Se sacrifier au service de la vie équivaut à une grâce. (Gwendall et Zelda <3)

Se sacrifier au service de la vie équivaut à une grâce.

L’étau se serrait de plus en plus au fil des mois qui passaient, à l’approche de la date fatidique, à l’approche de l’accouchement. Sasha et Gwendall avaient eu parfaitement conscience du danger qui se trouvait sur leur tête quand ils avaient décidé de fonder une famille. Ils savaient ce qu’ils risquaient, ils savaient que leur vie ne pouvait pas leur permettre d’être juste serein. Mais en même temps… ils n’avaient peut-être pas eu réellement conscience de tout. Depuis sa conversation avec Voldemort, Sasha sentait une boule d’angoisse la prendre, dès qu’elle imaginait sa vie future avec son enfant. Que ce dernier soit destiné à aller dans la lignée de ses parents, en soit, ce n’était pas un souci. Le problème était que leur maître avait l’intention d’avoir la main mise sur l’éducation de leur enfant et ça… Sasha ne parvenait pas à l’accepter. Elle ne savait que trop bien les bassesses dont son maître était capable de faire, juste pour obtenir ce qu’il voulait. Et s’il décidait de juste lui prendre son enfant pour s’assurer qu’il ne s’éloigne pas du « droit » chemin ? La jeune femme savait que c’était le risque, elle savait que l’homme pouvait tout faire contre eux… qu’il avait la main mise sur leurs vies, sur la vie de leur enfant, sur tout.

Et forcément, la jeune femme angoissait, sans savoir exactement comment ils allaient pouvoir s’en sortir. Jusqu’à ce que vienne au couple une idée des plus… farfelues. Sasha n’avait aucune idée de si c’était une bonne idée, mais c’était devenu un peu le seul espoir qu’ils avaient. La seule manière qu’ils avaient pour envisager de ne pas perdre complètement leur enfant, même si ça n’allait pas être évident pour autant. Ils avaient cherché, réfléchit à qui pouvait être digne de leur confiance, qui serait prêt à les aider… une idée tomba : Zelda. Forcément, Sasha n’avait aucune idée de ce que faisait sa patronne en dehors de son travail à Poudlard, elle n’avait pas conscience qu’elles étaient des ennemies naturelles. Ce que la jeune femme voyait, c’était que Zelda était une infirmière qui pouvait les aider pendant l’accouchement, qui avait une connaissance des enfants tout de même parce qu’elle était mère et surtout… qu’elle était une femme en qui elle avait parfaitement confiance.

C’était pour cette raison qu’en cette soirée, Gwendall et Sasha se retrouvaient tous les deux dans l’infirmerie de Poudlard. Sasha s’était arrangée pour faire entrer son époux et ils attendaient le retour de l’infirmière en chef, qui n’avait pas été là de la journée. La jeune femme avait une boule au ventre de nouveau, parce qu’elle craignait que Zelda n’accepte pas, tout comme elle craignait les explications. La sorcière avait bien conscience qu’elle n’allait pas pouvoir se contenter de demander un service à Zelda sans lui expliquer toute la situation, sans lui dire concrètement ce qui se passait et donc, elle allait devoir aborder le sujet de son allégeance. Allégeance toute relative, parce qu’en cet instant, Sasha décidait encore une fois d’aller à l’encontre de son maître… mais c’était un risque qu’elle était prête à prendre, pour lui ou pour elle.

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était la décision la plus difficile qu'ils aient jamais eu à prendre... et pourtant, dans leurs vies, ils avaient déjà eu plus d'un choix difficile à faire, avaient fait face à plus d'un dilemme. Mais là, il n'était pas seulement question d'eux et de leur vie de couple. Il était question de leur enfant, de son bonheur, de son avenir... Ils avaient su que la grossesse de Sasha aurait forcément des conséquences compliquées au vu de leurs allégeances, mais la conversation que la jeune femme avait eue avec Tom Jedusor leur avait remis les points sur les i. Ils ne pouvaient pas se montrer égoïstes, prendre les choses à la légère, et espérer, sur un malentendu, que leur enfant serait tenu à l'écart des épreuves qui l'attendraient certainement. Ils devaient penser à son bien avant le leur. C'est sûr, égoïstement, Gwendall préfèrerait ne rien avoir à bouleverser à leurs plans et se contenter de suivre la ligne directrice qui avait été la leur jusqu'alors. Il avait voulu croire qu'ils parviendraient à avoir une vie de famille normale en dépit des circonstances. Douce illusion... Oh Gwendall ne regrettait rien, et il était heureux et impatient de voir leur enfant venir au monde. Mais la suite... eh bien, il fallait s'y résigner. Elle ne se passerait pas comme prévu, un point c'est tout...

Cela avait été difficile que d'aboutir à la conclusion qu'il était préférable pour leur fils ou leur fille, du moins tant que la menace serait encore présente, de pouvoir vivre auprès de quelqu'un qui saurait prendre soin de lui ou elle sans éveiller aucun soupçon, il avait été encore plus difficile de déterminer quelle pouvait être la bonne personne pour cela. La seule personne en qui il aurait suffisamment confiance pour cela, eh bien c'était Kieran, et il était lié de trop près à Tom Jedusor pour que ce soit envisageable... Finalement, c'était Sasha qui avait trouvé la solution. Gwendall ne connaissait pas Zelda Sparkley, il n'avait qu'entendu parler d'elle par l'intermédiaire de son épouse. Mais il choisissait de lui faire confiance malgré tout. Il est vrai qu'elle regroupait à peu près tous les critères qu'ils recherchaient. Même s'il était terrible de devoir en arriver là, au moins, avec elle, leur enfant serait entre de bonnes mains.

C'était transi d'une immense anxiété que Gwendall avait donc fait le choix d'accepter cette solution, et qu'il se trouvait maintenant dans l'infirmerie de l'école en compagnie de son épouse, à attendre que la fameuse Zelda les rejoigne. En espérant qu'elle ne se contente pas de les adresser aux autorités sans chercher à les comprendre ou à les aider. C'était quitte ou double, mais ils devaient essaye.

-Tout va bien se passer, dit-il doucement à l'adresse de Sasha, plus pour se convaincre lui-même en fin de compte.

