La valeur d'un trésor réside dans son secret. [pv Trevor <333]

La valeur d'un trésor réside dans son secret.

C'

était le cas depuis toujours, il ne s'écoulait jamais beaucoup de temps sans que Nigel vienne retrouver Eurydice, ou l'inverse. C'était comme ça, ils étaient inséparables depuis la naissance, et ce n'était pas parce que le frère et la soeur étaient adultes, à présent, et avaient leurs vies indépendamment l'un de l'autre, que ça y changeait quoi que ce soit. Nigel était convaincu du fait qu'Eurydice ne pensait pas différemment de lui et le blâmerait certainement s'il ne venait pas lui rendre visite aussi régulièrement, ainsi qu'il avait pour habitude de le faire (d'autant plus fréquemment qu'il n'y avait rien pour l'attendre chez lui). Il se doutait qu'une telle situation aurait pu devenir embarrassante pour son beau-frère, qui le blâmerait certainement de s'imposer si souvent. Mais il ne pensait pas que ce soit vraiment improbable, il avait l'intuition que c'était même tout l'inverse.

Et il devait bien l'avouer, si Nigel était impatient de passer du temps avec Eurydice, il était tout de même vrai qu'il espérait également croiser Trevor. Evidemment, ce n'était pas la même chose quand Eurydice était dans les parages, mais ça ne changeait rien au fait qu'il aimait passer du temps avec lui, parler, échanger. Le simple fait de le voir lui mettait un peu de baume au coeur, et au final, ça lui suffisait.

Nigel, comme toujours, ne s'était pas annoncé tandis qu'il frappait à la porte des Carrow. C'était ainsi, il ne prenait jamais la peine de s'annoncer. Il se pliait au protocole avec d'autres, mais quand il était question de sa soeur, ce n'était pas la même chose. Il attendit donc qu'on lui ouvre, s'attendant à tout moment à voir sa jumelle apparaître dans l'entrebâillement de la porte, puisqu'à cette heure-ci, en pleine semaine, il devinait que le couple Carrow n'attendrait personne d'autre (et il y comptait un peu, pour tout dire). Mais ce ne fut pas elle qui lui ouvrit, à la place, Trevor lui fit face, et un large sourire illumina d'office le visage de Nigel. Oh, il était d'un naturel souriant quoi qu'il en soit, mais il devait effectivement reconnaître qu'il était plus rayonnant encore en présence de Trevor. Il n'y pouvait rien, c'était plus fort que lui. Il n'avait jamais été capable de s'en cacher... et plus le temps passait, moins il en prenait la peine, par ailleurs. Sauf si sa soeur était dans les parages, évidemment.

-Bonsoir, Trevor. Eurydice est là ? demanda-t-il.

Bien sûr, il avait envie de voir sa soeur, mais qu'elle soit là ou non, il espérait bien qu'on le ferait entrer tout de même. Et quelque part... oui, il devait bien avouer qu'une part de lui voulait que sa jumelle se soit absentée, pour une raison ou une autre.

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Trevor aimait son travail, il occupait un poste qu’il appréciait, et qui lui convenait très bien. Mais ce travail ne manquait pas d’être quelque peu physique et parfois, quand il rentrait enfin chez lui, Trevor avait le sentiment de pouvoir juste respirer un peu et reposer son être tout entier. Dans ces moments-là, quand il rentrait chez lui après une journée particulièrement fatigante et où il se sentait juste sur les rotules, il appréciait que Eurydice ne soit pas là. En soit, sa présence ne changerait pas grand-chose, parce qu’on ne pouvait pas réellement dire que les deux époux se parlaient énormément. Ils se supportaient plus qu’autre chose, mais le sorcier n’avait aucune envie de voir le regard inquisiteur de son épouse. Elle faisait avec la situation parce qu’elle n’avait pas le choix, mais il ne savait que trop bien ce qu’elle pensait de tout cela. Il n’avait aucune envie de changer, il ne ferait pas cet effort pour elle. Mais il ne supportait pas pour autant de constamment devoir supporter sa présence, ses regards inquisiteurs, en sachant parfaitement ce qu’elle pensait de cette situation.

Elle ne se trouvait pas chez eux donc quand il rentra ce jour-là, ce qui lui convenait. Où se trouvait-elle ? Trevor n’en savait rien et il n’avait pas spécialement envie de le savoir. Peu importe ce qu’elle pouvait bien faire, ça ne le regardait pas réellement, comme ça ne la regardait pas quand lui n’était pas chez eux. Il prit la peine de prendre l’une des potions que Cassiopeia lui avait concocté, avant de se reposer dans le salon en profitant de la solitude de la maison. Si sa fille avait été présente – et non à Poudlard donc – Trevor aurait été tout à fait ravie, mais la question ne se posait pas. Il envisageait éventuellement de sortir ensuite, mais cela dépendrait de son repos, de sa santé et de son envie évidemment.

Et éventuellement de la visite qu’il pouvait recevoir. On frappa à la porte, Trevor n’attendait personne et forcément… il ne put s’empêcher de se dire que Nigel devait se trouver derrière la porte. L’homme se trompait peut-être en soit, mais en même temps le frère de son épouse passait énormément de temps chez le couple Carrow. Parce qu’il était proche de sa jumelle et ça convenait très bien à Trevor. Ce fut le cœur battant donc qu’il alla ouvrir la porte et ne fut pas déçu parce qu’il était bel et bien là.

« Non, désolé elle est sortie. » Est-ce que Trevor était réellement désolé ? Non pas réellement, parce qu’à choisir, le sorcier devait bien avouer qu’il préférait largement pouvoir profiter de la présence de Nigel sans celle de son épouse. « Mais tu peux rester l’attendre avec moi, si tu veux. »

S’il voulait… ou plus simplement, c’était clairement ce que Trevor avait envie, que l’homme reste là à attendre sa jumelle était un prétexte parfait pour qu’ils puissent passer un peu de temps ensemble.

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E

n entendant qu'Eurydice était absente, Nigel devait bien le reconnaître, il éprouva un sentiment de ravissement. Bien sûr, il avait hâte de voir sa jumelle, et sitôt qu'elle serait rentrée, il se précipiterait auprès d'elle pour rattraper le temps qu'ils n'avaient pas pu passer ensemble jusqu'ici... Mais Trevor avait ce don que personne n'avait jamais eu autrement le concernant. Il lui suffisait d'être là, et il oubliait tout, y compris Eurydice. Il y avait chez cet homme quelque chose qui le rendait... irrésistible. Et pourtant, ce n'était aucunement une affaire d'attraction physique, même s'il était objectivement capable de reconnaître que son beau-frère était bel homme. C'était autre chose. Il le voyait, et son coeur s'emballait, se réchauffait. Il le voyait et il se sentait léger, heureux... C'était aussi simple... et complexe que cela.

Sa soeur n'était pas là, mais Trevor ne le mettait pas à la porte pour autant. Encore heureux. Nigel l'aurait très certainement mal pris, mais il n'avait pas envisagé que ce puisse être le cas. Parce que depuis le temps, il savait que si la compagnie de Trevor lui était devenue aussi indispensable que celle d'Eurydice, il ne laissait pas non plus cet homme indifférent. C'était agréable à penser, même si rien ne pouvait se concrétiser entre eux quoi qu'il en soit. Il se contenterait tout à fait de faire semblant de rien, si cela lui permettait de passer le plus de moments privilégiés possibles avec cet homme qui était devenu si important pour lui.

-Avec plaisir, répondit Nigel en faisant un premier pas à l'intérieur, sans se faire prier une seule seconde.

Nigel envisagea de demander à son interlocuteur quand Eurydice reviendrait, plus pour savoir, en vérité, combien de temps ils pouvaient escompter passer ensemble, juste tous les deux, mais il se retint. Au fond, ce n'était pas si important. Et finalement, pour l'instant, il n'avait pas vraiment envie d'évoquer le nom de sa soeur. C'était la porte ouverte à une culpabilité qu'il n'avait, égoïstement, aucune envie de ressentir.

-Je prendrai bien un verre d'hydromel, si tu as ça, ajouta Nigel tout en déposant sa veste sur le porte-manteau avant de rejoindre le salon avec décontraction. Cet appartement était une deuxième maison pour lui, alors il se permettait d'être familier et de prendre ses aises, et comme ça, ils zappaient d'office le "tu boiras bien quelque chose ?" traditionnel. Tu vas bien ? enchaîna-t-il après s'être installé confortablement sur un des canapés, le plus confortable, toujours sans vraiment de gêne. Tu as l'air fatigué.

Ils ne discutaient jamais de l'état de santé de Trevor, mais ce dernier inquiéterait toujours Nigel, par la force des choses. Il ne savait pas ce qu'il ferait si malheur devait arriver à cet homme. En fait, il n'était pas sûr qu'il le supporterait.

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Trevor afficha un sourire quand son beau-frère affirma qu’il attendrait avec plaisir sa sœur avec lui. En un sens, le sorcier n’avait pas spécialement imaginé qu’il allait lui répondre autre chose. En même temps, Trevor l’aurait clairement mal pris si Nigel lui affirmait qu’il préférait s’en aller et revenir plus tard, parce que la seule personne qu’il venait voire était sa sœur. Oh, forcément, c’était évident que Nigel venait voir Eurydice, les jumeaux avaient une relation fusionnelle qui pouvait même… rendre Trevor quelque peu jaloux d’ailleurs. Parce qu’il y avait quelque chose chez Nigel de différent de toutes les personnes qu’il avait pu rencontrer dans sa vie, il était plus qu’attaché à cet homme, il l’aimait comme un dingue. Et c’était difficile pour lui de faire comme si de rien n’était, même si c’était dans son habitude depuis son plus jeune âge.

