Toujours la même rengaine

"On vit pas dans le même monde, toutes les deux"

Poppy n’était pas vraiment d’accord avec ça. D’accord, elle n’avait pas autant de problèmes avec les autres élèves qu’Enid, mais elle était tout de même consciente des choses. Elle n’était pas dans un monde utopique, où tout se passait parfaitement bien, et pour être honnête, elle avait le sentiment que la jeune femme noircissait les choses, les rendant pires qu’elles ne l’étaient en réalité. Bien sûr, c’était normal, d’avoir cette vision des choses, étant donné ce qu’on lui faisait subir, mais il ne fallait pas non plus tout exagérer, sinon, il était impossible de se sortir de ce genre de choses. Poppy commençait presque à croire qu’Enid avait surtout besoin d’être secouée pour qu’elle puisse reprendre le cours de sa vie.

"Tu sais que tous les prétextes sont déjà bons pour se moquer de moi ? On se moque de moi parce que j'ai les cheveux roux, parce que je suis trop mince, ou trop grosse, parce que je rougis, parce que je bredouille, parce que j'ai une sale note un jour, et parce que j'en ai une bonne l'autre jour, parce que je ferais de la lèche aux profs, parce que je suis nulle en Quidditch, parce que mes vêtements ne seraient pas comme il faut. Y a jamais rien qui va..."

Poppy savait bien qu’Enid lui disait la vérité, et qu’on se moquait sûrement d’elle pour toutes ces raisons. Seulement, ces raisons, c’était juste des bouts de vie quotidienne. Il y aurait toujours quelqu’un pour redire quelque chose, c’était comme ça, et ça ne concernait pas qu’Enid. On était jugé tous les jours sur tout, par tout le monde, et ceux qui étaient jugés jugeaient à leur tour, c’était le fonctionnement de l’espèce humaine, mais il fallait dépasser ces états de fait.

« Et alors ? Moi aussi j’ai les cheveux roux, moi aussi je suis trop mince, j’ai parfois des bonnes notes, des mauvaises notes, j’aide l’infirmière, je demande des devoirs en plus… je suis sûre que certains parlent derrière mon dos, ce n’est pas pour autant que je vais les laisser décider de ma vie. Tu sais, ces gens tu ne les reverras sans doute pas après Poudlard, ils vont t’oublier, et tu devrais commencer à en faire de même. »

Ce n’était pas facile à dire, elle en convenait, mais à passer son temps à se victimiser, Enid n’en tirerait rien, et n’améliorerait pas sa situation, bien au contraire. Alors il était temps qu’elle fasse quelque chose pour changer la situation, mais si elle en était toujours à se rabattre sur elle-même et à rejeter toutes les propositions, alors elle resterait au même point, et n’avancerait jamais, ce qui serait tout de même vraiment dommage.

"Si je travaillais à la bibliothèque, on me traiterait d'intello, de lèche-bottes, de rat de bibliothèque, on me mettrait à l'épreuve en me demandant tout et n'importe quoi... Je sais que j'ai peut-être l'air d'en faire trop, mais je sais comment on se comporte avec moi. Je le vis, tous les jours."

Enid se focalisait vraiment trop sur ce que les autres allaient penser d’elle. Alors que ses détracteurs se fichaient totalement d’elle. Ils la tourmentaient quand ils en avaient l’occasion, parce qu’ils la croisaient, et qu’ils savaient qu’elle était une proie facile, mais le reste du temps, il était certain qu’ils n’avaient aucune pensée pour elle, seulement, Enid y pensait constamment de toute évidence.

« Donc quoi, tu attends leur approbation pour faire quoique ce soit c’est ça ? Si tu fais toujours tout en pensant à comment vont réagir ces abrutis tu n’arriveras jamais à rien. Je comprends que ce que tu vis est compliqué, et j’en suis désolée, mais si tu ne fais rien pour les faire arrêter en allant voir les professeurs, tu devrais au moins essayer de faire en sorte d’être moins touchée par tout ça, même si c’est loin d’être facile j’en conviens. Mais tu peux toujours essayer d’en parler à quelqu’un qui pourra t’aider, un professionnel. »

black pumpkin

"Alors je dois être plus nulle que toi, je suppose...", fit Enid, dépitée, qui loin d'être réconfortée par les propose de son interlocutrice, se sentit encore plus ridicule. "Je suis juste trop faible et trop bête de les laisser m'insulter."

