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 Et avoir à coeur d'être à la hauteur | Tibérius, Nigel

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Thaddeus Yaxley
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Message#Sujet: Et avoir à coeur d'être à la hauteur | Tibérius, Nigel   Et avoir à coeur d'être à la hauteur | Tibérius, Nigel Icon_minitimeMer 23 Sep - 21:33

La réconciliation des frères Yaxley, à la faveur du repas du nouvel an, avait eu, entre autres effets, celui de relancer leurs projets littéraires. L’idée d’une oeuvre commune était restée au point mort plusieurs semaines durant, ces semaines que les deux frères avaient passées à se regarder de travers. Thaddeus avait jeté sur un coin de son bureau ses brouillons, en se jurant bien de ne plus jamais y toucher. Il ne les avait pas détruits, toutefois - signe qu’il espérait toujours une réconciliation et le redémarrage de cet exaltant projet avec Tibérius. Si bien que lorsque ce moment était arrivé, il n’avait eu qu’à tendre la main (la gauche, la droite étant endolorie suite à un contact un peu rugueux avec la mâchoire d’un cousin importun) pour les reprendre. Thaddeus s’enflammait aussi rapidement qu’il se démotivait, et il s’était remis au travail avec un enthousiasme qui faisait plaisir à voir. Il avait pris plusieurs journées de congé pour avancer plus vite, mais même lorsqu’il travaillait, son esprit était entièrement occupé par cette oeuvre. Comme s’il voulait prouver à Tibérius qu’il ne gardait aucune rancune, aucune arrière-pensée à son égard, il s’efforçait de rattraper le temps perdu durant leurs semaines de brouille. Preuve, s’il en était, que lorsqu’il s’en donnait la peine, il pouvait être sacrément efficace.

Et enfin, le grand jour était venu. Tibérius était entré un soir dans le salon où son frère corrigeait des brouillons, pour lui annoncer qu’ils avaient rendez-vous avec Nigel Greengrass, éditeur de son état. Un éditeur. Pour un poète maudit comme Thaddeus, le mot sonnait comme une promesse. Il n’avait jamais pu faire éditer la moindre ligne de ses écrits, hormis, du temps de leur folle jeunesse, cette bluette pornographique écrite avec Tibérius. Apparemment, cela intéressait davantage les maisons d’édition que la poésie ou même que les romans un peu fantasques du cadet Yaxley. Un éditeur… Thaddeus n’aurait pas été plus impressionné si Tibérius avait ramené un dragon tenu en laisse. Il était si désireux d’aller contempler de plus près cette espèce rare qu’on nommait éditeur qu’il avait promis tout ce que son frère avait voulu qu’il promette, notamment de ne pas parler à tort et à travers. Car Thaddeus était du genre à se lancer dans d’interminables digressions sur le romantisme à l’ère post-capitaliste, voire sur le capitalisme à l’ère post-romantique, et même, si l’occasion s’en présentait, sur le romantisme à l’ère post-romantique. De quoi faire fuir n’importe qui, y compris un homme de livres comme Nigel Greengrass.

C’est donc empli de bonnes résolutions, et une serviette de cuir pleine de ses brouillons, qu’au jour dit, Thaddeus rejoignit son frère aîné devant la cheminée du bureau de ce dernier. Ils avaient choisi d’utiliser la poudre de cheminette pour gagner le Chemin de Traverse, pour ne pas exposer leurs documents à un toujours possible accident de transplanage. Le cadet Yaxley plongea sa main dans un pot contenant la poudre de cheminette, et, un sourire aux lèvres, interrompit Tibérius qui ouvrait la bouche :


-Oui, je sais, je me tais. Tu me l’as répété mille fois. Chemin de Traverse !

Lorsque son frère le rejoignit au Chaudron Baveur, Thaddeus rajustait sa cape et sa cravate. Soucieux de faire bonne impression, autant aux yeux de Tibérius qu’à ceux de Greengrass, il avait renoncé à toute fantaisie vestimentaire. Ainsi accoutré, il avait l’air d’un employé du département de la Justice Magique. Un juge, par exemple, songea-t-il, presque dépité, en croisant son reflet dans un miroir. Une image qu’il s’employait d’ordinaire à combattre de toutes les manières.

-Je te suis, lança-t-il à son frère, chassant de son esprit les considérations relatives à son apparence.


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Tibérius Yaxley
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Message#Sujet: Re: Et avoir à coeur d'être à la hauteur | Tibérius, Nigel   Et avoir à coeur d'être à la hauteur | Tibérius, Nigel Icon_minitimeVen 2 Oct - 0:10



Et avoir à coeur d'être à la hauteur
Thaddeus, Nigel & Tibérius
La vie de Tibérius Yaxley est une sorte de course constante. De juge, il saute au rôle de chef de famille, avant de prendre celui de gentleman farmer et d’entrepreneur, à l’occasion, en passant par le rôle de militant politique, voire de révolutionnaire, et en assumant en parallèle celle de frère et d’ainé. Qu’importe, il aime ça :  Tibérius aime le mouvement, l’activité, le progrès. Le reste c’est de la stagnation, de l’inactivité, et une perte de temps totale et incompréhensible pour lui. Il n’y a que les oisifs, qu’il méprise royalement parce qu’ils ne contribuent en rien à l’avènement de la société sang pure et à la grandeur de la sorcellerie, qui peuvent se permettre de l’être. Autant dire que ce rendez-vous avec Nigel Greengrass est plus que satisfaisant, et à plus d’un titre, pour Tibérius. D’abord, parce qu’il aime particulièrement écrire et que malgré l’habitude, il ne s’est jamais départi de l’excitation de se lancer dans un nouveau projet littéraire. D’autant plus que cette fois, c’est avec son frère, et c’est la seconde raison de sa satisfaction. Voir Thaddeus travailler ainsi fait extrêmement chaud au cœur au juge : c’est que son frère vaut mieux, de son point de vue, que la façade de poète maudit qu’il essaye de se donner. Yaxley a toujours un peu peur que son cadet n’entre, justement, dans le clan des oisifs inutiles, ce qui serait un pur gâchis selon lui. Si Thaddeus se révélait au travers de ce projet, ce serait une grande victoire pour Tibérius. Et puis, il est heureux de pouvoir travailler avec son frère, simplement parce que, il y a quelques temps encore, cela aurait été tout simplement inenvisageable. Aussi, il a fait beaucoup d’efforts, faisant preuve d’une attitude conciliante inhabituelle chez lui, laissant Thaddeus travailler un peu comme il voulait, s’autorisant de grandes discussions littéraires avec son frère par moment. Ça ne lui a même pas couté : en bon anciens Serdaigle et intellos de service, ils partagent les mêmes références, et parfois même le mode de pensée.

