Tout est à refaire (Linus)

Pomona jeta un coup d’oeil au parchemin planté sur la salle de cours, et ressentit un soulagement qu’elle éprouvait pourtant rarement dans ce genre de situations, mais qu’elle trouvait de mise, à ce moment précis.

Je ne serais pas en mesure d’assurer le cours d’étude des runes aujourd’hui.
Le cours sera rattrapé la semaine prochaine.
W. Têtenjoie.

Cette missive laissée à la porte de sa salle entraîna l’euphorie des quelques courageux qui avaient choisi l’étude des runes pour option. Pomona souriait. Un oeil extérieur aurait pu se méprendre et penser qu’elle partageait tout simplement la joie de ses camarades, mais ce n’était rien de tel qui animait ses lèvres.

En se réveillant ce matin là, Pomona avait eu le souhait coupable que leur professeur ne puisse pas assurer son cours. S’il s’était agi de n’importe quel autre professeur, elle aurait certainement salué cette coïncidence, mais s’agissant du professeur Têtenjoie, le pari qu’elle avait fait au réveil n’était pas bien risqué.

Ces derniers temps, en effet, le professeur d’étude des runes était sans cesse absent. Apparemment, il était tout simplement à bout de nerfs, ses élèves l’avaient rendu dépressif, et beaucoup racontaient qu’il avait choisi de prendre sa retraite avant la fin de l’année. Retraite qu’il faisait plus qu’anticiper, étant donné ses absences quasi systématiques.

Si ces absences en satisfaisaient beaucoup, ce n’était généralement pas le cas de notre ethnologue en herbe, qui semblait être la seule à avoir conscience qu’il y aurait des ASPIC à passer à la fin de l’année, et qu’ils étaient tous bien loin d’être prêts.

Pourtant, cette fois, oui, elle avait souhaité que le professeur ne vienne pas, tout simplement parce que, du fait des événements récents, elle rêvait d’une vraie solitude, et cela lui apparaissait comme une occasion en or.

En effet, tandis que Pomona fixait l’affiche placardée à la porte comme si elle venait tout juste d’arriver, les élèves venaient les uns après les autres, et repartaient aussitôt, satisfaits.

Quand elle fut presque certaine que tous les élèves avaient eu vent de l’information, Pomona regarda autour d’elle, et après s’être assurée qu’il n’y avait personne, arracha l’affichette, la fourra dans son sac en bandoulière, et pénétra dans la salle.

Y’avait-il, en effet, meilleur moyen d’obtenir un peu de tranquillité? Personne n’irait la trouver ici. Du moins elle le pensait. Et si jamais un professeur la surprenait à monopoliser une salle de cours, elle s’en tirerait en disant qu’elle était supposée avoir cours et qu’elle ignorait que son professeur était absent.

Elle s’installa à sa place habituelle, vers le fond de la salle, à proximité de la fenêtre. Elle retira sa trousse et son précieux carnet de son sac et, avant que de l’ouvrir, se perdit un instant dans la contemplation de la vue qui s’offrait à elle à travers les carreaux.

Une neige très fine, qui pouvait se confondre avec de la pluie, certainement la première de l’année, tombait des nuages grisâtres qui assombrissaient le ciel. Même le temps n’était pas là pour apaiser les esprits.

Pomona feuilleta rapidement son carnet, jusqu’à tomber sur la page qui l’intéressait. En haut de cette page, en lettres capitales, on lisait le nom de « Persephone O’Connor », l’un des sujets les plus intéressants de Poudlard. Et maintenant, la jeune fille était morte.

Pomona arracha la page, l’accident de pré-au-lard allait la conduire à reconsidérer tous ses plans et schémas. C’était peut-être ce qui l’attristait le plus. Elle lança le papier déchiré dans la poubelle la plus proche et examina plus minutieusement son carnet, armée de sa plume, afin de pouvoir modifier ce qu’il y avait à modifier.

Tombant sur la page qui concernait Miyria, elle poussa un léger soupir, cette nouvelle lui avait sûrement fait un choc...

Elle était occupée à barrer et à griffonner quelques informations quand la porte de la salle s’ouvrit.

