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n nouveau père, au sortir de la maternité, alors qu'il venait de serrer son enfant dans ses bras, devait sans doute être euphorique, de cette euphorie qui ne trouve aucune autre comparaison, puisque rares sont les opportunités qui nous sont données de découvrir un nouveau sens à son existence, si fort, si puissant et si évident. Mais James ne se sentait pas euphorique. Certes, ce nouveau sens donné à son existence, il l'avait ressenti à l'instant même où il avait serré Gabriel contre lui. Mais à quoi bon si on le défendait de donner à cet enfant tout l'amour qu'il se sentait prêt à lui accorder. Lindsay avait été catégorique. Elle ferait tout son possible pour l'empêcher d'avoir le moindre droit sur son enfant. Il allait se battre pour qu'il n'en soit rien, mais il savait d'avance que la tâche n'allait pas être des plus simples, encore moins avec ce nouvel élément ajouté à l'équation : cet homme qui avait été présent au moment où il avait fait son entrée dans la chambre de Lindsay, cet homme qui avait demandé son ex femme en mariage...

Bon. Il n'était pas question de se laisser abattre pour autant. James n'avait pas la moindre envie de retrouver l'enfer des procédures judiciaires à rallonge telles qu'il en avait déjà trop connues récemment avec son divorce, mais si vraiment, il ne parvenait pas à raisonner Lindsay, si aucune autre voie ne s'ouvrait à lui, alors soit. Dans ce cas, oui, James prendrait toutes les mesures qui pourraient s'imposer pour être reconnu comme le père de Gabriel. Pour l'heure, il se contentait de rentrer chez lui, l'esprit incessamment traversé des images de ce qui venait de se passer. Il se sentait partagé entre la tendresse qu'il éprouvait pour son fils, la colère que le couple lui avait inspiré, une rage sourde d'obtenir ce qu'il voulait, et la crainte de n'arriver à rien en dépit de toute sa bonne volonté. Ce mélange détonnant d'émotions diverses ne faisait pas vraiment bon ménage, et au final, James se sentait surtout et avant tout complètement vide, comme s'il venait de parcourir un marathon en grandes enjambées. Il errait de rues en rues tel un automate. Il se sentait perdu. La seule chose qui pourrait lui faire du bien, pour l'heure, ce serait de se serrer dans les bras d'Ethan, et d'un grand verre d'alcool. Si James était loin d'être alcoolique, il est des occasions où la boisson sait être salutaire. Il écrasa sa cigarette avant d'entrer dans l'appartement. Il chercha Ethan du regard mais, ne le trouvant pas de suite, il se dirigea presque mécaniquement vers la cuisine, où il se servi d'un verre bien tassé de whisky pur feu qu'il avala quasi cul-sec. C'était pas forcément ce qui allait clarifier ses idées, mais en l'occurrence, il s'en moquait bien.

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than venait d'entrer dans l'appartement, et au vu de son attitude, partagée entre le soulagement et l'inquiétude, il n'avait effectivement pas la moindre idée d'où James avait disparu ces dernières heures. Pourtant, c'était l'une des premières choses que le jeune homme avait faite avant de se rendre à la maternité, était de laisser un mot à l'intention du jeune homme pour éviter, justement, qu'il s'inquiète. Mais manifestement, le mot s'était perdu allez savoir où, et Ethan s'était bel et bien angoissé. James se sentait mal pour lui. Déjà qu'il n'était pas franchement bien lui-même, il n'avait certainement pas voulu générer chez son amant des angoisses inutiles... Déjà qu'il avait supposé que le savoir à la maternité n'allait pas être pour le rassurer non plus... Enfin, l'essentiel, c'est qu'il était là, bien présent, et pour le moment, le reste importait peu à James. Il avait besoin de sa présence, et il l'avait face à lui, c'était tout ce qui comptait.

-Je t'avais laissé un mot... dit-il pour s'excuser sans pour autant se justifier davantage.

Il n'avait pas envie de prétendre ou de se prendre la tête, il avait juste besoin de soutien et de réconfort, et il n'y avait personne qui puisse lui en prodiguer sinon lui. D'ailleurs, il n'attendit pas plus pour se précipiter dans les bras d'Ethan sans demander son reste, juste pour le sentir contre lui. Il avait bien conscience de bouleverser totalement leurs projets, quoique discuter voyage n'était sans doute pas ce qui lui ferait le plus de mal dans l'état où il se trouvait présentement. Il demeura plusieurs secondes entre les bras d'Ethan, sans bouger, sans prononcer le moindre mot, pour le simple plaisir de ressentir sa présence, puis il se justifia enfin de son enfance, bien conscient qu'il était en train de l'inquiéter pour rien, à garder le silence comme il le faisait.

