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 Nearly the third world war + Rafa (Flashback - Mai 1945)

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CRACMOL
Finn Callahan
Finn Callahan
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Message#Sujet: Nearly the third world war + Rafa (Flashback - Mai 1945)   Nearly the third world war + Rafa (Flashback - Mai 1945) Icon_minitimeMer 21 Juil - 14:42



Nearly the third world war
Rafa & Finn
Tony Montenza est mort. Dans Skid Row, la nouvelle s’est répandue comme une trainée de poudre. Crise cardiaque. Un truc foudroyant. Aucune chance de s’en sortir. Pauvre vieux boss. On le regrettera. Mais à vrai dire, pour le peuple des bas fonds de Los Angeles, l’information n’a que peu d’importance. Vivant en périphéries du crimes et du bon vouloir de mafieux, les marginaux qu’ils sont suivent, bon gré, mal gré, les patrons qui passent en essayant de ne pas les contrarier. La présence de l’un chasse l’autre et on espère simplement que le prochain, probablement le neveu du patron, le petit Callahan, celui qui est acteur, mais sous un autre nom, sera aussi clément que son oncle, et qu’on n’héritera pas du fils Montenza, qui lui, de ce qui se dit à Vegas, ferait mieux de rester en Europe. Pour le reste, la victoire a été proclamée il y a quatre jours : la cité des Anges, comme le reste de l’Amérique, est en liesse et pour un temps, les histoires de mafieux passent un peu à l’as.

Dans toute cette folie collective, qu’il trouve un peu hystérisante, il n’y a guère que Finn Callahan qui ne profite pas de la fête. Il n’y a pas le cœur, plus du tout. La guerre lui semblait une chose abstraite, dont il ne voulait pas se mêler – même si Hitler, cet enfoiré qui s’amusait à éliminer son peuple, a bien eu ce qu’il méritait – mais il n’a jamais craché sur une occasion de faire la fête. Il y a deux jours, le 8 mai, il parlait encore à son oncle, débarqué de Floride pour fêter la victoire avec ses hommes, et ils parlaient d’aller à Washington pour assister à la remise de la Purple Heart – par le président Truman en personne, s’il vous plait - attribuée à Ludovico. Et puis tout a basculé d’un coup, le matin où il est passé cherché Tony à sa villa pour partir à l’aéroport. C’est lui qui l’a découvert, mort dans sa chambre, et personne n’a rien pu faire. Personne ne s’est rendu compte de rien.

Depuis, Finn navigue à vue. On s’est mis à lui répondre en l’appelant boss ou patron avec la même déférence qu’envers feu Tony Montenza, mais il ne s’en est même pas rendu compte tant il semble replié sur lui-même. Il pourrait se réjouir que tout cela soit acquis pour tout le monde, mais il n’y arrive pas. La vérité, c’est qu’il a vingt-neuf ans et qu’il ne lui reste plus aucune famille en vie ou presque, ou du moins vers qui se tourner. Ludovico a beau être comme un frère, il est tout aussi perdu que lui, alors ça ne l'aide en rien. Il a bien écrit à Rory et à sa mère, mais n’a obtenu aucune réponse. Il n’en attendait pas vraiment : Rory se moque du monde moldu, et quant à sa mère, ça fait longtemps qu’elle ne répond plus à ses lettres, ce que Callahan a mis sur le compte d’une interdiction de son père, sans se douter que personne ne risquait plus de lui répondre depuis le Blitz. En attendant, jamais il ne s’est senti aussi terrifié par l’avenir. Tony Montenza lui paraissait immortel et un modèle impossible à supplanter ou à égaler. Finn a souvent rêvé d'obtenir l'affection de son père, mais la seule qu'il ait vraiment reçue venait de son oncle, alors...Il ne s’imagine pas un instant à la hauteur, tout importante qu’ait été son influence comme neveu et bras droit du vieux chef. Comment est-ce qu’il va faire ?

Non, se morigène-t-il en examinant le nœud de sa cravate dans le miroir. Il ne faut pas paniquer. Ni lâcher l’affaire. C’est son rôle, maintenant, il faut l’assumer. Et de fait, il a déjà commencé à le faire. Avec Rafa, qu’il a propulsé au rôle de second et de numéro deux du clan Montenza – il a encore du mal à dire Callahan – de par sa simple accession à la place de chef, Finn a déjà organisé l’enterrement, fait prévenir les amis de son oncle, et s’est assuré de l’allégeance des bas fonds de LA. En Californie, leur main mise est assurée, c’est sûr ? Mais ailleurs, c’est autre chose, et ça obsède l’acteur. Alors qu’il monte dans la Lincoln, c’est même la première question qu’il pose à Rafa : « Des nouvelles de Siegel et Cohen ? » Ceux là sont leurs ennemis les plus directs, mais paradoxalement les moins dangereux : Bugsy est dingue, comme son surnom l’indique, quant à Mickey, si son oncle a réussi à l’amadouer, Finn se dit qu’il le pourra aussi. Non, ce qui l’inquiète plus, lui, ce sont les parrains de la côte Est. Loin de leurs émissaires que sont Siegel et Cohen, Lucky Luciano, Meyer Lansky et Frank Costello ne sont pas dangereux et leur fichent une paix relative, négociée par Tony qui savait faire le dos rond lorsque l’occasion le nécessitait. Mais présents à Los Angeles, c’est une autre histoire. Il est plus jeune et en minorité : ni yiddish, ni vraiment italien, Finnegan a conscience que son nom ne lui ouvre ici aucune porte. A la tristesse, s’ajoutent le stress et la colère qu’on essaye déjà de le déposséder et pire, de trahir la mémoire de Montenza. Quand bien même il a du respect pour les légendes que sont les parrains du clan Genovese, il a du mal à tolérer cette manœuvre, qui ne lui semble pas digne d’eux. « Les autres sont déjà là. Comme prévu. Je vois la voiture de Luciano. Tu sais à quoi ils ressemblent ? Va pas falloir commettre d’impairs avec eux, sinon on est foutu…. » Lance-t-il encore à Rafa alors qu’ils se garent devant l’église et qu’ils scrutent le parvis où se font face, à bonne distance, ceux de la côte Est, et ceux de son clan. Du coin de l’œil, il voit Ludovico, en uniforme, en grande conversation avec Mike Maguire, et d’une certaine façon, il est heureux qu’il ne soit pas en train de faire ami-ami avec Luciano ou Costello. « De quoi j’ai l’air ? Crédible. Faudrait pas qu’on se foute de ma gueule pendant que je fais mon discours. » Drôle d’exigence, pour lui, de prononcer une oraison pour son oncle. Si Finn est capable de s’adapter à n’importe quel rôle, il faut admettre que celui qu’il s’apprête à endosser, avec son costume noir de deuil et la gravité qui sied à un vrai chef de clan, est un peu large pour ses épaules, lui qui n’est pas croyant pour un rond et qui ne sait même pas faire un signe de croix correct, contrairement à son oncle.

Il contemple encore un instant ce triste spectacle, se disant que quand même, au moins, tous ceux que l’oncle Tony aimait bien – et il connaissait du beau monde ! – sont là, puis lance amicalement à Rafa : « Allez, va m’ouvrir, on les a fait suffisamment attendre. » Après tout, il faut bien montrer qui attend qui et qui est le chef, ici : tout ça, c’est un rapport de force soigneusement pesé et équilibré. Car Finn le sait, il ne peut pas vraiment se permettre de s’aliéner Lucky Luciano ou Frank Costello, et il faut trouver le juste équilibre : ne pas se laisser écraser, sans prendre le risque de dépasser sa place dans la chaine alimentaire du crime, en entrainant avec lui ses hommes dans sa chute. En attendant, il ne saurait dire si l’ambiance, très silencieuse et austère, est plus triste qu’hostile. Peut-être un peu des deux. Et, preuve qu’il commence à revenir à lui un peu, il ne peut s’empêcher de souffler à Rafa : « Putain, si mon oncle avait voulu déclencher la troisième guerre mondiale, il ne s’y serait pas pris autrement… »
(C) CANTARELLA.


Dernière édition par Finn Callahan le Lun 26 Juil - 19:22, édité 1 fois
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Rafael O'Riordan
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Message#Sujet: Re: Nearly the third world war + Rafa (Flashback - Mai 1945)   Nearly the third world war + Rafa (Flashback - Mai 1945) Icon_minitimeJeu 22 Juil - 15:27

Nearly the third world warFinn & Rafa


Pour la première fois depuis que le monde est monde, Santina a raté ses lasagnes. Faut-il que les circonstances soient graves pour que la fine cuisinière, qui pourrait préparer n’importe quel plat italien les yeux fermés, oublie les pâtes dans ses lasagnes. Assis dans un coin de la cuisine, Rafa regarde la vieille cuisinière, toute de noir vêtue, se lamenter, et Antonio, son mari, essayer de la rassurer. Elle a tenu à préparer à manger pour que Finnegan ait quelque chose en rentrant de l’enterrement, et, porca miseria ! elle a enfourné un plat de sauce, sans les pâtes. Rafa et Antonio se relaient pour la raisonner et lui faire comprendre que Callahan n’aura sans doute pas très faim en revenant de la cérémonie, mais rien n’y fait. Elle se désole, s’agite, ne cesse de vérifier les mêmes choses et donne le tournis aux deux hommes :

-Raffaello, Finnegan a bien trouvé la chemise que je lui ai repassée ? Je l’avais accrochée dans sa chambre. Antonio, regarde si j’ai bien mis mon missel dans mon sac. Mon Dieu, quelle heure est-il, déjà ?

L’arrivée de Finn Callahan, le nouveau chef de clan, coupe court à cette agitation. Laissant Antonio se débrouiller avec son épouse, “Raffaello” se lève, en silence, pour accompagner le patron jusqu’à la Lincoln. Il est devenu, en deux ans et quelque au service de Callahan, une sorte d’ombre du mafieux, discrète et incontournable. Tout le monde a pris l’habitude de le voir dans le sillage du patron - à commencer par Finn lui-même, qui a rapidement trouvé pratique de disposer d’un assistant aussi efficace que ceux des plateaux de tournage, mais encore plus polyvalent puisque Rafa, outre les missions domestiques classiques, peut se charger de tâches plus inhabituelles comme casser quelques os à un insolent. Pour autant qu’il puisse en juger, le patron a toute confiance en lui ; et Tony Montenza, le grand Montenza, celui qu’on va conduire à sa dernière demeure ce matin, avait approuvé le choix de son neveu. Rafa a eu tout loisir de repenser au vieux chef de clan, depuis quelques jours. Tony Montenza reste toujours une figure presque légendaire, terrifiante, mais la crainte pure des premiers jours avait cédé la place, au fil du temps, à un véritable attachement. Rafael avait pu apprécier la bonté de cet homme, qui, si puissant qu’il fût, ne tombait jamais ni dans le mépris, ni dans l’humiliation. On avait toujours l’impression de parler d’égal à égal, avec lui. Tant qu’on filait droit et qu’on ne lui manquait pas de respect, on pouvait compter sur sa générosité. Je sais d’où je viens, répétait Montenza.

Mais Tony Montenza est mort, tandis qu’il s’apprêtait à aller à Washington voir décorer son fils. L’ambiance festive de cette fin de guerre est retombée d’un coup, et Rafa a découvert, brutalement, ce que c’est que d’être le second d’un chef de clan. Jusque-là, il s’était chargé de petites missions pour le compte de Callahan, un baron du milieu comme tant d’autres ; désormais, il officie auprès de l’héritier du clan Montenza à Los Angeles, et c’est une autre paire de manches. Il a fallu organiser les obsèques, avertir tout le monde, et assurer la continuité des affaires. À la nouvelle de la mort du grand chef, certains se sont senti le droit de secouer le joug ; dès le lendemain, il a fallu faire une descente musclée dans Skid Row pour montrer à tous ces cons que le changement de patron se passait de leur assentiment. Quelques genoux plus tard, les meneurs étaient hors jeu, et les suiveurs, ébahis de ne pas subir le même sort, baisaient presque les pieds de Callahan.

Machinalement, Rafa se comporte en chauffeur de grande maison, ouvrant la portière de la Lincoln pour le patron avant d’aller prendre place au volant. C’est qu’ils ont parlé mise en scène, voici peu, et Finn lui a expliqué que pour l’enterrement, il faudrait tout particulièrement veiller au décorum. Si d’ordinaire ils se passent de ces salamalecs, cette fois il faut que Callahan apparaisse en grand seigneur, en chef incontestable. Et cela passe par des détails de ce genre. Démarrant la voiture, O’Riordan répond aux interrogations du boss sur les deux rivaux directs du clan, Siegel et Cohen :


-Ils ont fait envoyer des fleurs. Des trucs monumentaux, vous verrez. Mais je me suis débrouillé pour que ce soit votre couronne la plus belle, patron.

Il lui a semblé, confusément, qu’en déposant des gerbes aussi imposantes, les deux autres sortaient de leur rôle, et cherchaient à s’imposer. Alors il a claqué des centaines de dollars pour qu’aucun témoignage de respect ne puisse rivaliser avec celui de Callahan, l’héritier légitime. Question de principe.

Devant l’église, c’est la foule. On peut mesurer la popularité du défunt à cette affluence ; il y a de tout, du plus obscur homme de main aux autorités les plus officielles de la ville. Rafa stoppe la Lincoln à l’ombre d’un bouquet de palmiers, et observe un instant le rassemblement. Il a un signe de tête négatif lorsque Callahan lui demande s’il sait à quoi ressemblent “les autres”, mais ils sont perdus dans la foule, impossibles à voir.

-Vous êtes très bien, patron. Juste, vous oubliez pas, le signe de croix : haut, bas, gauche, droite.