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Linus avait depuis ce matin, l'impression étrange de ne plus vivre dans un monde serein et tranquille. Sans doute dû à l'attaque sur Pré-au-Lard par les armes, les bombes des Moldus. Le jeune homme avait ouvrit les yeux, ce matin, en espérant que la journée d'hier, avec toutes ses morts, n'était en réalité qu'un cauchemar. Mais après avoir lu la Gazette des sorciers, l'article en premier page qui annonçait la catastrophe. Et l'hospitalisation du Ministre de la Magie, Linus lu aussi qu'une des ses camarades avait succombé à l'attaque, une Serpentard, et d'instinct le jeune homme leva la tête vers la table des verts. Leur attitude était plutôt morose. En continuant sa lecture, il remarqua que de nombreux parents des Serpentard étaient blessé. La mère d'Ines Stinwick avait trouvé la mort, la mère de Jo Benett avait été blessé, il vit la jeune fille en question, assise à la table, plongé dans son bol, elle n'avait sans doute pas envie de faire la conversation, pensa le jeune Linus, dans un soupir triste.

Les élèves de sa Maison, et de son année commençait à partir pour aller en cours, mais le jeune homme voulait finir sa lecture. Et donc partit légèrement en retard, même beaucoup, il courut dans le couloir, et arriva devant la porte de la classe. Cette dernière était fermée, étrange, pensa le jeune homme. Il soupira et essaya de calmer sa respiration pendant une bonne minute avant d'ouvrir la porte...
"Bonjour, commença le jeune homme en entra dans la pièce, qui se trouva être vide, sauf une jeune femme qui se trouvait au fond de la classe prés de la fenêtre.... Pomona" ajouta-t-il en reconnaissant la jeune femme...
"Où sont tous les autres? demanda le jeune homme en se demandant ce que le professeur Têtenjoie, avait pu avoir encore aujourd'hui. Mais il faut dire que depuis la mort de Mimie, rien n'allait plus vraiment pour lui, et les autres élèves ne l'avaient pas vraiment aidé, et c'était souvent que le professeur craqué, on entendait déjà des rumeurs sur sa retraire anticipé. Et sans doute qu'avec l'attaque de Pré-au-Lard, cela devait pas arrangé les choses... Il regarda Pomona, la main toujours sur la poignée et la porte moitié ouverte, depuis quelques temps les deux jeunes gens s'éloignaient de plus en plus, et Linus se demandait ce qu'il avait bien pu faire, ou ce qu'il n'avait pas fait. A moins que passé du temps avec lui, ne soit que perdre du temps pour la jeune femme. Un autre Serpentard lui avait déjà fait cette remarque. Il sourit à moitié gêné et à moitié heureux de revoir Pomona et d'avoir peut-être une occasion de lui parler. Il possa la porte et la referma doucement...

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Pomona était toute affairée à ses occupations, grattant, effaçant, arrachant... Le carnet, sous l’effet de ses multiples retouches, ne ressemblait plus vraiment à grand chose, peut-être faudrait-il qu’elle songe à s’en racheter un... Elle se trainait celui-ci depuis sa deuxième année. Mais justement, elle l’avait depuis longtemps, elle se serait sentie triste si elle avait dû le quitter, ce carnet était une partie d’elle, mais un jour ou l’autre, il faudrait bien qu’elle en change.

Toute absorbée à cette occupation, elle n’avait pas remarqué que la porte de la salle s’était ouverte, elle ne remarqua la présence d’une autre âme qu’elle que lorsqu’il entendit une voix s’élever, une voix décontenancée.

"Bonjour..."

Mince. Elle pensait avoir attendu assez longtemps pour que personne ne vienne encore dans la salle de cours. Finalement, elle aurait dû laisser le papier sur la porte, mais alors son « alibi » serait tombé à l’eau. A croire qu’il n’y avait pas un seul endroit dans ce château où on pouvait être seul.

Elle se serait contenté d’ignorer l’individu qui venait d’arriver s’il ne l’avait pas nommé. Elle avait, au début, le mince espoir que cette personne, en voyait que la classe était presque vide, se contenterait de s’en aller. Qui, après tout, voudrait faire la conversation avec elle.

" ... Pomona."

Seulement, voilà, il l’avait nommé. La concernée leva les yeux vers lui. C’était Linus. Linus et elle avait... un passé commun. Ils étaient amis, ou du moins, la verte et argent avait fait mine d’être l’amie de ses poufsouffle.

Chaque fois qu’elle le revoyait, cela lui rappelait ses anciennes études, et elle en ressentait un certain élan de nostalgie. Depuis que ses études sur lui étaient terminées, Pomona avait totalement négligé son amitié avec Linus, qui ne devait plus savoir sur quel pied danser.

"Où sont tous les autres?"

Pomona hésita quelques instants. Envoyer balader Linus... ou non? Elle opta finalement pour la deuxième solution. Puisqu’il était là, autant prendre de ses nouvelles, savoir où il en était aujourd’hui. Peut-être que lui aussi, serait un nom à modifier sur son carnet.

"Le professeur Têtenjoie est absent, une fois de plus."