-J'étais à la maternité...

Ces mots, bien que concis, en disaient dors et déjà longs en eux-mêmes. Il était à la maternité, et quels autres raisons aurait-il eu de s'y trouver si ce n'est parce que Lindsay avait accouché ? Ça y est, il était bel et bien papa. Même si l'information avait été parasitée par une situation plus que déplaisante, il l'avait parfaitement intégrée dès l'instant où il avait pris son fils dans ses bras. Et maintenant, il ne savait plus trop s'il devait être heureux ou totalement démoralisé.

-C'est un garçon, dit-il dans une esquisse de sourire, préférant s'intéresser tout d'abord à ce qu'il y avait de plus positif dans tout cela. Il s'appelle Gabriel.

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ames hocha la tête quand Ethan lui demanda s'il avait pu voir son fils. Il ne pouvait bien sûr en être sûr, mais il pensait deviner ce qui pouvait se passer dans sa tête à ce moment précis. Du moins, si les situations étaient inversées, il savait exactement ce qui se tramerait dans la sienne, de tête. Tant que l'enfant n'était pas né, il restait une perspective lointaine dont les changements qui y seraient liés demeuraient incertains. Maintenant, il était bel et bien là, un être vivant, de chair et de sang, fondamentalement pur et innocent, qui n'avait rien demandé du contexte familial dans lequel il évoluait. Et forcément, il allait prendre de la place dans la vie de James, cette vie qu'il avait presque entièrement consacré à Ethan en se séparant de Lindsay. Et à ce sujet, d'ailleurs, forcément, Ethan devait s'inquiéter du rôle que son ex épouse pourrait encore tenir dans sa vie, maintenant que leur enfant faisait lien entre eux. James comptait bien le rassurer sur chacun de ces points, même si lui-même ne savait pas vraiment de quoi l'avenir serait fait. Peut-être que Gabriel n'aurait pas de place dans sa vie parce qu'on ne le laisserait pas en avoir ? Il n'y tenait pas, il avait la ferme intention de se battre pour que ce ne soit pas le cas. Mais on ne décide pas toujours de tout, malheureusement. Il ne suffit pas de vouloir pour obtenir.

-Merci, répondit James dans un léger sourire, pour commencer, aux félicitations d'Ethan. "Papa"... C'était étrange d'entendre employé ce mot et de savoir qu'il vous concernait. Certes, avoir tenu Gabriel dans ses bras lui avait clairement fait prendre conscience de son rôle de père (et de combien il était important à ses yeux), mais ce n'en était pas moins une nouveauté à laquelle il allait devoir se faire. Lindsay n'a pas voulu que je le voie... J'ai dû lui forcer la main pour qu'elle accepte que je le tienne dans mes bras. Il marqua une légère pause. Elle n'acceptera jamais une garde partagée... Alors il était parti pour se réembarquer dans un nombre incalculable de procédures judiciaires, chose qui ne lui avait absolument pas manqué après son divorce. Son conjoint était avec elle, dit-il, et ça c'était surtout pour lui faire comprendre que l'existence de Gabriel n'allait pas absurdement le faire retomber dans les bras de Lindsay (comme si c'était seulement possible), pas plus que l'inverse. Et j'ai comme l'intuition qu'il se fera un plaisir de me mettre des bâtons dans les roues, lui aussi.

Et si Lindsay finissait par accepter sa demande en mariage, elle allait bien plus facilement pouvoir prétendre à la garde de leur enfant. Parce que deux parents (de sexes opposés, bien évidemment, hein) valent mieux qu'un, il paraît. Tu parles.

