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lle devrait y être habituée, parce que c'était un peu une constante, qui ne datait d'ailleurs pas de son voyage temporel, le bonheur ne se goûtait que par fragments, mais il y avait toujours une ombre au tableau. Et le pire, c'est que cette ombre était sans doute nécessaire. C'était elle qui permettait à la joie, justement, d'être ressentie en tant que telle. Luna était heureuse et soulagée, parce que ses meilleurs amis étaient vivants, parce qu'elle avait pu revoir Harry, Ron, Hermione et Neville en chair et en os mais surtout en pleine disposition de leurs moyens. Elle s'était sentie rassérénée, prête à dévorer le monde, optimiste, soulagée. Mais sitôt de retour à Poudlard, il lui avait fallu revenir à la vie estudiantine et à son cortège de rumeurs et de médisance. Faire l'objet de bruits de couloirs divers et variés, elle connaissait vraiment, parce que Loufoca, comme on l'avait longuement appelée, interpellait pas son caractère... inadéquat ? Elle était habituée à ce qu'on se rit d'elle, à être non pas la victime des mensonges mais de l'incompréhension d'autrui. Cela dit, là on parlait d'autre chose. il était bien question de mensonges, et de mensonges qui ne la concernaient certes pas directement mais qui avaient une répercussion directe sur elle, parce qu'il était question d'Adrian. Qui aurait couché avec Lysandre.

Ces rumeurs mettaient Luna mal à l'aise, et à plus d'un titre. Elle osait penser que ce n'était pas vrai, d'une part parce qu'elle avait confiance en Adrian, d'autre part parce que ça ne lui semblait pas avoir le moindre sens... mais en même temps, la rumeur était persistante, et ça lui faisait remettre plein de choses en question. A commencer par elle-même. Elle savait depuis le début, bien sûr, que a relation avec Adrian ne devrait même pas avoir lieu d'être et ne pourrait pas avoir d'issue heureuse. Mais elle avait quand même envie d'y croire, et maintenant, elle se demandait si elle était vraiment ce qu'Adrian pouvait bien rechercher. Elle n'imaginait pas du tout Adrian coucher à droite et à gauche, certes... mais tout de même... c'est vrai que de ce point de vue-là, tous les deux n'avaient jamais rien fait (et franchement, vu les dispositions de Luna à ce sujet, la jeune femme avait même du mal à s'imaginer que cela puisse potentiellement advenir un jour ou l'autre)... et si elle ne s'était jamais interrogée sur les problèmes que cela pourrait engendrer, eh bien... peut-être qu'elle devrait s'en soucier davantage. Quand il la vit dans la salle commune des serdaigles, il la salua comme à son habitude. Elle lui adressa un sourire, mais il s'effaça un peu quand un des camarades d'Adrian fit une remarque déplaisante au sujet de Lysandre. Luna prit sur elle malgré tout et s'approcha de lui, attrapa sa main.

-On peut parler un peu... ?

C'est bête, mais elle craignait qu'il le lui refuse.

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entir sa main serrer la sienne et le jeune homme tout disposé à lui parler, à lui consacrer le temps qu'elle lui demandait, cela fit le plus grand bien à Luna, qui même si elle ne devrait sans doute pas avoir le moindre doute (l'inverse était bien plus valable en l'occurrence) ne pouvait s'empêcher de craindre de voir cette belle relation lui échapper. Elle avait d'ores et déjà peine à croire qu'un garçon aussi incroyable qu'Adrian se soit intéressé à elle, qu'elle soit capable de vivre pleinement une relation sentimentale, alors il était difficile de ne pas admettre que cette histoire fragile pouvait s'interrompre à tout moment. Ne serait-ce que parce qu'elle n'aurait jamais dû exister en premier lieu. Il l'entraîna un peu à l'écart, elle le suivit sans prononcer le moindre mot, attendant qu'il reprenne la parole. Elle sentait qu'il était mal à l'aise, elle trouvait ça attendrissant (comme beaucoup d'autres choses chez lui au passage), mais elle s'en voulait qu'il doive l'être à cause d'elle... et d'attendre cela de lui, qui plus est, pour être un tant soit peu rassurée. Ca ne devrait pas se passer comme ça... mais c'était tout de même le cas.

