Jamais les rues de près-au-lard n’avaient était aussi vide. Personne, pas même un chat, ou un elfe de maison dans les rues. Rares étaient les passants, et à peine avaient-ils apparu, qu’ils disparaissaient dans l’une des boutiques ou maisons, comme si quelque chose les pressaient de ne pas rester dehors. Peut-être que la pluie qui ne faisait que tomber depuis ce matin y était pour quelque chose ? Le ciel était d’un gris déprimant, et de lui, elle tombait en abondance, comme s’il vomissait toute cette eau gardée bien trop longtemps en lui, à telle point qu’on aurait pu se demander si cela s’arrêterait un jour. Peut-être qu’une nouvelle fois le déluge se produisait ? Qui allait survivre cette fois ?… Et il faisait si sombre ! On avait beau être en plein milieu de l’après-midi, le temps était si mauvais qu’on aurait pu se croire déjà en soirée, là-haut il n’y avait que des nuances de gris sombre, virant presque au noir par endroit d’ailleurs. Forcement, un si mauvais temps n’était pas bon pour les affaires, aucuns élèves de Poudlard n’osez s’aventurer dehors à ses heures perdues, même en ce samedi du mois de septembre, si c’était pour finir trempés, couvert de boue et congelés. Non autant rester dans sa salle commune et jouer a une partie d’échec version sorcier, voir même manger un en-cas dans la grande salle, aller lire un livre à la bibliothèque, ou faire une petite partie de Bataille Explosive dans les combles de Poudlard à la limite.
Quoi qu’il en soit, tout était préférable que sortir dehors par ce temps à détraqueur. Il ne manquerait plus que le brouillard, le tout avec un peu de givre et on était sûr d’en voir un apparaitre un, voir même deux au loin. Les rues étaient devenues boueuse à cause de toute cette eau, on pouvait la voir ruisseler partout où nos yeux se posaient. Tout semblait trempé à l’excès : les murs légèrement brillant grâce à la lumière filtrant par les fenêtres qui s’y reflétait ; les toits luisant sous l’eau qui formait une couche épaisse dessus ; Les rares passants qui pressaient le pas alors que leurs longues capes noirs s’alourdissaient d’eau, devenant plus sombres encore aux fils des minutes alors que la boue salissait leurs bottes et le bas de leurs manteaux. Bah, ce n’était pas très grave, un petit sort et il n’en resterait plus rien, cependant encore fallait-il se trouver à l’abri de la pluie pour faire cela, car dans l’état actuel des choses, cela n’aurait que se resalir quelques secondes après.
Et ce son incessant, à la fois reposant et envahissant… La pluie qui tombe dans un millier de clapotis, parfois doux et léger, endormant les sens par cette douce berceuse naturelle, parfois plus rude et violent quand les gouttes s’éclataient avec force contre les toits des chaumières de près-au-lard, vivifiant et agaçant, tout à la fois. Tout cela faisait un bruit monstre, couvrant tout le reste comme un voile immense et épais, empêchant tout autre son de s’envoler, les écrasant au sol avec la même force que les gouttes de pluie elle-même… Par chance le vent ne s’était pas mêlait à l’excès à la partie, si la pluie était presque violente, le vent, lui, soufflait doucement, comme s’il essayait d’apaisait cette pluie torrentielle qui ne trouvait pas de fin et qui tombait inlassablement, noyant le paysage. Cependant, bien que léger, son souffle était glacé, rajoutant surement la touche final au tableau. Il ne manquerait plus que l’orage en bruit de fond. Par chance aucun éclair ne pointa le bout de son nez, il faisait juste mauvais, à l’outrance certes, mais ce n’était pas non plus une tempête…

Parmi les rares passants encapuchonnés, une silhouette plus fine et les autres se pressa d’entrer à Gaichiffon. Secouant légèrement la tête, elle finit par enlever sa capuche pour faire apparaitre une flamboyante chevelure rousse. Ses yeux bleus firent le tour de la salle pour remarquer qu’il n’y avait personne à part la vendeuse qui lui adressa un sourire, auquel elle répondit poliment. On ne lui avait pas mentie. Par temps de pluie près-au-lard était désert, et cette idée fit germer un sourire rayonnant sur les lèvres de la gryffondor. Pour la première fois depuis son arrivée a Poudlard, elle allait pouvoir souffler sans avoir besoin d’être aux aguets, elle aller pouvoir être vraiment seule, allégée d’un poids comme si, avec toute cette eau qui tombait dehors, son stresse et sa peur avaient étaient emportés, du moins jusqu’à ce qu’elle retourne à Poudlard.
Ginny n’en pouvait plus d’être tout le temps sous tension, elle aurait voulu comme les autres pouvoir se décontracter, ne penser à rien de tout cela et s’amuser à cette époque ou ils étaient coincés, mais comment faire ? Comment faisaient-ils ? Elle en était incapable, trop stressée à l’idée de laisser deviner quelque chose qu’elle ne devrait pas, à l’idée de tout simplement dire l’impardonnable. C’était fatiguant de toujours faire attention à tout ce qu’on disait de peur de créer anachronisme, elle qui d’habitude parlait de façon spontanée, elle était soudainement obligée de faire attention à chaque expression utilisée ou même simplement aux objets qu’elle mentionnait. A force de voir les autres voyageurs détendu et presque sans souci, elle avait finit par se demander si le problème ne venait pas d’elle, après tout ne faisait-elle pas de tout cela une bien trop grosse affaire personnel ? La folie la touchait déjà? Non, résolument non, car les autres n’avaient pas vécut ce que elle avait subit, et c’est pour cela qu’ils ne pouvaient comprendre son malaise et sa peur, personne ne comprenait, et personne ne semblait vraiment le remarquer au final… Peut-être était-ce mieux ainsi… Il fallait juste qu’elle garde tout pour elle et que personne ne soit au courant, car les murs de Poudlard avaient des oreilles c’était bien connu, et il en faudrait peu pour que la vérité arrive aux oreilles de l’autre si jamais par m’égard elle craquait. En plus elle était sure que ce Daniel qui fouinait comme le pire des enquêteurs était sous la botte de Voldemort, elle en aurait mit sa main à couper ! Et Luna qui se laissait faire, faisant amie-amie avec l’ennemi. Il fallait à tout prix qu’elle lui parle pour lui conjurer de s’éloigner de Daniel, mais à chaque fois c’était la même chose, alors qu’elle essayait de faire passer le message à Luna, quelque chose ou quelqu’un venait l’interrompe… Pour peu Ginny en aurait criait de frustration… S’armer de patience disait Hermione, dommage que la patience n’était pas son point fort…