Poppy avait raison, elle aussi concentrait tout un tas de motifs qui aurait pu faire d'elle la risée de ses camarades, et pourtant ça se passait bien pour elle. Peut-être que quelques-uns se moquaient dans son dos (même si Enid en doutait), mais elle, on ne l'insultait pas en pleine face, on ne la bousculait pas, on ne la perturbait pas... Alors c'était bien, Poppy osait faire en sorte d'être laissée tranquille, Poppy savait faire qu'ils ne décident pas de sa vie.

"Je sais bien qu'ils vont m'oublier après Poudlard, je sais bien que je suis pas si importante." Elle afficha un air sombre. "Mais après Poudlard, c'est dans longtemps..."

Et elle avait hâte juste pour ça. Ces camarades insistants se fichaient bien d'elle et de sa vie, elle le savait. Mais elle, elle ne s'en moquait pas, d'eux, parce que leur comportement impactait clairement sa vie, et dans de vastes proportions.

Alors oui, elle ne devait pas attendre leur approbation, mais c'était si dure, elle se sentait constamment oppressée par leurs ricanements, leurs regards. Elle en devenait paranoïaque. Peut-être qu'à certains moments, ils ne la regardaient même pas, mais elle avait l'impression que lui. Et elle se sentait mal, elle se sentait terriblement mal. Et maintenant que Poppy tentait de la bousculer, de lui faire entendre raison avec ses paroles pleines de sagesse... "faire en sorte d'être moins touchée par ça", hein ? Mais comment on fait ça...

"Je suis vraiment stupide hein ?" Elle avait envie de fondre en larmes, et elle se rendait compte que ça lui donnait l'air encore plus bête, ce qui lui donnait d'autant plus envie de pleurer. Un cercle vicieux. "Pardon", fit-elle en s'essuyant les yeux. "Je devrais voir quelqu'un, oui..."

Même si c'était une perspective qui lui faisait peur, surtout si, dans la foulée, elle devait également parler de ses visions et de leurs conséquences. Elle ne se sentait tout simplement pas prête. Absolument pas prête.

codage par LaxBilly.

Toujours la même rengaine

"Alors je dois être plus nulle que toi, je suppose... Je suis juste trop faible et trop bête de les laisser m'insulter."

Poppy avait conscience que ses mots étaient sûrement durs pour sa camarade, mais ce n’était pas du tout dans le but de se montrer cruelle qu’elle le faisait. Mais couver Enid n’était pas concluant, alors elle se disait que peut-être, elle avait besoin d’un électrochoc, que quelqu’un mette les bons mots pour qu’elle se rende compte que sa situation n’était pas figée comme elle semblait le penser, mais qu’elle pouvait tout à fait changer, et tenter d’inverser la tendance. Il ne fallait plus qu’elle se laisse marcher sur les pieds, même si c’était plus facile à dire qu’à faire, bien entendu.

« Arrête de dire de telles choses, arrête de te rabaisser et te victimiser bon sang ! Tu es tout sauf bête, il ne tient qu’à toi de le montrer, et je suis certaine que tu peux le faire. »

"Je sais bien qu'ils vont m'oublier après Poudlard, je sais bien que je suis pas si importante. Mais après Poudlard, c'est dans longtemps..."

Poppy voyait bien qu’Enid ne faisait pas exprès, et qu’elle était vraiment mal face à ce déchainement de moqueries, et cela se comprenait. Mais il ne fallait pas qu’elle se laisse totalement submergée, il ne fallait pas qu’elle se laisse pourir la vie par des idiots. C’était plus facile à dire qu’à faire, et Enid devait se sentir seule et désemparée, mais il fallait qu’elle comprenne qu’elle n’était pas seule, que beaucoup de monde, et plus qu’elle ne pensait, était prêt à l’aider, et il ne tenait qu’à elle de changer la fin de sa scolarité en une note beaucoup moins pesante et douloureuse.

"Je suis vraiment stupide hein ? Pardon. Je devrais voir quelqu'un, oui..."

C’était dur pour Enid, Poppy le voyait bien, mais elle continuait de se dire que c’était pour son bien. Il fallait vraiment qu’elle prenne conscience que les choses pouvaient s’améliorer. Elle ne devait pas rester engluée dans cette situation dans laquelle elle était déjà depuis trop longtemps. Il fallait qu’elle fasse tout ce qu’elle pouvait pour s’en sortir, pour aller mieux, et elle réussirait à voir la vie sous un meilleur jour.

