Toutes mes condoléances... Je suppose...[pv Lexie :333]

Toutes mes condoléances... Je suppose...

P

our tout l'agacement et le manque de considération profond que savaient lui inspirer ses parents, Eileen était tout de même bien obnigée de l'admettre : elle dépendait complètement d'eux. C'était facile de les ignorer et de remettre en question leur comportement quand ils étaient de toute façon trop occupés à s'envoyer les pires insultes à la figure pour constater leur présence, c'en était une autre que de contester un ordre direct de la part.

Qu'elle le veuille ou non, elle vivait à leurs crochets, et si elle connaissait quelques histoires relativement stimulantes d'adolescents qui avaient su échapper au giron de leurs parents en s'émancipant et en prenant leur indépendance, elle ne se voyait pas faire de même. Il y avait tout de même quelque chose de confortable dans le fait de dépendre financièrement de ses parents. Alors, c'était peut-être une démarche lâche... Mais peu importe. En règle générale, Eileen s'en sortait très bien avec le train de vie qu'elle menait : ce n'était pas bien difficile en soi, il faut dire, elle n'avait qu'à ignorer du mieux possible leur existence, faire comme si de rien n'était, et attendre que ça passe. En temps normal. Sauf que ce jour-là, les choses devaient être tout de même un peu plus compliquées, qu'elle le veuille ou non.

Les parents de Lexie Hepburn étaient morts. Eileen n'avait pas envie de jouer les insensibles, la mort était un concept terrible en soi... mais en même temps, elle n'allait pas faire comme si cette nouvelle la bouleversait profondément et jouer les hypocrites comme tant d'autres savaient le faire. Même si elle connaissait les Hepburn depuis toute petite, elle n'avait pas franchement d'affection pour eux. Les Hepburn, de manière générale, elle ne pouvait pas les encadrer, ils étaient l'incarnation de tout ce qu'elle détestait.

Alors pourquoi se retrouvait-elle à frapper à la porte du manoir des Hepburn ? Justement parce qu'elle était soumise à l'autorité parentale. Oh, elle avait bien tenté de protester, mais rien n'y avait fait. Lexie et elle avaient presque le même âge, disaient-ils, et elle avait besoin d'une amie pour la soutenir. OK, s'ils voulaient. Le soucis, c'est que, sans l'ombre d'un doute, Lexie et Eileen n'étaient pas amies, et elles ne risquaient pas de l'être un jour. Enfin... Tant pis... Sans doute.

Sans doute...

Elle avait donc frappé à la porte, et attendu qu'on lui ouvre, sans enthousiasme, les bras croisés. Elle n'avait aucune idée de ce qu'elles allaient se dire, elle n'avait pas la moindre envie d'être là, mais elle était coincée jusqu'à ce que ses parents choisissent de venir la chercher. Vivement qu'elle sache transplaner, ça lui épargnerait au moins ce désagrément.

-Salut. Avant que tu dises quoi que ce soit, sache que je suis ici contre mon gré.

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C’était un peu… particulier pour Lexie d’évoluer dans le manoir de ses parents. En même temps, elle ne savait pas encore ce qu’elle allait faire, si elle devait déménager, vendre ce manoir ou elle ne savait quoi d’autres. Pour le moment, au vu de la situation, la jeune femme cherchait surtout à se faire le plus discrète possible et se faire passer pour la plus triste possible. Sur le dernier moins, elle osait croire qu’elle ne s’en sortait pas si mal que ça, surtout qu’il suffisait qu’elle se retrouve dans la pièce où elle avait tué ses parents pour sentir la vague de culpabilité l’envahir. Elle culpabilisait… c’était horrible. Le plus souvent, elle se disait qu’elle ne devait vraiment pas le faire, parce que ses parents ne méritaient pas une seule seconde sa culpabilité. Après tout, c’était eux qui avaient eu envie de l’envoyer à Sainte Mangouste, elle n’avait rien demandé à personne. Mais en même temps, elle pensait à son père, à la manière dont il la traitait avant de savoir qu’elle était « différente » et elle sentait son cœur se serrer. Elle n’avait qu’à penser à Melody et la manière dont elle avait réagi pour culpabiliser aussi. Bref, c’était chiant.

Vraiment chiant, parce qu’elle aimerait bien être juste insensible et se dire qu’elle avait fait le bon choix, même si elle savait parfaitement qu’elle avait fait le bon choix. Elle avait envie de se dire que c’était comme ça et que ce n’était pas grave. Mais elle n’y parvenait pas entièrement. Et en plus de ça, elle devait supporter les autres. Parce que malheureusement, les sorciers de sang pur mettaient leur nez dans les affaires des autres. Elle avait reçu des courriers qui sentaient l’hypocrisie à plein nez. Elle aimait ce monde, elle était attachée à ce monde, elle n’avait eu aucun souci avec ce monde avant… mais voilà, plus ça allait, plus elle était agacée de la manière dont les autres s’occupaient de ses affaires. Et ce n’était pas près de s’arranger.

On frappa à la porte, l’elfe de maison ouvrit la porte, elle se rendit dans le hall et tomba sur Eileen. Super, qu’est-ce qu’elle foutait là elle ? Lexie devait savoir donc qu’elle était là contre son gré. Et l’ancienne verte et argent osait croire qu’elle se doutait un peu de ce qui était en train d’arriver. Leurs parents étaient proches… les parents de Eileen avaient dû la pousser à venir.

« Super, faudrait que tu apprennes à te rebeller un peu. » Lança-t-elle, sans doute un peu trop vivement. Elles ne s’étaient jamais appréciées toutes les deux et Lexie n’avait aucune envie de faire le moindre effort. Même si elle n’avait sans doute pas besoin de réagir de cette façon. Au final, les deux jeunes femmes se trouvaient dans la même galère. « Je te dirais bien d’aller transplaner ailleurs mais… »

Mais elle était trop jeune pour le faire. Sauf qu’en même temps, Lexie n’avait vraiment aucune envie de passer du temps avec elle.

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L

exie ne dissimula pas son absence totale d'enthousiasme et de motivation, sans surprise. Eileen n'en prenait pas ombrage. Pour tout dire, elle s'en fichait même royalement, complètement. Eileen s'en moquait, oui, et quelque part, elle en serait même satisfaite. Puisque cette visite était une corvée pour la vert et argent, il ne manquerait plus que ce soit une partie de plaisir pour la jeune orpheline.