Nigel entra donc dans la demeure des Carrow et clairement, en cet instant précis, l’homme espérait que sa femme n’allait pas rentrer trop rapidement. Déjà qu’il supportait difficilement sa présence, si en prime la jeune femme arrivait quand il avait l’occasion de passer un peu de temps en compagnie de Nigel, il l’aurait particulièrement mauvaise. En attendant, son beau-frère fit donc comme chez lui, ce qui ne dérangeait pas Trevor. Il en avait l’habitude. Disons que… eh bien, Nigel passait quand même énormément de temps chez eux, par la force des choses (et ça lui allait bien). Il avait ses habitudes. Trevor hocha la tête quand son interlocuteur lui affirma qu’il prendrait un verre d’hydromel s’il avait ça, il ne tarda pas à aller lui préparer ça. Pendant que Nigel lui demandait s’il allait bien, une question à laquelle Trevor répondait toujours de la même façon : il allait bien, évidemment qu’il allait bien. Mais Nigel n’était pas un parfait inconnu et ce dernier nota qu’il était fatigué.

« Je suis fatigué. » Confirma-t-il, même si en réalité c’était bien plus que cela. Mais Trevor n’avait pas envie de se pencher là-dessus, il n’en parlait jamais, même pas à Nigel. Même si forcément, il était bien placé pour connaître la vérité. Mais c’était comme ça, Trevor n’en parlait jamais. « Mais ce n’est rien. » Dit-il en tendant son verre à l’homme, il n’avait aucune envie de penser à tout cela, même si ce n’était pas non plus quelque chose que le jeune homme pouvait réellement ignorer. Les douleurs étaient beaucoup trop grandes pour qu’il puisse ne pas y penser du tout, mais il avait l’habitude de les mettre de côté. Sinon, c’était évident qu’il ne s’en sortirait pas. « Et toi comment tu vas ? » Demanda-t-il, en buvant une gorgée de son propre verre après avoir décidé de s’installer sur le même canapé que Nigel. Ça serait quelqu’un d’autre, le sorcier aurait pris la peine de s’installer sur le fauteuil en face, mais là, il n’avait pas besoin de ça. Il n’en avait surtout aucune envie, même si ce canapé était largement assez grand pour accueillir plusieurs personnes.

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a réponse de Trevor n'était pas du tout pour rassurer Nigel. Certes, au moins ne lui faisait-il pas l'affront de prétendre aller bien, mais Nigel n'était pas certain de pouvoir le croire quand il affirmait que même s'il était fatigué, il allait bien. Il était malade... bien sûr que non, il n'allait pas bien, c'était l'évidence même. Nigel ne savait pas grand-chose de l'état ou de la progression de la maladie de Trevor, Eurydice ne s'y intéressait pas assez pour le tenir au courant, mais s'il se fiait à l'état de Clarice, qui avait cette maladie en commun avec son père, il savait que la situation pouvait être alarmante.

Nigel s'efforçait de ne pas y penser, vraiment, parce que ça ne servait à rien, tout comme il s'efforçait de penser le moins possible à Trevor (ce qui était mission impossible en réalité, encore moins quand il l'avait sous les yeux)... Mais son monde s'effondrerait s'il le perdait. Et il se sentait désarmé face à sa douleur, face au mal qui le rongeait, et contre lequel il ne pouvait absolument rien. Il avait bien envie d'insister, mais il comprenait tout à fait que Trevor n'ait pas envie de s'appesantir sur la question. S'il pouvait lui permettre, justement, d'oublier sa douleur un tant soit, alors il aurait le sentiment d'être un peu plus utile.

Trevor leur avait servi un verre, et était venu s'installer juste à côté de lui. C'est à ce genre de détails que Nigel comprenait, devinait... ils pouvaient n'avoir l'air de rien d'un point de vue extérieur, mais lui était convaincu qu'ils signifiaient quelque chose... et il ne pensait pas se tromper. Il en était heureux, parce qu'in ne se lasserait jamais du regard qu'il posait sur lui. Et malheureux en même temps. Regard ou pas, ça ne changeait rien, ça ne changerait rien.

-Je vais très bien. On respire un peu plus, au bureau, maintenant que la rentrée littéraire est passée, mais j'ai toujours beaucoup de travail, ceci dit ça me plaît toujours autant, commença-t-il, toujours prompt à rentrer dans les détails de sa vie avec tout le monde, et plus encore envers ceux qui suscitaient son intérêt. Et aussi... Eurydice t'en auras peut-être parlé. Il se trouve que je me suis enfin dégoté une fiancée.

C'était normal qu'il en parle, il le ferait avec tout le monde qui demanderait de ces nouvelles, mais il était assez certain que ces paroles n'avaient rien d'innocentes. Et pi, il espérait susciter une réaction, n'importe laquelle, chez son interlocuteur. Ce n'était pas forcément la chose à faire, mais dans tous les cas, su Eurydice ne lui avait peut-être rien dit, il était normal qu'il le fasse avant que quelqu'un d'autre l'informe dans tous les cas, même s'il ne s'agissait que de combines.

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Trevor ne pouvait pas s’empêcher de dévisager Nigel du regard, il ne devrait sans doute pas le faire, mais il ne pouvait pas s’en empêcher. Il n’y pouvait rien, il le trouvait tout simplement irrésistible. Quand ils se trouvaient tous les deux sur ce canapé, il avait le sentiment d’être un peu à sa place. Ce qui était le cas dans tous les cas, parce qu’il se trouvait chez lui, qu’il était sur son canapé, en compagnie du frère jumeau de sa femme. Autant dire qu’il était à sa place oui, mais le jeune homme ne devrait sans doute pas le dévisager comme il était en train de faire. C’était plus fort que lui, il était incapable de se retenir. Il ne pouvait pas s’empêcher de sentir une connexion entre eux, même si en soit peut-être qu’il se faisait des idées ? Mais non, c’était évident que non, le jeune homme ne se faisait pas d’idée, il savait qu’il y avait bel et bien quelque chose entre eux. Quand bien même Nigel semblait faire comme si de rien n’était, au grand Dam de Trevor.

L’homme lui affirma qu’il allait très bien, ce qui tira un sourire à Trevor. Forcément, le sorcier appréciait d’entendre que son beau-frère allait bien. Le jeune homme pourrait même affirmer en un sens que si Nigel allait bien, lui ne pourrait qu’aller bien aussi de son côté. Il lui parla plus précisément de son travail, affirmant qu’il pouvait respirer un peu plus maintenant que la rentrée littéraire était passé. Trevor afficha un nouveau sourire quand son interlocuteur précisa que ça lui plaisait toujours autant. Trevor n’y pouvait rien, il trouvait vraiment son interlocuteur plaisant quand il parlait de son travail. La manière qu’il avait d’être heureux de ce qu’il faisait, qu’il avait de parler de sa passion donc. Il trouvait ça juste… craquant.

Il pensait dire quelque chose, mais l’homme reprit la parole. Sur un sujet que Eurydice avait pu lui parler potentiellement. Forcément, Trevor était curieux, mais il ne s’attendait pas une seule seconde à entendre les mots de Nigel. Des mots qui, quand il les prononça, semblèrent transpercer le cœur de Trevor. Nigel était… fiancé. Il était fiancé. Fiancé.

« Ah. » Dit-il sans parvenir à cacher sa surprise. « Magnifique. » Il tenta tant bien que mal d’afficher une sorte de sourire, mais il se sentait juste au bord du gouffre. Nigel lui apprenant, comme ça l’air de rien, qu’il était fiancé, forcément ça lui faisait un choc, et ça le blessait énormément. « Qui est l’heureuse élue ? »

Il ne pouvait pas s’empêcher d’avoir envie de savoir, une curiosité un peu malsaine, mais aussi parce qu’il avait juste besoin de savoir qui était celle que Nigel allait épouser. Est-ce que c’était si grave en soit qu’il se mari ? Lui-même était marié après tout et avec la sœur de Nigel qui plus était. En soit ça ne devrait pas être si grave mais… clairement ça l’état, Trevor ne parvenait pas à digérer la situation.

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igel fut presque convaincu d'entendre de l'ironie dans la voix de son interlocuteur quand il qualifia sa situation de magnifique. Est-ce qu'il n'en faisait pas trop ? Est-ce que ce n'était pas la preuve que l'homme était bien moins ravi de cette nouvelle qu'il ne le prétendait ? Au fond, il se pouvait tout à fait que Trevor se réjouisse très honnêtement de cette nouvelle, car au-delà de ce qu'ils sous-entendaient sans jamais l'exprimer, ils étaient des amis, des amis très proches, et qui s'étaient merveilleusement entendu, toujours, sur tout. Peut-être que Trevor voulait simplement son bonheur et se réjouissait de le voir se marier en toute honnêteté ? Peut-être.

