La grande différence entre l'amour et l'amitié, c'est qu'il ne peut y avoir d'amitié sans réciprocité. (Ignatius)

Lindsay savait qu'il était trop tôt, mais elle ne regrettait pas son choix. Oui, elle s'en voulait de devoir laisser Gabriel à ses parents si régulièrement (et elle savait qu'elle aurait pu confier certains de ces moments de garde à James, mais elle était pour l'instant encore incapable de lui confier de telles responsabilités), mais elle pensait tout de même que c'était la meilleure chose à faire en fin de compte.

Elle avait eu besoin de reprendre son travail chez Honeydukes. Elle avait besoin de s'activer, elle avait besoin d'un job pour lui occuper l'esprit. Cela pouvait sembler étonnant, et elle s'attendait à ce qu'on la qualifie de mauvaise mère, à décider de ne pas s'occuper de son fils à temps plein, mais elle ne se voyait pas faire autrement... Elle aimait Gabriel, et il était sa priorité, mais elle avait besoin de faire autre chose, et elle pensait que c'était bénéfique à lui aussi, pour qu'il n'ait pas à subir sa tristesse ou sa mélancolie. En travaillant, elle se donnait un rythme, une structure, et ça lui faisait du bien.

Qui plus est, elle avait besoin de revenus. L'héritage de son époux lui garantissait une grande stabilité financière, mais elle ne voulait pas en dépendre complètement, et elle ne voulait surtout pas se laisser dépendre d'un nouvel homme. Pas de troisième mariage pour Lindsay, elle choisissait de lever la malédiction. Elle devait apprendre à vivre pour elle-même, et afin d'avoir la vie la plus équilibrée possible, si c'était vraiment possible, sans Christian.

Elle venait de dire au revoir à ses collègues. Elle travaillait désormais tous les matins, et allait récupérer Gabriel en début d'après-midi. Elle avait deux petites heures devant elle avant de retrouver son fils, et elle avait choisi de mettre ce temps à profit en proposant à Ignatius de déjeuner avec elle.

Dernièrement, elle avait conscience de se reposer beaucoup sur lui. Elle avait le sentiment qu'il avait été le seul à valider sa relation avec Christian, et dans tous les cas, il était la personne la plus importante à ses yeux en dehors de son fils, alors elle avait tendance à vouloir se l'accaparer. Ce n'était sans doute pas très juste, car si Lindsay avait à présent tout le temps du monde à lui consacrer, Ignatius, lui, en avait forcément moins, puisqu'il avait une femme dans sa vie. Mais elle voulait égoïstement passer en priorité quand même.

Elle rejoignit son meilleur ami aux Trois-Balais, qui l'attendait déjà, à l'heure du rendez-vous.

"Salut, je t'ai pas fait attendre au moins ? Tu vas bien ?"

La grande différence entre l'amour et l'amitié, c'est qu'il ne peut y avoir d'amitié sans réciprocité.

Ignatius attendait Lindsay aux Trois-Balais, où ils avaient rendez-vous tous les deux. Quand la jeune femme lui avait demandé s’il était libre pour déjeuner ce jour-là, après sa matinée de travail, il était évident que le jeune homme avait répondu présent. Ces derniers temps, ils se voyaient beaucoup, Ignatius consacrait énormément de temps à sa meilleure amie. Peut-être un peu aux détriments des autres personnes, comme sa sœur et Carlotta, mais en même temps ce n’était pas comme s’ils étaient constamment collé. Avec Carlotta, les choses se passaient bien, mais ils n’étaient pas tout le temps ensemble, ils avaient chacun beaucoup de travail. La jeune femme avait ses cours à Poudlard, ses… projets, pendant que lui avait son travail au ministère et sa meilleure amie donc.

Dans tous les cas, Ignatius ne se voyait pas faire autrement que d’être entièrement présent pour sa meilleure amie dans les circonstances actuelles. C’était juste horrible… elle perdait quand même son deuxième mari. Si sa séparation avec James avait été une bonne chose, si même si elle avait souffert en se séparant de James, c’était pour une bonne raison, parce qu’elle n’était pas heureuse avec son premier mari et elle avait été pleinement heureuse avec Christian. Par moment, le jeune homme n’avait pas pu s’empêcher d’être jaloux de cet homme, il aurait aimé être celui qui rendrait Lindsay heureuse, mais en même temps elle l’avait été. Et maintenant elle était malheureuse alors il ne pouvait qu’être là pour elle évidemment.