La dernière fois qu’ils ont assisté à une messe ensemble, pour le mariage d’un filleul de Tony Montenza, le vieux chef de clan s’est fendu la poire à voir Rafa flanquer des coups de coude à Finn à chaque moment important, et Finn copier à la hâte le geste de son second. Alors cette fois, ils ont répété. Toujours la mise en scène. Ils ont fait des dizaines de signes de croix, jusqu’à ce que le geste soit fluide.

Et c’est parti. Avec la raideur d’un vrai majordome, Rafa fait le tour de la voiture, vient ouvrir la portière, puis reprend sa place d’ombre de Finn Callahan, un pas en retrait. La foule commence à entrer dans l’église, la piétaille d’abord, les gens importants s’attardant sur le parvis pour saluer Callahan et Ludovico. Puis le corbillard arrive ; les derniers traînards s’en vont rejoindre le reste de l’assistance, laissant la famille - une drôle de famille - suivre le cercueil dans l’église. Ludovico, d’abord. Puis Callahan, toujours flanqué de son lieutenant. Puis Santina et Antonio, et d’autres membres du personnel de Montenza. Les quatre porteurs du cercueil sont des filleuls du défunt, jeunes gens dont la gravité remplirait Tony de fierté. Derrière, les croque-morts apportent des gerbes de fleurs, si nombreuses que bientôt, on ne voit plus le cercueil. Le prêtre prend la parole ; du coin de l'œil, Rafa contrôle que le patron fait bien le signe de croix comme il faut, et lui adresse un sourire d’encouragement. Juste derrière eux, les gloires de la côte Est se partagent un banc, avec Siegel et Cohen. De l’autre côté de l’église se sont rassemblés les amis haut placés de Tony Montenza, parmi lesquels on reconnaît le chef de la police. Difficile d’imaginer rassemblement plus hétéroclite.

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Finn Callahan
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Message#Sujet: Re: Nearly the third world war + Rafa (Flashback - Mai 1945)   Nearly the third world war + Rafa (Flashback - Mai 1945) Icon_minitimeSam 24 Juil - 16:31



Nearly the third world war
Rafa & Finn
Rien à dire sur l’enterrement lui-même. C’est propre. Finn n’en doutait pas un instant, de toute façon. Un peu déconnecté des détails pratiques parce que la peine l’affecte plus qu’il ne veut bien le montrer, Callahan a laissé la main à Rafa pour la cérémonie, se contentant d’expliquer ce qu’il en attendait et les enjeux de celle-ci. Leur duo fonctionne bien comme ça, et c’est souvent ainsi en ce qui concerne l’organisation. Marque de confiance s’il en est, et chose naturelle pour lui : au fur et à mesure du temps, il a appris à déléguer à O’Riordan ce genre de choses. Son cadet bénéficie donc d’un privilège rare : celui d’être écouté, associé à la direction des opérations des plans, et surtout, celui d’avoir le droit de prendre des initiatives. Un privilège rare, et cher, mais Callahan n’a jamais été déçu. S’il y a bien une chose dont il ne doute pas, c’est bien de la loyauté de Rafael. C’est peut-être bien la dernière chose qu’il lui reste, songe-t-il en écoutant le discours du prêtre, émaillé par les quelques signes de croix nécessaires et attendus de sa part. Tout ça est une mise en scène, qui l’empêche de pleurer son oncle comme il l’entend, et tant mieux, parce que sinon, c’est lui le prochain qu’il faudra pleurer, car Finn se sent prêt de s'écrouler. Dans un sens, ce n’est pas plus mal. Mais il n’empêche. A part Rafa, qui le suit pour lui-même et pas parce qu’il était le neveu de Tony, il est bien seul, sauf à compter Santina et Antonio, à qui il adresse un regard affectueux ou Ludovico, mais Ludovico repartira à Londres, quand il se lève pour prononcer l’oraison funèbre du défunt. Qu’importe. Il y a pire compagnie que celle qu’on se choisit, et en ce qui concerne le choix qu’il a fait d’épargner le gamin qu’était O’Riordan, Callahan ne pense pas s’être trompé. Il s’en fait un second, un héritier sans doute, maintenant, mais surtout un ami, presque un frère. Au fond, oui, il a peut-être réussi à se récréer la famille qui lui manquait, du moins commencé à le faire.

Mais il n’empêche, il accuse le coup. Tony Montenza avait une particularité, dans ce monde, trop rare pour ne pas être noté : il a simplement été gentil avec Finn. Alors que son neveu est allé de coups en blessures, de rejets en misère, il l’a accueilli comme un fils, et personne ne pourra remplacer cette figure tutélaire. Il ne peut pas pleurer en public. Peut-être l’a-t-il déjà fait, après avoir appris sa mort, dans cette nuit d’insomnie irréelle où il peinait à réaliser ce qu’il s’est passé, d’ailleurs, et une fois c’est déjà trop, car on le prendra comme une marque de faiblesse. Comme acteur, Finn sait dissimuler ce genre de chose, mais il y a comme un moment de flottement lorsqu’il remplace le prêtre à la chaire, et il semble un peu perdu, un instant. Tout se bouscule, et il voit tout avec une précision nette. La mine austère du prêtre. Le chef du LAPD, Horrall, manifestement un peu mal à l’aise d’être assis deux bancs derrière une brochette de mafieux éminemment recherchés. Antonio, consolant Santina qui s’est mise à pleurer. La photographie de Tony, en noir et blanc, avec son bandeau de tulle noire, comme s’il contemplait d’un air satisfait la foule ou qu’il l’encourageait lui, entouré de ces fleurs immenses qui recouvrent son cercueil. C’est vrai que c’est délirant, songe Callahan en se rappelant de ce que lui a dit Rafa. Il en rirait presque et ça l’aide à dédramatiser.

C’est un test, se dit Finn, la dernière épreuve pour montrer qu’il est son digne successeur, et Tony le surveille encore, et il l’approuverait s’il savait. « J’ai longtemps cherché un mot, une expression pour dire le vide que laissait mon oncle derrière lui. Je crois qu’il y a dans sa mort plus de ce nous appelons en irlandais Uaigneas gan ciuneas, la solitude sans la paix, que je n’en ai jamais ressenti ailleurs… » Son discours est certainement l’occasion de passer quelques messages quand il salue la capacité de Tony à la conciliation, mais il est sincère, et Callahan est réellement ému quand il termine : « Antonio Montenza aimait à dire qu’il savait d’où il venait. J’aimerais à croire que nous, nous savons ce que nous lui devons. »

Et puis voilà, c’est fini. Déjà ? songe l’acteur. C’est tout ce qu’il y a ? Mais vous savez qui on enterre ? Pas le temps de réfléchir plus avant. Déjà, il doit serrer des mains et recevoIR des condoléances. Un mot pour chacun, à commencer par le fils du défunt, sévère dans son costume noir, il commence à s’installer dans le rôle, s’adaptant selon que les mots de condoléances sont synonymes d’hommage qu’il peut prendre avec hauteur ( « Merci, Mike »), de soutiens qu’il faut apprécier à leur juste valeur (« mon oncle aurait apprécié, monsieur le maire »), ou de paroles purement hypocrites dont il faudra se souvenir plus tard (« Ben', c’est gentil d’être venu »). Et puis arrivent les têtes de gondoles, ceux de New York, et le sourire se crispe. « Don Costello, merci d’être venu. Don Luciano, merci d’être venu également. Le proc ne vous a pas trop ennuyé ? » Un éclair d’amusement passe derrière les lunettes du sicilien et un sourire matois apparait sur le visage de Lucky Luciano. « Disons que je me suis arrangé. C’était un bon discours, Finnegan, ton oncle aurait été fier. Je le regretterai. Tony savait discuter. » Placide, Frank Costello ajoute : « On sous-estime le pouvoir des pourparlers. » Callahan approuve d’un signe de tête prudent. A choisir, il préférerait discuter avec Costello : le Premier Ministre est moins prompt aux coups tordus que Lucky. Mais pour l’instant, c’est toujours Luciano qui décide, en attendant que le procureur de New York décide, ou non, sa déportation en Italie, et il reprend d’un air entendu : « Je crois qu’il faut que nous parlions. » Ce n’est pas tout à fait un ordre ; mais la suggestion ne discute pas. « Certainement. Ce soir, c’est est réservé à la famille. Demain midi ? » Reste cependant qu’il peut imposer en partie le lieu et le contexte : parler, oui, mais à ses conditions, histoire de ne pas céder trop facilement.

L’échange se conclut. Son cousin, qu’il a gratifié d’un accolade amicale, est déjà loin, et il ne reste à Finn qu’à poser une main sur l’épaule de Rafa : « Rattrape moi Ludovico, tu veux ? Il faut qu’il reste jusqu’à demain au moins. Et tu me privatises une suite dans un hotel. Un cinq étoiles, me fiche duquel, pour demain midi. Je paierai le prix qu’il faudra, fais annuler des réservations si besoin, sers-toi du nom de Gallagher s’il le faut – ou mieux, dis que c’est au nom de Charles Luciano. Compris ? »

La conversation se poursuit à la soirée, chez Joey. Finn a fait un petit discours, évidemment ponctué de toasts approbateurs, du style « A la mémoire de Tony Montenza. Salute ! » ou « Longue vie au patron ! », qu’il jauge d’un air approbateur. C'est lui le chef. A eux le succès. Il pourrait s'en réjouir, mais il est trop triste et préoccupé, alors il continue à interroger Rafa, essayant d’imaginer ce qui les attend.  « Combien ils sont, t’as pu savoir ? S’ils ont pas emmené tous leurs gars, c’est qu’ils sont prêts à négocier. Je suppose qu’il y aura un prix, mais on devrait pouvoir garder LA et Vegas. Ils vont juste vouloir nous refoutre Bugsy et Mickey dans les pattes, mais si on pouvait maintenir le deal d’oncle Tony… Va falloir bien jouer nos cartes et pas trop boire, mon vieux. Pas de gueule de bois, t’entends ? sinon parole, on est foutus, demain, Dieu nous garde ! » Le conseil vaut plutôt pour lui, même si Finn tient bien l’alcool. Presque par réflexe, il reproduit le signe de croix que lui a montré Rafa, et déjà un peu ivre, éclate d’un rire hilare réparateur, qui lui permet de dire, avalant une gorgée de whisky : « Qu’est-ce que t’as pensé du discours ? » Et puis, à voix très basse : « Il me manquera, quand même. » Maintenant, il lui reste quoi ? Le clan, les gars, qu’il a commencé à recruter ? Oui, c’est sûr, et puis à se serrer les coudes, entre irlandais, avec Rafa, parce que ce n’est tout de même pas la même chose qu’avec les ritals, quand même. C’est un peu l’expression inverse de ce qu’il a cité tout à l’heure. Ciúnas Gan Uaigneas – la paix sans la solitude. Il lève son verre vers Rafa pour trinquer : « Sláinte, compadre. Demain est un autre jour. » Et demain à midi, surtout, ils sauront à quelle sauce ils sont mangés.
(C) CANTARELLA.


Dernière édition par Finn Callahan le Lun 26 Juil - 19:28, édité 1 fois
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Rafael O'Riordan
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Message#Sujet: Re: Nearly the third world war + Rafa (Flashback - Mai 1945)   Nearly the third world war + Rafa (Flashback - Mai 1945) Icon_minitimeSam 24 Juil - 23:50

Nearly the third world warFinn  & Rafa


Comme sur des roulettes. La cérémonie en l’honneur de Tony Montenza se déroule au mieux, pour le plus grand soulagement de Rafa qui l’a organisée presque seul. Il a bien demandé au fils du défunt s’il avait des exigences particulières, mais Ludovico lui a répondu, avec son habituel air ennuyé, qu’il lui faisait confiance pour s’occuper de “ça”. C’est donc O’Riordan qui a choisi les lectures, la musique, comme pour un membre de sa propre famille. Il s’est appliqué, autant par respect pour feu Tony Montenza que pour exécuter les ordres de Callahan, qui voulait quelque chose de solennel, de marquant, à l’image du disparu. Et, en sortant de l’église sur les talons du patron, il est satisfait d’entendre quelques commentaires : c’était une belle cérémonie, de l’avis général. On commente l’oraison funèbre prononcée par le neveu de Tony, un beau discours, émouvant et sans affectation. Tony Montenza, en somme, a eu droit à un adieu digne de lui. Silencieux derrière Callahan qui reçoit les condoléances, Rafa réfléchit, se demande qui est sincère dans ses paroles. La file semble ne devoir jamais se tarir. Après les hautes huiles, le maire de la ville, le chef de la police, viennent les obligés du défunt, et puis ses employés, et puis tout un tas de gens qui sortent on ne sait d’où, et puis, enfin, les collègues de la côte est. Raide dans son costume noir, Rafa tend l’oreille, et observe avec attention. Luciano annonce d’emblée la couleur : il veut une rencontre. Apparemment, on a des tas de choses à se dire. Callahan répond avec une apparente décontraction, mais O’Riordan le connaît assez bien pour percevoir sa nervosité. Pas sûr, cependant, que les autres s’en rendent compte.

Évidemment, c’est à lui que revient l’honneur d’organiser la rencontre en question. Rattraper Ludovico, puis trouver un lieu digne d’accueillir tout ce beau monde. Très naturellement, c’est au Millennium Biltmore Hotel que le gamin se pointe, avec l’assurance que donnent des poches pleines de dollars. Quelques heures plus tard, chez Joey, il fait son rapport à un Finn Callahan encore nerveux :

-J’ai réservé une suite, comme vous m’aviez dit, patron, et puis j’ai réservé aussi les chambres d’à côté. Me suis dit que ça valait mieux, histoire d’être tranquilles...

Autour d’eux, des gars évoquent Tony Montenza en buvant de la grappa. Les deux Irlandais font presque tache avec leur whisky et leur bière. On les laisse discuter entre eux, par déférence pour le nouveau patron. Rafa termine de donner des détails qui semblent rassurer Callahan, et se marre en le voyant faire le signe de croix - sans se tromper de sens :

-Eh, c’est bon, patron, vous allez finir par y prendre goût. On va vous retrouver en soutane, un de ces quatre.

