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 Baptême du feu || Sa-Ri, Finn

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Rafael O'Riordan
Rafael O'Riordan
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Message#Sujet: Baptême du feu || Sa-Ri, Finn   Baptême du feu || Sa-Ri, Finn Icon_minitimeMer 25 Mai - 14:26

Baptême du feuFinn, Sa-Ri & Rafa

Tenant sa main blessée avec sa main valide, Finn Callahan a repris place dans la Bentley, non sans laisser derrière lui - outre un spectacle de désolation dans l’officine, où résonnent les hurlements de l’épouse du pharmacien - une belle traînée de sang. Le temps de refermer la portière, et Rafa le rejoint dans la voiture, en commentant d’un air dégoûté :

-Elle doit l’aimer, j’vois que ça. Après, me demandez pas comment elle fait, hein, ça tient du miracle. C’est p’têtre pour ça qu’il est si croyant, remarquez, il doit bien se rendre compte qu’il fallait une intervention du Saint-Esprit pour qu'il ait trouvé une bonne femme...

Il se marre doucement, mais le regard qu’il coule vers le patron est inquiet. Sa plaie à la main ne cesse de saigner, ce qui n’augure rien de bon. De ce qu’il a vu, ça a l’air profond ; Rafa sait recoudre des plaies superficielles, mais mieux vaut voir un toubib pour s’assurer qu’aucun tendon n’a été touché.

-Putain, vous pissez le sang, patron, commente O’Riordan d’une voix tendue en se garant devant chez Matthews. Ça va ? Vous arrivez à bouger les doigts ou pas ? Essayez de comprimer, je vais récupérer le toubib.

Mais l’homme de science a été appelé pour une urgence, un pauvre diable tombé d’un toit en cours de réfection, pour lequel on ne savait trop s’il fallait appeler le médecin ou le prêtre - alors on a appelé les deux, lui apprend la servante du doc.


-Jamais là quand on a besoin de lui, ce con, grogne Rafa en remontant dans la Bentley. Ça va, patron ? Vous avez pas l’air dans votre assiette. Ça vous dit de boire un coup ? Non, bougez pas, attendez, vous allez vous refoutre la main en bouillie…

Au prix d’une contorsion, il s’empare de la flasque de whisky que Callahan garde dans la poche de sa veste et la débouche avant de la tendre au patron :


-Tenez. Bon, j’vous propose un truc, patron. Je vous dépose au Cohan, histoire que vous puissiez vous installer et essayer d’arrêter cette putain de fontaine avec des serviettes, parce que ça a pas l’air de vouloir s’arrêter tout seul. Et je vous ramène de l’aide. Ça vous va ?

Ça lui va, à Callahan, alors les voilà repartis vers leur quartier général. Liam comprend vite que quelque chose cloche ; habitué à ce genre de retour, il ne tarde pas à monter le nécessaire dans le bureau du patron - des serviettes, une casserole d’eau bouillie, des cigarettes, du whisky. Rafa ne reste que le temps de s’assurer que le patron est entre de bonnes mains ; c’est le cas : Sean et Connell sont montés sur leurs talons, prêts à intervenir si besoin. Les gars sont parfaitement rodés, signe que l’équipe fonctionne bien ; sans que personne ait eu besoin de dire quoi que ce soit, Connell entreprend d’aider le patron à nettoyer sa main valide, tandis que Sean entoure une serviette autour de la blessure.

Dans la salle du pub, ce grand escogriffe de Kelly dispute une partie de fléchettes avec quelques autres gars. Rafa, réalisant soudain qu’il est lui aussi couvert de sang, décide qu’il ne serait pas de bon ton d’apparaître ainsi sur le paillasson de Mrs Kelly, et cramponne son rejeton :


-Eh, Roy, viens avec moi. On en a pour dix minutes.


Kelly n’a jamais été admis à poser ses fesses dans la Bentley, et il s’assoit timidement, comme s’il avait peur d’abîmer les sièges. Une violente odeur de sang flotte dans l’habitacle ; Rafa ouvre en grand sa vitre et démarre en expliquant :


-On va chez ta mère. Tu connais sa locataire, soeur… enfin Sa-Ri. J’ai besoin que t’ailles la chercher. Tu lui dis que j’ai besoin qu’elle me rende un service. J’aurais pu y aller moi-même, mais j’ai pas envie que ta pauvre mère me voie arriver comme ça.

Une mission parfaitement dans les cordes de Roy Kelly, qui revient une minute après avec la religieuse et un cake emballé dans un torchon que sa mère l’a obligé à prendre.

-Elle dit que c’est pour m’sieur Callahan, marmonne-t-il vaguement honteux.

Rafa se contrefout du cake (signe de la gravité de la situation, pour un estomac tel que lui). Sans quitter son siège, il accueille Sa-Ri :


-Bonjour, ma… Montez, montez, faites comme chez vous. Roy vous a dit, j’ai besoin d’un petit coup de main, ça devrait être dans vos attributions…

Sa passagère s’installe à la place du passager, un peu inquiète, probablement. Entre les taches de sang qu’arbore Rafa et l’odeur écoeurante, mélange d’hémoglobine et de cake au whiskey, il y a de quoi.




Dernière édition par Rafael O'Riordan le Jeu 2 Juin - 7:34, édité 1 fois
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Sa-Ri Shafiq
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Message#Sujet: Re: Baptême du feu || Sa-Ri, Finn   Baptême du feu || Sa-Ri, Finn Icon_minitimeMer 25 Mai - 21:14

❝ Rafael, Finn & Sa-Ri❞Baptême du feuDoucement, mais sûrement, Sa-Ri s’habitue à sa nouvelle vie et à son nouveau quartier. Voilà quelques semaines qu’elle a déménagé à Kilburn et les choses s’y passent pour un mieux. La prieure avait raison, il est bien plus facile de commencer une nouvelle vie dans un endroit où on ne la connaît pas qu’en restant à Notting Hill. Bien entendu, recommandée comme elle l’a été par le père Moriarty, les bonnes gens du coin ont vite fait de savoir qu’elle a abandonné le statut de religieuse pour redevenir simple civile. Ca ne gêne pas vraiment la jeune femme, après tout, ils auraient eu tôt fait de le savoir et ça lui épargne des explications fastidieuses lorsqu’elle rencontre de nouvelle personne. De toute façon, on a surtout retenu que c’était une ancienne nonne. Sans nom de famille et avec un prénom peu facile à retenir, il n’est inhabituel qu’on l’interpelle en lui donnant du “Ma sœur” ou “Sœur Sa-Ri”.

Après quelques hésitations et essais infructueux, c’est d’ailleurs comme ça que sa logeuse s’est décidé à l’appeler, ne pouvant se résigner à simplement l’appeler par son prénom. Se justifiant, elle lui a dit :

- Vous savez mon petit, on a ses habitudes à mon âge et même si vous n’êtes plus une servante de Dieu vous l’avez été et chez nous, ça se respecte. Alors, je préfère toujours dire “Ma sœur”.

N’étant pas du genre à faire des histoires pour pas grande, Sa-Ri s’est contenté de sourire et de répliquer qu’elle continuerait donc à l’appeler Mrs Kelly ce qui lui semblait bien la moindre des politesses. Une fois ce détail pratique réglé, la vie de la jeune femme a pris une certaines formes de routine. En accord avec ce qu’elle avait annoncé au Second, la jeune femme a entrepris de trouver du travail. Des petits travaux d’aiguilles par ici et là, recommandés par madame Kelly auprès de ses amies. Sa réputation de bonne sœur aidant, on l’a mandaté une fois pour remplacer la sage femme du quartier qui était elle-même indisposée. Rien de bien probant, mais un début et la jeune femme ne demande pas mieux.

Étrangement, la cohabitation semble avoir un effet positif sur les deux femmes. Il y a comme un regain d’énergie chez Mrs.Kelly qui semble bien décidé de remercier Mr. Callahan et O’Riordan pour leurs attentions envers son fils en établissant la réputation de la nouvelle protégée. Après avoir vanté l’éventail de ses compétences et sa moralité impeccable dans le quartier, c’est à sa garde robe qu’elle s’est attaquée un beau matin sans prévenir.