Quand vient l’heure du rendez-vous, c’est donc d’excellente d’humeur qu’il rejoint Thaddeus. Le commentaire de son frère ne lui tire rien d’autre qu’un sourire indulgent. Au fond, Tibérius est sûr que son cadet est tout à fait capable de s’en sortir, pour peu qu’on l’aide : quand bien même il croit profondément aux capacités des membres de sa famille, verbaliser cela, et surtout laisser les choses se faire en dehors de son contrôle, c’est proprement hors de question. Cette manie de tout contrôler l’isole, sa dispute récente avec Gaia le montre encore, mais Tibérius ne s’en rend pas compte. Se confier est inenvisageable, on ne lui a pas appris à faire ça. Et il en va de même pour sa relation avec Rose, dont il n’a pour l’instant strictement rien dit à sa famille, ce qu’il faudrait qu’il fasse : après tout, il ne peut pas demander à Thaddeus de s’excuser auprès du patriarche Selwyn s’il ne lui dit rien. Mais peut-être est-il d’autant plus récalcitrant à replonger dans les ennuis en tout genre qu’il apprécie le secret et l’intimité dont il bénéficie avec Rose. Peut-être aussi qu’il ne veut pas d’une nouvelle querelle avec son frère.

Songeant d’ailleurs qu’il pourrait faire la surprise à Rose de venir la chercher un soir au Ministère pour l’emmener diner, Tibérius franchit la cheminée du Chaudron Baveur et ouvre la voie à son frère à travers celui-ci, puis sur le Chemin de Traverse : « Bon. Normalement, on part avec un a priori favorable. Il a l’habitude de ce que j’écris, il ne sera pas surpris. » Expose-t-il en marchant. Fendant la foule, il ne se soucie guère de rentrer dans les gens, dont il estime qu’ils doivent s’écarter et lui laisser la place. « C’est là. » Indique-t-il presque inutilement, une fois devant chez Obscurus Books. Il faut dire que même pour lui, la situation est un peu stressante : mais quel écrivain n’est pas stressé lorsqu’il vient présenter un manuscrit, ou une simple idée, à son éditeur ? Rajustant sa cravate nerveusement, Tibérius ne daigne pas s’assoir lorsque la secrétaire leur indique la salle d’attente, et préfère resté debout pour fumer. Nerveusement, il guette l’arrivée de Greengrass. Il n’y a aucune raison que ça se passe mal, pourtant : les livres de Tibérius se vendent bien, on lui fait confiance chez Obscurus. Quant à Nigel, il le connait depuis longtemps, aussi bien lui que sa sœur, et il a toujours apprécié la clarté de vue de son éditeur, quoique parfois obscurcie par la recherche (méprisable) du profits, comme lorsqu’il édite un type aussi nul que Henry Fitz. Mais dans l’ensemble il songe que le courant passera bien avec Thaddeus.

D’ailleurs, voilà ledit éditeur qui arrive, et Yaxley se lève pour aller à sa rencontre. « Ah, bonjour, Nigel, comment ça va ? Et les dernières ventes ? Bonnes, j’espère ? » Il serre la main de Greengrass, et d’un geste amical, il désigne son frère, l’invitant à s’avancer : « Tu connais déjà Thaddeus, peut-être ? Nigel, je te présente Thaddeus, mon frère. Thadd’, je te présente Nigel Greengrass, mon éditeur. » Avec un sourire fin, le juge ajoute d’un ton qui se veut léger, comme s’il était sûr de lui « Le nôtre, si le projet lui plait, et il a le droit de vie et de mort dessus. » Puis se tournant de nouveau vers Nigel : « Quand tu veux, du coup. Merci de nous recevoir, en tout cas. » Alors qu’ils suivent l’éditeur, il glisse à Thaddeus, en aparté : « Comment est-ce que tu veux faire ? Je fais la partie politique et arguments de vente, je te laisse la partie littéraire ? » Marque de confiance réelle, s’il en est, il lâche du lest de façon inédite.
(C) CANTARELLA.

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Message#Sujet: Re: Et avoir à coeur d'être à la hauteur | Tibérius, Nigel   Et avoir à coeur d'être à la hauteur | Tibérius, Nigel Icon_minitimeVen 2 Oct - 18:45


Et avoir à cœur d'être à la hauteur
N

igel Greengrass n'avait jamais été réfractaire au népotisme, et pour cause, c'était une pratique bien trop courante dans son milieu pour qu'il s'en formalise. Il n'estimait pas moins faire mal son travail en simplifiant l'accès à ses bureaux au frère de Tibérius sous le prétexte qu'il éditait ce dernier depuis des années à présent. Par ailleurs, il avait toute confiance en lui. Il arrivait que le lien de fraternité vous aveugle parfois au-delà du raisonnable (et Nigel en faisait quelques fois les frais avec sa soeur jumelle - et réciproquement), mais il avait foi dans la capacité de jugement de Tibérius, qui n'irait pas lui présenter son frère si ce dernier ne possédait pas ne serait-ce qu'un fragment de talent exploitable.

Par ailleurs, le simple nom de Tibérius Yaxley suffisait à présent à faire vendre, du moment que  celui-ci était mis en valeur, alors Nigel avait tout intérêt à s'y intéresser de près. Rendez-vous avait été pris, par conséquent, dans les délais les plus brefs, et Nigel était à présent curieux de faire la connaissance de Thaddeus Yaxley, qui, si tout se passait comme chacun l'escomptait, verrait son nom s'ajouter au catalogue des auteurs d'Obscurus Books.

