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 La corde au cou - Rafa

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Eve Talbot
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Message#Sujet: La corde au cou - Rafa   La corde au cou - Rafa Icon_minitimeJeu 7 Sep - 0:07

❝ Rafa & Eve❞La corde au couCroyez-le ou non, Eve n’a jamais eu l’ambition d'être un oiseau messager. Ironique quand on sait que c’est justement - en partie au moins - son travail. Elle répondra que ce n’est pas pareil et qu’ici c’est personnel. Cela dit, rien n’y fait. Voilà une mission à laquelle elle ne pouvait pas échapper. Nobby, quand il le veut, peut se montrer très persuasif. Son côté flic qui ressort, dirait la jeune femme. Et puis, elle lui doit bien ça. Leur rencontre, la première depuis des mois, n’a pas été de tout repos pour le sorcier et qu’elle n’est pas certaine qu’il lui pardonnera de sitôt ce qu’il estime être une brèche dans la connfiance qu’il lui portait.  La voilà donc chargée d’une mission aussi désagréable que inévitable : annoncer à Rafa que Nobby, chef de la police magique et oncle de sa chère et tendre, requiert sa présence. Les choses n’ont pas été dites telles quelles mais l’idée reste la même, O’Riordan est demandé pour un entretien particulier.

Personne ne s’étonne de la voir arriver au Cohan en fin d'après-midi. Elle fait partie des meubles et la seule différence, c'est que l'on regarde désormais, avec une certaine révérence, ce ventre qui s'arrondit et dont on ne sait trop ce qui va sortir. Pragmatique, comme d’habitude, c’est Cohan qui s’occupe directement d’elle  :

- Le patron n'est pas encore revenu de son rendez-vous mais le second est à l'étage si vous voulez patronne. Je vous sers quelque chose ?
- Ça tombe bien, c'est lui que je venais voir. Monte une bière et un Earl Grey quand tu as cinq minutes, je crois qu’il va en avoir besoin.

Le semi-rire qui accompagne sa déclaration fait savoir que rien de dramatique n’est en cours. C’est tout ce que le praton de l’établissement à besoin de savoir. Depuis quelques mois, les choses sont calmes. Aussi calme qu’elle puisse l’être dans leur milieu. On y prend vite goût l’air rien et ils sont plusieurs à se dire qu’ils ont mérité de se la couler douce après les évènements de l’an passé.

D'un pas vif, la jeune femme monte les escaliers qui mène au bureau de Finn tout en songeant que dans quelques mois, elle ne pourra plus le faire avec autant d'aisance. Sans prendre la peine de frapper à la porte, elle entre dans le bureau dont l'atmosphère enfumée témoigne que son ami travaille sur les comptes depuis un moment. Son entrée lui vaut un regard furibond qui se transforme en simple agacement en voyant qui ose l'interrompre. Il faut dire que si un autre se fait remballer sec en pareille occasion, elle a un passe droit.

- Attend de voir ce qui m'amène avant de faire cette tête. On croirait que tu as vu la faucheuse.

Pour la défense de Rafa, il faut dire qu’un certain nombre de fois, lorsqu’elle est venue au Cohan, c’était que la catastrophe était imminente voire déjà ammorcée. Cela dit, même le second est obligé d’admettre que les choses sont plutôt rares en ce moment en dehors de - selon ses propres mots - l’antéchrist qui grandit en son sein. Commentaire qui lui a valu quelques noms d’oiseaux bien senti ; ce qui était probablement la réaction attendue.

Avec ce timing impeccable que seul Liam peut avoir, la porte s’ouvre de nouveau avec les boissons et un cendrier neuf. Sagement, l’homme entrouvre un peu la fenêtre, juste un rien, pour faire passer un peu d’air frais. Une fois les cadavres témoignant de l’après-midi de travail d’O’Riordan débarassé, il s’en va sans un mot, laissant les jeunes gens à leur discussion.

Une fois débarrassée de son manteau, elle s’installe sur la chaise en face de celle de son compagnon et verse tranquillement son thé mais sans porter la tasse à ses lèvres. Celui-ci est brûlant, elle le voit à la fumée qui s’échappe de la théière. Déclinant une cigarette proposée par Rafa - ordre du médecin - ils restent un moment silencieux. Après tout, ils font partie de ces gens qui n’ont pas toujours besoin d’échanger une parole pour se comprendre.

- Tu te souviens que je devais aller voir Leach ?

Entre les fêtes de fin d’année et la fatigue des premiers mois de grossesse, la jeune femme finit par perdre un peu le fil des informations qui ont été données ou non.

- Je l’ai fait un peu mariné et finalement j’y suis allé il y a deux jours.

Une rencontre pas tout à fait plaisante mais moins dramatique que ce que la jeune femme avait envisagé.

- On va dire que ça c’est mieux passé que ce que j’avais escompté mais ce n’est pas le sujet. A un moment, tu es arrivé dans la conversation et Nobby est curieux.

Façon polie de dire qu’il a déniché tout ce qui pouvait se dire ou se savoir sur Rafael côté sorcier.


- Comme tu es apparemment très présent dans la vie de sa filleule, il m’a demandé de te transmettre une invitation à venir le voir.

Le mot invitation n’est là que pour arrondir les angles. Rafa en est probablement conscient tout comme Eve quand la dite invitation a été faite. Néanmoins, autant faire semblant.
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Message#Sujet: Re: La corde au cou - Rafa   La corde au cou - Rafa Icon_minitimeSam 9 Sep - 22:30

La corde au couEve & Rafa

Les chiffres s’alignent sur le grand cahier ouvert devant Rafa, à mesure que les papiers sont dépouillés et classés en piles nettes sur le devant du bureau. Si une personne extérieure s’avisait de venir lire par-dessus l’épaule du second de Finn Callahan, elle serait bien en peine de deviner que l’homme qui travaille ainsi est au service d’un clan mafieux. Les documents qu’il épluche consciencieusement sont tout ce qu’il y a de plus légal : extraits de comptes, statuts d’entreprises, comptes-rendus de conseils d’administration, relevés d’opérations boursières. Depuis quelques mois, Rafa a amorcé, avec l’accord du patron, une grande campagne de blanchiment des actifs du clan. L’Angleterre d’après-guerre est le terrain de jeu idéal pour ça. La reconstruction a dopé certains secteurs, et Callahan est désormais propriétaire ou actionnaire de toute une nébuleuse de sociétés - cimenteries, compagnies de transport, minoteries, et même, ça a bien fait marrer les deux mafieux, une ou deux banques dans lesquelles ils ont placé quelques billes. Le travail de gestion de ces actifs n’est guère différent de celui qu’accomplissait Rafa lorsque le clan n’intervenait quasiment que dans l’informel ; il prend simplement plus de temps, parce que c’est le début et qu’il faut poser les bases d’une nouvelle organisation. D’un commun accord, O’Riordan et Callahan ont décidé de ne pas faire appel - pas encore - à un comptable professionnel ; plus tard, lorsqu’ils auront parfaitement séparé le légal du douteux, il sera temps d’y songer.