- Vous savez ma sœur, je ne voudrais pas me montrer critique, mais il serait temps de laisser de côté vos vieilles robes. Je me doute bien que vous ne roulez pas sur l’or, mais même moi je dois admettre que les jupes en dessous des chevilles ne sont plus à la mode depuis les années dix. Entre deux scones, elle continue : Mon amie Catherine avait une fille, elle est morte pendant le Blitz, elle faisait à peu près votre taille, je lui demanderais s’il y a des choses dont elle envisage de se séparer.

Il faut dire que depuis la guerre, se refaire une garde-robe n’est pas aisé et même trouver des bas est un parcours du combattant. Heureusement pour Sa-Ri, elle n’est pas coquette et a appris à se passer du nécessaire comme du superflus. Néanmoins, elle est consciente qu’il faut vivre avec son temps et qu’elle n’est plus nonne aussi est-elle reconnaissance à sa logeuse d’engager un processus qu’elle n’osait pas mettre en œuvre d’elle-même.

Du reste, la vie s’écoule paisiblement et elle en oublierait presque qu’un jour, on viendra pour lui demander un service qui n’aura de service que le nom. C’est la tête du fils de Mrs. Kelly, Roy qui la ramène à la réalité tandis qu’elle finit de ranger la cuisine en partageant un thé avec la vieille dame.

- Oh Roy, c’est gentil de passer me voir, je ne t’attendais pas avant dimanche.

L’homme semble embarrassé et finit par grommeler :

- J’peux pas rester m'man, on est juste passé prendre la sœur, enfin vous ma sœur. Ya le second dans la voiture qui attend, le patron s’est blessé et le doc’ s' est occupé ailleurs.
- Ah ben qu’est-ce que vous attendez tous les deux. Laissez ça ma sœur, je m’en occupe. Tiens prend du cake Roy, c’est pour m’sieur Callahan, on a toujours besoin d’un peu de sucre quand on est blessé.

Pas plus émue que ça par le remue ménage, la vieille dame se lève et reprend le rangement de sa cuisine. Il ne sera pas dit que la maison ne sera pas impeccable d’ici à ce que sa locataire rentre. De son côté, Sa-Ri s'active, prenant juste son manteau avant de suivre Roy. Dehors, la Bentley les attend, Roy monte à l’arrière, laissant la place devant à Sa-Ri. Elle grimpe dedans et s’assied en essayant d’éviter le sang pour ne pas salir la nouvelle robe que Mrs. Kelly lui a apporté.

- Monsieur Kelly m’a dit que votre patron est blessé, commente-t-elle pour avoir un peu plus d’informations.

Dans la voiture,l’odeur est écoeurante et lui rappelle des souvenirs bien peu heureux. Néanmoins, elle a connu pire si bien qu’elle arrive en parfait état au Cohan ou Slim leur ouvre la porte prestement. Autour d’eux, personne ne semble spécialement inquiet et on la fait monter à l’étage où le fameux Callahan et ses sbires fument en blaguant. Une trousse de premier soin est déjà présente et c’est vers elle que Sa-Ri se dirige en premier, on l’a appelée pour ça après tout. Sans prendre la peine de faire les présentations, elle imagine qu’une homme comme lui sait exactement qui on emmène dans son quartier général, elle s’approche pour examiner la plaie.

- Vous savez, la cigarette, ça peut provoquer des retards dans la cicatrisation dans le meilleur des cas ou des nécroses. Comme ça a l’air profond, je conseillerai plutôt de vous rabattre sur le cake ou le whisky. A vous de voir, mais ça serait dommage de perdre sa main pour un peu de fumée. La mère de Roy en a fait un si vous voulez.

Le ton est doux et calme. La voix de Sa-Ri ne porte pas bien haut. Pendant ce temps-là, elle a pris de l’alcool dont elle s’est aspergée les mains et a ôté les tissus qui servent de pansement de fortune.

- Hmm, il a pas mal de petit bout de verre dans la plaie, il va falloir y aller avec une pince pour les retirer. Je conseille définitivement le whisky, on ne va pas utiliser de la morphine pour si peu.

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Message#Sujet: Re: Baptême du feu || Sa-Ri, Finn   Baptême du feu || Sa-Ri, Finn Icon_minitimeJeu 2 Juin - 0:44



Baptême du feu
Sa-Ri, Rafa & Finn
Plier et déplier les doigts coute à Finn, mais Callahan juge qu’il y arrive sans mal. En revanche, le flot continue de sang l’inquiète, même si l’acteur tente de se montrer rassurant quand Rafa l’interroge : « Je crois que oui. Ça fait un mal de chien, cette connerie, par contre.  » Au départ, le mafieux ne s’est pas vraiment aperçu de la gravité de la blessure, trop occupé à passer ses nerfs sur le malheureux Monk. Tu as manqué de vigilance, se maudit distraitement l’irlandais, tentant tant bien que mal d’éponger le flot de de sang avec une manche de sa veste. La douleur atroce qui a pris Finn quand il a versé un peu de whisky sur la plaie aurait du l’alerter, comme le fait que le sang, une fois dispersé par l’alcool, se remette à couler quasi-immédiatement.

Lentement l’attention de Finnegan décroche. C’est que ce n’est pas bon, même lorsqu’on a été soigné magiquement, de se coltiner ce genre de blessures après s’être fait planté. L’odeur métallique du sang ne l’aide guère : toute couleur abandonne progressivement son visage. Matthews va me tuer, va-t-il pour dire à Rafa, mais trop tard : celui-ci a déjà quitté la Bentley. Puis le doc’ n’est pas là, annonce son second, de toute façon, il va falloir trouver une autre solution. Le petit a l’air d’ailleurs. Callahan essaye donc de faire bonne figure et se redresse contre le siège arrière : « Hm ? Ouais, ce serait pas mal. » Il boit avec reconnaissance une gorgée de whisky, qui le remet d’aplomb. Retrouvant un peu de couleurs, le mafieux ajoute : « Te remercie. T’en fais pas, ça ira mieux quand j’aurais mangé un morceau et que ce sera recousu. J’ai juste besoin de me requinquer un peu. » Rentrer au Cohan ? Parfait. Finn ne demande que ça. « Je te fais confiance. » Plier et déplier les doigts. Allez. Recommence. « C’est vraiment dégueu, à force ça me collerait la gerbe, à croire que tu déteins sur moi ! » Badine Callahan, rieur. Reprendre ce running gag sur l’estomac fragile de Rafa, c’est le signe qu’il va mieux, tout comme le fait que le mafieux se remette à ronchonner : « En plus ça me salope les sièges. Je te jure, si je perds l’usage de ma main à cause de ce con, je reviens lui couper la sienne, de paluche, parole ! »

Revenu au Cohan, il s’attelle à raconter leur périple à ses hommes en attendant le retour de Rafa, tentant tant bien que mal de finir de nettoyer la plaie pour avancer un peu les choses, sous l’œil impressionné du jeune Connell et profitant de l’occasion pour changer de vêtements. C’est comme ça que O’Riordan les retrouve, lui en maillot de corps, les autres en bras de chemise, son costume tâché de négligemment jeté dans un coin, hilares. Callahan mime pour la millième fois le moment où il a écrasé la gueule de Monk contre son comptoir - « Et alors, shlack ! Un grand coup dans la gueule et… » - sous les rires approbateurs de ses hommes, chacun y allant de son petit commentaire, le tout dans un épais nuage de tabac.

