Kathy n'allait pas si mal en ce moment comparé à d'autres fois. Elle était d'humeur assez bonne, avait moins d'ennuis étrangement. Ça allait quoi. Bon, elle faisait toujours attention d'éviter certains coins qu'elle savait moyens et aussi certaines personnes. Mais dans l'ensemble ça allait. Elle avait toujours un peu de mal avec les cours, mais ça c'était encore une autre histoire. Ce n'était pas comme si elle pouvait y changer quelque chose en si peu de temps. Elle ne faisait pas de miracle non plus, elle n'était qu'une jeune fille comme les autres. Ou presque en tout cas. Son histoire la rendait particulière. Katherine avait connu des choses que tout le monde n'avait pas affronté. Et elle avait réagit à tout cela à sa manière. Une autre personne n'aurait pas fait pareil. Mais c'était aussi ce qui faisait son charme. Elle, la douce et optimiste Katherine Stratov. Oui, pas toujours, certes, mais elle restait fondamentalement optimiste. Elle y croyait. Elle voulait absolument retourner dans sa Russie, elle voulait vivre de sa musique, elle y croyait. Même si en vérité, tout cela n'était pas gagné, loin de là. Vivre de musique, c'était compliqué. Elle n'avait pas non plus de soutien dans son pays. Kathy devrait vraiment se débrouiller seule. Mais elle ne désespérait pas pour autant, elle voulait y arriver.

Ce jour-là, Katherine s'était un peu promené dans les couloirs parce qu'il faisait un peu froid pour aller dans sa zone de replis habituelle et elle n'avait plus de devoirs à faire. Alors elle s'était baladé gentiment, peut-être qu'elle irait dans la bibliothèque quand il y aurait moins de monde. Si elle croisait Purdey aussi peut-être qu'elle irait lui parler un peu. Mine de rien leur conversation avait été un peu tendue, mais la jeune fille avait apprécié. Elle l'aimait bien Purdey, déjà à la base. Mais elles avaient parlé de choses qui les touchaient toute les deux et quoi qu'on en dise, ça faisait du bien. Katherine avait un peu cherché Andreï, parce que lui aussi elle l'aimait bien. Et puis ils avaient l'air d'avoir tellement de choses en commun. C'était quand même bien agréable. Il parlait russe!! Ce qui était déjà un très net avantage pour lui. Elle adorait entendre ces sonorités tellement lointaines maintenant. Andreï, en plus de lui être très sympathique, pouvait faire cela.

Elle était donc dans les couloirs quand son cœur se mit à battre bien plus vite en voyant qui se trouvait au bout du couloir. Elle avait voulut faire demi-tour mais visiblement trop tard. Elle les connaissait ces garçons. Elle les connaissait bien même. Katherine avait ses adresses, ceux qui avaient l'habitude de la titiller. Plus ou moins suivant les jours. Mais quoi qu'il en soit, elle préférait les éviter. Ce qui ne semblait pas être le cas cette fois. Ils avaient vite fait de venir vers elle et de commencer à la taquiner. Kathy préférait ne pas leur répondre. De toute façon ils trouvaient même moyen de lui dire des choses qu'elle ne comprenait pas. Ils parlaient avec cet anglais un peu familier qu'elle ne maîtrisait clairement pas. Katherine reculait devant eux et n'avait pas vu qu'il y en avait un derrière elle. Pas le temps de le voir qu'il lui avait pris sa baguette par surprise. Elle l'avait sortie par hasard, on ne sait jamais, mais elle ne l'avait plus. Kathy essaya de la récupérer, la demanda, mais en même temps, ce n'était pas elle qui allait y faire grand-chose...

Katherine avait l'habitude qu'on lui cherche des poux. En plus c'était toujours les mêmes. Mais généralement elle s'en remettait tout de même. Ce n'était pas si grave. Il n'y avait eut qu'une fois où ils lui avaient fait mal. Mais même elle pensait qu'ils ne l'avaient pas fait exprès. C'était peut-être vrai, ou non. Elle ne savait pas finalement. Quoi qu'il en soit, ce n'était pas la première fois que ce groupe tout sauf sympathique venait la voir. Et pas non plus la première fois qu'ils l'embêtaient. Si ils le faisaient, c'était simplement parce que c'était facile. C'est vrai, elle ne disait jamais rien de plus, elle ne se plaignait jamais à personne. Forcément, c'était presque encourageant. Elle s'en rendait compte mais bon, elle ne pouvait peut-être pas vraiment se résoudre à bouger elle-même. En parler, et à qui? Pourquoi? Elle deviendrait celle qui agaçait tout le monde, qui allait s cacher dans les jupons de maman à la première occasion. Ce n'était pas ce qu'elle voulait, ça serait vraiment nul. De toute façon, ce n'était pas si grave... si?