Les chiffres s’alignent donc, depuis deux bonnes heures, voire trois. Rafa s’est installé dans le bureau du patron, au Cohan, parce qu’il préfère être présent à Kilburn, mais il a bien spécifié qu’il n’était là pour personne, sauf urgence particulièrement urgente. Il s’est enfermé avec son stock de cigarettes et un café fortement arrosé de whiskey qui a été vite avalé ; depuis, il n’a vu personne, ce qui lui a permis d’avancer assez honnêtement sur son boulot. C’est qu’il voudrait pouvoir présenter assez rapidement un premier bilan de l’opération au patron ; mais pour cela, il faut dépouiller, classer, additionner, bref organiser tout ce nouveau bordel.

Lorsque Rafael mentionne qu’il n’est là pour personne, il n’y a que deux personnes qui puissent le déranger impunément. La première est Liam Cohan : le bistrotier prend parfois sur lui de monter une bière, un cendrier propre, et de redescendre les verres vides. Il procède dans un silence de monastère, si bien que Rafa n’est pas interrompu dans son travail ; parfois, il ne réalise pas vraiment que Cohan est venu, et ce n’est qu’en prenant machinalement la bière fraîche qu’il s’en rend compte. La seconde personne qui puisse entrer sans se prendre une algarade, bien entendu, c’est le patron. Il évite généralement de déconcentrer son second lorsqu’il le voit absorbé dans son travail ; mais même lorsqu’il entre comme un chien dans un jeu de quilles, Rafa ne se permet pas de râler, parce qu’après tout, il est chez lui.

Deux personnes, et puis c’est tout. N’importe qui d’autre se ramasserait le presse-papier dans la tronche. N’importe qui sauf Eve, apparemment, puisque son entrée ne déclenche aucun geste de colère chez Rafa. Il faut dire qu’elle a le bon goût de ne pas trop l’interrompre dans sa tâche. Le voyant aux prises avec ses paperasses, elle se contente de le rassurer quant à la raison de sa venue, et puis elle s’installe en silence, le temps de le laisser terminer ce qu’il fait. Dans l’intervalle, Liam se ramène avec une pinte de bière - de la blonde, la Guinness tape un peu trop pour faire de la comptabilité sérieusement - et un thé pour Eve ; une fois Cohan sorti, Rafa ajoute un dernier chiffre à l’une de ses colonnes, un dernier papier à l’une de ses piles, et il suspend son travail. La première gorgée de bière, après cet après-midi de travail et de tabagie, est une véritable bénédiction. Rafa observe l’air de rien le ventre de son amie en reposant son verre ; bien qu’il s’en défende, ça le fascine un peu, cet être qui grandit en elle. Il a bien senti que Robin aussi était intriguée ; les femmes sont toujours émerveillées par une femme enceinte, s’est-il dit pour se rassurer, et ça ne veut pas dire qu’elle voudrait elle aussi un bébé. Offrant par habitude son paquet de sèches ouvert à Eve, il grommelle :


-Scuse-moi, hein, mais quand tu déboules ici, en général, c’est pas pour du réjouissant.

Comme elle refuse la cigarette proposée, il se rappelle que le médecin a déconseillé le tabac, et renonce lui-même à fumer. Il pousse même l’obligeance jusqu’à aller ouvrir plus grand la fenêtre du bureau pour renouveler l’air, avant de revenir s’asseoir dans le fauteuil du patron. Une chance qu’il ait eu le temps de reposer ses fesses, du reste ; la suite a de quoi couper les jambes à un cul-de-jatte. Eve commence à s’expliquer, lentement, laconiquement, mais Rafa a la désagréable impression de comprendre où elle va en venir. Et lorsque la tuile tombe, il ne peut que lever les yeux au ciel. Évidemment, Leach veut le voir.

-Comme c’est charmant, ricane-t-il. Une invitation à aller le voir. Il se dit sans doute que je vais rappliquer comme un bon chienchien et lui donner gentiment la papatte pour qu’il me passe les menottes.

Pourquoi le chef de la police magique voudrait-il le voir, hein, si ce n’est pour se débarrasser d’un prétendant indigne de sa nièce ? Pour le type méfiant en diable qu’est Rafa, c’est cousu de fil blanc. Bien conscient qu’Eve n’y est pas pour grand-chose, il se force à ne pas la rabrouer trop vertement :

-Ecoute, c’est gentil de m’avoir transmis l’invitation, mais tu lui diras que ce jour-là, je peux pas. Ça va, toi, à part ça ? et l’antéchrist ? il est sage ?

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Message#Sujet: Re: La corde au cou - Rafa   La corde au cou - Rafa Icon_minitimeDim 10 Sep - 1:00

❝ Rafa & Eve❞La corde au couDès le départ, Eve s’est dit que cette histoire n’allait pas être une mince affaire. En réalité, son premier réfléxe a été de faire la grimace et de refuser tout net. Non, ce n’est pas le genre de chose dont elle veut se mêler, sans compter que Rafa ne lui sera pas reconnaissant de passer le message. Le Second, elle le connaît depuis le temps. Nul doute qu’il va l’accueillir avec sa tête des mauvais jours ; pour une fois, elle ne pourra pas lui donner tort. Donc merci mais non merci, il faudra que Leach se trouve un autre messager. C’est mal connaître le policier. Pas question de lâcher l’affaire et ce, malgré le peu d’envie de la jeune femme. Elle lui doit bien ça, lui fait-il comprendre. Entre l’inquiétude et le reste, qu’est-ce que transmettre un message de sa part pour rendre la pareille. Sans compter que, on parle de sa nièce, n’est-il pas en droit de vouloir voir l’homme qui partage sa vie pour le moment ? En tant que future mère, elle devrait comprendre.