L’arrivée de la nouvelle venue coupe la chique de tout le monde. « Alors ça… » Souffle doucement Finn, scié. Il claque des doigts, faussement sévère et gronde : « Z’avez entendu ce qu’a dit la dame ? Vous voulez que mes blessures se nécrosent ? Allez, décanillez, les gars, je finirais mon histoire après. Prenez une tournée, c’est pour moi, vous l’avez mérité. Pas toi, Rafa, évidemment. Tu veux bien ouvrir la fenêtre, d’ailleurs ? » C’est marrant, de voir ces gros durs se décomposer et courber l’échine face à ce tout petit brin de femme, que lui voit pour la toute première fois. Elle n’est pas bien impressionnante, n’empêche qu’ils s’excusent tous et qu’ils ont l’air bien penaud. Même lui, s’il sourit en coin, écrase lentement sa cigarette à son tour. « Excusez-moi. Vous disiez ? Ah oui. Je vais rester au cake, ne vous en faites pas. Le whisky fluidifierait trop le sang, ça ne vous faciliterait pas la tâche. Mais faites, je suis tout à vous. » Dommage pour la morphine aussi, mais ce n’est pas vraiment comme s’il avait le choix, le mafieux le sait, à force d’opérations menées à la dure. « Alors c’est elle la petite bonne sœur défroquée dont tu m’as parlé, Rafa ? »

Comme à chaque fois que quelque chose de neuf survient, Finn Callahan est irrémédiablement intrigué. Et cette nouvelle venue l’intrigue, que ce soit par ses manières ou par son air. Elle détonne dans le paysage, cette ancienne nonne, par ses origines asiatiques – pas japonaises, Finn a déjà vu des japs aux USA et elle ne leur ressemble pas. Chinoise ? Oui, elle pourrait venir de Little China, avec son accent londonien. Comme lui a toujours détonné auprès des anglais bon ton, alors ça la lui rend sympathique et ça lui donne envie d’en apprendre plus en s’amusant un peu. Sans chercher volontairement à choquer Sa-Ri, il s’amuse, joue son rôle de chef de clan à fond, sans avoir d’ailleurs à pousser le bouchon très loin pour paraitre impressionnant : « Tu m’as présenté, d’ailleurs ? Je ne voudrais pas qu’on dise que j’ai de mauvaises manières. Finn Callahan. Le patron, ici, si vous préférez.  » Ça le distrait, à vrai dire. En dehors de Eve, personne ne peut vraiment se targuer d’avoir réussi à lui donner des ordres. Les médecins ont cette capacité, cependant, à se faire obéir. Elle a du être infirmière dans une autre vie, Sa-Ri – d’ailleurs il ne sait pas s’il peut l’appeler comme ça « Qu’est-ce qu’on dit, pour les anciennes nonnes, d’ailleurs ? » Demande-t-il à mi-voix en s'adressant à tout le monde à la fois – à moins qu’elle ne soit simplement inconsciente. Le voilà donc qui interroge la jeune femme : « Vous avez une sacrée autorité, dites, même si vous n’avez pas l’air. Assez pour survivre ici, je dirais. C’est bien. Vous avez trouvé vos marques, d’ailleurs ? » Un bout de verre plus difficile à enlever qu’un autre lui tire ensuite une grimace : cette séance de nettoyage vire à la torture. « Qu’est-ce vous en pensez, alors ? Je ne pense pas que le tendon soit touché, mais si je dois perdre ma main, j’aimerais autant le savoir vite. » Histoire de finir le travail auprès de ce bon Monk, même si ça n’est pas très catholique, ce que leur invitée n’a pas besoin de savoir.
(C) CANTARELLA.
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Rafael O'Riordan
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Message#Sujet: Re: Baptême du feu || Sa-Ri, Finn   Baptême du feu || Sa-Ri, Finn Icon_minitimeJeu 2 Juin - 11:45

Baptême du feuFinn, Sa-Ri & Rafa

Dans le bureau, c’est l’ambiance des grands jours. Dès l’escalier, on entend les éclats de voix et les rires, signe que le patron a repris du poil de la bête. Dans la pièce, sous la nappe de fumée qui flotte au plafond, on partage le pain et le vin - le fish and chips et la bière, plus exactement - et on s’esclaffe résolument. Sean et Connell ont tombé la veste et, la cravate dénouée, le flingue apparent à leur ceinture, ils font de drôles de gardes-malades au chevet d’un Callahan en maillot de corps. Une scène banale pour eux, mais qui n’est peut-être pas ce qu’imaginait Sa-Ri. Dans la voiture, Rafa l’a rapidement mise au courant de la nature de la blessure du patron, sans s’attarder sur les détails ; il a indiqué qu’ils avaient une trousse de premiers secours assez bien fournie, et elle a simplement assuré qu’elle ferait de son mieux.

O’Riordan entre le premier dans le bureau, suivi de Sa-Ri puis de Roy Kelly et de son cake. Le grand escogriffe, tout intimidé d’être admis dans le saint des saints, pose son offrande avec l’air d’un qui ne sait pas bien où se mettre, et il est le premier à sortir quand Callahan demande aux gars de quitter la pièce.


-Allez, salut, les nécroseurs, se bidonne Rafa en refermant la porte derrière eux, avant d’aller ouvrir en grand la fenêtre pour évacuer la fumée.

L’ancienne religieuse a pris les choses en main avec une fermeté qui impressionne tous ces types, et O’Riordan voit bien que le patron est intrigué. Tout en coupant des parts de cake avec son cran d’arrêt, il confirme :


-Tout juste, patron. Miss Sa-Ri. Elle m’avait dit qu’elle avait des notions de médecine, alors j’me suis dit qu’elle pourrait sans doute jeter un coup d’oeil à votre main. Ce sera pas du luxe de nettoyer ce merdier, ajoute-t-il en déposant une grosse tranche de gâteau dans la main valide de Callahan.

C’est vraiment une vilaine coupure, songe-t-il en essuyant son couteau sur son pantalon avant de le ranger. Il ne le dit pas à haute voix, parce que personne n’aime entendre que sa blessure ressemble à une catastrophe ferroviaire, mais il adresse à l’ancienne religieuse un regard anxieux :


-Alors ? ça vous semble dans vos cordes, ma s… Miss ? Tenez, vlà la trousse à outils.

Méthodiquement, il déballe pince à épiler, désinfectant, ciseaux, tout le petit matériel nécessaire à ce type de réjouissances ; piochant une part de cake au passage, il vient ensuite se poster derrière Callahan, prêt à seconder la jeune femme si nécessaire. Le patron est parfait dans son rôle de big boss, avec sa main en lambeaux, son sourire bienveillant à l’égard de la nouvelle venue, sa pose nonchalante dans son fauteuil et sa façon de demander à Rafa s’il l’a présenté. Entre deux bouchées, O’Riordan commente :

-Non, désolé, patron, j’ai pensé qu’on n’avait pas besoin de vous présenter. Mais j’avais parlé de vous à Miss Sa-Ri quand le père l’a amenée ici, elle sait qui vous êtes, pas vrai Miss ?

Par réflexe, il attrape son paquet de cigarettes dans sa poche, mais un regard noir de l’ancienne religieuse le lui fait reposer sur le bureau avec un sourire penaud. Ça fait marrer le patron, de voir son second s’écraser comme ça, et même Rafa a un sourire tandis qu’il essaie de se rattraper :

-Vous voulez boire un coup, au fait, ma soeur ? On vous a même pas proposé. Je peux demander à Liam de vous monter quelque chose…

Elle semble très concentrée sur sa tâche, le regard fixé sur la profonde coupure dont elle extrait les morceaux de verre. Rafa l’observe quelques instants, puis vient imbiber d’alcool une compresse qu’il lui tend en assurant :

-De ce que j’ai entendu, patron, Miss Sa-Ri commence à être connue dans le quartier. Paraît que c’est une pro de la couture. Des doigts de fée, m’a dit Mrs Kelly. Ça tombe plutôt bien, hein ? Vous allez voir, elle va vous faire un petit point de croix, ça va être de toute beauté.

D’ailleurs, il se remet à fouiller la trousse pour vérifier qu’ils ont bien ce qu’il faut - fil, aiguille, de nouvelles compresses pour désinfecter - et songe qu’il va falloir refaire un peu le plein. Pas chez Monk, cette fois. Il se marre silencieusement à cette pensée, avant de tourner un visage redevenu grave vers Finn, qui vient de grimacer de douleur :

-Vous tenez le coup, patron ? J’peux vous apporter quelque chose ? Un truc à boire peut-être ?