Et pour ce qui était de se rebeller... disons que l'hôpital se foutait royalement de la charité, là, non ? Dans le genre soumise à ses obligations familiales, Lexie se posait là, quand même. D'accord, elle se sentait pousser des ailes maintenant qu'elle avait annulé son mariage avec Black, sans doute, mais bizarrement, personne ne l'avait entendue moufter quand ses parents étaient encore en vie. Alors si c'était pour donner des leçons de rébellion, elle repasserait. Elle pouvait jouer les petites indisciplinées à Poudlard, mais ça avait de très maigres conséquences, dans le fond, alors quelle importance ?

-Mais à la place, tu vas me proposer un truc à boire, voilà, répliqua-t-elle en se forçant un passage jusque dans le salon pour venir s'effondrer sur le premier canapé disponible.

Oui, ça les emmerdait toutes les deux qu'elles soient là, mais en attendant, elle était là quand même et elle n'avait pas moyen de se trouver où que ce soit ailleurs, c'était impossible. Donc au bout du compte, ça n'avait plus l'ombre de la moindre importance. Elles devaient juste passer le temps. Dans l'idéal, elles pouvaient même ne rien se dire du tout, ça lui était totalement égal, en vérité. Elles devait juste poirauter, et elle avait soif, alors quitte à poirauter, autant que ce soit en buvant un verre de jus de citrouille... ou n'importe quoi qui soit susceptible d'être bu.

-Et me parle pas de rébellion. T'étais pas spécialement mieux avant que tes parents se fassent dézinguer.

D'accord, ce n'était pas subtil, comme approche, et franchement pas agréable. On parlait de la mort de ses parents, là, il serait donc de bon ton qu'elle fasse preuve de considération et de douceur. Oui, sauf que la jeune femme n'avait pas la moindre envie de faire ce genre d'effort. Si Lexie voulait que cet échange soit déplaisant (et en même temps, leurs échanges étaient toujours déplaisants, c'est ce que la vert et argent voulait aussi de son côté), elle était capable de mettre le paquet. Elle était insensible, oui, c'est vrai. Mais en même temps, elle s'en moquait pas mal, elle, de Mr et Mrs Hepburn. Et elle avait même du mal à comprendre l'intérêt que l'on pouvait porter à ses parents, de manière générale, elle qui parfois espèrerait ne plus en avoir plutôt que de les entendre se déchirer constamment. Si ses parents avaient vraiment voulu que l'on remonte le moral de Lexie, il fallait trouver quelqu'un d'autre.

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Elles n’étaient toutes les deux pas contente de se retrouver ici, c’était évident, mais on ne pouvait pas dire qu’elles avaient le choix. Enfin, Eileen n’en avait clairement pas, de choix, c’était évident. Lexie avait techniquement plus le choix, de son côté, parce qu’elle n’avait pas forcément besoin de s’imposer la présence de cette fille, qu’elle pourrait très bien abandonner chez elle pendant qu’elle partait faire un tour par exemple ? Sauf que non, la jeune femme n’avait aucune envie de laisser cette gamine dans sa maison seule. Alors… elle allait s’en doute devoir s’imposer sa présence. Elle poussa un soupire quand Eileen affirma qu’elle allait donc lui servir un verre. Soit. Si c’était ce qu’elle voulait, elle aurait bel et bien un verre… Lexie ne lui posa même pas la question et lui servi un verre d’eau. Qu’elle ne s’imagine pas avoir plus que cela.

Surtout que Eileen ne manqua pas de ramener un sujet particulier sur la table en affirmant que question rébellion, la jeune femme pouvait très bien parler parce qu’elle n’était pas mieux avant que ses parents se fasses dézinguer. En un sens, Lexie comprenait parfaitement que la verte et argent pense comme ça, parce qu’on ne pouvait pas dire qu’elle avait donné le sentiment de se rebeller, ce n’était pas le but à l’époque. Elle n’avait pas vraiment eu l’intention de le faire sur la fin, avant qu’elle ne fasse le choix ultime de se débarrasser de ses parents. Ce que Eileen ne pouvait pas savoir évidemment, il valait d’ailleurs mieux qu’elle ignore tout.

« C’est ça… » Lexie ne savait même pas pourquoi elle prenait sur elle pour ne pas se contenter d’envoyer bouler Prince. Elle pourrait sans doute, franchement Lexie n’en avait rien à faire de ce qu’elle pouvait bien penser d’elle. Mais en même temps, la jeune femme savait aussi qu’elle devait impérativement prendre sur elle, vis-à-vis de ce qu’elle avait fait justement. Il ne fallait pas qu’elle fasse n’importe quoi. « T’as plus qu’à attendre que tes parents se fassent dézinguer alors. »

Elle pourrait très bien affirmer à Prince qu’elle s’était elle-même occupée de ses parents, qu’elle s’était donc suffisamment rebellée, mais il était plus qu’évident qu’elle ne pouvait pas se permettre de dire ce genre de chose. Et concernant les parents de Eileen, bon, elle ne souhaitait pas réellement qu’ils meurent non plus. Enfin, s’ils devaient passer l’arme à gauche, la jeune femme n’en aurait que faire c’était évident, elle n’allait pas pleurer sur leur sort. Mais en même temps, ce n’était pas comme si elle espérait réellement que les parents de la jeune femme meurent. Même si… en un sens, ça pourrait peut-être lui permettre de fermer un peu son clapé, ce qui ne lui ferait pas de mal du tout.

« Au moins comme ça, je n’aurais plus besoin de m’imposer ton agréable présence. » Rajouta-t-elle, sur le ton de l’ironie, même s’il faudrait sans doute qu’elle prenne plus sur elle.

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E

ileen n'avait aucune intention de s'excuser pour son absence totale de délicatesse, bien loin de là. Quand bien même ils étaient parfaitement déplacés, elle assumait complètement l'entièreté de ses dires, et elle ne comptait pas se priver de faire dans le sarcasme, puisque c'était à peu près la seule chose qui savait lui rendre supportable, ne serait-ce qu'un peu, une situation qu'elle trouvait détestable à tout point de vue. Blesser Lexie Hepburn gratuitement, c'était un divertissement comme un autre, ça aurait peut-être une chance de rendre le ton moin long. Ou pas.