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Si Zelda prenait à coeur le rôle que Purdey lui avait attribué au nom de l'Ysbridion, à savoir pouvoir soigner rapidement et clandestinement les membres du groupe qui se remettraient mal d'une fâcheuse rencontre, elle devait bien admettre que l'Ysbridion, qui était composé en grande majorité d'Aurors d'élite habitués au combat, ne la sollicitait pas si souvent, parce que ses membres savaient très bien se débrouiller. Cela ne l'empêchait cependant pas de se tenir prête et d'agir au mieux au nom du groupe, et pour défendre leur cause, pour mener à bien leur combat, du mieux possible, en tout cas. Pour cette raison, il n'était pas rare qu'elle s'absente de l'infirmerie, ce qu'elle faisait avec d'autant moins de scrupules que Sasha tenait son rôle à la perfection. Elle avait eu tort de s'inquiéter de la grossesse de la jeune femme. Elle se montrait très efficace et zélée dans son rôle, et Zelda était vraiment délestée d'un poids depuis qu'elles travaillaient ensemble. Ceci dit, il y avait de bonnes chances pour que ça ne dure plus trop longtemps. Faute d'être délestée, elle allait plutôt être chargée, en fait, au bout du compte.

Mais comme elle n'était pas voyante, elle n'avait pas la moindre idée de tout ça. Là, elle s'était absentée pour se rendre à Sainte-Mangouste afin d'avoir des nouvelles de Purdey... Mais ces nouvelles étaient toujours les mêmes, malheureusement. Comme à chaque fois, elle en avait profité pour vérifier que toutes les mesures médicales étaient bien respectées, qu'on ne mettait pas son amie plus en danger qu'elle ne l'était déjà, par maladresse professionnelle ou volontairement. Apparemment, le protocole était respecté à la lettre... mais pas d'améliorations en vue. Zelda voudrait en faire plus pour elle (elle savait que Purdey la tuerait si elle devait se réveiller et découvrir qu'elle avait préféré la laisser entre les mains des médicomages de Sainte-Mangouste, en attendant, elle avait tout le matériel adapté à proximité), mais il ne fallait pas se faire d'illusions, ce n'était pas possible. Alors... elle était retournée à Poudlard, pas forcément de bonne humeur. Et elle n'était pas au bout de ses peines, car de retour à l'infirmerie, elle retrouva Sasha. Mais pas seulement, un jeune homme était avec lui. Son mari, sans doute ?

"Euh... bonsoir... ?" les salua-t-elle, d'office interrogative, se posant des questions quant à la présence de Gwendall, qu'elle regardait un peu de travers du coup.

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Se sacrifier au service de la vie équivaut à une grâce.

Sasha était juste complètement anxieuse et même si Gwendall était là, même s’il tenta de la rassurer en lui disant que tout allait bien se passer, elle ne parvenait pas réellement à le croire. Elle craignait que Zelda refuse la demande qu’elle allait lui faire, alors qu’elle semblait être la seule personne capable de les aider. Elle craignait que l’infirmière de Poudlard ne les comprenne pas et décide de simplement les dénoncer aux autorités. Si ça devait arriver, elle et Gwendall allaient tout perdre. Que ça soit leur travail, mais également leur enfant. Elle ne savait pas vraiment comment Zelda allait prendre les choses – surtout que Sasha était loin de se douter qu’elles appartenaient toutes les deux à un camp bien différent – mais elle espérait qu’elle n’allait pas juste la détester et la dénoncer. Qu’elle refuse, c’était une chose (même si la jeune femme ne voyait pas comment ils allaient s’en sortir si elle devait refuser), mais elle ne voulait pas que sa patronne l’enfonce un peu plus.

Dans tous les cas, le moment approchait et Zelda ouvrit la porte de l’infirmerie. Clairement, ils ne pouvaient plus du tout reculer à présent, ils devaient se lancer. Elle devait se lancer… sans doute. Sasha se sentait plus anxieuse que jamais, surtout qu’elle ne manqua pas de voir la surprise et le regard un peu de travers, que sa patronne adressa à son mari. Normal, elle ne devait clairement pas s’attendre à le voir présent. Bref… c’était le moment.

« Bonsoir Zelda. » Dit-elle d’abord. « Je te présente Gwendall, mon mari. » Bon, il valait sans doute mieux commencer par-là, avant de se lancer dans le vif du sujet.

La jeune femme tourna une seconde son regard vers son époux, une manière pour elle de chercher du courage. Parce que concrètement, la jeune femme avait bien envie de reculer et de ne rien dire du tout à Zelda. Sauf… eh bien, qu’elle ne pouvait pas faire une chose pareille pour la simple et bonne raison que c’était le seul moyen qu’ils avaient de protéger leur fils ou leur fille. C’était seulement pour cet enfant que Sasha faisait ça et c’était bien parce qu’elle pensait à lui, qu’elle tenait à le protéger le plus possible, qu’elle parvint à trouver le courage de se lancer.

« Nous sommes là, parce que nous avons quelque chose à te demander. » La jeune femme savait qu’elle ne pouvait pas tourner autour du pot, mais en même temps il y avait des choses que Zelda devait découvrir d’abord. « Nous avons… quelques ennuis concernant une personne. Nous nous sommes retrouvés dans l’obligation de suivre les ordres d’un mage noir. » Sur ces mots, Sasha décida de lever sa manche afin de montrer la marque des ténèbres, qui commençaient un peu à être connu mine de rien. « Si nous ne lui obéissons pas, il n’hésitera pas à nous faire du mal et… il a l’intention de s’en prendre à notre enfant. » Sur ces mots, Sasha posa une main sur son ventre et tourna son regard vers Gwendall. C’était dur, elle avait besoin qu’il prenne la relève.

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wendall faisait de son mieux pour communiquer tout le courage possible à son épouse, mais le fait est qu'il lui était déjà difficile d'en rassembler assez pour lui-même. Il faut dire qu'ils s'étaient mis dans un sacré pétrin (en même temps, ce n'était pas nouveau, c'était un peu une habitude pour eux), et maintenant, ils ne savaient pas du tout ce que leur initiative aurait pour conséquence. Si Sasha avait considéré que Zelda Sparkley était la mieux placée pour prendre soin de leur enfant, c'est que ça devait être en effet vrai, mais en attendant, rien ne leur garantissait qu'elle ne les dénoncerait pas dès l'instant où elle apprendrait la vérité. Et qui sait si leur enfant serait véritablement entre de bonnes mains avec elle ? C'était un vrai pari sur l'avenir, et qui pourrait leur coûter terriblement cher, mais en même temps, en l'absence d'autres options... La fameuse Zelda arriva enfin et ne put s'empêcher de la jauger du regard en la voyant, comme si un seul coup d'oeil lui suffirait à savoir si elle serait digne de prendre soin de son enfant. Mais non, bien sûr, ça ne suffisait pas. Il laissa Sasha prendre la parole, lui adressant au passage un sourire rassurant mais peut-être pas convaincant.