-C'est pas que j'y crois, répondit-elle doucement, sans pouvoir non plus nier le fait qu'elle avait quand même eu des doutes, sans quoi ils n'auraient même pas cette conversation, ils se contenteraient d'en rire... ou non, ça ne leur ressemblerait pas, mais au moins de juste... ignorer tout ça, comme ce pouvait être le cas pour bien d'autres choses. Je suis habituée à ce qu'on dise des choses dans mon dos, et c'est pas toujours vrai. C'était même souvent faux. On se plaisait à propager à son sujet des rumeurs qui n'avaient pas lieu d'être, ceci dit, jamais cela n'avait concerné sa vie sentimentale... en même temps, personne ne lui aurait jamais soupçonné une vie sentimentale, y compris elle-même, il n'y a pas si longtemps encore. Mais ça ne vient pas de nulle part non plus, ajouta-t-elle en baissant les yeux sur ses mains, elle aussi mal à l'aise.

Elle ne voulait certainement pas accuser Adrian de quoi que ce soit, et elle s'en voulait, mais elle avait besoin d'être rassurée. Elle n'était pas la petite amie idéale et elle le savait, et par ailleurs, Adrian méritait cent fois mieux que la menteuse qu'elle était, même si c'était à contrecoeur et que ça ne pouvait pas rentrer en ligne de compte pour le bleu et bronze, qui n'en savait rien. Elle connaissait un peu Lysandre, même si elle passait pour une croqueuse d'hommes ne serait-ce que pour avoir "volé" le petit ami de sa soeur, elle avait du mal à l'imaginer avoir fait... ça.... mais...

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una pourrait remettre en question le propos d'Adrian quand il affirmait ne pas savoir d'où pouvait bien provenir la rumeur qui circulait à son sujet. Après tout, il avait toutes les raisons du monde de lui mentir... mais elle avait confiance en lui, et elle pensait le connaître assez pour savoir qu'il était sincère (Adrian ne pourrait malheureusement pas en dire autant d'elle)... Cela ne l'empêchait pas de sentir son estomac se serrer à l'idée que le jeune homme ait pu parler avec Lysandre, et elle savait qu'elle aurait du mal à ne pas considérer la jeune femme comme une rivale potentielle, pas tant en gage de manque de confiance en Adrian qu'en elle-même. Quoi qu'il en soit, la bleue et bronze sentait que le jeune homme était tout autant désemparé qu'elle vis-à-vis de la situation, et qu'il en souffrait, sans doute plus qu'elle. C'était dur, d'entendre sur soi des choses que l'on savait fausses et dont il était difficile de se défendre. Elle le savait, elle l'avait vécu, elle aussi. Elle devrait le soutenir plus que le fustiger, mais elle était pas mal remuée par toutes les émotions neuves que cet événement avait fait naître en elle. Qui pouvait croire qu'elle aurait été capable de se sentir jalouse. Elle avait ressenti, pour la première fois, ce que cela ferait, dans l'immédiat, de perdre Adrian. Oh, elle savait bien qu'elle le perdrait un jour ou l'autre, parce qu'il ne pouvait pas en être autrement... mais là, comme ça, elle avait compris combien ça lui ferait du mal, et combien, dans un avenir plus ou moins proche, elle allait leur faire du mal à tous les deux.

-C'est pas de ta faute, voulut-elle bien admettre quand même quand Adrian prit la peine de s'excuser auprès d'elle.

Il ne devrait pas avoir besoin de le faire, mais quand même, ça lui faisait du bien de l'entendre. Elle comprenait qu'il était vraiment touché par la situation, ce qui était une façon indirecte mais bien réelle de lui prouver qu'il tenait à elle, et ça la touchait d'autant plus que des deux, ce n'était pas lui qui mentait, c'était bien elle. Et une fois encore, elle tairait ce mensonge, elle l'enfouirait au plus profond d'elle-même, elle ferait comme si de rien n'était. Jusqu'à ce qu'il ne soit plus possible de faire autrement, jusqu'à ce qu'elle le perde, et pour de bon, cette fois.

-Je te crois, affirma-t-elle alors dans un léger sourire. Mais j'ai eu peur que ce soit vrai... Elle baissa les yeux, attrapa la main d'Adrian et la serra aussi fort que possible dans la sienne. J'ai pas envie de te perdre...

Sauf que ça allait arriver.