Une réponse qui n’était pas forcément nécessaire, aux vues du nombre de fois où le professeur d’étude des runes était absent, ces derniers temps.

"Tu vas bien?" demanda-t-elle sans autres détours.

C’était tout ce qu’elle voulait savoir, s’il allait bien, si tout se passait bien, si, pour lui, la situation avait évolué. Quand elle avait rencontré Linus, c’était un petit poufsouffle timide, qui se laissait beaucoup marcher sur les pieds, c’est pour ça qu’il l’avait intéressé.

Depuis, il n’avait pas forcément beaucoup changé, mais il avait une petite amie, maintenant, qui elle, était le prototype de la jeune fille extravertie et bien dans sa peau, nulle doute que cela avait dû opérer quelques changements dans le comportement de Linus. Est-ce qu’ils étaient ou non bénéfiques, ça, elle ne pouvait pas en être sûre. Elle attendait sa réponse pour être plus sûre.

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"Le professeur Têtenjoie est absent, une fois de plus." expliqua la jeune Pomona sur un ton qui en disait long sur l'attitude du Professeur. Linus sourit et hocha la tête, que pouvait-il dire. La jeune fille avait été une trés bonne amie, qui l'avait conseillé assez souvent, sans trop en avoir l'air. Il aurait bien voulu continuer à lui parler, mais bizarrement depuis l'année dernière, et même peut-être avant, Pomona semblait s'éloigner, c'était éloigné du jeune homme. Linus en était trés peinée, et la revoir maintenant, était trés étrange. Et il ne savait pas trop quoi dire. Une situation embarrassante aurait pu se profiler à l'horizon, mais heureusement la jeune Fitz posa une question et le jeune homme soupira de soulagement.
"Tu vas bien?" Que répondre à ça, que voulait-elle savoir au juste. Si tout allait bien, dans le sens normal que tout le monde le conçoit ou si tout allait bien dans le sens où Pomona veut savoir si les choses ont changés ces derniers mois...

"Et bien, dans l'ensemble ça va, j'ai une petite amie, Melody, mais je suppose que tu le sais déjà, ajouta Linus en connaissant les ragots et rumeurs de Poudlard. Je sais que je peux réussir, même si parfois ce n'est pas évident. J'ai toujours autant de problème avec les Ser... avec Daniel, se reprit Linus en se souvenant que la jeune femme était également à Serpentard. Pomona s'intéresse aux autres, et parfois on oublie qu'elle est à Serpentard... Et toi? finit par demander Linus à la jeune fille, bien qu'il n'était pas sûre qu'elle y réponde. Pendant toutes ses années, où ils étaient plus ou moins amis, elle avait su de nombreux choses sur lui, mais bizarrement lui n'avait pas su grand chose sur elle et ses problèmes. Il sourit à la jeune femme, attendant sa réponse, même si il y avait des chances, qu'elle réponde par une phrase courte. Le jeune homme ne voulait pas trop lui parler des sentiments qu'il avait pour Lysandre, aprés tout, elle voulait prendre un peu de distance, il n pouvait plus compter sur elle. Il faut bien qu'il apprenne à se débrouiller tout seul...

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"Et bien, dans l'ensemble ça va, j'ai une petite amie, Melody, mais je suppose que tu le sais déjà."

Linus avait peut-être bien des défaut (personne n'est parfait) mais en tous cas, il était perspicace, c'était évident. Quand Pomona lui demandait si il allait bien, il comprenait tout de suite qu'il fallait l'entendre dans son sens, c'est à dire qu'elle voulait surtout savoir comment il évoluait.

Il ne lui apprit tout de même pas grand chose à ce sujet. Oui, elle était bien sûr au courant, comme beaucoup de gens, que Linus avait apparemment trouvé l'amour en la personne de la serdaigle hyperactive qu'était Melody Farnsworth.

En somme,Linus suivait la voie habituelle. Sortir avec quelqu'un de populaire, c'était l'un des moyens les plus répandus afin de permettre d'augmenter au moins un peu sa propre popularité. Pomona oszait espérer que ce n'était pas seulement cela qui avait motivé la relation entre Melody et Linus, sinon l'un ou l'autre étaient destinés à être très malheureux.

Pomona ne fit pas de remarques pour autant, elle n'était pas bonne conseillère en matière de relations de couple, elle-même ne croyait pas en l'amour, elle croyait bien aux éléments physiques et physiologiques qui faisaient l'attirance d'un homme pour une femme. Mais l'amour et tous ces beaux sentiments, pour elle, c'était une pure invention romanesque à laquelle beaucoup s'attachaient pour donner de la consistance à leur morne existence.