-Enchanté, dit-il à l'adresse de l'infirmière en lui tendant la main quand son épouse les présenta, sans savoir si elle allait accepter ou non.

Après quoi Sasha prit son courage à deux mains et lui expliqua la situation. Ils en avaient convenu tous les deux : au vu des circonstances, ils ne pouvaient pas inventer d'excuses, il valait mieux dire la vérité à Zelda, en dépit des risques, et donc parler de leur implication auprès des mangemorts. Elle résuma parfaitement la situation en évitant les détails les plus sombres, et l'entendre ainsi parler de la menace qui pesait sur la vie de leur futur enfant lui serrait véritablement le coeur. Il n'en revenait pas d'être ici, de devoir faire ça, que Sasha doive faire ça, mais ils étaient là, et ils n'avaient pas d'autre choix que de se soutenir dans ce discours aussi sincère que dangereux. Gwendall prit donc la suite de Sasha quand cette dernière eut fini de parler.

-On ne peut pas le laisser faire, affirma-t-il alors d'un ton décidé, pour bien faire comprendre que leur décision, même si douloureuse, était prise. Nous devons faire croire à ce mage noir que Sasha a perdu l'enfant. Nous avons besoin de quelqu'un de confiance pour que l'accouchement puisse se dérouler en toute discrétion... et pour prendre soin de notre enfant après sa naissance.

Ces derniers mots lui serrèrent la gorge. C'était terrible d'articuler ainsi le fait qu'il comptait renoncer à la chair de sa chair, même temporairement. Et pourtant...

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Donc, c'était lui, le fameux Gwendall. Zelda le dévisagea sans aucune réserve. Elle se doutait que c'était lui, les choix n'étaient pas nombreux concernant l'identité éventuelle de son interlocuteur. Est-ce qu'elle-même était enchantée ? Pas forcément, non, parce que s'il était là, ce n'était pas pour rien, et elle n'était pas sûre que ça allait lui plaire. Et bon sang, elle était tellement loin du compte. En vérité, c'était encore pire que tout ce qu'elle avait pu imaginer. Sasha attaqua sans y passer par quatre chemins... et elle laissa Zelda sur le cul (excusez son langage, mais bon, là...). Elle était contrainte de suivre les ordres d'un mage noir. Par la menace ? par l'intimidation ? ou autre... déjà là, ça commençait mal, surtout qu'elle avait une petite idée identité du mage noir en question... et si elle visait juste, alors ça allait véritablement être un sacré bordel. Cet homme, en tout cas, avait l'intention de s'en prendre à leur enfant pas encore né. Putain, quel bordel, sérieusement...

Et sur ce, le Gwendall en rajoutait encore une couche en précisant qu'il allait falloir faire accoucher clandestinement Sasha... et prendre le bébé en charge. Non mais... Elle le voyait bien, à leur regard, au ton de leur voix, ils attendaient qu'elle fasse le sale boulot pour eux... Elle était scotchée. Définitivement, elle n'en revenait pas. C'était juste... improbable. Complètement improbable. Et elle, elle était là, entre ces deux loustiques, à se demander quoi faire de toutes ces infos qui lui tombaient dessus, qui l'assommaient et promettaient de lui refourguer un prodigieux mal de crâne comme elle en avait rarement connus dans sa vie.

"Attendez, j'ai peur de comprendre..." Elle marqua une pause. "On va reprendre du début, d'accord ? Vous n'êtes pas en train de me demander ce que je crois que vous demandez, pas vrai ?" Mais si, ils n'avaient pas pu les inventer, ces conneries, alors ça devait forcément être vrai, d'une manière ou d'une autre. "C'est qui, ce mage noir ?"

Au fond, elle se doutait qu'elle connaissait bien la réponse, qu'elle la connaissait trop bien. Cette pensée l'inquiétait vraiment beaucoup et elle se sentait complètement paumée. Cette situation était... énorme... et elle, elle ne savait vraiment pas comment elle allait faire... Ils étaient en train de la foutre dans une merde pas possible, là.

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C’était une situation parfaitement… horrible. Il n’y avait clairement pas d’autres mots pour qualifier ce moment. Quoi que… épouvantable, atroce, ignoble, effroyable, abominable et j’en passe. Sasha avait le cœur au bord des lèvres, tant c’était une épreuve pour elle de faire ce qu’elle faisait. Ce n’était pas tant avouer à Zelda qu’elle était aux ordres d’un mage noir – sans entrer dans les détails, du fait qu’elle l’avait un peu cherché et qu’autrefois, elle ne le faisait pas sous la contrainte –, même s’ils prenaient un risque en le faisait parce que l’infirmière de Poudlard pouvait très bien décider de les dénoncer et là ils allaient définitivement tout perdre (et retourner à Azkaban sans doute… ce qui ne manquerait pas d’être une épreuve de plus). C’était surtout l’idée de devoir confier son enfant à une autre personne. Sasha n’aurait pas cru cela autrefois, mais elle tenait à être mère, elle aimait l’idée d’être mère, elle avait envie de l’être… et ce rêve, ce désir était mis à mal à cause de Voldemort. À cause de lui, ce bonheur qu’elle et son époux touchaient du doigt était en train de se faner. Ça ne voulait pas dire qu’ils allaient définitivement perdre leur enfant, mais pour sa sécurité ils étaient prêts à des sacrifices. Évidemment qu’ils étaient prêts, Sasha mourrait pour son enfant. Encore une fois, ce n’était pas quelque chose qu’elle pensait ressentir, elle avait cru ne jamais désirer devenir mère. Mais Gwendall avait changé tant de chose chez elle.