Il allume une cigarette, pousse le paquet vers Finn, et reprend, plus sérieusement :

-C’est bizarre de se dire qu’il est… que c’est fini, quoi. Et encore, moi, je l’ai pas trop connu. Je suppose que pour vous, c’est vraiment… Il cherche le mot, ne le trouve pas, et renonce : En tout cas, il était vraiment bien, votre discours. Ça lui aurait plu, je pense. À la bonne vôtre, patron, conclut-il en levant son verre.

Quelques verres plus tard - mais seulement de la bière pour Rafa, qui, par principe, est le plus sobre des deux - Callahan et son second plient bagage, direction la villa du patron. O’Riordan est devenu un habitué des lieux, si bien qu’il a désormais sa chambre attitrée pour les fois où Finn veut le garder sous la main. Il faudrait dormir, mais les deux jeunes gens sont fébriles. Ils ne pèsent pas bien lourd face aux types de la côte est, et la rencontre du lendemain les inquiète. Ils restent longtemps à discuter sur la terrasse, après avoir fait honneur aux lasagnes que Santina a tenu à refaire en revenant de l’enterrement.

-D’après ce que j’ai compris, on devrait être une douzaine autour de la table, pas plus, patron. Nous quatre, entre votre cousin, son pote Mariotti, vous et moi. Et pour les autres, Luciano, Costello, Siegel, Cohen et quelques sous-fifres. Costello insiste pour poster quelques types à lui dans les deux chambres qui entourent la suite, on peut difficilement lui dire non, mais il y aura des gars à nous aussi. Normalement, on devrait pas avoir à les déranger. Luciano est venu en petit comité, apparemment il est pas sur le sentier de la guerre.

Ils sont de nouveau à discuter, au même endroit, après une nuit peu reposante, lorsque Ludovico Montenza les rejoint à l’aube, l’air suprêmement ennuyé. Aussi à l’aise que s’il était chez lui, il s’assoit, se sert un café, et s’adresse à Callahan :

-Alors, il paraît que tu as besoin de moi pour parler à ces types, à ce que m’a dit ton gus. Tu me mets au jus ? J’étais un peu occupé ailleurs, moi, ces derniers temps.


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Message#Sujet: Re: Nearly the third world war + Rafa (Flashback - Mai 1945)   Nearly the third world war + Rafa (Flashback - Mai 1945) Icon_minitimeJeu 29 Juil - 23:12



Nearly the third world war
Rafa & Finn
Finn se marre quand Rafa lui dit qu’on va le retrouver en soutane, parce que parole, ça, c’est bien la dernière chose qu’il voudrait. Il n’est pas assez pieux, et il aime trop les filles pour ça – ou alors il pourrait se faire prêtre de leur divine beauté, mais…non, ça c’est l’alcool qui cause. Mais ça lui fait de bien de rire à gorge déployée, sans arrière pensée. Pour ça, il remercie Rafa, même si la conversation revient bien vite sur Tony. D’humeur aux confidences ou ayant bu suffisamment pour se laisser aller, il réplique sans y penser, alors que ça en dit long sur lui. « Ouais, j’ai l’impression d’avoir perdu mon vieux. Me demande ce qu’il devient, le mien, d’ailleurs…tu te poses jamais la question pour ta famille, toi ? » Pas grand-chose, en ce qui concerne son père, il bouffe les pissenlits par la racine ; évidemment, Finn ne le sait pas. Eamon n’était pas du genre à lui donner des nouvelles. Mais voilà, maintenant que l’oncle Tony est mort, Callahan se demande ce qui le rattache encore à LA. Il ne sent pas à sa place, soudainement, entouré par tous ces ritals, il fait tâche. Soudainement, l’Irlande lui manque. Ce n’est qu’une mauvaise passe, une idée venue sur un coup de tête. Il n’ira pas voir ses parents à Londres, il ne refoutra pas les pieds à Dublin ou à Belfast, non, même s’il a un peu investi là-bas de son côté. De toute façon, c’est une illusion causée par le whisky, se dit-il, de croire que chez soi, c’est un lieu, et que là-bas est plus chez lui qu’ici. Car il n’est le bienvenu nulle part, ça a toujours été comme ça : à tout prendre, c’est aussi l’occasion de se créer le foyer qu’il veut. Mais Rafa c'est différent. Il a une mère, des frères, et même si son beau-père est un gros con, ceux là lui manquent peut-être. Pourtant il reste avec lui. Pris d’une soudaine affection pour O'Riordan, seul compatriote du coin et seul à comprendre ce que ça veut dire l’errance, aujourd’hui, il trinque avec lui avec un sourire honnête : « Te remercie. A la tienne. »

Le reste de la soirée se passe à boire et à chanter, en Irlandais et en italien, et puis à préparer le lendemain. La conversation reprend au petit déjeuner, pour apporter les dernières précisions nécessaires – les autres gars, c’est Lansky, la banque – et peaufiner les derniers détails, comme la nécessité de rééquilibrer un peu la composition de la réunion, en invitant Maguire, et puis tant qu’à faire, en faisant venir Harris et Lowell, les avocats du clan Montenza, car vu le prix qu’ils payent ces deux tocards, ils ont de toute façon intérêt à rappliquer fissa. Pour le reste, Finn, qui connait bien le Biltmore, fait entièrement confiance à Rafa : l’idée est de maitriser la situation opérationnel et de passer à leur avantage sans pour autant froisser leurs interlocuteurs.

Ils en sont là quand Ludovico débarque. Le regard que coule Finn à Rafael est surpris, et un peu peiné, avant qu’il ne lance en avalant son café : « Toujours à l’ouest, toi, eh ? J’essaie de te rendre service, moi, hein. Ils vont sans doute vouloir garder Vegas, alors bon, c’est ton truc, même si tu repars en Angleterre. Je me suis dit que tu voudrais venir. » Pour Callahan, l’italien est une énigme qu’il a du mal à déchiffrer. Loin d’imaginer que puisqu’il croit qu’on l’a évincé depuis une bête histoire d’arrestation, Montenza a décidé de mener ses affaires ailleurs, Finn s’inquiète un peu pour son cousin. Au téléphone, lorsqu’il l’a eu pour lui annoncer la nouvelle, il y a eu un blanc, et puis plus rien, c’est comme si la mort de son père n’avait pas existé. Pour la première fois de sa vie, il le sent peiné, et il se dit que cette pseudo-indifférence doit être pour lui une manière comme une autre de gérer le deuil.

Car Montenza est là, et alors qu’ils se dirigent finalement vers le Biltmore, il se prend lui aussi à récapituler les deals possibles, déjà pourtant évoqués mille fois. Idéalement, maintenir le même. Sinon, lâcher Vegas, mais contre une participation aux bénéfices du Flamingo et une entrée à son conseil d’administration, du moment que leurs intérêts restent intouchés en Europe et qu’ils ont une main dominante à LA. Voilà les objectifs et ce sur quoi il ne faut pas céder. Est-ce qu’il a prévu des hommes dans la suite ? Finn se marre, lance d’un ton amusé, affalé à l’arrière de la voiture alors que Rafa conduit : « Alors tu m’expliques la vie ? T’entends ça, Rafa, le capitaine Montenza m’explique la vie. C’est bon, panique pas. On est prêts. J’ai pas raison, Rafa ? »

Il n’empêche, mieux vaut arriver les premiers. Simple question d’influence et de montrer qui reçoit qui. Guidant les deux autres à travers le Biltmore, ils s’installent au lobby, où ils sont rejoint par Mike, puis Mariotti, et les deux avocats. « Les gars sont déjà installés ? ceux de Costello, ils sont où ? » Interroge Finn à voix basse. Il est nerveux, sans se l’avouer ni rien dire aux autres. Il a beau se dire que Luciano et les autres n’ont pas intérêt à les liquider ni d’animosité contre lui, et il croit volontiers son second lorsqu’il dit que le don new-yorkais n’est pas venu faire la guerre, il n’empêche : ils ne pèsent pas lourd face à eux. L’oncle Tony savait gérer, mais lui ?

Pas le temps de trop se poser la question. « Les voilà. » Il se lève, suivi de Rafa et des autres, pour accueillir leurs invités si dangereux et prestigieux à la fois. « Laisse moi gérer, ils vont faire du bluff, ce n’est pas très grave. C’est le jeu. Juste une partie de poker comme celles qu’on fait à Vegas. » Il sourit et lui tape sur l’épaule. « Je compte sur toi pour assurer mes arrières. » Non qu’il ne fasse pas confiance à Ludo, mais comme il est italien, les autres pourraient essayer de le récupérer pour semer la zizanie entre eux. Rafa, il sait qu’il peut compter sur lui ; ils ont la même manière de jouer. Pire, il est même sûr qu’il a un peu trop bien réussi son enseignement et O’Riordan pourrait retourner ses coups contre lui s’il le fait.

Quant aux autres, ils ont l’air de requins, songe l’irlandais, en les observant de loin, flanqués de Bugsy et Mickey, avec Lansky qui a déjà ses dossiers tous prêts, et Luciano déjà en terrain conquis…Quelques commentaires sur le menu qu’on leur sert, typiquement italien, préparé avec grand soin par le personnel du Smeraldi, le restaurant de l’hôtel, plus tard, les voilà arrivés dans la suite présidentielle, avec sa grande salle à manger. Sauf que des hommes leur barrent la route. « Tu m’excuseras, Finnegan, mais j’aime manger ma salade caprese sans me dire qu’on va pointer un gun sur moi. Ça ne te dérange pas si Benjamin te fouille ? Et ton second aussi, commence par lui. » Il se tourne d’un air interloqué vers Costello et Siegel. Callahan soupçonne gentiment Luciano de la mise en scène : le Premier Ministre a l’air un peu contrarié, lui qui marche à la confiance et qui croit à la discussion. C’est plutôt une manière d’assurer l’ascendant en envoyant le dingue de service. Plier maintenant n’est pas une bonne idée. « Tu m’excuses, Finn, pas contre vous… » Bugsy s’est déjà avancé, mais l’irlandais gronde : « Touche-le et tu dis adieu à ta main, Ben’. Et c’est pas contre toi non plus. Rafa, recules, il te touche pas, tu entends ?  » Luciano secoue la tête. « On ne peut pas commencer comme ça. Il faut faire des concessions, Finnegan. Nous voulons cette discussion et nous tolérons que vous nous invitiez parce que vous êtes la famille de Tony. » Ludovico doit être encore plus agacé que lui parce qu’il lance avec une courtoisie froide: « Permettez-moi, don Luciano. Ici c’est nous qui vous tolérons. Nous ne sommes pas sur la côte Est ou en Sicile. »

La menace est à peine voilée et l’ambiance, déjà un peu froide, se tend brusquement. Finn jure dans un gaélique rapide, voyant le geste de Rafa pour arrêter la bagarre, avant même que Bugsy ne bouge, mais Finn attrape sa main avant qu’il ne touche Ludovico, qui recule d'un bond. « Ça vaut aussi pour lui, Benjamin. » Puis avec une tranquillité qu’il n’a pas : « Si on doit être fouillés par vos seconds, il va falloir accepter que Rafa vous fouille aussi. » Luciano fronce les sourcils de déplaisir. « Pardonnez-nous, don Luciano. Je crois que Ludovico essaye simplement de dire, et vous serez sans doute d’accord si je le reformule comme ça, que si on négocie, on doit le faire d’égaux à égaux. Ou alors ça ne s’appelle plus négocier. Soit tout le monde est fouillé, soit personne. » Costello le regarde d’un air étrangement méditatif, avant de glisser quelques mots dans un dialecte que Finn ne comprend pas au parrain, qui semble se ranger à son avis. « Allons-y, donc. Après toi, Finnegan. » Précédant les avocats et suivi par deux hommes – tampon salutaire et assurance que personne ne se tirera dessus, Callahan ouvre donc la voie. Alors qu’ils arrivent dans la salle à manger de la suite présidentielle, il glisse d’un ton qui se veut rassurant à Rafa : « T’inquiète pas, tout va bien. Ce n’est que de l’esbroufe, comme je te disais. Pour l’instant on s’en sort bien, c’est pas grave si c’est un peu rugueux. Je maitrise. »

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Message#Sujet: Re: Nearly the third world war + Rafa (Flashback - Mai 1945)   Nearly the third world war + Rafa (Flashback - Mai 1945) Icon_minitimeMar 3 Aoû - 23:22

Nearly the third world warFinn  & Rafa


Installé au volant de la Lincoln, Rafa ne peut retenir un soupir en entendant Montenza s’enquérir de leurs préparatifs. C’est bien le moment de s’inquiéter, à une demi-heure du rendez-vous. Est-ce qu’ils ont prévu des gars ? La réponse qui vient, spontanément, au second de Callahan, serait fort peu respectueuse et probablement malvenue. Non, connard, bien sûr que non, on y va comme ça, un doigt au cul et l’autre à la bouche. Pas sûr que ce serait bien pris. Alors O’Riordan prend sur lui pour ne rien dire de blessant, et se contenter d’approuver les propos de Callahan :

-Je confirme, patron, on est prêts.

Il parle avec assurance, comme si tout était écrit d’avance - et à leur avantage, bien entendu. La réalité est qu’il se sent fébrile, comme en témoignent ses doigts qui tambourinent sur le volant tandis qu’il conduit, sans même qu’il s’en rende compte. Nerveux. Fatigué, probablement, aussi, après une courte nuit. Rafael a mal dormi, à cause de cette réunion, et puis lorsqu’il parvenait à trouver le sommeil, c’était pour faire des rêves désagréables, presque tous avec sa mère dans le premier rôle. Peut-être parce qu’ils en ont parlé, le soir, avec Callahan, et qu’il n’a pas l’habitude d’évoquer sa famille. Il ne s’avoue pas vraiment qu’il se pose souvent la question de ce qu’ils sont devenus, tous, et qu’il aimerait bien, parfois, renouer avec eux. Mais ça fait trop longtemps, et ce vieux con de Fletcher le tuera s’il se montre sur le seuil de la maison. La famille, désormais, c’est celle qu’il s’est choisie - Finn Callahan, essentiellement.

