Quand le dernier mardi du mois tombe un vendredi 13

Derek, Finn, Gaïa & Robert

Est-ce qu’il faut la libérer ? Finn ne sait pas. Tout le fric de la Terre vaut pas de finir en taule, à son avis. Il ne peut pas laisser les gars tout seul, entrainer Rafa là dedans, ni Eve…Eve. C’est à cause d’elle que Callahan trouve que tout ça est moche. Oui, il voulait faire ça pour la rançon, par intérêt, peut-être un peu pour la justice. Mais faire ça…non, il ne peut pas. Il reste longtemps éveillé, cette nuit là, et quand il débarque le lendemain au hangar, il n’a presque pas dormi.

La situation ne s’arrange pas, c’est le moins qu’on puisse dire. Pas à cause de Gaia, pour une fois, qui a une sale tronche mais qui a au moins le mérite d’être calme. « Merde. » Souffle-t-il en lisant le journal. La réaction de Leach est à la hauteur du paquet reçu : flippante, mais pour eux, cette fois. Se frottant fébrilement le visage, Finn lâche en réponse à Derek. « Je sais pas. Peut-être qu’ils foutent juste un coup de pression pour qu’on panique et qu’on lâche la fille. La dernière fois qu’il est allé voir Bob, il avait rien. Alors c’est peut-être qu’un coup de poker. Mais faut pas jouer avec les flics quand ils sont aussi proches. » Non, définitivement pas, et dans un sens, il est presque soulagé : voilà le prétexte qui lui manquait pour prendre parti pour la libération de Gaia sans perdre la face. « Je suis d’accord avec Bob. Retour à l’envoyeur, tant pis pour la rançon, moi je m’en fous. Tout bénef pour nous. S’ils voulaient juste la retrouver en bluffant parce qu’ils sont dans le mur, ils nous foutront la paix. S’ils avaient des preuves, ça nous laisse un peu temps pour nous organiser et nous mettre tous à l'abri... » Il hoche la tête frénétiquement, fait les cent pas, s’arrête pour regarder la fille d’un air circonspect alors que Derek parle. « Ouais, possible, ça. T’as pas…merde. Rafa, mon père savait faire ça, y avait jamais de témoins, personne ne savait jamais ce qu’il s’était passé…y a un sort…non ? » Rafa confirme. Finn, lui, trépigne, s’énerve, a du mal à trouver ce dont il parle : son statut de cracmol l’handicape et avec l’énervement, le mafieux a l’impression que tout le monde le prend pour un dingue. Finalement, c’est Hayes qui lui parle du sort. Oubliettes. « Ah oui, voilà. Tu sais faire ça ? »

L’irlandais claque des doigts, déroule un plan d’une voix précipitée : « On nettoie bien la malle, Pas de traces. Tu la touches pas directement, et tu la largues dans un coin tranquille, comme dit Bob, puis tu reviens. Après, on se sépare, et on se fait tous oublier. On s’est jamais vu, on se connait pas : de toute façon, on a tourné, tout le monde a eu une activité normale. On a jamais entendu parler de ça, si on nous demande, et puis voilà. » L’acteur a l’habitude de raisonner sous pression et ça lui semble bien, à Finn, un bon plan. Qui lui donne l’illusion de ne pas être en train de paniquer, en tout cas. Foutues histoires de sorciers, songe-t-il, en claquant quelques ordres pour ses hommes : on plie les cannes et on décanille, aucune trace ne doit rester. Bientôt, il ne reste plus que les têtes pensantes de l’équipe, et puis Gaia. Du reste, plus rien. Il se tourne vers la jeune femme, les mains dans les poches :  « Bon, bah…adios, ma jolie, tu nous pardonne, hein ? » De toute façon, elle est hors jeu, et puis bon, elle ne se souviendra pas d’eux. Callahan s’éloigne pour laisser Hayes procéder – il espère que la fille ne gueulera pas trop. De son côté, il tape sur l’épaule de Bob amicalement : « Tu me tiens au courant, ouais ? Je vais disparaitre des radars un moment, avec les gars. Si t'as pas de nouvelles c'est normal, mais hésite pas en cas de besoin. »

C’est encore Colton qui va avoir la partie la plus difficile, parce que c’est bien lui que Leach reviendra voir en premier. Hayes ne devrait pas trop être inquiété, en réalité…tant qu’ils n’ont pas fait le lien. Et lui ? Lui, il vit dans le monde moldu, il est un putain de moldu, et il va se faire oublier, tout petit. Finn a l’habitude : c’est comme ça après chaque gros coup. Sauf que là, le gros coup est devenu un sacré échec.Lissant nerveusement sa moustache - qu'il a hâte de retrouver une gueule normale, d'ailleurs, aussi - il allume une cigarette et en propose une à Rafa : « Putain, je serai content quand on se sera tiré d’ici, nous. T’as pris les billets pour LA ? Garde les sous le coude, hein. Je vais voir Eve et puis…bon on verra. » C’est qu’il hésite, lui, maintenant, à partir. Rien n’aura définitivement marché dans ce foutu plan, et Finn commence à croire qu’il a fait une belle connerie. Pas d’or, les flics au cul, sorcier qui plus est, et puis merde, si partir serait probablement la meilleure option, il ne veut pas lâcher la jeune femme comme ça. Mais quand même, songe-t-il, alors qu’il attend que Hayes revienne, vivement qu’ils se soient tirés de ce hangar…

(C) CANTARELLA.