Titvoleur, chapardeur. Peu importe le nom donné à la créature, Norbert était parti du principe qu'il accepterait n'importe lequel si cela pouvait faire plaisir aux deux jaune et noir (et peut-être lui faire gagner des points auprès de son fils, ça, il ne pouvait pas le nier non plus), et donc, il les laissait débattre du meilleur choix sans interférer. Ils étaient globalement partis dans des idées qui n'étaient ni complexes ni farfelues, et pour tout dire, ça l'arrangeait. Le magizoologiste devrait familiariser le niffleur avec son nouveau nom, du moins tant qu'il vivrait sous ce toit, alors s'il devait s'agir d'un nom qu'il ne connaissait pas le moins du monde, la situation risquait fort d'être rendue bien trop complexe. Au final, les enfants semblèrent se mettre d'accord sur le premier choix que Norbert avait lui aussi approuvé, à savoir Titvoleur. Soit. L'homme considéra du regard l'animal qui se laissait toujours aussi docilement caresser par Hyppolite et Lauraleen. Ce serait donc son nom, à présent. Et plus il le regardait, plus il se disait que c'était un nom très approprié. Lauraleen reprit à la parole, demandant s'il y avait quelque chose à faire quand on baptisait une créature fantastique.

A ce qu'il sache, il n'y avait pas de rituel particulier à mettre en oeuvre. Ou en tout cas, il n'avait jamais pris la peine d'en employer. le moment où il déterminait un nom pour une créature n'était jamais intense ou solennel. C'était davantage quelque chose qui se faisait... comme ça, en fin de compte, il n'y avait pas de réflexion plus poussée là derrière, d'instinct, il songeait que tel nom irait à telle créature, et il s'en satisfaisait. Il n'y avait rien à en dire de plus. Rien à en dire de moins non plus, d'ailleurs.

-Pas vraiment, non, observa Norbert en se grattant l'arrière de la tête, réflexe qu'il avait bien souvent quand il réfléchissait. Il pourrait bien inventer un rituel rien que pour l'occasion, mais il n'avait rien de particulier à en dire. Il faut juste s'habituer à l'appeler régulièrement jusqu'à ce qu'il finisse par reconnaitre son nom. Il marqua une légère pause. Les niffleurs sont des créatures intelligentes, ça ne devrait pas mettre très longtemps.

Je hoche la tête quand Laury me demande mon avis sur le surnom Titvoleur. C'est vrai que c'est très mignon, plus mignon que mes autres suggestions. De toute manière, j'avais bien l'intention de lui laisser le dernier mot. Enfin, de toute façon, la question ne se posait pas vraiment : c'est elle qui a voulu découvrir cet endroit et les créatures de papa, c'était normal que je lui laisse le choix, après tout. Et Titvoleur, pour de bon, ça en jette, comme petit nom, j'adore. Bref, dans tous les cas, je suis d'accord avec elle, et on n'a pas besoin d'y réfléchir davantage. Le niffleur se fera donc appeler Titvoleur, décision prise à l'unanimité, et m'est d'avis que ça lui va comme un gant.

Laury se tourne vers papa, elle lui demande s'il y a quelque chose de particulier à faire quand on a baptisé un animal. Dans mon souvenir, non, mais c'est vrai que ça fait un moment que je ne me suis pas intéressé au travail de papa. C'est pas qu'il ne me plaît plus, j'adore toutes ces bestioles magiques, mais c'est un acte de rebellion contre le papounet, et donc je m'y tiens. Aujourd'hui, c'est juste une petite exception, une micro-entorse à la règle, mais je me rattraperai bien plus tard de toute façon.

Papa confirme ce que je pensais. Pas de rituel précis à respecter, pas de décision spécifique à prendre. C'est finalement le même processus que pour n'importe quel autre animal de compagnie. On s'appliquera à le nommer Titvoleur (enfin, papa surtout, parce que je pense pas revenir dans ce bureau avant un moment, même si ça me fait du bien de revenir ici), et il finira par le retenir. Les niffleurs sont intelligents, apparemment. C'est ce que papa dit, et il s'y connaît en animaux fantastiques. En même temps, vu le temps qu'il y consacre, hein, il peut, quoi.

-Faudra que tu viennes, je suggère alors en me tournant vers Laury, voir si nos efforts auront payé.

Et moi, ça me donnera un bon prétexte pour remettre les pieds dans ce bureau sans donner la satisfaction à papa de croire que je veux lui accorder un moment privilégié. Et puis bon, là on passe un bon moment, avec Laury, donc ça me va très bien de réitérer.

Laury était contente de passer un tel moment avec Hyppolite et puis le père du garçon. C'était vraiment magique, oui c'était bien le bon mot, de se retrouver dans un tel lieu, qui était censé d'ailleurs être un bureau. Et la jeune fille n'avait pas encore entendu parler de la valise, cela finirait sans doute par l'achever, tellement tout ceci était magique.
"Titvoleur" fit-elle en caressant une nouvelle fois la petite créature. Comme il n'y avait rien à faire de particulier lorsqu'on baptise une créature, la jeune fille se contenta de le caresser. Elle fit un sourire à Norbert et à Hyppolite. Tous les deux l'invitaient à revenir, et elle était ravie, et hocha la tête pour dire que oui, elle serait contente de revenir voir Titvoleur, et puis d'autres créatures, et surtout passer un moment avec Hyppolite, même si ils se contentaient de rester dans sa chambre.