La réponse de l'ancienne vert et argent fusa aussitôt, et elle n'était pas amène. En même temps, il ne fallait pas s'attendre à autre chose, au vu de ce qu'elle venait de lui envoyer dans la tronche. En même temps, c'était justement ce que la jeune fille cherchait : elle tenait à ce que son interlocutrice se montre désagréable à son tour. Une petite joute verbale digne de ce nom était à peu près la seule chose qui pourrait réellement lui rendre cette situation... disons acceptable. Et Lexie n'en manquait pas, de répondant, puisqu'elle lui fit remarquer qu'elle n'avait qu'à attendre que ses parents se fassent dézinguer pour gagner à son tour en autonomie et en capacité de rébellion, ce qui au passage lui épargnerait le fait de voir sa tronche. Pas de chance pour elle, ce n'était pas demain la veille que ça arriverait.

-Joli rêve, répliqua Eileen, totalement insensible aux propos de son interlocutrice. J'ai bien peur que mes géniteurs soient increvables, malheureusement, ce n'est pas faute de souhaiter la mort une petite dizaine de fois par jour, décréta-t-elle alors.

Il y avait une part de vérité dans ses propos. Au sens où oui, ça lui arrivait assez régulièrement de souhaiter la mort de ses parents. s'ils devaient se taire à jamais, au moins cesseraient-ils de se hurler dessus tous les deux. Bon, évidemment, elle n'avaient pas VRAIMENT envie que ses parents meurent. Tout comme elle serait bien incapable de "dézinguer" ses géniteurs par ses propres moyens. Mais dans tous les cas, une fois n'est pas coutume, elle ne comptait pas s'excuser de ses propos et comptait bien rester sur sa droite lignée quoi qu'il en soit.

-Je crois bien, par conséquent, que tu vas devoir supporter ma radieuse présence un long moment encore.

Eileen ne se leurrait pas, elle savait bien qu'elle était insupportable... mais elle tenait à être insupportable, elle n'éprouvait aucune envie d'être apprécié, c'était plus simple de susciter l'agacement que la sympathie. Et puisque c'était un art dans lequel elle excellait complètement, elle ne pouvait certainement pas renoncer à ne pas exploiter l'un des rares et seuls talents dont la jeune femme disposait exactement. Même si pour elle également, le temps promettait d'être très long.

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Lexie se retint d’afficher une grimace en entendant les paroles de son interlocutrice. Eileen affirma que c’était un joli rêve, mais que ses parents semblaient être increvables, malgré le fait qu’elle ne manquait pas de souhaiter leur mort une bonne dizaine de fois par jour. L’ancienne verte et argent avait un peu de mal avec ce genre de parole. Oh, elle savait bien qu’elle n’avait pas vraiment eu le choix concernant ses propres parents, que ça avait été eux ou elle et si elle devait faire de nouveau ce choix, elle ferait le même. Mais en même temps, c’était quand même assez particulier d’entendre une personne affirmer qu’elle souhaitait la mort de ses parents, justement alors que les siens venaient de mourir. Ses parents n’avaient jamais été parfaits, loin de là, mais elle n’avait pas réellement eu envie qu’ils meurent non plus. En tout cas, pas concernant son père, sa mère c’était encore une autre histoire. Cela dit, elle n’avait pas eu envie qu’ils meurent et pourtant ils étaient bel et bien morts.

Enfin, la jeune femme ne répondit rien, parce qu’il n’y avait sans doute rien à dire. La jeune femme cherchait simplement à être désagréable et elle savait parfaitement bien s’y prendre. Lexie n’avait aucune affection envers Eileen et elle n’avait aucune envie de faire le moindre effort avec elle. Cela dit, elle devait bien reconnaître que se défouler un peu en parole et en joutes verbales, ça lui faisait quand même un peu de bien. Quitte à ce que Eileen soit là, et puisqu’elle n’allait pas avoir le choix que de subir sa présence, Lexie devait bien avouer qu’elle préférait se dire qu’elle allait pouvoir se défouler contre elle.

« Ta radieuse présence ? » Demanda-t-elle, dans un sourire amusé avec tout ce qu’elle avait de désagréable dans le ton. « Laisse-moi rire, ça fait longtemps que tu ne t’es pas regardé dans un miroir toi apparemment. » Ouais, parce que franchement, si elle devait se retrouver en compagnie de Eileen, elle n’avait pas l’intention de retenir ses propos. Autant se lâcher complètement, ça ne pourrait pas lui faire de mal, bien au contraire ça allait être tout l’inverse assurément. « Si quoi que à la limite, tes cheveux gras brillent un peu, ça doit être ça que tu penses qui te rend radieux. »

Bon, elle l’avait cherché, c’était bas qu’elle l’attaque sur son physique surtout qu’en réalité elle n’avait pas grand-chose à dire. Et elle se doutait bien que ça n’allait pas forcément toucher Eileen c’était juste… eh bien, ça lui permettait juste de se défouler un peu et c’était justement ce dont la jeune femme avait besoin en cet instant précis. Ça n’allait pas l’aider vraiment, mais au moins puisque Eileen était là et qu’elle n’allait pas pouvoir s’en aller, autant qu’elle en profite pour se défouler sur elle. Que ça serve à quelque chose qu’elle se retrouve à devoir supporter la présence « radieuse » de Eileen.

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E

ileen resta de marbre face à la réponse de son interlocutrice. En même temps, elle obtenait très précisément ce qu'elle attendait de la part de cette dernière, alors elle n'allait sûrement pas s'épargner ses foudres sous prétexte que ces dernières pouvaient heurter sa sensibilité qu'il était de toute façon difficile à découvrir, au point de se demander parfois si elle en avait une. La vérité, c'est que oui, Eileen avait une sensibilité, et des sentiments, mais elle avait bien vite compris que le mépris et l'indifférence étaient plus simple et rassurants à afficher que des larmes ou de constantes remises en question. L'avantage, ou pas, avec ce genre de comportement, c'est que puisqu'elle se montrait si difficilement accessible et au premier abord détestable avec ses pairs, ces derniers ne l'épargnaient pas non plus, ce qui la blindait, ce qui la rendait encore plus inaccessible et détestable. Ca n'avait rien d'un cercle vertueux, nous sommes d'accord, mais quelle importance après tout ?