Rafa balance nonchalamment un billet au voiturier qui prend en charge la Lincoln, puis encore un au chasseur qui conduit ces messieurs jusqu’au lobby. La réservation au nom de Luciano a fait son petit effet, et on prend soin de ces clients comme s’ils étaient des rois. Les représentants du clan Montenza sont bientôt au complet, avec Mariotti, Mike et les deux avocats ; on se rassoit, et Rafa, à voix basse, renseigne Callahan sur la position de leurs gars.


-Si ça tourne au vinaigre, le code, c’est Póg Mo Thón. S’ils vous entendent dire ça, ils savent qu’ils doivent se pointer.

Juste le temps de fumer une cigarette, et les invités arrivent. D’un signe de tête, Rafa fait signe à Callahan qu’il a bien compris ce qu’on attendait de lui ; il a un sourire furtif à la mention du poker, jeu dont le patron lui a appris les subtilités et pour lequel il montre des dispositions certaines. Il se trouve bien des esprits chagrins pour dire que c’est surtout pour tricher qu’il est doué, mais le résultat est le même, et personne n’a jamais apporté la moindre preuve de ces calomnies.

L’important, au poker, c’est de savoir bluffer. Et Lucky Luciano abat très vite une première carte, en prétendant faire fouiller les gars du clan Montenza par Bugsy Siegel. Cette démonstration de force suscite évidemment des protestations, de Callahan, puis de Montenza lui-même. Rafa, tout en veillant à se tenir hors de la portée de Siegel, s’apprête à s’interposer entre lui et Ludovico ; les choses menacent de tourner court, jusqu’à l’intervention de Costello, qui semble seul avoir le pouvoir de faire changer Luciano d’avis. Enfin, le parrain new-yorkais retrouve la raison, et, apparemment content d’avoir montré ses muscles, accepte de prendre place dans la suite présidentielle sans faire davantage de scandale - pour le plus grand soulagement de Rafa, qui ne se sentait pas très à l’aise à l’idée de devoir fouiller ces types.

Dans la salle à manger, la table est mise, avec un raffinement extrême ; une grande table ronde, comptant quatorze couverts, sept pour chaque clan. Les garçons affectés au service des plats affichent la mine indifférente propre à leur profession, mais si Callahan est attentif, il risque fort de reconnaître des figures familières. Sur un signe de Finn, tous les représentants du clan Montenza s’arrêtent, pour laisser les invités s’installer les premiers ; tandis que ces messieurs choisissent l’un des côtés de la table, Rafa souffle à voix basse au patron qui relativise l’incident qui vient de se dérouler :


-N’empêche, patron. Les intentions qu’il nous prête en disent long sur les siennes. Póg Mo Thón, hein, vous oubliez pas, on va en avoir besoin.

Une fois les New-Yorkais assis, ceux de Los Angeles prennent place à leur tour. Rafa se retrouve à la droite de Callahan, et en face de Costello, qui le regarde, lui semble-t-il, avec un mélange de bienveillance et de curiosité. Sûr qu’il se demande ce qu’un gamin fait autour de cette table, songe O’Riordan en essayant d’avoir l’air parfaitement détendu.

La discussion peine un peu à s’engager, autour de la fameuse salade caprese qui vient d’être servie. On commence par évoquer la mémoire de Tony Montenza, par boire à sa santé, pour ne pas en venir d’emblée aux sujets triviaux. Round d’observation, dirait Callahan en spécialiste de la boxe. Silencieux, Rafa parvient rapidement à la conclusion qu’il faut ménager Costello, qui semble être le plus raisonnable de l’équipe. Côté Montenza, on le cherche, le plus raisonnable. Ludovico est visiblement agacé depuis l’incident de la fouille. Mike et Mariotti semblent vouloir disparaître dans le décor, les deux avocats se demandent clairement ce qu’ils font là, et Callahan… Il se débrouille parfaitement, pour le moment, mais Rafa le connaît assez pour savoir que les ronds-de-jambes de Luciano vont l’exaspérer. Le New-Yorkais semble estimer qu’il est en droit d’exiger qu’on se laisse baiser sans protester - pas vraiment la politique de la maison Callahan. Alors Rafa, craignant l’orage, lance régulièrement au patron un regard appuyé, une sorte d’exhortation muette à la patience et à la diplomatie.

Si on m’avait dit qu’un jour ce serait moi, le plus raisonnable...


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Message#Sujet: Re: Nearly the third world war + Rafa (Flashback - Mai 1945)   Nearly the third world war + Rafa (Flashback - Mai 1945) Icon_minitimeDim 15 Aoû - 0:17



Nearly the third world war
Rafa & Finn
Le mot de passe de Rafa est pile ce qu’il fallait pour détendre un peu Finn et il le regarde un moment d’un air quasiment aussi surpris qu’admiratif. Evidemment, ils sont les seuls à comprendre le gaélique, avec Mike, mais cette private joke irrévérencieuse a pour effet de produire chez lui un rire sonore et communicatif chez le mafieux. « De circonstance, bordel ! Je risque pas d’oublier, celle là, je la retiens...» Il tape dans le dos du second, hilare, mais le sourire s’évanouit dès que l’échange, presque déjà l’affrontement commence. Et s’ils paraissent avoir mené, ou du moins obtenu l’égalité sur cette première passe d’armes, lorsqu’ils entrent dans la salle à manger, à présent le rire n’est plus de mise.

C’est un test et un rite de passage. Finn le sait : ça pourrait l’aider à dédramatiser, mais en réalité, ça ne fait que l’angoisser encore plus. S’il ne s’agissait que de faire ses preuves et de se montrer digne de son oncle, il n’en voudrait même pas à Luciano. Tout ça, c’est le jeu, il le connait. Mais il y a Rafa, et Mike, et Ludovico, et même ces deux godichons d’avocats qui ont les plus belles têtes d’ahuris de l’univers. Pour la première fois de sa vie, il s’est trouvé une bande, hétéroclite, fragile, et faite de bric et de broc, mais une bande quand même. Et ça l’emmerderait de la perdre parce qu’il ne réussirait pas à convaincre Luciano. Alors il se compose un visage calme et une assurance qu’il n’a pas, mais dont il se dit qu’elle viendra s’il croit assez, comme au poker, finalement, et s’emploie à répondre avec tranquillité à Rafa : « T’inquiète pas. Si on devait se faire fumer, ce serait déjà fait, mais on sait jamais, des fois qu’on serait suffisamment pigeons pour accepter… » Ce qui est au demeurant vrai : le parrain de la côte est avait largement les moyens pour cela, il suffisait de finir avec un comité plus large et de faire un massacre. S’il ne l’a pas fait et Rafa l’a dit lui-même, c’est que de guerre, il n’y aura pas. Tout le monde y perdrait de toute façon. Mais entre le savoir et craindre d’énerver le mauvais gus, il y a un pas, surtout quand il est si agacé de la méthode déployée ; un test, ça ne devrait pas être si déloyal ni tourner à la tentative d’humiliation. Quoiqu’il ne se priverait peut-être pas de le faire si la situation était inverse. Mais, curieusement, Callahan a un sens de la rouerie et de coups dans le dos qui n’est dirigée que contre les plus puissants que lui ; le reste, c’est du maintien de l’ordre, de l’administratif. Alors peut-être, oui, qu’il le prendrait plus loyalement…

Dans tous les cas, ce léger agacement le sert peut-être car il le regonfle et lui donne la force de dépasser sa propre peur des conséquences de cette discussion. C’est comme ça que ça marche : si le chef y croit, les autres suivront, mais qu’il ait l’air de douter et il se retrouvera tout seul. Callahan sent bien qu’il marche sur une ligne de crête étroite, comme en témoigne le regard appuyé de Rafa de temps en temps, mais globalement, ça prend, et du masque d’aisance qu’il s’est composé en acteur rodé à adopter un rôle au pied levé, il finit par prendre sa place et par être vraiment à l’aise, si bien que lorsqu’ils se quittent, ils ont un accord. Contre l’abandon de Vegas, une participation financière : voici Ludovico actionnaire du juteux business des casinos, et en échange de cela, Cohen récupère la manne qu’est le réseau des paris sur les courses de la côte ouest qu’il avait contribué à monter avec son oncle. Toute autre activité qu’ils monteraient ailleurs, notamment en Europe, reste à eux, du moment que l’Italie reste sous le contrôle de Luciano, qui y repart – de force - bientôt.

Lorsqu’ils se quittent, ils sont presque amis pour la vie, et ils ont droit à une poignée de main ferme mais paisibles de Costello : « Bien joué, pour des gamins, je dois l'admettre. Faites pas gaffe à Lucky. On reparlera quand il partira pour l’Italie. » Finn lui serre à son tour la main, le raccompagne à sa berline, à l’entrée du Biltmore. Puis il donne congé aux avocats et à Mike, avant de se tourner vers Ludovico, qui hèle déjà un taxi : « Tu veux vraiment repartir en Angleterre ? » Son cousin hausse les épaules, semblant pressé de repartir. « Au moins, là-bas, personne ne me gêne et j’ai pas besoin d’être à Vegas pour toucher les gains. C’est l’Eldorado, ce pays. Trop le bordel pour qu’on t’emmerde, avec la reconstruction. Tu devrais retenter l’Irlande, à défaut du business de ton père, t’as peut-être un avenir là-bas. » Finn ricane. Ouais, ce serait une idée si la Guarda et De Valera ne le recherchaient pas, et il n’a aucune envie de finir à la « Joy » - Mountjoy, la prison de la capitale, qu’il a si bien évité jusqu’à là. Quant à Londres, c’est un peu pareil ; probablement que les brits seraient ravi de l’expédier à Strangeways. Ça ne l’empêche pas de répondre avec un certain panache : « Tu parles. J’ai un avenir où je veux. Qui sait, un jour, on sera peut-être associé chez ces foutus engliches. » Avec sa morgue habituelle, Ludo s’engouffre dans un taxi : « C’est ça – bon courage pour LA, don Callahan. » Ledit Callahan se marre, loin de s’imaginer que Montenza s’en va pour ne plus entendre parler de lui.

Finalement, il ne reste plus que lui et Rafa. La pression est un peu retombée et il se remet à rire, voyant le même soulagement sur le visage de O’Riordan : « Alors, tu vois que t’avais tort de t’inquiéter ! Avoue, t’avais peur que je fasse une connerie, hein ! Mais il est malin, Callahan. On a même gagné, on dirait bien qu’on va pouvoir annoncer qu’on reprend les affaires à plein régime dès demain aux gars. Dis aux autres qu’ils peuvent laisser tomber leurs uniformes de serveurs et rentrer chez Joey, et amène toi, je te paye un verre. »

Et c’est là, après avoir copieusement trinqué et arrosé ce qui est une victoire diplomatique, que Finn reprend la parole, d’une façon étonnamment sérieuse. « Dis voir un peu, Rafa. Maintenant que les choses sont claires…je pense qu’il serait temps de redéfinir les choses, toi et moi. » Il se ménage une pause, et boit une gorgée de whiskey avant d’exposer lentement son raisonnement. « T’as bien fait le taff, jusqu’à là. Jamais eu à me plaindre de toi. Au contraire. » Encore aujourd’hui, Rafael en a fait la démonstration éclatante : ce gamin est doué, et il ne s’est pas trompé en le recrutant.  « Et même si j’aime bien Maguire, c’était le second de mon oncle, pas le mien. Je crois qu’il faut du sang neuf. On repart à zéro, sur de nouvelles bases. » Voilà où il voulait en venir. « Alors je voulais te proposer le poste. Si on peut appeler ça comme ça. » Faire les choses officiellement en somme. Bien sûr ça, pourrait aller tout seul et de soi, mais justement, Finn y voit une occasion pour proposer à Rafael un choix. « Mais, comme je disais, les choses ont changé. On est à un tournant. Si tu voulais partir, je pense que c’est le bon moment. » Il n’est plus le gamin qui tentait de piquer des montres sur le strip. L’acteur ne lui avait pas laissé le choix à ce moment là, mais à présent, comme lui cet après-midi, Rafa a fait ses preuves et il a montré qu’on pouvait compter sur lui et lui faire confiance. Alors il mérite de l’avoir, cette fois, le choix. « Je t’en voudrais pas si tu voulais pas rempiler. T’as mérité de pouvoir choisir si tu veux rester à bord ou pas, je suppose. » Espère-t-il que oui ? Evidemment. Cette bande, il y tient. Et puis, au fond, même s’il ne sait pas comment le dire, O’Riordan, c’est un ami. La famille, ou tout comme. Alors, bien sûr, s’il veut partir, Finn le laissera faire. Il reprendra sa vie de son côté, comme il l’a toujours fait, et partira sans doute pour une autre aventure. Il n’a jamais tenu en place bien longtemps, et quitte à être seul, autant changer d’air. Peut-être pour le Mexique, ou tiens, l’Irlande ou Londres. A croire, finalement, que la conversation avec Ludovico le travaille plus qu’il ne dit. Même si contrairement à d’ordinaire, cette fois-ci, Finn ne croit plus vraiment, cette fois, qu’y aller seul serait une force.  


