Je me sentais vide, incroyablement vide depuis plusieurs mois. Depuis le départ de Sebastian, j’avais la sensation que plus rien ne valait le coup. A quoi cela servait de s’investir quelque part pour qu’au final, tout soit gâché par de la lâcheté. Je ne savais pas ce qui s’était passé dans la tête de Sebastian mais il m’avait abandonné, sans même un regard en arrière. J’avais la sensation qu’il avait souillé notre amitié, que cela n’avait jamais eu de la valeur pour lui. Ma déception était grande et mon envie de m’investir quelque part était réduite à néant.

J’avais développé un nouveau trait de caractère qui était la solitude. J’avais appris à aimer la solitude car elle ne venait jamais vous décevoir. Cependant, Melody m’avait fait comprendre qu’il ne fallait pas s’abattre, qu’il fallait avancer. Elle voulait continuer la guilde et parce que j’étais une personne loyale, j’avais accepté de prendre sur moi pour la soutenir dans cette décision. La guilde n’était plus vraiment ce qu’elle était et il fallait recruter. Cette façon de penser me faisait sourire car j’avais l’impression que nous étions l’armée. Pour ma part, la guilde n’avait plus rien d’amusant et d’une certaine manière, j’espérais pouvoir reprendre les bases de cette organisation avec les sangs neufs.

En ce WE, j’avais retiré mon uniforme pour un pantalon beige et un gros pull noir. Les cheveux lâchés, je les laissais s’emmêler dans le vent. Les bras croisés, je crapahutais vers le lac. C’était un endroit que j’appréciais énormément à présent. Je pensais. Je me demandais qui pouvait être suffisamment digne de confiance ou d’autre chose pour rejoindre la guilde. Nous avions besoin de sang neuf mais cela ne voulait pas dire pour autant que nous allions brader les entrées. Arrivée devant le lac, je ramassais une poignée de galet que je jetais dans l’eau. La pensée de la guilde disparue vite au profit d’un besoin d’extérioriser ma colère de l’absence de Sebastian.

Je n’arrivais pas à me détacher de ce sentiment d’abandon. J’avais beau me convaincre que cela ne me faisait pas de mal de reprendre la guilde, il m’arrivait encore à perdre espoir. Je faisais cela notamment pour Melody. Melody était l’une des dernières amies qui me restait et je souhaitais faire des efforts pour la jeune femme. Après tout, je n’avais pas le droit de l’abandonner comme Sebastian nous avait abandonné. Il fallait que je me montre forte. Et en finalité, j’avais peut être une chance de sortir de ce cercle vicieux. Mais pour l’heure, je n’avais qu’une seule envie, me défouler. Lançant pierre sur pierre dans l’eau, se transformant de moins en moins à des ricocher, je me libérais quelque peu de ma frustration. Je me stoppais alors lorsque je sentis une présence s’approcher de moi me demandant finalement comment j’allais.

Je me tournais vers cet intrus avec un léger froncement de sourcil. Je ne mis pas longtemps à reconnaître le fils Potter. Je fis en sorte de détendre mon visage avant de me tourner complètement vers lui. Melody m’avait parlé de lui, elle le voulait dans la guilde et j’étais curieuse de voir si il était à la hauteur. Après tout, nous étions en manque mais nous ne voulions pas prendre tout le monde. En revanche, il partait déjà avec un bon point puisque corrompre un enfant de professeur me plaisait vraiment. Je décidais de ne pas répondre à sa question car je n’avais pas de réponse à lui donner. Je n’avais aucune idée de comment j’allais réellement. Cela avait un côté frustrant et je préférais ignorer cela. « Melody m’a parlé de toi. » Je savais que j’avais un visage dure je me forçais donc à faire un sourire qui se voulait bienveillant. « Il paraît que tu veux nous rejoindre. » Jetant les pierres au sol, je plaçais mes mains dans mes poches de manière décontracté, je ne quittais pas le jeune garçon des yeux.

« Je peux te demander pourquoi ? » J’étais curieuse de le connaître un peu plus. Nous avions beau être dans la maison et j’avais beau l’avoir croisé à de nombreuses reprises, je ne le connaissais pas réellement. J’avais besoin de connaître ses motivations. Je considérais que pour être dans la guilde, il fallait être à fond et d’avoir les bonnes raisons. Comme je l’avais à Melody, je refusais que l’on corrompre une nouvelle fois la guilde pour l’instrumentaliser pour une cause obscure que je n’arrivais pas à saisir en raison d’un défaut d’information.