Donc oui, elle était ravie que Lexie rentre dans son jeu, même si elle s'attendait à ce qu'elle emploie d'autres arguments. En évoquant sa radieuse présence, elle pensait n'avoir que reformulé ce que la jeune femme avait dit précédemment, en évoquant son "agréable" présence. Mais il est vrai qu'agréable et radieuse n'avaient pas tout à fait le même sens, et quand Eileen s'attendait à être attaquée sur son comportement, Lexie décida plutôt de l'attaquer sur son physique. C'était bas... mais quelque part peut-être un peu plus susceptible d'être efficace. Encore que l'adolescente avait suffisamment bouffé de remarques désagréables sur son apparence pour savoir rester de marbre, à première vue en tout cas.

Eileen savait qu'elle n'était pas un canon de beauté. Disons le tout net, même, elle se trouvait terriblement moche, un véritable laideron. Des remarques sur son physique, elle s'en mangeait constamment, et comme pour donner raison à tous, elle n'arrangeait pas son cas. Elle ne se coiffait pas, ne se maquillait pas, portait des tenues trop larges...Elle était laide, c'est comme ça. Elle faisait avec, et au pire, elle n'avait pas envie de devenir comme toutes ces pouffes superficielles amoureuses de leur reflet dans le miroir... quand bien même ce serait mentir que de prétendre qu'elle n'avait pas de temps à autre l'envie de ressembler à une de ces filles. De ressembler... eh bien... à Lexie Hepburn, par exemple, qui était objectivement très belle. Mais pas moins détestable, bien au contraire.

-C'est pour que tu puisses mieux y voir ta magnifique incarnation, je sais que tu te sens mal la seconde où tu ne peux plus te regarder dans un miroir. Tu as raison, l'apparence, c'est tellement important.

De l'ironie, encore et toujours. Eileen estimait son interlocutrice suffisamment intelligente pour la reconnaître, quand même.

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C’était particulièrement bas de s’attaquer au physique des autres et Lexie avait conscience qu’elle valait bien mieux que ça. Mais en même temps… bah elle pouvait l’attaquer sur ce sujet, alors elle ne voyait pas pourquoi elle allait se retenir. Au fond, la jeune femme devait bien avouer que ça lui faisait un peu de bien de pouvoir se « disputer » avec la jeune femme sous ses yeux, ça avait le don de la défouler. D’une autre manière qu’en tuant ses parents donc… ce qui était bien mieux pour son matricule. Donc tant pis si ce n’était pas, si ça la faisait passer pour une adolescente trop superficielle. Même si elle entrait si vivement dans la vie d’adulte, en un sens Lexie restait une adolescente. Et elle avait bien envie d’agir comme telle, sans se soucier trop des conséquences. Et puis bon, en soit, ce n’était pas comme si ça allait être la première fois que Prince se payait des remarques sur son physique.

C’était un truc connu à Poudlard, Eileen n’était clairement pas le genre de fille qui pouvait attirer le regard des garçons. Ou des filles qui aimaient les filles… mais ça évidemment on n’en parlait pas. Lexie n’était pas apte à juger, elle ne trouvait pas Eileen jolie. Oh, elle pourrait l’être un peu plus si elle faisait des efforts, mais en même temps aux yeux de la jeune femme, il n’y avait qu’une seule personne qu’elle trouvait magnifique. Bon, ça ne l’empêchait pas de trouver telle ou telle file jolie, même tel ou tel garçon mignon, mais ce n’était pas vraiment comparable. Prince n’avait pas grand-chose pour elle, elle ne se donnait pas de mal, elle ne donnait même pas le sentiment de s’en soucier. Et quand elle répondit à Lexie, elle donnait en prime le sentiment d’en être fière. En même temps, Prince n’était pas le genre de fille qu’on pouvait faire pleurer à la moindre remarque, pour ça leurs joutes verbales pouvaient être intéressantes donc. Elle se contenta de lui rétorquer que ses cheveux gras pouvaient lui permettre d’y voir son reflet, puisqu’elle ne pouvait pas s’empêcher de s’observer dans un miroir.

« Enfin une parole censée qui sort de ta bouche de crapaud. » Répliqua Lexie quand elle entendit Eileen affirmer que le physique était tellement important. L’apparence était importante oui, très clairement. Dans le monde où elles vivaient, c’était ce qu’on leur demandait, d’être belle et de se taire. Accessoirement d’être riche et d’avoir un sang pur pour elles, mais c’était plus spécifique. Lexie devrait sans doute combattre cette misogynie, mais en même temps elle tenait à son apparence. Sans doute parce qu’elle avait eu de la chance d’être gâté par la nature en plus. « Tu veux que je t’aide à être moins… repoussante ? » Demanda-t-elle finalement. « Que ta visite serve à quelque chose, je pourrais te donner des cours. »

Est-ce qu’elle avait vraiment envie de le faire ? Au fond, pourquoi pas. Ça passerait le temps.

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E

ileen leva les yeux au ciel quand en réponse à la remarque qu'elle lui avait faite, dont le but manifeste était de lui faire comprendre qu'elle n'en avait absolument rien à faire de son apparence (ou en tout cas ferait toujours tout le nécessaire pour le prétendre), elle l'attaqua une nouvelle fois sur son apparence. Qu'elle la traite de crapaud autant qu'elle le voulait, si ça l'amusait. En attendant, ce n'était pas sur ce terrain-là qu'il fallait l'attaquer s'il fallait espérer l'atteindre durablement. Les remarques sur son apparence disgracieuses, elle en entendait à peu près chaque jour que Merlin faisait, alors elle n'était plus vraiment à ça près, pour tout dire.

Et loin de s'arrêter en si bon chemin, elle alla jusqu'à lui proposer son aide ô combien généreuse... Comme si Eileen allait vraiment accepter une chose pareille. Elle sentit un frisson d'horreur la parcourir à la seule idée de se laisser coiffer, habiller et maquiller par Lexie Hepburn comme si elle était une vague poupée de chiffons. Même ses pires cauchemars ne s'autorisaient pas des scénarios aussi horrible que celui-ci. Non, vraiment, il en était hors de question. Même dans un milliard d'années, jamais elle n'accepterait une chose pareille. Beurk. Elle n'avait pas grand-chose pour elle, mais elle avait une fierté tout de même, et c'était une fierté qu'elle n'irait clairement pas compromettre en se laissant faire. Si Lexie pensait ne pas avoir dépassé l'âge de jouer à la poupée, ben qu'elle s'en achète une et qu'elle ne vienne pas l'emmerder. Ce moment était déjà suffisamment éprouvant comme cela sans avoir besoin de pousser encore plus loin l'humiliation. Et puis quoi encore, franchement ?