Il ne mit pas longtemps à accueillir le duo quand sa secrétaire lui apprit que les Yaxley étaient arrivés. Tibérius fut le premier à prendre la parole, et Nigel lui adressa une poignée de main ferme et amicale, se contentant de hocher la tête sans entrer dans les détails quand il s'enquit de l'état des ventes. Pour ce qui était des siennes, il n'avait aucun souci à se faire, et pour le reste, Obscurus était une affaire qui marchait. Nigel n'avait d'autres choix que de se plier aux règles du milieu et de s'intéresser à la publication de titres qu'il estimait moins intéressants mais susceptible de se vendre, mais les considérations financières n'avaient jamais été son fort, peut-être parce que sa fortune personnelle, qu'il ne devait qu'aux sommes accumulées par les Greengrass qui l'avaient précédé, rendait la notion d'argent assez abstraite pour lui, finalement, et hors de ses considérations, auxquelles il préférait privilégier son amour des belles lettres.

-Enchanté, Thaddeus
, dit-il en adressant au frère de Tibérius un franc sourire tout en lui serrant la main à son tour. J'ai beaucoup entendu parler de vous.

Plus ou moins. Il avait entendu parler de lui, en tout cas, et c'était suffisant pour jouer l'emphase : ce qu'il lui faudrait connaître de lui, dans tous les cas, il l'apprendrait au cours de cet entretien, et ce serait ce qui importerait. Il invita les deux frères à s'installer dans son bureau et demanda à sa secrétaire de leur préparer thé ou café, à leur convenance. Il n'y avait aucun besoin de faire de cette conversation un interrogatoire ou quelque chose de trop formel, Nigel avait toujours préféré la décontraction à la rigueur (ce qui lui avait déjà posé quelques problèmes), et par ailleurs, il estimait que, peu importe l'issue de leur entretien, ils étaient entre amis.

-Je vous écoute. Parlez-moi plus en détails de votre projet.

Autant commencer par là et aviser ensuite.

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Message#Sujet: Re: Et avoir à coeur d'être à la hauteur | Tibérius, Nigel   Et avoir à coeur d'être à la hauteur | Tibérius, Nigel Icon_minitimeMar 6 Oct - 21:37

D’ordinaire, Thaddeus s’adaptait avec facilité à toutes les situations, à toutes les rencontres. Son éducation lui avait donné tous les codes pour se mouvoir avec aisance dans les contextes les plus divers ; ajoutez à cela une personnalité sociable et même réellement portée sur les mondanités, et vous obtenez un jeune homme qu’aucun événement de la vie sociale normale ne semble pouvoir déstabiliser. Jusqu’à l’entrée du siège d’Obscurus Books, c’est d’ailleurs cette impression qu’il avait donnée, plaisantant avec Tibérius et observant d’un oeil critique les articles présentés dans les vitrines.

Puis les deux frères étaient entrés dans le bâtiment, et Thadd avait semblé redevenir un petit garçon. Soudain silencieux, il détaillait du regard chaque élément du décor ; les sièges, les tableaux au mur, la demoiselle qui les accueillait sur un ton un peu lointain. C’était donc là. L’endroit, si banal qu’il fût, avait quelque chose d’intimidant. Chaque porte semblait cacher l’antre d’une créature maléfique, d’un monstre mangeur d’auteurs maudits - c’était du moins ce que l’imagination débordante de Thaddeus voyait. Il faut dire que ses velléités poétiques, romanesques, théâtrales, ou de toute autre nature littéraire, s’étaient toujours heurtées à des refus même pas polis. Ça ne nous intéresse pas. Merci de ne plus nous importuner. Difficile, après tout cela, de ne pas éprouver une sorte d’appréhension en se rendant chez un éditeur. Et pas n’importe quel éditeur : Obscurus Books était la maison d’édition sorcière par excellence, une sorte de monument. D’où l’extrême circonspection du cadet Yaxley, qui s’assit sagement sur une chaise, en s’efforçant de prendre le moins de place possible, et poursuivit son observation silencieuse tandis que Tibérius fumait. Ce type fumait décidément beaucoup trop. Thaddeus considéra la possibilité de le lui faire remarquer, mais préféra renoncer. Leur réconciliation était encore trop récente pour cela.

Et enfin, il apparut. L’éditeur. Le Nigel Greengrass. Thaddeus fut légèrement déçu en le découvrant. Il s’était imaginé une sorte de très gros et très vieux bonhomme, tout droit sorti du dix-neuvième siècle, avec un monocle et un col cassé. Et voilà qu’un type tout à fait normal se pointait, avec des manières tout à fait contemporaines. Pas beaucoup plus vieux que Thadd lui-même. Arnaque. Le cadet Yaxley mit de côté sa naïve déception pour serrer la main de Greengrass, non sans jeter un coup d’oeil anxieux à son frère. Il a beaucoup entendu parler de moi. Qu’est-ce que tu lui as raconté ?


-Enchanté, monsieur Greengrass,
répondit-il d’une voix un peu plus sourde qu’à l’accoutumée.

Tandis qu’ils suivaient Nigel vers son bureau, Tibérius proposa à son frère une répartition des rôles que celui-ci accepta d’un signe de tête. La partie littéraire, cela lui convenait à merveille. C’est donc tout naturellement qu’il prit la parole en premier lorsque Greengrass demanda à en savoir davantage sur leur projet.