Avait-il pensé au fait que le timing était horrible et que c’était maintenant qu’il devait avouer à Lindsay ses sentiments ? Ça lui avait effleuré l’esprit effectivement, mais ce n’était pas quelque chose à laquelle il voulait penser. Le jeune homme était vraiment heureux avec Carlotta, il n’avait pas spécialement envie que ça change et puis de toute façon, sa meilleure amie n’était pas du tout dans une optique du genre. La seule chose que Ignatius se devait de faire, c’était d’être auprès de son amie tout simplement. Quand Lindsay arriva sur place, Ignatius afficha un grand sourire. Il aimait la voir plus dynamique que déprimée, ça lui faisait forcément du bien de reprendre le travail. Même si pour cela elle devait confier Gabriel à ses parents, c’était une bonne chose pour elle de s’occuper d’une autre manière, de s’occuper l’esprit.

« Non, pas du tout. » Répondit-il en se levant pour prendre sa meilleure amie dans ses bras. Il n’avait aucune envie de dramatiser toujours la situation, mais à chaque fois qu’il regardait son amie, il ne pouvait pas s’empêcher d’avoir envie de s’assurer qu’elle allait quand même un peu mieux… elle ne pourrait sans doute jamais vraiment aller bien, mais au moins… qu’elle puisse aller un peu mieux. « Je vais bien. Et toi comment tu vas ? »

Il s’en voulait un peu, mais le jeune homme ne pouvait pas s’empêcher de laisser apparaître une certaine inquiétude dans sa voix. Il n’avait pas envie de le lui montrer, mais forcément il s’inquiétait constamment pour elle.

Code by Gwenn

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« Non, pas du tout. »

Ignatius se leva et la prit dans ses bras. Lindsay profita de cette étreinte, un fin sourire aux lèvres. Ressentir tout le soutien et toute l'affetion de son meilleur ami, en cet instant, lui faisait réellement le plus grand bien. Il en faudrait plus pour guérir son coeur blessé, pour dépasser les différentes étapes du deuil, mais elle se sentait entourée et aidée, et c'était déjà une chose qui la rassurait et qui lui allait droit au coeur.

Elle savait qu'Ignatius ne lui reprocherait ni son retard, ni quoi que ce soit en réalité. Il ne lui reprochait jamais rien en réalité, et elle avait plus que jamais besoin de lui dans ses sombres circonstances. S'il n'était pas là, elle ne savait pas comment elle se remettrait de l'absence douloureuse de Christian.

« Je vais bien. Et toi comment tu vas ? »

Elle entendait le souci dans sa voix, et elle n'avait aucune envie de l'inquiéter plus que nécessaire, mais elle n'avait pas envie de lui mentir non plus. En même temps, comment pourrait-il vraiment croire qu'elle allait bien alors qu'elle était, en réalité, au bord du gouffre. Non, elle n'allait pas bien, forcément qu'elle n'allait pas bien. Elle n'avait jamais été aussi mal.

Elle ne voulait pas plomber l'ambiance, elle tenait au contraire à ce qu'ils passent un moment heureux et convivial, mais si elle ne faisait que prétendre, elle manquerait d'honnêteté envers son meilleur ami, et c'était, bien sûr, la dernière chose qu'elle voulait.

"Je... Pour ne pas te mentir, pas très bien, mais... Je tiens le coup." Elle esquissa un pâle sourire. "Il y a des hauts et des bas, mais Gabriel m'aide beaucoup à tenir le coup, même si j'ai parfois l'impression de ne pas... enfin, que je pourrais être une meilleure mère pour lui."

Avoir repris le travail, avoir du mal à contenir ses émotions en sa présence... Gabriel ressentait sa douleur et son désemparement, et Lindsay avait vraiment peur que ce soit nocif pour son fils. Malheureusement, elle ne savait pas comment faire autrement. Elle ne savait pas juste... surmonter l'épreuve, garder la face. Elle n'était peut-être pas assez forte et courageuse pour cela. Elle espérait seulement réussir tout de même à élever son fils du mieux qu'elle le pouvait.

La grande différence entre l'amour et l'amitié, c'est qu'il ne peut y avoir d'amitié sans réciprocité.