"Je sais que je peux réussir, même si parfois ce n'est pas évident. J'ai toujours autant de problème avec les Ser... avec Daniel."

Pomona sourit, il était assez amusant d'entendre Linus se rattraper de la sorte. Pomona ne se serait pourtant pas offusquée, elle ne croyait pas à toutes ces catégories de valeurs, aux préjugés sur les maisons. Elle ne se sentait pas plus serpentard qu'elle ne se serait senti serdaigle, poufsouffle ou gryffondor si le choixpeau avait décidé qu'elle y soit.

Il était tout autant amusant de constater qu'histoire de rétrécir les choses et de se rattraper, Linus avait décidé de ne mentionner que Daniel. Daniel la terreur, il effrayait à peu près tous ceux qui étaient moins âgés que lui ou appartenant à une autre maison (comme il avait 17 ans, ça faisait beaucoup de monde).

Daniel était un personnage à part, définitivement, à la fois simple et compliqué, c'était l'avis de Pomona en tous cas, qui n'arrivait pas à s'empêcher d'être intriguée par le serpentard. Il pouvait soumettre, et il était la figure même de la soumission... Une foule de contradictions concentrées dans la même personne, en résumé.

"Et toi?"

Là-dessus, que pouvait dire Pomona? Rien. Elle ne disait jamais rien à son sujet, à personne. Elle aurait même été incapable de dire si elle allait bien ou pas. Elle vivait dans un état de neutralité constant. Elle ne s'attardait jamais sur ses propres sentiments, trop occupée à analyser ceux des autres.

"Je vais bien." réponse de base qu'elle servait en n'importe quelle circonstance, le moyen d'éviter les épanchements à son sujet.

"Contente de voir que ta situation s'améliore." c'était plus ou moins sincère. "Ne te préoccupe pas trop de Chaser, il est plus mal dans sa peau que tu ne pourras jamais l'être."

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"Je vais bien." répondit Pomona à la question du jeune Linus. Il était contente que tout aille bien pour la jeune fille. Même si il aurait aimé avoir une part active dans la bonne humeur de la jeune Serpentard. Mais il espérait d'un autre côté, de ne pas avoir gâché sa journée... Mais comme d'habitude, elle se contente de répondre le minimum et de pas trop parler d'elle. Linus lui fit un petit sourire, et s'avança un peu plus dans la pièce, pour s'appuyer sur une table avec le haut de ses fesses, et pouvoir peut-être discuter un peu plus longtemps avec la jeune femme. Il n'avait pas eu l'occasion de le faire depuis longtemps.
"Contente de voir que ta situation s'améliore." commenta-t-elle, Linus fit juste un hochement de tête, oui avec Melody, les choses semblaient beaucoup plus naturelles, et il avait une meilleure concentration sur les choses qu'il pouvait faire, et qu'il pouvait réussir. Bien que Daniel continuait à lui rendre la vie impossible, par moment. Bien que ces derniers temps, il semblait avoir trouver une autre petite Poufsouffle de première année, à torturer. La petite Laury vivait un véritable enfer, il avait bien sûr, aidé à se cacher parfois, mais il était bien incapable d'être le protecteur dont elle avait besoin, et cela le peinait parfois.

"Ne te préoccupe pas trop de Chaser, il est plus mal dans sa peau que tu ne pourras jamais l'être." fit Pomona, Linus resta un moment interdit essayant d'analyser cette phrase dans tous les sens. D'un certain point de vue, il ne fallait certes par être trés clair dans sa tête et dans sa peau, pour torturer les gens de cette façon, les soumettre à sa volonté. Mais bizarrement, le jeune homme savait que ce n'était pas de ça que la jeune fille voulait parler.
"De quoi, tu.... il coupa sa phrase, et finalement aprés un moment de silence, ajouta... non rien! Il se doutait que la jeune fille ne lui aurait rien dit, d'un autre côté, il était tout de même curieux de savoir, ce qu'elle voulait dire en disant cette phrase.
"Enfin, personne de ton côté, n'a été blessé durant l'attaque de Pré-au-Lard? Je veux dire tu n'étais pas trop amie avec la préfète de Serpentard? demanda le jeune Linus pour changer de sujet, même si le sujet Daniel le préoccupe toujours un peu, et peut-être encore longtemps, une fois adulte, il y pensera encore, c'est même sûr.

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"De quoi, tu...."

Linus n'acheva pas de poser sa question... il n'en fallait pas plus pour intriguer Pomona, qui était curieuse de nature.

Elle supposait que sa question était en rapport avec Daniel, mais pour une raison qui lui échappait, il n'était pas allé au bout de son raisonnement. Dommage. C'était pour des raisons comme celle-là que Linus l'avait intéressé, et l'intéressait beaucoup moins maintenant.