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ames se contenta d'un hochement de tête quand son interlocuteur demanda confirmation en apprenant que Lindsay avait un nouveau conjoint, même s'il se doutait qu'il avait parfaitement entendu, qu'il savait qu'il ne mentait pas, et que la question était toute rhétorique. Il pouvait comprendre qu'Ethan s'en trouve surpris, James l'avait été aussi. Oh, tout ce qu'il pouvait souhaiter à Lindsay, c'était qu'elle délaisse son amertume pour aller de l'avant et refaire sa vie, mais il est vrai que ce semblait assez... précipité, compte tenu du fait que l'homme l'avait visiblement demandé en mariage. Qui sait, peut-être qu'elle fréquentait déjà cet homme quand ils étaient encore ensemble ? Il serait mal placé pour lui en vouloir, c'est sûr, mais il n'aimerait pas devoir le découvrir... Enfin, dans tous les cas, quel que soit le passif de cet homme avec son ex épouse, il est certain que ça n'arrangeait pas ses affaires. Lindsay avait de bien meilleures cartes en mains que lui pour obtenir la garde complète de Gabriel, mais James, qui n'était normalement pas d'un caractère vraiment combattif, pourtant, avait bien la ferme intention de se battre pour être un père aux yeux de son fils, et non un simple étranger.

James apprécia le contact de son front contre le sien, et la caresse de ses mains dans ses cheveux. Ça lui faisait un bien fou. Il se sentait totalement démuni face à cette situation, mais Ethan restait sa certitude, une certitude douce et apaisante. Elle ne suffirait pas, bien sûr, à arranger tous ses problèmes, mais tout de même, cela avait le don d'encourager James mieux que n'importe quoi d'autre. Quand il lui affirmait qu'il serait capable de tout faire pour l'aider, James savait que c'était vrai, et son soutien était vraiment important pour lui. Là, maintenant, sans Ethan, il perdrait totalement pied, dans une telle situation. Quand il ajouta qu'il était désolé, James ne put s'empêcher de songer qu'il se sentait peut-être responsable de ce qui lui arrivait, sauf que ce n'était pas le cas. Il serait un bien meilleur père pour Gabriel en étant bien dans sa vie comme il l'était maintenant que s'il était resté avec Lindsay. Il fallait seulement qu'on lui laisse l'opportunité d'être père.

-Ne le sois pas, répondit-il dans un léger sourire. Tu m'aides déjà plus que tu ne le penses, affirma-t-il très sincèrement. Et je trouverai une solution, ajouta-t-il sans pouvoir complètement y croire.

Sans ajouter un mot de plus, il déposa ses lèvres sur celles d'Ethan.

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n fin sourire sut se dessiner sur le visage de James quand Ethan affirma qu'il n'aimait pas se sentir impuissant, pas tant pour le propos en lui-même que pour la manière dont il avait été prononcé. James ne savait que trouver craquant ce ton légèrement boudeur, et pour le moment, il préférait se concentrait sur ce qu'il aimait, sur ce qui l'attendrissait, plutôt que de s'apitoyer sur son sort et ne voir que les problèmes... Même si ça ne les ferait pas disparaître, bien sûr. James comprenait bien Ethan, il comprenait qu'il n'apprécie pas de ne pas pouvoir en faire plus. Mais James ne lui en demandait pas davantage. Ethan lui apportait déjà plus que ce qu'il avait même pensé pouvoir obtenir avant de le rencontrer. Alors il ne regrettait absolument rien. Le sourire parvint même à s'agrandir un peu quand Ethan suggéra, sur le ton de l'humour, qu'ils n'avaient qu'à tenter un sortilège d'oubliettes... Franchement, c'était séduisant... Mais bien sûr impensable. Il valait mieux plaisanter de la situation que de s'appesantir sur elle quoi qu'il en soit. Et c'était donc là encore une chose pour laquelle l'homme était plus doué qu'il ne le pensait. Il aidait James à tout relativiser. Il l'aidait à se sentir bien, tout simplement. Et ça, ça n'avait pas de prix. Au fond, James aurait préféré qu'ils en restent aux suppositions irréalistes, car son sourire disparut totalement quand son interlocuteur lui fit la suggestion de tout avouer à Lindsay.

Il lui semblait qu'ils avaient tous deux déjà eu cette conversation. Et si elle ne lui avait pas semblé être une bonne idée à l'époque, elle l'était encore moins à ce jour. Autrefois, il courait déjà le risque de perdre son enfant... Mais cet enfant ne semblait pas si... réel, alors. Là, Gabriel était là, bien vivant, James l'avait tenu dans ses bras, il l'avait serré contre lui... Il n'était pas prêt à prendre un risque si grand qu'il se retournerait peut-être contre lui. Ethan le disait lui-même. Peut-être qu'elle comprendrait. Peut-être... Mais peut-être que non. Peut-être que ça empirerait les choses. Peut-être que Lindsay s'en servirait comme d'une arme contre lui, et non seulement cela l'affecterait, l'empêcherait à tout jamais de revoir son fils, mais aurait aussi directement des répercussions sur son petit ami. Non, il ne pouvait pas faire ça. Oui, Lindsay était quelqu'un d'ouvert et de compréhensif. C'étaient là des qualités qu'il avait appréciées et admirées chez elle. Mais la tolérance n'est pas qu'une affaire de caractères, c'est aussi une affaire de préjugés. Et James en avait fait les frais au point de longtemps nier jusqu'à sa nature profonde. Avec douceur, il fit non de la tête.