Et heureusement que ce dernier était présent d’ailleurs. Il ne manqua pas d’ajouter quelques détails à son histoire, expliquant qu’ils devaient faire croire qu’elle avait perdu l’enfant. Sasha sentit son cœur manquer un battement à cette pensée. Ça ne serait sans doute pas difficile de jouer la comédie en réalité, elle avait l’impression de le perdre. Et surtout qu’ils avaient besoin de quelqu’un pour prendre soin de lui. Zelda réagit ensuite, d’une manière vive. Sasha n’était pas spécialement étonnée de la voir à ce point choquée. Quoi de plus normal au vu de la situation. Tant qu’elle ne courait pas hors de l’infirmerie dans le but de prévenir les autorités qu’ils étaient des mages noirs c’était déjà un bon point. Sasha baissa son regard quand elle leur demanda s’ils étaient en train de lui demander ce qu’elle croyait qu’ils lui demandaient… eh oui, malheureusement c’était bien le cas. Quand elle leur demanda qui était ce mage noir, la jeune femme hésita quelques seconde avant de répondre.

« On l’appelle Voldemort. » Il n’y avait aucune raison qu’elle se montre plus précise, elle ne devait pas se montrer plus précise en réalité. À choisir, elle préférait éviter que Zelda soit au courant de plus de détails. Mais elle ne se rendait pas compte qu’elle en savait beaucoup. Ce qui n’allait pas du tout arranger leurs situations à tous les trois, ce qui allait les mettre dans une position vraiment délicate. « Crois-moi, si j’avais le choix je ferais autrement. » Dit-elle la gorge serrée. Évidemment qu’elle ferait autrement… elle garderait son bébé avec elle pour toujours, sans le lâcher. Mais il était en danger avec eux.

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a réaction de l'infirmière fut proche de ce que Gwendall s'était imaginé. En même temps, il ne s'attendait pas à ce que Mrs Sparkley accepte leur requête sans sourciller et sans demander plus de précision. Elle semblait sonnée, choquée, et il y avait de quoi. Tout ça, ça faisait beaucoup de révélations à la fois, pas étonnant qu'elle réagisse ainsi. Gwendall lui-même n'en revenait pas vraiment qu'ils soient en train de faire ce qu'ils étaient en train de faire. Seulement voilà, ils avaient retourné le problème dans tous les sens, et rien d'autre ne leur était venu en tête. Rien qui puisse leur garantir la sécurité de leur enfant à naître, en tout cas. Au moins, Zelda ne leur opposait pas un non catégorique.

L'incompréhension jouait sans doute sur son incapacité à simplement dire non, mais cela convenait à Gwendall, ainsi Sasha et lui parviendraient-ils à avancer leurs arguments malgré tout, en espérant qu'ils soient entendus, ce qui était une autre paire de manches, en soi. Elle demanda plus de précisions sur le mage noir en question, et Gwendall laissa à son épouse le soin de répondre. Il se faisait appeler Voldemort. Cela lui suffirait peut-être, peut-être pas. Gwendall ne savait pas ce qui valait le mieux, mais en tout cas, il semblait de bon ton de ne pas communiquer plus de précisions à leur interlocutrice : s'ils commençaient à évoquer les bains de sang, à lister tous les crimes dont leur maître s'était rendu coupable, s'il fallait expliquer par le menu ce qui motivait leur groupe, il avait comme dans l'intuition qu'il serait moins simple de convaincre l'infirmière. Encore qu'il se disait que si Zelda Sparkley acceptait bel et bien de les aider, il semblait assez évident qu'elle le ferait pour le bien de leur enfant et pas pour leur bien à eux. Forcément, le couple devait compter là-dessus.

-Nous n'avons personne vers qui nous tourner, déplora Gwendall pour appuyer le propos de son épouse.

Ils n'avaient pas le choix, c'était évident. Ils se laissaient totalement déborder par le caractère désespéré de la situation. Bien sûr qu'ils ne se tourneraient pas vers elle s'ils avaient le choix. Ni vers elle ni vers qui que ce soit d'autre. Ils s'occuperaient eux-mêmes de leur enfant, qu'ils aimaient déjà tant sans qu'il soit encore né, et dont ils avaient si désespérément attendu la naissance. Mais ils ne pouvaient faire autrement. Gwendall se sentit proche d'ajouter qu'ils étaient prêts à faire tout ce que l'infirmière voudrait en échange de ce service, mais il aurait le sentiment de monnayer la vie de son enfant, et ça, c'était absolument hors de question. La scène qui était en train de se dérouler et à laquelle il prenait part était déjà bien trop atroce.

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Zelda avait ses propres présomptions et ses propres appréhensions. Elle avait espéré qu'elles soient démenties, mais elle n'y avait pas vraiment cru, et tant mieux, ça lui évitait de tomber de haut en entendant le nom du mage noir qui proférait des menaces sur son futur enfant et au service de qui elle se trouvait. C'était ce qu'elle avait soupçonné, oui, mais pour une fois, elle n'était pas franchement ravie d'avoir tapé juste... Putain, ils la foutaient dans une merde intersidérale, là. Elle ne devrait même pas se poser la question, elle devrait trouver Caelan ou mieux Christopher et les faire enfermer directement... dans d'autres circonstances, et même si elle était attachée à Sasha (mais visiblement, elle ne savait pas vraiment qui elle était), elle n'aurait pas réfléchi, elle les aurait dénoncés. Mais là... non mais quel enfer... Zelda poussa un soupir agacé quand Sasha lui assura que si elle avait un autre choix, elle ne se serait pas tournée vers elle. Ben voyons, elle l'aurait parié, ça, qu'elle ne lui crachait pas le morceau de cette façon de gaieté de coeur. Ben c'est pas pour autant qu'elle le vivait mieux, pour la petite info.

"Ouais, je me doute bien que t'aurais préféré continuer à mentir", rétorqua-t-elle sèchement pour bien faire comprendre sa déception à Sasha.

Elle savait qu'elle n'avait pas tous les éléments de l'histoire et qu'elle les jugeait sévèrement d'entrée de jeu. Ils pouvaient bien servir Voldemort sous la contrainte, et elle avait envie de croire que c'était le cas, mais en attendant, ça ne changeait quand même rien au fait que oui, elle le servait effectivement, et son mari (qui était Auror pourtant, bordel de merde) aussi... Et voilà que Gwendall en rajoutait une couche. Ils l'avaient travaillé, là, leur petit numéro pour l'apitoyer ? Non, parce que ça l'emmerdait, concrètement.

"Je devrais vous dénoncer, c'est pas mes affaires, vos conneries", grommela-t-elle, ce qui était aussi une façon de garder une certaine contenance, parce que dans le fond, dans son cerveau, ça moulinait comme pas possible, ça retournait le problème dans tous les sens, ça tentait d'y trouver une solution raisonnable. Non mais... quel merdier. "Mais votre gosse y est pour rien.", soupira-t-elle.