"Enfin, personne de ton côté, n'a été blessé durant l'attaque de Pré-au-Lard? Je veux dire tu n'étais pas trop amie avec la préfète de Serpentard?"

Pré-au-lard, au coeur de toutes les conversations. On ne parlait que de ça. C'était normal, c'était un événement des plus troublants, qui du reste allaient sans doute changer beaucoup de choses avec tout son organigramme qu'elle avait mis tant de temps à construire.

Pomona n'était pas directement affectée par les événements, et même si elle trouvait que Perséphone avait été un sujet d'étude particulièrement intéressant, la personne en elle-même ne lui manquerait pas. Elles ne s'étaient jamais entendu. C'était à peine si elles se parlaient, à vrai dire. Elles n'avaient jamais rien eu à dire.

Perséphone, non, ne lui manquait pas, et s'il s'agit là d'une chose qu'il vaut mieux taire, elle pouvait pourtant affirmer que c'était surtout les études qu'elle effectuait sur elle qui lui manqueraient.

"Perséphone O'Connor était un spécimen intéressant, mais je ne l'ai pas connu assez."

Elle haussa les épaules. Peut-être cela tenait-il du blasphème? On n'entâchait pas ainsi la mémoire des morts. Mais Pomona était quelqu'un d'intègre. Quand tout le monde se découvrait soudainement proche de quelqu'un sous prétexte qu'il était mort. Elle trouvait ça hypocrite. Si on ne s'était pas senti proche d'une personne de son vivant, ce n'était certainement pas la mort qui allait permettre le moindre rapprochement, cela semblait logique.

"Commencer une question sans la finir, c'est laisser inconsciemment à son interlocuteur la possibilité, ou même lui donner l'obligation de demander comment cette question devait s'achever."

C'était s'exprimer de façon très complexe pour dire une chose très simple, du Pomona tout craché.

"Donc je t'en prie, quelle question voulais-tu me poser?"

Elle était curieuse. Cela faisait partie de sa nature, et elle ne supportait pas de voir des questions demeurer sans réponses, et encore moins voir des questions ne même pas finir d'être posés.

Elle perdait déjà beaucoup trop de temps à s'en poser elle-même, elle ne voulait pas que Linus lui en amène une de plus. De préférence, elle voulait qu'il aille jusqu'au bout de ses idées. C'était ce qu'elle lui avait souvent reproché de ne pas faire. Il commençait les choses et ne les finissait pas. Quel manque d'ambition.

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"Perséphone O'Connor était un spécimen intéressant, mais je ne l'ai pas connu assez." fit Pomona. Linus la regarda un moment, mais ne put répondre que "Ah", en hochant la tête. Que pouvait-il dire de plus ou moins! Le jeune homme était tout de même, content, ce n'était peut-être pas le mot à employé, que la jeune fille n'est pas perdue d'amies ou amis dans cette attaque. Certains Serpentards avaient tout de même perdue beaucoup de choses dans cet attentat sur Pré-au-Lard.
"Commencer une question sans la finir, c'est laisser inconsciemment à son interlocuteur la possibilité, ou même lui donner l'obligation de demander comment cette question devait s'achever." continua la jeune fille. Linus sourit à l'utilisation de cette phrase qui avait l'air un peu trop savante pour lui. Non pas qu'il soit bête, il avait parfaitement compris le sens de sa phrase, mais c'était dit d'une telle façon. Du Pomona tout craché, pensa le jeune homme.

"Donc je t'en prie, quelle question voulais-tu me poser?" demanda-t-elle. Linus ne savait pas trop si il pouvait poser cette question, d'un autre côté, sa remarque sur Chaser l'intriguait beaucoup. Il s'éloigna de la table sur laquelle il était appuyé, et fit quelques pas entre les tables et reprit sa question.
"C'est juste par rapport à ta remarque sur Chaser, "il est plus mal dans sa peau que tu ne pourras jamais l'être." répéta-t-il, avant de reprendre sa question... "Qu'est ce que tu voulais dire par là"? demanda-t-il en se tourna vers son ancienne amie. Finalement la question méritait d'être posée, il avait été un peu bête d'hésiter quelques instants plus tôt. Que pouvait avoir comme problème, ce pauvre Daniel pour être aussi mal dans sa peau. En règle général, il ne donnait pas du tout cette impression, bien au connaître. Il ne fallait tout de même pas être trés nette dans sa tête pour torturer les gens, repensa le jeune homme, comme il l'avait fait quelques minutes plus tôt...

[Désolée, c'est un peu court!]

