Elle voit...et elle sait. Elle sait ce qu'elle voit et voit ce qu'elle sait. A la frontière du passé, du présent et du futur, une âme fière et forte existe. Cette âme, c'est celle de Thalia Felicie Baylissa, surnommée, par les habitants du bayou, la sorcière des ténèbres. De cette femme, que retenir sinon sa franchise et l'absence totale d'hypocrisie en son être ? Quand la conscience de l'existence vous habite, vous ne pouvez vous permettre de tromper les autres. Ce serait pure vilenie. Pour cette raison, Thalia ne mentira jamais à qui que ce soit, quel que soit le sujet. Quand on sait, on ne peut taire. Ce qu'elle connaît, Thalia le dévoile. Ce qu'elle déclare, Thalia le pense. Ce qu'elle pense, Thalia le déclare, sans même songer à prendre des gants, soufflant sa vérité dans sa plus pure forme. Ce qu'elle révèle, Thalia ne le fait jamais à la légère. Évoluant dans sa propre conception du monde, la sorcière des ténèbres paraît au-dessus de tout, comme si elle ne faisait que survoler cette existence qui est la sienne. L'expression de ses sentiments est aussi franche que celle de ses pensées. Quand Thalia veut rire, elle le fait aux éclats. Quand son coeur se fait lourd, ce sont des torrents de larmes qui couleront de son regard noir et profond. Et si l'on s'avise de la mettre en colère...Alors, c'est sans nul doute la dernière chose que l'on accomplit de sa vie. La sorcière des ténèbres a sa propre vision de la justice et n'hésitera pas à tuer si elle l'estime nécessaire. Mais jamais elle ne le fera pas par plaisir ou en cherchant à faire souffrir sa victime...Consciente de l'avenir, elle l'est aussi de la mort et de la vie et elle sait donc à quel point cette dernière est précieuse. Elle ne tuera pas sans raisons, y compris s'il s'agit d'un simple insecte. Toute existence a ses raisons d'être et Thalia ne se donnera jamais le pouvoir de l'interrompre sans une raison valable. Reste à savoir ce qu'elle considère comme une raison valable...
Ayant vécu en-dehors de la société, Thalia est illettrée et ses manières mériteraient une petite révision. Mais quelle importance, après tout ? Ce n'est pas en faisant des courbettes qu'elle sera elle-même, en vérité... (Minimum 300 mots)

Thalia aurait pu être une belle femme si elle avait seulement songé à prendre soin d'elle. Mais Lia n'est pas vraiment du genre à se préoccuper des apparences, ce pourquoi elle présente un aspect quelque peu...rebutant. Sa peau, de la noirceur de l'ébène, révèle son appartenance à la communauté noire de la Nouvelle-Orléans, en plus de son accent à couper au couteau, parsemé de sa voix éraillée, en raison de l'opium qu'elle avait pris l'habitude de fumer, de façon tout à fait illégale. Ses cheveux sont arrangés dans des dreadlocks dont elle ne prend guère soin, encadrant son visage fort expressif et son sourire aux dents noircis par sa propre négligence. "La saleté protège des virus", déclare-t-elle souvent à ceux qui paraissent incommodés par son apparence. La jeune femme évolue avec une étrange grâce, assez déconcertante, chacun de ses pas semblant constituer une danse dont personne ne connaîtrait la chorégraphie exacte. Jamais vous ne la verrez porter des vêtements "convenables", cette dernière se sentant engoncée si elle venait à revêtir des habits autres que ceux qu'elle avait pris l'habitude de porter et qui avaient été confectionnés par sa merveilleuse grand-mère, du temps où elle demeurait encore à la Nouvelle-Orléans. Enfin, ajoutons que la demoiselle est plutôt grande, dépassant le mètre soixante-dix, et que son estomac d'oiseau lui offre un physique plutôt malingre, malgré une poitrine pour le moins généreuse.