C'était bien ça, le problème, et franchement, elle était emmerdée comme pas possible.

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En réalité, Sasha n’avait pas vraiment de moyen de justifier le fait qu’elle travaillait pour Voldemort et qu’elle se retrouvait maintenant avec Zelda pour lui demander de prendre son de son enfant, à sa place… afin de le protéger. Elle savait bien qu’elle ne pouvait en rien justifier la situation et elle n’aimait pas du tout le fait d’être réduite à faire ça. Mais elle n’avait pas le choix, elle devait mettre de côté sa crainte, son appréhension, et ne penser qu’au bien être de son enfant. Quand bien même, ça n’avait rien d’agréable de voir la déception sur le visage de Zelda, et comprendre qu’elle n’allait définitivement plus la voir de la même façon. Il était normal qu’elle soit déçue et en effet, si elle avait eu le choix, la jeune femme n’aurait pas du tout eu envie de lui dire la vérité. Mais elle n’avait pas le choix. Elle encaissa donc la remarque de l’infirmière du mieux qu’elle put, quand elle affirma qu’elle aurait continué à mentir si elle avait eu le choix.

Effectivement, elle aurait continué à mentir. Parce qu’il était évident qu’elle ne pouvait pas dire la vérité à Zelda concernant son allégeance, la marque qu’elle avait sur son avant-bras. Elle ne répondit rien en tout cas, elle se contenta de baisser son regard, parce qu’elle n’avait tout simplement rien à dire de plus. Quand elle précisa qu’elle devait les dénoncer, parce que ce n’était pas ses affaires, au fond Sasha ne put s’empêcher d’espérer que si elle disait ça, c’était justement parce qu’elle n’avait pas l’intention de le faire. Non pas qu’elle pouvait réellement le lui reprocher… et en un sens, Sasha avait même envie de se dire qu’elle risquait moins à ce qu’elle les dénonce au ministère de la magie que si Voldemort devait découvrir ce qu’ils cherchaient à faire. Mais il y avait Gwendall, il y avait leur futur enfant, elle n’avait pas aucune envie qu’elle les dénonce donc. Et visiblement, elle considérait donc que leur enfant n’y était pour rien. C’était le cas en effet, cet enfant n’était pour rien dans cette situation et clairement, Sasha s’en voulait de lui faire vivre déjà ça avant même qu’il ne voit le monde. Mais ce n’était pas ce que la jeune femme avait envie, tout simplement, elle n’avait pas espéré ça pour son enfant. Sauf qu’elle ne pouvait, dans tous les cas, pas revenir en arrière.

Elle aurait pu répondre quelque chose, mais elle ne dit rien. Elle ne savait pas exactement ce que Zelda allait faire, si elle allait accepter pleinement leur demande. Ils avaient beaucoup trop besoin d’elle pour que ça soit une bonne chose qu’elle refuse, bien au contraire. Ils avaient tourné la situation dans tous ls sens, elle était la seule à pouvoir les aider, la seule sur qui ils pouvaient compter. Même si du coup, Sasha se doutait qu’elle n’allait surement plus jamais la voir de la même manière.

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a déception se lisait sur le visage de l'infirmière de Poudlard. De toute évidence, les révélations qui lui étaient faites sur sa protégée étaient loin de lui plaire. En même temps, Gwendall n'en était pas réellement surpris. Même s'il n'avait pas la moindre idée du camp dans lequel Zelda se situait (il avait la bêtise de penser qu'elle devait être relativement neutre), il se doutait que découvrir que celle qu'elle avait nommé assistante, qu'elle avait pris sous son aile en dépit du fait qu'elle ait fait de la prison, ne pouvait pas être ravie de découvrir que celle à qui elle avait accordé sa confiance lui avait menti, et surtout était une criminelle notoire. Il y avait de quoi être déçu. Saurait-elle passer outre cette déception pour accepter de les aider tout de même ? C'était là toute la question, et Gwendall avait du mal à décrypter son attitude.

Elle commença par affirmer qu'elle devrait les dénoncer. C'était une éventualité à laquelle Gwendall avait songé, et face à elle, il envisageait deux options : contraindre l'infirmière par l'imperium, ou tout simplement lui lancer un sortilège d'amnésie pour lui faire oublier cette conversation avant d'envisager une autre option. Mais il y avait des failles à ces deux éventualités. La première comportait des risques trop évidents, la seconde les ramenait à la case départ. D'une manière ou d'une autre, il fallait la faire accepter, et tant pis pour l'image que cette femme aurait d'eux tant que leur enfant serait en sécurité.

Après un moment, Zelda sembla finalement accepter. Du moins, c'était ce que ses propos laissaient entendre, aux yeux de Gwendall du moins. Leur enfant n'était en effet pour rien dans ce qu'il leur arrivait. S'il fallait qu'ils se sacrifient pour s'assurer que leur enfant grandirait normalement, loin de l'emprise de Lord Voldemort, alors il était prêt à se sacrifier, oui... Il allait peut-être un peu trop vite en besogne en prenant la réponse de l'infirmière pour une forme d'approbation, mais il avait tout de même le sentiment qu'ils étaient sur la bonne voie... Il avait envie de le croire en tout cas. Mais encore fallait-il s'en assurer. Ils ne pouvaient pas se permettre de quitter cet endroit sans s'être assurés, d'une part qu'elle ne les dénoncerait pas, d'autre part qu'elle était prête à les aider, d'une manière ou d'une autre. Il aurait aimé que Sasha parle, étant donné que lui-même ne connaissait pas cette femme, mais elle restait muette... Cette situation était encore moins simple pour elle que pour lui. Soit, c'était donc à lui de jouer.

-Vous pouvez nous demander absolument n'importe quoi. Tout ce qui compte pour nous, c'est que notre enfant soit en sécurité.

Et si elle y mettait un prix à payer, il le paierait.