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"Ah"

Un mince sourire orna le visage de Pomona. Il ne pouvait y avoir réponse plus vide et pleine de sens en même toi.

En soi, “ah, ce semblant d’onomatopée, ne signifie rien ou si peu, mais contextuellement, Pomona pouvait y cerner toute cette indifférence qu’il valait mieux cacher pour ne pas sembler inhumain.

L’être humain se sent fréquemment obligé d’adopter une attitude conforme en période de deuil général, et pourtant, tout était dit par un simple “ah”, beaucoup de gens ne connaissaient pas Perséphone, même ceux qui croyaient la connaître, Pomona en avait d’autant plus l’intime conviction qu’elle avait toujours perçu chez Perséphone O’Connor une aura assez semblable à celle que possédait Jedusor.

Un charme malfaisant. Beaucoup de gens acceuilleraient sa mort par un “ah” à peine contrit, puisqu’en vérité, l’homme est égoïste, et s’efforce selement en apparence de ne pas l’être.

"C'est juste par rapport à ta remarque sur Chaser, "il est plus mal dans sa peau que tu ne pourras jamais l'être. Qu’est-ce que tu voulais dire par là?”

C’était tout à fait ce que Pomona avait pensé, Linus voulait qu’elle explicite le point de vue qu’elle avait au sujet de Daniel Chaser, qui faisait clairement parti de ces mystères qu’elle apprécierait le plus de pouvoir élucider.

Ce que Pomona ne comprenait pas, c’est qu’autant de gens puissent être comme Linus, obsédés par l’un des aspects de la personnalité du serpentard, au point d’en oublier l’autre.

Clairement, en effet, si quelque chose devait distinguer Daniel de qui que ce soit d’autres (et c’était bien ce qui intéressait Pomona en lui) c’était cette dualité intrinsèque qui était foncièrement inhérante à sa personnalité, et à côté de laquelle bien trop d’individus parvenaient à passer, assez inexplicablement.

Parlez de Chaser au hasard, au détour d’un couloir, vous entendrez deux postures différentes. Certains vous dirons que Daniel Chaser est tout simplement une brute épaisse, qui prenait une jouissance malsaine à martyriser plus petit que lui, et d’autres, tout à l’inverse, vous diront qu’il n’est rien d’autre qu’un chien de garde, tout juste bon à serrer les bottes de Jedusor.

Etait-elle la seule à être interloquée par l’incompatibilité de ces deux personnalités si diamétralement opposées, et pourtant unies dans un même corps?

Quelque chose devait ronger Daniel de l’intérieur, elle en était intimement convaincu, un mal qui dépassait sûrement de loin ses hypothèses et celui que ressentait le poufsouffle. Daniel se cherchait et ne se trouvait pas. Faute de se trouver, il se perdait, et Pomona craignait (même si employer ici le verbe “craindre” l’invitait à remettre en question certaines choses qu’elle préfèrait éviter d’évoquer) qu’il ne puisse bientôt plus revenir de là où il s’était égaré.

‘C’est un principe tout ce qu’il y a de plus déterministe.”répondit-elle avec cette rigueur quasi scientifique qui la distinguait si bien. “Ce désir de domination, et cette volonté de faire souffrir ne partent pas de rien. Une souffrance en engrange une autre. quelqu’un qui vit du malheur des autres n’est jamais heureux.”

A l’exception de Jedusor, peut-être. Ce garçon côtoyait de si près l’inhumain que Pomona ne parvenait pas à lui trouver les mêmes excuses qu’à Daniel.

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"C’est un principe tout ce qu’il y a de plus déterministe.Ce désir de domination, et cette volonté de faire souffrir ne partent pas de rien. Une souffrance en engrange une autre. quelqu’un qui vit du malheur des autres n’est jamais heureux." répondit Pomona à la question du jeune Linus. Le jeune homme resta un moment silencieux à la remarque de la jeune femme. Finalement c'est bien de ça, que la jeune fille voulait parler. Il avait vu juste dans sa réflexion quelques minutes plus tôt.

"C'est bien ce que j'avais pensé, mais ce n'est sans doute pas moi qui vais l'aider à aller mieux dans sa tête." fit Linus, de tout façon que pouvait-il y faire. D'un autre côté, on pouvait se douter que le jeune homme avait des qualités, pour avoir des amis, et c'était tant mieux pour lui, mais lui aussi avait des qualités, pensa Linus. Il sourit, c'était peut-être la première fois, ou l'une des premières fois qu'il pensait ce genre de chose.