« Je me doute bien que c’est difficile pour toi, et je ne cherche pas du tout à te blesser. Tu es loin d’être stupide, tu es perdue, et bloquée par la peur. Mais les choses peuvent changer, tu peux te prendre en main, et il y a toujours des gens qui seront là pour t’accompagner, et pour t’aider, mais tu ne peux pas rester ainsi. »

black pumpkin

Est-ce qu'Enid se victimisait ? Peut-être bien. Est-ce que lui dire d'arrêter y changerait quelque chose ? Probablement que non. Elle entendait bien le discours de tous ceux qui affirmaient qu'elle n'avait qu'à garder la tête haute et s'imposer pour changer les choses... Sauf que si c'était peut-être simple pour d'autres de s'imposer et de changer les choses, c'était pour elle une épreuve de tous les instants, et qui lui semblait positivement insurmontable... Non, Enid était incapable de croire qu'elle puisse y arriver. Elle était même certaine de ne pas savoir y arriver... Elle se sentait faible, bête et démunie, et qu'on lui répète que ce n'était pas le cas n'y changeait rien. Pour une Poppy qui s'évertuait à lui donner une meilleure image d'elle-même, il y avait une floppée d'autres élèves pour lui répéter qu'elle ne valait rien... et ce n'étaient pas ses médiocres résultats scolaires qui allaient vraiment modifier sa piètre opinion d'elle-même. Alors soit, si elle donnait l'impression de trop se plaindre, elle se tairait... Mais s'imposer, par contre, elle n'en était pas capable.

"Tu as raison, pardon", répondit-elle, mal à l'aise et triste en plus de ça de donner une si mauvaise opinion d'elle-même à une des personnes qu'elle respectait le plus dans tout Poudlard.

Enid savait que Poppy ne voulait pas la blesser, mais il n'y avait pas besoin de grand chose pour que la rouge et or le soit. Elle se sentait clairement à fleur de peau, elle ne se sentait pas bien, et forcément, cela impactait son rapport aux autres et à son environnement - et c'était la plus stricte vérité : oui, elle était bloquée par la peur, c'était trop dur à surmonter.

"Je sais pas comment faire ça, je sais pas comment faire pour me prendre en mains..."

Ce qui passait aux yeux d'autres pour quelques marches à monter passait pour elle pour une montagne à gravir... Elle savait que c'était difficile de le comprendre d'un point de vue extérieur, parce que c'était de la faiblesse pure et dure, tout simplement... Mais se conforter dans ses faiblesses ne pourrait jamais être une bonne chose, en aucun cas.

codage par LaxBilly.

Toujours la même rengaine

Poppy n’avait pas envie d’être méchante avec Enid, de lui faire du mal, mais elle avait du mal avec les personnes qui baissaient les bras en disant que rien n’était possible. L’abandon n’était vraiment pas quelque chose qu’elle pouvait cautionner, et elle trouvait que son amie était bien trop encline à abandonner justement. Elle ne rejetait pas le fait que la jeune femme subisse de véritables harcèlements, et que ce soit très dur à vivre pour elle, mais pleurer dans son coin en attendant que les choses se passent et en se dénigrant ce n’était pas la chose à faire. Poppy considérait Enid comme son amie, et elle considérait donc qu’elle se devait de lui dire les choses, quitte à la blesser sur le moment, pour espérer un changement, et une amélioration de son quotidien, et de sa perception d’elle-même.

"Tu as raison, pardon"

Poppy n’attendait pas des excuses de la part de son amie, ni même qu’elle lui dise qu’elle avait raison. Elle se doutait bien que ce n’était pas en lui disant cela qu’Enid allait changer de comportement en claquant des doigts, mais elle voulait surtout qu’elle prenne conscience que rien n’était définitif, et que même si pour le moment elle avait du mal à y croire, les choses pouvaient s’arranger. Mais bon, Poppy savait bien que ce n’était pas aussi simple, et que les gens avaient du mal à changer leur façon de se comporter, et de se voir.

"Je sais pas comment faire ça, je sais pas comment faire pour me prendre en mains..."

Tout seul, c’était compliqué, voire même impossible dans certains cas. Il fallait qu’Enid se fasse aider. Pas forcément par un psychologue, mais par quelqu’un qui saurait en mesure de l’écouter, et de l’aider. Enid allait sûrement lui dire qu’elle était seule, mais c’était faux. Elle avait bien plus de personnes présentes pour elle qu’elle ne le pensait.