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Sasha demeura muette... En même temps, elle avait tout intérêt à ne pas trop en rajouter, parce que Zeld' était sur les nerfs et qu'elle pourrait s'emporter à la moindre remarque selon la nature de cette dernière. La jeune femme devait se douter qu'en cet instant, l'infirmière était particulièrement blessée et en colère, et qu'il ne fallait espérer aucune sorte de clémence de sa part. Elle avait pris Sasha sous son aile, elle lui avait fait confiance, et le sentiment de trahison était profond. Alors, oui, elle avait particulièrement intérêt à ne pas trop en rajouter si elle ne voulait pas l'entendre lui répondre violemment... Ce qui ne voulait pas dire que son mari risquait moins en parlant à sa place, parce que même si elle ne le connaissait pas, elle le mettait forcément dans le même panier. Ils la foutaient dans une merde noire, et elle était sûre qu'ils se fichaient bien de ce qu'elle pouvait penser de son côté. Non, elle, elle était la bonne poire de l'affaire. Elle ne devrait pas se laisser faire, elle devrait l'envoyer balader, les envoyer balader tous les deux... Mais une fois de plus, il y avait un gamin en jeu... Et peut-être que c'était son instinct maternel qui lui causait du tort, mais il ne pouvait pas ne rien faire, rester indifférent, c'était impossible.

"Vous demander n'importe quoi...", répéta-t-elle, plus pour elle-même que pour ses interlocuteurs.

Vu ce qu'ils lui demandaient, elle devrait y mettre le prix fort. Mais elle n'avait rien à leur demander, elle. Tout ce qu'elle voulait, c'est se réveiller et se rendre compte que tout ça n'avait été qu'un rêve... très louche mais un rêve quand même. Leur demander n'importe quoi, mais elle ne voulait rien de leur part, elle. Elle ne dit rien pendant plusieurs secondes, elle retournait le problème dans tous les sens, et dans tous les cas, pour elle, c'était juste une merde noir, un truc dont elle ne saurait pas se dépêtrer de tout ça. Elle ne devrait vraiment pas s'en soucier, elle devrait les dénoncer et les laisser se démerder, mais.

"Tu vas devoir trouver un nouveau boulot, Sasha", trancha-t-elle. "Faut que je réfléchisse. Mais votre gamin sera entre de bonnes mains... du moment que ce sont pas les vôtres."

Elle y allait fort, mais elle avait envie de dire qu'ils avaient commencé.

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Se sacrifier au service de la vie équivaut à une grâce.

Sasha devait parler, elle en avait conscience, elle devrait dire bien plus de chose que ce qu'elle disait. En même temps, ce n’était pas bien difficile, puisqu’elle ne disait rien. Mais en même temps, elle ne savait pas du tout ce qu’elle pouvait dire. En cet instant précis, Sasha était juste incapable de savoir ce qu’elle devait dire, incapable de savoir ce qu’elle devait faire même. La seule chose qu’elle désirait, c’était protéger son enfant, mais pour ça elle devait d’abord supporter le fait de trahir Zelda. Si Sasha avait eu le choix, la jeune femme aurait préféré ne rien lui dire, elle ne pouvait pas le nier, parce qu’elle ne supportait pas le fait que Zelda puisse savoir qu’elle porter la marque des ténèbres sur son avant-bras, et encore elle ne se doutait pas une seule seconde du camp dans lequel elle se trouvait. Mais Sasha savait qu’elle était une femme bien. Et elle voyait bien que l’infirmière était vraiment blessée de découvrir la vérité, comme elle voyait bien qu’il valait mieux qu’elle fasse attention à ce qu’elle disait.

Ce que Gwendall devait faire aussi, mais elle ne le remercierait jamais assez de prendre la parole et de dire à Zelda qu’elle pouvait leur demander tout ce qu’elle voulait. Ce n’était sans doute pas suffisant, ça ne changerait rien au fait que c’était évident que l’infirmière de Poudlard n’allait plus jamais la voir comme elle la voyait avant. Mais ce n’était rien en comparaison du fait de pouvoir protéger leur enfant. Si elle devait se sacrifier de toute façon, la jeune femme le ferait. Si Zelda devait décider de les sacrifier… soit.

Cela dit, quand elle entendit l’infirmière lui dire de cette manière qu’elle allait devoir trouver un autre travail, ce ne fut pas du tout agréable à entendre. Mais en même temps, la jeune femme s’en doutait un peu, il était évident qu’elles ne pourraient plus faire comme si de rien n’était. Et de toute façon, Sasha était prête à tout pour que l’infirmière accepte de protéger leur enfant. Elle n’avait aucune idée de ce que ça allait donner ensuite, mais pour l’heure, le moment était urgent. Mais Zelda ne se contenta pas de dire ça. Leur enfant allait être entre de bonne main… tant que ce n’était pas les leurs.

« Tu es injuste Zelda. » Elle ne put s’empêcher de dire, la voix particulièrement brisée.

Elle ne pouvait pas entièrement le lui reprocher, parce que en un sens, la jeune femme savait bien que son fils ou sa fille était en danger en leur compagnie et ce n’était pas pour rien qu’ils avaient besoin d’aide. Mais ça ne voulait pas dire qu’il ne serait pas entre de bonnes mains avec eux si ? Peut-être en réalité, on ne pouvait pas dire que Sasha était sûre et certaine d’être réellement faite pour être mère. Et en même temps, c’était vraiment dur d’entendre ces propos. Mais que pouvait-elle dire en réalité ? Rien…

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Merci Triplette :

Se sacrifier au service de la vie équivaut à une grâce.

A

la manière dont l’infirmière répéta avec mépris leurs propos, Gwendall comprit bien vite qu’elle n’exigerait aucune contrepartie de leur part. Ce devrait être un soulagement, mais il n’en était rien, il sentait de l’horreur mais surtout de la déception dans l’attitude de cette femme, et elle avait peur qu’elle décide de les trahir… Il ne savait pas vraiment s’il se sentait serein, d’ailleurs, de laisser son enfant, la prunelle de ses yeux, aux mains de cette femme qui ne lui inspirait définitivement aucune sympathie. D’accord, elle avait certainement de bonnes raisons de leur en vouloir. Elle n’était de toute évidence pas une grande fan de Voldemort et de ses idéaux (en même temps, Gwendall et Sasha ne l’étaient pas non plus, mais le fait est qu’ils n’avaient pas le choix). Et elle se retrouvait avec un bébé sur les bras alors qu’elle n’avait rien demandé à personne... mais malgré tout, il n’aimait pas la manière dont elle se comportait avec eux, et encore moins avec Sasha, d’autant qu’il se doutait que son épouse devait être touchée à titre personnel par la réponse de son interlocutrice, qu’elle considérait tout de même comme une amie, sans quoi elle n’aurait jamais accepté de se tourner vers eux.