-Tu lis dans mes pensées, j'ai toujours rêvé de ressembler à une abrutie lobotomisée et me balader constamment avec un pot de peinture sur la tronche, rétorqua-t-elle.

D'accord, Lexie était objectivement magnifique, très jolie, et si elle se maquillait, elle n'avait clairement pas besoin d'en faire beaucoup pour que le résultat soit élégant. Elle ne ressemblait pas franchement à la description qu'elle venait de faire d'elle. Mais le but n'était pas franchement d'être honnête à l'heure actuelle, juste de trouver une manière encore plus directe qu'un simple "non" d'exprimer son refus. Non mais franchement.

-Je sais que t'as le cerveau tellement atteint que tu t'imagines que le monde entier devrait te ressembler mais figure-toi que ma tête de crapaud me convient parfaitement, elle a le mérite de tenir les crétins à distance... enfin, en règle générale, ajouta-t-elle en adressant un regard soutenu à Lexie pour bien lui faire comprendre que ce n'était pas toujours efficace, puisqu'elle en avait un specimen au féminin sous les yeux.

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Lexie, évidemment, ne croyait pas une seule seconde Eileen quand celle-ci affirma qu’elle lisait dans ses pensées. Elle ne la croyait pas, parce qu’elle savait bien que ce n’était pas le cas et la verte et argent ne manqua pas de le confirmer en affirmant qu’elle avait toujours eu envie de ressembler à une abrutie lobotomisée et de se balader constamment avec un pot de peinture sur la tronche. Lexie ne prit pas la peine de répondre réellement à ces propos, ça n’avait pas d’intérêt, elle se contenta simplement de lever les yeux au ciel. Elle ne répondit donc pas, elle n’était pas touchée par les paroles de la jeune femme. Elle ne se considérait vraiment pas comme une abrutie lobotomisée, elle ne prenait pas la peine de se foutre une tonne de maquillage, mais ça c’était parce qu’elle n’en avait pas besoin non plus.

Elle n’était donc pas touchée par les paroles de la jeune femme, il lui en fallait beaucoup plus pour être touchée par les paroles de son interlocutrice. Et elle ne pensait pas pouvoir être touchée par les propos de Eileen, parce qu’elle ne se souciait pas du tout de ce que la jeune femme pouvait bien penser d’elle en réalité. Elle lui affirma d’ailleurs qu’elle avait le cerveau tellement atteint qu’elle devait penser que le monde devait lui ressembler, mais que sa tête de crapaud lui convenait parfaitement bien. Le pire, en prime, c’était que Lexie se disait qu’elle devait même le penser. Elle devait vraiment croire qu’elle avait de la chance d’avoir sa vilaine tête de crapaud, afin d’être… tranquille.

« C’est dommage pour toi, j’aime bien observer les dégénérés comme toi. » Répliqua-t-elle puisqu’elle prenait évidemment pour elle le fait qu’elle affirmait que tout le monde n’était pas tenu à l’écart. Elle mentait évidemment, déjà elle n’aimait pas spécialement les têtes de crapaud, mais surtout elle se passait parfaitement bien de la présence de Eileen Prince. Malheureusement, elle ne pouvait pas toujours avoir ce qu’on voulait dans la vie. Au fond, Lexie avait conscience qu’elle pourrait subir pire que la présence de la verte et argent, mais c’était déjà trop. « C’est agréable de voir comment les crapauds comme toi font pour s’en sortir dans la vie. Faut reconnaître que vous avez quand même du mérite… enfin, la plupart, je suis quand même sacrément déçu de tes performances. » La jeune femme marqua une pause. « Parce que clairement, t’es quand même entouré d’un certain nombre de crétin. Déjà toutes les personnes qui s’amusent à jouer avec ces petites billes idiotes avec toi. »

Autant attaquer les gens sur les choses qu’ils aimaient bien, c’était quand même la base de l’histoire. Elle ne savait pas si ça allait la toucher ou pas, parce qu’il y avait quand même peu de chose qui semblait toucher Prince, mais elle cherchait quand même à toucher un sujet sensible. Elle avait besoin de se défouler, elle avait besoin de se changer les idées.

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E

ileen ne s'offusquait pas plus d'être traitée de crapaud que de dégénérée si l'insulte lui venait de Lexie Hepburn, qui était bien la dernière personne au monde à qui elle chercherait à plaire si elle devait vouloir plaire à qui que ce soit. Et par ailleurs, si elle voulait bien admettre qu'elle avait effectivement une sale tronche et se considérait elle-même comme une des adolescentes les plus laides de la création, elle était loin de se considérer en revanche comme une dégénérée. Les insultes avaient davantage de chances de faire mouches quand elles étaient vraies et pensées, et pour le coup, elle se doutait que Lexie n'était pas réellement sincère quand elle prétendait "adorer observer les dégénérés". Dans tous les cas, elles devaient s'imposer l'une à l'autre la présence de l'autre.

Il était évident que ni l'une ni l'autre ne prenait vraiment plaisir à cette situation stupide. Prétendre le contraire devait communiquer un semblant de sentiment de pouvoir, mais c'était forcément et évidemment ce qu'il y a de plus factice au bout du compte. C'était davantage une manière de passer le temps, toutes ces piques qu'elles s'envoyaient à la tronche. Et au bout du compte, quand l'une et l'autre reprendraient leur vie, elles auraient déjà totalement ublié cette conversation de laquelle elles n'auraient absolument rien eu à faire dans tous les cas.