Peut-être que l'attirance qu'il avait pour lui n'était qu'une vue de l'esprit de Nigel. C'était facile de se faire des films, surtout alors qu'il était au courant par sa soeur des inclinations hors-normes de Trevor. Mais qu'il soit attiré par les hommes ne signifiait pas qu'il soit attiré par lui. Peut-être qu'il avait simplement confondu une grande connivence, une amitié profonde, avec de l'amour ? Ou bien oui, c'était ce qu'il imaginait, et son interlocuteur feignait vraiment être ravi pour lui alors que ce n'était pas le cas du tout... Nigel n'en savait rien. Il avait cru que la réaction de l'époux d'Eurydice confirmerait d'office ce qu'il pensait, ou au contraire irait le contredire, mais finalement, Nigel ne réussissait pas à lire en Trevor... ou plutôt, il n'osait pas lire en lui... La peur de se tromper, la crainte de s'imaginer des choses. Peut-être que ses fausses fiançailles laissaient Trevor de marbre. Ou même qu'il en était heureux, ainsi ne supporterait-il plus le regard de Nigel, qui n'était pas celui qu'un homme devrait poser sur son beau-frère ?

-Heureuse, je ne sais pas, répondit Nigel, qui donna l'air de rien pour ne pas montrer son trouble. Il serait sans doute beaucoup plus simple de se parler franchement plutôt que de poursuivre ainsi. Mais dire les choses, c'était se faire du mal, lui faire du mal, faire du mal à Eurydice, ça ne pouvait pas en valoir la peine. Alors, bêtement sans doute, mais résolument, c'est certain, il continuait, il s'entêtait dans l'erreur. Encore faut-il réussir à me supporter, répondit Nigel avec ce détachement qui le distinguait si bien, et qui servait bien plus souvent qu'on ne l'imaginait à se donner une contenance. C'est Cassiopeia, tu la connais bien, je crois, ajouta-t-il.

Il ne savait plus trop si c'était son coeur qui était en train de se tordre en cet instan, à l'idée de lui faire du mal ou au contraire de ne lui en faire aucun, ou si c'était celui de Trevor. Mais il entendait comme un coeur qui se brise.

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Quand Nigel répondit, il donnait vraiment le sentiment de parler de quelque chose de banal, de quelque chose d’anodin. Est-ce que ça signifiait qu’il ne prenait pas réellement au sérieux ce mariage ? Au fond, le jeune homme ne pouvait pas s’empêcher d’espérer que ça soit un peu le cas, que Nigel se contente simplement de profiter de ce mariage pour être tranquille ? Au fond, Trevor ne savait même pas réellement comment Nigel se positionnait par rapport à sa sexualité. Il ne l’avait jamais vu avec quelqu’un et ses sentiments pour son beau-frère l’avait peut-être trop vite poussé à croire que c’était parce qu’ils se ressemblaient. Un peu comme s’il était possible pour lui d’avoir un radar à gay. Mais il se trompait potentiellement quand même. C’était idiot, mais Trevor ne pouvait pas s’empêcher de se sentir quelque peu perdu en cet instant précis, et clairement blessé.

Nigel lui donnait donc le sentiment de prendre ça à la légère, que ce n’était pas grand-chose, affirmant avec un certain détachement qu’il fallait encore réussir à le supporter. Trevor ne savait pas réellement pourquoi le jeune homme affirmait une telle chose, sachant que de son côté il était évident qu’il n’aurait aucun souci à le supporter. Bien moins de souci que de supporter sa sœur d’ailleurs et en vérité, le jeune homme passait tout son temps chez eux, alors ça n’allait pas changer grand-chose. Enfin, Trevor ne savait même pas pourquoi il pensait cela, ça n’avait pas de sens. Il était juste… juste idiot, il s’était fait des idées pour rien. Bêtement.

Mais tout cela ne fut rien jusqu’au moment où il entendit que sa fiancée n’était autre que Cassiopeia. Oui, effectivement, Trevor la connaissait bien. Par principe, l’homme avait juste envie de détester cette jeune femme. Parce qu’elle était celle qui allait épouser Nigel. Mais en même temps, il comptait tellement sur elle. Sans elle, lui et Clarice n’auraient pas accès à ces potions qui leur permettait quand même de tenir la distance. Ce n’était donc pas n’importe qui et le jeune homme se retrouvait en cet instant précis entre deux chaises.

« Je la connais bien oui. » Répliqua-t-il, peut-être plus sèchement qu’il n’aurait aimé. Sans trop le prédire, Trevor se leva. Il fit mine d’avoir besoin de remplir son verre, mais c’était surtout parce qu’il avait besoin de mettre une certaine distance. C’était bête sans doute, mais poser les yeux sur Nigel était quand même bien difficile. Trevor prit la peine de remplir son verre, dans lequel il restait encore de la boisson, mais passons. Il s’installa de nouveau, mais cette fois-ci dans un fauteuil en face de Nigel. « Je ne savais pas que vous… que vous étiez si proche. »

Et c’était là qu’il découvrait que ça faisait longtemps qu’ils se tournaient autour ? Que Nigel était fou amoureux de Cassiopeia ? Qu’il était le plus heureux des hommes en cet instant précis, parce qu’il allait se marier avec son âme sœur ou il ne savait encore quelle connerie. Et lui, pendant ce temps, continuait de faire mine de rien (même si ce n’était pas réellement le cas, il ne parvenait pas à être si neutre que ça), parce que c’était ainsi qu’il devait agir.

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igel avait eu des doutes. A présent, il n'en avait plus... Et il ne savait plus s'il devait en être heureux ou non. Une part de lui l'était forcément, parce qu'il comprenait que la nouvelle touchait sincèrement Trevor, et c'était ce qu'il avait espéré... mais au fond, il aurait été plus simple que Trevor n'éprouve rien, ou au mieux une sincère joie à l'idée de le savoir fiancé... Ainsi, Nigel se débarrasserait peut-être définitivement de l'obsession incontrolable qu'il avait pour lui. Mais non, il savait, à présent... Il en était sûr. La réaction de Trevor parlait pour lui, et elle ne pouvait le tromper. Cette fois, il en était certain... Trevor était blessé... Pire encore, c'était lui qui l'avait blessé.

Ses gestes le trahissaient. Il suffisait de voir la façon dont il se levait pour aller remplir son verre qui n'était pas vide, le tout pour se rasseoir, cette fois face à lui. Au fond, Nigel devrait sans doute laisser faire. Il savait que Trevor devinait ses sentiments. Le plus simple était sans doute de le mener sur une fausse piste, de lui faire croire qu'il aimait Cassiopeia. Leurs rapports resteraient cordiaux, Trevor se montrerait plus distant, comme il l'était en cet instant, et ainsi, l'ordre des choses serait rétabli... Oui. Sauf que Nigel ne supportait pas de voir Trevor ainsi. Il devrait accepter la situation telle quelle. Il ne le pouvait pas. Le voir ainsi, ça le détruisait, ça lui fendait le coeur. Même si leur relation n'était pas idéale, construite sur un non-dit, il l'aimait, il ne pouvait pas s'en passer. Ce n'était pas parfait, mais c'était eux. C'était eux...

A son tour, il se leva avec son verre à moitié vide en main et imita son interlocuteur en se resservant à son tour quand bien même ce n'était pas utile, dans le seul but de ne pas se rasseoir à sa place mais de se poster face à Trevor. Il gardait cet air détaché, détendu... Il avait cet art de donner l'impression que rien n'était grave. Pourtant, il y avait plus d'une chose qu'il prenait très honnêtement au sérieux.

-On s'entend bien, répondit-il. On a un certain nombre de points communs... notamment notre volonté de voir notre entourage cesser de nous parler de mariage constamment.

D'accord, il ne devrait pas en parler si ouvertement, mais Eurydice était évidemment dans la confidence, alors pourquoi par Trevor ? Si ça pouvait permettre quelque chose d'aussi simple et en apparence innocent que de le voir s'asseoir de nouveau à côté de lui, il pouvait bien consentir à l'avouer, après tout. Ca n'engageait pas pour autant à quoi que ce soit. Leur relation n'évoluerait pas, elle ne le pouvait pas. Mais il ne voulait pas qu'elle se dégrade par rapport à ce qu'elle était pour le moment.

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Trevor contre toute attente avait bien envie que son beau-frère s’en aille. C’était rare, ça n’arrivait même jamais. Bon, en temps normal, quand Eurydice se trouvait là, le sorcier n’était pas spécialement fou de joie de se retrouver en la compagnie des jumeaux, parce qu’il ne pouvait pas s’empêcher de se sentir de trop. Cela dit, dans tous les cas, le jeune homme appréciait forcément la présence de Nigel. Il y avait quelque chose qui arrivait à chaque fois qu’ils se trouvaient dans la même place, Trevor se sentait mieux, il se sentait plus serein, il se sentait plus… heureux. Il était tout bonnement amoureux et que dire de plus en cet instant précis où Trevor avait le sentiment d’avoir le cœur percé alors qu’il apprenait que Nigel allait se marier. Le jeune homme se sentait complètement bouleversé donc. Il avait conscience de ses sentiments pour son beau-frère depuis toujours, ou presque, mais c’était encore plus flagrant dans ce genre de moment. Alors qu’il avait presque le sentiment de le perdre, ce qui était parfaitement idiot sans doute parce que ce n’était pas comme s’il l’avait.