-Eh bien… Tibérius et moi-même avons imaginé une saga historique, l’histoire d’une famille sorcière sur trois générations, au tournant du seizième siècle. Nous nous sommes inspirés de nos propres archives de famille. Les Yaxley de cette époque étaient de simples propriétaires terriens presque comme leurs voisins moldus, à quelques différences près - par exemple, le fait qu’ils labouraient leurs champs magiquement a pu leur attirer quelques jalousies. Leur histoire est très représentative de l’émergence d’une identité sorcière dans l’Angleterre de l’époque, sur fond d’hostilité moldue et de bûchers. C’est ce que nous voulons retranscrire dans ce livre, ou plutôt dans ces livres. Actuellement, nous avons prévu trois tomes, chacun axé sur un personnage principal. J’ai apporté un plan succinct de chacun des tomes, si vous souhaitez y jeter un coup d’oeil, monsieur Greengrass.

En parlant, Thaddeus semblait avoir retrouvé son assurance. Il avait toujours aimé les débats littéraires, au point d’en oublier qu’il était intimidé par ce monsieur Greengrass, par son bureau où devait se cacher le monstre mangeur d’écrivains, et par son droit de vie et de mort sur leur projet.
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Tibérius Yaxley
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Message#Sujet: Re: Et avoir à coeur d'être à la hauteur | Tibérius, Nigel   Et avoir à coeur d'être à la hauteur | Tibérius, Nigel Icon_minitimeLun 19 Oct - 0:50



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Thaddeus, Nigel & Tibérius
Ce qu’il a dit à Nigel de son frère ? Pas grand-chose, selon Tibérius, qui hausse les épaules sans rien ajouter quand son cadet l’interroge du regard.  La vérité, seulement, de son point de vue, et si on lui disait qu’il s’agit d’un beau compliment de la part d’un écrivain à un autre écrivain, il le nierait ou ne s’en rendrait pas compte – il faut dire que Tibérius n’est guère familier des bons mots, des compliments et des démonstrations d’affection. Pourtant, intellectuellement, il a toujours tenu son frère en haute estime, et ce d’autant plus que maintenant, avec ce projet, le juge voit Thadd à l’œuvre pour de bon. Ce qu’il a dit à Nigel, donc, c’est que Thaddeus sait écrire,  et que c’est son frère : deux choses, qui de son point de vue, sont amplement suffisante pour justifier que son éditeur fasse confiance aux talents d’écrivains de son cadet. En vérité, il ne saurait dire si Greengrass a véritablement retenu tout cela, car l’éditeur voit et lit beaucoup d’auteurs différents, mais a minima, il ne parait pas hostile, et c’est déjà très bien.

Laissant une initiative relative à son cadet, Tibérius s’installe en silence, heureux de la tournure que prennent les choses, et se fait servir un café, écoutant de façon étonnement silencieuse la conversation qui se fait pour l’instant sans lui. D’un côté, il observe du coin de l’œil le visage de Greengrass, qui parait poliment intéressé et attentif, sans qu’il puisse vraiment dire si cela signifie qu’il s’agit d’une expression favorable ou non à leur projet. De l’autre, il hoche de temps en temps la tête, approbation silencieuse de la description de son cadet. Peut-être devrait-il réfréner les ardeurs de Thadd, qui l’agacent parfois, mais le voir si enthousiaste pour la littérature qu’ils écrivent ne peut que le ravir – c’est qu’un moment, qu’ils écrivent ensemble n’était pas gagné. Non seulement Tibérius est sincère lorsqu’il dit qu’il écrit bien (sinon, il ne râlera pas après autant de laisser aller) : au fond, ils raisonnent et écrivent un peu de la même manière, quoique sur des sujets différents. Ils ne sont pas les deux Serdaigle de la famille pour rien, au fond. Au fond, Tibérius est à sa manière un autre original : revêche, sévère, difficile à vivre, mais il l’est tout autant que Thaddeus. En témoigne sa mentalité de prêcheur et son obsession politique pour ce qui relève du mal nécessaire à la grandeur de la Sorcellerie, à savoir la domination sang pure. Et c’est immédiatement à cela que le mène son argumentaire lorsque vient son tour de prendre la parole. « Thaddeus a tout dit sur le plan littéraire, alors je n’ai pas grand-chose à ajouter. Je pense que ça peut avoir son succès, de mon côté. C’est un registre très différent de ce que j’écris normalement, naturellement, mais Thadd est bien plus doué que moi pour ça donc je ne pense pas que ça posera problème. En termes de style je sais ce qu’il vaut et il est bien meilleur que moi pour la fiction, ou disons, le romanesque. » Ce qui est conforme à la répartition de leur rôle et ce qui est un vrai compliment : pour Tibérius, la fiction est une perte de temps, il préfère le réel, mais si la fiction peut façonner le réel, tout est bon à prendre, et autant s’assurer l’aide des meilleurs. Thaddeus, en l’occurrence. Lui, il n’a qu’à donner son propre argumentaire : mécanique, scientifique, tenant toujours à la recherche du salut. « Pour la partie politique, tu connais mon cheval de bataille, mais je pense que l’opinion publique a besoin de héros dans lesquels se reconnaitre, et s’identifier. Finalement, ce sont des enjeux très actuels, l’attitude des moldus n’a pas tellement changé à notre encontre, et nous sommes confrontés à autant d’épreuves qu’au début du XVIe. Il faut pousser les gens à comprendre qu’ils peuvent agir, et qu’il y a des idéaux à défendre ; et que si d’autres l’ont fait avant eux, ils peuvent le faire aussi. » Voilà ce qu’il fait à chacun de ses livres. Simplement, il ne s’adresse pas ici au même public et Nigel ne tardera pas à le comprendre : il veut toucher d’autres gens que des lecteurs convaincus et avertis. La masse, en somme. « C’est une histoire qui mérite d’être connue, si tu veux mon avis, parce qu’elle dit quelque chose de ce qu’on est, nous les Sorciers, et pas seulement notre famille, et je crois – nous croyons - qu’il y a quelque chose à dire de ça. » En ce sens, c’est bien une vraie démarche littéraire : et c’est parce qu’elle l’est et qu’elle le passionne à la fois pour son but et comme exercice de style que Tibérius l’a proposé à Thaddeus. « Tu sais comme le public aime l’héroïsme. Je ne crois pas que ce soit un tort. L’héroïsme, quand il est bien écrit, est une bonne chose. Et là, tu me connais, et je connais Thaddeus. Ça le sera, bien écrit. » Si avec ça il ne convainc pas, c’est qu’il aura manqué quelque chose – ou que la lueur presque passionnée, presque folle, qui anime son regard alors qu’il parle aura pour une fois effrayé Nigel au lieu de l’enthousiasmer.
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Message#Sujet: Re: Et avoir à coeur d'être à la hauteur | Tibérius, Nigel   Et avoir à coeur d'être à la hauteur | Tibérius, Nigel Icon_minitimeLun 19 Oct - 19:03