Évidemment, Ignatius n’était pas étonné d’entendre son amie affirmer qu’elle n’allait pas très bien. Si Lindsay lui avait dit qu’elle allait bien, de toute façon, le jeune homme ne l’aurait sans doute pas cru. Parce qu’elle vivait quand même une épreuve vraiment difficile, une épreuve que personne ne méritait de vivre. C’était normal qu’elle ne soit pas bien et à aucun moment le jeune homme n’aurait accepté qu’elle lui mente. Mais elle ne lui mentait pas. Elle lui affirma donc qu’elle n’allait pas très bien, mais en même temps elle tenait le coup quand même. Il espérait qu’elle tenait bel et bien le coup oui.

Il y avait des hauts et des bas donc, mais son fils l’aidait beaucoup. Pauvre Gabriel bien sûr, ce n’était pas évident pour lui non plus, mais Ignatius était quand même heureux que son amie puisse compter sur son fils, qu’elle ait son fils dans sa vie. Bien sûr, Lindsay pourrait toujours compter sur lui, forcément, Ignatius sera toujours là pour sa meilleure amie et il lui accordait tout le temps dont elle aurait besoin, toute l’attention dont elle aurait besoin. Mais forcément, il ne pouvait pas non plus constamment être là et pour que Lindsay puisse réussir à tenir debout, à reprendre goût à la vie, elle pouvait compter sur Gabriel donc.

« Mais qu’est-ce que tu racontes ? » Demanda-t-il. Ce n’était pas tant un reproche à son amie qu’il faisait, mais ça lui faisait quand même du mal d’entendre de tels mots. Il comprenait bien que Lindsay ne soit pas très bien, mais il n’avait aucune envie qu’elle commence à se remettre en doute comme elle le faisait présentement. « Bien sûr que tu es une bonne mère pour Gabriel, tu ne dois pas douter de tout ça. » On allait encore dire qu’il n’était pas objectif, mais ce n’était de toute façon pas quelque chose qu’il allait changer, bien au contraire. Il se contentait simplement de dire ce qu’il avait à dire. « Tu fais de ton mieux, tu fais tout ce qu’il y a à faire pour offrir à ton fils la meilleure des vies, tu es une mère parfaite. »

Et question mère, très clairement, Ignatius savait ce que c’était qu’une mauvaise mère. Il avait longtemps considéré que sa mère était une femme parfaite, parce qu’il avait cru qu’il était dans une famille parfaite, mais ce n’était pas le cas. Même ceux qui donnaient l’image d’une famille parfaite n’avaient pas forcément la perfection chez eux. Lindsay aimait son fils, c’était la seule chose qui comptait et sur ce quoi son amie devait se reposer. Elle faisait tout ce qu’elle pouvait pour lui, c’était bien la preuve qu’elle agissait comme il le fallait.

Même si en disant tout ça, Ignatius se doutait quand même qu’elle n’allait pas forcément accepter ses paroles, qu’elle aurait du mal à accepter ses paroles parce que c’était forcément difficile de le faire. Mais Ignatius espérait vraiment convaincre sa meilleure amie.

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« Mais qu’est-ce que tu racontes ? Bien sûr que tu es une bonne mère pour Gabriel, tu ne dois pas douter de tout ça. Tu fais de ton mieux, tu fais tout ce qu’il y a à faire pour offrir à ton fils la meilleure des vies, tu es une mère parfaite. »

Lindsay s'attendait à de tels propos de la part de son interlocuteur. Elle savait très bien qu'il ne saurait pas faire preuve d'objectivité à son sujet. Elle ne lui en voulait pas. Elle avait besoin d'entendre qu'elle était capable de ces miracles quelle n'estimait plus être dans ses cordes, elle avait besoin d'entendre qu'elle était capable de tout, pas parce que c'était vrai, mais parce que ça lui permettrait d'être au mieux d'elle-même, de donner le meilleur.

Elle n'avait pas le sentiment d'être une bonne mère, et il serait difficile de la convaincre du contraire, en revanche, elle donnait raison à Ignatius sur un point précis : elle faisait effectivement de son mieux. Elle aurait simplement voulu que ce mieux soit suffisant.