*J'ai des qualités*, il sourit bêtement, et se dit que sans Pomona il ne serait peut-être pas arriver à cette conclusion, et qui partait du mal-être de Daniel. Il secoua sa tête pour ne plus penser à lui. C'est sûr qu'il ne devait pas bien vivre tous les jours de sa vie, mais ce n'était pas une raison pour en faire baver les autres.

"Je suppose que sa frustration, sa colère, sa tristesse, son mal-être, il doit le passer sur les autres pour se sentir bien. Ce n'est pas une façon de vivre, dommage pour lui, il passe à côté de nombreuses choses" commenta simplement le jeune homme, en disant qu'il voudrait tout de même bien changer de sujet de conversation... Ce n'était pas des bons souvenirs que les deux jeunes gens remuaient à parler de lui, enfin de son côté, parce qu'il ne semblait pas avoir de problèmes particuliers avec Pomona.

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"C'est bien ce que j'avais pensé, mais ce n'est sans doute pas moi qui vais l'aider à aller mieux dans sa tête."

Pomona sourit légèrement. La position de Linus était tout à fait compréhensible. A moins de souffrir d’un syndrôme psychologique particulièrement coriace, personne n’aurait jamais envie de venir au secours de son agresseur.

... Et c’était certainement le problème de Daniel Chaser. Il avait besoin d’aide, et aucune main ne se tendait vers lui pour le secourir.

Pire encore, toute personne qui cherchait à l’aider subissait immédiatement les foudres du jeune homme, et celui-ci, en proix à une forme trop avancée d’autodestruction pour qu’on puisse y faire quoi que ce soit...

À se rapprocher uniquement de ceux qui pouvaient lui faire du mal, il courait certainement à sa perte, et le plus triste de l’histoire, c’était qu’il semblait en être heureux... ou en tous cas, il faisait tout pour se convaincre qu’il l’était.

Les mains tendues lui manqueraient sans doute toujours... Pomona aurait peut-être pu tendre la sienne... mais non. Surtout après ce qu’elle avait récolté pour avoir voulu aider Olive. Toute personne qui s’intéresserait de trop près à Daniel risquerait de récolter les mêmes dommages que ceux qu’elle avait subi en décidant de fouiner du côté de Jedusor.

"Je suppose que sa frustration, sa colère, sa tristesse, son mal-être, il doit le passer sur les autres pour se sentir bien. Ce n'est pas une façon de vivre, dommage pour lui, il passe à côté de nombreuses choses.”

Une nouvelle fois, Pomona ne pouvait qu’approuver ce que disait le jeune homme. C’était en effet ainsi qu’elle avait elle aussi analysé la situation.

Oui, apparemment, il passait à côté de sa vie. Mais que pouvait-elle dire, elle, à ce sujet? Beaucoup pensaient la même chose à son sujet. Elle ne se mêlit que peu aux autres, elle ne prenait pas parti de ces distractions qu’elle aurait dû, semble-t-il, apprécier.

Beaucoup disaient, oui, qu’à force de s’intéresser au comportement des autres, elle s’ignorait elle-même et passait à côté de son existence.

“C’est certain... des choses à côté desquelles, toi, tu n’es pas obligée de passer.”

C’était tout le point de cette conversation, Linus se ferait sans doute encore houspiller par Daniel plus d’une fois, mais il aurait, au moins, la satisfaction de se dire que sa vie était bien plus heureuse que la sienne.

“Comment va Melody?” demanda-t-elle dans une fausse politesse.

Le sort de Melody ne l’intéressait que moyennement, mais poser ce genre de questions lui permettrait de faire le point sur les évolutions qui se produisaient dans la vie de Linus. Il était toujours bon de faire le point de temps à autres.

Et cela lui permettrait, dans le même temps, de mettre à jour ses notes surr la jeune fille égalemment, avec qui elle n’avait pas eu de conversations depuis un assez long moment.

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“C’est certain... des choses à côté desquelles, toi, tu n’es pas obligée de passer.” fit Pomona. Linus ne put que hocher la tête, oui, il ne passerait pas à côté de sa vie, bien que ne pas savoir choisir entre les deux femmes de sa vie, aurait sans doute des répercutions que sa vie, son avenir, son destin, son esprit, son âme, et que sait-il encore... Il regarda la jeune femme, et se demanda si il pouvait lui en parler ou pas...

“Comment va Melody?” demanda la jeune femme en question. Linus se demanda si elle n'avait pas un don pour lire dans les pensées ou si c'était un hasard que cette question, vienne pile au bon moment, ou au mauvais moment, tout dépend du point de vue de Linus...