Lui-même était marié après tout. Bon, en prime avec la sœur de Nigel. Mais ce n’était pas parce que c’était le cas, que Trevor appréciait plus d’entendre les mots de Nigel. Il l’observa du coin de l’œil quand il se leva à son tour, l’imitant en allant remplir son verre. Finalement Nigel vint s’installer devant lui. Tout cela pour lui affirmer qu’ils s’entendaient bien, avec Cassiopeia, d’une façon quelque peu… détendue et détachée. Le jeune homme n’appréciait pas spécialement de l’entendre parler de cette façon, cela dit il n’était pas dans les meilleures dispositions. L’homme reprit en affirmant qu’ils avaient un certain nombre de points communs avec la jeune femme justement, comme la volonté qu’ils avaient tous les deux de cesser d’entendre parler de mariage à longueur de temps. Trevor n’était pas si sûr que cela de comprendre réellement les mots de l’homme sous ses yeux. S’il comprenait bien ce qu’il était en train de lui dire, son interlocuteur se contentait simplement d’avoir envie d’arrêter de voir toutes les personnes autour de lui, lui parler de mariage, de ne plus avoir son entourage sur le dos. Ce que Trevor pouvait comprendre en soit, il avait évidemment conscience de l’importance des apparences, ce que Eurydice lui permettait d’avoir, en plus de lui avoir donné une fille. Mais en même temps, Trevor n’était pas si sûr que cela de ce qu’il entendait réellement. Disons qu’au fond, le jeune homme ne pouvait pas s’empêcher de douter.

« Qu’est-ce que tu veux dire ? » Demanda-t-il, ne pouvant pas s’empêcher de parler un peu sèchement encore.

Trevor n’était pas réellement certain de ce qu’il avait envie d’entendre. La seule chose qu’il savait, c’était qu’il avait le sentiment que tout était en train de dérailler depuis qu’il avait entendu Nigel dire qu’il avait une fiancée, prenant sans doute cette histoire bien trop à cœur. Mais c’était normal, il ne pouvait pas empêcher son cœur de battre pour l’homme.

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igel avait joué avec le feu une fraction de seconde (mais au fond très gentiment, il pourrait le faire d'une façon bien plus dangereuse, mais il s'y refusait catégoriquement... ou se faisait violence en tout cas pour cela), et voilà qu'il se brûlait déjà. Il n'allait pas mentir, en parlant de Cassiopeia à Trevor, il avait espéré susciter en lui une réaction. Il avait espéré... eh bien, qu'il soit jaloux, même si souhaiter une telle chose n'avait définitivement rien de sain. Et une réaction, il en avait eu une, difficile... Oui, c'était ce qu'il avait voulu, et en même temps, c'était la dernière chose qu'il voulait. Bien sûr, Nigel avait entièrement conscience du fait qu'il était complètement contradictoire... et ce n'arrêterait jamais d'être le cas quand il était question de Trevor. Il avait voulu le rendre jaloux, en revanche, il n'avait surtout pas voulu qu'il souffre. Comme si les deux pouvaient être réellement compatibles.

Il ne pouvait prétendre en être certain, mais il pensait interpréter convenablement la réaction de Trevor, et il comprenait que ses révélations lui faisaient mal. Et à présent, la seule chose qu'il se sentait capable de vouloir, c'était le voir sourire de nouveau. S'il était un frère digne de ce nom, s'il s'en tenait à ses résolutions, il poursuivrait plus loin le mensonge, s'inventerait une idylle avec Cassiopeia, prétendrait qu'il était amoureux d'elle et voulait fonder une famille avec elle. Il le devrait, il n'y réussissait pas. La seule idée de faire encore plus de mal à Trevor qu'il ne lui en faisait déjà était tout bonnement insupportable. Déjà là, il avait envie de remonter le temps, de revenir à son sourire, eux deux installés sur le canapé, à discuter de tout et de rien comme ils en avaient l'habitude, à prétendre que leur amitié leur suffisait...

Ce n'était pas idéal, mais c'était tellement mieux. Chaque instant passé avec Trevor, normalement, était un moment de bonheur grapillé. Alors il ne mentit pas quand il le pourrait. Incapable de supporter que Trevor s'adresse encore à lui avec une froideur qu'il ne lui connaissait pas. Qu'il n'avait aucune envie de lui connaître. Même si ce serait parfait ainsi. Mettre des barrières entre eux. Imposer la distance. Ce qui leur ferait du mal sur l'instant leur en ferait moins plus tard. Mais il n'y arrivait pas. Il en était incapable.

-Je veux dire, répondit posément Nigel en soutenant le regard de Trevor, que je ne l'aime pas. Forcément qu'il ne l'aimait pas. Son coeur était dévoué à un autre... Et même si rien ne se passerait jamais, même s'il ne passerait jamais à l'acte, ça ne pourrait pas changer, ça ne changerait jamais. Et qu'elle ne m'aime pas non plus.

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Trevor n’était pas certain de savoir ce qu’il avait envie d’entendre de la part de Nigel. S’il comprenait bien, mais son esprit pouvait lui jouer des tours, il semblait clair que cette histoire avec Cassiopeia n’était pas réellement sérieuse, que les deux sorciers avaient simplement envie d’arrêter d’entendre leurs familles espérer de les voir épouser quelqu’un rapidement. Autant dire que c’était une bonne nouvelle… oui, mais en même temps, ça n’amusait pas pour autant Trevor. Il avait conscience qu’il en demandait trop, mais l’idée de voir Nigel épouser quelqu’un même dans le seul but de préserver les apparences (alors qu’il était quand même le mieux placé pour savoir que les apparences étaient importantes et ils prenaient la peine de les préserver un maximum) l’agaçait profondément. Surtout qu’il avait comme une frustration de plus en plus grande, de cette situation qui ne restait qu’en suspens. Il le savait, du moins il en était persuadé, il y avait quelque chose entre eux, mais Nigel faisait toujours comme si de rien n’était et ça avait le don de l’agacer. Enfin… oui et en même temps, ça ne faisait que le pousser un peu plus à être attaché à cet homme, cet homme qui avait le don de le rendre fou comme aucun autre homme.

Nigel répondit donc, affirmant qu’il ne l’aimait pas. Ces mots, rien que ces mots, avaient le don de faire battre le cœur de Trevor un peu plus fort. Ce dernier se leva d’ailleurs, pour faire face à Nigel. Il avait posé son verre entre temps, se contentant simplement de se tenir là, devant l’homme, alors qu’il lui affirmait que Cassiopeia ne l’aimait pas non plus. Forcément, Trevor aimait entendre cela, mais ça ne changeait rien à la situation. L’homme allait quand même se marier, et Trevor ne pouvait pas s’empêcher d’avoir le sentiment qu’il lui échappait un peu plus, qu’il s’éloignait un peu plus. C’était idiot, c’était égoïste, puisque lui-même était dans une situation similaire et que même si Trevor n’avait jamais été capable d’aimer son épouse, il était heureux qu’elle lui ait donné une fille, cette fille qu’il chérissait plus que tout. Autant que Nigel même.

« Pourquoi t’embêter avec tout ça alors ? » Demanda-t-il, toujours positionné en face de Nigel. « Tu sais bien que c’est plus de contrainte qu’autre chose en réalité. » Parce que Nigel était quand même bien placé pour savoir que le mariage entre lui et sa sœur jumelle n’avait rien d’une partie de plaisir. Eurydice n’était pas heureuse de leur situation, elle le haïssait même pour ce qu’il était. Trevor de son côté ne pouvait évidemment pas être comblé auprès de sa femme. Ce n’était pas quelque chose qu’il souhaitait pour Nigel, même si en réalité c’était parce qu’il ne lui souhaitait rien du tout, en dehors de lui… en dehors d’eux. « Tu ne devrais pas faire ça… »

Mais qui était-il pour avoir son mot à dire en réalité ? Personne en soit, juste le mari de sa sœur. Alors qu’il rêvait de devenir tellement plus.

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N

igel ne lâchait pas le regard de Trevor. Il essayait d'analyser ce qui se passait dans son esprit. Mais s'il avait une vision plutôt claire de ce qu'il avait éprouvé l'instant d'avant, le sentiment qui dominait à présent était plus confus. Est-ce qu'il était soulagé ? Alarmé ? Dans l'incompréhension ? Nigel était incapable de le deviner. Tout ce qu'il constata, c'est que son beau-frère, après avoir déposé son verre sur la table, s'était levé pour se retrouver à son niveau. C'était comme une chorégraphie involontaire, qui jouait le jeu de leurs émotions mieux qu'ils n'étaient capables de le faire eux-mêmes, puisque ni l'un ni l'autre ne semblaient vouloir se résoudre à exprimer leurs sentiments, ou au moins à les avouer. Nigel soutenait toujours le regard de Trevor, oui. En même temps, il avait le sentiment que ce regard l'aurait poursuivi quoi qu'il fasse. Comme s'il ne pouvait de toute façon pas y échapper, aimanté à ses yeux. Possible aussi qu'il ne fasse pas beaucoup d'efforts, il est vrai.

Pourquoi il s'embêtait avec tout ça ? La question pouvait se poser, effectivement. Après tout, rien n'obligeait Nigel à entrer dans ce petit jeu. Personne ne le poussait à se marier, et il pensait avoir passé l'âge qu'on lui fourre une fiancée entre les pattes. S'il le voulait, il pouvait rester cet éternel célibataire que l'on imaginait multiplier les conquêtes. Il n'avait rien contre cette réputation. Et même s'il était usant d'entendre parler de mariage, il n'en souffrait pas particulièrement non plus... peut-être un peu plus à l'idée de ne jamais pouvoir fonder une famille, c'est vrai. Mais c'était encore autre chose. Si Cassiopeia ne lui en avait pas fait la requête, l'idée ne l'aurait sans doute jamais effleuré. Mais Cassiopeia le lui avait demandé, et il avait dit oui.