Lexie affirma qu'elle était déçue de ses "performances". Eileen ne voulait même pas savoir à quoi elle faisait référence, elle décidait de s'en moquer d'office et par principe... Enfin, c'était son intention au départ, mais elle se sentit prête à réagir différemment quand Lexie évoqua son entourage. A peu de choses près, Eileen considérait qu'elle n'avait pas d'entourage. Ne songeant pas immédiatement au club de bavboules (ce n'était pas parce qu'elle dirigeait ce club et qu'elle prenait ce jeu très à coeur qu'elle se sentait proche d'aucun des membres de club ni ne les considérait vraiment comme des fréquentations), elle pensa d'abord que Lexie parlait de Darryl, qui était son seul vrai ami au bout du compte, et elle était prête à monter dans les tours, envisageant que Lexie sous-entendait juste que le sang de son meilleur ami n'était pas assez pur ou une connerie déjà. Mais finalement, Lexie choisit de l'attaquer sur un sujet autrement plus sensible, à savoir sa passion, la seule chose qu'Eileen aimait vraiment dans la vie et qui était capable de lui découcher un de ces rares sourires que personne ou presque ne lui voyait jamais.

-Considérer un jeu de stratégie complexe comme un simple jeu de bille est la preuve au mieux d'une inculture crasse, au pire d'une absence innée d'intellect. Dans ton cas, je pencherais pour la deuxième option. Mais je te remercie de veiller à mes fréquentations.

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Toutes mes condoléances... Je suppose...

Un jeu de stratégie complexe, qu’est-ce qu’il ne fallait pas entendre. Lexie n’avait clairement pas l’intention de se préoccuper de ce que Prince pensait concernant ce qu’elle avait dit sur son jeu de bille. Ce jeu idiot n’était qu’un jeu de bille et son intellect n’était absolument pas à remettre en cause simplement parce qu’elle ne considérait pas ça comme un jeu complexe. La vie de Eileen Prince était clairement triste quand même. En un sens, Lexie devait bien avouer que sa présence lui faisait du bien au final, parce qu’elle lui permettait un peu de se changer les idées et de se défouler. S’envoyer des piques avec la jeune femme, ça lui donnait vraiment l’occasion de penser un peu à autre chose que tout ce qu’elle vivait actuellement donc, de penser un peu à autre chose que la mort de ses parents. Alors finalement, sa présence était agréable, même s’il était évident que la jeune femme n’allait pas l’avouer une seule seconde. Même pas en rêve.

« Mais de rien. » Répondit-elle dans un sourire en coin quand la jeune femme la remercia de veiller à ses fréquentations. « Tu as raison, je suis idiote, j’avais oublié à quel point ton… jeu complexe et stratège donnait l’occasion à de nombreuses personnes de s’en sortir dans la vie, d’avoir une magnifique situation. » Ajouta-t-elle, sans chercher une seule seconde à se montrer convaincante.

Même si elle avait cherché à l’être de toute façon il était évident que Eileen ne serait pas dupe. Et clairement, ce n’était pas l’intérêt de cette discussion. Maintenant, ici, tout de suite, Lexie avait juste besoin de se décharger et d’attaquer le plus possible Eileen. Elle n’avait même pas forcément besoin de lui faire mal, juste de dire ce qu’elle avait à dire et de se laisser aller. Peu importait de faire mal à Prince ou pas, même si la blesser un peu serait quand même un bonus.

« J’espère que tes parents te trouveront un mari qui apprécie ton… jeu de bille. » Ajouta-t-elle ensuite. « Enfin, s’ils décident de se donner du mal pour te trouver quelqu’un. Parce qu’ils vont devoir faire beaucoup d’effort. »

C’était bas, c’était puérile et sans doute que Lexie valait beaucoup mieux que tout ce qu’elle disait, mais elle n’en avait que faire. Là, elle avait simplement envie d’être une adolescente puérile qui se contentait de lancer des piques à une autre adolescente puérile, bien loin des problèmes d’adulte qu’elle avait en beaucoup trop nombre. Même s’il y avait beaucoup d’aspect de la vie d’adulte que la jeune femme appréciait, elle ne pouvait pas nier que la vie à Poudlard insouciante et agréable lui manquait cruellement. Lexie en était presque à envier Prince quand même, ce qui prouvait bien que son cas était particulièrement grave. Même si elle était incapable de lui envier sur tous les points. Elle ne regrettait absolument pas d’être la jeune femme qu’elle était et de ne pas ressembler à cette jeune fille aux cheveux gras.

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E

ileen se retint de lever les yeux au ciel en entendant la réponse de son interlocutrice. Parce que, tout à coup, tous les jeux du monde devait aider chacun à s'en sortir brillamment dans la vie ? Dans ce cas, il faudrait lui expliquer les vertus hautement supérieures des batailles explosives... ou encore du Quidditch, où une bande de crétins se contentaient de courir après une balle avec un balai dans le derrière... là, on atteignait le summum de la stupidité, mais bizarrement, personne ne s'interrogeait sur la place de ce sport dans la vie de chacun alors que, clairement, leurs joueurs gagnaient des sommes astronomiques qui n'étaient absolument pas méritées.

Eileen avait beau prendre les bavboules très au sérieux et vouloir passer professionnelle dans le domaine (si, si, ça existait), elle n'était pas complètement stupide non plus, elle savait très bien que ce n'était pas non plus ce qui forgeait le destin des uns et des autres, mais l'impact que ce jeu pouvait avoir pour chacun était plus subtil, raison peut-être pour laquelle son interlocutrice, beaucoup trop premier degré aux yeux d'Eileen, se révélait incapable de le voir et de le comprendre. Eileen, en termes de stratégie et de ce que ce jeu convoquait d'intellect, serait comparable aux échecs... Cela permettait de développer son esprit d'analyse et ses capacités de stratégie. Mais à quoi bon argumenter sur la question avec son interlocutrice. Autant le faire avec quelqu'un dont l'opinion comptait.

-Tu penses vraiment me blesser en me disant ça ? répondit Eileen, impassible à la dernière remarque de son interlocutrice, quand celle-ci évoqua le fait que ses parents allaient sans doute la marier, s'ils étaient capables de lui trouver un mari.

Si elle n'était pas indifférente du tout quand on attaquait son jeu de prédilection, et qu'elle en faisait dès lors un foin qui n'était absolument pas nécessaire, mais alors vraiment pas nécessaire du tout, on ne pouvait pas dire qu'elle prenait l'état de sa vie sentimentale très à coeur. Elle se fichait bien que ses parents ne la marient pas, et d'ailleurs, elle espérait de tout coeur qu'ils n'auraient pas la bêtise de décider une chose pareille (mais ses parents n'avaient pas ce genre de choses en tête, ils n'avaient rien en tête sinon les prochains noms d'oiseaux qu'ils pourraient se balancer à la figure). Alors elle pouvait avouer que trouver quelqu'un qui veuille bien d'elle tiendrait du miracle, et c'était sans doute ça, la véritable attaque de Lexie, mais la vert et argent était suffisamment lucide sur elle-même pour que ce constat ne lui fasse plus rien. Elle était un petit laideron insignifiant qui finirait sa vie toute seule, soit.