"Elle va trés bien, comme d'habitude, l'autre jour, elle nous a fait décor tous les trophées" commenta le jeune homme... Quand on lui parle de Mélody, il pense presque toujours à Lysandre, en se disant qu'il aimerait l'embrasser, la prendre dans ses bras. Et quand il pense à ça, il pense à Melody, le jeune homme l'aime et ne veut pas la faire souffrir, mais il ne sait pas trop dans quel pétrin, il a bien pu se mettre. Finalement le sujet "Daniel", n'était pas si mauvais... Il était même peut-être plus simple à exploiter pour une discussion avec la jeune Pomona.

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"Elle va trés bien, comme d'habitude, l'autre jour, elle nous a fait décor tous les trophées"

À peine avait-elle posé sa question que Pomona le regrettait déjà. La vie de Melody ne l’intéressait pas vraiment, en tous cas pas quand elle n’était pas mise en relation avec celle de celle de sa soeur. Le plus intéressant pour elle était en effet d’étudier la différence entre les deux soeurs, indépendemment l’une de l’autre, elles l’intéressaient beaucoup moins.

Elle feint polimment de s’intéresser aux derniers exploits de Melody. Il était notable d’observer que toutes les deux ne se ressemblaient pas le moins du monde. Melody était une jeune fille dynamique, qui nourrissait toujours une multitude d’idées (pas toujours utiles), dont l’enthousiasme contrastait clairement avec son pessimisme.

“Heureuse de l’apprendre.” dit-elle en imitant une nouvelle fois la politesse.

Après tout, c’était elle qui avait posé la question, elle ne pouvait s’en prendre qu’à elle-même si la réponse ne l’intéressait pas.

Et voilà qu’elle ne savait plus quoi dire, à présent. Il était difficile pour Pomona de parler librement avec Linus. Il lui était déjà difficile de parler librement avec qui que ce soit, mais avec Linus, c’était plus compliqué encore.

Tous deux n’étaient plus véritablement des amis (s’ils l’avaient un jour été), ils n’avaient plus grand chose à se dire, son étude sur lui était terminée. À part une conversation un peu gênée et sans importance, ils ne pouvaient pas se dire grand chose.

Elle trouvait d’ailleurs très surprenant que leur conversation se soit si bien passée jusqu’ici mais le sujet pré-au-lard et le sujet Chaser y avaient très clairement contribué. Ces sujets étaient épuisés, et Pomona ne savait plus quoi dire. Elle n’était pas vraiment douée pour faire la conversation, elle savait seulement s’y forcer quand elle admettait que la situation l’exigeait.

La situation, avec Linus, ne l’exigeait plus vraiment. Oh elle n’avait rien de particulier contre lui, mais à force de traiter les gens en objets d’étude, elle avait appris à n’affectionner personne ou presque, il n’y avait que quelques exceptions, et elles n’étaient guère nombreuses.

Elle hésita à ajouter quelque chose, mais ne sachant quoi dire de plus, elle préféra se taire, elle ne pouvait pas nourrir davantage la conversation, elle avait fait le tour de la question, et assez tristement, elle devinait que c’était ainsi que s’achèverait leur conversation. Froidement.

A moins que Linus ne trouve quelque chose à ajouter.

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“Heureuse de l’apprendre.” fit Pomona. Linus hocha la tête, et sourit peut-être un peu bêtement... Et maintenant, que pouvait se dire les deux jeunes gens. Il sourit et se dit que leur conversation était sans doute finit, maintenant... Le jeune homme devrait sans doute laisser la jeune femme à ses occupations, ce qu'elle avait sans doute l'intention de faire quand il était venu la déranger à cause d'un professeur absent, c'est dommage pour le professeur Têtenjoie, qui avait beaucoup de mal avec ses élèves, lui n'avait jamais dit du mal du Professeur, mais il ne l'avait pas aidé non plus... Il prendra sa retraire sans doute à la fin de cette année, ou l'année prochaine. C'était un peu dommage, mais Linus pensait sincèrement que c'était le mieux pour lui...

"Je pense que je vais te laisser à tes occupations, mais j'ai toutefois était ravie de voir que tu étais toujours égale à toi même, et en pleine forme. Je suis contente d'avoir discuté avec toi! A bientôt, j'espère"... finit Linus dans un sourire. il se dégagea de la table, sur la quelle il était appuyé, puis fit quelques pas vers la porte. Il se tourna vers la jeune femme, et lui fit un signe de la main...
"A plus!" Il ouvrit la porte et quitta la pièce. Il ne lui avait pas parler des sentiments qu'il avait pour Lysandre, et ceux de Melody aussi. Sans doute aurait-elle un commentaire à faire, mais quelques part, Pomona ne serait sans doute pas la bonne personne pour parler de ça, peut-être un autre jour, à un autre moment...

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