-Et si elle ne comprenait pas ? suggéra-t-il tout en songeant qu'il laissait peut-être s'exprimer tout ce que sa personnalité pouvait avoir de non aventureuse. C'est pas seulement la garde de Gabriel, que je risquerais de perdre, c'est toi...

Il ne voulait pas croire Lindsay aussi cruelle, mais il préférait ne présumer de rien.

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ames se sentait soulagé de voir Ethan adopter son point de vue, reconnaître le danger que cela pourrait représenter de tout dire à Lindsay, au sens où cette dernière pourrait très bien se servir de cet argument pour le séparer pour de bon de Gabriel. Certes, il y réussissait déjà très bien sans cela, et si James avait eu la chance de tenir son fils dans ses bras, il n'avait pas la moindre idée de si et quand la situation se reproduirait, mais justement, nul besoin d'envenimer tout cela. Bien sûr, ce n'était pas une façon de faire idéal. James l'admettait sans difficulté, se sentir rassuré parce que le mensonge allait primer une fois de plus, c'était techniquement aux antipodes de sa personnalité. James avait menti dans sa vie, et sur des choses importantes, et il continuait de mentir encore, faute de savoir quoi faire d'autre, mais il n'aimait vraiment pas s'y résoudre. Dans un monde idéal, leur histoire ne devrait pas être un argument contre la famille, dans un monde idéal, James et Ethan pourraient vivre leur idylle au grand jour sans s'y cacher et l'on ne concevrait pas de laisser le père loin de son fils, puisqu'il tenait sincèrement à s'en occuper, même si ce devait être une semaine sur deux ou n'importe quel compromis du genre. Mais ce monde n'était pas idéal. Son petit ami, par contre, l'était, et le libraire ne put qu'en avoir l'entière confirmation quand, plantant son regard dans le sien, il lui assura qu'il ne le perdrait jamais.

James esquissa un sourire. Il manquait cruellement de confiance en lui, ça avait toujours été son défaut, et il avait toutes les difficultés du monde à ne pas craindre pour leur histoire. C'était ça, de vivre quelque chose d'aussi beau et d'aussi précieux. Quelque part, une part de lui se disait qu'il n'avait pas le droit d'y prétendre, que ça allait forcément s'effondrer, comme si les bonheurs trop grands n'étaient pas faits pour lui, et pourtant, il était là, et mieux encore, il lui garantissait de toujours être là. Bon, dans l'idéal, James préférait que l'hypothèse qu'on puisse les enfermer à des lieues l'un de l'autre ne se produise jamais, mais lui qui prenait leur histoire tant à coeur ne pouvait que se sentir réconforté par ses mots. Parfois, James se demandait bien ce qu'Ethan pouvait lui trouver. Puis dans des moments comme celui-là, même s'il n'en savait toujours rien, il ne doutait plus pour autant. En guise de première réponse, James déposa ses lèvres sur celles d'Ethan avec toute la tendresse du monde.

-Toi aussi, tu es ce qui est arrivé de meilleur dans ma vie. Et même s'il l'avait bouleversée de fond en comble, il le pensait sincèrement. Puis il ajouta, moins sérieux (mais sincère). Avec une déclaration pareille, si je le pouvais, je t'épouserais sur-le-champ.

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ames, considérant la réaction d'Ethan, se sentit parfaitement idiot quand ce dernier se mit à rire franchement quant au fait qu'il ait affirmé qu'il l'épouserait s'il le pouvait. D'accord, c'était sans doute une remarque très idiote, puisqu'il était impossible d'envisager ne serait-ce que l'idée que deux hommes (ou deux femmes) se marient un jour. Mais, dans toute la naïveté dont il était capable, le libraire avait prononcé ces mots en les pensant franchement. Alors oui, bien sûr, il savait que c'était impossible, que ça confinait à l'absurde le plus total, mais n'empêche qu'en esprit, il trouverait plus naturel de dire "oui" à Ethan devant leurs familles respective que ça ne l'avait été de dire "oui" à Lindsay à l'époque, même si c'était ce que tout le monde attendait d'eux. Alors oui, bien sûr, l'idée de voir Ethan se balader en robe blanche était quelque chose de profondément ridicule et ne pouvait que le faire sourire lui aussi, mais il n'avait pu s'empêcher de se sentir un rien vexé quoi qu'il en soit. Parce que ses propos, tout improbables soient-ils, étaient vrais quand même. Mais finalement, il aurait sans doute mieux fait de se taire.