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Moldu
Sa-Ri Shafiq
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Message#Sujet: Re: Baptême du feu || Sa-Ri, Finn   Baptême du feu || Sa-Ri, Finn Icon_minitimeVen 3 Juin - 13:11

❝ Rafael, Finn & Sa-Ri❞Baptême du feuHonnêtement, n’importe qui aurait de quoi être impressionné en entrant au Cohan. Ce n’est pas tant pour la taille du bar ou son aspect qui ne diffère pas des autres pubs londonien, que pour son ambiance et les gens qui s’y trouvent. Il suffit de jeter un œil aux hommes qui fument tranquillement dans la salle pour voir que l’on a pas uniquement affaire à des enfants de cœur. Slim, éternel portier et gardien en est un rappel frappant. Dans la salle, on entend les bruits de l’étage. Un mélange de rire et de cris bon enfant. Néanmoins, la scène ne l’est pas autant quand Sa-Ri pénètre dans le saint des saints encadré par O’Riordan et le fils Kelly. Le sang a eu le temps de couler au sol, les hommes fument et boivent, leurs armes clairement affichées, claironnant leur appartenance à un gang plutôt qu’à la bonne société londonienne. Celui qu’elle identifie comme le chef est assis au milieu de la pièce, en bras de corps, laissant apparaître diverses cicatrices qui ont, à son avis, été mal traitées. Pas experte, elle estime néanmoins que certaines sont assez vieilles, ce qui indiquerait un début de carrière vraiment précoce.

On ne l’a pas amenée pour émettre un jugement, mais bien pour soigner le patient. Sa-Ri garde donc ses commentaires pour elle-même. Avec un calme qu’elle doit à ses années passées au couvent, elle fend la foule pour se diriger directement vers le matériel mis à sa disposition puis examine la main du blessé. Après s’être désinfectée les mains et avoir constaté l’absence de gant, elle prend celle-ci avec précaution et se penche pour examiner la plaie. Elle est profonde et contient pas mal de petits débris de verre qui vont être douloureux à enlever. Il ne lui faut que quelques secondes pour voir la pièce se vider après avoir courtoisement fait remarquer que fumer ne risquait pas d’aider à la guérison. Elle relève les yeux juste le temps de remercier le mafieux pour son intervention qui libère la pièce de la fumée et d’un trop grand nombre d’observateurs, ne laissant que Rafa, lui et elle dans le bureau.

- Ça devrait aller, monsieur O’Riordan. Je vois beaucoup de débris, mais ça sera plus douloureux que compliquer. J’ai l’habitude des travaux délicats.

C’est d’une voix douce et posée qu’elle répond, saisissant la pince avec délicatesse. Sa-Ri ne ment pas, elle a l’habitude des travaux délicats. Copiste de profession, elle est patiente et minutieuse. Une fois la plaie désinfectée, elle attrape le premier débris avec délicatesse et le pose dans une petite coupelle en porcelaine que le Second a posée non loin à son intention. Alors qu’ils lancent les présentations tardives, elle ne lève pas les yeux toutes concentrées, mais répond à la question posée précédemment et qu’elle avait dûment ignorée.

- On m’a en effet parlé de vous. J’irai même jusqu’à dire que vous êtes le sujet de conversation du quartier depuis que je suis arrivée.

Kilburn, elle l’a très vite compris, est un quartier qui fait presque office de village. On en est ou on en est pas ; les bonnes gens restant fort entre eux et regardent avec suspicion tout nouvel arrivé qui ne serait pas adoubé par les dirigeants du quartier. Sa-Ri, elle l’a vite compris, a eu beaucoup de chance en bénéficiant de l'appui du père Moriarty. Jamais elle n’aurait pu s’intégrer aussi vite dans le quartier si celui-ci n’avait pas pris la peine de la prendre sous son aile et d’aller faire les présentations auprès du second. Si les gens sont encore fort curieux à son égard ou pas tout à fait à l’aise, on a rapidement commencé à la saluer comme n’importe qui et petit à petit, la jeune femme s’intègre dans ce qui fait la vie de tout les jours de Kilburn.

- Vous pouvez m’appeler Sa-Ri si vous le voulez, je n’ai pas de patronyme, ou ma sœur. J’ai beau expliqué que je ne le suis plus, j’ai l’impression que ça ne fait pas grande différence pour les gens du quartier puisque je l’ai été. Choisissez ce qui vous met à l’aise.

Sa-Ri, Sybil, ma sœur, elle a eu plusieurs noms, chacun revêtant une importance différente selon le moment de sa vie. Elle est finalement la somme de tout si bien que l’un ou l’autre ne fait guère de différence pour la jeune femme.

- Une compresse, monsieur O’Riordan s'il-vous-plaît. N’hésitez pas à vous désinfecter les mains avant, on va éviter que le cake ne remplace les morceaux de verre, ajoute-t-elle avec un sourire.

Il la lui donne prestement alors qu’elle répond à la question posée précédemment.

- Non rien à boire, monsieur, c’est bien aimable. Je préfère me concentrer sur la blessure.

Concentrée, elle avance bien. Elle a enlevé la plupart des bouts de verre, mais elle manque de lumière et préfère vérifier qu’il n’y pas de petits bouts qu’elle aurait manqué.

- Est-ce que vous pourriez allumer la lumière et est-ce qu’il y aurait un petit miroir grossissant à proximité ? J’imagine bien que vous en avez peu d’utilité personnellement, mais j’ai cru apercevoir des filles en arrivant.

Il est probablement un peu tôt pour que les dames qui sont généralement en service au Cohan soient déjà en activité, mais Sa-Ri jugerait avoir aperçu la jolie rousse qui était présente lorsqu’elle a rencontré le Second pour la première fois. Nul doute qu’une femme comme elle a sûrement ça dans son sac.

Du reste, puisque le patron semble vouloir faire la conversation, elle répond à ses questions appuyée par les commentaires de Rafael.

- Je n’irais pas jusqu’à dire que j’ai de l’autorité monsieur Callahan. Je demande simplement les choses avec amabilité. C’est étonnant comme ça suffit généralement à ce que les gens soient de bonnes compositions.

En réalité, Sa-Ri a probablement plus d’autorité qu’elle ne le pense. En femme de Dieu, elle a eu l’habitude de n’avoir d’autre maître que le Seigneur et la Prieure. Le statut un peu à part dont elle a bénéficié une bonne partie de sa vie lui a donné l’habitude de diriger avec bienveillance et quoiqu’elle ne porte plus l’habit, elle bénéficie encore, sans en avoir conscience de son autorité. Il faut aussi souligner qu’elle a la peau dure sous ses airs fragiles et sa voix douce. Orpheline depuis sa petite enfance, elle a dû apprendre à faire fi du racisme latent de ses compatriotes et érigé sa différence en force plutôt que faiblesse.

Examinant une dernière fois la blessure, elle répond sans mentir :

- Je devrais pouvoir vous recoudre sans problème, monsieur même si ma logeuse à probablement survendu mes capacités à votre Second. Pour ce qui est de votre tendon, rassurez-vous, il n’est pas touché. Si on ne laisse pas de bout de verre dans la plaie et que vous évitez de fumer, la blessure devrait cicatriser tout à fait normalement. Par contre, je préfère vous prévenir, il est possible que vous perdiez certaines sensations à hauteur de la cicatrice. Je ne suis pas médecin si bien que je ne pourrais pas vous expliquer pourquoi, mais il est fréquent que ça arrive pour des blessures de ce genre.

Se tournant vers Rafa, elle demande :

- Est-ce que vous voulez bien m’assister monsieur O’Riordan ? Il me faudra du fil et une aiguille ainsi que des compresses.

Se tournant vers Finn, elle ajoute :

- Je ne saurais que trop vous conseillez de prévoir des gants si ça devait encore arriver. Je vais me désinfecter les mains, mais on est jamais trop prudent.