Elle avait peur que son fils grandisse avec un sentiment de déséquilibre, et qu'il finisse par lui en vouloir, elle, la mère célibataire que le drame poursuivait où qu'elle aille, elle qui n'était pas capable de lui offrir un socle familial suffisamment fort, elle qui ne parvenait pas à accorder à Gabriel la totale présence paternelle dont il avait besoin et se forçait déjà à en donner un minimum.

Elle n'était pas une mère parfaite, mais elle ne se lasserait pas d'entendre Ignatius le lui dire. C'était ce qui lui conférait suffisamment de force pour tenir le coup quand elle avait l'impression de n'avoir aucune prise sur quoi que ce soit. Elle avait besoin de ce soutien fort, de cette ancre solide qui toujours la maintenait à flot même quand elle sentait que le courant brûlait de l'emporter, encore et encore.

"Je ne peux pas tout offrir à Gabriel. Il a besoin d'un père." Elle marqua une légère pause. Elle ne savait pas comment il allait réagir à ce que Lindsay allait lui apprendre. Mais il le saurait, d'une façon ou d'une autre. Alors autant lui en parler directement. "James est venu me voir l'autre jour... j'ai accepté... de lui laisser une chance."

La grande différence entre l'amour et l'amitié, c'est qu'il ne peut y avoir d'amitié sans réciprocité.

Ignatius savait bien qu’on pourrait lui affirmer qu’il n’était pas objectif quand il était question de Lindsay. Et… eh bien, au final, personne n’aurait tort en l’affirmant, parce que c’était effectivement le cas. Ignatius serait bien incapable de se défendre d’une telle affirmation, lui-même avait conscience qu’il n’était pas l’objectivité incarnée quand il parlait de Lindsay, mais il n’en avait complètement rien à faire. Dans tous les cas, que ce qu’il pense soit objectif ou non, il était quand même évident que Lindsay faisait de son mieux pour offrir ce que Gabriel avait besoin. Elle faisait de son mieux, elle l’aimait comme une vraie mère et au vu de ce qu’il avait découvert sur sa propre mère, Ignatius ne pouvait que confirmer le fait qu’elle faisait ce qu’il fallait.

Même si bien sûr, Gabriel pouvait avoir besoin d’un père. Il avait pu avoir un père de substitution avec Christian qui n’était plus là, mais le jeune homme avait quand même envie de croire qu’elle était suffisamment entourée pour pouvoir combler ce manque. Elle pouvait compter sur lui bien évidemment, même si forcément il ne pouvait pas vraiment prétendre être une bonne figure d’homme ou autre. Il pensait rassurer encore une fois son amie, parce qu’il n’avait aucune envie qu’elle se fasse du souci, parce que c’était son rôle d’être là pour la soutenir. Mais elle reprit la parole et parla de James…

Ignatius s’efforça de rester de marbre, mais le sujet de James était toujours un peu délicat. C’était idiot en prime, il n’avait pas eu autant de mal avec Christian, mais sans doute que c’était parce que ce dernier n’avait pas autant fait souffris son amie… du moins pas volontairement. James était venu la voir et… pardon ?

« Tu as quoi ? » Demanda-t-il un peu trop vivement, avant de se ressaisir. Le jeune homme n’avait aucune envie de faire le moindre reproche à Lindsay, mais il devait bien reconnaître qu’il ne la comprenait pas du tout pour le coup. « Après… après tout ce qu’il t’a fait ? » Ignatius avait envie de dire beaucoup de chose, mais il ne savait pas vraiment ce qu’il pouvait se permettre d’affirmer. Non pas qu’il ait envie de cacher quoi que ce soit à Lindsay, mais… c’était délicat. Et puis finalement, il se dit qu’il devait quand même exprimer ses doutes, ils avaient toujours été honnête l’un envers l’autre (à un détail prêt). « Tu es sûre de ce que tu fais ? Je ne suis pas certain que Gabriel puisse tirer quelque chose de lui. »

Il se montrait dur, mais c’était ce qu’il pensait. Pendant des années, Ignatius avait gardé pour lui ce qu’il pensait de James, parce qu’il était l’époux de sa meilleure amie. Mais depuis qu’il lui avait brisé le cœur, il considérait qu’il pouvait quand même s’exprimer.