Ethan, contrairement à James, n'avait pas été élevé dans la religion. Soit, mais de toute manière, James n'envisageait pas vraiment le mariage comme un acte religieux à proprement parler. Certes, quand il avait épousé Lindsay, ils l'avaient fait en grandes pompes à l'église, et le prêtre avait semblé ravi de les "unir devant Dieu", mais ce n'était pas pour autant ce qui comptait vraiment pour lui. C'était juste le symbole qu'il signifiait. Des alliances, c'est jamais que de la ferraille, bien sûr, mais c'était quelque chose de tangible, une preuve tendue au monde d'un amour que l'on ne pouvait plus garder juste pour soi. Mais ils n'auraient jamais droit à ça. Ce n'était pas grave, bien sûr, mais l'inverse n'aurait pas déplu à James. Mais Ethan, finalement, avait retrouvé plus de sérieux, et quand il reprit la parole, serrant ses mains dans les siennes, James se sentit un peu moins idiot.

-Je n'ai pas besoin que tu me promettes quoi que ce soit, répondit-il dans un fin sourire. Mais ça me plaît quand même.

Ça, il ne pouvait pas le nier.

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ames se contenta d'afficher un air sceptique quand Ethan lui affirma qu'il ne devait pas s'attendre à ce qu'il lui fasse bien souvent des déclarations comme il venait tout juste d'en faire. Même si en vérité, James pensait être le plus fleur bleu des deux. Et ça ne le dérangeait pas particulièrement qu'Ethan ne soit pas d'un tempérament naturellement romantique (bien qu'il lui ait prouvé plus d'une fois qu'il savait quand même franchement l'être), trop peu confiant en lui-même, il ne savait jamais trop de quelle façon réagir à ses déclarations, même s'il les appréciait beaucoup. Mais il aimait bien ces quelques élans romantiques, ne serait-ce que, justement, parce que si ce devait arriver tout le temps, ça n'aurait plus la même valeur. Enfin bon...

Le jeune homme reprit la parole alors, affirma que quoi qu'il en soit, et même si la situation n'était pas le moins du monde idéale, bien au contraire, il était quand même devenu papa, un incroyable changement, un événement qu'il fallait célébrer et non pas déplorer. Bien sûr, penser à Gabriel, c'était aussi imaginer qu'on ne le laisserait peut-être pas être un père pour lui, mais quoi qu'il en soit, penser à Gabriel, c'était aussi songer à son sourire, à son visage d'ange, à ce qu'il avait ressenti quand il l'avait pris entre ses bras... Et oui, ça méritait qu'il s'en réjouisse et non pas qu'il se lamente. Il accepta donc avec grand plaisir son verre de whisky pur-feu, qui était plus que bienvenu en la circonstance.

Et il approuva largement l'idée de se faire un bon petit dîner sans bouger de l'appartement. Il n'avait pas particulièrement envie d'aller au restaurant, moins encore s'il devait faire preuve de cette détestable discrétion dont ils devaient déjà bien trop faire preuve au quotidien. Ils seraient bien mieux ici, tranquillement, rien que tous les deux. Dans tous les cas, c'était vraiment tout ce dont James avait besoin pour l'heure. De la présence d'Ethan, uniquement de cela, la seule chose qui soit susceptible de le réconforter, de lui donner le sentiment que tout irait bien. Cet épisode en était la preuve : même quand il avait le sentiment que tout s'effondrait autour de lui, il avait sa constante, son point d'ancrage, l'homme qu'il aimait.

-C'est parfait, affirma-t-il dans un sourire avant de boire une gorgée de son verre. D'autant plus parfait que c'est toi qui cuisines.

Et il valait mieux, au vu des talents culinaires de James.