Un argument qui n’a pas vraiment fait mouche. Par contre, elle doit admettre, elle lui doit au moins ça. Ce n’était pas fair-play de le laisser s’inquiéter comme ça. En particulier alors qu’il l’a fait sortir de l’hôpital et après l’avoir accueillie et soignée chez lui. D’un soupir, elle a donc accepté. Elle transmettra le message à O’Riordan mais juste ça. Pas question qu’elle le force à faire quoi que ce soit - pas comme si elle en avait les capacités de toute façon - et elle n'est pas là pour le convaincre non plus. Il viendra, seulement s’il en a envie. Or, envie, elle doute que ça le démange de rencontrer un flic.

Néanmoins, elle a fait une promesse et s’y tient alors la voilà, dans le bureau de Finn et un peu celui de Rafa aussi, attendant qu’il ait fini ses comptes pour s’atteler à la tâche déplaisante qui est la sienne. D’ailleurs, Rafa ne s’attend à rien de moins de sa part. Elle hausse les épaules, lui condédant le point bien volontier :

- J’ai pas dis que ça serait agréable. Juste pas catastrophique. Tu avoueras que ça change.

En réalité, leur dernière discussion un peu houleuse dans ce bureau date de sa première fausse couche. Un évènement que l’un comme l’autre préfère sûrement ne pas remettre sur le tapis. En particulier quand ladite discussion n’a pas fait ressortir le meilleur chez l’un comme chez l’autre.

Sans surprise, une fois qu’elle lui a expliqué la raison de sa venue, Rafa est moins que enthousiasme. Il a le bon goût de ne pas passer ses nerfs sur elle, conscient qu’elle n’est que le messager mais nul doute que la communication ne lui fait pas plaisir.

- Ecoute, je lui avais dit que tu refuserais. Je ne voulais même pas transmettre le message mais bon, je lui dois un service ou deux.

Soucieuse de tout de même nuancer, elle ajoute :

- Ce n’est pas ton plus grand fan. Ne nous mentons pas mais ce n’est pas pour ça qu’il veut te voir. Il adore Robin, ça se voit et je pense qu’il s’inquiète sincèrement pour elle. Il s’inquiétait déjà, à raison tu me diras, qu’elle fréquente Avery. Du coup, par principe, je t’ai quand même vendu. Je ne dirais pas que j’ai fais de toi le gendre idéal mais je n’allai quand même pas le laisser te comparer à un putain de mage noir. Seul point positif de cette histoire c’est que j’ai pu lui donner les détails de tes démêlés avec Avery et le convaincre que ça ne serait pas mal que même la Police Magique s’intéresse de plus près à sa famille. Réfléchis-y. Je crois que c’est inévitable si tu veux continuer à voir Robin. Moi j’ai dis que je n’essaierai pas de te convaincre, c’est pas mon job par contre, je lui ai dis que je me doutais bien que t’irai pas tout seul à la rencontre d’un flic et donc j’ai dis que je voulais bien jouer la zone tampon. Je serais là, dans un coin, l’assurance que ce n’est pas un coup fourré et que rien ne dégénère d’un côté comme de l’autre parce que Nobby ne me mettrait pas en danger et toi non plus.

Encore moins, avec un enfant dans le coffre comme dirait charitablement certains gars du Cohan. Néanmoins, le raisonnement de la jeune femme a du sens. Avec elle au milieu, c’est la certitude qu’ils ne feront que parle quitte à s’envoyer quelques noms d’oiseaux dans la foulée.

Posant une main sur son ventre, Eve sourit, amusée par la question presque pudique du second sur son ou sa filleulle à venir.

- La future pénitence de ton existence se porte à merveille. Justement, elle commence à se manifester. Ça fait une semaine ou deux qu’il a commencé à donner des coups. Je ne raconte pas la tête de Finn. Le doc’ dit que c’est le signe qu’il est en bonne santé.

Elle prend sa tasse à thé et sirote tranquillement le liquide brûlant avant d’ajouter :

- C’est bizarre, non ? Moi, enceinte. Même moi je ne m’y habitue pas tout à fait. On ne s’attend pas à ce que quelqu’un comme moi le soit. Ca irait mieux à Robin, sans te foutre les jetons.
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Message#Sujet: Re: La corde au cou - Rafa   La corde au cou - Rafa Icon_minitimeDim 10 Sep - 20:24

La corde au couEve & Rafa

Juste pas catastrophique. La nuance fait marrer Rafa. Vrai que quand on a connu la Miss Talbot des grands jours, c’est un changement majeur. Il ne peut s’empêcher de charrier doucement :

-Je te l’accorde, ça change. On sent que t’as levé le pied, dernièrement. Ça manque de macchabées, tout ça, ma vieille.

Il ne se marre pas bien longtemps, cependant. La pastille qu’elle crache est assez peu appétissante. Une rencontre avec Leach, ben tiens. Et pourquoi pas prendre le thé avec Avery ? Aller au bain turc avec Rory ? C’est pas les idées à la con qui manquent, si on va par là. Le premier réflexe de Rafael est bien entendu de décliner cette charmante invitation, mais il sent bien que ça ne suffira pas. Ce serait trop facile s’il pouvait juste dire “non, merci” et faire comme si Leach n’existait pas. Il reste l’oncle de Robin, son parrain, l’un des hommes de sa famille dont elle est le plus proche. Il ne peut pas lui demander de choisir entre Leach et lui ; ce serait injuste, surtout que Robin, elle, a accepté sans broncher sa propre famille, ou ce qui lui en tient lieu, à savoir un chef mafieux, un gang de types plus ou moins patibulaires, une Florence un peu trop familière et une Eve qu’elle a d’abord prise pour une conquête. Si on considère les choses avec objectivité, elle aurait été en droit de prendre peur, devant cet échantillon d’humanité douteuse. Mais elle a accepté chacun comme il venait, au point de s’entendre désormais avec le patron comme larrons en foire.

Rafa écoute Eve avec attention, tout en buvant distraitement de petites gorgées de bière. Il y a du positif dans ce qu’elle dit, à commencer par le fait qu’elle a attiré l’attention de Leach sur Avery. Quant au fait qu’elle ait vendu Rafa comme un article de premier choix, il n’en doutait pas vraiment : ils sont sortis du même moule, tous les deux, et il en aurait fait autant pour elle. L’esprit de clan est poussé à l’extrême chez eux ; on soutient les siens, quoi qu’il advienne, qu’ils aient tort ou raison.