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Message#Sujet: Re: Nearly the third world war + Rafa (Flashback - Mai 1945)   Nearly the third world war + Rafa (Flashback - Mai 1945) Icon_minitimeDim 15 Aoû - 23:39

Nearly the third world warFinn  & Rafa


Si on lui demandait son avis sur ce déjeuner d’affaires, Rafael aurait des tas de choses à dire. Interminable. Éprouvant. Instructif, aussi. Le repas s’est prolongé fort avant dans l’après-midi ; c’est qu’on avait des tas de choses à se raconter, une fois passés les hommages à Tony Montenza. Assez vite, on en est venu au cœur du problème, à savoir le partage des affaires, et la table s’est mise à ressembler à celles autour desquelles, à Vegas, on joue au poker. Jamais un mot plus haut que l’autre, pas un froncement de sourcils, c’est dans une absolue courtoisie que Luciano, Costello et Callahan se sont expliqués ; cependant, Rafa, habitué à décoder l’humeur du patron, ne pouvait pas ignorer son extrême tension. Il l’a senti se détendre au fil de la discussion, à mesure qu’il engrangeait les points, un par un. O’Riordan, quant à lui, a peu pris la parole durant ce déjeuner, comme la majorité des autres convives, du reste. Lorsqu’il l’a fait, généralement après avoir été sollicité, cela a souvent été à mi-voix et en gaélique, uniquement pour Finn, pour lui souffler discrètement un détail ou une idée. À chaque fois, il a senti une certaine curiosité dans le regard que Costello posait sur lui. Calquant son attitude sur celle de Callahan, il a tâché d’avoir l’air parfaitement détendu, mais l’insistance du New-Yorkais avait quelque chose d’intrigant. Bienveillance ou agacement ? Difficile de le dire, Costello n’ayant jamais donné le moindre indice de ce qui se tramait dans sa tête. Un sacré joueur de poker, ce type-là. Ce n’est qu’en prenant congé, après la conclusion d’un accord satisfaisant pour tout le monde, qu’il s’est laissé aller à un mot presque paternel en serrant la main de Finn.

Rafa est un bileux, et même l’amabilité de Costello ne suffit pas à le tranquilliser complètement. Il faut qu’il voie ces messieurs remonter dans leurs voitures pour se sentir enfin libéré de cette tension. Et encore ; les choses ne seront vraiment normales que lorsque le gars qu’il a posté à l’aéroport viendra lui confirmer, personnellement, que leurs invités sont bien repartis pour New York. Tant qu’ils sont en ville, il lui semble qu’ils représentent encore une menace, malgré l’accord. Le patron, de son côté, ne semble pas aussi méfiant. Il discute un moment avec son cousin, salue Mike et les avocats qui ne semblent pas fâchés de s’éclipser, et puis, une fois que tout ce petit monde a calté, il part d’un grand rire, au beau milieu du lobby de l’hôtel. Le soulagement, sans doute. Ils ont tellement appréhendé cette rencontre avec ceux de New York, se sont tellement dit qu’ils risquaient de ne pas en réchapper… Rien d’étonnant qu’il se sente libéré, puisque tout reposait sur ses épaules. Rafa, cependant, peine un peu à partager cette hilarité. Il remonte en hâte donner congé aux gars, et même en voyant la grande table désormais vide, il ne réalise pas encore. Par réflexe, il vérifie l’heure ; il n’aura pas de nouvelles de son gars de l’aéroport avant une bonne heure, à supposer qu’ils partent directement. Les faux serveurs sur ses talons, il rejoint Callahan, et tout le monde met les voiles en direction de chez Joey, un établissement où chacun se sentira plus à l’aise que dans ce palace.

Un bon nombre des gars sont présents au restaurant, et ils profitent à la fois de la tournée offerte par le patron et de la distribution des ordres. Dès le lendemain, les affaires reprennent. On porte quelques toasts au nouveau - et désormais officiel - chef de clan, et puis les hommes s’éloignent respectueusement de sa table ; ils devinent, à voir Callahan et son second deviser à mi-voix, leurs têtes penchées l’une vers l’autre, qu’ils ont des choses importantes à se dire. Rompant avec ses habitudes, Rafa a fait honneur au whiskey, tout en veillant à rester lucide au cas où ; il lui semble, étrangement, que son esprit est plus rapide et son corps plus lent que d’habitude. Curieuse sensation de décalage, qui ne s’améliore pas lorsque le patron se met à parler sérieusement. Immédiatement, O’Riordan se fige en entendant son préambule. Qu’est-ce que j’ai fait, bordel ? Après une telle entrée en matière, il y a forcément un mais, et ce mais risque d’être particulièrement déplaisant. Il s’allume maladroitement une cigarette, tout en continuant de gamberger. S’il dit qu’il n’a jamais eu à se plaindre de moi jusqu’à maintenant, c’est forcément que ça a changé, songe Rafael en cherchant dans ses souvenirs à quel moment il a pu foirer. Quoi que ce soit, ça n’a pas été intentionnel. Il n’a jamais eu la volonté de nuire à Callahan, mais il n’y a que le pape qui soit infaillible et il a pu faire une connerie.

Le patron déroule lentement son raisonnement, sans se douter, visiblement, de la trouille qu’il vient de causer à son interlocuteur. À mesure qu’il parle, Rafa comprend qu’il s’est fait des idées ; lorsque vient la vraie question, O’Riordan se sent soulagé, flatté, et plus touché qu’il ne veut bien l’admettre. Pour ne pas avoir l’air trop sentimental, cependant, il prend le temps de la réflexion avant de répondre, l’air ennuyé, mais décidé :


-Ben justement. Ça tombe bien que vous mettiez ça sur le tapis, patron. Ça fait un moment que je voulais vous en parler, mais je savais pas trop comment amener ça…

A son tour de boire une gorgée et de laisser mijoter Callahan. Il fait délibérément durer le silence, et puis, incapable de bluffer plus longtemps, se marre :

-Mais non, je vous charrie, patron. Bien sûr que je reste à bord, qu’est-ce que vous voulez que j’aille foutre ailleurs ?

Il se poile en voyant la tronche du boss, ne peut esquiver la taloche amicale que lui administre Callahan, et, redevenant sérieux, reprend :

-De toute façon, si je vous lâchais, votre oncle reviendrait d’entre les morts pour me le faire payer. Il m’a toujours dit qu’il supportait pas les girouettes.

Machinalement, il vérifie du bout des doigts la présence de sa montre dans la poche de son gilet en prononçant ces mots. Tony Montenza lui avait vanté la fidélité envers son bienfaiteur, et avait désigné la fameuse montre - dont il avait fini par apprendre l’histoire - comme symbole de cette loyauté. Le gamin n’avait pas besoin de ces recommandations, mais elles demeurent gravées dans son esprit. Il y a un instant de flottement, comme si l’évocation de Tony Montenza appelait le recueillement, et puis, sentant le besoin de rompre le silence, Rafa déclare :

-Bon, je suppose que c’est à moi de payer ma tournée, puisque me v’là officiellement nommé premier ministre. Joey, remets-nous-en une, tu veux ? C’est la mienne.

De nouveau, les gars lèvent leurs verres dans leur direction, pour remercier le second. Il leur répond d’un geste, sans détourner son attention de Callahan qu’il interroge :

-Et maintenant, alors, on fait quoi, patron ? C'est quoi, la suite du programme ?


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Message#Sujet: Re: Nearly the third world war + Rafa (Flashback - Mai 1945)   Nearly the third world war + Rafa (Flashback - Mai 1945) Icon_minitimeMer 18 Aoû - 23:45



Nearly the third world war
Rafa & Finn
Finn est loin de se douter de la peur qu’il fait à Rafa. Il ne sait simplement comme présenter les choses sans avoir l’air mièvre, donc faible, et sentimental, donc de passer pour une chochotte. Personne ne viendra sans doute les déranger, tant le bar est bruyant et bondé, mais il ne voudrait pas que les gars se mettent à croire qu’ils se ramollit. Donc il fait simplement ce qu’il peut, parce que même s’il fait mine de rien, ça lui tient à cœur, toute cette histoire. Alors évidemment, la réponse de Rafa le scotche et il reste muet, comme une carpe manquant d’air, un moment. Bien sûr il lui a laissé le choix, mais il ne s’attendait pas vraiment à une autre réponse qu’un oui. Après tout ce qu’il a fait pour lui, non, ça aurait été logique ? T’es bien un ingrat, va, songe-t-il, dire que j’ai épargné ! Et puis lui faire ce coup là, après toutes les conneries qu’ils ont faites ensemble, et juste après la mort de son oncle ! Ce n’est pas juste et Callahan se met à tirer une tête de six pieds de long. Du moins jusqu’à ce qu’il retrouve l’usage de la parole, furieux d’avoir été berné par le ton impavide de Rafa : « Mais quel abruti, tu te crois drôle, hm, à me faire marner comme ça ? Tu peux pas simplement répondre normalement ? » Pour la peine, il lui colle une torgnole, se levant de la chaise qu’il occupait jusqu’à là confortablement. Mais ce n’est pas une vraie baffe, elle n’est pas destinée à faire mal, mais juste à lui donner une leçon pour son insolence. Mais même ça, ce n’est pas tellement crédible, parce que Finn ne peut s’empêcher de sourire dans sa barbe avec affection pour ce sale môme qui lui casse férocement les pieds, tout en grognant : « Je te jure, quel sale gosse, parole ! Je suis honnête et tout ce qu’il me fait c’est ça, ça en vaut bien la peine, je te jure. Tu mériterais que je la retire, ma proposition, oui monsieur ! Tu veux que je te dise ? Je suis trop gentil. Ça me perdra. » Drôle de réaction pour un type qui, il y a quelques instants encore, faisait une proposition si solennelle. Mais à tout prendre, finalement, Callahan remercie silencieusement Rafael. Il n’est pas beaucoup plus à l’aise que son désormais officiel second en ce qui concerne les sentiments. Il n’a jamais vraiment eu d’amis, quoique les gens d’Hollywood le soient, mais ils ne le connaissent pour ainsi dire qu’à moitié. Il ne sait donc pas vraiment faire ni comment s’en sortir avec les effusions. Même s’il est touché et un brin soulagé que Rafael accepte. Vraiment content.

« Me demande comment il m’a supporté toute sa vie, alors. » Grogne-t-il ensuite quand Rafa mentionne son oncle, presque avec un demi-sourire. A tout prendre, il aurait préféré continuer à plaisanter. Mais il commence à s’habituer, lentement mais sûrement, à l’idée que son oncle n’est plus là. Alors c’est peut-être pour ça qu’il arrive à rire un peu, de lui-même, parce que Finn est réaliste, il se sait lunatique, et à parler de Tony. Mais ça aussi, c’est un genre qu’il se donne. Tout brouillon, hyperactif, et parfois personnel, passant d’une cause perdue à l’autre au gré de ses intérêts, de son gout pour l’aventure pour le profit, ou par ennui, Callahan sait ce que Rafael veut dire. Il a beau dire qu’il ne compte sur personne, la loyauté, c’est important, au moins pour la famille. Son oncle l’était et jamais, au grand jamais, il ne l’aurait trahi ou laissé tomber. Et Rafa ? C’est aussi la famille. Et c’est d’autant plus vrai que Finn ne le dit pas, aussi mal à l’aise avec les sentiments que l’amitié – trucs de fillettes, qui ne leur convient pas, à eux, les mafieux, et à l’image rugueuse et virile qu’ils aiment à se donner. Sa proposition parle d’elle-même, non ?

« Te remercie. » Il jette un coup d’œil amusé aux gars, ravis de voir qu’ils acceptent fort bien le nouveau duo qui va les diriger. Il s’en doutait, parce qu’ils en avaient l’habitude, mais maintenant c’est clair et net. Tout aussi amusé par la référence à Costello, il ajoute en se marrant : « Ça te va aussi bien qu’à lui, va. Et c’est pas une mauvaise carrière. Je te souhaite le même destin, mon vieux. Slàinte ! Bon retour à bord. » Quant à Rafa, le parallèle est vraiment bien trouvé de son point de vue. Il a encore en tête la mine blanche comme un linge de son second et soudainement, lui revient en mémoire les rumeurs qui disaient que Costello était un grand angoissé et qu’il voyait parfois un psy. Il ne faut pas s’y tromper : Callahan aussi est un angoissé, mais chez lui, c’est très vite devenu de la paranoïa, qu’il fait taire par de l’esbrouffe et la répétition constante que tout va bien – ce dont il se convainc lui-même. Ça ne se voit pas, du moins le croit-il du haut de ses trente ans. Mais pour Rafa, un peu, et il comprend mieux pourquoi Costello, longtemps l’éternel second, le considérait avec un genre de bienveillance comparable à celle de Tony – ou à la sienne, finalement.

Quant à lui, s’il peut finir comme Luciano, eh, il ne se plaindra non plus, sans abandonner pour autant ses rêves hollywoodiens. Mais il faut prévoir, pour le moment, s’occuper, gérer tout. « Pour le moment ? T’as vu ce que j’ai dit, les affaires reprennent, chacun vaque à ses occupations. Pas de vagues. Je veux voir, dans les deux trois prochains jours, ce que vont faire nos amis du LAPD. Puis après, on s’arrangera pour voir leur chef, toi et moi. Assez vite quand même. Histoire de voir si nos accord tiennent toujours là-bas aussi.  On va prévoir une réunion avec Mike et puis les avocats, après avoir vu Horrall, pour prévoir ça. Et voire si y en a pas du côté de Skidrow qui veulent encore l’ouvrir. Je sais que t’as déjà remis de l’ordre, alors le prochain qui a un truc à dire, c’est moi qui irait, parce que ça veut dire qu’ils ont pas compris que c’était leur dernière chance et que sinon ils allaient revoir leurs créateurs. Dieu pardonne, moi pas. » C’est son fief, à présent, et Finn entend bien le défendre. Pour le reste, il a quelques projets qu’il n’a jamais pu mettre en œuvre avec son oncle. Avec l’âge, Tony était devenu moins va-t’en guerre. Son neveu, avec la fougue de la jeunesse, est plus ambitieux. « Et puis après…après y a pas de raisons. Hollywood est à nous, et je pousserai bien vers le Mexique. Sans aller jusqu’à y entrer, qu’on refoute un peu d’ordre et qu’on se rallie les Chicanos. Et puisqu’on descende dans le sud. M’aventurerais pas à Tijuana ou Juarez, mais si on contrôlait la frontière, on se ferait un paquet de fric. Imagine rien que la contrebande et la came. » Des dollars brillent dans ses yeux en le disant, et il s’imagine déjà encore plus riche qu’ils ne sont déjà. Oui, il a un plan, une vision, et son propre intérêt à satisfaire et ils ont assez de cran et d’audace pour y parvenir.