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Dernière édition par Sa-Ri le Mar 14 Juin - 20:48, édité 1 fois
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Message#Sujet: Re: Baptême du feu || Sa-Ri, Finn   Baptême du feu || Sa-Ri, Finn Icon_minitimeDim 5 Juin - 22:45



Baptême du feu
Sa-Ri, Rafa & Finn
Avec l’enthousiasme de celui qui meurt de faim, Finn dévore sa part de gâteau. « Faudra penser à remercier Mrs Kelly. Tu passeras le mot à Roy ? Ou j’irais la voir à l’occasion. » Pour l’heure, le mafieux est très occupé à se faire une idée sur ce que vaut cette petite ex-nonne que son second lui a ramené. Non que Callahan soit suspicieux. D’abord, c’était effectivement la meilleure solution, et il marque d’ailleurs son approbation d’un grognement qui peut passer pour un oui entre deux bouchées. Ensuite, ne passent les portes du Cohan que les habitués et ceux qui y sont admis, et si O’Riordan l’a ramené, c’est qu’on peut avoir confiance en elle. Mais comme toujours, la nouveauté l’intrigue et l’acteur a envie de se rendre compte par lui-même de ce que vaut son interlocutrice. Un bon point pour elle, elle ne pose aucune question indiscrète, se contentant de ce qui est strictement utile, avec des paroles et des gestes précis qui démontrent à eux elles son professionnalisme, alors même que se renseigner sur les circonstances dans laquelle la blessure est advenu.

Il va en falloir. Finn ne peut que constater lui-même que la plaie est plus que moche. Plus profonde que large, elle court de la base de son poignet et s’arrête à celle de son index, traversant le gras du pouce et longeant une veine de façon un peu inquiétante. « Je me suis pas loupé, c’est vrai. » Admet-il donc aussi bien en réponse à Rafa qu’à Sa-Ri, non sans une légère grimace lorsque celle-ci annonce que ça fera tout de même mal. C’est l’autre avantage de ces présentations improvisées, elles ont l’avantage de le distraire. « Ah oui ? » Callahan se fend d’un rire amusé en entendant la jeune femme qu’il est le sujet principal de conversation de Kilburn. Il ignore dans quelle mesure les habitants lui ont exactement parlé de ce qu’il est – mais en connaissant le Cohan elle ne peut pas ne pas s’en douter, surtout vu la scène qu’elle vient de voir et la blessure qu’elle soigne – et si la révolte de Monk a fait le tour du quartier. Et pour cause : Sa-Ri a l’air du genre à connaitre les vertus du silence, une qualité trop souvent sous-estimée (même par lui) et de la diplomatie. Ou elle ne veut pas trop se mouiller. C’est bien, d’avoir l’instinct de survie, estime l’irlandais, mais lui, il voudrait en savoir plus : « Et vous en pensez quoi, vous ? » Demande-t-il donc, toujours aussi malicieux. Lui n’est pas trop préoccupé par le salut de son âme – avant d’affronter Dieu, il faut d’abord se concentrer sur la tâche fastidieuse d’échapper à la justice des hommes – mais Finnegan a bien dans l’idée que ce n’est pas forcément le cas d’une ex-bonne sœur, quoiqu’elle ne paraisse pas trop désapprobatrice, ce qui lui fait dire qu’elle ne sait peut-être vraiment pas ce qu’il s’est passé avec Monk.

C’est aussi parce qu’il est mauvais chrétien que Finn ne sait pas trop comment s’adresser à la jeune femme. Comme le mafieux ne partage guère la fascination de ses compatriotes ou de la partie italienne de sa famille pour les bondieuseries – peut-être son seul héritage sorcier : comment croire en Dieu quand on sait ce que sont les sorciers ? – la révérence des habitants du quartier lui passe complètement au-dessus. Pire, ces génuflexions le rendrait presque moqueur envers ces gens terrorisés par les prêtres, leurs effigies pleurantes et l’idolâtrie qu’elle entraine, même pour quelqu’un qui a quitté les ordres, ce qui le conduit à sourire et à rétorquer avec légèreté : « Je vois. Miss Sa-Ri, ça vous va ? J’ai crainte de ne jamais avoir été un très bon catholique, alors ma sœur, ça n’est pas si naturel que ça pour moi. Un comble pour un irlandais, parait. Mais Rafa s’en charge pour moi. Pas vrai Rafa ? » Rafael dit Pie XII, qui ne croit pas beaucoup plus que lui, mais connait mieux les codes. Callahan se marre, mais il ne rappelle pas le surnom. Inutile d’être vexant envers Sa-Ri, et surtout il tient à sa main. La réciproque a intérêt à être vraie : son mépris pour la religion ait encore été aggravé ce soir par Monk et il n’a pas la patience qu’on le contredise là-dessus. De toute façon, ce n’est pas sa sœur, alors ça lui semblerait bizarre de l’appeler ainsi.

Au lieu de ça, il préfère s’intéresser à elle. Sa réponse, placide, l’amuse de nouveau. C’est qu’elle a de la répartie, sous ses airs sages. « Je connaissais quelqu’un qui aurait été d’accord avec vous, miss. Quoiqu’il disait qu’on obtenait plus des gens avec un mot aimable et un gun qu’avec un mot aimable tout seul tout seul, cela dit. » S’amuse-t-il, avant de souffler pour Rafa, hilare : « Capone. » Finn le dit sans mauvaise intention ni volonté d’effrayer Sa-Ri. C’est juste la réalité de leur monde. Qu’ils y participent ou non n’y change rien, d’ailleurs, avec son lot de blessures et de douleurs, qu’elle semble pourtant commencer à bien maitriser. Kilburn n’a pas que des désavantages. Une fois bien intégré, on ne vous y laisse jamais tombé, et même lui joue les bons samaritains. La preuve, voilà le mafieux qui se soucie de ce que devient cette nouvelle habitante et qui hoche la tête avec satisfaction lorsque son second lui apprend qu’elle a bonne réputation dans le quartier.

Laissant O’Riordan aller chercher ce dont la jeune femme a besoin – Florence va être ravie de partager ses affaires - il lui lance au passage : « Je veux bien un whisky pour la route, je te remercie. Tu parles d’un point de croix, pour l’instant, le mot approprié, ce serait plutôt chemin de croix. »  Il bougonne beaucoup pour le principe. Même si cette saloperie de blessure lui fait toujours un mal de chien et que Callahan est presque content quand la jeune femme annonce qu’ils vont recoudre. Pour le reste, les consignes de la jeune nonne sont claires : « Pas de tabac, d’accord. Je devrais pouvoir y arriver. » Le ton est tout de même un peu dépité, tant Finn peut être accro à la cigarette. Mais bon, il faut ce qu’il faut, il le sait, et jusqu’à là, Sa-Ri n’a pas démérité. En fait, à entendre l’acteur, ceux qui le connaissent bien comprendront assez vite qu’elle passe le test haut la main : « Je fais confiance à Rafa. S’il vous a choisi vous, c’est qu’on peut compter sur votre talent. » Le conseil de Sa-Ri le fait tiquer, cependant, le laissant pensif. « Des gants ? C’est pas une mauvaise idée. Une paire en cuir bien solide. En plus, ça évite les empruntes. Je vous remercie du tuyau. » Son intérêt est réel. Vrai qu’il y gagnerait. En plus, son sens du théâtre voit déjà l’usage à en faire. Quand le patron enfile ses gants, tu sais que tu vas morfler, voilà un élément scénaristique qui parle. « Ceci dit, y a assez peu de risques que ça recommence, je dirais. Pas vrai, Rafa ? » Callahan se fend d’un rire sauvage en le disant, private joke assassine à propos de Monk, qui ne devrait plus faire parler de lui. Il conclut ensuite aimablement : « Quand vous voulez, du coup. Pas comme si je pouvais bouger, de toute façon. »
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Message#Sujet: Re: Baptême du feu || Sa-Ri, Finn   Baptême du feu || Sa-Ri, Finn Icon_minitimeMer 8 Juin - 17:09

Baptême du feuFinn, Sa-Ri & Rafa

Ça pue le sang, dans ce bureau, mais on est loin de l’ambiance lugubre post-Cincinnati. Le patron a saigné comme un porc, certes, et ce n’est jamais bon (surtout quand on réchappe comme lui d’une tentative de meurtre), mais il est patent qu’il ne va pas clamser. Il était dans un tout autre état après les coups de lame de son délicieux cousin. Rafa le revoit comme si c’était hier, ballotté dans la Bentley comme une poupée de chiffons, et puis sur la table de la cuisine d’Eve, plus blanc qu’une merde de crémier. Cette fois-ci, après le moment de flottement dans la voiture, il a bien repris du poil de la bête, grâce au whiskey, à la bière, et en dernier lieu au cake de Mrs Kelly. Sûr qu’il faudra la remercier, cette brave dame, songe O’Riordan, la bouche pleine de gâteau - une nourriture richement beurrée, pleine de raisins secs marinés au whiskey, et cuite à la perfection. Incapable d’articuler un son, il hoche la tête à la proposition de Callahan de passer la voir, et profite d’une pause entre deux bouchées pour acquiescer :

-Ouais, ça lui fera plaisir, j’pense.

