mercredi. Non. Là il commençait tranquillement à 10h30 passait son cours de Défense contre les forces du Mal puis avait deux bonnes heures pour déjeuner en paix, enfin plus ou moins, lorsque Sebastian ne venait pas lui parler de ses dernière inventions (et lui montrait leur efficacité), ou que Melody décidait de lui raconter sa journée de la veille et ses dernières acquisitions vestimentaires. Cela pouvait être aussi Linus qu'il croisait et à qui il devait remonter le moral ou n'importe qui d'autre qui venait troubler son paisible repas. Mais bon... Il ne détestait pas cela et appréciait de retrouver ses amis pour leur parler et rire avec eux. Chaque jour amenait une nouvelle conversation, une nouvelle rencontre parfois c'était agréable et ces heures de repas Morgan en profitait pleinement. Sauf qu'aujourd'hui, aujourd'hui cela n'avait pas été possible. Le serdaigle avait été collé, mis en retenue... A l'heure du repas! Non mais vous réalisez un peu cette abomination? Bon en même temps... Oublier de faire son devoir de DFCM n'avait pas franchement été la chose la plus intelligente qu'il ai jamais faite de sa vie. Mais ça pouvait arriver à n'importe qui! Surtout à un gosse qui avait tendance à faire touts son travail à la dernière minute et qui se rappelait de ses devoirs de mémoire (d'où la nécessité de la dernière minute). Quoi qu'il en soit, il avait été collé, SURPRISE! Résigné, assumant sa faute, Morgan y avait été et aurait supporté ce supplice sans rechigner si seulement il n'avait pas eu avec lui, dans la même salle et pour une raison qu'il ignorait (et que toute façon il ne voulait pas connaître), Ines Stinwick. L'entendre râler, chuchoter, papoter, critiquer pendant 2h sans discontinuer avait été un supplice pour lui. C'est donc le ventre vide, la tête pleine de bavardage inutile et superflus qu'il avait été en cours d'Histoire de la magie. Il en avait espéré un divertissement intéressant, quelque chose pour faire passer la faim qui criait dans son estomac... Peine perdue. Il avait laissé son front cogner sa table en entendant le professeur annoncer le sujet du cour. Et bien oui, même lorsqu'on était passionné d'Histoire, il y avait toujours une période qui écœurait, dégoutait par sa simple évocation. Morgan fit rouler sa tête sur la table en poussant un soupir lassé. Le temps passait si lentement... Sa plume courait lentement sur le parchemin, ses yeux étaient perdus dans le vague.
    Il se redressa légèrement en voyant les autres se lever et ranger leurs affaires, il c'était peut-être assoupi. En jetant un œil à son parchemin et en voyant qu'il c'était interrompu en plein milieu d'une phrase (qui ne suivait plus une ligne régulière et droite mais tombante et croulante) il sut que cela avait été le cas. Tant pis, il se rattraperai sur quelqu'un, ou pas. Jetant son sac sur son épaule, il fit les premiers pas pour sortir de la classe. Par le caleçon de Merlin qu'il avait faim! Il sourit en pensant que c'était pile l'heure du goûter. Parfait! Ça lui permettrai de tenir jusqu'au dîner. Satisfait et salivant à la simple pensée d'une tartine à la confiture de fizwizbizz, il sortit de la salle en saluant ses camarades de classe. Il chantonnait presque, enchanté d'aller dans la grande salle et sa petite mélodie fut interrompu lorsqu'il entendit son nom. Le jeune homme redressa la tête et chercha du regard qui avait pu l'appeler. Et bien franchement il aurait pensé à tout le monde sauf à Pomona, Pomona avec qui il c'était bien entendu, Pomona qui du jour au lendemain ne lui avait plus parlé. Il haussa un sourcil intrigué et pencha la tête sur le côté dans une attitude légèrement enfantine, vraiment surpris.

    -Pomona?

    Si il y avait une chose qu'il avait bien comprise chez la serpentard c'était le fait qu'elle n'agissait jamais sans une raison particulière. Or si Pomona ne lui avait plus adressé la parole depuis tant de temps c'était bien pour quelque chose, il fallait donc qu'il y ai encore autre chose qui la pousse à revenir le voir et quelque chose de suffisamment pour qu'elle soit là. C'était la deuxième chose que Morgan avait compris chez elle, son indifférence sociale. Elle n'aimait pas vraiment entrer dans la société, se catégoriser elle-même et de toute façon s'en portait très bien. Enfin... Peut-être qu'elle voulait simplement revenir lui parler, pourquoi pas? Curieux, un rien suspicieux il s'avança en souriant vers elle.