Et avoir à cœur d'être à la hauteur
L'

idée en elle-même avait totalement de quoi séduire Nigel par plus d'un aspect, et si le projet se révélait aussi magistral que ce qu'en disaient les frères Yaxley, alors le projet pouvait non seulement être viable, mais qui plus est rencontrer son petit succès éditorial. Le nom de Tibérius serait un atout, il avait déjà son lectorat initial, mais ce serait en effet l'occasion d'élargir ce même lectorat. Un livre qui pouvait se lire autant pour sa portée romanesque que pour son sous-texte politique. Certains avaient besoin de belles lettres, de paraboles, pour être aiguillés politiquement, on négligeait bien souvent le pouvoir de l'identification et de l'empathie sur ses propres convictions. Et dans un monde en perte de repères, Nigel ne pouvait en rien contredire l'aîné des deux frères : oui, ce monde avait besoin de héros, leur monde, celui des sorciers. Entre le pragmatisme de Tibérius et la confiance naturelle que l'éditeur plaçait en lui et l'enthousiasme manifeste de Thaddeus, Nigel était prêt à se laisser convaincre... Mais il lui faudrait plus, évidemment, qu'un simple argumentaire tel que celui-ci pour prendre sa décision.

-L'idée est intelligente, et une oeuvre d'une telle envergure pourrait aisément trouver sa place dans nos collections, voire même rencontrer un large succès, surtout si ton nom est mis en avant, Tibérius.
Il tourna son regard vers Thaddeus. N'y voyez aucune offense, c'est malheureusement l'une des nombreuses lois cruelles de l'édition. Mais l'avantage qu'ils avaient, bien sûr, c'était celui de porter le même nom de famille. Je crois sans difficulté votre frère quand il loue votre talent d'écriture, je sais qu'il est un juge très sévère en matière de littérature, et je veux penser qu'il n'est pas de nature à se laisser aveugler par votre lien fraternel. Malgré tout, en plus du plan que vous avez apporté - et auquel je serais ravi de jeter un coup d'oeil tout de suite -, j'aimerais pouvoir disposer d'un échantillon de votre style. Même si vous n'avez jamais été publié, j'ose imaginer que vous avez tout de même l'un ou l'autre texte à me présenter qui me permettrait de me faire une meilleure idée de votre plume.

Puisqu'il connaissait très bien Tibérius et travaillait avec lui depuis longtemps, il lui faisait confiance. Il ne cherchait pas à remettre sa parole en question, loin de là, mais il pouvait à ce jour se permettre de faire preuve d'une certaine exigence, et il y comptait bien en effet. Quitte à produire une saga littéraire de grande envergure, il fallait s'assurer qu'elle puisse être d'une irréprochable qualité. Pour cela, le talent, le vrai, devait être au rendez-vous, sans aucune équivoque.

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Message#Sujet: Re: Et avoir à coeur d'être à la hauteur | Tibérius, Nigel   Et avoir à coeur d'être à la hauteur | Tibérius, Nigel Icon_minitimeLun 26 Oct - 18:24

Une fois le projet littéraire succinctement présenté, Tibérius prit le relais pour aborder l’aspect politique. Thaddeus n’eut garde de participer à cette partie de la conversation ; la politique, cela ne l’intéressait pas. C’était le dada de son frère aîné, qui affirmait volontiers que tout était politique, et lui reprochait à l’occasion son indifférence pour cette noble activité de l’esprit. La politique, c’est ce qui différencie l’homme de la bête, avait entendu Thaddeus une fois. C’était un peu exagéré, avait-il estimé ; le champagne aussi pouvait prétendre à cette distinction. Il n’avait jamais osé servir cette plaisanterie douteuse à son frère, pour ne pas s’attirer ses foudres. Tibérius manquait singulièrement d’humour lorsqu’on touchait à ses sujets de prédilection. En silence, Thadd laissa donc le grand développer son argumentaire, sans vraiment écouter. Il avait déjà eu droit mille fois à ce couplet, et il ne le trouvait pas plus convaincant à la mille et unième. Lui se contrefichait de produire une oeuvre politique. S’il s’était laissé séduire par ce projet, c’était uniquement pour le défi littéraire qu’il représentait, et aussi pour l’opportunité de retravailler à quatre mains avec son frère. Leur première collaboration - une pochade érotique, publiée sous pseudonyme - lui avait laissé un bon souvenir, celui de moments de complicité qu’il espérait bien retrouver avec ce nouveau projet. Mais il fallait vraiment s’appeler Tibérius pour essayer de mettre de la politique dans l’histoire d’une famille de sorciers du seizième siècle.

Peu soucieux de contrarier les marottes de son frère, Thaddeus le laissa donc aller au bout de son explication, profitant de ce répit pour observer le bureau de Greengrass. Cela débordait de livres, de parchemins, sur chaque étagère, en pile sur le sol, partout. Cela donnait envie d’aller fouiner, lire toutes ces pages, et surtout les manuscrits, ceux qui ne seraient peut-être jamais des livres. Thaddeus en avait un bon stock dans sa chambre, soigneusement rangés, et jamais lus par personne. Des poèmes. Du théâtre. Des romans. Des essais. Il n’y avait pas de genre qu’il n’eût exploré, mais il n’avait qu’à quelques reprises trouvé le courage d’adresser ses écrits à des éditeurs. La plupart de ses oeuvres n’étaient connues que de lui seul - et, paradoxalement, les seules qui fussent connues du public étaient celles qu’il n’avait pas signées de son nom, parce qu’écrire des chansons populaires ne lui semblait pas digne d’un Yaxley.