-T’es une vraie frangine, commente-t-il en guise de remerciement. Tu m’apportes des nouvelles de merde, mais t’es une vraie frangine.

Il met de côté, provisoirement, la question de cette invitation si malvenue pour prendre des nouvelles de son futur filleul, l’air de rien. La réponse d’Eve lui coupe les bras, et lorsqu’elle mentionne les coups, il affiche une tronche incrédule :

-Sérieux ? Tu le sens bouger ?

La question peut sembler naïve, mais elle révèle surtout qu’Eve est la première femme eneeinte que Rafa côtoie d’assez près pour être mis au courant de ces détails. Jusqu’à présent, il n’avait jamais songé qu’un bébé pouvait se manifester dès avant sa naissance ; idiot, sans doute, mais il ne s’était même jamais posé la question. Pour un peu, il demanderait la permission de poser sa main sur le ventre d’Eve, mais ça lui semble vaguement impudique, alors il se contente de froncer les sourcils :

-Eh, laisse Robin en dehors de ça, tu veux ? On n’a pas besoin de ça, nous. Elle était déjà assez curieuse quand elle t’a vue à Noël, ça va finir par lui donner des idées…

Il en a presque des frissons, rien que de s’imaginer affublé d’un marmot. Un mioche moitié sorcier, moitié gangster, une sale caboche à mèches blondes, toujours entre deux mondes, chez lui nulle part. Très peu pour lui, songe-t-il, sans réaliser que l’enfant serait probablement sorcier et appartiendrait pleinement au monde magique. De toute façon, la question ne se pose pas : c’est impossible. Dans leur situation, Robin et Rafa ne peuvent pas se le permettre. Lui est trop compromis dans des affaires louches, et la famille de la jeune femme - témoin Nobby Leach - n’acceptera pas aussi facilement un fiancé aussi douteux que lui, sans même parler de son aversion pour la magie. Ce serait au moins aussi difficile à gérer que l’antéchrist qui pousse gentiment dans le ventre d’Eve, et Rafa sent qu’il aura déjà bien assez de boulot avec le môme de Finn sans avoir envie de tenter lui-même l’expérience. De toute façon, il n’est pas fait pour être père. Il n’en a pas eu, il ne peut pas savoir comment on fait. Fin du chapitre. À regret, avec un soupir à fendre l’âme, il revient au dossier Leach, qui n’est guère plus enthousiasmant :

-Bon, tu sais que ça m’emmerde prodigieusement de devoir te dire ça, mais t’as raison, pour Leach. Je peux pas me défiler, si je veux continuer à voir Robin, et je compte bien continuer à la voir encore longtemps, ajoute-t-il presque sur un ton de défi.

Nouveau soupir, plus rageur que désespéré. C’est qu’il n’aime pas se sentir acculé comme ça, le Rafa.


-Tu peux te charger de lui transmettre ma réponse ? Dis-lui que s’il veut me voir, ce sera de ce côté. Je fous pas un orteil côté magique, moi. Il a qu’à venir ici, s’il veut, je me porte garant de sa sécurité. Et si t’es dans le coin, c’est encore mieux. Ça nous mettra tous à l’abri d’un coup de sang. Le pouvoir pacificateur des femmes, comme dit le patron.

Il se marre, de nouveau. Difficile d’imaginer un être moins pacifique que la jolie rousse qui lui fait face. Il faut l’avoir vue saigner Ludo Montenza pour savoir de quoi elle est capable, avec son air de jeune femme sage. Il y a quelque chose de cocasse à confier à cette fille la charge de garantir une rencontre paisible, finalement. Et puis, la curiosité reprenant le dessus, il poursuit, très sérieusement :

-Au fait, je t’ai pas demandé… tu crois qu’il va lancer une enquête sur ton connard de voisin ? Ce serait pas mal, ça. Et qu'il le foute en cabane, au passage. Je suis pas tranquille, moi, avec ce demeuré en liberté. Robin dit qu'il lui ferait pas de mal, mais elle a trop confiance en l'humanité, si on peut appeler ça l'humanité.

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Message#Sujet: Re: La corde au cou - Rafa   La corde au cou - Rafa Icon_minitimeVen 22 Sep - 23:27

❝ Rafa & Eve❞La corde au cou- Je sais, je sais, soupire-t-elle avec fatalisme. Crois moi, je n'étais pas enchantée de devoir jouer au hibou pour ses beaux yeux mais qu’est-ce que tu voulais que je dise ?
Rien. Ils le savent bien tous les deux. Cela dit, dire que l’invitation à prendre le thé de Nobby est loin d’enchanter Rafa est un euphémisme. Eve, pourtant habituée à le voir tirer la gueule, en particulier quand elle joue les oiseaux de mauvais augure, l’a rarement vu aussi catégorique. Non, il n’ira pas voir Leach. Les sorciers d’un côté, lui de l’autre. Chacun chez soi et dieu pour tous tant qu’on est pas obligé de se croiser. Si son amie comprend son premier réfléxe, elle doit admettre que sa position est difficilement tenable. Leach, qu'il le veuille ou non, fait partie de la vie de sa nièce. De ce qu’elle a compris, lors de sa discussion avec le policier, ils forment une famille aimante et relativement unie. Rien d’étonnant quand on voit Robin elle-même et l’affection avec laquelle elle parle des siens. Le refus de Rafa ne fait donc que repousser l’échéance. Personne n’aime être mis au pied du mur mais il faut parfois se rendre à l’evance. Or, si Eve ne compte certainement pas le forcer à rencontrer Nobby, elle comprend que cette rencontre est préférable pour la pérennité de sa relation avec la jolie blonde. Et que personne ne s’y trompe, Rafa n’a pas l’air enclin à laisser quiconque se mettre entre lui et la petite sorcière.

Probablement soucieux d’abandonner une discussion qu’il juge déplaisante, il préfère prendre des nouvelles de la catastrophe à venir. Finalement, aussi ignorant qu’elle sur les questions touchant la maternité, il s’étonne que l’enfant se manifeste aussi tôt. Eve hausse les épaules un peu penaude tout en se cachant derrière sa tasse à thé.

- Le médecin a dû me trouver bête mais je ne pensais pas qu’il ou elle se manifesterait avant le grand jour. C’est stupide, je suppose.