Il serra les dents quand Trevor affirma qu'un mariage était plus une contrainte qu'autre chose en vérité. Même si au fond, il était bien moins douloureux d'admettre que Trevor et Eurydice n'avaient définitivement aucun sentiment l'un pour l'autre, il n'aimait pas vraiment que l'on puisse parler de sa soeur comme d'une "contrainte". C'était totalement contradictoire, c'est certain, mais il ne contrôlait pas sa manière de raisonner. Dans tous les cas, Nigel n'avait pas l'impression de se mettre la corde au cou ou de s'imposer un vrai fardeau. Parce que dans tous les cas, Cassiopeia ne se marieraient pas, ils prétendraient seulement le vouloir le temps que cette mascarade serait susceptible de durer - le plus longtemps possible fallait-il l'espérer. Et si Cassiopeia trouvait un homme qu'elle voudrait vraiment épouser, il se retirerait sans rancune. Même si elle semblait tout aussi résignée que lui à ne jamais se faire passer la bague au doigt. Pour une raison qui échappait à Nigel. Il pourrait sans doute le dire à Trevor, mais il préférait éviter de mettre Cassiopeia dans ce genre d'embarras.

-C'est pour ça que je le fais. Parce que personne ne m'oblige à le faire, répondit-il avec une esquisse de sourire. Au fond, il était touché de voir Trevor réagir de la sorte, mais il ne voulait pas qu'il s'alarme pour rien. Après tout, ça ne changerait rien, ou pas grand-chose. C'est rien, Trevor, rien ne va changer pour autant.

Rien par rapport à quoi ? Rien ne changerait à ce qu'ils avaient, sous-entendait-il. Même si, techniquement, ils n'avaient rien.

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Trevor n’était pas forcément tendre quand il parlait de son mariage, mais s’il y avait bien une personne avec qui il pouvait parler de tout cela, c’était Nigel. Eurydice ne méritait sans doute pas l’amertume de son époux, mais ce n’était pas comme s’il y pouvait quelque chose et elle ne manquait pas de lui rendre la pareille, parce qu’elle ne comprenait pas qu’il était attiré par les hommes. Lui faisait-il du mal ? Trevor avait envie de croire que non, parce que ce n’était pas comme s’ils s’étaient choisis tous les deux. Ils avaient été mariés sans qu’on leur demande leur avis, ils avaient eu Clarice, la prunelle de leurs yeux, c’était la seule chose qui devait compter. Mais Trevor se montrait peut-être trop égoïste au fond. Il se satisfaisait bien de ce mariage au final, parce qu’il lui donnait une couverture, parce que sans ce mariage Trevor n’aurait pas la chance d’avoir la fille qu’il avait, celle qui emplissait en partie son cœur. Et surtout, il n’aurait pas pu rencontrer Nigel. Mais affirmer haut et fort que les mariages étaient une contrainte quand même, ça faisait du bien.

Et surtout, si de son côté, Trevor se satisfaisait bien de son mariage en soit, le jeune homme n’avait aucune envie que Nigel en fasse de même. Ce fut difficile d’entendre que c’était justement parce que personne ne l’obligeait à le faire qu’il décidait de le faire, c’était un vrai choix qu’il faisait. C’était douloureux à entendre, il n’avait aucune envie de le voir se marier à Cassiopeia, même s’il n’avait rien contre la potionniste. C’était juste… une possessivité mal placée sans doute, parce qu’il n’avait aucune envie de voir Nigel s’éloigner de lui. Et cela, même si ce dernier lui affirma que ce n’était rien, que rien n’allait changer pour autant.

« Qu’est-ce qui ne va pas changer Nigel ? » Demanda-t-il, s’approchant un peu plus de Nigel. Il sentait son cœur battre plus rapidement ainsi, quand il plongeait son regard dans celui de l’homme. C’était le seul capable de lui faire un tel effet, le seul capable de lui faire battre le cœur de cette façon, le seul pour qui il avait envie de tout donner. Et cela, même s’il n’y avait officiellement rien entre eux. Trevor était persuadé qu’il y avait quelque chose, il en était presque sûr que Nigel partageait ses sentiments, ou du moins au moins une attirance physique, quelque chose dans ce goût-là. Il se trompait en parti, mais il avait envie de le pousser dans ses retranchements. Il en avait assez des non-dits, il en avait assez de ne pas juste savoir, de ne pas pouvoir juste… se laisser aller. « Il y a quoi au juste ? Qu’est-ce que tu… ressens ? »

Il avait envie qu’il le lui dise, il avait envie qu’il brise les non-dits une bonne fois pour toute, en espérant qu’il n’allait pas jouer les innocents comme il savait si bien le faire, en prenant les choses à la légère, comme si de rien n’était.

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Q

u'est-ce qui n'allait pas changer ? Eh bien... tout, en réalité, car rien ne devait changer, et toutes les conditions étaient remplies afin que, justement, rien ne change jamais. Oui, il y avait cette... connexion, cette certitude si puissante que, sans se l'être jamais dire, ils ressentaient tous les deux et devinaient chez l'autre, mais elle ne suffisait pas à créer quoi que ce soit. Parce qu'il y avait Eurydice, tout d'abord, et que jamais Nigel ne franchirait cette barrière qui confirmerait une trahison bien trop grande déjà. Et parce que, dans tous les cas, Nigel n'avait rien à donner à Trevor, rien de ce que ce dernier devait s'imaginer. Alors non, rien ne changerait... Ils en resteraient là, et ce serait... tant mieux. Ils n'en seraient heureux ni l'un et l'autre, mais pas plus malheureux pour autant. Et ce n'était déjà pas si mal, pas vrai ? Ils étaient heureux du temps qu'ils pouvaient passer ensemble. Est-ce que ça ne pourrait pas suffire ?

Non, ça ne suffisait pas, ça ne suffirait plus. Parce que Trevor ne s'en contenterait plus. Nigel savait bien que ça arriverait, qu'à un moment ou à un autre, il n'accepterait plus de le voir se dérober sans cesse à ses sous-entendus, sans rien reconnaître. Et ce moment, c'était maintenant. Son regard toisait le sien avec une insistance telle que Nigel devrait vouloir s'y soustraire, pourtant, il ne détournait pas les yeux. Absorbé par son regard, et par tout ce qu'il signifiait. Et donc, il posa la question. Celle qu'il ne fallait pas poser, surtout pas. Parce que Nigel ne voulait pas y répondre. Parce qu'il ne devait surtout pas y répondre.

-Trevor..., dit-il doucement. Ecoute... ça ne sert à rien, d'accord ? ça n'a pas d'importance. Son ton était sérieux. En temps normal, quand il sentait qu'ils approchaient d'une discussion comme celle-ci, il s'arrangeait pour réorienter le sujet, parvenait à faire mine de rien, à prétendre. Là... C'était impossible. Il était confronté à une question directe, qui exigeait une réponse tout aussi directe. Qu'il n'accorderait pourtant pas à Trevor. Il ne le pouvait pas, c'est tout. C'était impossible. Ne rends pas les choses plus compliquées...

Si, ça avait de l'importance, bien sûr que ça en avait. Mais le dire ? Non, il ne le pouvait pas. Prononcer ces mots, lui avouer qu'il l'aimait, qu'il était fou de lui, même, ce serait planter inutilement un poignard dans le dos d'Eurydice. Lui qui n'agissait pas, qui n'exprimait pas ses sentiments en geste car il n'en éprouvait pas le besoin, connaissait la valeur et la puissance des mots que l'on déclare et que l'on ne peut pas reprendre. Non, il ne pouvait pas le lui dire.

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Trevor avait bien conscience que sa question était sans doute beaucoup trop directe, qu’il ne devrait pas la poser ainsi, mais en même temps il en avait assez de tourner en rond. Il avait envie que Nigel reconnaisse ce qu’il y avait, qu’ils arrêtent de tourner autour du pot, qu’ils arrêtent de jouer comme ils le faisaient, qu’ils disent les choses clairement tout simplement. Trevor savait qu’il y avait quelque chose, il y avait forcément quelque chose. Forcément, il avait conscience que de son côté, il n’avait jamais rien éprouvé quoi que ce soit de semblable à ce qu’il ressentait pour son beau-frère, ce n’était pas juste une attirance physique – même s’il y en avait forcément, Nigel était un beau jeune homme qui ne pouvait pas du tout le laisser indifférent –, Trevor était fou amoureux de cet homme, c’était aussi simple que cela. Et même si Nigel ne lui avait rien dit de son côté, le sorcier savait qu’il y avait quelque chose de son côté. Enfin, peut-être se trompait-il au final, mais il ne pensait pas. Depuis le temps, il ne pouvait pas se tromper.