« Ne t’excuse pas. Ça n’a pas de sens. Je me doute bien que tu te sens perdue, et que tu ne sais pas forcément comment t’y prendre. C’est normal. Tu ne peux sans doute pas y arriver seule, parce que pratiquement personne ne le peut. Mais tu as tes amis, tu peux toujours essayer de trouver un professionnel dans ce domaine. »

black pumpkin

Enid est de nature à demander "pardon" pour tout. Le genre de personnes qui s'excusent de s'excuser, en somme... Et elle le regrette sincèrement. Elle entend les très bons conseils de son amie, et elle compte bien les écouter et les respecter, mais elle sait aussi qu'elle a un long chemin à faire devant elle. Ce n'est pas si simple quand on est malgré soi conditionné par des des années de terribles manques affectifs liés pour la plupart à une absence de confiance en soi plus terrible encore. Pas de quoi être fière, très clairement. Et elle pourrait se justifier en disant qu'on ne se refait pas, mais ce n'est pas une pensée saine, et ça aussi elle le sait très bien.

Heureusement, elle a de la chance d'être en présence de quelqu'un de particulièrement compréhensif. Poppy est à l'écoute, et surtout elle est de bon conseil. Cette jeune fille est vraiment la patience et la douceur incarnées. Enid espère être capable de lui ressembler davantage. Elle a un peu trop tendance à faire un drame de tout ce qu'elle peut traverser, elle voudrait être en mesure de voir les choses avec plus de simplicité, de considération et de douceur, et ça, c'est une chose que son interlocutrice sait faire à coup sûr. Et une chose que Enid admire immensément au passage.

"Je n'ai pas tant d'amis que ça, tu sais..."

Enid ne le dit pas pour se plaindre, elle expose juste un fait. Enid est quelqu'un de très seul, qui a du mal à aller vers les autres, et plus encore a peur de les ennuyer avec ses propres problèmes. Par conséquent, elle aura toujours tendance à les minimiser, à prétendre que ce n'est rien, à se réfugier derrière les excuses les plus confortables qu'elle trouvera à sa disposition. Elle n'a pas tant d'amis, mais ce n'est de toute façon pas eux qui lui apporteront le soutien psychologique dont elle a besoin. Il lui faut un vrai professionnel pour cela. Elle en a conscience à présent.

"Tu as totalement raison, je le sais. J'irai parler à quelqu'un, et je pense que c'est la meilleure chose à faire." Elle sourit. "Tu vois, rien que le fait de te parler, je me sens mieux, déjà."

codage par LaxBilly.

Toujours la même rengaine

Poppy avait conscience qu’elle était peut-être très rude avec Enid, mais ce n’était pas pour lui faire du tort. Au contraire, peut-être qu’avec un électrochoc, des mots forts pouvaient peut-être lui faire comprendre certaines choses, notamment que sa situation n’était pas irrémédiable, même si maintenant, cela lui semblait être le cas. Mais elle avait tout à fait intérêt à sortir de cette habitude qu’elle avait prise de tout encaisser sans rien dire, de tout accepte comme si c’était normal, alors que ça ne l’était pas. Elle ne devait pas accepter ce que d’autres lui faisaient subir sous prétexte qu’elle était une proie facile. Et elle avait tout ce qu’il fallait pour qu’elle puisse prendre sa vie en mains.

Elle ne voulait donc pas que son amie prenne mal ce qu’elle lui dise, ou pense qu’elle ne faisait que la critiquer. Ce n’était pas du tout l’effet escompté. Elle voulait qu’Enid prenne confiance en elle, et aille de l’avant. Il ne suffisait pas juste de lui dire pour que cela se passe évidemment, il allait falloir du temps, et un vrai travail sur elle-même mais elle n’avait absolument aucun doute sur le fait que cela allait se produire. Parce qu’elle en était capable, et qu’elle le méritait.

"Je n'ai pas tant d'amis que ça, tu sais..."

Poppy craignait un peu que la jeune femme recommence à se morfondre et à se dénigrer quand elle lui disait cela. Comme si tout ce qu’elle lui avait dit auparavant ne servait à rien. Le nombre d’amis qu’on avait n’était pas important. Ce qui en avait, c’était la qualité de ces amitiés, et leur sincérité. Poppy n’avait pas non plus des dizaines d’amis, et ce n’était pas grave.

"Tu as totalement raison, je le sais. J'irai parler à quelqu'un, et je pense que c'est la meilleure chose à faire. Tu vois, rien que le fait de te parler, je me sens mieux, déjà."

Poppy afficha un sourire ravi à la réponse de son amie. C’était ce qu’elle voulait entendre, et elle était très heureuse que Enid ait pris conscience de certaines choses. Même si elle ne changerait pas du jour au lendemain, qu’elle soit motivée à ce que les choses changent, c’était déjà une très grosse partie du travail.

« Tu m’en vois ravie, tu mérites vraiment ce qu’il y a de mieux. Et puis tu sais, le nombre d’amis importe peu. Le principal c’est la nature et la profondeur de tes relations. »

black pumpkin