Levant les mains au ciel, elle fait signe qu’elle n’est pas fautive et toute idée qui viendrait dans la tête de Robin n’est pas d’elle. Ca n’empêche pas la jeune femme de ricaner à l’idée. Se moquant peu charitablement, elle répond :

- Quel dommage, je t’y vois bien moi, suivis d’une tripotée de marmots tous aussi aimables que toi, ça te ferait une belle jambe.

Il y a un silence au cours duquel elle en profite pour boire une gorgée de thé, la seule chose rompant le silence de la pièce étant le bruit de la porcelaine qui se repose sur sa soucoupe.

- Finn est persuadé que ça serait une fille.

On perçoit une pointe de tension, si pas d’inquiétude dans sa voix quand elle ajoute :

- Il vaudrait mieux que ça soit un garçon, non ?

C’est probablement ce qu’elle choisirait si elle avait le pouvoir de le faire. Pas tant pour elle que pour l’enfant. D’un point de vue pragmatique - et sait qu’ils le sont- Rafa, comme elle, sait que la vie d’une femme est loin d’être facile, en particulier quand on vit la vie qu’ils vivent. Il est probablement trop tard ou trop tôt pour s’en inquiéter puisque qu’aucun d’eux n’a d’emprise sur ce qu’il adviendra de cet enfant à naître.

Quoique le nom de Leach ne soit pas revenu dans la conversation, ça n’a pas empêché Rafa d’y penser. L’ancien poufsouffle n’est pas idiot. Tout aussi ronchon qu’il soit à l’idée de voir le flic, il se rend bien compte que faire comme si la proposition n’avait pas été lancée est une solution à court terme. Rapidement, il revient sur sa position et accepte, du bout des lèvres, de voir le résistant. Se voir, oui mais pas sans condition ! Eve ne peut pas lui en vouloir mais même sa parole à elle ne suffit pas. En un sens, elle le comprend. Si la jeune femme a confiance en Nobby, elle ne peut pas répondre de lui à 100%. On ne le peut de personne. Parfois, il suffit de rien. Une parole mal placée, un coup de sang. Qui sait ce qui se passe dans la tête des gens ; en particulier quand on touche à ceux qui leur sont chers.

Du reste, les demandes d’O’Riordan sont plus que raisonnables aux yeux de la jeune femme. Elle aurait sans doute, dans sa situation, formuler les mêmes. Hochant la tête pour signifier son accord, elle s’empresse de répondre :

- J’enverrai un hibou en rentrant. Il acceptera, j’en suis sûre. C’est un Gryffondor, curieux comme des pots de chambre ces gens-là. Je suis sûre que Finn y aurait été s’il avait mis les pieds à Poudlard. C’est bien son style, cette maison remplie de tête brûlée.

Rafa et Eve ont beau s’éloigner autant qu’ils le veulent du monde sorcier, certains réflexes restent comme discriminer les autres maisons dès qu’on en a l’occasion. Cela dit, ce n’est pas parce qu’elle-même était à Serdaigle qu’elle était exempte des coups de sang. Elle ricane donc de bon coeur avec son camarade quand il évoque le pouvoir pacificateur de son sexe.

- C'est ça et à la fin je viendrais vous dire de faire un bisou magique et vous serez les meilleurs amis du monde.

Peu probable. Nobby est trop flic, malgré sa présence dans la résistance, pour vraiment se réconcilier avec l’idée que sa nièce sort avec ce qu’il estime être un malfrat. Quant à Rafa, il voit l’ensemble du monde policier comme étant une sale engeance qui ferait mieux de crever, mettant volontiers des oeillères quand elle est concernée.

- Sur Avery ? Je pense. Peut-être pas de façon visible au début, les sangs purs lui tomberaient dessus comme des niflleurs sur de l’or mais ce n’est pas le genre à laisser ce genre de type en liberté. Et puis, il va mettre la résistance sur le cul. Tu peux être sûr qu’il va être fliqué même s’il n’est pas au courant. Moi, j’ai fait appel à une de mes connaissances pour le fliquer un peu aussi. C’est quelque chose que je ne fais plus.

Les choses n’ont pas vraiment été dites telles quelles mais Finn et elle sont arrivées à un espèce d’accord tacite qui implique une fidélité entre eux plutôt incompatible avec certaines des anciennes activités de la jeune femme.
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Message#Sujet: Re: La corde au cou - Rafa   La corde au cou - Rafa Icon_minitimeLun 25 Sep - 22:04

La corde au couEve & Rafa

Et encore une qui délire à voix haute en imaginant Rafa flanqué d’une tripotée de mioches. Ça devient une manie, ces derniers temps, de fantasmer sur son destin de père de famille - nombreuse, si possible, comme on sait les faire en Irlande, sous la houlette d’une Eglise catholique toute-puissante. La famille dont est issu Rafa, avec ses quatre fils, était dans la moyenne basse du quartier. Nombre de ses potes avaient des cinq, six, sept frères et sœurs, généralement peu ragoûtants et toujours trop encombrants, qu’il s’agisse d’aînés inquisiteurs ou de cadets à babysitter. Pour O’Riordan, la famille, ça n’évoque rien d’autres que ces moutards douteux, constamment la goutte au nez, vêtus de nippes rapiécées, et qu’on poussait à faire les quatre cents coups pour rigoler -  “Eh, pas cap d’aller soulever la robe du curé !” ; ça, et puis les plats qu’on partageait toujours en trop de parts, le rôti prometteur dont on finissait par n’avoir qu’une minuscule tranche, pour que chacun des membres de la tribu puisse y goûter. Rien de réjouissant, en somme. Des emmerdeurs et des privations. Inconsciemment, et même si ses moyens n’ont rien de commun avec ceux dont disposait sa famille, lorsqu’on lui parle marmaille, il se visualise affairé à découper la volaille maigre du dimanche, tel un roi Salomon à la petite semaine, pour mettre dans chaque auge la même portion ridicule. Il ne faut pas compter sur Rafa pour idéaliser quoi que ce soit, surtout pas l’enfance. Alors mettre au monde d’autres petits crève-la-faim - même en sachant que lui aurait les moyens de nourrir sa portée - ou d’autres petits morveux, ça ne l’enchante pas. Il rabroue gentiment Eve :

-Tu sais, c’est pas parce qu’on a fait une connerie qu’il faut souhaiter aux autres de la faire aussi. Je suis pas fait pour avoir des mômes, moi. Dans ma branche, ils auraient vite fait de devenir orphelins, pas vrai ? Je veux pas ça, moi.