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assurance avec laquelle Adrian lui assura qu'elle n'allait pas le perdre serra atrocement le coeur de Luna. Ces mots devraient lui faire plaisir, lui faire du bien... Oh, c'était le cas, quelque part... parce que de la sorte, il lui prouvait combien il tenait à elle, combien toutes ces rumeurs n'avaient pas le moindre fondement, combien elle devrait les occulter... mais en même temps, elle se sentait plus cruelle qu'elle n'aurait jamais pensé être capable de l'être. Elle avait à ses côtés un garçon adorable, qui l'aimait sincèrement, et qui avait envie de croire, du haut de son jeune âge, à ce qu'ils partageaient, à ce qu'ils ressentaient l'un pour l'autre. Et elle, elle s'enferrait dans un mensonge de plus en plus lourd, de plus en plus cruel. Il fallait vraiment être... quelqu'un d'horrible, pour mentir à ce point effrontément, non ? Pour cultiver un espoir qui n'avait pas de raison d'être. Et dire que c'était elle qui allait lui reprocher des rumeurs auxquelles il était pourtant étranger, et qui étaient totalement infondées ! Il n'avait rien à se reprocher... mais elle oui... tant de choses à se reprocher... Adrian mentait sans savoir qu'il mentait, par sa faute. Si, il y avait toutes les raisons du monde pour que leur histoire s'achève. Non, il ne serait pas toujours à ses côtés, et ce ne serait pas parce qu'il ne le voudrait pas... ou même parce qu'elle ne le voudrait pas elle-même de son côté... Mais parce qu'ils n'étaient pas fait pour être ensemble, quoi qu'en disent leurs coeurs ou leurs pensées. Luna avait commis l'erreur de tomber amoureuse, ce à quoi elle ne s'attendait pas... Au mauvais moment, au mauvais endroit... à la mauvaise époque. Elle baissa les yeux sur leurs mains jointes et sentit son coeur se serrer et une bouffée de culpabilité l'envahir tout entière. Mais qu'est-ce qu'elle faisait.

-Tu sais, je vais sûrement repartir..., articula-t-elle finalement après un moment de silence, sa voix cristalline un peu tremblante. En Amérique. Je sais pas quand, mais...

L'échéance de cette année approchait, mais elle savait bien que rien ne se ferait cette année... et à cette pensée, elle se sentait soulagée. Alors même que cela signifiait que rien n'était fait, que le mal se répandait de plus en plus insidieusement, qu'elle ne verrait pas son père avant des mois, des années... et pourtant oui, elle n'avait pas envie de partir. Rien qu'à cette pensée, elle avait le sentiment qu'on lui volait un morceau de coeur. Pourtant, c'était comme ça. A un moment ou à un autre, ça arriverait... et il n'y aurait rien derrière quoi elle pourrait se protéger, alors. Elle n'avait pas le droit de mentir à Adrian au-delà des mensonges qu'elle lui servait déjà. Ce serait trop.

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optimisme d'Adrian était tout ce dont elle avait besoin à l'heure actuelle, puisque toute positive était-elle en temps normal, elle était bien incapable d'observer la situation avec une sorte de distance horrifiée. Comment quelque chose d'aussi beau pouvait-il être si redoutablement mauvais ? Elle le savait, chaque instant qu'elle passait avec Adrian était un vrai bonheur, mais jamais qu'une façon de retarder l'échéance, et une échéance qui devenait chaque fois un peu plus douloureuse, parce que le temps qu'ils passaient ensemble, c'était du temps durant lequel ils se permettaient de s'attacher l'un à l'autre, ce qui ne devrait absolument pas arriver, pourtant. Quand il lui affirmait qu'il partirait avec elle, elle n'avait pas la force de le contredire, alors même qu'elle savait qu'il le fallait. Mais c'était si touchant, si agréable, d'être soutenue par quelqu'un de capable, vraiment, de calquer son avenir sur le votre, de vous promettre de ne jamais vous abandonner... Si seulement ça pouvait être vrai... si vraiment c'était possible. Mais tout comme Luna ne pouvait sans doute pas rester dans cette époque, elle ne pouvait pas inviter Adrian à rejoindre l'époque à laquelle elle-même appartenait. Ce serait si simple et agréable, pourtant. Elle n'aurait pas à choisir entre Adrian et son père, elle aurait les deux. Mais outre une multitude de paradoxes temporels en jeu, ce serait la vie d'Adrian qu'elle gâcherait. Non, jamais et sur aucun plan, leur histoire ne pouvait marcher. Et pourtant, elle n'arrivait pas à s'empêcher d'insister, d'essayer tout de même, encore et encore. Jusqu'à ce que ça ne marche plus... jusqu'à leur faire du mal à tous les deux.

-J'adorerais parcourir le monde et de nouvelles créatures avec toi, répondit-elle dans un sourire, n'arrangeant absolument pas son cas.

