Eurydice aurait presque pu naître sous une belle étoile. Née dans la famille Greengrass durant une chaude nuit d’été, elle fut suivie de près par son frère, Nigel. Et dans chaque souvenir de sa vie, Eurydice y retrouvait Nigel. Son frère avait toujours été avec elle, petits, ils étaient sans cesse collés l’un à l’autre, et même s’ils avaient une éducation un peu différente, étant donné qu’ils n’étaient pas du même sexe, Eurydice tentait toujours de rejoindre son jumeau, lorsqu’il n’était pas à ses côtés. Plus qu’une envie, c’était même un besoin. Elle avait besoin de lui, et de sa présence, tout simplement, et encore aujourd’hui, c’était le cas.

On pouvait dire qu’elle avait eu une vraie enfance dorée. Ses parents avaient toujours pris soin d’elle, autant que de son frère, et elle n’avait jamais manqué de rien. Elle avait toujours eu ce qu’elle voulait, et on lui avait appris à vivre dans le luxe et l’opulence. Ce qui faisait qu’elle avait toujours pris cela pour acquis, et normal, et non comment une chance qu’elle avait. Et en aucun cas, elle pourrait se contenter de moins.

Quand elle eut dix ans, on lui annonça qu’elle était fiancée. Mais cela ne lui parla pas vraiment, du moins, ça ne provoqua aucune réaction particulière. Depuis toute petite, on l’avait préparée au fait qu’elle serait mariée, et qu’elle devrait dès lors être une bonne mère, et une bonne épouse. Alors soit, elle était fiancée, mais elle ne s’en préoccupait pas, elle était encore bien jeune de toute manière. Son entrée à Poudlard lui provoqua plus d’émoi. Elle fut envoyée à Serpentard, et c’est le cœur battant qu’elle observa son frère la rejoindre. Elle avait retenu son souffle tout durant, effrayée à l’idée d’être séparée de lui. Mais tout allait bien. Eurydice fut une bonne élève, sérieuse, et appliquée. Elle continua de développer sa relation avec son frère, amusée des rumeurs qu’elle entendait lui prêtant des dizaines de conquêtes. Mais la jeune fille connaissait son frère par cœur, il ne savait pas non plus lui mentir, et quand elle découvrit la vérité, elle le rassura. Ce n’était pas bien grave, au moins, il n’était pas un dégénéré.

Après ses études, ayant brillamment réussi ses examens, Eurydice fut donc mariée à Trevor Carrow. La jeune femme ne le connaissait pas, alors elle n’avait aucun à priori, elle était décidé à faire en sorte que ce mariage soit une réussite. Elle le respectait, au début. Elle avait du respect, et un semblant d’affection pour lui. Et quand elle tomba enceinte, elle lui en fut grandement reconnaissante. Malheureusement, ce fut à ce moment-là, que sa vie dégringola. Elle mit au monde une adorable petite fille, Clarice. Mais les médecins, annoncèrent qu’elle ne survivrait pas à sa première année, parce qu’elle était tout aussi malade que ne l’était son père. Sa fille survécut, grâce à Merlin, et Eurydice décida de toujours protéger sa fille. Trop peut-être mais qu’importe. Il était hors de question qu’elle ne meurt, alors elle la couva, elle la traita comme si elle était en porcelaine, et lui fit éviter tous les dangers possibles. Y compris celui que représentait son père. C’était déjà sa faute si elle était malade, elle ne voulait pas qu’il la salisse, vu ce qu’il faisait.

Sa fille grandit, malade certes, mais elle était en vie. Mais le malheur de la femme ne s’arrêta pas là. Elle découvrit qu’en plus de ne pas la toucher, son époux avait des goûts qui n’allaient pas. Elle découvrit qu’il aimait les hommes, et ce fut la douche froide pour elle. Elle était dégoûtée, en colère, peinée… elle ne le toléra que parce qu’il fallait préserver les apparences, mais c’est tout. Et les choses ne tenaient qu’à un fil, pour qu’elle le jette, et décide de ruiner sa vie. Mais pour l’heure, elle le laissait tranquille. Elle se raccrochait à sa fille, et son frère, qu’elle voyait toujours autant. Elle lui confiait tout, absolument tout. Même ce qui concernait Trevor, et elle lui en voulait d’ailleurs de bien s’entendre avec ce dernier, alors qu’il savait à quel point il la faisait souffrir. C’était leur seul point de divergence, et elle n’était pas au courant d’à quel point son frère la trahissait, parce que jamais elle ne pourrait imaginer qu’il serait capable d’une telle chose la concernant.

Dernièrement, le couple appris que Clarice ne pouvait pas avoir d’enfants, et ils décidèrent de la fiancer tout de suite. Eurydice était toujours inquiète quand sa fille était à Poudlard, craignant recevoir une mauvaise nouvelle. Sa fille était son bébé, son trésor, le deuxième amour de sa vie, puisque le premier restait son frère (même s’il n’y avait rien d’ambigu entre eux) et elle ne supporterait pas de la perdre. Au fond, Eurydice aurait aimé avoir d’autre enfants, même si elle refusait porter d’autres enfants de Trevor, surtout si c’était pour avoir d’autres enfants malades. Mais cette idée la hantait cependant de plus en plus. Depuis quelques temps, Eurydice a pris l’habitude de prendre des amants, histoire de ne pas se sentir complètement seule et abandonnée, et ainsi pouvoir assouvir quelques envies. Tout n’est qu’apparence, mais l’apparence lui pèse un peu plus chaque jour, et la rend un peu plus malheureuse chaque jour.