Même pas de reproche dans sa voix. Si le patron se sent assez solide pour affronter ça, tant mieux pour lui ; il a l’air sincèrement heureux, depuis que l’héritier est en route, et Rafa a renoncé à lui démontrer les mille risques de l’opération. Lui, en revanche, ne se défait pas de ses propres craintes d’enfant. Les yeux dans le vague, il poursuit, sans vraiment parler à Eve :

-Aucun môme mérite de grandir sans père. Faut pas être égoïste.

Il refait le point sur la rousse, semble se rendre compte, d’un coup, de sa présence, et ajoute avec un sourire amer :

-Je sais ce que tu penses, va. Robin non plus mérite pas de devenir veuve sur un règlement de comptes, et pourtant, j’ai vachement plus de chances de canner farci de plomb que dans mon plumard. J’te parie que c’est un peu ce qu’il t’a dit, son oncle, hein ? Qu’elle serait mieux avec un type tranquille, un gratte-papier du ministère, un gentil plouc avec des horaires de bureau et un job peinard… Je peux pas lui donner entièrement tort, si je dois être franc.

Un peu gêné aux entournures, il expédie en quelques gorgées profondes un bon tiers de sa bière, avant de reprendre en essayant de plaisanter :

-Moi, j’espère que ce sera un p'tit mec, juste pour donner tort au patron. Il se la joue prophète mais tout ça, c’est du flan. J’le sais, j’ai pratiqué. Et puis un garçon, j’aurai quand même vachement plus de trucs à lui apprendre.

Boxer, draguer les filles, nouer une cravate, pisser le plus loin possible, des trucs complètement crétins, mais qui ont leur importance lorsqu’on est gamin. Ouais, ce sera chouette, avec ce petit gars. Rafa ne se rend pas compte qu’il pose un regard presque attendri sur le ventre de son amie ; il faut qu’elle reprenne la parole pour le tirer de sa rêverie. Très sérieusement - trop, pour le sujet - il s’étonne :

-Vrai, tu l’aurais vu à Gryffondor, toi ? Me semble qu’il aurait pas déparé à Serpentard. Remarque, c’est n’importe quoi, cette maison. Tu sais que j’ai failli y aller ? Bordel, on aurait rigolé. Pas longtemps, sans doute, mais on aurait rigolé. Mais c’est vrai, Gryffondor, ça lui aurait pas été mal non plus. Il est assez bourrin pour ça.

Un bourrin pouvant en cacher un autre, Avery s’invite à nouveau dans la conversation, et Rafa s’assombrit. Pour la centième fois, il se reproche d’avoir visé le genou et pas le coeur ; ça aurait arrangé pas mal de monde. Il se force à blaguer :

-Ecoute, pour le bisou magique avec Leach, on attendra qu’il ait coffré Avery. Ce jour-là, je veux bien lui baiser les mains, à ton pote flic. En attendant, on va déjà essayer de trouver un terrain d’entente pour qu’il puisse voir ma gueule en couleurs et en stéréo, puisqu’il paraît que ça le rend curieux. On va pas discutailler des plombes, t’as autre chose à faire que jouer les pigeons voyageurs. Propose-lui de venir ici, avec ma garantie personnelle pour sa sécurité, mais s’il refuse, insiste pas. On trouvera un autre endroit, en terrain neutre, mais de ce côté. J’ai pas énormément d’exigences, mais ça, c’est pas négociable.

On dirait presque qu’il arrange une rencontre avec un chef de clan rival, à l’entendre. Ce n’est pas tout à fait faux, du reste, hormis que l’enjeu de la rencontre est autrement plus important que se partager des marchés ou des territoires. C’est de Robin qu’il s’agit, et il s’agit de faire bonne impression sur son poulaga de tonton, pour le bien de leur couple. Un peu perdu, Rafa demande à mi-voix, sans être vraiment sûr de vouloir entendre la réponse :

-Il t’a parlé de moi, un peu ? Il est dans quelles dispositions ? Tu crois que j’ai ma chance ?

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Message#Sujet: Re: La corde au cou - Rafa   La corde au cou - Rafa Icon_minitimeDim 22 Oct - 23:14

❝ Rafa & Eve❞La corde au couRafa ne pense probablement pas mal, il n’empêche que ça remarque touche un point sensible. L’espace d’un moment, le sourire d’Eve se fâne, laissant place à une angoisse latente. Parfois oubliée mais jamais vraiment partie, les craintes d’Eve vont et viennent comme la marée. La décision qu’elle et Finn ont prise n’est pas sans risque. Ils en sont tous les deux conscients. Néanmoins, la jeune femme a fini par se dire que la vie prennait toujours le dessus et que le risque en valait la chandelle. Il n’empêche que l’idée d’imaginer cet enfant à venir sans parents l’angoisse. Elle-même orpheline, elle ne souhaite pas reproduire ce qu’elle a vécu ; sans compter que si elle a toute confiance en Rafa, elle sait qu’un parrain ne peut pas remplacer des parents.

Heureusement, la jeune femme a passé la pire période de sa grossesse. Celle des hormones en folie qui provoquaient chez elle des réactions totalement incohérentes. Aujourd’hui, elle est assez calme pour comprendre que sa réflexion est allée au-delà de Finn et elle. Le Second, alors qu’il lui parle, se projette lui-même dans son avenir. Comme elle, il n’a probablement jamais fait de plans. Avant l’arrivée de Robin, Eve est d’ailleurs certaine qu’il imaginait sa vie en éternel célibataire, allant d’une femme à l’autre sans aucune attache, se satisfaisant d’être l’ombre de Finn.

On ne peut pas le lui reprocher. Après tout, elle n’a pas vécu sa vie différemment et il n’y a pas si longtemps, la jeune femme aurait probablement fait pareil, les conquêtes en moins. Non, elle comprend les réflexions du Second mais elles n’en sont pas moins pudiquement pour autant. Sans compter qu’elles lui font mal au cœur pour Rafa aussi. Elle n’en dira rien, ça semblerait indécent, surtout entre eux. Toujours est-il que la jeune femme est heureuse. Un changement auquel elle a encore du mal à s’habituer mais constatant que c’est en effet possible, elle souhaite que Rafa puisse lui aussi avoir ce qu’il pense ne pas mériter.