Katherine essayait de récupérer sa baguette alors qu'elle passait de mains en mains. De l'extérieur ça avait sans doute l'air d'un stupide... mais en même temps, c'était difficile à suivre. Dès qu'elle arrivait devant celui qui l'avait, un autre venait la récupérer ou alors il la faisait léviter jusqu'à son copain ou la laissait tout simplement en l'air. Mais trop haut pour qu'elle l'attrape bien entendu. Autrement cela ne serait pas pareil. Katherine allait une fois de plus vers l'un de ses petits camarades quand la baguette vola sans que cela ait l'air volontaire. C'est à ce moment que son regard se tourna avec celui des autres vers un jeune garçon qu'elle... et bien qu'elle ne connaissait pas, tout simplement. Elle ne savait pas qui c'était, elle ne se souvenait pas l'avoir vu. Elle n'osa même pas bouger. Visiblement, maintenant, c'était entre eux et lui. Sauf qu'elle entendit le guetteur dire qu'un professeur arrivait. Autant dire qu'ils avaient vite décampé. Le jeune garçon qui était resté ramassa la baguette de Kathy avant de la lui rendre. La jeune fille la pris, les joues d'un rouge pivoine.

-Ça va, ils ne t'ont pas fait de mal ?

Katherine n'avait rien, comme la plupart du temps. Ils ne faisaient que la chercher après tout. C'était bien agaçant, humiliant et jamais agréable, mais au fond ce n'était affectivement pas trop grave. Même si, bien entendu, Katherine ce passerait bien de tout ça.

-Non, ça va... merci...

Kathy osait à peine le regarder, elle avait pris sa baguette tout doucement, comme si il pouvait encore la reprendre. Ce n'était pas qu'elle avait peur qu'il la reprenne effectivement. Plutôt un réflexe. Juste au cas où. Parce que visiblement il n'avait rien contre elle et semblait même vouloir l'aider. Katherine laissa passé le professeur précédemment annoncé sans trop le regarder. La discrétion c'était ce qu'elle préférait...

Katherine n'était pas du genre à plaisanter avec tout le monde, à aller faire leur connaissance, ou même leur demander l'heure. En fait, si elle avait pu être muette, cela ne l'aurait pas tellement dérangé. Sauf avec ses amis. Oui, elle en avait. Deux, mais c'était quand même des amis. Pour elle en tout cas, elle ne savait pas si eux pensaient la même chose. Mais elle les aimait bien et parler avec eux était agréable. Même elle voulait bien l'admettre. Mais le reste du temps, sa langue ne lui servait pas beaucoup. Alors quand on venait la voir, le plus souvent, c'était la panique. Et pas la petite panique avec juste le cœur qui s'emballe. Je vous parle de celle où nos joues deviennent le radiateur de notre corps, celle où notre langue semble s'être accrochée à nos dents et où on aimerait être foudroyé sur place. Katherine n'aimait pas du tout ça. C'était sans doute ce qui faisait d'elle la cible parfaite. Ou tout au contraire la parfaite demoiselle en détresse. Et ce jour-là il semblerait qu'elle jouait aussi bien l'une que l'autre.

Une fois n'est pas coutume, on était venu lui dire bonjour. Et pas bonjour avec la bise amicale, pas exactement. Contrairement aux autres fois où ils finissaient par se lasser, le groupe s'était dispersé après l'intervention d'un autre élève et l'arrivée d'un professeur. Kathy était bien contente d'avoir récupéré sa baguette, mais maintenant elle se retrouvait face à ce garçon qu'elle ne connaissait pas. Ce qui était assez gênant. Elle ne savait pas trop quoi dire. En fait, elle n'avait pas spécialement envie de parler. Finalement ce fut lui qui lança la conversation. Non ils ne lui avaient pas fait mal. Ce n'était pas non plus de grosses brute. Ou du moins pas toujours. Ils préféraient la faire tourner en bourrique. C'était bien plus drôle. C'était plus des vicieux que des violents. Après lui avoir répondu il y eut un léger silence... qu'elle n'avait pas vraiment envie de rompre.

-Qu'est-ce qu'ils te voulaient ?

Très bonne question. Katherine leva un peu les yeux vers lui, perplexe. Si elle le savait, elle n'aurait pas besoin d'aide. Si elle avait vraiment su ce qu'ils voulaient, elle leur aurait donné pour qu'ils la laissent tranquille. Non elle ne savait pas, et elle se demandait si ce garçon ne posait pas là une question bien stupide...

-Je ne sais pas moi...

Et puis après tout, si il le lui demandait, il y avait peut-être une raison. C'était un peu tordu comme réflexion mais elle se la faisait quand même. De toute façon, on ne savait jamais alors autant demander...

-Tu le sais toi?