Je me sentais encore léthargique. Je n’arrivais pas à me sortir de cette torpeur mais j’étais persévérante. Melody voulait du sang neuf dans la guilde et elle avait raison. Si on voulait remettre la guilde sur pied, il lui fallait du sang neuf. Elle avait proposé Rhian qui souhaitait nous rejoindre. J’étais surprise de ce choix bien qu’il y avait quelque chose d’excitant dans le recrutement du fils d’un prof, mais je restais sceptique vis à vis de Potter, j’attendais encore de lui une preuve de sa bonne foie et de son réel désir d’implication. Ce que nous préparions pour le grand retour de la guilde allait permettre de mette le petit jeune à l’épreuve de toute cela. J’étais curieuse de connaître les raisons de l’implication de Rhian. Il me semblait être un garçon assez timide et je trouvais en cela quelque chose de mignon. Bien qu’il allait devoir apprendre à s’affirmer, cette image de petit garçon angelin était parfait comme couverture. Si l’envie n’était pas une chose qui me satisfaisait la suite de son discours me détendit un peu. Vouloir se prouver à soi-même que l’on était capable de faire quelque chose était sans doute la meilleure des motivations. « Je suis contente de voir que tu souhaites faire cela pour toi. » Je lui fis un léger sourire.

Membre de la guilde, nous devions être soudé. « Etre dans la guilde ne signifie pas seulement faire des farces. C’est se soutenir entre membres, ne jamais s’abandonner. » Il fallait qu’il le comprenne. L’individualité n’avait pas sa place dans la guilde. « Nous t’aiderons à atteindre ton but. A te faire grandir en une personne forte. » Je me tournais plus franchement vers lui, ayant un mouvement de tête pour dégager une mèche de cheveux qui gênait mon regard. « Mais je garde une réserve tout de même. Ta mère est professeure ici. Tu as conscience qu’elle sera victime de tes propres farces ? » Bien que je pouvais avoir confiance en lui une fois la première farce réalisé, je continuais à me rester méfiante et je ne comptais pas lui cacher. « Tu t’en crois capable ? » ajoutais-je finalement. Bien entendu, nous ne faisions rien de réellement dangereux, la guilde se cachait derrière un jeu de farce et une communauté d’entraide. Mais même si cela ne s’apparentait à de gentil blague, cela n’était pas forcément de faire cela sur une personne aussi important que pouvait l’être d’une mère. Je forçais le regard de Rhian, si il devait apprendre une chose c’était d’imposer son regard et ne pas avoir peur de parler.

Depuis le départ de Seb, j’avais passé plusieurs mois dans un état léthargique. J’étais là sans être là. Grâce à Mélusine, j’étais sortie de se cercle vicieux pour enfin trouver le courage d’avancer à nouveau. La guilde était tout ce qui me restait. Rhian était à présent un membre mais je ne le connaissais pas. Je ne connaissais rien de lui à l’exception de son statut de fils de prof. Tellement d’année nous séparaient que ce n’était pas étonnant que nous ne nous connaissions pas. Mais maintenant que nous étions dans le même groupe, je me devais d’apprendre à le connaître. « Si tu t’en crois capable, alors c’est bien. » Je me devais de réussir à lui faire confiance. Je me devais de faire cela si nous voulions réussir à retrouver un groupe avec une certaine cohésion. Je savais que ce n’était pas une chose facile pour moi qui avait la confiance difficile mais si Melody lui faisait confiance, je lui devais de lui faire confiance. Et nous allions avoir la preuve au final lors de la première farce.

Cependant la suite des paroles de Rhian me surpris. Il pensait que sa mère allait quitter l’école. Je ne pu m’empêcher de froncer les sourcils « Pourquoi penses-tu qu’elle va arrêter d’enseigner ? » Dans mes souvenirs, elle était un assez bon prof qui prenait plaisir à donner des cours, bien que ce n’était personnellement pas ma tasse de thé. Je posais mon regard sur Rhian et je pu voir une expression un peu soucieuse sur son visage. Cela m’intriguait. Si faire des farces à ses parents étaient une chose, avoir un regard aussi soucieux n’était sans doute pas lié à cela. « Tu as l’air inquiet. » finis-je simplement par lui dire. Je ne voulais pas le pousser à la confidence si il n’en avait pas envie. Encore une fois, j’avais parfaitement conscience que nous nous connaissions pas encore énormément, même si il fallait faire en sorte que cela change.

J’attrapais une pierre sur le sol et j’essayais de faire un ricohet sans grand succès. « J’ai jamais été doué pour faire ce genre de truc. » J’eu un haussement d’épaule avec un léger soupire. Je n’avais pas la technique, je le savais mais il restait que de jeter des cailloux dans l’eau aidait beaucoup à laisser évacuer la frustration. « Mais même si je suis pas douée, j’aime être ici car j’ai l’impression de pouvoir réfléchir plus clairement, et d’évacuer les frustrations que l’on peut avoir. » Je lui tendais une pierre. « Tu veux essayer ? »