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ames ne se fit pas prier pour avaler une première grande gorgée de son verre quand Ethan le lui tendit. Il avait bien besoin de ça, peut-être plus pour se détendre et oublier un temps sa situation que pour trinquer à sa paternité toute neuve. Il ne demandait qu'à s'en réjouir, pourtant, mais il avait dû mal à en être capable pour le moment. Il était heureux que Gabriel fasse partie de sa vie (enfin... d'une manière ou d'une autre, il en ferait toujours partie, il espérait seulement que ce pourrait être pleinement, et pas en pensée), mais il était difficile de penser à lui sans réfléchir à tout ce que cela impliquait, tous les problèmes affiliés à cette filiation... Enfin bon, il allait faire de son mieux pour laisser l'optimisme prendre le pas sur le pessimisme, et un bon repas mitonné par les soins de son homme devrait l'y aider grandement. James fit mine de grimacer quand son interlocuteur affirma qu'il avait tout intérêt à se mettre aux fourneaux s'ils ne voulaient pas que ces derniers prennent feu. Ce serait encore plus drôle si ce n'était pas si vrai. James était convaincu qu'il serait bel et bien capable de mettre le feu à la cuisine s'il s'impliquait trop dans cet aspect de leur vie domestique.

-Un jour ou l'autre, il faudra bien que je mette la main à la pâte, tu ne pourras pas préserver ta cuisine très longtemps encore.

Ce qui était vrai, James faisait de son mieux pour s'investir dans les tâches ménagères... même s'il n'était pas doué pour ça. Il faut dire qu'il s'était parfaitement conformé aux présumés patriarcaux qui voulaient que son épouse se charge de toutes ces choses-là, ce qui n'était pas forcément une juste répartition des tâches, puisque de son côté, il n'était pas pour autant manuel, certainement pas un pro de la réparation ou du bricolage. Bon, au moins savait-il gérer ce qui était d'ordre administratif à la perfection, mais de manière générale, on ne pouvait pas franchement dire qu'il soit un excellent parti. Ethan aurait pu mieux tomber, pas James.

-D'ailleurs, si tu as besoin d'aide...

Bon, il disait ça, mais s'il pouvait se contenter de laisser son interlocuteur faire, pour ce soir en tout cas, il ne serait pas contre. Il se sentait complètement vanné, vidé de toute énergie, et, il devait bien l'avouer, il ressentait le besoin assez égoïste de se laisser bichonner.

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our toute réponse, Ethan rit de bon coeur, et James ne se formalisa pas d'une telle "réponse", il aurait peut-être pu se sentir vexé de voir ainsi son amant faire si peu de cas de sa volonté de s'investir dans les tâches ménagères au point de refuser clairement son aide, mais non. Déjà, il n'avait pas assez d'orgueil pour prétendre ce qui n'était pas, aussi pensait-il qu'Ethan avait toutes les raisons au monde de rire, ensuite, cela signifiait donc qu'il allait se mettre seul aux fourneaux, et c'était une chose qui l'arrangeait parfaitement bien pour l'heure. James se contenta donc de sourire doucement sans bouger de sa place. Entendre le rire d'Ethan lui faisait du bien. C'était le meilleur baume que l'on puisse trouver à son coeur un tantinet martyrisé ces derniers temps, et il appréciait grandement d'en constater les effets. Un simple rire n'allait pas résoudre ses problèmes, mais il lui permettait d'appréhender la vie avec plus de légèreté. En fait, de manière générale, Ethan était celui qui savait apporter de la légèreté et de la fantaisie à une vie qui, s'il ne fallait compter que sur James et lui seul, serait passablement déprimante. Et s'il y avait bien une occasion où il avait justement besoin de légèreté et de fantaisie, c'était maintenant. Alors il appréciait l'instant à sa juste valeur.

Tout comme il apprécia le spectacle plus visuel qu'auditif quand même quand Ethan se mit à pousser la chansonnette, se prenant manifestement au jeu. Ce fut au tour de James, cette fois, de ne savoir alors s'empêcher de rire, et même si ce n'était pas le cas, il avait le sentiment de n'avoir pas tant ri depuis bien longtemps, ce qui n'était pas le moins du monde pour lui déplaire. Ça lui faisait un bien fou. Ethan s'interrompit un instant tout de même, le temps de proposer du vin à son interlocuteur. James ne risquait pas de dire non. Même s'il ne tenait pas excellemment bien l'alcool (quoi que ça s'améliorait tout de même), il pensait qu'il n'y avait pas meilleur moment pour un bon verre de rouge qu'en cet instant précis.

-Rien de tel qu'un bon verre de vin pour accompagner un concert de qualité, répondit alors James. Oui, il ne pouvait pas s'empêcher de se moquer (gentiment), mais après tout, à chacun son tour.

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