-Contrairement à toi, je n'ai pas besoin de faire dépendre mon avenir de mon état marital. Je sais pas comment tu vas te démerder maintenant que tes vieux sont plus là pour réfléchir à ta place à ce que tu dois penser et ressentir.

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Lexie aimerait bien en effet pouvoir blesser son interlocutrice, ça… eh bien, ça lui faisait plutôt du bien de s’écharner sur quelqu’un d’autre. La jeune femme ne pouvait que s’en prendre à elle-même de se retrouver dans cette situation au final, elle ne devrait donc pas avoir tant que cela besoin de se défouler sur quelqu’un d’autre, mais… eh bien, Lexie était pleine de contradiction. Elle ne regrettait pas ce qu’elle avait fait parce qu’elle savait qu’elle n’avait pas eu le choix, mais elle se sentait… coupable. Alors, profiter de la présence non désirait de Prince pour se défouler un peu comme quand elle se trouvait à Poudlard, ça lui faisait un bien fou. Le souci avec Prince, c’était qu’elle n’avait pas du tout les mêmes considérations que les jeunes filles de son âge et elle ne manqua pas de le lui faire comprendre.

Lexie avait envie de répliquer quelque chose concernant son avenir qu’elle devait prendre en main, mais il était évident qu’elle ne devait pas trop en dire non plus, elle devait éviter de mettre la puce à l’oreille de Eileen. Oh, en un sens, la jeune femme se disait que son interlocutrice n’allait pas s’imaginer qu’elle avait tué ses parents, mais dans le doute… elle devait prendre le moins de risque possible. Alors, elle ne devait pas affirmer qu’elle avait pris la vie de ses parents dans le but de pouvoir décider elle-même de son avenir, qu’elle ne dépendait pas juste de quelqu’un… Même si c’était quand même ce qu’elle avait eu l’intention de faire. Avant que ça n’atteigne le point de non-retour, elle avait eu réellement l’intention de faire tout ce que ses parents attendaient d’elle, au risque de perdre celle qu’elle aimait.

« Ah ouais, c’est dingue je vais devoir apprendre à vivre par moi-même. » Répliqua-t-elle en tentant de ne pas montrer que toute cette conversation la touchait un peu plus qu’elle ne voudrait. Elle ne savait pas comment sa vie allait devenir, elle ne savait pas ce qu’elle-même allait devenir… ce n’était pas vraiment quelque chose à laquelle on l’avait préparé. Même si elle avait eu envie de pouvoir prendre sa vie en main et de faire les choses à sa façon, de pouvoir prendre elle-même ses décisions, ce n’était pas pareil de se retrouver vraiment dans cette situation. « Faudrait que tu m’apprennes à le faire du coup, toi qui est à ce point… libre. » La meilleure défense était l’attaque, pour se sentir mieux, pour se sentir supérieur, elle préférait rabaisser les autres. « Tu as raison, c’est bien de ne pas dépendre d’un état marital, mais du coup tu vas devoir te coltiner tes vieux pendant toute… ta vie. C’est triste un peu. Enfin… faut dire que tu dois tellement les adorer, ça doit être dur pour toi d’envisager une vie sans eux. Ils sont si… charmant. »

Elle ne connaissait pas assez les Prince pour savoir comment ça se passait chez eux, mais ils ne donnaient pas vraiment le sentiment de vivre le bonheur écarlate. Eileen encore moins alors… elle tentait sa chance.

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E

ileen afficha une grimace sceptique quand son interlocutrice affirma qu'elle serait tout à fait capable de s'en sortir par elle-même. La vert et argent était tout sauf convaincue de cela, en toute honnêteté. Pour elle, Lexie était de ces filles pourries gâtées qui s'étaient constamment laissées porter par les circonstances sans jamais réfléchir par elles-mêmes. Il n'y avait absolument rien à tirer de personnes comme ça. Elle était inapte à se débrouiller par ses propres moyens. Pour le moment, elle réussissait peut-être à se convaincre du contraire, mais ça ne durerait évidemment pas.

-Moi, contrairement à toi je n'ai jamais eu la prétention d'être libre et encore moins celle de m'en vanter, soupira Lexie.

Eileen avait conscience de qui elle était et de ses possibilités incroyablement réduite. Il était pour ainsi dire impossible de saper son appréciation d'elle-même, parce que cette appréciation était d'ores et déjà au ras des pâquerettes. Eileen ne s'aimait pas. Non, c'était bien pire que ça, Eileen se détestait, profondément, viscéralement, et si elle n'épargnait personne, elle ne s'épargnait pas non plus. C'était ce qui la différenciait de beaucoup de bêcheuses de sa maison qui descendaient les autres pour se mettre en valeur. Elle, elle descendait uniquement les autres parce qu'elle considérait qu'ils étaient des crétins finis, ce qui ne changeait rien au fait qu'elle n'avait aucune estime pour elle-même pour autant. Son avenir et ses perspectives étaient infiniment réduits, elle le savait bien, et pour cette raison, elle n'en attendait absolument rien. Elle se contentait de vivre sans ambition, mais au moins, elle ne se mentait pas, à l'inverse de ce qu'elle estimait que son interlocuteur faisait.

-Oh, mes parents finiront bien par mourir un jour, rétorqua Eileen dans un haussement d'épaules indifférent.

Elle pouvait en parler sans émotion et sans sourciller. Si horrible cela devait-il sembler à beaucoup, Eileen Prince détestait ses parents, profondément. Rien à voir avec une crise d'ado qui lui passerait, non, elle les détestait, elle les maudissait, eux et leurs crises et disputes incessantes, eux qui ne cessaient jamais de s'engueuler et elle qui accusait les pots cassés. Elle n'avait que du mépris à leur adresse. Clairement, quand ils mourraient, elle serait bien heureuse. Quant à dépendre d'eux, ce n'était pas le but d'Eileen. Elle trouverait du travail dès qu'elle le pourrait, et cela lui conviendrait tout à fait de vivre dans une mansarde misérable tant que c'était le plus loin possible de ses géniteurs. Mais elle ne se voyait pas en faire le bilan avec son interlocutrice. Dans tous les cas, Eileen estimait que ça ne regardait absolument pas Lexie.