Sauf qu'il y avait un peu hic, c'était ses parents. Elle avait tanné pendant des heures pour qu'ils acceptent de venir. Mais elle espérait que maintenant qu'ils commençaient à connaître les Dragonneau, ils pourraient accepter plus facilement de venir, et même qu'elle vienne seule, ce serait sans doute beaucoup mieux.  Mais oui, elle avait trés envie de revenir chez son ami. Peut-être pour les grandes vacances, ça serait bien. Quelques jours par exemple, l'année dernière Chris et Ludovic étaient venus chez elle pour passer quelques jours avec elle. Cela avait été plus facile de les faire venir chez elle, que le contraire. Ses parents étaient un peu trop protecteurs, et ce serait sans doute encore pire si ils découvraient l'existence de toutes ces créatures magiques.
"Je reviendrais, c'est sur" fit Laury avec le sourire en observant le petit niffleur, qui était sans aucun doute, une créature trés intelligente, comme le disait Norbert, et elle voulait bien le croire.

Norbert appréciait vraiment le fait que son fils propose par lui-même à Lauraleen de revenir à l'occasion, pas seulement parce qu'il considérait que c'était une excellente chose que son fils ait une amie si sympathique, avec laquelle il s'entendait si bien, bref, il aimait l'idée qu'il puisse être sociable, contrairement à lui, ce qui devrait sans doute grandement lui faciliter les choses au quotidien, mais aussi parce que son fils semblait un peu plus réceptif à son travail, comme ça n'avait pas été le cas depuis bien longtemps. Il savait bien que ça ne voulait pas dire grand-chose non plus, dès lors que les Miller auraient quitté la maison, il était très probable qu'Hyppolite se montre à nouveau aussi distant et désagréable qu'en temps normal, mais cette accalmie n'était pas déplaisante. Et si Lauraleen pouvait y contribuer, alors c'était une raison de plus pour lui proposer de revenir. Même si bien sûr, cela ne dépendait pas seulement de son approbation à lui, mais aussi de celle des parents de la jeune fille. Ceci dit, à ce sujet, Norbert ne se faisait pas beaucoup d'inquiétude. Il ne s'en faisait même aucune. Il connaissait Tina, et cette dernière avait dû parfaitement savoir mettre Mr et Mrs Miller en confiance. Il valait mieux, d'ailleurs, qu'ils aient passé tout ce temps avec elle qu'en leur compagnie. C'était quand même bien plus sûr.

-En tout cas, tu es la bienvenue quand tu veux, confirma le magizoologiste avec un fin sourire.

Ce qui était le cas, en effet. Et il aimait qu'il y ait de la vie dans cette maison. Non pas qu'il n'y en ait pas en temps normal, mais disons qu'au moins, les tensions s'étaient dissipées, et c'était agréable, ce climat devenu presque étranger, si étranger qu'il en avait presque oublié le fait qu'il les avait environnés pendant bien longtemps avant que la situation ne dégénère, avant que la crise d'adolescence d'Hyppolite ne les guette, avant que lui-même ne doive faire face à des erreurs difficiles à assumer.

-Vous voulez rester encore un peu ou on retourne au salon ? proposa-t-il ensuite en regardant successivement les deux jeunes adolescents. Il comprendrait qu'ils veuillent rester encore un peu, mais peut-être que les parents de Lauraleen s'impatientaient, et ce n'était pas le moment d'avoir mauvaise presse auprès d'eux.

Bon, j'avoue que ça me fait plaisir d'entendre papa assurer à Laury qu'elle est la bienvenue quand elle veut chez nous, et aussi dans ce bureau, donc. Même si c'est tendu entre nous, j'ai quand même envie que papa et maman apprécie mes amis. En même temps, je ne me faisais pas beaucoup de soucis concernant Laury, un peu comme ça n'a pas été difficile d'intégrer Rhian auprès des Dragonneau, c'est des gens sympathiques de nature. Et les parents doivent penser, d'instinct, qu'ils auront une bonne influence sur moi et la mauvaise graine que je suis, vu qu'ils sont du genre calmes et polis, un peu l'inverse de moi ces derniers temps. Mais dans tous les cas, oui, c'est cool que Laury soit appréciée, maintenant, faut espérer que les parents moldus de mon ami passent un bon moment eux aussi. Bon, maman sait faire la conversation, ça doit être le cas, mais on sait jamais, comme dit. Dans tous les cas, y aura eu au moins un jour durant ces vacances qui aura ressemblé à quelque chose, et rien que pour ça, je crois bien que ça en vaut bien la peine. Je tourne mon regard vers Laury quand papa nous demande si on veut rester encore un peu ou si on préfère rester au salon.

-C'est comme tu préfères, je lui dis.