Ah, Tibérius avait fini. Le son de la voix de Greengrass tira Thaddeus de sa rêverie. Il était temps de se concentrer à nouveau. L’éditeur ne semblait pas négatif, ce qui rendait un peu confiance au cadet Yaxley. Il consulta son frère du regard, pour essayer de savoir si celui-ci partageait son sentiment, sans oser prolonger ce coup d’oeil au-delà d’une ou deux secondes ; Greengrass demandait à voir leur plan, et également un échantillon des productions de Thadd. En vitesse, celui-ci ouvrit la serviette de cuir qu’il avait apportée, et en tira tout d’abord une liasse de parchemins reliée d’un ruban bleu, qu’il déposa devant Nigel :

-Bien sûr, bien sûr… voici déjà le plan détaillé de notre projet… et puis… (il hésita un instant avant de sélectionner deux autres liasses, chacune reliée d’un ruban de couleur différente) quelques pages de ma production. Une nouvelle, en entier, et un extrait d’un roman.

Il avait apporté pas moins de dix de ses brouillons, incapable de se décider, et à présent qu’il en avait choisi deux, il regrettait déjà d’avoir donné ceux-là à Greengrass. Sans doute aurait-il dû lui faire lire un extrait de sa meilleure pièce de théâtre, ou peut-être de cet essai littéraire sur lequel il avait passé tant d’heures. Il était trop tard, néanmoins. Il baissa les yeux, avec la curieuse impression d’avoir déposé sur le bureau non pas des parchemins, mais l’intégralité de ses vêtements. Jamais il ne s’était senti aussi nu, aussi vulnérable qu’à cet instant. Il se mit donc à contempler le parquet, incapable de croiser le regard de Greengrass ou même celui de Tibérius.
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Message#Sujet: Re: Et avoir à coeur d'être à la hauteur | Tibérius, Nigel   Et avoir à coeur d'être à la hauteur | Tibérius, Nigel Icon_minitimeLun 2 Nov - 23:03



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Un moment, l’entretien garde un tour que Tibérius comprend à peu près : l’éditeur qui demande à voir des échantillons, des manuscrits, c’est classique, ça se passe toujours comme ça et ça se passera toujours comme ça. Même pour lui qui connait bien Nigel, il se plie à la coutume, sans rechigner : il aime débattre littérature et politique. A vrai dire, Yaxley aime débattre tout court, au point même de préférer parfois celui avec des adversaires, pour prouver qu’ils ont tort, mais peut-être aussi parce qu’il ne supporte pas la tiédeur ou ceux qui disent la même chose que lui mais moins bien. Autant dire que la joute littéraire lui plait et qu’aimer défendre un livre, un projet, un essai, n’importe quel écrit, devant un éditeur il aime ça et qu’il ne pourrait guère reprocher à Thaddeus de le faire. Seulement les choses s’éternisent et les manuscrits s’accumulent. Etouffant un soupir, il songe que c’est trop et trop long : Nigel pourrait bien juger sur un manuscrit – ce qui est sûrement faux et Thaddeus a peut-être raison : on ne peut pas bien juger un auteur en cinq pages, c’est injuste. Seulement, si Yaxley aime la littérature, il est ici comme politiste et il n’a jamais été réputé pour sa patience. S’il dit que le style de Thaddeus est bon – et cette tête en l’air n’a même pas relevé le compliment, voilà pourquoi en exprimer ne sert à rien – c’est qu’il l’est. Surtout, Nigel a l’habitude et le juge songe qu’il n’a peut-être pas autant besoin de tout ce papier. Encore moins de l’attitude de diva de Thaddeus – mais ça c’est peut être sa propre impatience, légendaire et incorrigible qui parle. Cependant, il ne saurait trop reprocher à son frère son enthousiasme : il n’a failli pas venir, le laisser tomber, et ça Tibérius l’aurait regretté.

Malgré sa froideur, il aime son frère. Lorsqu’il dit qu’il est un bon écrivain, il le pense : on peut même être sûr du poids du compliments tant Tibérius répugne à mentir et à la flatterie. Et puis il est habitué aux frasques fantasques de Thadd, alors il relativise : « Voilà. Je t’ai amené un vrai génie, et comme tous les génies, on les reconnait au fait qu’ils sont un peu dans la lune. » Sourit-il en direction de Nigel, renfoncé dans son fauteuil, derrière sa cigarette. Est-ce un compliment, là encore, pour son frère, ou une réprimande ? Un peu des deux, peut-être. Il a gardé de bons souvenirs de leurs sessions d’écritures, potaches et grivoises, mais il trouve désolant que Thaddy n’ait pas publié grand-chose de plus, ou en tout cas rien qui soit à la mesure de son talent : pertes de temps et errances littéraires, quel dommage. Il a l’impression que son frère gâche une grande carrière d’écrivain, ou ce qui semble une grande carrière d’écrivain au juge : c’est sincère, et bien intentionné, sans doute, mais la sincérité et les bonnes intentions chez Tibérius Yaxley tendent à la tyrannie et à l’oppression. Enfin, de son point de vue, il joue les redresseurs de torts et il espère que Nigel le verra ainsi lui aussi, ce à quoi il s’emploie à le convaincre : « Et malgré ça, je n’ai jamais réussi à le convaincre d’en montrer plus à des éditeurs, ou d’écrire avec moi. Je le regrette, ça fait des années que nous aurions du le faire, et j’aime assez l’idée qu’on rattrape une occasion manquée. » Greengrass n’a peut-être pas besoin de savoir pour leurs exploits précédents. « Ça aurait permis de te montrer quelque chose de plus abouti, même si je vois que Thaddeus m’a dépassé dans la préparation. Je suis impressionné. » Et effectivement, c’est impressionnant. Tentant de jauger son effet sur son ami éditeur, et appréhendant tout de même un peu, Yaxley se risque à demander : « Est-ce qu’on peut avoir ton verdict maintenant ? Ou tu veux prendre le temps de la réflexion ? » Il ne va pas dire non, tout de même ?