Elle asséna à Sasha qu’elle n’avait plus de travail… malheureusement, ils l’avaient su tous les deux, c’était un des grands risques dans leur démarche : si le fait que Sasha reste infirmière lui aurait donné un prétexte idéal pour rester auprès de leur enfant, il fallait parier sur le fait que Zelda la voudrait loin d’elle en découvrant leurs manigances… Mais quand bien même c’était attendu, Gwendall ne s’en sentait pas moins offusqué, et il devait vraiment se faire violence pour ne pas défendre l’honneur de son épouse, d’une manière qui n’aurait rien eu de civile. Qu’ils le veuillent ou non, ils manquaient d’options, et ils devaient accepter de compter sur Zelda pour s’en tirer au meilleur compte possible… ceux qu’ils éprouvaient eux-mêmes ne devait pas entrer en ligne de compte tant que leur fils pouvait être en sécurité, pris en charge, et grandir en évitant la trop grande menace qui pesait sur eux…

Il se sentit profondément insulté quand il entendit Zelda affirmer que leur enfant serait entre de bonnes mains puisqu’il ne s’agirait pas des leurs. D’accord, au moins, elle leur promettait de veiller sur leur enfant, mais…eh bien, difficile de ne pas prendre ombrage de tels propos. Il en était convaincu pour sa part : Sasha et lui auraient été des parents parfaits et aimants, si on avait bien voulu leur en laisser l’occasion… et à cette pensée, son cœur lui faisait un mal de chien. Mais bien sûr, une fois encore, ils n’avaient pas leur mot à dire… Oui, lui aussi avait envie de crier à l’injustice, mais il préféra se taire et ne pas en rajouter. Même si cette conversation était hautement désagréable, ils étaient face à leur seule chance d’offrir à la chair de leur chair une vie décente et préservée autant que possible du danger. Ils ne pouvaient pas passer à côté de cet état de fait… Alors même s’il détestait agir ainsi, il se tut, tout simplement…

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Elle ? Injuste ? Non mais on aurait tout entendu, là. Si Sasha pensait vraiment que c'était en intervenant de cette manière que l'infirmière allait la prendre en pitié, et bien, elle se fourrait le doigt dans l'oeil jusqu'à la rotule. Non mais, sérieusement, elle, injuste... Ce n'était pas elle qui avait menti, manipulé son monde... et Merlin sait de quels crimes elle était coupable étant donné son affiliation. Elle acceptait de prendre soin de leur enfant parce que cet enfant était innocent et n'avait rien demandé à personne, mais il ne fallait pas s'attendre à ce qu'elle compatisse à leur sort ou les traite avec une quelconque délicatesse. Aussi et surtout parce que Zelda se sentait sincèrement blessée. Elle avait cru en Sasha, elle lui avait fait confiance, et tout ce qu'elle récoltait maintenant, c'étaient des reproches serties d'un ultimatum.

"Tu veux vraiment discuter justice avec moi, Sasha ?"

Non, parce que s'ils voulaient vraiment qu'elle soit injuste, elle pouvait l'être aussi. Encore que non, si elle agissait comme il se devrait, elle ne serait pas injuste, elle servirait la Justice. Elle devait bien admettre, d'ailleurs, qu'elle était assez tentée de retourner sa veste et de laisser le couple se démerder. Ils finiraient à Azkaban, le gosse serait placé va savoir où et bon débarras. Mais il faut croire que son fichu instinct de mère, que Louisa lui reprochait de ne pas posséder, faisait des siennes. Elle était incapable de faire ça. Oui, les Colloway avaient vraiment trouvé la bonne personne à pigeonner. Et Zelda était coincée. Ou en avait le sentiment, en tout cas.

"Je peux toujours changer d'avis et vous dénoncer, alors le moins que tu puisses faire, tout de suite, c'est te la boucler Sasha, ou au moins d'avoir des scrupules, mais ça ce serait trop demandé, pas vrai."

Elle prit une grande inspiration. Elle sentait que cette histoire allait la poursuivre pour longtemps. Qu'elle accepte ou refuse, c'est des vies humaines, dont une innocente, qu'elle aurait sur la conscience, elle avait pas demandé tant de responsabilités, elle.

"L'accouchement est prévu pour quand précisément ?"

Elle allait devoir garder la tête froide si elle voulait réussir à gérer cette situation, et réussir à s'organiser de son propre côté. C'est clair que ça allait pas être simple. Dans tous les cas, c'était le bordel. Mais il fallait tenter.

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Se sacrifier au service de la vie équivaut à une grâce.

Sasha s’était clairement doutée qu’au moment où Zelda découvrirait la vérité, elle la verrait différemment, mais c’était difficile de subir les reproches de l’infirmière. C’était difficile de la voir se montrer si dur envers eux, alors qu’ils avaient besoin de soutien justement. Oui, Sasha la trouvait injuste dans ses propos, injuste de penser qu’ils n’auraient pas pu faire de bons parents. Alors qu’elle le savait parfaitement, ils auraient été des parents idéaux si on leur laissait la possibilité de l’être. Sauf que non, pour protéger leur enfant, ils devaient se mettre à l’écart. C’était injuste donc d’affirmer qu’ils ne prenaient pas soin de leur enfant, quand ils étaient prêt à sacrifier leur position pour son bien-être.

Mais Sasha ne pouvait sans doute rien dire, elle ne devait sans doute rien dire. Elle accusa le coup quand Zelda lui répliqua qu’elles ne devaient pas parler de justice toutes les deux, qu’elle pourrait très bien décider de changer d’avis et de les dénoncer. C’était la dernière chose qu’elle voulait. Quand bien même, Sasha était prête à perdre sa liberté pour sauver la vie de son fils s’il le fallait. Sasha comprenait bien le message donc, elle devait se la fermer. Pour ce qui était des scrupules, Zelda encore une fois se montrait clairement injuste aux yeux de la jeune femme, mais elle n’allait rien dire. Bien sûr qu’elle en avait, elle s’en voulait terriblement de se retrouver dans une telle situation. Elle s’en voulait de devoir demander une telle chose à l’infirmière, de devoir abandonner son fils ou sa fille. Mais bon, il valait mieux qu’elle ne dise rien, parce qu’ils n’avaient pas vraiment d’option, que Zelda était la seule personne capable de les aider. Et au vu de la situation, il était clair de toute façon qu’ils ne pouvaient pas revenir en arrière.

« Pour mi-avril. » Répondit-elle, simplement.