S’approchant de la vitre du magasin, elle regarda l’eau couler à travers la vitre, légèrement apaisée par le clapotis de l’eau dehors. La pluie avait vraiment quelque chose de libérateur, de doux et hypnotisant… Elle resta un bon moment à regarder ce spectacle naturel, avant de se retourner vers les rayons pour commencer à choisir quelques accessoires intéressant et pas trop chère. La bourse d’étudiant que leurs offrait Poudlard était vraiment basse, une fois les livres achetés, il ne restait pas grand-chose pour acheter des affaires de modes. Cependant Ginny était habituée depuis toute petite à vivre avec un budget très limité, alors il ne fut pas dur pour elle de trouver de quoi satisfaire son envie de nouveauté. A chaque vêtement qu’elle voyait, une terrible envie de rire la prenait. Elle avait l’impression de s’habiller comme une grand-mère, la différence de mode était flagrante entre son époque et maintenant. Mais à nouveau elle garda ses remarques pour elle, mais ressortie de la boutique avec un petit sourire, alors qu’elle remettait sa capuche en place.

Elle se dirigea ensuite vers Scribenpenne pour acheter de l’encre. Elle avait hélas renversée la sienne pendant un cours de défense contre les forces du mal, dans un geste maladroit du au stresse. Il fallait vraiment qu’elle trouve au plus vite un moyen de gérer son inquiétude. Voldemort n’allait pas non plus lui sauter dessus pour la tuer, non d’un lutin ! Il ne savait rien de tout ce qui c’était passée, ou du moins elle l’espérait. Sa peur était tellement grande que dans ses crises de paranoïa passagère, elle arrivait parfois à être convaincue qu’il était au courant de tout… Stupidité, il n’était pas non plus capable de lire dans les pensés, n’exagérons rien. Mais même de ça, elle arrivait à douter… Si seulement quelqu’un pouvait la rassurer pour de bon, pour qu’ainsi elle puisse vaincre ses démons avant qu’ils ne la dévorent…
Elle ne s’attarda pas dans le magasin, mais resta sous le perron le temps de se décider ou aller, les trois balais ou la tête de Sanglier ? En sachant qu’elle voulait éviter au mieux les élèves qui , même s’ils étaient peu par ce mauvais temps, accouraient tous au trois balais, elle préféra aller à la tête de Sanglier, au moins ça lui rappellera les bons souvenirs de l’an dernier et une nouvelle fois elle aurait la paix, juste un le temps de quelques heures encore.

Comme a son habitude la tête de Sanglier était presque quasiment vide, voila une chose qui malgré le voyage temporel ne changeait pas. Par rapport au trois balais, la bièraubeurre était presque donnée, mais il valait mieux la boire à la bouteille que dans les verres pas très propre du pub. Ginny se rendit donc au bar et en commanda une, avant d’aller s’assoir a une des nombreuses tables vides, enlevant sa capuche tout en regardant la salle d’un air absent, revoyant les scènes de la première réunion de l’AD au fond d’elle… Remarque si elle n’y avait pas été elle ne serait pas ici aujourd’hui. Elle serait à son époque… Et d’abord, comment allait sa mère ? Ginny ne pouvait s’empêcher d’être peinée en imaginant le sang d’encre qu’elle devait ce faire. Elle espérait que l’horloge ne mettait pas le portait de Ron et d’elle-même à « danger de mort » sinon sa mère ne s’en remettrait pas… Oh, comme son époque lui manquait ; sa famille lui manquait, ses amis lui manquaient, sa maison lui manquait… Aucun doute qu’elle avait le mal temporel, mal qui s’amplifiait quand elle pensait que là-bas, à Poudlard, l’endroit ou jusqu’alors elle s’était sentie le plus en sécurité, vivait cet être auquel elle n’arrivait pas d’arrêter de penser…
Non il ne fallait pas qu’elle le laisse gagner cette guerre dont il n’était même pas au courant. Secourant la tête d’un air lasse, elle sortie ses achats pour les examiner vaguement, buvant par moment une gorgée de bièraubeurre pour se changer les idées. Elle n’avait pas vraiment fait attention au quelques clients présent dans la salle, ne voulant pas s’inquiéter un peu plus, et ne fit pas non plus, plus attention que cela quand elle entendit la porte s’ouvrir, personne de Poudlard ne venait ici, ou si peu. Aller, avec un peu de chance elle ne connaissait pas la personne entrant si jamais elle était de Poudlard… Il n’y avait toujours aucun bruit, aucun bruit à part celui de la pluie qui tombait dehors, ne semblant ne plus jamais vouloir s’arrêter…