Un silence passe. Et puis il finit par dire, plus bas, prudemment, parce qu’il ne sait pas trop où il va : « Un de ces jours faudra qu’on voit ce qu’il y a à faire à Londres ou à Dublin. En achetant le bar de son cousin, j’ai toujours considéré ça comme une solution de repli mais…ça te manque pas, l’Europe, toi, à l’occasion ? » La question est sincère – ça le travaille, depuis la mort de son oncle, tout ça. La famille, l’Irlande. Ce n’est pas que ça lui manque, non, mais…il ne sait pas trop, en fait. Foutu Ludovico, pourquoi est-ce qu’il fallait qu’il remette ça sur la table. Brusquement, Finn balaie le sujet :  « Enfin, on verra. Me méfie. Ils ont la mémoire longue, pour l’IRA, même avec un joli passeport plus vrai que nature comme ceux que tu fais. Tu reprends un whiskey ? »

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Message#Sujet: Re: Nearly the third world war + Rafa (Flashback - Mai 1945)   Nearly the third world war + Rafa (Flashback - Mai 1945) Icon_minitimeSam 21 Aoû - 22:41

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Rafa se marre, pas mécontent de son effet, et même la taloche administrée par le patron ne suffit pas à effacer son sourire. Il faut dire que Callahan n’y a pas mis beaucoup de cœur, comme à chaque fois, d’ailleurs, qu’il prétend corriger son second de son insolence. Il pourrait facilement l’envoyer au tapis, mais il semble en avoir pris son parti ; O’Riordan a un caquet infernal, et rien ne pourra y changer quoi que ce soit. Il ponctue les remarques les plus impertinentes de torgnoles symboliques, sans chercher à réduire réellement le gamin au silence. Si c’était ce qu’il avait voulu, il l’aurait fait dès le début, sans avoir à se forcer beaucoup ; il aurait suffi à l’ancien boxeur de flanquer une bonne danse à l’insolent pour qu’il apprenne, vite fait bien fait, à la boucler. Sans doute Callahan aurait-il gagné, dans l’opération, une déférence de façade ; mais il aurait perdu la confiance de son second, cette foi dans la promesse que Finn lui a faite, les premiers jours, de ne pas lui cogner dessus par plaisir. Peut-être que cette façon de marcher constamment sur la ligne est une façon, pour Rafa, de mettre à l’épreuve la loyauté du patron. Un psychiatre aurait certainement beaucoup de choses à dire sur sa tendance à provoquer à tous les coins de phrase un type pour lequel, sans exagérer, il n’hésiterait pas à risquer sa vie. Drôle de décalage entre les mots et les sentiments. Et c’est sans doute parce que Callahan sait qu’au-delà des mots, le gamin lui est tout dévoué qu’il ne sévit pas vraiment. Il a même un sourire indulgent, tandis que son second se frotte la tête et en remet une couche :

-Bah, comme vous voulez, hein. De toute façon c’est vous qui seriez le plus puni, patron. Me demande ce que vous deviendriez sans votre Rafa préféré, tiens. Rien de chouette, je parie.

Rigolard, il remercie Joey qui apporte sa tournée, et descend un bon tiers de son verre d’une lampée. La pression de la journée retombe, un peu plus à chaque verre. S’il essaie de faire le point, Rafael a du mal à se dire qu’il y a encore quelques heures, ils étaient attablés avec les plus redoutables parrains des Etats-Unis, à se demander à quelle sauce on allait les manger. Et voilà qu’ils sont là, à fêter leur succès et à imaginer la suite…

Rafael, cependant, ne fait pas de projets. Il se contente d’écouter ceux de Callahan, et de les faire siens. Quoi que décide le patron, il suit. Ce type pourrait être Jules César ou Napoléon qu’il n’aurait pas droit à une confiance plus aveugle de la part de son second. S’il dit qu’on va faire des affaires au Mexique, c’est entendu, on va au Mexique. S’il lui prend l’envie de retourner en Europe, Rafa suivra, évidemment. Et s’il décide, un beau jour, d’aller faire du business sur la lune, eh bien ! on verra à trouver un moyen de grimper là-haut pour y planter le drapeau irlandais. C’est aussi simple que cela. Pour le moment, on n’en est pas là. Rafa hoche la tête en entendant parler de la police, de Skid Row, des urgences les plus immédiates. Le reste, le Mexique, l’Irlande, on verra plus tard. O’Riordan vide son verre, songeur, en réfléchissant à tout ça. L’alcool commence à faire son effet, et il se livre par bribes, en dénouant sa cravate qui (croit-il) l’étouffe un peu :

-J’ai souvent pensé à retourner en Irlande, en fait. Mais je sais pas. Je crois que j’ai la trouille.

Pas de son beau-père ; c’était bon quand il avait dix-huit ans et qu’il croyait que l’autre le tuerait s’il le revoyait. Maintenant, il se sait de taille à mettre le vieux à l’amende, ce n’est pas ça le problème. Sa peur, celle qu’il ne s’avoue pas vraiment à lui-même, c’est celle d’être devenu un paria pour les siens. Et si sa mère, dont il a failli faire une veuve, le rejetait ? Et ses frères ? Si on le jugeait indigne, honte de la famille, graine d’assassin, gibier de potence ? C’est plus facile de ne pas aller voir comment cela pourrait se passer. On ne risque rien, au fin fond de la Californie. Les yeux dans le vague, il poursuit :

-Je me demande souvent ce qu’ils deviennent, là-bas. Si ma mère a réussi à avoir un fils curé, puisqu’avec moi ça a pas marché. Ce genre de truc, vous voyez.

Il accepte d’un signe de tête le whiskey que lui propose le patron, et ajoute :

-Et puis j’aimerais savoir ce qu’est devenu mon vieux. Ça m’intrigue. Je pense que c’est lui qui m’a transmis… enfin, vous savez… il pointe son paquet de cigarettes vers Callahan, mimant une baguette magique. Je me suis toujours demandé qui c’était, ce mec, et pourquoi il s’est tiré. J’aimerais bien lui parler, une fois, s’il est encore de ce monde. Ah, merci, Joey. A la vôtre, patron. À nos projets, reprend-il, un peu gêné de se rendre compte qu’il fait des confidences.


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Message#Sujet: Re: Nearly the third world war + Rafa (Flashback - Mai 1945)   Nearly the third world war + Rafa (Flashback - Mai 1945) Icon_minitimeLun 23 Aoû - 22:06



Nearly the third world war
Rafa & Finn
La réponse vacharde serait « Et toi, tu deviendrais quoi, gamin, sans moi ? ». Mais Finn s’abstient. Ce serait plus cruel qu’une vraie baffe, à son sens ; déplacé, en somme. Et s’il a toujours revendiqué de ne pas faire de promesses parce que sa parole n’a aucune valeur, celle-ci, il est déterminé à s’y tenir. Pourquoi ? Simplement parce qu’il est suffisamment rare qu’il la donne, justement, pour le faire. Ou peut-être parce que Callahan, tout violent, habitué à la mort qu’il soit, n’aime pas la violence gratuite : il l’a trop subi pour lui-même. Et si elle est parfois un outil de travail indispensable, il n’a jamais adhéré à l’idée qu’on pouvait acquérir la loyauté par ce moyen. Au point d’en regretter, des années plus tard, d’avoir porté la main sur Rafael lorsqu’il lui annoncera la fausse couche de Eve – même si la panique et la détresse pourraient être d’authentique excuses. En attendant, ce n’est de toute façon pas utile. La discussion n’est pas sérieuse, et après tout, Rafa est resté. Alors il se contente de grogner avec un demi-sourire : « Ouais, une vie calme et paisible, tu veux dire. » Une vie chiante, en fait ; parfois, l’acteur oublie que la mafia et le crime, c’était un prétexte pour pouvoir vivre en attendant de pouvoir gagner sa vie comme acteur. Mais il faut dire que c’est là sa vraie famille. Et l’aventure lui manquerait trop. Et puis, en réalité, oui, l’insolence de O’Riordan aussi. Il lui a peut-être laissé trop de liberté, dirait Ludo, mais le mafieux, lui sait que non. Au milieu de l’insolence crâne de ce sale gosse qui n’a plus trop à voir avec le môme qu’il a récupéré sur le Strip, il y a parfois, et même souvent, ce qui lui manque : du sens pratique. Finn Callahan est sans doute un bon capitaine, mais il reste fondamentalement un aventurier, bouillonnant et impulsif. Alors oui, il s’en sortirait sans doute tout seul si O’Riordan se tirait – il s’en est toujours sorti tout seul – mais ce serait plus difficile. Et il s’emmerderait, effectivement. Un peu comme si, tiens, il perdait un membre de sa famille. Un frère. Evidemment, il ne le verbalise pas comme ça, il en serait incapable : mais après tout, le fait qu’il lui ait laissé le choix prouve en soi que ce n’est pas un subordonné comme les autres.

Le tout acté, il est plus que temps de passer aux célébrations, les vraies. Ils ont deux ou trois émotions, dont la peur de mourir, desquelles se remettre, un deal à célébrer, et des plans à faire. C’est bon de se retrouver comme ça chez Joey. La pression retombe et le dialogue se fait de plus en plus normalement, ou presque. Ils ne parlent jamais de l’Irlande, ou presque – ce pays qu’ils célèbrent en permanence où qu’ils aillent alors qu’il a fait d’eux des réfugiés – et Finn se surprend à le faire lui-même. Et puis, plus la conversation avance, plus c’est Rafa qu’il doit se retenir de regarder avec des yeux ronds. C’est un taiseux, comme lui, à peu près pour les mêmes raisons d’ailleurs. Ils ont souffert de choses différentes, mais ils ont souffert. Ça a suffi à Callahan. Il n’a pas posé d’autres questions. Si bien que maintenant, il ne sait même plus très bien quoi dire. C’est tellement inhabituel et surprenant de voir Rafa se confier, encore plus de parler de sa mère et de ses frères, qu’il ne sait même plus très bien quoi dire, alors un moment, Callahan, verre à la main, se contente d’écouter très attentivement son second. Comment répondre ? Il comprend, un peu. Ce n’est qu’un gamin arraché à sa famille. Lui aussi sait ce que c’est de s’en recréer une, de passer sa vie à chercher une place. Il n’en reste pas moins que Finn ne pourra jamais, même s’il ne l’avouera jamais, se débarrasser de son envie de retour chez lui, chez lui qui n’est nulle part.


Mais ce n’est pas à propos de lui, ici, même s'il gamberge de son côté. Curieux, il finit par demander avec sympathie : « T’as jamais eu de nouvelles, même par ton oncle à New York, de ta mère, ni de tes frangins ? Écris-leur, au pire. Au moins, qu’ils sachent que tu penses à elle. Ça peut pas faire de mal, ça. » Ça se présente comme un ordre ; mais le ton prouve que ça n’en est pas un. On est plus proche d’un ami qui essaye de donner un conseil. Maladroitement. Sans doute. C’est un rôle que Finn apprend ; malheureusement, il sait qu’il n’y a parfois rien à dire, tout court. Rien qui ne ferait de bien, en réalité. Alors, conservant un ton sérieux, il nuance ce qu’il voudrait dire – que vu comment sont les sorciers, ce n’est sans doute pas une grande perte que de ne pas le connaitre, O’Riordan Senior. « Compliqué, hein ? Je sais pas si tu gagnerais grand-chose. Les gens qui se désintéressent de leurs mômes font rarement de bons parents, d’expérience, tu sais. » Il ne peut s’empêcher de penser au sien, bien sûr, et à son indifférence face aux coups de Rory. En un sens, c’était pire, parce que pour lui, il n’était rien, surtout pas un fils à protéger. Ou peut-être qu’il considérait que ces coups étaient mérité. Finn ne sait pas. Il ne sait plus grand-chose de ses parents de toute façon, songe-t-il amèrement, pas même où ils sont. L’acteur hoche la tête gravement, faisant tournoyer son whiskey d’un air rêveur, disant avec une gentillesse et une sincérité rare, essayant de nuancer son propos et peut-être de passer le message à Rafa qu’il n’est pas seul : « Mais je comprends. Je crois que je le ferais aussi, si je pouvais, moi aussi. De parler à mon vieux. » Serait-il seulement capable de le faire ? Et pour lui dire quoi ? Un mélange de peur et de colère, écœurant, lui monte aux lèvres. Lui demander son pardon, ou faire en sorte qu’il supplie le sien ? Est-ce seulement possible, ça, de lui pardonner ? Comment pardonne-t-on à nos pères, de toute façon ? Pardonnons-nous à nos pères de nous avoir quittés trop souvent, ou pour toujours ? De nous avoir fait peur avec une rage inattendue, ou de nous avoir rendu nerveux parce qu'il ne semblait jamais y avoir de rage ? Pardonnons-nous à nos pères d'avoir épousé, ou de ne pas avoir épousé, nos mères ? Ou d'avoir divorcé, ou de ne pas avoir divorcé, de nos mères ? Et leur pardonnons-nous leurs excès de chaleur ou de froideur ? De ne jamais parler ou de ne jamais se taire ? Pardonnons-nous à nos pères à notre âge, ou au leur ? Ou à leur mort, peut-être. Mais en le leur disant ou en ne le leur disant pas ? Si nous pardonnons à nos pères, que reste-t-il ? Un tintement de verre le fait revenir à la réalité. Callahan n’a pas de réponses, et toutes ces questions sont trop ésotériques pour être importantes. Eamon, ses favoris, sa mine sévère et son indifférence sont trop loin, de toute façon. C’est le whiskey, décide-t-il donc brutalement en se resservant, un autre verre et ça passera. Avec un sourire de connivence pour Rafa, il éclate de ce rire un peu sauvage qui le caractérise : « Peut-être que j’ai la trouille, moi aussi. Sont flippants nos ancêtres, tu trouves pas ? » Confession là encore surprenante, comme le rire qui l’accompagne. Comme si la folie était une forme de défense contre la terreur. Ou contre le deuil.