Alors oui, bien sûr, c'était la vérité, et elle le pensait effectivement. Si sa vie devait être aller d'aventures en aventures avec Adrian, en apprivoisant une multitude de ces créatures qui la fascinaient tant, à l'image de Norbert Dragonneau, elle serait heureuse, c'est sûr. Mais quoi que doive être sa vie, ça ne ressemblerait pas à ça. Ce serait un rêve, et rien de plus qu'un rêve. Qu'il fallait qu'elle brise avant de faire encore plus de mal. Elle devrait lui dire la vérité. Elle n'avait que peu d'excuses pour ne pas le faire. D'accord, ils étaient supposés garder le secret... mais quelle valeur avait encore ce secret quand tant de personnes étaient au courant de la situation de toute manière ? Ce qu'elle faisait était au fond plus dangereux d'un point de vue temporel que tout lui dire. Mais c'était... trop difficile. Elle ne s'était jamais sentie aussi aimée de toute sa vie... Comment est-ce qu'elle pourrait dire non.

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our chacune des mises en garde de Luna, par trop implicites, elle ne pouvait pas dire le contraire, Adrian avait toujours le mot qu'il fallait pour lui faire aussitôt regretter d'être qui elle était, de mentir à ce point, sans pour autant être capable de renoncer à ce mensonge en question. Non, elle y tenait, même. Que pourrait-elle dire qui le dissuade de voir son avenir avec elle ? De nombreuses choses, évidemment, à commencer par la vérité, mais elle n'y arrivait tout simplement pas, parce que tout en sachant que c'était totalement impossible, elle aimait beaucoup trop se visualiser dans l'avenir avec lui. Ce n'était qu'un rêve, et elle devrait y couper court avant qu'il ne devienne trop douloureux, mais en même temps, si elle n'y rêvait pas maintenant, elle n'en aurait jamais l'occasion, et cette pensée l'attristait profondément. Alors tant pis si elle commettait éternellement la même erreur, mais pour le moment, elle avait juste envie de les imaginer tous les deux ensemble, parcourant le monde, allant à la rencontre de créatures exceptionnelles et fantastiques, poursuivant dignement l'oeuvre de l'oncle d'Adrian, pour lequel ils avaient tous les deux tant d'estime. Ils seraient heureux, c'est sûr. Et cette passion commune qui les avait rapprochés pour commencer aurait certainement le don de les rassembler encore un peu plus. Si elle pouvait être Aulne, être vraiment la personne qu'elle prétendait être... alors ce moment serait peut-être l'un des plus forts de son existence. Mais ce n'était pas le cas, et cela lui arrachait le coeur. Surtout quand elle voyait combien il s'investilssait dans leur histoire. Bien sûr, il était jeune, comme elle, et ils étaient trop jeunes pour s'investir comme ça, à cent pour cent... mais ça ne les empêchait pas de le faire. En fin de compte, c'était plus fort qu'eux. En tout cas, c'était sûr que c'était plus fort qu'elle, sans quoi elle rassemblerait ses esprits et arrêterait de faire n'importe quoi comme c'était le cas maintenant.

-J'ai l'impression que rien n'est jamais impossible, avec toi, observa-t-elle dans un sourire.

Ce n'était pas un reproche qu'elle lui faisait, mais bien un compliment. Il n'était pas si sûr de lui au quotidien, et c'était d'ailleurs ce qui faisait son charme, mais là, tout de suite, il avait vraiment l'air sûr non pas de lui, mais d'eux, et il savait lever tous les impossibles que la jeune femme, par conséquent, se voyait bien incapable de lui opposer, même si elle savait que ce serait bien plus juste pour tous les deux si elle agissait de la sorte. Il croyait en l'avenir, alors oui, pour lui, rien ne semblait impossible, et c'était là tout son talent... il rendait sa conception de l'impossible possible. Et c'était dangereux.

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una aimait la manière qu'Adrian avait de penser... en même temps, il n'y avait rien qu'elle n'aime pas chez lui, et c'était bien là le problème. Si elle n'était pas à ce point attachée à lui, la situation serait certainement plus simple... mais d'un autre côté, si elle n'était pas attachée à ce point à lui, elle ne se serait pas mise dans cette situation... Elle n'aurait jamais joué ainsi avec les sentiments d'autrui si elle-même ne s'était pas laissée prendre à ce même jeu... ça ne voulait pas dire pour autant qu'elle n'avait rien à se reprocher dans l'affaire, bien au contraire, mais il était quoi qu'il en soit certain qu'elle ne savait pas trouver ne serait-ce que l'ombre d'un défaut à Adrian, et chacun des mots qu'il prononçait éveillait en elle des sentiments particulièrement contradictoires. Ils lui faisaient chaud au coeur, d'un côté, et lui donnaient envie d'arrêter le temps pour n'être confrontée à aucun des problèmes que suggérait leur relation impossible. De l'autre, consciente du fait que cette relation était bel et bien possible, son estomac se tordait douloureusement au moindre mot qu'il prononçait, parce qu'elle savait pertinemment qu'elle ne le méritait pas. Elle n'avait rien fait pour mériter tant de tendresse et de gentillesse. Ou plutôt si. Elle avait menti, sans discontinuer, et plus elle s'enferrait dans ses mensonges, plus c'était difficile.