Tranquillement assis sur le coin du bureau, Rafa laisse les deux autres faire connaissance, l’ancienne religieuse et le mafieux, en se disant que c’est quand même une rencontre plutôt improbable, un petit miracle comme Kilburn sait les distiller. Leur conversation l’amuse, et il n’intervient que lorsque c’est indispensable, comme lorsque le patron évoque son peu de religion. Avec une mine désabusée - et cependant un sourire en coin qu’il n’arrive pas à cacher - Rafa précise :

-Tout à fait, c’est moi qui suis chargé des affaires spirituelles, ici. M’sieur Callahan a pas fait la formation intensive, lui, alors que moi on m’a rien épargné. Si j’vous disais, Miss Sa-Ri, j’ai même été obligé de lui apprendre à faire un signe de croix digne de ce nom pour qu’il ait pas l’air d’un corniaud à l’enterrement de son oncle.

Le respect pour la religion ? Cela ne transparaît guère dans ses propos, mais il en a à revendre, tant qu’on n’essaie pas de l’embringuer là-dedans. C’est bien ce qu’il reproche à sa mère et à son beau-père, de l’avoir forcé à se lever tous les dimanches pour aller écouter des salades en latin auxquelles il ne pigeait rien. Si d’autres, comme Sa-Ri, veulent en faire profession, grand bien leur fasse, mais lui, estime-t-il, a suffisamment donné.

La discussion se poursuit, et Rafa peut dire que Callahan semble valider l’ancienne religieuse. Elle ne se laisse pas démonter, quoi qu’ils disent, répond simplement et avec assurance, bref démontre que sous ses airs proprets, elle n’a pas froid aux yeux. Elle regarde les deux hommes s’esclaffer à l’évocation d’Al Capone, sans avoir l’air choquée ou désapprobatrice. Elle doit bien connaître le nom, cependant. Ce type est un mythe, et Rafa, bien qu’il n’ait jamais rencontré le célèbre boss de Chicago, a l’impression de faire partie d’un petit cercle d’initiés, ceux pour qui Capone est avant tout autre chose qu’un personnage de cinéma. Tony Montenza, à sa manière, était une légende lui aussi, et cette légende-là, Rafa l’a côtoyée, a reçu ses enseignements. Une sorte de noviciat, finalement, sauf que leur dieu à eux s’appelait Dollar et n’était pas enclin au pardon des offenses - mais sinon, c’est pas si différent.

Rafa est en pleine dégustation d’une seconde part de gâteau lorsque Sa-Ri lui demande un miroir grossissant. Il marque un instant d’arrêt, le temps de comprendre de quoi elle parle, puis saute sur ses pieds pour aller voir Florence, en bas. En passant la porte, il lance, rigolard, à Finn :


-Un whisky ? Vous êtes pas sérieux, patron. J’suis sûr que ça nécrose les blessures et tout le bordel ! Du lait chaud, voilà ce que vous aurez !

En bas, Florence le fait un peu languir avant de lui donner le miroir, le temps d’obtenir quelques nouvelles de Callahan. On est un peu tendu, au Cohan, depuis qu’il est quasiment revenu les pieds devant, et qu’il a guéri inexplicablement - comme par magie, en fait. Rassurée sur le sort de Finn, elle consent enfin à remettre à Rafa le petit miroir qu’elle garde dans son sac ; muni de ce précieux objet, et du whisky demandé par Callahan, il remonte l’escalier quatre à quatre et claironne en rentrant :

-Allez hop, hop, hop, au boulot ! Tenez, vlà vos commandes !

Et de fourrer le miroir dans la main du patron, le whisky dans celle de Sa-Ri, et de se marrer de sa blague. Très vite, cependant, il retrouve son sérieux pour venir s’asseoir près de l’ancienne religieuse. Leurs têtes se touchent presque tandis qu’ils examinent la plaie à recoudre. Sa-Ri suggère de se munir de gants, la prochaine fois, ce que le patron prend comme un encouragement à soigner sa tenue. La méprise de Callahan fait rigoler son second, mais il ne corrige pas ; c’est plus drôle de guetter la réaction de Sa-Ri, qui enfile son aiguille, la mine concentrée. Imitant la jeune femme, O’Riordan asperge ses mains d’alcool, et prend la main blessée du patron dans les siennes pour maintenir la plaie fermée :

-C’est bon, patron, vous avez bu un coup ? OK, ma sœur, à vous de jouer.

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Message#Sujet: Re: Baptême du feu || Sa-Ri, Finn   Baptême du feu || Sa-Ri, Finn Icon_minitimeMar 14 Juin - 23:10

❝ Rafael, Finn & Sa-Ri❞Baptême du feuIl ne faudrait pas être très fin pour voir que, en dehors de la blessure à soigner, tout ceci est une espèce de test. Le résultat est-il concluant ? L’ancienne moniale aurait bien du mal à le dire. Si O’Riordan est aimable et que le patron semble affable, elle sait bien que ça ne veut pas dire grand-chose. On discute, on papote, on jauche et on évalue. Que se passerait-il si le test n’était pas concluant ? Pas grand-chose, songe-t-elle. On lui ferait probablement plus ou moins subtilement comprendre que sa présence dans le quartier n’est plus désirable. Ainsi, les bonnes gens de Kilburn, ceux qui ont commencé à se faire à sa présence et à l’intégrer dans la vie de quartier, ne seraient plus aussi avenants et petit à petit, elle finirait sûrement par comprendre d’elle-même qu’il faut partir. Kilburn, c’est avant tout une communauté avant d’être un quartier et on y vit uniquement par la grâce de son Seigneur. Or celui-ci n’est pas tant Dieu que Callahan dans les bas-fonds de Londres.

Rien d’étonnant à ce qu’ils lui expliquent que Callahan ne soit pas féru de religion. En général, quand on a une personnalité comme la sienne, on n’apprécie guère avoir de la concurrence fusse-t-elle non terrestre. Tentent-ils de la choquer ? Elle ne saurait dire. En tout cas, si c’est le cas, ça n’a pas l’effet escompté puisque depuis sa découverte de l’existence des sorciers, il semble que plus rien ne peut la surprendre. La jeune femme se permet donc même d’esquisser un sourire amusé à la mention du mafieux incapable de faire le signe de croix et commente :

- Il faut lui pardonner, mon frère. Il faut admettre que nous les catholiques avons un certain amour pour les génuflexions et autres rituels parfois un peu pompeux. Nos frères protestants ont un peu allégé la chose.

Quoique religieuse d’un ordre catholique, la jeune femme a toujours été du genre tolérant. La différence, elle le sait mieux que personne, divise plus qu’elle ne ressemble, et ce toujours sur des bases fallacieuses. Lorsqu’elle croyait encore, elle croyait en Dieu plus qu’en la doctrine catholique. D’ailleurs, sans doute serait-elle restée une simple croyante fervente plutôt qu’une nonne si elle n’avait pas été élevée au couvent et ainsi répugné à le quitter. De leur côté, les deux hommes semblent surpris par son irrévérence. Peut-être interprète-t-elle à tort leur réaction, mais c’est ce qui la pousse à se justifier :

- Vous devez bien vous doutez que si j’ai quitté les ordres, c’est parce que le Seigneur et moi ne sommes plus vraiment sûr d’être sur la même longueur d’onde. Enfin pour peu qu’IL soit bien présent.