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Message#Sujet: Re: Et avoir à coeur d'être à la hauteur | Tibérius, Nigel   Et avoir à coeur d'être à la hauteur | Tibérius, Nigel Icon_minitimeMar 3 Nov - 18:04


Et avoir à cœur d'être à la hauteur
N

igel récupéra les liasses de parchemins que Thaddeus devait lui tendre, bien que nouveau dans le milieu de l'édition, il avait immédiatement eu les bons réflexes. C'était une bonne chose. Ce n'était pas forcément suffisant, bien sûr, mais c'était plutôt bon signe malgré tout. Il allait pouvoir se faire une idée plus précise de la qualité d'écriture du plus jeune des deux frères Yaxley. Accepter de l'associer à un projet auquel il pourrait tout à fait décider de déjà accoler l'un des auteurs de son écurie, cela exigeait qu'il ait plus à faire valoir que son seul nom, même si ce dernier ne manquerait pas d'exciter l'intérêt du lecteur potentiel.

La collaboration des deux frères serait un argument de vente que l'éditeur n'hésiterait pas à faire valoir. Nigel feuilleta les parchemins avec précaution afin d'éviter de les froisser ou les abîmer, lut plus attentivement quelques paragraphes çà et là. Il allait falloir qu'il s'y penche plus sérieusement, chose qui ne serait possible qu'une fois que les deux frères auraient quitté son bureau, mais de ce qu'il entrapercevait, Thaddeus Yaxley n'avait pas grand-chose à envier à nombre d'auteur qui s'étaient assis à la place où il se trouvait à présent et qui avaient signé avec lui de juteux contrats d'édition.

Nigel répondit au sourire de Tibérius par un autre quand ce dernier observa que tout auteur talentueux qu'il était, et justement parce qu'il était, Thaddeus était bien souvent dans la lune. C'était en effet le défaut de nombreux artistes et écrivains. Nigel avait rarement envie de leur en tenir rigueur car il aimait justement ces personnalités rêveuses et désordonnées, ces esprits en ébullition qui se perdaient dans l'acte créateur et en oubliaient parfois d'être plus terre à terre ou méthodiques... Ces auteurs-là étaient bien souvent les plus talentueux, mais malheureusement pas les plus fiables. Mais pour ce qui était de la fiabilité des deux auteurs, Nigel savait qu'il n'avait pas d'inquiétude à se faire. Tibérius avaient toujours été respectueux des délais et particulièrement méticuleux, il saurait sans doute l'être pour deux.

-J'aimerais prendre le temps de lire ceci plus attentivement
, dit-il en appuyant le plat de son index sur les parchemins sur son bureau. Mais j'en fais une priorité, vous aurez mon retour dès demain, ce qui me laissera le temps d'y ajouter mes éventuelles observations. Ce n'est cela dit qu'une formalité. De ce que je devine de ce projet et de vos talents combinés, je commettrais une terrible erreur de jugement si je vous laissais frapper à la porte de la concurrence. Il marqua une pause. Dans l'hypothèse plus que probable où mon retour serait favorable, quand pensez-vous être capable de me remettre une première épreuve complète de ce manuscrit ?

Le projet était viable, il le serait sans grand nom pour le faire valoir, mais celui de Tibérius ne le rendait que plus engageant. Il se serait sans doute montré plus insistant et se serait armé de plus questionnements en présence d'autres auteurs, moins chevronné, mais dorénavant, Tibérius faisait partie des murs chez Obscurus, et l'élaboration de ce projet, inédit, pouvait bien faire des émules.

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Message#Sujet: Re: Et avoir à coeur d'être à la hauteur | Tibérius, Nigel   Et avoir à coeur d'être à la hauteur | Tibérius, Nigel Icon_minitimeVen 13 Nov - 22:08

Jadis, lorsqu’il croyait encore à ses chances d’être édité, Thaddeus avait dû envoyer des manuscrits à la société Obscurus Books. Où étaient-ils, parmi ces tas de paperasses ? Servaient-ils à caler un meuble, ou avaient-ils été passés par la cheminée, comme ce devait être le cas pour bon nombre d’oeuvres recalées ? Le cadet Yaxley était bien trop intimidé pour oser poser la question, mais elle lui semblait pleine d’intérêt, presque métaphysique - mais Thaddeus avait le chic pour voir de la métaphysique partout. Que devenaient les romans refusés, les chefs d’oeuvre mort-nés, tous les espoirs de dizaines d’écrivains qui, comme lui-même l’avait fait, devaient guetter le hibou de l’éditeur ? Il avait abandonné ces chimères, pour sa part. Pas assez combatif pour aller vendre ses écrits. Le premier refus l’avait trouvé déjà résigné - et y avait-il seulement eu un refus, ou simplement cette absence de réponse qui l’avait convaincu que les éditeurs étaient des gens fort malpolis ? Il avait continué d’écrire pour lui-même, par nécessité, en demeurant certain de son talent. Un jour, après sa mort (il avait déjà repassé cent fois le scénario dans sa tête), on retrouverait ses manuscrits, et après dix secondes de lecture, on se rendrait enfin compte. Quel génie avons-nous laissé périr, mourant d’ennui dans son bureau du Ministère, ignoré de tous. Alors on publierait ses oeuvres posthumes, et ce ne serait que justice. Ses idiots de frères et soeurs, si prompts à railler l’artiste de la famille, seraient fiers de porter le même nom que lui. Dommage que sa mort soit le point de départ de tout cela, soupirait-il parfois.