C'est vrai, je lui laisse le choix. Il y a sans doute pas mal de choses à voir encore dans ce bureau, mais en fait, moi, et même si je n'y ai pas mis les pieds depuis un petit bout de temps, je le connais et je connais aussi la plupart des créatures qu'on peut y croiser. Pour mon amie c'est pas le cas, donc rien d'anormal à ce qu'elle ait peut-être envie de rester plus longtemps. Même si elle préfère peut-être revenir au salon ? Franchement, je n'en sais rien, mais moi les deux me vont, même si c'est vrai que le thé avec les parents de Laury, ça a l'air barbant. Mais au pire, on pourra aller tous les deux dans ma chambre pendant que les adultes continueront de papoter entre eux, tout dépend du temps que Laury est autorisée à passer chez nous, en fait, j'ai pas pensé à lui poser la question.

Laury regarda Titvoleur une dernière fois, et laissa son regard s'aventurer dans tout le "bureau", et aimerait bien en voir plus. Mais un coup d’œil sur sa montre lui indiqua qu'il était presque sept heures, et elle savait que son père n'aimait pas rester au delà de cette heure-là, parce que cela "obligeait" les gens à les inviter à dîner et son père n'aimait pas obliger les gens à faire des choses. Et puis si elle voyait tout en une seule fois, elle n'aurait plus "besoin" de revenir. Et Laury avait envie de revenir même pour juste voir Hyppolite et Titvoleur aussi.
"Je crois qu'on ... devrait retourner au salon" fit Laury, tout de même un peu triste de quitter le bureau du père d'Hyppolite sans avoir tout vu,, de quitter Titvoleur aussi. Et puis la famille Dragonneau en général. Elle avait bien sur rencontrer Hyppolite en premier, et puis la mère de ce dernier, Tina, lors de leurs achats pour la rentrée des classes. Et aujourd'hui, elle rencontrait Norbert Dragonneau et puis Titvoleur, c'était déjà bien dans une journée.

"Mes parents voulaient qu'on ne rentre pas trop tard" fit Laury, ce qui était vrai, et peut-être aussi une façon de dire que c'était pas sa faute, si ils partaient déjà. "Mais comme ça, j'aurais encore plein de choses à voir la prochaine fois. Peut-être pendant els vacances d'été" proposa Laury avec le sourire, sans savoir qu'elle ne verra pas Hyppolite pendant quatre longs mois, car ce dernier serait kidnappé, mais ça, elle ne pouvait pas encore le savoir. Laury fit une dernière caresser à Titvoleur, et fit un sourire à Hyppolite ne glissant sa main dans la sienne, il était tant de rejoindre les grandes personnes.

Hyppolite tourna son regard vers son amie afin de lui laisser le fin mot de l'histoire. Il est vrai que cela semblait logique que ce soit elle qui décide du temps qu'ils passeraient encore ou non dans son bureau. Hyppolite avait tout le loisir de revenir au bureau quand il le voudrait (mais c'était un privilège dont il ne cherchait pas vraiment à bénéficier en temps normal... en même temps, étant donné l'état de leurs relations, il n'y avait rien d'étonnant à cela), Lauraleen pourrait bien revenir si elle le voulait, ainsi qu'il l'avait dit, elle serait la bienvenue, mais les occasions seraient forcément beaucoup moins nombreuses. Ce fut donc la demoiselle qui choisit pour toute l'assemblée (assemblée relative du haut de leur nombre de trois, certes). Elle leur suggéra donc de tous revenir au salon, ce qui convenait en partie à Norbert. D'un côté, il n'aurait plus les enfants sous sa vigilance constante et n'aurait donc pas à craindre qu'il leur arrive quelque chose (ce n'était pas exclu, avec ses créatures, même s'il les estimait toutes inoffensives), de l'autre, il n'avait pas vraiment envie de renouer avec les habituelles conversations d'adultes dont il avait donné la charge à son épouse jusqu'alors.

Ceci dit, ça ne devrait pas durer très longtemps puisque, semble-t-il, les parents de la jeune fille n'avaient pas dans l'intention de s'éterniser. bon, au moins, Lauraleen aurait quand même déjà découvert de nouvelles choses, des créatures sur lesquelles elle n'avait jamais eu l'occasion de poser les yeux. Et oui, il y en aurait d'autres, d'autant plus que, d'ici cet été, si elle avait envie de revenir à ce moment-là (encore que rien ne garantissait que lui soit là durant l'été, il serait peut-être en vadrouille - ou pas, l'enlèvement futur d'Hyppolite allait forcément remettre pas mal de choses en question). Il hocha donc la tête. Il appréciait le fait que Lauraleen ait apprécié cette mini-expédition en terrain inconnu, au point de bien vouloir réitérer l'expérience. Norbert adorait son travail (ça ne surprendra évidemment personne), alors s'il pouvait transmettre un peu de sa passion à quelqu'un, n'importe qui, alors il en était bien évidemment ravi. Et puis, ça lui avait permis de se sentir un peu plus proche de son fils, ce qu'il n'avait pas fait depuis longtemps.

-Très bien, allons-y, alors.