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« Tu as quoi ? »

La réaction d'Ignatius ne se fit pas attendre, et elle fut aussi virulente que ce que la jeune femme avait redouté. Soit, elle ne pouvait pas réellement le reprocher à son meilleur ami, en vérité. Il était normal qu'il réagisse si vivement, après tout ce qui s'était passé.

Après tout, quand elle était au fond du gouffre quand James avait pris la décision de la quitter et de divorcer alors qu'elle était enceinte, c'était Ignatius qui avait dû la ramasser à la petite cuillère. Elle s'était relevée, certes, et Ignatius - tout comme Christian, ça va de soi - y avait largement contribué, mais la blessure n'avait jamais complètement cicatrisé. Elle demeurait, et elle ne s'effacerait peut-être jamais complètement. En tout cas, Lindsay doutait de plus en plus du fait que ce puisse être le cas.

« Après… après tout ce qu’il t’a fait ? »

Bon, elle allait finir par se sentir honteuse, à présent. Mais ça, c'est parce qu'Ignatius ne faisait que répéter ce qu'elle lui avait dit elle-même. Et encore, Lindsay lui avait épargné certains détails. Même à son meilleur ami, non, elle n'avait pas confessé les... préférences de l'homme qu'elle avait épousé il y a ce qui lui paraissait être une éternité, maintenant. Elle avait protégé son secret envers et contre tout.

Mais même sans ça, le portrait n'était pas reluisant : il restait, quoi qu'il en soit, un homme infidèle, qui l'avait trompée, mise enceinte et avait préféré prendre la fuite plutôt que d'assumer d'office la paternité de son enfant. Certes, c'était un mal pour un bien. Il fallait ça pour que Christian entre dans sa vie, et pour qu'elle soit avec un homme qui l'aime vraiment et ne fasse pas que le prétendre, mais quand bien même...

"A moi, pas à Gabriel. Crois-moi, ça me tue de l'admettre, mais il l'aime vraiment. Et il s'occupe bien de lui."

Elle le savait car elle ne laissait jamais James seul avec Gabriel, elle restait toujours dans un coin pour le surveiller. Ce n'était pas juste mais c'était plus fort qu'elle, elle était incapable de laisser son fils "entre les mains" de son ex-mari sans aucun droit de regard. La confiance était loin d'être restaurée, Lindsay y allait réellement avec des pincettes.

« Tu es sûre de ce que tu fais ? Je ne suis pas certain que Gabriel puisse tirer quelque chose de lui. »

"Non, je ne suis pas sûre de ce que je fais", admit Lindsay en baissant le regard, car c'était la vérité, et elle ne pouvait toujours pas avoir la garantie que James aurait la bonne influence sur son fils. "Mais j'ai décidé d'essayer. Je le dois à Gabriel. Et rassure-toi, j'y ai mis mes conditions. Tu sais quand même que je ne ferais jamais quoi que ce soit qui puisse nuire à mon fils, n'est-ce pas ?"

La grande différence entre l'amour et l'amitié, c'est qu'il ne peut y avoir d'amitié sans réciprocité.

Ignatius n’avait aucune envie de blesser Lindsay en mettant en doute sa décision, mais il peinait vraiment à cacher sa surprise. Après tout ce que James avait fait, il trouvait qu’il ne méritait en aucun cas le geste de Lindsay. Cela dit, le jeune homme avait aussi conscience qu’il avait un peu de mal à être objectif quand il était question de l’ex-mari de sa meilleure amie. Il l’avait trompé, il l’avait quitté enceinte, il avait la femme parfaite comme épouse et il osait faire une telle chose. Est-ce que Ignatius serait capable de mieux comprendre la situation s’il était au courant de la véritable orientation de James ? Sans doute pas non, ça serait beaucoup trop pour lui, c’était bien mieux qu’il ne sache rien du tout. Dans tous les cas, Ignatius avait toujours été jaloux de James, alors quoi qu’il arrive, il était incapable de mettre de l’eau dans son vin le concernant.

Mais c’était ce que Lindsay avait décidé de faire, pour le bien de Gabriel. Ignatius aimerait bien contredire sa meilleure amie quand elle affirmait que l’homme n’avait pas fait de mal à son fils, mais il n’avait pas réellement d’argument en dehors du fait qu’il l’avait abandonné enceinte. Ce qui n’était pas quelque chose permettant de prouver que James serait un mauvais père, juste qu’il avait été lâche au moment fatidique. Et si Lindsay affirmait que James aimait son fils et s’en occupait bien… c’était difficile d’aller dans le sens opposé. En tout cas, tout ça était vraiment particulier et Ignatius se doutait que Lindsay était un peu perdu… son rôle à lui était de la soutenir dans tous les cas.