Et la réponse de Nigel, même si elle ne répondait pas du tout à sa question, ne pouvait que confirmer qu’il y avait bien quelque chose. Le jeune homme répondit sur un ton sérieux, ce qui n’était pas vraiment dans son habitude, il avait plutôt tendance à prendre les choses à la légère. Mais là, il répondit sérieusement, lui affirmant que ça ne servait à rien, que ça n’avait pas d’importance. Trevor ne put s’empêcher de se sentir blessé par les propos du jeune homme, qui affirmait que tout cela n’avait pas d’importance. C’était faux, c’était entièrement faux, ça avait énormément d’importance pour lui. Ça comptait plus que tout pour la simple et bonne raison que Nigel était… l’homme qu’il aimait par-dessus tout. Ce dernier lui demanda de ne pas rendre les choses plus compliqués. Forcément… Trevor pouvait lui-même comprendre que tout cela était particulier et complexe. Parce qu’ils étaient beaux-frères, parce que Nigel était le frère jumeau de la femme de Trevor. Si Trevor n’aimait pas Eurydice et qu’à force, il n’avait plus autant de respect qu’il devrait avoir pour son épouse, il avait conscience que ce n’était pas le cas de Nigel. Après tout, le frère et la sœur étaient jumeaux, ils étaient plus que proches, c’était bien pour cela que l’homme passait énormément de temps chez eux. C’était évident que Nigel ne pouvait pas faire… quoi que ce soit contre sa sœur, mais en même temps de son côté Trevor avait envie de se montrer égoïste. Il ne reprocherait rien de son côté à son épouse, ils vivaient leurs vies de leur côté, ils avaient simplement Clarice ensemble et qui comptait. Le reste… Trevor avait envie de penser juste à lui, même si c’était vraiment égoïste.

« C’est déjà compliqué. » Répondit Trevor aux propos de son interlocuteur. Ça l’était oui, parce que dans tous les cas, le sorcier était amoureux de lui… il l’aimait comme il n’aimera sans doute jamais personne. Trevor attrapa le poignet de Nigel, plongeant son regard dans celui de Nigel. « Ose me dire qu’il n’y a rien là. Regarde-moi dans les yeux et dis-moi qu’il n’y a rien. »

Il le savait, il ne pouvait pas se tromper.

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M

alheureusement, oui. C'était déjà compliqué. Taire les choses ne les rendait pas plus simples. Au contraire, même, il semblerait que cela les rende d'autant plus complexes et difficiles. Car ces non-dits rendait la situation absolument insupportable. Sauf que même si les choses étaient exprimées, l'étaient vraiment, est-ce que ce serait mieux ? Non, ce serait une trahison d'un autre ordre envers Eurydice, à laquelle il était incapable de se résigner, ce serait ne plus pouvoir prétendre. Car même si, au fond, il savait parfaitement qu'il y avait quelque chose entre eux, tant qu'ils ne se le disaient pas, ils pouvaient toujours prétendre le contraire. C'était facile, pour Trevor, de décider de tout bouleverser maintenant, mais il ne se rendait pas compte qu'aucune des réponses que Nigel avait à lui donner, qu'elle abonde dans son sens ou non, ne serait à même de le satisfaire. Parce qu'identifier leurs sentiment et les exprimer leur donnerait de la teneur, mais pas pour autant le droit d'exister, encore moins le droit de s'exprimer.

Trevor attrapa son poignet, Nigel fut tenté de le faire lâcher prise mais ne le fit finalement pas, ancra bel et bien son regard dans celui de son beau-frère, même si c'était, évidemment, une grossière erreur. C'était maintenant qu'il devrait dire qu'il n'y avait rien, rassembler ses esprits et mentir effrontément, quitte à ne pas être cru. C'était de sa faute, il le savait, si la situation demeurait ainsi. Il ne disait jamais non, pas totalement, il laissait la porte entrouverte tout en ne laissant jamais Trevor y pénétrer. Mais il ne réussissait pas... ni à lui briser le coeur, ni à rompre totalement le lien qui les unissait. Quelques mots qui pourraient trancher, il ne s'en servirait pas. Tout comme il serait incapable de simplement mettre des distances entre lui et Trevor.

-Je ne peux pas te dire ça..., répondit-il dans un souffle.

Mais il ne pouvait pas non plus lui dire le contraire, dire à Trevor, sans détour, qu'il l'aimait profondément, comme il ne serait jamais capable d'aimer qui que ce soit d'autre. C'était si évident, pourtant. Dans ces circonstances, compte tenu qui plus est des inclinations de Trevor, dont Nigel avait parfaitement conscience, la logique voudrait que, s'il n'y avait rien, il le méprise et le rejette, n'agisse pas différemment d'Eurydice à son égard (Eurydice qui lui reprochait d'ailleurs parfois d'être trop souple avec son époux déviant), mais il n'y arrivait pas.

Il y avait quelque chose, il y aurait toujours quelque chose. C'était une certitude. Ca leur collait à la peau, et quelque part, Nigel aussi avait envie que Trevor le lui dise, juste une fois. Ce qu'il ressentait pour lui... même si ses paroles et ses gestes en disaient déjà bien assez long.

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Trevor savait exactement ce qu’il n’avait pas envie d’entendre en cet instant précis, alors qu’il tenait le poignet de son beau-frère et qu’il le regardait dans les yeux en lui demandant de lui dire qu’il n’y avait rien. Très clairement, le jeune homme n’avait aucune envie que Nigel lui réponde qu’il n’y avait rien. C’était ce qu’il lui demandait de lui dire bien sûr, mais ça ne voulait pas dire que c’était ce qu’il avait envie d’entendre. Au contraire, le jeune homme avait envie d’entendre tout le contraire, qu’il lui affirme qu’il y avait bien quelque chose entre eux, qu’il ressentait quelque chose. Il ne supporterait donc pas qu’il réponde à sa requête en le regardant dans les yeux et en lui disant comme ça, de but en blanc, qu’il n’y avait rien du tout. Trevor prenait peut-être un risque, mais en même temps il ne pensait pas se tromper. Il savait qu’il y avait quelque chose entre eux, c’était évident. Trevor ne pouvait pas se tromper, il était hors de question qu’il se trompe en même temps.

Alors finalement, Nigel prit la parole et lui affirma qu’il ne pouvait pas lui dire ça. Ce n’était pas réellement la réponse qu’il avait attendu, à choisir le jeune homme aurait bien sûr préféré qu’il lui dise de but en blanc qu’il y avait quelque chose, qu’il ressentait la même chose que lui, qu’il y avait bel et bien une conviction entre eux. Mais au moins, Nigel ne prétendait pas juste qu’il n’y avait rien entre eux, en jouant les innocents. Trevor considérait que c’était un pas de plus vers… quelque chose. Il ne savait pas trop où ils pourraient y aller, forcément il savait ce qu’il avait envie, mais en même temps il y avait un environnement complexe à côté. Nigel était le frère de Eurydice, forcément ça compliqué les choses. Trevor n’avait que peu de scrupule vis-à-vis de sa femme, surtout au vu de la manière dont elle le traitait depuis qu’elle avait découvert qu’il préférait les hommes. Mais en même temps, il ne pouvait pas forcément demander la même chose à Nigel, et les sentiments de son beau-frère lui importait bien plus que ceux de son épouse. Cela dit, Trevor ne pouvait pas non plus complètement ignorer son désir pour Nigel et le fait qu’il l’attirait plus que quiconque en ce bas monde.

« Alors, dis-moi ce qu’il y a. » Demanda-t-il, sans détourner son regard et sans lâcher le poignet de son interlocuteur. Il avait envie de l’entendre le lui dire, même s’il avait conscience que le pousser trop loin dans ses retranchements n’allait pas forcément être la bonne solution non plus. Il n’avait aucune envie qu’il se renferme sur lui-même, il avait envie d’avancer dans le bon sens avec lui, qu’ils avancent tous les deux.

Il prenait le risque, parce qu’il en avait assez de tourner autour du pot, il avait besoin de réponse, de quelque chose de plus précis. En aillant quand même peur de la réponse.

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N

igel avait le sentiment qu'un étau lui comprimait le coeur. Il était mis dans la situation qu'il redoutait le plus, inévitable et pourtant... Pourtant, il avait espéré de tout coeur ne pas s'y retrouver confronté. Mais il était là, maintenant, et il ne savait plus quoi faire. Ou du moins si, il savait ce qu'il devrait faire. Mettre un terme à cette conversation avant qu'elle ne dérape totalement. Mais c'était sans doute un peu tard pour ça. La conversation avait d'ores et déjà pris un tour particulièrement désastreux, et lui, il était là, seul face à ses angoisses et face à ses contradictions, incapable de savoir comment réagir précisément...

Il ne savait qu'une chose. Il ne pouvait pas dire à Trevor la vérité qu'il attendait de lui. Une vérité qui dans tous les cas ne lui plairait même pas entièrement. Les intentions de Trevor semblaient claires. Il voulait faire de lui son amant. Et cela n'arriverait pas. Pour des dizaines de raisons. Il faudrait mettre fin à cette mascarade, mais tenter d'y mettre un point final n'éteindrait pas ses sentiments, c'était bien ça le problème. Il ne pouvait pas demander à son coeur de cesser de s'emballer chaque fois que Trevor était dans les parages.

Nigel détourna le regard, incapable de le soutenir plus longtemps et attrapa la main qui enserrait son poignet pour l'inviter à s'en détacher. C'était en train d'aller trop loin, et ce n'était pas possible.

-Je ne te dirai pas ce que tu as envie d'entendre. Et je ne peux pas être... ce que tu voudrais que je sois pour toi. Alors arrête ça. Arrête d'attendre quoi que ce soit de ma part, parce que je n'ai rien à te donner.

Ce qui était vrai à plus d'un titre. Même s'il y avait ces choses qu'il lui donnait tout de même, et ce presque malgré lui, comme cet amour qu'il éprouvait pour lui presque à ses dépens. Nigel ne pouvait pas faire à Trevor don d'un coeur qui lui appartenait déjà, même s'il en voulait visiblement la confirmation. Mais quand bien même, cela ne changeait rien. Nigel n'allait pas pour autant se précipiter dans les bras de Trevor, lui déclarer son amour et l'embrasser à en perdre le souffle. Ce n'est pas comme ça que les choses devaient se passer, ce n'est pas comme ça que les choses pouvaient se passer.