-Tu sais que si ton intention est de m'atteindre en me parlant d'évidences dont j'ai parfaitement conscience, tu perds un temps monumental.

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Ce qui agaçait le plus Lexie chez Eileen, c’était cette nonchalance constante. Quoi que la jeune femme dise, elle avait le sentiment que ça ne touchait pas son interlocutrice. À la limite, quand elle lui avait parlé de son jeu débile un peu, mais elle pouvait dire autre chose, ça ne changeait rien. Et ça l’agaçait, parce que quitte à se retrouver avec elle dans les pâtes, elle aurait bien juste passé ses nerfs sur elle. Elle aurait pris plaisir à la voir passer un très mauvais moment dans leur conversation, qu’elle sorte d’ici complètement déprimée. Mais rien n’y faisait.

Lexie ne sut pas réellement comment réagir en entendant Eileen parler d’une manière si indifférente de la morte de ses parents, quand elle-même peinait à réellement comprendre ses propres sentiments vis-à-vis de leur disparition. Elle les pleurait, tout en les détestant pour ce qu’ils avaient voulu faire. Elle culpabilisait, tout en se disant qu’elle n’avait pas eu le choix, ça avait été eux ou elle, et elle s’était évidemment choisit. Elle devait aborder à présent une vie sans parents, et même si elle n’aimait pas se l’avouer, elle ne pouvait pas nier être un peu perdue vis-à-vis de ses perspectives d’avenir, même si beaucoup de portes d’ouvraient à elle. C’était sans doute ça le souci, à une époque elle n’avait pas eu de choix possible, aujourd’hui, elle pouvait réellement faire ces choix.

« Je perds déjà du temps rien qu’en devant supporter ta présence, alors un peu plus un peu moins, je ne vois pas la différence. » Répondit-elle quand Eileen lui fit comprendre que si elle se contentait de lui parler d’évidence, elle perdait son temps.

Déjà de base, elle se retrouvait à devoir la supporter, c’était à ses yeux beaucoup trop. Mais bon… elle devait faire avec, jusqu’à ce que quelqu’un daigne venir la récupérer. Au final, peut-être que ses parents avaient simplement trouvé une solution pour s’en débarrasser quelques heures, au détriment de Lexie. Qu’est-ce qu’elle en avait marre de ces choses-là, de devoir faire bonne figure dans le monde des sorciers de sang pur, et même dans le monde tout court.

« Il n’y a rien qui peu t’atteindre du tout ? » Demanda-t-elle alors, en croisant les bras, un regard sceptique tourné vers la jeune femme. « Tu es laide tu t’en fiches. Tu as aucune perspective d’avenir, tu t’en fiche. Tes parents te détestent surement, pour ça qu’ils se débarrassent de toi chez moi. Tu n’as pas d’amis. La seule chose que tu as c’est ton jeu débile. » Lexie marqua une pause. « Pourquoi tu ne te fous pas en l’air tout de suite, ça irait plus vite non ? »

Elle était très clairement trop cash, mais à quoi bon se retenir ? Est-ce qu’elle lui souhaitait sincèrement de mourir ? Lexie n’irait pas jusque là non plus, elle ne se préoccupait plus d’elle une fois qu’elle ne l’avait plus sous les yeux. Mais présentement, elle était sa seule compagnie.

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S

i pathétique cela puisse-t-il paraître au vu du très jeune âge d'Eileen, ce n'était pas la première fois qu'on lui signalait que son existence ne servait absolument à rien et qu'elle ferait sans doute mieux de mettre fin à ses jours, au bout du compte. Ce n'était jamais vraiment pensé, bien sûr, elle était trop insignifiante pour que qui que ce soit souhaite sa mort, en revanche, cela lui rappelait constamment combien elle ne manquerait à personne le moment venu. Certes, elle ne faisait pas non plus grand-chose pour s'attirer l'affection ou la sympathie de ses pairs, mais ça, c'était encore une autre affaire.

Ce n'était pas vrai, que de prétendre que rien ne l'attendait du tout. Ce n'était pas le cas. Les remarques déplaisantes avaient été si fréquentes qu'elles finissaient par glisser sur elle, mais ça ne voulait pas dire que certaines n'étaient pas susceptibles de l'atteindre malgré tout, et dans de grandes proportions. Certaines choses pouvaient l'atteindre, oui, mais elle faisait sciemment le choix de ne rien en montrer, au nom de ce qu'elle estimait être, peut-être, certainement, à tort son propre bien.

Ce qui l'atteignait le plus, et presque malgré elle, c'était la possibilité que ses parents la détestent certainement. Malheureusement, elle ne savait pas contredire cette affirmation, parce qu'elle considérait que c'était très probablement vrai, en effet, et même si elle avait fait le deuil d'une relation idéale avec ses géniteurs, ça lui faisait mal malgré tout.

-Pourquoi je me foutrais en l'air exactement ? répondit Eileen dans un haussement d'épaules. Ce n'est pas comme si j'étais particulièrement malheureuse, je t'ai dit que je m'en fichais. Ce n'était pas tout à fait vrai, mais il n'empêche que non, elle n'avait pas l'intention de mettre fin à ses jours. De toute façon, je suis trop lâche pour ça, reprit-elle alors.

Ce qui était certain. Pour prendre une décision si radicale, pour décider de mettre fin à ses jours, il fallait savoir faire preuve d'un monumental courage, et ce n'était pas un courage qu'Eileen avait à sa disposition. Eileen était une planquée, et heureuse de l'être, dans le fond. La seule chose qui comptait et compterait jamais à ses yeux, c'était ses parties de bavboules. Tant qu'elle pouvait compter là-dessus, elle ne se sentait certes pas heureuse, mais pouvait du moins envisager de se sentir un tant soit peu satisfaite, ce qui par certains aspects n'était déjà pas si mal.

-Mais toi, tu devrais peut-être envisager d'appliquer tes propres conseils, reprit-elle non pas comme une menace, même pas comme une remarque agressive, davantage comme une réflexion totalement pragmatique, ni plus ni moins que pragmatique. Si tu tiens tant à être libre, c'est très probablement l'unique manière pour toi d'y parvenir, observa-t-elle ensuite.

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