Avec un peu plus d’entrain, le nouveau chef du clan Montenza – ou Callahan, maintenant, eh ? – sourit de nouveau : « Putain de mal du pays. C’est la faute de Ludo, à force qu’il me parle d’Europe, et ça déteint sur moi et après je déconne. ‘Scuse-moi. » Il trinque amicalement avec son second, fanfaronnant sans vergogne : « A nos projets, allez. De toute façon, si j’y fous les pieds, je commence par raser Londres, question de devoir patriotique, on verra pour l’Irlande après. » Éclusant d’un coup ce qu’il reste de son verre, il sent l’alcool lui monter à la tête mais fait tout de même un signe au barman : « Joey, remets en une autre, tu veux ? » Mais celui-ci semble très occupé à s’engueuler en italien avec un client, près de la porte. Finn cligne de yeux, interdit : « Ben qu’est-ce qu’il fout ce con, alors que je demande un verre ? Vas-y jeter un œil, tiens. » Rafa ne marche pas très droit, constate l’acteur en le voyant se lever. Il serait peut-être temps d’arrêter. Enfin, quand il aura eu son verre.
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Message#Sujet: Re: Nearly the third world war + Rafa (Flashback - Mai 1945)   Nearly the third world war + Rafa (Flashback - Mai 1945) Icon_minitimeMar 24 Aoû - 21:44

Nearly the third world warFinn  & Rafa

-Croyez ?

Les sourcils froncés, Rafa réfléchit à la suggestion de Callahan d’écrire à sa famille. Sur le moment, l’idée lui semble saugrenue, et il a une moue sceptique. Il ne dit ni oui ni non, cependant, bien conscient de ne pas être en état de se faire une opinion claire. Il ne repousse pas le conseil, par principe ; après tout, le patron ne lui en a jamais donné de mauvais, ou alors il ne s’en souvient plus. Une fois à jeun, il aura tout loisir de repenser à cette idée ; peut-être lui inspirera-t-elle autre chose que la vision de lui-même, stylo en main, vaguement désespéré devant une feuille blanche. Pour l’heure, il se contente de hocher la tête, pour faire signe qu’il a enregistré le message, et d’expliquer :

-Vous savez, patron, quand je me suis barré de New York, j’ai pas tellement laissé d’adresse. Mon oncle risquait pas de me donner des nouvelles. Il pourrait aussi bien être canné, et tous les autres aussi, à Dublin, que j’en saurais rien.

C’est moche, de leur avoir fait ça. Souvent, il pense à sa pauvre mère, l’imagine en prières, devant son image pieuse de la Vierge, implorant des nouvelles de son garçon. Il faut vraiment être un salaud pour se tirer comme ça, sans donner le moindre signe de vie pendant des années. Le même genre d’enfoiré que son père, tiens. Faut croire que c’est dans le sang. Avec un sourire féroce, il poursuit :

-Ouais, je sais bien que mon paternel, ça doit pas être grand-chose de reluisant. Mais bon, vous savez ce que c’est, on a envie de savoir. Et puis au pire, je pourrais toujours lui coller mon poing dans la gueule, si c’est vraiment un con.

Pas très gais, Callahan et son second, pour des gars qui viennent de gagner Los Angeles au poker. Ils finissent par s’en rendre compte, sur un rire un peu sauvage du patron, et ils tâchent de passer à autre chose, au prix de quelques difficultés. C’est que le sujet de leurs pères respectifs n’est pas le plus facile à évacuer. Aucun des deux ne serait là, si leurs vieux avaient tenu debout. Ils ont eu de la chance, chacun à sa façon ; Finn a trouvé Tony Montenza, et Rafa a trouvé Finn pour lui tenir lieu de père, de frère, de meilleur pote, dans un mélange d’autant plus brouillon que l’alcool fait son petit effet. Sentant qu’il arrive à ce moment d’ivresse où on peut s’effondrer en larmes et essayer d’exprimer son amour pour la terre entière, Rafael essaie de se ressaisir et part, lui aussi, d’un grand rire :

-Raser Londres, j’achète. Et puis après, on leur vendra le ciment et les briques pour reconstruire. Ça va être une opération du feu de Dieu, ça, patron.

Il termine son verre, qui ne contenait plus grand-chose, et, se marrant toujours, part voir ce que devient Joey. Impossible de marcher droit dans ce foutu restaurant. La faute à ce carrelage blanc et noir qui donne l’impression de bouger. Les gars s’écartent pour laisser le passage à Rafa qui, tout bourré qu’il soit, n’en demeure pas moins le bras droit de Callahan ; il se fraye un chemin jusqu’à la porte, où une dispute nourrie, en italien et agrémentée de force grands gestes, semble constituer un spectacle de choix pour les hommes présents. Le verre à la main, ils suivent les échanges entre Joey et un de leurs collègues, Ben Massari, que le restaurateur prétend empêcher d’entrer dans l’établissement.

-C’est quoi, l’histoire ? demande Rafa aux mecs les plus proches de lui.

Ils lui traduisent, avec obligeance, les principaux éléments du débat. Massari s’est pointé chez Joey accompagné d’un chien, qui a abondamment compissé la devanture du restaurant, et Joey a décidé que Ben n’entrerait qu’une fois qu’il aurait nettoyé. Avisant le second de Finn, le digne restaurateur revient à l’anglais pour le prendre à témoin :

-Dis-lui, toi, Rafa ! C’est une maison sérieuse, ici ! Dis-lui de nettoyer les saletés de son clébard!
-Je me mêle pas de vos histoires, moi. J’suis juste venu te dire que le patron était à sec,
réplique O’Riordan tandis que Massari hurle : Mais c’est pas mon chien, putain ! J’y peux rien s’il m’a suivi, ce connard de clebs ! Faut te le dire comment, Joey ?

Tout le monde se marre, Rafa le premier tandis qu’il regagne la table où l’attend Finn. Il lui expose succinctement le problème, en ricanant encore, et ajoute avec l’indifférence que lui inspire le sort des animaux :

-De ce que j’ai compris, Ben va aller noyer le clebs dans le port.

Joey, que la mention de la pénurie d’alcool à la table du patron a ramené à la réalité, vient leur servir deux autres whiskeys, en continuant de récriminer dans sa barbe :

-Faites excuse, c’est la faute de cet idiot, avec son chien… ah, ça fait sérieux, un restaurant avec la devanture dégueulasse…

Rafa, mis en joie par cet épisode, observe l’entrée du restaurant. Ben Massari est tenu hors de l’établissement par le cuisinier, appelé en renfort, et il finit par renoncer à entrer. On entend tinter le carillon, et puis un glapissement de douleur, poussé dans la rue, leur parvient. O’Riordan commente, sans émotion :

-Ah, j’crois qu’il est parti se débarrasser du clebs. Salute, patron.


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Message#Sujet: Re: Nearly the third world war + Rafa (Flashback - Mai 1945)   Nearly the third world war + Rafa (Flashback - Mai 1945) Icon_minitimeJeu 26 Aoû - 0:58



Nearly the third world war
Rafa & Finn
Oui, peut-être qu’ils sont morts, tous autant qu’ils sont, les parents de Rafa et les siens. Ça fiche un drôle de frisson à Finn, comme un sale pressentiment qu’il écarte comme le reste, en se disant que c’est l’alcool. Un peu plus sobre, il y accorderait plus de foi. Malgré tout, il est issu d’une famille de sorcier, qui plus est gitans, particulièrement superstitieux et avec un ou deux ancêtres voyants (et quelques autres qui ne l’étaient pas mais ont efficacement joué de cette réputation pour escroquer le chaland, mais c’est une autre histoire). Même cracmol, il s’est toujours entendu dire, et s’en est convaincu tout seul ensuite, qu’il savait parfois ce qu’il allait advenir, alors il écoute ce genre de pressentiments et d’intuitions. Plus sobre, il repenserait aussi au Blitz et au fait que c’est tout de même bizarre que sa mère ne réponde plus depuis cette période, il ferait peut-être le lien. Et sans doute que tout chef de clan mafieux qu’il est, il s’effondrerait s’il comprenait vraiment – il n’est pas prêt pour apprendre que ses parents sont morts alors même qu’il vient de perdre son oncle. Alors le fait de ne pas vouloir avoir l’air affecté par toute cette merde que sont les sentiments, surtout ceux là, le sauve, et il se met à rire comme pour l’exorciser, et encore plus à la proposition de Rafa : « Baisés jusqu’au bout, et bien fait pour leur gueule, aux brits. » Et puis, avec un sourire amical qui clôt le sujet, il lance : « Écris, quand même. T’as rien à perdre. » Le mieux qu’il puisse lui arriver, à Rafael, c’est que sa mère lui réponde ; ce serait quelque chose. Un meilleur destin que lui, plus courageux aussi…bref.

Callahan écluse la fin de son verre, passant à autre chose, rapidement distrait par l’altercation qu’il entend vaguement à la porte et qu’il aimerait bien comprendre et par l’atmosphère joyeuse du restaurant. Il songe aux actrices qu’il pourrait se faire, à cette petite rousse qu’il a rencontré et qui est vraiment jolie, Florence, même si elle, clairement, ne deviendra jamais actrice, et puis à son business, oui, le sien, avec satisfaction. De retour à une humeur au beau fixe, Finn s’attend donc à se marrer face à une énième connerie de Joey, mais finalement, le récit de Rafa ne le fait pas tellement rire. « Ah ouais ? Tu m’en diras tant… » Se contente-t-il de fait de maugréer quand O’Riordan lui annonce que Masseria va probablement noyer la bestiole qui vient de saloper la devanture de Joey et sa soirée par la même occasion. C’est que Callahan a toujours aimé les bêtes : gamin, il a grandi avec les chevaux ailés de son père, et puis des tas de chats (ou de fléreurs, pour les observateurs avertis) plus ou moins errants en fonction du degré d’absence d’autorisation du Ministère de la Magie de son père, et plus ou moins magiques, et des chiens à l’occasion. Il les juge souvent de meilleure compagnie que les gens. Le foin qu’on fait pour cette bête l’agace donc, et encore plus le fait qu’on veuille lui faire du mal. A vrai dire, il est même assez déçu de Masseria, qu’il aime bien et tient pour un type intelligent. « Bouge pas, je reviens. »  Déclare-t-il donc brusquement, avant de traverser le bar, étonnamment solide sur ses appuis pour quelqu’un ayant autant bu. Un grognement passe ses lèvres, pincées autour de sa cigarette. Quelque chose comme « abruti », ou « connard ».

Poussant la porte du bar, il gueule : « Eh Ben, t’en veux pas du chien ? » Masseria, qui s’éloigne avec sous le bas un genre de paquet gris, poilu, décharné, et se débattant que diable, se retourne, surpris : « Hein ? Oh, b’soir, patron. Non mais il m’emmerde, alors je vais m’en débarrasser, hein. T’arrêtes de bouger, oui ? » Et de fait, pour le calmer, il lui refiche un coup aussi sec, tirant un jappement de douleur audit chien. Finn doit se maitriser pour ne pas mettre un coup de boule, ou de poing, à Masseria. Ce serait dommage que sa victoire soit entachée d’un tel coup de sang pour si peu de choses. Même si elles lui tiennent à cœur. Concluant que Ben ne sait pas s’occuper des bêtes – et Joey non plus, qui ne pense qu’à sa vitrine – il décide simplement de prendre les choses en main : « Moi je dirais que non. Puis que tu le refrapperas pas, non plus. Pose-le donc par terre, tiens. Tiens, tu sais quoi ? Voilà 5 dollars pour ta peine, dis à Joey que t’as le droit d’entrer et que c’est moi qui l’ait dit. » Un peu trop surpris pour protester, Masseria s’approche pour prendre le billet, et lâche le clebs au sol, qui se recroqueville sur lui-même, comme s’il craignait d’être frappé par le nouveau venu qu’est Finn. L’acteur a de la peine à le voir. On dirait, juge-t-il avec l’œil d’un expert, un genre d’Irish Wolfhound, dans un format réduit à celui du Labrador, avec la peau sur les os. S’agenouillant à son niveau, il tend gentiment la main vers lui pour essayer de l’appâter : « Salut, compadre. C’est toi le héros de la soirée, alors ? » Il ne faut pas longtemps pour que ledit chien retrouve confiance et s’approche pour quémander des caresses, que le mafieux lui accorde volontiers, lui léchouiller les mains avec application, avant de s’en retourner humer vers la porte du restaurant, qui s’ouvre sur Rafa et Joey qui le regardent avec des yeux étonnés. « Ah, vous v’là, vous deux. Joey, tu veux bien m’apporter une assiette de restes ? » Et les protestations de recommencer. Excédé, Finn lève les yeux au ciel avant de finir par couper le restaurateur : « Ouais, bon, je sais, ça va. Faut que je nettoie moi-même pour que tu le fasses et que t’arrête de râler ? Apporte-moi un sceau et une serpillère, je vais le faire, tiens, si y a que ça pour te faire plaisir. » Joey en reste un instant muet de stupeur, proteste que non, il va le faire lui, c’est pas lui le patron qui va nettoyer, quand même, et puis il disparait, l’idée que Finn se retrouve à faire le ménage chez lui étant manifestement une publicité encore plus mauvaise qu’une vitrine salie par un chien peu regardant. Maintenant, ledit Callahan se retrouve enfin à pouvoir rire, comme son second au début, des ennuis du restaurateurs.