« Évidemment ! » Répondit-il, en posant une main délicate sur le bras de Lindsay quand elle lui demanda s’il savait qu’elle ne ferait rien qui puisse nuire à son fils.

C’était l’évidence même, Gabriel était la prunelle des yeux de Lindsay, il était évident que la jeune femme ne ferait jamais quelque chose qui puisse lui faire du mal. Elle faisait tout son possible pour lui apporter la meilleure vie possible, elle lui avait trouvé un vrai père digne de ce nom…

« Si tu penses que James peut apporter quelque chose de bon à Gabriel, je te soutiens entièrement. Tu sais mieux que personne ce dont ton fils à besoin. » Parce qu’elle était une mère et que les mères savaient ce genre de chose… Bon, normalement, il allait éviter de penser à sa propre mère. Lindsay n’était pas Wilhelmina Tuft, elle agissait correctement (et Ignatius était trop dur avec sa mère, surtout). « J’ai… » Ignatius poussa un soupire. « Je veux juste que tu fasses attention. À toi. Je m’inquiète pour toi. »

À cause de James ? En partie. Avec ce que vivait Lindsay, elle était forcément fragilisée et Ignatius n’avait aucune envie que James profite de sa faiblesse. Le pire serait que ce dernier la manipule pour il ne savait quelle raison, la récupérer peut-être ? Évidemment, c’était impossible, mais Ignatius n’en savait rien.

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« Évidemment ! »

Lindsay afficha un doux sourire. Elle ne devrait peut-être pas dire ce genre de choses, elle ne devrait pas remettre en question l'opinion de son meilleur ami, mais quand elle lui posait ce genre de questions, quand elle lui demandait s'il savait qu'elle ne ferait rien qui puisse nuire à son fils, c'était bel et bien parce qu'elle avait besoin de se rassurer.

Quand il était question de Gabriel, Lindsay avait très souvent, trop souvent peur de ne pas faire les choses comme elle le devrait, de les faire de travers... elle ne supporterait pas de se retrouver dans une situation qui se révèle nuisible pour la chair de sa chair. Elle aimait son fils de tout son coeur, mais parfois, elle avait peur de ne pas être une bonne mère : elle avait l'impression de tout faire de travers, et c'était un véritable enfer.

Gabriel était la prunelle de ses yeux, ça ne voulait pas nécessairement dire qu'elle savait réellement s'en occuper comme il se devrait, qu'elle savait prendre les bonnes décisions pour lui, mais ça voulait dire, en revanche, qu'elle voulait faire tout son possible pour s'occuper de lui du mieux possible.

« Si tu penses que James peut apporter quelque chose de bon à Gabriel, je te soutiens entièrement. Tu sais mieux que personne ce dont ton fils à besoin. »

Est-ce qu'elle le savait vraiment mieux que personne ? Lindsay n'en était pas convaincue. A présent qu'elle était mère, elle songeait au final que l'instinct maternel était une invention. L'amour intuitif que l'on ressentait pour ses enfants, peut-être, d'accord. Mais ça ne vous aidait pas à mieux vous en occuper.

On inventait des modes d'emploi pour être une bonne mère, mais aucun d'eux ne s'appliquaient forcément à la vie réelle. Elle se sentait égarée, perdue... elle réalisait qu'elle n'y arriverait jamais vraiment, quoi qu'elle puisse dire ou faire.

« J’ai… Je veux juste que tu fasses attention. À toi. Je m’inquiète pour toi. »
"Tu n'as pas à t'inquiéter pour toi, je vais bien vraiment.. Enfin... C'est... dur, d'être seule, mais je sais que ce n'est pas plus mal... Je n'ai presque jamais vécu seule, et maintenant, je me retrouve à la fois mère, divorcée et veuve c'est... beaucoup... Seulement... de quel droit je pourrais être malheureuse alors que j'ai un fils adorable. Un véritable bonheur."

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La grande différence entre l'amour et l'amitié, c'est qu'il ne peut y avoir d'amitié sans réciprocité. (Ignatius)

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