Maintenant, Nigel appréhendait la réaction de Trevor. Car de tels propos pourraient bien mettre fin au peu qu'ils pouvaient obtenir l'un de l'autre, cette amitié en soi hypocrite, qui n'était pas suffisante, certes, mais qui... était quelque chose, quelque chose de vrai, de tangible. Qui trahissait déjà en partie Eurydice mais plus... innocemment... Il risquait de passer de peu à rien. Alors qu'il savait que Trevor voulait le voir passer de peu à tout.

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Au fond, sans douter que Trevor préférait quand même quand Nigel se contentait de jouer les innocents, comme d’habitude, plutôt que de réagir comme il le fit présentement. Il le fit lâcher son poignet. Trevor n’opposa pas spécialement de résistance, à la base le jeune homme souhaitait surtout avoir l’attention de son interlocuteur et il l’avait clairement. Trevor lâcha son poignet donc, même s’il ne supportait pas l’idée qu’il détourne en prime son regard. Il n’aimait pas ça, parce qu’il ne pouvait que comprendre que ce n’était pas ainsi qu’il allait obtenir gain de cause, qu’il n’allait pas entendre ce qu’il avait envie d’entendre de la part de Nigel.

Ça serait bien plus simple – pour lui – qu’ils se contentent juste de dire ce qu’il y avait et de se laisser aller à ce qu’ils avaient envie de vivre. Ce qu’ils avaient forcément envie tous les deux. Même si au final, peut-être que Trevor se trompait simplement. Le jeune homme n’avait aucune envie de se tromper, il osait croire qu’il y avait bel et bien quelque chose, même si forcément… il avait conscience que la situation était plus complexe pour son interlocuteur que pour lui. Mais Trevor n’avait pas envie de penser ainsi, il n’avait pas envie de se dire que Nigel serait capable de préférer sa sœur à lui. Il n’avait aucune envie de renoncer à ce qu’il ressentait, il avait l’habitude d’obtenir ce qu’il désirait. Même si ce n’était pas toujours facile, il l’obtenait quand même d’une manière ou d’une autre. Et même s’il était égoïste pour le coup, ça n’enlevait pas le fait qu’il avait envie de lui et qu’il voulait l’obtenir.

Mais Nigel lui affirma qu’il n’allait pas lui dire ce qu’il avait envie d’entendre, qu’il ne pouvait pas être… ce qu’il voudrait qu’il soit. Il ne voulait donc pas qu’il y ait quelque chose entre eux. Il lui demandait d’arrêter ça, d’arrêter d’attendre quelque chose de sa part. Ces quelques mots avaient le don de lui briser le cœur. Le jeune homme ne savait pas quoi en penser, il ne pouvait pas s’empêcher de se dire que Nigel cherchait bêtement à se défiler de quelque chose d’évident, mais en même temps… peut-être qu’au final Trevor se faisait simplement des illusions. Nigel ne lui avait pas affirmé qu’il n’y avait rien entre eux, cela dit il semblait clair en cet instant précis. Trevor ne répondit pas de suite, il observa Nigel sans vraiment savoir ce qu’il pouvait dire, sans savoir même ce qu’il avait envie de dire. Ils n’avaient jamais parlé aussi directement, ils n’avaient jamais eu une conversation aussi ouverte. Et pourtant, Trevor ne se sentait pas bien, pas bien du tout.

« Je… ne peux pas juste ne rien attendre. » Répondit-il finalement. Même s’il commençait à croire qu’il avait été idiot de s’imaginer quoi que ce soit. « Tu ne devrais pas être là. » Ajouta-t-il finalement.

C’était difficile, vraiment difficile… difficile pour lui de le voir là, et de se dire qu’il ne devait rien attendre de lui.

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L

a réponse de Trevor n'avait rien d'une surprise. Loin de là, même. Ils parlaient à mots couverts, encore et toujours, même si leur discussion n'avait jamais été aussi directe malgré tout, et ils savaient pertinemment ce qu'impliquait leur conversation. Nigel savait qu'il n'aurait eu qu'un mot à dire, et Trevor serait tombé dans ses bras. Quelque part, c'était tentant. Mais il ne le dirait pas. Il y avait des chemins sur lesquels il ne fallait pas s'aventurer, même si la tentation pouvait être grande. Et ce chemin-là était le plus évidemment dangereux d'entre tous.

Il ne pouvait pas se contenter de ne rien attendre de sa part. Voilà qui était dit. Leur amitié n'avait valeur d'amitié que tant qu'ils se dissimulaient l'un à l'autre, avec une énergie toute relative, la nature précise de leurs sentiments. Elle ne pouvait plus durer à présent. Parce que Trevor voulait plus. Et Nigel ne lui donnerait plus. Le sorcier avait appréhendé ce point de non-retour. Il se doutait qu'il les guettait forcément. Cette situation ne pouvait définitivement pas être viable sur la durée. Mais... Ce restait dur et vraiment douloureux que de regarder ainsi la réalité en face et d'en accepter les conséquences, si directes et blessantes. Pour eux deux. Car l'une des choses les plus insupportables, dans tout cela, c'est que Nigel avait bien conscience de faire sciemment souffrir la personne qu'il avait le moins envie d'éprouver au monde.

-Que tu le veuilles ou non, je serai là. Je ne peux pas juste disparaître de ta vie, tu le sais bien, répondit doucement Nigel.

Il aurait peut-être été plus simple de simplement répondre qu'il allait partir, qu'il n'avait effectivement rien à faire là. Ce qui était en partie vrai... mais il ne fallait pas se leurrer. Trevor était le mari d'Eurydice, et même si Nigel devait prendre la décision douloureuse de prendre ses distances avec Trevor, il ne comptait pas s'empêcher de voir sa soeur autant qu'il en avait l'habitude. Ils seraient confrontés l'un à l'autre constamment, comme ça avait toujours été le cas jusqu'alors.

-Et je... Il releva le regard, se racla la gorge. Il ferait mieux de se taire, une fois n'est pas coutume. Mais Nigel Greengrass, s'il maniait à la perfection la langue de bois, n'était pas capable pour autant de prétendre complètement. Il aimerait simplement que Trevor comprenne... qu'aimer ne suffisait pas. Mais comment le pourrait-il puisqu'il n'explicitait rien ? Il voudrait que Trevor soit capable de lire dans son esprit, tout simplement, et d'en tirer les conclusions qui s'imposent. Je ne veux pas que ça arrive.

Comme toujours, l'on e confrontait à une contradiction manifeste, entre ce qu'il pouvait bien désirer, et ce qu'il pouvait s'autoriser à attendre.

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La valeur d'un trésor réside dans son secret.

Trevor pourrait se contenter de faire comme si de rien n’était comme c’était un peu le cas depuis toujours, de se contenter simplement de la présence de son beau-frère, d’apprécier le fait qu’il passait souvent du temps chez eux. Il pourrait juste se contenter de sa présence donc… sauf que ce n’était pas possible. Quand son regard se posait sur Nigel, il sentait son cœur s’accélérer, il avait envie d’embrasser ces lèvres, il avait envie… il avait envie de tellement de chose. Oh, il avait certaines choses avec certains hommes, il ne se frustrait pas réellement, mais ce n’était pas pareil. Pour Nigel, il était prêt à beaucoup. Sauf que très clairement, cet homme n’était pas capable de la même chose. Est-ce que Trevor s’était trompé sur toute la ligne. Peut-être, et c’était particulièrement difficile. Il avait envie que Nigel arrêter de rester loin de lui et en même temps, par instant, il aimerait qu’il soit beaucoup moins proche.

Au fond, Trevor n’avait aucune envie qu’il s’en aille, mais s’il pouvait ne pas l’avoir sous les yeux, peut-être qu’il parviendrait juste un peu plus à oublier ce qu’il ressentait. Il avait bien conscience que ça ne serait pas pleinement le cas, parce qu’il y avait des sentiments forts en jeu, mais il faudrait qu’il essai. Sauf qu’il ne pouvait pas essayer alors que son beau-frère se trouvait sous ses yeux. Et visiblement, Nigel n’avait pas l’intention de s’en aller. En même temps, ils le savaient tous les deux, ils étaient liés d’une certaine manière. Eurydice et Nigel étaient proches, évidemment que Nigel venait souvent chez eux et évidemment qu’ils se voyaient. Mais Trevor aurait bien aimé que l’homme ne lui dise pas comme ça, qu’il ne pouvait pas disparaître de sa vie. Parce qu’il se retrouvait dans la position où il était là et il n’obtenait rien, qu’il avait envie d’obtenir quelque chose, mais que Nigel ne lui offrait rien de son côté. À se demander s’il prenait un malin plaisir à le faire tourner en bourrique.

Et autant dire que Trevor ne risquait pas d’être capable de comprendre quoi que ce soit en entendant les propos de Nigel. Ce dernier releva les yeux, reprit la parole, semblant hésiter à dire ce qu’il avait à dire et fini par lui lancer qu’il n’avait pas envie que ça arrive. Trevor était juste perdu, il ne comprenait rien. Il ne voulait pas disparaître de sa vie, mais il ne voulait pas être quoi que ce soit pour lui non plus, il lui affirmait qu’il ne devait pas attendre quoi que ce soit de sa part parce qu’il ne pouvait rien lui offrir. Mais quand il faisait plusieurs pas en arrière, il semblait revenir vers lui ensuite et c’était déroutant. Trevor ne savait plus quoi comprendre, quoi penser. À se demander si le jumeau de son épouse ne se contentait pas juste de se jouer de lui.