    -Ca faisait longtemps, tu vas bien?

    Ses yeux verts se posèrent sur la jeune femme en toute innocence, ignorant tout des intentions qui l'avait poussé vers lui. Les gens n'étaient pas toujours, forcément, obligatoirement intéressé... Pas toujours.
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Message#Sujet: Re: Il faut qu'on parle (Morgan)   Il faut qu'on parle (Morgan) Icon_minitimeMar 19 Juil - 9:33

-Pomona?

Morgan était surpris. Comment aurait-il pu en être autrement? Voilà des mois que Pomona ne lui adressait plus la parole, une attitude qu’on pouvait penser enfantine, mais qui n’avait pas le moindre rapport avec un quelconque agissement qu’aurait eu Morgan à son encontre.

Elle ne lui faisait pas « la gueule » à proprement parler, elle avait seulement réalisé que ses conversations avec Morgan ne la menaient plus nulle part, et que l’éternel optimiste qu’il était ne faisait pas bon ménage avec l’infini pessimiste qu’elle était elle-même.

Dans ce cas précis, elle aurait parié tous les gallions que ses parents entreposaient à Gringotts que l’optimisme de Morgan ne lui suffirait pas à encaisser la nouvelle. Pomona ne parvenait pas à deviner quelle serait sa réaction (ce qui la frustrait quelque peu, elle qui aimait tant analyser l’esprit humain) mais une chose était sûre, il serait certainement aussi enthousiaste qu’elle à l’idée que tous deux doivent se marier.


-Ca faisait longtemps, tu vas bien?

Pomona s’étonna de voir la légèreté avec laquelle Morgan s’exprimait, passé un premier moment marqué par l’étonnement. Morgan aurait eu mille raisons de ne pas lui répondre, de l’ignorer ou de lui envoyer au visage un réplique bien sentie, mais à la place, il se contentait… de ça.

Ce pouvait être admirable, mais cela faisait tout de même partie de ce qui agaçait particulièrement Pomona chez Morgan.

"Hum, pas vraiment, non."

Autant aller droit au but, une politesse de rigueur ne lui semblait pas nécessaire tant la situation lui paraissait critique.

Elle ne lui demanda donc pas comment lui-même allait, perdre du temps avec des formalités telles que celles-ci quand elle cherchait surtout à se débarrasser de cette tâche qui lui incombait (même si cela n’arrangerait en rien la situation) était tout ce qui lui importait.

Elle tira donc de sa poche la fameuse lettre qu’elle avait reçu ce jour là, où il était noir sur blanc stipulé que le nom de son futur mari était le même que celui de son interlocuteur.

Quelques gouttes d’encre liaient leurs destins qui, selon Pomona, s’étaient seulement croisés par erreur jusque là. Elle les pensait destinés à suivre des chemins différents, certainement pas suivre cette même ligne ennuyeuse, qui ne conviendrait à aucun d’entre eux.

Pomona tendit la lettre à Morgan, le visage fermé. Elle n’avait pas vraiment eu de réactions très vive à cette nouvelle. Certes, elle n’appréciait guère la situation, mais elle ne s’était pas énervé, avait encore moins fondu en larmes; elle était seulement défaitiste, elle s’était toujours attendu à ce que l’autorité parentale saborde le moindre de ses projets.

Elle ne prononça pas le moindre mot, tout était écrit sur cette lettre, il n’y avait absolument rien à ajouter, elle attendait la réaction de Morgan, consciente que quelle qu’elle soit, cela ne changerait pas grand-chose à l’affaire.

Pomona n’avait même pas envie de se battre pour éviter à ce mariage d’avoir lieu, si elle n’était plus promise à Morgan, elle était prête à parier que ses parents lui trouveraient rapidement quelqu’un d’autre.