Thalia Felicie Baylissa était née en Paria et était vouée à vivre de la même manière. Son père, un moldu, s'était engagé dans un combat perdu d'avance pour combattre l'esprit ségrégationniste qui régnait en ces lieux et cette époque et avait trouvé la mort au détour d'une rue, tué par deux petites frappes qui n'appréciaient guère qu'un "nègre leur explique la vie", d'après le message qu'ils avaient laissé sur le corps de Mr Baylissa. Thalia n'avait que quelques mois. Puis ce fut le tour de sa mère, une sorcière, de rejoindre la mort, terrassée par une maladie, laissant son bébé, âgé alors d'une année, aux bons soins de sa grand-mère maternelle, Nora Dalma. Toutes deux étaient recluses dans l'un des coins les plus miséreux du bayou, enfermées dans le taudis qui servait de maison à Nora Dalma, la crainte des autres à leur égard les empêchant d'accéder à une vie meilleure. Une crainte...mais également un intérêt. Mama Nora, comme on avait pris l'habitude de l'appeler, était réputée pour sa pratique du vaudou, qui n'était, en vérité, qu'une manifestation de la sorcellerie qui existait en elle et qu'elle n'avait pu éduquer que par elle-même. Mama Nora soignait et, surtout, voyait l'avenir. La vieille dame, que l'âge et l'existence miséreuse avaient rendu presque aveugle au fil des années, sentait l'avenir, les choses, ce qui l'entourait, ce qui était, est et sera plus tard. Si sa fille n'avait pas reçu ce don-là, se contentant de manifester une sorcellerie banale, il en fut tout autre chose pour Thalia. Thalia pouvait voir, elle aussi. A sa manière. Auprès de sa grand-mère, la fillette apprit lentement à décoder les signes que la nature lui envoyait et à développer les visions qui la prenaient, en de rares occasions. Pour cela, lorsque la petite fille devint adolescente, elle fut initiée aux "vertus" de l'opium, cette drogue qui la plongeait dans une transe si intense qu'il lui semblait être en mesure de tout savoir sur n'importe quel sujet. Bien sûr, nombre de ses visions étaient perturbées par les hallucinations de la drogue, mais le fait était là : en s'aidant de cela, Thalia pouvait voir au-delà de ce qu'un simple être humain pouvait entrevoir. Pourtant, il lui fut impossible de prédire le pire...
Thalia avait quatorze ans lorsque cela arriva. Déjà, elle revêtait la même aura effrayante que sa grand-mère, ne sortant guère de son taudis que pour chercher de quoi manger, avant de retourner s'y enfermer. Pourtant, quelque chose de séduisant se dégageait d'elle, une chose qui fut très bien perçue par la gente masculine. Se croyant tout permis, un homme, menant un train de vie aisé en exploitant les autres, usa de la force pour s'emparer d'elle et la brutalisa jusqu'à se complaire de la jeune fille, malgré elle. Quand elle revint au domicile de sa grand-mère, Thalia était brisée. Elle le demeura jusqu'à une vision bien particulière, montrant un jeune adolescent, qui devait avoir son âge, poignardant l'homme qui l'avait violée. Elle comprit qu'il s'agissait de son fils, de l'enfant qu'elle portait, et elle décida que justice devait être faite. L'avenir devait se réaliser et elle choisit de garder son bébé, l'élevant comme une arme destinée à tuer. Oh, leur relation n'était pas dépourvue d'amour...Thalia avait appris à apprécier ce garçon qui lui était fort semblable et qui, comme elle, possédait le don et pouvait voir au-delà des choses. Ce don l'aida, par ailleurs, à accepter son destin et ce fut sans remords qu'il poignarda celui qui était son père, accomplissant la vision de sa mère. Celle-ci avait alors vingt-neuf ans, là où son fils n'avait que quinze ans. Ce fut là que leur route se sépara. L'enfant sentait que sa route le menait loin des bayous de la Nouvelle-Orléans, ce pourquoi il partit sans hésitation. Thalia et sa grand-mère le laissèrent faire. La mère était certaine qu'elle reverrait son enfant et que leurs routes se croiseraient à nouveau. Elle le savait...Tout comme elle sut, quelques mois plus tard, qu'il lui fallait aller en Angleterre. Comment ? Pourquoi ? Thalia n'avait pas de réponse à ces interrogations. Mais, alors qu'elle consommait son opium, elle s'était vue sur un bateau en partance vers l'Angleterre. Elle ne voulait pas aller à l'encontre de cette vision et sa grand-mère la soutint dans cette décision. Même si Thalia savait qu'elle ne reverrait sans doute jamais plus sa grand-mère chérie en prenant cette décision...La vieillesse s'était trop emparée d'elle et Thalia savait qu'elle ne reviendrait pas ici avant bien longtemps. Ce fut donc un "adieu" qu'elle glissa à l'oreille de sa grand-mère avant de partir pour l'Angleterre. Arrivée là-bas, la sorcière des ténèbres prit place dans l'Allée des embrumes et monta son propre service de voyance, en attendant de trouver la raison pour laquelle elle devait être en ce pays, en ces lieux. Elle fut alors remarquée par les autorités de Poudlard, à la recherche d'un professeur de divination. Il ne lui fallut guère longtemps pour accepter le poste qu'ils lui proposaient. Thalia sentait que son avenir allait se jouer entre les murs du château...Là où le futur semblait si instable...