Elle sentait son cœur se serrer un peu plus, sa gorge se nouer, elle se sentait mal comme jamais elle ne s’était sentie mal jusqu’à présent. Et pourtant, elle avait eu des moments où elle s’était sentie horriblement mal. Quand elle avait cru perdre Gwendall, plusieurs fois, quand elle avait compris que Angus l’abandonnait. Mais là, c’était évident, c’était pire que tout. Parce qu’elle avait le sentiment de perdre son enfant, d’abandonner son enfant. Elle savait bien qu’ils n’avaient pas le choix, ils n’avaient pas d’autres solutions s’ils voulaient s’assurer que leur enfant allait vivre. Sasha n’avait aucune idée de comment ils pourraient faire, plus tard, pour avoir la vie qu’ils avaient vraiment voulu à trois, ils ne savaient pas comment ils allaient pouvoir s’en sortir et au vu de la réaction de Zelda elle ne savait même pas si elle allait pouvoir voir son fils ou sa fille. Mais au moins, au moins iel allait être en vie. C’était sur ça qu’elle devait se concentrer, même si elle sentait son cœur s’arranger à cette idée.

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Merci Triplette :

Se sacrifier au service de la vie équivaut à une grâce.

G

wendall se faisait violence pour garder son calme et ne pas s'en prendre à Zelda quand il entendait la façon dont elle les traitait, et surtout dont elle traitait Sasha. Objectivement, il pourrait admettre que l'infirmière avait toutes les raisons d'être déçue et en colère : elle découvrait que son amie lui avait mentie, qu'elle agissait pour un homme dont, de toute évidence, elle ne supportait pas les méthodes (en même temps eux non plus), et qui plus est, il lui demandait un service absolument gigantesque. Mais il ne réussissait pas à se raisonner et à voir les choses sous cet angle. Lui, tout ce qu'il voyait, c'était une femme qui manquait cruellement d'empathie, et qui se permettait de les mettre plus bas que terre alors qu'ils étaient déjà au fond du goufre.

Gwendall avait toute confiance en Sasha, c'est bien pour cette raison qu'il ne se permettait pas de réagir et qu'il ne comptait pas dire quoi que ce soit et laisser couler, même s'il devait serrer les dents. Elle restait leur meilleure option, et même si elle n'oubliait pas de leur faire comprendre que c'était à contrecoeur, elle acceptait bel et bien de les aider. C'était horrible et en même temps rassurant. Le jeune homme détestait penser à ce moment où il lui faudrait abandonner son enfant, la chair de sa chair, aux bras d'une femme qui pour lui n'était qu'une inconnue - et désagréable qui plus est... Mais au moins, Morgan avait des chances de s'en sortir. Il ne pouvait pas négliger ce constat. Ils donnaient à leur enfant une chance de vivre, d'être à l'abri. C'était ce qui comptait, bien plus que la mauvaise humeur de cette femme contrariée et aigrie.

-Vous nous laisserez le voir, n'est-ce pas ?

Il n'avait tout de même pas pu négliger cette question. Si laisser leur enfant à naître à l'infirmière signifiait qu'ils n'auraient plus la moindre chance de le voir, alors il n'était pas sûr de vouloir aller au bout de leur initiative, il préfèrerait encore improviser autre chose... Quitte à réduire Zelda à un silence définitif pour qu'elle n'ébruite pas leurs projets (dans les circonstances présentes, ça ne lui poserait pas spécialement souci).

Forcément, Gwendall avait compté sur le fait que Sasha resterait à Poudlard, ce qui leur faciliterait la tâche... Mais même si elle devait perdre son emploi, il n'était pas question qu'ils restent à l'écart. C'était un sacrifice suffisant de laisser quelqu'un d'autre prendre soin de leur enfant, il serait bien incapable de l'abandonner complètement sans ne serait-ce que le voir de temps à autre. Le prendre dans ses bras, même une fraction de seconde, vaudrait toujours mieux que de se l'imaginer à distance sans aucune chance de l'approcher. Alors il voulait mettre ça au clair.

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Mi-avril, d'accord... Bon, ça lui laissait le temps de s'organiser un peu, mais pas beaucoup de temps quand même, malgré tout. En même temps, même neuf mois auraient été un peu juste pour ça, mais elle n'avait pas le choix. Enfin si, elle avait fait son choix, et du coup, elle devait l'assumer, même si toute cette histoire ne lui plaisait vraiment pas du tout pour tout un tas de raisons. Si elle n'avait pas au fond cet instinct de mère qui l'incitait à protéger cet enfant qui n'avait rien demandé à personne, c'est sûr que les choses se seraient passé totalement autrement. Déjà là, elle n'aimait pas du tout la manière dont son intégrité se voyait bafouée.

Toutes les valeurs qu'elle défendait becs et ongles prenaient un coup dans l'aile, et ça, elle avait bien du mal à le pardonner au couple Colloway. Oui, c'était en grande partie une affaire d'ego, on ne va pas se le cacher. Mais en même temps, elle estimait que l'ego de Sasha et Gwendall avait aussi pesé dans cette fichue balance. Faire un gosse dans de telles circonstances, c'était forcément une décision absurde et déraisonnable. Pas autant que de se mettre au service d'un psychopathe. Mais ça c'était un autre débat. Pour un autre jour.

"On verra", répondit froidement Zelda, les bras croisés, quand Gwendall demanda avec espoir si le couple serait autorisé à voir leur enfant.

Honnêtement, elle n'avait pas la réponse à cette question, elle n'en savait fichtre rien. Pour le moment, elle était sacrément retournée par tout ça, elle n'avait absolument pas d'opinion sur la question. Elle avait besoin de se donner le temps de réfléchir très sérieusement à tout ça... Sans cela, elle ne serait pas capable de faire ce qu'il fallait comme il le fallait. Si elle faisait comme il le fallait, s'il y avait une bonne manière de faire.

"Faut que je réfléchisse au... détail."

Et pour ça, elle avait besoin d'un peu de tranquilité, qu'on la laisse seule avec elle-même et qu'on lui donne l'opportunité de cogiter un peu sur la question. Elle ne savait pas si ça allait aider mais de toute manière, au point où ils en étaient, elle voyait mal ce qui pouvait être fait de plus. Ou dit de plus. Au cours de cette conversation, ils avaient clairement atteint des sommets, elle c'est tout ce qu'elle voyait.

"Maintenant tirez-vous de mon infirmerie."

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Se sacrifier au service de la vie équivaut à une grâce. (Gwendall et Zelda <3)

Se sacrifier au service de la vie équivaut à une grâce. (Gwendall et Zelda <3)

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