Mais c'était tout de même vrai, qu'elle aimait ce qu'il lui disait, sa manière de penser. A l'impossible nul n'est tenu, et elle mourait d'envie d'y croire. Son père l'avait élevée selon cette philosophie, l'avait toujours encouragée à croire en ses rêves et en ses convictions, même si tout le monde alentours cherchait à les convaincre de leur absurdité... mais la situation rencontrait un point de non-retour à l'instant où sa seule personne n'était plus en jeu. Si, l'impossible commençait où la liberté individuelle s'arrêtait, et elle avait depuis trop longtemps empiété sur celle d'Adrian... mais une fois encore, elle était incapable d'y mettre un terme. Elle était beaucoup trop bien à ses côtés. C'était bien simple, elle l'aimait, et elle n'avait pas envie de prétendre le contraire, ou tourner le dos à des sentiments qu'on l'avait toujours invitée, également, à exprimer sans aucune réserve.

-Moi aussi, répondit-elle le coeur un peu serré quand Adrian lui assura qu'il se sentait bien avec elle. Elle aussi, elle avait même le sentiment de n'être bien qu'avec lui, dernièrement. et elle savait qu'elle se sentirait plus bas que terre, sans lui... et si ça devait être réciproque, quel mal elle allait lui faire, par la force des choses. J'ai pas envie que ça s'arrête...

Et elle ne devait pas dire ce genre de chose.

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una devait arrêter de mentir... et de se mentir à elle-même, surtout. Mais les bonnes résolutions qu'elle pouvait s'exhorter à prendre dans ses grands moments de solitude et de réflexion étaient trop rapidement balayées dès l'instant où son regard se posait sur Adrian. Elle n'y pouvait rien, elle se sentait trop bien avec lui, et égoïstement, elle ne voulait pas que ça s'arrête. Sans oublier le fait que la jeune femme avait en horreur la simple idée de peut-être faire souffrir le garçon qu'elle aimait tant... Forcément, il allait souffrir à un moment ou à un autre, ce n'était pas du tout une excuse, mais dans des circonstances comme celle-ci, ça lui semblait si... cruel, de fouler au pied les sentiments qu'il lui adressait avec tant de certitude. Encore, si elle ne les partageait pas, ce serait autre chose... mais si, évidemment, elle les partageait. Elle les partageait au point que c'en soit douloureux.

Elle n'aurait pas cru, avant d'être avec Adrian, que le plus grand bien et le plus grand mal puissent résulter d'une seule et même chose. Elle ne pensait pas avoir connu de plus grand bonheur qu'en présence du bleu et bronze, c'était un fait, et en même temps, elle ne pensait pas que quoi que ce soit puisse être susceptible de la rendre plus malheureuse que cette relation évidemment vouée à l'échec. La jeune femme était amoureuse, et on lui avait souvent dit qu'aimer faisait mal. Et même sans qu'on le lui dire, c'était quelque chose qu'elle avait constaté de l'extérieur, se demandant d'ailleurs parfois pourquoi tant de personnes couraient après l'amour alors que ce dernier n'allait presque jamais sans conséquences ô combien néfaste. Aujourd'hui, elle comprenait mieux. Sans l'avoir pourtant recherché, d'ailleurs. Elle dirait plutôt, même, qu'elle l'avait subi. C'était quelque chose qui lui était tombé dessus, tout simplement. Et qu'elle avait bien de la peine à regretter dorénavant.

Un exemple typique de cette confusion complexe entre joie profonde et douleur sincère se manifesta encore quand le jeune homme lui assura que ça ne s'arrêterait pas, qu'ils seraient toujours ensemble. Ce genre de réflexions lui réchauffaient le coeur à un point tout bonnement imaginable, et dans le même temps, ce même coeur se tordait d'une douleur lancinante, parce qu'il y avait chez Adrian des rêves et des espoirs qu'elle ne pourrait jamais combler, quoi qu'elle veuille et quoi qu'elle fasse, et c'était absolument cruel de sa part que d'alimenter et entretenir ces rêves et ces espoirs, tout en sachant ce qu'il en était. Pourtant, une fois encore, au lieu de choisir la carte de l'honnêteté, elle allait prendre la fuite.. Méthode devenue bien trop courante chez elle. En réponse, elle se contenta d'adresser à son petit ami un regard attendri.

-Je... ferais bien d'y aller, choisit-elle alors de répondre.

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