- Tu sais quoi ? Je n’y pensais même pas. Je veux dire, c’est vrai, le risque de mourir est plus élevé chez nous que chez le commun des moldus mais Robin ne vit pas dans un monde rose non plus. Entre les détraqueurs qui se sont échappés d’Azkaban, des mages noirs non identifiés qui estiment que tout ce qui n’est pas sang pur ne méritent pas de vivre, on ne peut pas dire que le monde sorcier est particulièrement sûr mais on ne peut pas arrêter de vivre pour autant. En tout cas, c’est ce que tout le monde s’efforce de me faire comprendre depuis dix ans et je me suis dis que j'allais peut-être écouter quelqu’un d’autre que moi pour une fois.

Quant à Nobby, aussi étonnant que ça puisse paraître, ce n'est pas le point qu’il a mis en avant.

- Honnêtement ? Ce n’est pas les risques du métier qui l’ont fait tiquer. C’est le chef de la Police Magique, il est résistant comme moi, ça serait parfaitement ironique de parler des risques du métier alors que lui-même risque de se faire descendre à tout moment et de laisser une veuve et une gamine qui n’a même pas encore l’âge d’être à Poudlard. Non, c’est le côté honnête.

Elle hausse les épaules avec un sourire amusé.

- Qu’est-ce que tu veux, c’est un foutu Gryffondor jusqu’au trognon. S’il a tiré la gueule quand je lui ai dis que j’étais agent double alors que je suis de son côté, tu te doutes bien qu’il n’allait pas sauter de joie à l’idée qu’un gendre potentiel soit dans ce qu’il estime être le mauvais côté de la loi. Le fait que tu sois irlandais et né-moldu par contre, ça te fait gagner des points. Nobby a toujours eu une faiblesse pour les gens qui sont victimes d’injustice à cause de leur origine. Il est aussi sorcier qu’on peut l’être mais il n’a pas oublié d’où il venait.


Ne voulant probablement pas s’attarder sur des sujets aussi peu joyeux, ils en reviennent à spéculer sur le sexe de l’enfant à naître. Pour une fois, Eve est d’accord avec son ami et sourit en imaginant ce garçon qui ferait un peu le bonheur de tout le monde.

- Evidemment que c’est du flan ! Mais tu as vu comme il avait l’air convaincu ? Il le fait souvent en ce moment. Il n’y avait que Robin pour le prendre au sérieux mais peut-être qu’il y avait vraiment des voyants dans sa famille …

Le ton est dubitatif. On a eu beau leur apprendre que la divination était une branche de la magie comme les autres, ça a toujours semblé bien trop obscur à Eve avec son pragmatisme hérité des Serdaigles. Trop d’inconnues, trop d’aléatoire, difficile de ne pas avoir l’impression d’avoir affaire à une bande de charlatans en turbans.

- Définitivement Gryffondor, confirme-t-elle d’un ton sans appel. Je ne l’aurais pas vu à Poufsouffle, il lui manque quelque chose même si je ne sais pas mettre le doigt dessus. Serdaigle, ce n’est définitivement pas pour lui et il est trop loyal pour finir à Serpentard. Je t’y aurais encore bien vu aussi. D’ailleurs, ça va te faire rire mais le choixpeau l’a considéré pour moi aussi. A l’époque, ça m’avait vraiment offusqué et je ne l’ai jamais dit à personne mais quand on voit comment j’ai tourné, je suppose qu’il n’avait pas vraiment tort.

A propos de maison, c’est à se demander comment Avery a fini à Gryffondor. Un mystère pour la jeune femme qui ne comprend pas comment un mage noir peut se retrouver dans une maison pareille. C’est Nobby qui sera attéré, songe-t-elle si leurs soupçons se confirment.

- Ecoute, il voudra probablement un terrain neutre mais ça ne le gênera pas de venir par ici. De toute façon, je le connais, il veut te voir en face. Il est de la vieille école, il trouve qu’on peut dire beaucoup d’un type juste en parlant avec lui et puis, lui aussi il est curieux comme un pot de chambre. Il ne laissera pas passer l’opportunité de voir le type qui fréquente sa nièce.

Un peu moqueuse, Eve ne se lasse pas de l’image de Rafa et de la petite sorcière à Noël. Il faut dire qu’ils font un couple étonnant et personne n’aurait imaginé - elle la première - que l’irlandais se laisserait avoir par une fille aussi sincère et solaire que Hammond. Ca ne l’empêche pas d’essayer d'apaiser les craintes de Rafa parce que même s’il n’en montre rien, Eve est certaine que, pour Robin, il veut que les choses se passent au mieux.

- Je pense. Comprends moi, ça ne risque pas de devenir ton plus grand fan mais il grogne plus qu’il ne mord. Il n’est pas obtus, lui aussi il opère parfois en dehors de la loi mais comme il estime que c’est dans un but plus noble, il a moins d’objection. Je crois qu’il va surtout essayer de voir de quel bois tu es fait et si tu ne cherches pas à t’amuser avec elle. Dans le fond, je crois qu’il veut juste la savoir heureuse et en sécurité. Je le vois mal essayer de jouer la même partition que mon oncle et essayer de vous séparer de force, ce n’est pas le genre de la maison et vu comme Robin a l’air d’être têtue, je doute que ça marche.
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Message#Sujet: Re: La corde au cou - Rafa   La corde au cou - Rafa Icon_minitimeDim 5 Nov - 21:31