Au demeurant, Rafa ne parait pas aussi sensible que lui au sort de la bête, qu’il caresse distraitement, et le regarde avec des yeux ronds, et un peu fatigués par le whiskey. « C’est qu’un pauvre chien. C’est moche de lui faire ça. » Explique vaguement Finn. Il se comprend. Il se tourne ensuite vers le restaurateur qui vient de revenir, et s’empare du plat qu’il lui tend pendant que celui-ci s’affaire en maudissant Ben Masseria sur sept générations. « Te remercie, Joey. » S’amuse-t-il, avant de se pencher de nouveau vers le chien, qui le regarde avec espoir : « T’as faim, compadre ? Mange donc, tiens. Comment tu t’appelles ? Pas vraiment de nom, hein. Bon, on dira que tu t’appelles Shane, allez. » D’où lui vient cette décision de le nommer ? Des bons yeux dudit Shane pour le regarder alors qu’il finit de nettoyer la gamelle en un temps record ? Peut-être. Il y a un silence. Et puis il prend une nouvelle décision, annoncée comme un défi ou un ordre, essentiellement pour Rafa : « Le clebs est à moi, maintenant. Je le ramène. » C’est comme ça. Il lui plait bien, ce chien, alors il décide sur un coup de tête, voilà ce qu’il se dit. « Toi aussi je vais te ramener, si t’as fini, tu m’as pas l’air frais. » Il attrape O’Riordan par le bras en se marrant, comme si tout était arrangé et que plus rien ne prêtait à discussion. « Regardez-moi ça, notre insolent en chef est fin bourré. Allez, viens, amène-toi, on rentre. Shane ? Viens. Allez viens, le chien, viens avec nous. »

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Message#Sujet: Re: Nearly the third world war + Rafa (Flashback - Mai 1945)   Nearly the third world war + Rafa (Flashback - Mai 1945) Icon_minitimeVen 3 Sep - 11:54

Nearly the third world warFinn  & Rafa


Les bestioles, ça n’a jamais été la passion de Rafa. Les gens non plus, d’ailleurs. Depuis son adolescence, il s’est accoutumé à jouer seul, en ne se souciant que d’un nombre minimal d’autres humains. Pas la peine de s’encombrer avec le reste de l’humanité, ou avec le devenir des chiens, chats ou perroquets en tous genres. Les animaux ont tout de même un avantage sur les gens ; ils n’inspirent à O’Riordan qu’une indifférence polie. Il s’en fout, mais il ne leur fait pas de mal. Bonjour, bonsoir, chacun sa vie. Des humains, en revanche, il se méfie, sans distinction. Il sait qu’ils mordent plus sûrement que les chiens. Le cercle de ceux qui ont sa confiance est réduit au strict minimum. Le patron, bien entendu, qu’il suit aveuglément. Santina et Antonio, qui ont maintes fois prouvé leur dévouement. Joey, Mike, quelques autres gars, qui lui semblent honnêtes. Et puis ? Même sa propre mère n’appartient plus à cette catégorie. Il faudrait qu’il la revoie, qu’il sache ce qu’elle pense vraiment de lui et du fait qu’il est parti en laissant Fletcher pour mort. Même chose pour ses frères, qui n’étaient que des gamins quand il s’est barré. Encore se soucie-t-il d’eux, se demande-t-il parfois s’ils vont bien. Il écrira, probablement, comme Callahan vient de le lui conseiller. Peut-être même, s’ils ne montrent pas d’hostilité, pourra-t-il envoyer un peu d’argent. L’idée fait son chemin dans son esprit, sans qu’il la formule encore clairement. Preuve qu’ils existent encore pour lui.
Mais le sort du reste des êtres vivants qui peuplent cette foutue planète l’indiffère complètement. Il n’a guère de compassion, ni pour ceux qui sont morts dans les bombardements, ni pour tous les crève-la-faim du monde, ni pour les chiens errants qu’il croise chaque jour. Péripéties que tout cela. Il ne comprend donc pas la tronche que tire le patron quand il apprend que Masseria envisage de noyer le clebs. Franchement, un de plus ou de moins, qu’est-ce qu’on s’en fout ? Pas plus intéressé que ça, il fait un sort à son énième whiskey de la soirée en regardant Callahan sortir du restaurant, puis en commande encore un qu’il sirote confortablement installé, les pieds sur une chaise. Joey s’agite, râle, invective encore Ben qui vient d’entrer, ressort en marmonnant ; le patron ne revient pas, mais il faut un moment pour que Rafa finisse par être intrigué par tout ce barnum et se décide à lever son auguste postérieur. Dommage, il était bien, sur sa banquette. Pas bien stable, il traverse la salle, en retrouvant, au fil des pas, une trajectoire à peu près acceptable. Il sort dans la rue dans le sillage de Joey, qui apporte une assiette à Callahan. Rafa regarde d’un œil torve le patron, accroupi près du chien pourri qu’il couve d’un œil attendri. C’est qu’un pauvre chien, qu’il dit, en guise d’explication, à son second dont l’unique réaction est un haussement d’épaules. Pauvre chien ou pas, Rafa s’en fout tout pareil. Bon, lui n’aurait pas eu l’idée de le noyer, mais de là à lui filer un grand plat de lasagnes, il y a une nuance. Un peu réveillé par l’air du dehors, O’Riordan vient s’accroupir auprès du patron, juste au moment où celui-ci choisit le nom de baptême du clébard. Shane. Curieux nom pour un chien.


-Qu’est-ce que vous comptez faire de ça, patron ?

La réponse ne tarde pas. L’adopter, tout bonnement. Rafa ouvre des billes rondes ; quelle idée de s’encombrer d’un chien ? Surtout un aussi moche que celui-ci, avec ses poils emmêlés et son odeur de poubelle. Le second de Callahan ignore tout des animaux, et aussi de l’existence de l’honorable corporation des toiletteurs canins – si on lui disait qu’il existe des coiffeurs pour clebs, là, tout de suite, il se roulerait par terre de rire.

-Vous croyez vraiment que c’est une bonne idée de ramasser ce cabot ? D’accord c’est un pauvre chien, il a faim et tout, mais bon… faut pas ramasser tout ce qui traîne dans la rue, hein. On vous a jamais dit ça, quand vous étiez gamin ?


Il pousse un soupir, bien conscient qu’il parle dans le vide. Quand Callahan a une idée dans la tête, comme dirait Santina, il ne l’a pas autre part, et on peut bien lui dire ce qu’on veut. Eh bien ! qu’il l’embarque, son clébard, après tout, si ça l’amuse. Rafa manque de se casser la gueule en se relevant, protestant malgré tout :

-Fin bourré, vous rigolez, patron. J’ai de la marge. Filez les clés de la bagnole, je peux conduire, hein.

Callahan se marre en le voyant essayer de faire illusion, et garde soigneusement les clés. Nouveau soupir du second, outré par une telle méfiance à son égard, puis scandalisé quand Finn appelle le chien :

-Vous allez tout de même pas le faire monter dans la Lincoln ? Vous avez vu comme il pue, vous êtes pas sérieux, patron. Et d’ailleurs, vous avez pensé à Santina ? Elle voudra jamais de ça dans la maison.

Cause toujours, tu m’intéresses. Après quelques courtes négociations, le chien prend possession de la banquette arrière avec un air satisfait, et Rafa se laisse tomber sur le siège passager en grommelant.

-Y a pas à dire, boss, vous êtes vraiment le roi des idées à la con.


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Message#Sujet: Re: Nearly the third world war + Rafa (Flashback - Mai 1945)   Nearly the third world war + Rafa (Flashback - Mai 1945) Icon_minitimeJeu 9 Sep - 0:24



Nearly the third world war
Rafa & Finn
Bien sûr que c’est plié et réglé. Des idées à la con, Callahan en a vingt mille à la minute, c’est même la seule chose de constante chez lui. Souvent, il fait la part des choses, en oublie quelques uns, ne retient que les meilleures, du moins, les meilleures selon lui, et puis après, jusqu’à ce qu’il décide brutalement que les choses ne l’intéressent plus, et ça arrive plus souvent qu’à son tour, auquel cas c’est comme si elles n’avaient jamais existé. A force, Rafa doit le savoir, quant il s’entiche d’un truc, son intérêt est aussi obsessionnel qu’excessif, et son désintérêt est à la même mesure. Autant dire qu’il vaut mieux abandonner d’avance, ça ne sert à rien de lutter, puisqu’à partir du moment où il a vu le chien, l’acteur a décidé qu’il était à lui. Finn voit bien, d’ailleurs, que son second ne comprend pas, que ce n’est justement, qu’un chien, et qu’on s’en fout, qu’il y a d’autres choses à faire, comme fêter leur victoire, ou rendre hommage de la même manière à l’oncle Tony. Qu’ils n’ont plus besoin, en somme, de s’occuper de la rue, d’où ils viennent. En l’entendant, le mafieux sourit tranquillement : « Y a de mauvaises langues qui m’auraient donné ce conseil à propos de toi, tu sais. Faut pas oublier d’où on vient, Rafa. Le ruisseau, on en sort aussi, c’est pas comme on pouvait vraiment se permettre de pas être solidaire. Il nous ressemble plus que tu crois, ce clebs. » Il ne voit pas, Rafa, c’est normal, qu’il est comme eux, ce clebs, alors voilà, il faut qu’ils le prennent, c’est tout. Il y a de la gravité de la déclaration de Finn, un peu à la manière de son oncle, et ça a un curieux effet, parce qu’il s’en rend compte. Tony était sage et avisé, et généreux – ce que son fils analysera à tort comme une fascination pour les chiens écrasés, justement. Son neveu ne pense pas être altruiste ou même sage, justement. Il s’entoure de gens qu’il comprend, qui lui ressemblent, pour avoir une bande. Par intérêt, dirait-il, mais ce n’est pas tout à fait vrai. Parce qu’être seul le terrifie serait plus juste.

Et que les gens partent, pas les animaux. Il n’est jamais déçu par eux – d’où le chien. Il trouve qu’il lui ressemble vraiment – il devait avoir la même tête minable, quand il mendiait à Dublin. Et puis Rafa aussi. D’ailleurs, O’Riordan, c’est bien la seule exception : lui ne l’a jamais lâché. Et c’est bien le seul pour qui, à part Santina et Ludovico, maintenant qu’il n’y a plus son oncle, Finn mettrait de côté les principes misanthropes qu’il affiche. Finn Callahan ne se préoccupe pas des gens – ça non plus, ce n’est pas tout à fait vrai : il suffit de voir comment il a fait continuer les distributions alimentaires de son oncle aux gens les plus pauvres de Skid Row - parce qu’on ne s’est jamais préoccupé de lui : il n’empêche que Rafa, tout sale môme qu’il soit, il s’en préoccupe, voire s’en occupe vraiment. C’est donc comme ça, que, mort de rire, il le rattrape pour l’empêcher de s’étaler par terre : « C’est ça, et moi je suis Marylin Monroe. Hors de question que tu nous jette du haut de Mulholland sans faire exprès. Allez, en route, sinon tu vas finir par faire honte à tous les soudards irlandais de la terre. »

Gardant soigneusement les clefs de la voiture de par devers lui, l’acteur entreprend d’embarquer le chien avec eux. Shane, aussi bonne pâte qu’il est sale, se met gentiment à les suivre. On ne sait jamais, des fois que ce type se mettrait en tête de lui redonner à manger… Mais bientôt, un peu méfiant, il s’éloigne, entendant Rafa grogner après lui. « Quoi encore ? Tu lui fais peur, regarde ! »  Proteste Finn dans la foulée lorsque son second mentionne la Lincoln. Il hausse les épaules, répliquant avec enthousiasme : « Et pourquoi pas, on la lavera et lui avec, ça lui fera pas de mal. Et pour Santina, j’en fais mon affaire. » Non, définitivement, il ne voit pas le problème, ce qui pousse son second à grogner de plus belle lorsqu’ils s’installent. « C’est fini, cette insolence ? » S’amuse-t-il en assortissant (mollement) sa remarque d’un simulacre de taloche que Rafa réussit à éviter, ce qui prouve son habitude, malgré son état d’ébriété avancé. Même pas fâché, il menace pour la forme : « Me fais donc pas regretter celle que j’ai eu en te ramassant toi, hein ! » Mais ça n’est pas sérieux : en réalité, il est loin de regretter.
Etant tout de même doué d’un (relatif) instinct de survie, une fois arrivés à sa villa, il enferme provisoirement le chien dans la Lincoln, au grand désespoir de celui-ci. Finn n’en fait qu’à sa tête, mais il n’est pas idiot pour autant, et justement parce que même ivre mort, Rafa a plus de sens pratique que lui, il l’écoute sur un point : il ne va pas tenter le diable en présentant à Santina un chien crasseux. Il s’en occupera après, cependant : ledit second s’est à moitié endormi, sous l’effet de l’alcool. « Allez, debout, poivrot, on va se coucher ! » Déclare joyeusement son patron avant de l’aider à descendre. « Reste là, le chien. Au lit, toi, avant que tu ne te décides à faire une connerie pour me prouver que t'es pas bourré. Demain, on a un empire à faire tourner, je compte sur toi. »

En somme, ce n’était pas si mal, pour un enterrement ; il en aurait presque oublié sa peine. Un instant, une fois Rafa abandonné à sa future cuite dans la chambre qui lui est attribué à demeure et le chien lavé, Finn se dit que ça ne va pas si mal. Il hume l’air frais de la nuit, caressant distraitement l’animal encore humide, qui a aussi définitivement meilleure tête et qui entreprend de lui lécher les mains. « C’est pas mal, hein ? » S’amuse-t-il encore. L’appréhension et la pression d’être le nouveau chef se tassent peu à peu. Il pouffe même, pas très clair lui aussi, quoique tenant mieux l’alcool que Rafa : « Santina va vraiment m’assassiner. » Mais c'est un souci qui attendra demain.


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