Tiens, il commençait à y avoir comme un frémissement dans sa fratrie. Un début commencement de reconnaissance. Tibérius, peu enclin aux compliments, venait de déclarer de but en blanc à Greengrass qu’il lui avait amené un génie. Thaddeus jeta un regard incrédule à son frère, en se promettant de lui demander s’il pensait le moindre mot de ce qu’il venait de dire - hormis le passage sur sa propension à être dans la lune, de ce côté-là, aucun doute sur sa sincérité. L’autre grognerait sans doute qu’il n’était pas là pour distribuer des médailles en chocolat à quelqu’un qui ne les aurait pas méritées, et la discussion s’arrêterait là, mais le mot était lâché. Génie. Thaddeus lui-même n’osait pas se penser lui-même en ces termes, si certain qu’il fût d’être au-dessus du lot. Le mot inspirait une sorte de crainte qu’il n’avait pas su dépasser. Il était assez saisissant de voir comme le manque de confiance en soi pouvait voisiner, chez un même homme, avec une conviction d’avoir un destin qui pourrait aisément passer pour de la présomption. Thaddeus adressa un sourire timide à Nigel, comme pour s’excuser des mots que son frère utilisait pour le qualifier. Puis un autre coup d’oeil interloqué à Tibérius lorsque celui-ci déclara que sa productivité l’impressionnait. Bon sang, quelle mouche le piquait pour qu’il sème ainsi les compliments ? Nouveau sourire de jeune fille effarouchée, les joues un peu plus chaudes tout à coup. Thaddeus ne trouvait rien à dire, et de toute façon, il n’aurait pas été capable de parler. Tibérius venait de demander à Greengrass son avis sur leur projet. L’instant était solennel. L’éditeur réservait sa réponse pour le lendemain, mais il semblait favorable. Thaddeus sentit son estomac se nouer. Et c’est tout ? On s’assoit, on parle un peu, on donne quelques parchemins au monsieur et c’est tout ? Lui qui s’était fait une montagne de ce rendez-vous… Il ne s’était pas attendu à une conclusion aussi rapide. Et lorsque Nigel les interrogea sur le délai de remise de la première épreuve du manuscrit, il bredouilla :


-Euh… je…

Comment pourrait-il le savoir, en réalité ? C’était une grande première pour lui. Il ne se représentait pas le travail que cela supposait. Il se tourna vers son frère et fit :

-Qu’est-ce que tu en penses, Tibérius ?
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Message#Sujet: Re: Et avoir à coeur d'être à la hauteur | Tibérius, Nigel   Et avoir à coeur d'être à la hauteur | Tibérius, Nigel Icon_minitimeDim 15 Nov - 22:02



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Attentivement, Tibérius écoute chaque remarque de Nigel. Il a beau avoir maintes et maintes fois présenté un projet à son éditeur, il reste quelque chose de l’ordre de l’angoisse et de l’anxiété dès lorsqu’il doit présenter une nouveauté. Chaque écrivain est sans doute touché du syndrome de l’imposteur par moment et Yaxley n’échappe pas à la règle, tout comme il rencontre parfois le syndrome de la page blanche. Un risque accru puisque de son premier à son dernier livre, il mitraille et explique la même théorie : difficile, même lorsqu’on a une mentalité de prêcheur un peu illuminé et qu’on ne jure que par la philosophie et la science politique. Mais ici, les enjeux sont différents et c’est peut-être aussi ce qui rend Tibérius si enthousiasme. Avec Thaddeus à ses côtés, il change de registre et il teste un argumentaire nouveau. Plus sensible aux défis littéraire qu’on ne le pense, en bon Serdaigle, l’exercice attire Yaxley et il est ravi de voir que son éditeur ne le limite pas à un style et accepte de considérer leur proposition et leurs manuscrits assez rapidement. Un moment, il a eu peur que Thaddeus ne fasse mauvaise impression avec son tempérament un peu volatile et parfois déconnecté des réalités – quoiqu’on pourrait en dire autant à propos de Tibérius lui-même mais pour d’autres raisons. Le juge est cependant heureux de voir que l’impression et le retour sont plutôt bons. Il hoche donc doucement la tête en direction de Nigel : « Je te remercie, c’est très aimable à toi de nous faire une place aussi rapide dans ton emploi du temps. Je te revaudrai ça. Comme d’habitude, tu sais où me trouver – enfin, où nous trouver, maintenant – si tu as des critiques ou des modifications qui te semblent intéressantes. »

Au fond, il est fier, comme toujours, avec la haute estime de lui-même qu’il peut avoir, qu’on considère ses idées – parce que c’est la sienne, tout de même, il ne faudrait pas l’oublier – mais aussi parce que enfin, il voit Thaddeus prendre son talent en main et en faire quelque chose. Maladroit, Tibérius l’est peut-être, et il détesterait s’épancher sur la question, mais il est réellement fier de son cadet. Seulement voilà, les détails pratiques sont plus faciles à envisager, et ayant un peu d’expérience en la matière, son discours est relativement assuré, paradoxe total avec celui de son frère : « Je ne sais pas, nous sommes deux. Si j’étais tout seul, je te dirais huit mois, mais tu sais que je suis trop maniaque, et je suis lent. » Conscient de ses défauts, Tibérius hausse les épaules : il n’a jamais tenté de se faire passer pour ce qu’il n’était pas. « Les recherches sont presque terminées pour le premier tome, et comme le disait Thaddeus, le plan est déjà prêt. Dans un premier temps, je pense qu’on peut dire cinq ou six mois. A deux, on avancera plus vite. » Une idée lui vient pour appuyer son propos : « Peut-être qu’on peut envisager septembre, ça ne me semble pas trop mal. On ferait la rentrée littéraire. C’est l’occasion d’avoir une bonne couverture par les critiques. Avec un peu de chance,  peut-être même qu’on pourrait tenter un ou deux prix ? Qu’est-ce que tu en dis, Thaddy ? » Pas sûr que son frère réalise. Yaxley est devenu familier des prix et des salons littéraires comme auteurs, son cadet l’est un peu moins, mais il aimerait bien le convaincre. Et si ça marche, ils toucheront le plus grand nombre. Puis, se tournant vers Nigel, il ajoute avec humour : « Je suppose qu’on te laisse trancher et qu’on t’abandonne ici ? » Avec sérieux et un brin de reconnaissance, il termine : « Je te remercie encore de nous avoir reçu. Tu verras, ça ne te décevra pas. »


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