[quote="Rafael O'Riordan"]
La corde au couEve & Rafa

On peut dire ce qu’on veut, retourner le problème autant qu’on veut, les faits sont là : parler mouflets n’est vraiment pas la tasse de thé de Rafa. Sans qu’il comprenne pourquoi, ou sans qu’il ose comprendre, cela le rend nerveux, même lorsque le môme en question n’est pas un hypothétique bébé O’Riordan. Là, c’est son futur filleul, c’est presque pareil, non ? En tout cas, une angoisse vertigineuse lui serre la gorge à l’évocation de ce chiard, de cette postérité. C’est peut-être ça, le problème ? Mettre au monde un gamin, c’est préparer l’après soi, ce temps à peine concevable où l’on ne sera plus. Rafa s’est toujours débarrassé de ce problème en songeant qu’il ne laisserait rien derrière lui ; pas de femme, pas de gosses, plus de famille, personne, en somme, pour le pleurer. Peut-être le patron, à supposer qu’il ne soit pas calanché avant. Mais hormis Callahan et quelques autres originaux, personne pour regretter cette carne de Rafael O’Riordan, et c’est très bien comme ça. Après moi le déluge ! comme il dit égoïstement. Et voilà qu’on lui colle ce lardon dans les pattes. Un gosse qui n’est pas le sien, mais dont il a accepté, avec fierté, d’être le parrain. Finn et Eve le connaissent assez pour savoir que ce n’est pas un engagement qu’il a pris à la légère, et que ce foutu gamin, c’est comme son fils : un excellent motif de se faire des cheveux pour l’avenir, pour quand on ne sera plus là pour lui. Pas très charitables, les tourtereaux, quand on y pense. Lui non plus ne l’est guère en faisant part de ses doutes à la future maman, mais, tout à ses angoisses, il ne remarque pas qu’il a fait disparaître le sourire de la jeune femme. Machinalement, il prend une cigarette dans le paquet, et c’est seulement lorsqu’il en propose une à Eve qu’il se rappelle. Pas de tabac, a dit le doc. Et puis en plus, la cigarette, ça ne sent pas bon, a dit Robin. Il remet nerveusement la clope dans le paquet, et s’accorde une longue gorgée de bière à la place, en écoutant Eve parler de Leach. N’empêche que ça le fout en rogne, ce qu’il entend, et qu’une bouffée de tabac ne serait pas de trop.

“Evidemment, il préférerait que je me tue à la tâche sur des chantiers pour quelques malheureuses livres sterling… Je sais pas ce qu’ils ont tous avec le travail honnête et tout ce merdier, franchement. Comme si c’était une gloire de se faire exploiter par un patron, de se lever tous les matins pour aller bosser pour un autre… On dirait mon beau-père, tiens. La noblesse de l’ouvrier, et gnagnagna. Des conneries, tout ça. Je crois que je préfère encore les prophéties à la con de ton cher et tendre, quitte à entendre des salades.”

Des prophéties, pourtant, qui le dépeignent marié à Robin, presque rangé, et père d’une marmaille grouillante - et magique. C’est dire à quel point ça déconne. Heureusement, Eve parvient à contrer la mauvaise humeur naissante de son camarade en imaginant Callahan à Poudlard ; Rafa doit bien convenir que c’est encore Gryffondor qui lui aurait le mieux convenu, tête brûlée comme il est, mais il tempère :

“Maintenant, ouais, il est trop loyal pour finir à Serpentard, parce qu’il en a pris plein la gueule. Mais imagine à onze ans ? Peut-être qu’il aurait voulu suivre son débile de frangin, et qu’il serait devenu aussi débile que lui.”

Finalement, c’est peut-être une bénédiction que Callahan junior ait été un cracmol. Pour Rafa, bien sûr, mais pas seulement : le monde n’était pas prêt pour deux frangins taillés sur le modèle de Rory, deux sorciers dont l’union aurait été une calamité. Comme quoi, des fois, le destin fait bien les choses, songe O’Riordan. Il se marre aux confessions d’Eve, et puis, toute rogne oubliée, il y va de la sienne :

“Sans déconner ? Tu sais que moi aussi, j’ai failli y atterrir ? Pareil, j'en ai jamais parlé à personne. Et puis le choixpeau a changé d’avis, va savoir pourquoi. Bon, je suppose qu’il a bien fait, au final. Au moins, dans la salle commune de Poufsouffle, j’étais peinard.”

C’est la première fois qu’il évoque les ennuis qu’il a eus à l’école, et ça ne va pas plus loin que cet aveu ; oui, il se repliait dans sa salle commune, s’y cachait même, au bout d’un moment, parce que ça devenait invivable. Tant mieux si ça le rend plus sympathique aux yeux de Leach, après tout ; mais ça reste un putain de mauvais souvenir, et long… Sept ans, ça ne se fait pas sur une jambe. Un instant, Rafa se demande ce qu’il serait devenu, lui, s’il avait été à Serpentard. Peut-être aurait-il eu moins d’ennuis, qui sait ? De même que tous les racistes ont un ami noir, tous les sang-pur doivent bien avoir un pote sang-de-bourbe, non ? Et puis il balaie la pensée. Ça ne sert à rien de faire des hypothèses. On ne peut pas changer le passé. C’est d’ailleurs tout l’enjeu de sa rencontre prochaine avec Leach. Il ne peut pas changer ce qu’il est - un voyou, un ruffian, en un mot comme en cent. Un gangster. Ça fait cinoche américain, dit comme ça, mais ça ne risque pas de faire rêver ce flic qui n’a rien d’une midinette. Reste à trouver comment lui vendre une marchandise pas bien fraîche en lui donnant l’impression de faire une affaire. Bah, on verra. J’en ai tordu d’autres. S’il veut juste s’assurer que je suis sérieux, il va être servi ; ça redonne confiance à Rafa, la perspective de n’être jugé que sur la sincérité de ses sentiments envers Robin.

“Ecoute, j’ai une idée. T’as autre chose à faire que de jouer les pigeons voyageurs, pas vrai ? Je te propose un truc. Tu lui donnes juste ma réponse, et puis pour la suite, tu passes la main. J’ai un gars sûr pour faire le lien avec Leach. Walt, tu vois qui c’est ? Le glandu qui imite tout le monde, ouais. C’est son frangin. T’imagines comme ça nous a coupé les bras d’apprendre ça, au patron et à moi… mais après tout, autant que ça serve, hein ? Bon, apparemment, ton pote est pas au courant de la profession exacte de ce gentilhomme, mais ça, hein… c’est les joies de la famille. Ça te va ? On peut… Hé, fais un peu gaffe, ducon !”

Le cri s’adresse à Felix, qui vient de transplaner quasiment dans la pinte de bière de son maître. Celui-ci sauve sa boisson en grognant :

“Putain, je m’y ferai jamais. Depuis qu’il a trouvé ça, il passe sa vie à faire des allers-retours entre ici et chez moi. Je vais finir par faire une attaque, moi, à le voir apparaître comme ça. Au fait, ça risque rien, pour toi, qu'il soit là ? Y a tellement de trucs déconseillés pour les femmes enceintes que je sais plus trop, moi.”

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