En effet, comment savoir que la magie existe et ne pas remettre en question tout ce qu’il y a autour de la religion. Qu’en est-il des miracles, des saints, des apparitions ? N’était-ce en réalité que des sorciers qui, au cours des siècles, se faisaient passer pour des êtres surnaturels ou de simples illusions ? Elle n’a pas toujours pas la réponse à sa question, mais ce n’était pas en restant au couvent qu’elle allait la trouver. Sa-Ri a prié, supplié, questionné, mais de Dieu, aucune réponse, aucun signe n’est venu. Or, qu’il soit une simple blague potache qui a trop duré ou qu’il l’ignore, le résultat reste le même, il faut qu’elle trouve la réponse par elle-même :

La conversation dérive et la jeune femme voit bien que le patron tente d’en savoir un peu plus sur elle, sous l’oeil attentif de son second. Sa-Ri ne voit pas d’inconvénient à répondre, mais il faut admettre qu’il n’y a pas grand-chose à dire sur elle tant sa vie est faite de peu d'événements notables. La citation ? Elle ne comprend pas tout de suite d’où elle vient. Dans un milieu comme le sien, on fréquente toutes les couches de la société, sans discrimination, mais également sans demander qui appartient à quel groupe. Il faut que Finn souffle “Capone” à Rafael pour que la jeune femme fasse le rapprochement et blémisse un petit peu. Même elle a entendu parler de l’homme. C’est, parmi les bonnes gens, une espèce de légende, celle dont on parle avec un certain respect.

- Je vois, répond-elle très sobrement, tentant de ne pas faire d’impair. Ce n’est peut-être pas la première comparaison qui me serait venue à l’esprit, mais j’imagine que c’est flatteur ?

C’est plus une interrogation qu’une affirmation. De toute évidence, leurs valeurs ne sont pas vraiment les mêmes. Rien d’étonnant à ce que Sa-Ri trouve la bonne parole plutôt dans la bible et eux dans la charge explosive de leur munition.

La discussion se poursuit, mais le travail de Sa-Ri aussi. Bientôt, il ne reste plus de morceau de verre apparent et elle ne va pas tarder à pouvoir recoudre la plaie. Néanmoins, elle préfère être certaine que rien ne traîne et, à cet effet, elle demande à O’Riordan de quoi vérifier et celui-ci ne tarde pas à revenir avec le miroir tant désiré. Si la blague semble faire rire le patron, elle tire juste un sourire à la jeune femme qui retourne à sa tâche. Le second retrouve bientôt son sérieux et s’assied à côté d’elle pendant qu’elle examine la plaie à l’aide du miroir.

- Je confirme, tout semble en ordre, je ne vois aucun résidus. On va pouvoir recoudre.

Lorsqu’elle mentionne les gants, un instant, elle oublie à qui elle parle. Rapidement, sa suggestion médicale est transformée en autre chose. C’est peut-être ça plus que l’irrévérence envers le Seigneur ou les références à Capone qui la surprend. Ils ne vivent définitivement pas dans la même réalité.

- C'est-à-dire que j’entendais la chose plutôt à des fins médicales que professionnelles si vous voyez ce que je veux dire.

Elle essaie d’expliquer la chose diplomatiquement, mais ce n’est pas facile avec O’Riordan qui rit à côté d’elle. Ils se moquent sûrement de sa naïveté, songe-t-elle. Après tout, elle a beau avoir vécu un certain nombre de choses, ce fut toujours par le prisme du couvent et nul autre. Déstabilisée, ne sachant pas vraiment comment réagir, elle s’occupe plutôt de la blessure, expliquant à Rafa comment l’assister.

- Ce n’est pas grand chose, essayez juste de bien tenir les bords de la peau l’un contre l’autre sans les superposer pour qu’on puisse avoir une belle cicatrice et pas quelque chose de boursouflé qui pourrait le gêner.

Elle regarde autour d’elle à la recherche de quelque chose qu’elle ne trouve pas et finit par lui dire :

- Vous pourriez me passer votre briquet ? L’aiguille à l’air neuve, mais je préfère toujours la stériliser.

Une fois l’aiguille passée sous le feu, elle la fait passer sans prévenir dans la peau. Elle sent le mafieux se crisper, mais à sa décharge, elle n’entend pas la moindre protestation de sa part. Elle lui lance un regard désolé :

- C’est comme une première fois, mieux vaut y aller d’un seul coup sans tergiverser. Il y a un temps d’arrêt et elle ajoute : Enfin, c’est ce qui se dit.

Déclaration surprenante pour une ancienne bonne soeur, mais ce n’est pas parce qu' elle n’a même n’a jamais goûté au plaisir de la chair qu’elle ne sait pas comment les choses marchent.

- Si vous savez essuyer un peu le sang, j’y vois quelque chose monsieur O’Riordan.

Il faut dire que la blessure de Finn n’est pas belle et que ce n’est pas deux ou trois points de sutures, mais bien une dizaine qu’elle nécessite.D’ailleurs, le sang ne tarde pas à couler sur sa robe, salissant sa tenue presque neuve. Avec un certain fatalisme, Sa-Ri se dit que ça ne fera pas bon genre pour rentrer chez elle, mais qu’importe, on ne peut pas soigner les gens sans se salir un peu.

- C’est bientôt fini Monsieur Callahan. Encore quelques points et ça sera bon.


Elle regarde Rafael de la tête au pied et avec un sourire discret demande :

- Tant que je fais de la broderie, vous n’avez rien qui nécessite d’être recousu de votre côté ?

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Message#Sujet: Re: Baptême du feu || Sa-Ri, Finn   Baptême du feu || Sa-Ri, Finn Icon_minitimeDim 19 Juin - 22:29



Baptême du feu
Sa-Ri, Rafa & Finn
Elle est prudente, et pas bête, cette bonne sœur. Enfin ex. Callahan ne peut que le constater : poliment, mais sûrement, elle évite de se mouiller et de donner son avis sur lui. Ça ne fâche personne. Une maline, donc, ce qui lui fait dire qu’elle s’intégrera bien dans le quartier. Il suffit de voir, pour en être sûr, comme Rafa l’a adoptée et raconte déjà leur vie. Et Finn fait confiance à O’Riordan, alors c’est une affaire qui roule, même s’il passe pour un con. « Me fais pas passer pour un idiot devant les gens. Tout le monde peut pas se revendiquer de se faire appeler Pie XII, ce bon vieux pape a bien assez de concurrence comme ça avec toi, c’est juste de la charité de ma part. » Grogne donc l’acteur quand Rafa se met en devoir de raconter de vieux souvenirs. Mais Finn se marre, bien sûr. Et s’il pensait être irrévérencieux, Sa-Ri le surprend une nouvelle fois. « Ben, ça alors… » Souffle Callahan en entendant la réponse de la jeune femme, qui a finalement aussi peu d’égard que la sienne pour la religion catholique. « C’est pas moi qui me permettrait de juger, miss. Y a de bonnes raisons de douter, je crois. » Lesquelles, par contre, ça, ça l’intrigue de plus en plus. Curieux comme un chat, l’acteur hésite un instant à lui poser frontalement la question, mais comme elle ne parait pas vouloir en dire plus, le mafieux n’insiste pas.