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Message#Sujet: Re: Il faut qu'on parle (Morgan)   Il faut qu'on parle (Morgan) Icon_minitimeDim 28 Aoû - 1:36

    Il entendit son ventre gargouiller et posa une main sur son estomac pour le faire taire. Malheureusement pour lui il n'allait pas pouvoir se contenter tout de suite et ne semblait pas prêt de le faire... Tant pis. Si l'esprit de Morgan était aussi léger c'était tout simplement parce qu'il ne voyait aucune raison d'être sérieux dans l'instant présent, il n'avait aucune pensée tragique ou foncièrement désagréable en tête. Le serdaigle était juste soulagé de sortir enfin de cours et d'avoir toute une soirée qui s'annonçait paisiblement devant lui et durant laquelle il pourrait s'étaler sur un des canapés de sa salle commune ou peut-être vagabonder dans les couloirs du château en compagnie de Melody ou de Seb. Peut-être les deux. Morgan était donc à mille lieues d'imaginer de près ou de loin la raison qui avait ramené vers lui la verte et argent. Il avait, pour ainsi dire, laisser de côté cette histoire de fiançailles qui lui était tombée dessus à la rentrée. Ses grands-parents et sa mère n'en ayant pas du tout reparlé pendant les vacances scolaires, il en avait déduit un échec des "négociations" ou un simple abandon de l'idée, ce qui l'avait parfaitement satisfait. Morgan n'avait donc pas trouvé nécessaire de ramener le sujet sur le devant de la scène par peur de le raviver, ou pire: de le voir ressusciter. S'il avait su que son silence n'y aurait rien changé, Morgan aurait très certainement été d'une humeur exécrable pour sa famille et plus particulièrement avec ses grand-parents. En l'absence de son père, ils avaient estimé devoir reprendre une grande majorité des droits paternels et étaient parvenus, avec peine mais non sans succès, à convaincre Eanna de la nécessité de marier son fils. Il fallait perpétré la dynastie, assuré l'avenir de la famille et du rejeton. Il ne pourrait pas se débrouiller seul voyons et puis avoir une femme l'aiderait à entrer pleinement dans la société. L'amour viendrait plus tard, la liberté n'existait pas.

    Le serdaigle n'était pourtant pas un benêt bienheureux et en voyant le visage de Pomona, le ton de sa réponse (légèrement inhabituelle pour une première conversation même venant de la jeune femme), Morgan comprit presque aussitôt que quelque chose n'allait pas. Et il trouvait cela plutôt étrange que la serpentard vienne le voir lui dans cette situation. Pourquoi serait-elle venue vers lui après tant de temps pour lui parler de ses problèmes(oui parce que vu sa tête il ne voyait pas ce que cela pouvait être d'autre), chose qu'elle ne faisait déjà pas auparavant lorsqu'il s'entendaient, alors maintenant... Le sourire de Morgan s'était donc affaissé légèrement, ses sourcils s'étaient froncés, saisissant que la situation était grave quelque part, mais ne comprenant toujours pas le rapport que cela pouvait avoir avec lui. Ses yeux se posèrent sur le parchemin qu'elle lui tendait avant de l'observer à nouveau, cherchant sur son visage les réponses à ses questions muettes. Il saisit lentement le rectangle strié de noir et commença sa lecture.

    Ce fut bref, les parents de Pomona ne faisait pas de détour, comme un jugement rendu et une sentence appliquée dans l'immédiat. Il avait eu peur de comprendre au premier mots d'engagements et de liens, ses yeux verts avaient fini par s'écarquiller doucement à la lecture de son propre nom. Pomona... Pomona. Il aurait pu croire à une blague, lui-même en faisait fréquemment, ce n'aurait été qu'un juste retour. Oui il aurait pu y croire si ce n'avait pas été Pomona en face de lui. Mais d'où leur était venu cette idée à ces vieux croulants !? Ils l'avaient dupé en beauté et lui qui s'était cru tranquille... Il avait été un troll parfait. Il relut la lettre une deuxième fois, machinalement une nouvelle moue sur son visage, un regard hautain inhabituel au coin des yeux. Il en venait presque à détester sa mère, et éprouvait un dédain polaire pour ses grands-parent. Morgan ferma les paupières un moment. Ce n'était pas le moment de se répandre en quoi que ce soir ce n'était pas son style premièrement et ensuite se défouler sur Pomona ne changerait pas sa situation. Il lui rendit son parchemin, son geste accompagné d'un faible soupir. Pomona deviendrait son épouse (le mot sonnait étrangement) ? La déesse Fortune aveugle.... Il n'en doutait plus. C'était... plus qu'inattendu, il ne l'aurait jamais vu venir. D'ailleurs il ne l'avait pas vu venir du tout. Pourquoi on ne le lui avait pas dit à lui directement ? Et pourquoi c'était à Pomona de le lui annoncer ? Il trouvait ça malsain, un moyen détourné pour leur faire admettre cette situation, qui ne plaisait pas du tout au jeune sorcier. Il regarda sa « promise » un moment. Et elle ?