« Et qu’est-ce que tu veux ? » Demanda-t-il, perdant quelque peu patience. « Qu’est-ce que tu cherches ? »

Sa réponse était directe, Trevor avait besoin de réponse. Il en avait assez de jouer au chat et à la souris, de prétendre.

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La valeur d'un trésor réside dans son secret.

L

es questions de Trevor étaient légitimes. Au fond, Nigel pouvait comprendre son incompréhension et son agacement. Trevor devait avoir le sentiment d'être mené en bateau dans les grandes largeurs, et Nigel ne pouvait pas complètement prétendre, par ailleurs, qu'il ne se jouait pas de cette frontière ténue qui existait entre eux, qui pourrait faire basculer leur relation dans une tout autre dimension, séduisante mais néanmoins impensable. Oui, il était normal qu'il veuille des réponses claires parce que de son côté, Nigel n'était jamais clair. Rester dans le flou lui permettait d'être... non pas maître de la situation, mais de ne pas mettre un point définitif sur ce qui le méritait pourtant. Garder Trevor en suspens, c'était injuste envers lui, mais c'était une manière pour Nigel de ne pas le perdre. Car la vérité, l'évidente vérité, les éloignerait forcément pour de bon.

Nigel devinait qu'il n'y avait aucune différence entre ce que Trevor désirait et ce qu'il cherchait. Comment pourrait-il bien comprendre que, pour lui c'était bien différent. Il y avait une différence majeure entre ce qu'il voulait et ce qu'il cherchait. Ce qu'il voulait, s'il acceptait d'être honnête avec ses propres sentiments, c'était Trevor, pas au sens charnel du terme, mais Trevor tout de même. Il voulait s'autoriser à l'aimer ouvertement, il voulait le rendre heureux et qu'il le rende heureux... ce qui n'était pas possible, peu importe le scénario que l'on avancerait pour le suggérer. Ce qu'il cherchait en revanche, c'était autre chose. Il cherchait à ne pas le perdre, ça lui faire le moins de mal possible, à ne surtout pas blesser Eurydice... rien de tout ceci n'était réellement compatible, et ça le rendait dingue.

-Je veux... Comment répondre à ça ? Il commença, se ravisa. Ce que je veux n'a aucune importance. Mais je veux au moins... garder ton amitié.

Ce qu'il ne voulait pas, c'était blesser Trevor, ou blesser Eurydice. Et aimer l'un, c'était forcément blesser l'autre. Forcément, parce qu'elle était sa jumelle, parce qu'ils étaient fusionnels depuis toujours, c'était Eurydice qu'il privilégiait. Mais il ne supportait pas faire du mal à Trevor pour autant. Il l'aimait bien trop, plus qu'il ne serait capable de l'exprimer, pour ne pas en souffrir.

-Et toi, qu'est-ce que tu cherches, hein ? demanda-t-il.

C'était facile de lui retourner la question comme il le faisait, mais en même temps, depuis tout à l'heure, c'était lui qui devait rendre des comptes, mais quand bien même les réactions et paroles de Trevor parlaient d'eux-mêmes, Trevor n'avait jamais été totalement transparent avec lui. S'il fallait mettre carte sur table, autant commencer par là, non ? C'est ce qu'il pensait en tout cas.

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La valeur d'un trésor réside dans son secret.

Trevor ne pouvait pas s’empêcher d’être perdu, il ne comprenait pas grand-chose à ce que Nigel cherchait sans doute à lui faire comprendre. En même temps, on ne pouvait pas réellement dire non plus qu’il se montrait très clair, qu’il lui disait vraiment ce qu’il en était. Trevor avait besoin de comprendre parce qu’il avait le sentiment de ne pas avoir toutes les cartes en main. Le jeune homme avait envie de comprendre, mais c’était comme si on ne lui donnait pas la possibilité de le faire. Il avait besoin de savoir ce que l’homme cherchait donc, ce qu’il voulait réellement. Parce qu’il lui disait qu’il ne devait pas attendre de lui quelque chose qu’il ne pouvait pas lui offrir, mais en même temps il n’avait pas envie de s’en aller. Qu’ils le veuillent ou non, ils étaient forcément liés d’une quelconque manière. Mais ce n’était pas suffisant.

Nigel commença et pendant un temps, Trevor cru qu’il allait avoir une réponse plus claire. Mais l’homme lui affirma que ce qu’il voulait n’avait aucune importance, mais qu’il souhaitait quand même au moins garder son amitié. Amitié… c’était un mot difficile à entendre dans cette situation, parce que clairement Trevor aimerait bien avoir bien plus que l’amitié de Nigel. Mais peut-être que au fond, le jeune homme devait simplement se faire une raison et accepter le fait qu’il ne pouvait rien avoir de plus… il aimerait bien, mais il en était bien incapable en réalité. C’était difficile d’accepter une telle chose, surtout quand on avait des sentiments aussi forts que ceux qu’il ressentait pour son beau-frère. Ce dernier lui retourna la question… il n’avait pas eu à répondre à une telle question avant, mais en même temps, il pensait quand même être plus clair sur ce qu’il pensait de son côté.

« Ce que je cherche ? » Répéta-t-il, marquant une pause en réfléchissant à ce qu’il pouvait bien répondre. En réalité, répondre à cette question n’était pas vraiment facile. Du moins, elle ne donnait pas le sentiment d’être si facile que cela. Devait-il répondre frontalement ? Au point où ils en étaient, le jeune homme se disait qu’il ne prendrait pas vraiment de risque à dire clairement les choses. « Toi. » Dit-il alors. C’était la première fois qu’il l’exprimait si directement. Ça allait peut-être sceller les choses, créer une faille puisqu’il semblait évident que Trevor n’allait pas pouvoir obtenir de Nigel ce qu’il cherchait. « Je veux plus que ton amitié. »

C’était dit et Trevor ne pouvait pas revenir en arrière. Cela faisait des années maintenant qu’il avait des sentiments pour le jeune homme, des années qu’il ressentait quelque chose pour lui et qu’il le hantait. Des années qu’ils tournaient autour du pot sans rien se dire réellement. Maintenant, c’était dit. Est-ce que ça allait changer quelque chose. Trevor aimerait bien, il aimerait vraiment… mais quelque chose lui disait que ça n’allait pas être aussi facile que ça. Parce que si quelque chose avait du changer, ça l’aurait déjà été.

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La valeur d'un trésor réside dans son secret.

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igel avait voulu l'entendre. Il l'avait désiré plus qu'il n'avait été capable de se l'avouer. Pas parce que ça changerait quelque chose mais juste pour entendre, juste une fois, rien qu'une seule, que l'homme qu'il aimait l'aimait tout autant. C'était aussi tendre que douloureux à son oreille. Nigel le voulait, et Trevor voulait Nigel. En soi, rien n'avait l'air plus simple que ça... et pourtant, rien ne saurait être plus manifestement difficile. Parce que même avec l'affirmation concrète de ce sentiment (qui pouvait ceci dit se réduire à un simple désir charnel de la part de Trevor), ils ne pouvaient rien faire à ce sujet. Ou du moins, Nigel ne voulait rien faire à ce sujet.

Il avait eu besoin et envie d'entendre ce que Trevor éprouvait à son égard, mais à présent que c'était dit, il fallait aussi assumer les conséquences de telles paroles. Soit pas de conséquences du tout... Car rien ne se passerait jamais. Rien... Encore que ce qui se passait là, c'était déjà quelque chose. Une conversation si ouverte sur leur situation et sur leurs sentiments (même si Nigel continuait de souffler le chaud et le froid constamment), ils n'en avaient jamais eue. Et c'était déjà une trahison faite à Eurydice. Mais... mais c'était sans doute inévitable.

-Je ne deviendrai jamais ton amant, Trevor, répondit Nigel.

Cette sentence était catégorique, elle ne laissait pas envisager d'alternative ou d'hésitation. Parce que oui, c'était la vérité. Même dans une réalité alternative, où Trevor n'aurait pas été lié à sa soeur par les liens sacrés du mariage, tous deux ne seraient pas devenus amants. Mais toute catégorique cette sentence était-elle, elle était prononcée avec précaution et douceur. Le but n'était pas de faire de mal à Trevor... seulement de lui faire comprendre ce qui était.

-Notre amitié... c'est le plus proche de toi que je puisse être...

Et encore, il savait bien que cette amitié trahissait déjà en partie Eurydice, qui aurait préféré qu'il ignore complètement son beau-frère, ne lui accorde aucune sorte d'importance, et le considère avec le même dégoût et le même mépris qu'elle-même. Il avait choisi de céder ce terrain-là à Trevor, parce qu'Eurydice, sans apprécier, réussissait du moins à le tolérer. C'était déjà beaucoup en fin de compte.

-Je ne veux pas perdre ça. Il marqua une pause. Au nom de la sincérité dont avait fait preuve Trevor, il consentait à, lui-même, se montrer plus honnête. Selon certaines limites. Les siennes. Je ne veux pas perdre le peu que je peux avoir de toi.

Trevor ne le trouverait peut-être toujours pas assez clair, mais c'était la façon la plus limpide qu'il pourrait avoir de le lui dire : je t'aime mais je ne serai jamais à toi.

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La valeur d'un trésor réside dans son secret. [pv Trevor <333]

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