Du moins pas sur ce terrain là : en réalité Finn continue à juger – jauger ? – le caractère de l’ancienne religieuse. Pour la première fois, Sa-Ri parait un peu déstabilisée lorsqu’elle entend la référence à Capone. Bah, elle s’habituera, songe Callahan. Il a peut-être perdu toute forme de boussole morale, s’il en a jamais eu une, et oublié que de l’extérieur, ils font peur et ne sont pas des enfants de chœurs. Mais de son point de vue, ils ne sont pas les pires des monstres. Mieux, le quartier vit mieux depuis qu’il est là. Et au moins lui assume les choses telles qu’elles sont, pas comme les États qui sont exactement comme des gangs mais qui prétendent rendre la justice en s’étonnant des drames. Il n’y a que les naïfs ou ceux qui ne connaissent pas la réalité du monde parce qu’ils en ont été préservés qui pensent que tout est toujours blanc ou noir et que l’illégal est toujours injuste et le légal toujours juste. Sa-Ri a justement l’excuse de découvrir le monde à l’extérieur d’un courant, alors Callahan se contente de s’amuser un peu : « En quelque sorte, oui. Comme je le disais, je crois que vous avez le caractère pour survivre ici. Avec un flingue, ce serait mieux, mais eh, vous avez fait la moitié du chemin. Je suppose que la menace du jugement divin fera le reste, même si vous n’êtes plus dans les ordres. » Fou comme ça peut faire le même effet qu’une balle, la promesse d’une purgatoire. Lui, ça ne l’impressionne pas trop, parce que Finnegan a conscience d’une chose : la justice des hommes vient précisément avant celle de Dieu, comme Monk en a fait l’amère expérience.

Pendant qu’ils parlent, le travail médical se poursuit, et est bientôt achevé, pas dans les conditions les plus agréables pour Callahan, même s’il tente de faire bonne figure, que ce soit face à la douleur ou un second en grande forme. « Oh, eh, commence pas à être insolent, Rafa. C’est quoi cette façon de dire non ? Reviens là, un peu, pour voir, prendre la taloche que tu mérites. » Trop tard : O’Riordan a déjà passé la porte en se marrant, à la recherche du miroir demandé. Avec une affection non dissimulée, Finn remarque pour Sa-Ri, avec qui il est à présent seul : « Quel sale gosse, je vous jure. Vous ne trouvez pas qu’il est contrariant ? On dirait qu’il s’est fait un sacerdoce de me répondre dans les dents à toutes les occasions. » Ce qui ne tarde pas à se confirmer lorsque Rafa revient, trouvant très amusant d’inverser les demandes des deux autres : « Vous voyez, il recommence, qu’est-ce que je disais. Et t’es content de toi, en plus, hein ? » Récupérant finalement son whisky, le mafieux grogne avec un demi-sourire : « Merci bien. »

L’opération va pour commencer, si ce n’est une méprise qui parait perturber la jeune religieuse, et qui bientôt ne semble plus savoir où se mettre. Finn se fend d’un gros rire face à ce qui pro quo. Bien sûr que le clan ne raisonne pas comme tout le monde, mais pour lui, c’est la proposition de Sa-Ri qui est presque incongru, alors que pour tout esprit logique, elle est parfaitement normale. Autant dire que l’acteur a toutes les peines du monde à reprendre son sérieux. « Oh. Oh oui, des gants médicaux. Oui, oui, excellente idée aussi, j’aurais du y penser moi-même. Faut nous excuser, miss, c’est pas qu’on se moque, ni qu’on veuille vous traumatiser. On est juste plus partisans du prévenir que guérir dans le coin. » Un bel euphémisme pour dire que le clan sert de juge, de flic et de bourreau à la fois, comme parler d’usage « professionnel » d’ailleurs, ce qui fait glousser Finn de façon incontrôlable.

La méprise dissipée, les revoilà parti pour l’opération, et cette fois c’est la bonne. Callahan se marre avec Rafa, qui lui tient la main dans une position saisissante, histoire d’évacuer le stress - « Ah ! Faudra pas le dire à Eve. Elle serait jalouse si elle nous voyait comme ça, même si je lui disais que t’es pas mon genre… » - et finit son whisky - « Ouais, ouais, ça va all… » - quand Sa-Ri se décide à piquer. Le mafieux reste stoïque, serrant si violemment son verre de sa main libre que ses jointures en deviennent blanches. « Prends-le-moi, dit-il à son second. Je pense que je vais le péter sinon, et j’ai aucune envie qu’on me recouse l’autre main. »

Pour le reste, Finn tente de faire bonne figure et y parvient sans trop de mal. Il faut dire que Sa-Ri a des propos distrayants. Voire surprenant. Interloqué, pas très sûr d’avoir bien compris – il fallait bien se douter qu’une ex-religieuse n’aurait pas vu le loup, mais de là à en parler aussi franchement, c’est autre chose – le mafieux réplique d’un ton circonspect, essayant de ne pas être inutilement vexant si elle n’a pas vu le mal et s’il se trompe : « C’est une invitation, miss ? Je crois qu’il vaudrait mieux pas le dire comme ça si ça ne l’est pas. Moi je suis pas libre, et Rafa… » Finn hésite, mais un coup d’œil à son second le décide à terminer plus fermement :  « Rafa non plus. Mais les autres, là, en bas, ils le sont, et ils risqueraient de vous prendre au mot et de ne pas voir la métaphore et je ne suis pas sûre que vous en ayez très envie. Ils sont gentils mais faut être honnête, ils sont pas toujours très fins. » Ce ne sont pas des enfants de chœur, ça non. Et vu la naïveté de la jeune femme, mieux vaudrait qu’elle soit prévenue. Il ajoute donc pour Rafa : « Tu feras passer le mot, tu veux, qu’on lui fiche la paix ? Je veux pas me mettre mal avec le père Moriarty parce que les gars auraient été infoutus de se tenir, ni qu’il lui arrive quoique ce soit. » Callahan est sincère. Sa-Ri lui plait bien, naïveté et ignorance comprises. C’est rafraichissant,  elle apprend vite, et elle sait tenir sa langue. Sans compter qu’elle est douée en médecine et qu’elle a de l’humour, alors il est prêt à faire un effort.

Finalement, la séance de torture se termine au bout d’une quinzaine de points de suture. Résistant à la tentation d’allumer une clope pour fêter ça, Finn plie doucement le pouce pour vérifier qu’il pourra quand même faire quelques mouvements sans desserrer les points : « Ça m’a l’air très bien. Vous en faites pas pour la suite, je demanderai au docteur Matthews de regarder quand il faudra les retirer. Vous le connaissez ? Avec vos connaissances, vous devriez le contacter. Il aura peut-être du travail à vous donner. Vous lui dites que c’est de ma part, éventuellement, ça lui parlera. » Une preuve de plus, s’il en fallait une, qu’elle est en passe d’être adoubée, l’autre étant que Callahan lui demande conseil : « Est-ce qu’il faut un bandage pour protéger les points des chocs ? Je suppose qu’il faut que je bouge le moins possible la main, en plus du tabac ? »

Les dernières consignes reçues, le mafieux se lève finalement avec un sourire pour renfiler une chemise, avant de tendre la main – gauche – à Sa-Ri pour la saluer : « Bon, merci pour tout, miss. Un plaisir de vous rencontrer, malgré les circonstances. Maintenant on sait qu'on peut compter sur vous en cas de besoin. Deux questions. Combien on vous doit ? J’insiste. Ne serait-ce que pour votre robe… Et l’autre, c’est est-ce que vous voulez qu’on vous raccompagne ? » Callahan se tourne vers son second : « Tu t’en charges et puis tu reviens ? On prendra un verre, après. » Parce qu’il a quand même promis aux gars de terminer son histoire, et il compte bien le faire, même s’il ne va pas trop trainer. L’irlandais est dur à la douleur, mais il se sent crevé – plus qu’avant, constate-t-il. La faute aux coups de couteau de Montenza sans doute. En attendant, Finn se dit qu’il y a quand même un debrief à faire sur cette drôle d’ex-nonne. Mais ça s’annonce bien pour elle, si elle ne l’avait déjà pas compris, et la sentence qui tombe au retour de Rafa, alors que le patron s’est attablé à sa place habituelle en bas, avec Florence, est positive : « Je l’aime bien. C’est utile d’avoir une fille comme ça dans le quartier. »
(C) CANTARELLA.
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