    -T'en pense quoi ?

    Morgan s'arrêta un moment, détourna le regard puis revint sur la jeune femme avant de se reprendre :

    -Je veux dire... Réellement, au fond de toi, qu'est-ce que t'en pense ?


    Ce n'était pas les observations froides et calculées de la verte et argent, qu'il voulait entendre il les connaissait déjà, il se les étaient déjà faites. Non il voulait savoir ce que Pomona avait toujours peur de faire sur elle-même, d'entrer en elle comme elle aimait le faire chez les autres, découvrir cette chaleur à laquelle la jeune femme semblait effrayée de se brûler.
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Message#Sujet: Re: Il faut qu'on parle (Morgan)   Il faut qu'on parle (Morgan) Icon_minitimeMer 31 Aoû - 21:59

Pendant un moment, Morgan ne dit plus rien, il lisait et relisait la lettre, elle le voyait, comme elle l’avait fait elle-même lorsque, quelques instants plus tôt, cela avait été à elle de découvrir le contenu de cette missive, qui scellait leurs sorts sans leur demander leur avis.

Enfin, après un instant, il prit la parole.

"T'en pense quoi ?"

Ouvrant la bouche, elle s’apprêtait à prononcer tous ces mots qu’elle avait ressassé et ressassé. Toutes ces théories qu’elle avait construite autour de sa propre situation afin de ne pas avoir à l’affronter directement.

Morgan l’avait pressenti, et il avait eu raison, Pomona avait voulu observer cette situation avec froideur et distance, comme si elle n’était pas réellement la sienne.

… Cette fois, cependant, elle ne devait apparemment pas échapper à cette auto-analyse qu’elle craignait tant de faire.

"Je veux dire... Réellement, au fond de toi, qu'est-ce que t'en pense ?"

Ce qu’elle en pensait au fond d’elle? À cette question, déroutée, elle referma aussitôt la bouche.

Elle aurait pu choisir de proférer malgré tout le discours qu’elle avait pensé tenir quelques secondes plus tôt, mais elle se retint.

S’interroger sur ce qu’elle en pensait, sur ce qu’elle en pensait vraiment… c’était un exercice désagréable, mais en même temps nécessaire.

Pomona s’adossa au mur le plus proche, baissa les yeux, le regard pointé vers ses chaussures cirées, et ne dit rien pendant quelques secondes.

Ce qu’elle pensait, ce qu’elle ressentait vraiment. Même en regardant au fond d’elle-même, elle ne voyait aucune colère. Il y avait trop longtemps qu’elle savait cette épée de Damoclès au-dessus de sa tête. Elle était résignée.

Non, ce n’était pas de la colère. C’était du mépris, du mépris envers une mécanique à laquelle elle n’avait pas la force d’échapper, du mépris envers ses parents, et envers sa propre faiblesse.

Et c’était de la peine, de la peur. Ce n’était pas la vie qu’elle voulait, jamais.

"Eh bien…"

Pomona agrippa une mèche de ses cheveux bruns, et commença à l’agiter entre ses doigts, geste qui ne lui était pas familier, mais elle n’avait trouvé d’autres moyens de dissiper le malaise qu’elle ressentait.

"Je pense qu’on m’interdira de penser toute ma vie." elle poussa une grande inspiration, enfin décidée à lever les yeux du sol pour les diriger vers son interlocuteur. "Je ne veux pas me marier. Avec toi ou avec qui que ce soit d’autre, je ne veux pas me marier. Ce n’est pas la vie que je veux…"

Non, le mariage ne faisait partie ni de ses projets, ni de ses rêves, elle voulait être seul, indépendante, faire ce qu’elle avait envie de faire quand elle avait envie de le faire. Elle avait cependant toujours su que cela n’arriverait jamais. Cette lettre venait seulement mettre fin à ce qu’il aurait pu rester d’illusion en elle.

"Je vois toute ma vie, et elle est tracée selon un plan que je n’ai pas choisi. Je sais déjà ce qui va se passer. Je vais haïr ma vie, et ensuite je te haïrais, toi." finit-elle d’une voix étranglée.

Sentant les larmes menacer d’intervenir, elle abaissa à nouveau son regard.

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